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Anne-Guillaume HERBERT DES LONGRAIS, prêtre guillotiné à Rennes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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57. — Anne-Guillaume HERBERT DES LONGRAIS naquit à Saint-Jean de Rennes le 2 juin 1742, de Pierre, procureur au siège présidial de cette ville, et de Jeanne Morel, laquelle au trépas de son mari, épousa Joseph-Jean d’Aubert de Langeron.

Nous trouvons le jeune Anne-Guillaume ordonné sous-diacre, le 6 avril 1776, et diacre le 20 septembre suivant. L'évêque de Rennes l’éleva au sacerdoce, le 20 septembre 1777, sans l’attacher à aucune paroisse, ce qui permit à ce ministre des autels de se vouer à l’éducation de la jeunesse vers laquelle il se sentait porté.

Une tradition digne de foi veut que M. Herbert des Longrais ait été précepteur d’Hippolyte-Guillaume de Rosnyvinen, comte de Piré, qui devint plus tard un des généraux les plus distingués du Premier Empire. S’il est certain que ce prêtre n’était pas alors le titulaire officiel de la chapelle du château du Fouesnel, résidence à cette époque de la famille de Piré, rien n’empêche qu’il ait été le desservant de cette chapellenie, les deux titres n’étant pas obligatoirement liés l’un à l’autre et d’autre part, l’abbé Herbert put d’autant plus facilement donner des leçons au jeune Rosnyvinen, qu’il se trouvait à cette époque chargé de l'école de Louvigné-de-Bais. Il existait, en effet, dans cette paroisse une fondation faite pour procurer l’instruction aux jeunes garçons et particulièrement aux enfants pauvres. En 1790, une déclaration, faite à la municipalité, prouve que le général de la paroisse, nommait ce maître d’école qui était alors M. Herbert des Longrais, et que celui-ci jouissait à Louvigné « des maisons d’école et d’un revenu de 200 livres, à la charge de dire douze messes par an et d’enseigner les garçons suivant le règlement prescrit par le général » (Guill. de Corson : Pouillé de Rennes, III, p. 422).

58. — La Révolution vint bouleverser la paisible existence des habitants de Fouesnel et de Louvigné : la famille de Rosnyvinen émigra à l’étranger. Quant à l’école des garçons, elle fut considérée comme étant une école municipale et l’on voulut obliger l’instituteur, M. Herbert, à prêter, en qualité de fonctionnaire public, le serment à la Constitution civile du Clergé ; ce que le digne prêtre refusa énergiquement dès janvier 1791.

Avec l’intelligence qui le distinguait, M. Herbert des Longrais avait compris de bonne heure les tendances schismatiques des partisans du nouvel état de choses. Il consacra dès lors toutes ses facultés à sanctifier les âmes, éclairant les unes et fortifiant les autres. « Caché dans le pays de Louvigné, raconte l’abbé Guilhard, il rendait aux fidèles, au péril de sa vie, tous les services du ministère sacerdotal. Des révolutionnaires de Bais et de Moulins le dénoncèrent au Comité de Louvigné, comme troublant les âmes des bons patriotes et se permettant d’administrer les sacrements en dépit des lois nouvelles. En conséquence, il fut décrété d’ajournement le 16 février 1791 pour avoir, le 14, « annoncé publiquement à la post-communion de la messe paroissiale un prétendu bref du pape improbatif de la Constitution civile ». Il dut s’éloigner de Louvigné à la suite de cet événement et se réfugia à Vitré, puis au Tremblay, chez son frère, fougueux révolutionnaire, et enfui à Rennes, chez sa mère, où le 28 avril 1792, on signale sa présence, rue Reverdiais. On le qualifie à cette occasion de non-fonctionnaire public, ci-devant chapelain du Fouesnel, en Louvigné ». Le mois de juillet suivant, on trouve cet ecclésiastique pétitionnant, vainement du reste, contre l’arrêté pris le 30 juin précédent par la municipalité rennaise et dont on a publié le texte dans un travail spécial. On constate encore, le 9 août de cette année, la présence de ce prêtre dans la capitale de la Bretagne, puis son nom disparaît des documents officiels. Dès lors, commence pour lui l’existence pleine de périls d'un ecclésiastique proscrit.

59. — Il est certain qu’il fit beaucoup de ministère caché durant les deux années qui s’écoulèrent entre cette époque et son arrestation. De nombreux actes de baptêmes et de mariages, célébrés par lui clandestinement et annexés à son dossier conservé aux Archives d'Ille-et-Vilaine, l’affirment. Avec eux figure un ordo romain imprimé à Fougères pour l’année 1793 : preuve péremptoire qu’aussi longtemps qu’il le put, l’abbé Herbert se conforma, en dépit des difficultés, au grand devoir de la prière publique.

60. — Le 10 mars 1794, M. des Longrais se trouvait depuis quelques jours à peine dans une chambre ignorée sous le porche de la Reverdiais, rue d’Antrain, chez un tailleur nommé Queslavoine, quand un stupide dénonciateur, alléché par la prime de 100 livres attribuée à celui qui livrerait un prêtre réfractaire, le signala au Comité révolutionnaire de Rennes, pourvoyeur attitré de la guillotine à cette époque. Arrêté dans la soirée du jour précité, M. des Longrais fut aussitôt incarcéré à la tour Le Bat et, le surlendemain, les membres du Comité qui l’avaient fait emprisonner l’interrogèrent. Ses réponses, empreintes à la fois de prudence et d'une grandeur d'âme peu communes, remplissent d’admiration et sont dignes des martyrs des premiers siècles. On présenta à M. Herbert, dans la circonstance, plusieurs objets de piété dont il était détenteur et qui avaient été saisis sur sa personne lors de son arrestation ; alors se passa une scène que ne relate pas le procès-verbal officiel, mais que l’on trouve rapportée dans les récits du temps : « Au nombre des objets présentés comme pièces à conviction, se trouvait une boîte d’argent remplie d'hosties consacrées. A cette vue, M. Herbert pâlit soudainement, se jeta à genoux et supplia les révolutionnaires présents de bien vouloir lui rendre ce précieux dépôt. Mais ses instances demeurèrent inutiles et il eut l’inconcevable douleur de voir profaner indignement en sa présence la très sainte Eucharistie ». Ces profanations, on le verra tout à l’heure, devaient être poussées bien davantage encore.

61. — Ce fut le 31 mars 1794 que le tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine condamna à la peine capitale Anne-Guillaume Herbert, comme prêtre réfractaire demeuré en France et s’obstinant à exercer les fonctions du ministère sacerdotal ; les biens du condamné furent déclarés confisqués au profit de la République. A la lecture de cette sentence, la joie la plus vive se peignit sur le visage du martyr. « Ses compagnons de détention, en le voyant rentrer au milieu d’eux sous cette impression, crurent tout d’abord qu’il était acquitté et se mirent à le féliciter ». — « Oui, félicitez-moi, répondit l’abbé Herbert, demain je quitterai ce monde pour un monde meilleur. En attendant, je suis à la disposition des âmes qui désirent profiter une dernière fois de mon ministère ».

Sa nuit entière fut consacrée à entendre des confessions et le condamné donnait sa dernière absolution quand les exécuteurs vinrent le prendre pour le conduire au supplice. En y marchant, il chantait des hymnes et des cantiques et la foule pleurait autour de lui. Il gravit les degrés de l’échafaud en regardant le ciel. Sa tête tomba sous la main malhabile d’exécuteurs novices qui le firent cruellement souffrir et son âme s’envola dans le sein de Dieu. Ses reliques, ravies à notre vénération, furent jetées dans la fosse commune et recouvertes de chaux vive, mais au dernier jour elles ressusciteront glorieuses. On ne saurait douter que les HOSTIES SAISIES AVEC M. DES LONGRAIS FURENT BRÛLEES près de lui au pied de l’échafaud. Tout horrible que soit cet acte, qui nous dépeint sous son vrai jour la mentalité des Jacobins ; le texte du jugement de l’abbé des Longrais est formel et l’huissier qui fut chargé de constater cette opération sacrilège en a laissé un procès-verbal, qui a été reproduit ailleurs.

BIBLIOGRAPHIE. — Abbé Carron, Les Confesseurs de la Foi de l'Eglise gallicane, op. cit., t. II, p. 207-209. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit., t. III, p. 290. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution, etc., op. cit., t. I, p. 523. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit.. p. 17-19. — Abbé Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés de l'archidiocèse de Rennes, etc., op. cit., p. 42-50, où l’on trouve reproduits tous les actes officiels du procès de M. Herbert.

(Dossier n° 198 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux archives d’Ille-et-Vilaine).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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