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LE CHATEAU DE KERGOET A SAINT-HERNIN

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Note : Voir Bull. de 1905 p. 280-303 et 346-354, La famille de la Tour-d'Auvergne-Corret, le Premier Grenadier.

Nous avons vu, par ailleurs, que Catherine-Henriette Billonnois eut pour marraine, le 6 août 1758, à Carhaix, Catherine-Françoise de Gourmont, marquise de Thieuville [Note : Bull. de 1905, p. 349-350]. Les familles de Gourmont et de Thieuville sont de Normandie. Comment la marquise de Thieuville était-elle marraine à Carhaix ?

La question ne ne serait pas posée si l'acte de baptême avait donné à la marquise de Thieuville le titre qui lui appartenait de dame de Kergoet.

J'ai écrit qu'Olivier Corret était, dès avant son mariage, en 1739, administrateur de la terre du Kergoet appartenant à Marie-Gabrielle de Kerguz de Troffagan, femme de l'amiral de Roquefeuil. Ce renseignement était d'autant plus plausible que la famille de Roquefeuil possédait plusieurs seigneuries voisines, et que, le 13 juillet 1761, Mme de Roquefeuil assistait avec son fils et sa fille au mariage de Mlle Corret avec M. Limon.

Or ce renseignement est doublement erroné. C'est seulement, le 23 octobre 1741, que Mlle de Kerguz est devenue femme du futur amiral de Roquefeuil ; et Kergoet n'a pas passé des Kerguz aux Roquefeuil [Note : Le baron de Courcy si bien informé d'ordinaire a commis cette erreur. T. II p. 283, v° Moine (Le). Il n'avait pas vu l'acte que nous allons citer. Mme la comtesse Jégou du Laz née de Saisy, ne l'a pas vu non plus V. dans Carhaix, son passé, ses châteaux, etc. (1899), sa notice sur le château de Kergoet, p. 17 à 24].

En réalité c'est seulement par acte du 16 mars 1761, près de vingt ans après son mariage, qu'Aymar-Joseph, comte de Roquefeuil, depuis vice-amiral (1780) est devenu acquéreur de Kergoet vendu par Marie-Anne-Charlotte de Gourmont et autres, pour 273 000 livres [Note : L'acte de vente a été passé devant Regnault, notaire à Paris. Je n'ai pas l'acte sous les yeux, mais la copie de l'insinuation de l'acte, passée le 4 août 1761 au bureau de Carhaix par J.-B Robineau, écuyer, faisant pour Marie-Anne-Charlotte de Gourmont et autres. Le bureau de Carhaix a reçu 2631 l. de droits. (Arch. Fin. Série C. Reg. 67). Il ne faut pas confondre Aymar-Joseph de Roquefeuil, vice-amiral en 1780+ en 1782, avec son père Jacques-Aymar, lieutenant général des armées navales en 1741+ en 1744 ; ni avec son frère René Vte de Roquefeuil, chef d'escadre 1771+ en 1780].

Ainsi if est bien démontré que, avant 1761, Kergoet appartenait à la famille normande de Gourmont. Mais comment ? Voici :

1° En 1590, Kergoet appartenait à Catherine de Kergoet, fille de Guillaume et de Catherine de Rosmadec. Elle épousa Jean du Quélénec, sgr de Kerjolys, etc., dont elle était veuve avant 1562 [Note : Fréminville. Antiquités du Finistère. II. p. 441. « La dame de Kergoët, tutrice de, son fils sr. de Kerjolis » (Montre à Quimper, 15 mai 1562)].

2° En 1590, son fils de même nom que son père y fut assiégé par les royaux et les repoussa avec perte [Note : V. l'intéressant récit de Moreau,. Ch, VIII, p. 86].

3° Jeanne, sa fille, épousa : 1° Guy, sgr de Lesmais ; elle en eut trois enfants, dont Jeanne était l'aînée ; 2° Maurice de Perrien, sgr de Breffeillac, qui avait un fils auquel fut mariée Jeanne de Lesmais, fille du 1er mariage de Jeanne du Quélénec.

4° Jeanne de Lesmais, dame de Perrien, eut un fils, Toussaint, qui mourut sans enfants laissant Kergoet à sa sœur Anne.

5° Anne qui épousa-Vincent Le Moyne de Trévigny, chevalier des ordres du Roi, capitaine de 50 hommes d'armes avant 1615, mort avant le 2 février 1630 [Note : Chevaliers de Saint-Michel, p. 257-258].

6° Pierre, marquis de Trévigny, marié à Jeanne Guinement, mourut avant sa mère, et la succession de celle-ci passa diretement aux enfants de son fils :

7° Toussaint, Mis de Trévigny, fut seigneur de Kergoet. Il épousa Philippe du Quengo. Gouverneur de Dinan, en 1646, il était mort avant 1675 [Note : Au début de la révolte du papier timbré (juillet 1675) la dame de Trévigny, menacée au Kergoet, s'enfuit avec ses enfants. Le Kergoet fut envahi, l'intendant massacré, et il fut enlevé du château des meubles pour 60.000 l. du temps. La dame de Trévigny mourut peu après, avant le 25 septembre. Bull. Soc. Arch. du Finistère 1887 p. 35 et suiv. Procès-verbal du pillage in-extenso Soc. Arch. des Côtes-du-Nord — 1885-1886. p. 123 et suiv.].

8° Son fils Malo-Joseph mort sans hoirs, sa sœur Sylvie hérite Le Kergoet ; mariée à Claude, Mis de Sérent, seigneur de Kerfily, elle meurt sans hoirs et sa succession passe à sa cousine Marie-Anne de Saint- Simon.

Catherine, mariée à Jacques, Mis de Saint-Simon et de Pleinmarais, fut dame de Coëtquereau et Lalunec (en Saint-Hernin).

9° Marie-Anne-Catherine de Saint-Simon, mariée à Hervieu de Gourmont, seigneur de Courcy, Mis de Thieuville [Note : Fils de Louise de Gourmont Mise de Thieuville-Briquebosc, mariée vers 1650 à Guillaume de Gourmont, seigneur, de Courcy. Briquebosc aujourd'hui commune du canton de Sainte-Mère-Eglise, arr. de Valognes] : Elle hérite Kergoet de sa cousine Mme de Sérent avant 1715 [Note : Les deux époux rendent aveu en 1704, pour Coetquereau et Lalunec (venus à la dame de Gourmont de la succession maternelle). Arch. Loire-Inf. B. 1.097].

J'ai emprunté la liste des seigneurs de Kergoet à un mémoire imprimé chez Perrier à Quimper, en 1715, devenu rarissime et publié par Mme la Comtesse Jégou du Laz, dans Carhaix, ses châteaux... etc. (1899). V. p. 17-24. — Je dois les renseignements postérieurs à 1715 à l'extrême obligeance de M. Rémy de Gourmont. On lit à ce mémoire de 1715 in fine :

« Mme de Sérent n'avait pas d'enfants, si bien que M. le marquis de Courcy en est l'héritier. — Le marquis représentant M. de Saint-Simon et de Plémarais, qui avait épousé Catherine Le Moyne de Trévigny, et à présent seigneur du Kergoet, a plusieurs enfants en 1715 ».

Il y a erreur. Ce n'est pas le marquis de Courcy, c'est sa femme Catherine-Françoise de Gourmont qui a été héritière de Kergoet, non comme représentant M. de Saint-Simon, mais comme représentant Catherine Le Moyne, femme de M, de Saint-Simon.

Pour qu'un Gourmont, Mis de Courcy, fût héritier de Mme de Sérent, il faudrait le supposer fils de Marie-Anne-Catherine de Saint-Simon (n° 9), il aurait été ainsi neveu à la mode de Bretagne de Mme de Sérent. Les plusieurs enfants que le mémoire attribue à ce marquis de Courcy auraient été Catherine-Françoise et autres qui vont suivre (nos 10 et 11). Mais M. Rémy de Gourmont ne place aucun intermédiaire entre M. et Mme Hervieu de Gourmont (n° 9) et Catherine et autres (nos 10 et 11) qu'il représente comme filles d'Hervieu de Gourmont.

10° Leur fille Catherine-Françoise de Gourmont, Mise de Thieuville, dame de Kergoet, morte sans alliance (?) ou du moins sans hoirs, entre le 6 août 1758 et le 16 mars 1761, laissànt Kergoet à sa sœur Marie-Anne-Charlotte et autres.

11° Marie-Anne-Charlotte de Gourmont, mariée à Hervé Le Febvre, marquis de Montaigu et autres, vendent Kergoet, le 15 mars 1761, à Aymar-Joseph comte de Roquefeuil, seigneur de Kerlouet (en Plévin) [Note : Plévin, canton de Maël-Carhaix, arrondissement de Guingamp. C'est à Plévin que mourut le P. Maunoir au cours d'une mission (28 janvier 1683)], qui était depuis le 23 octobre 1741 époux de Marie-Gabrielle de Kerguz de Troffagan.

Le comte de Roquefeuil devenu vice-amiral en 1780 mourut en 1782. Il laissait sa femme veuve avec un fils et deux filles. Le fils alors enfant et la sœur aînée Jeanne-Jacquette assistaient avec leur mère au mariage de Marie-Anne Corret et d'Yves Limon, (Carhaix, le 13 juillet 1761) [Note : Bull. de 1905, p. 352, j'ai écrit, par inadvertance Saint-Hernin, lire Carhaix. — Mlle Corret, devait garder jusqu'à 25 ans le domicile de son père décédé (Saint-Hernin) ; mais elle avait domicile de fait à Carhaix où demeurait sa mère tutrice].

Innocent-Adrien-Maurice, baptisé à Plévin, le 4 septembre 1752, avait eu pour parrain Adrien-Maurice duc de Navailles, pair et maréchal de France, ministre d'Etat, et pour marraine Catherine-Innocente de Rougé, duchesse d'Elbeuf, baronne de Rostrenen. Il épousa N.... de la Lande de Calan ; et mourut dans l'émigration ne laissant pas d'enfants.

Jeanne-Jacquette, sa sœur aînée, née à Kerlouet, le 20 mai 1743, fut mariée, le 18 février 1765, à Jacques-Claude du Cleux, marquis du Gage [Note : Dont une fille unique mariée (1785) au marquis de Kerouartz].

La seconde, Louise-Thérèse-Marie-Adélaide, née à Kerlouet le 24 mai 1746, baptisée à Saint-Sauveur de Rennes, le 14 février suivant, fut tenue sur les fonts par le duc de Penthièvre et la princesse de Lamballe, en personne. Elle fut mariée à Kerlouet, le 16 mars 1775, à Charles-Damase-Pierre de Brilhac, petit-fils du premier président de Brilhac [Note : Dont une fille (Sidonie) mariée au comte Hilarion de Forsanz. Mère de M. Paul de Forsanz, député du. Finistère en 1871, élu sénateur en 1876, mort en 1882, après tant de services rendus au département].

Mme de Roquefeuil résidait quelquefois à Kergoet, ou au château de Bois-garin, paroisse de Spézet [Note : Spézet, canton de Carhaix], mais le plus souvent à Kerlouet, où ses trois enfants étaient nés, et elle répandait ses bienfaits sur les trois paroisses contiguës de Saint-Hernin, Plévin et Spézet.

La plupart de ses terres étaient à domaine congéable. En 1789, aux premiers troubles, des vassaux de Spézet vinrent en troupe sommer Mme de Roquefeuil de leur livrer les titres établissant te caractère domanial de leurs tenues. Ces titres détruits, ils entendaient se dire maîtres des fonds comme ils étaient maîtres des édifices.

Il est de tradition que le capitaine La Tour d'Auvergne alors à Carhaix accourut en hâte au secours de Mme de Roquefeuil. Il reprocha vivement aux paysans leur violence et les détermina à rentrer chez eux [Note : Il est certain que la Tour d'Auvergne était à Carhaix vers cette époque. La ville le choisit comme commissaire de la paix à faire entre Brest et Lannion (novembre 1789)].

Mais peu après, le 11 août [Note : La date précise de cet acte de brigandage est donnée par une lettre à la comtese de Roquefeuil " extorquée " par les vassaux au curé de Spézet ; cette lettre a été publiée par la comtesse Jégou du Laz. Notice sur le château de Kerlouet, p. 31. Pour plus de détails. cf. Carhaix, son passé, ses châteaux... notamment Notices sur les châteaux de Kerlouet, Kerlouat et Kergoet], le tocsin sonnant à Spézet a quatre heures du matin rassemblait les vassaux ; ils revinrent en troupe à Kerlouet et renouvelèrent leurs sommations avec menaces. Mme de Roquereuil refusant ses titres, les vassaux, sans pitié pour son âge lui passèrent une corde sous les bras, et à plusieurs reprises la plongèrenl, dans un puits, lui réclamant à chaque plongeon la remise de ses titres. A bout de forces, Mme de Roquefeuil se rendit ; et les titres furent brûlés.

La comtesse de Roquefeuil quitta Kerlouet sans esprit de retour pour aller mourir à Guingamp.

Kergoet et Kerlouet allaient être saisis et vendus par la Nation.

En 1860, le comte de Roquefeuil, petit-neveu de l'amiral, député à l'Assemblée nationale de 1849, a pu racheter Kerlouet.

Cette note sera annexée à mon mémoire La famille de La Tour d' Auvergne-Corret, c'est pourquoi j'ai cru pouvoir rappeler les alliances des Roquefeuil, afin de montrer quelles influences ils pouvaient mettre en mouvement dans l'intérêt de Corret — non encore La Tour d'Auvergne.

Le 3 août 1765, Corret arrive à Paris seul et inconnu ; mais chargé de recommandations de toute la noblesse de Basse-Bretagne. Le 3 avril 1767, il est admis aux mousquetaires du Roi comme surnuméraire ; deux mois après, il a un semestre ; avant l'expiration du semestre, il obtient, en récompense d'un service effectif de moins de deux mois, et au titre non de surnuméraire mais de mousquetaire, un congé « tel qu'il n'aurait pas été possible de le désirer plus favorable après dix ans de services » [Note : Lettre de Corret du 10 mai 1768 publiée par M. du Pontavice en 1891 dans le Phare de la Loire] et, le 1er septembre 1767, il est nommé, lui bourgeois et sans bourse délier, sous-lieutenant d'Angoumois : faveur insigne qu'auraient enviée beaucoup de gentilshommes.

J. Trévédy.

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