Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Julien RACAPÉ, prêtre guillotiné à Redon
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Saint-Just"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

148. — Julien RACAPÉ naquit au village de Parsac, en la paroisse de Saint-Just, du légitime mariage de François et de Mathurine Desbray. Il reçut le saint baptême le 22 décembre 1754, jour de son entrée dans la vie.

Doué d’un caractère doux et timide, il étudia, dit Tresvaux, les principes de la langue latine chez un prêtre de Bruc, nommé M. Bertier, et eut pour condisciple M. David, pieux et célèbre recteur de Pipriac, qui, étant dans son enfance plus vif que M. Racapé, exerça plusieurs fois sa patience, sans que celui-ci s’en plaignît jamais. Il fit ses études au collège de Vannes, où il eut constamment une conduite édifiante. Tonsuré le 20 mars 1779 et minoré le même jour, sous-diacre le 23 mars de cette même année, diacre le 31 mars 1781 et prêtre le 22 septembre suivant, l’abbé Racapé revint, comme beaucoup d’ecclésiastiques à cette époque, prêtre auxiliaire dans sa paroisse natale où l’on relève sa première signature sur les registres du général le 21 février 1785 et sa dernière le 24 mars 1790. Il fut, peu après cette époque, envoyé par son évêque vicaire à Brain.

Lorsqu’on demanda aux prêtres le serment à la Constitution civile du Clergé, le recteur de Brain le refusa sans hésiter et son exemple fut suivi par M. Racapé son vicaire, ainsi que le prouvent des listes fournies le 28 mars 1791 et le 15 juillet 1792 par les administrateurs du district de Redon. Aucun prêtre constitutionnel n’ayant pu se trouver pour remplacer à Brain le clergé orthodoxe, celui-ci put y remplir son ministère jusqu’à la loi du 26 août 1792.

148 bis. — Devant cette loi qui le visait directement, celui-ci dut ouvertement disparaître et, pour donner le change à ses persécuteurs, M. Racapé fit même une déclaration de vouloir se déporter. Telle n’était cependant pas son intention et quels que fussent les périls qui le menaçaient, il demeura dans la région, faisant tout le ministère possible auprès des âmes.

L’arrêté du Directoire d’Ille-et-Vilaine du 26 décembre 1792, qui alléchait la cupidité des uns et refroidissait la générosité des autres par les peines dont on menaçait les recéleurs, ne put détourner M. Racapé de ce qu’il regardait comme son devoir. Pas plus aux lois des 21-23 avril 1793 qu’à celle des 29-30 vendémiaire an II, il n’obéit.

Aussi, au bout de peu de temps, Julien Racapé ne crut-il pas prudent de demeurer sur le territoire même de Brain ; il alla non loin de là se cacher dans sa paroisse natale, chez ses parents. Un jour, là-même, éprouvant de la crainte, soit de les compromettre, soit de ne pas être assez en sûreté chez eux, il voulut chercher un asile ailleurs. Cette démarche causa sa perte; avant la fin de la journée il était arrêté et jeté dans les prisons de Redon, ville assez voisine de la paroisse de Saint-Just ; il n’en sortit que pour paraître devant les juges qui le condamnèrent à mort. Les explications que l'on a données précédemment à propos de l'exécution de M. Després, valent pour M. Racapé. Celui-ci périt en effet dans les mêmes conditions que le précédent, par suite de la condamnation capitale portée contre lui par la commission militaire créée par le représentant Pocholle. Tant pour lui que pour M. Després, nous déplorons que les Actes de cette commission, en ce qui les concerne, vus en 1845 par Tresvaux du Fraval, soient introuvables aujourd'hui. Aussi sera-ce à la précieuse relation que nous a laissée sœur Jeanne- Perside Arnaud de Sainte-Elisabeth, que l’on aura principalement recours pour prouver le martyre du serviteur de Dieu.

149. — D après la tradition locale, « M. Racapé fut saisi dans le village de Poubreuil en Saint-Just ; il y était caché dans un grenier chez ses parents, lorsque les révolutionnaires, sur une dénonciation d’un curé intrus, vinrent y faire la fouille. Ceux-ci ne purent d’abord découvrir le proscrit et ils sortaient du village quand un homme de l’endroit, dont on a conservé le nom, s’avisa de dire : « Tiens ! ils ne l’ont pas trouvé ». Cette parole, dite peut-être sans mauvaise intention, fut entendue des soldats ; ils revinrent sur leurs pas, fouillèrent de nouveau et avec plus de soin encore et parvinrent cette fois à trouver le prêtre proscrit. Ils l’emmenèrent avec eux et le digne et courageux abbé Racapé quitta les siens en les exhortant à l’amour de Dieu et en chantant les louanges du Seigneur, ce qui attira les larmes de tous les habitants du village ».

Après son arrestation, Julien Racapé fut conduit à Redon et enfermé aussitôt dans les prisons de cette ville. Dès le lendemain, on l’appela à comparaître au tribunal d’une Commission militaire. « M. Racapé, dit l’abbé Tresvaux, se montra devant ses juges, plein de foi, de franchise et de candeur. Loin de chercher à sauver sa vie par le déguisement et le mensonge, il ne craignit point de manifester son horreur pour le serment ». La grande fermeté que montrait le pieux prisonnier rendit son interrogatoire très bref, et la Commission, qui siégeait dans le chœur de l’église Notre-Dame, le condamna à la peine de mort.

Cette inique sentence fut aussitôt publiée dans la ville au son du tambour.

Voici intégralement reproduite, sur l’original, la relation que sœur de Sainte-Elisabeth a laissée des derniers instants de M. Racapé : « Le 1er novembre 1793, vers les 9 heures du matin, a été guillotiné sur la place de Redon, dite de la Liberté, Julien Racapé, prêtre et vicaire de la paroisse de Brain, âgé de 39 ans. Il avait été pris à Renac par le Constitutionnel le 30, et conduit dans la prison de cette ville. Il fut jugé le 31 et condamné ; sa sentence fut publiée au son du tambour. Il a fait paraître la plus grande fermeté dans sa détention et dans sa mort. Son interrogatoire a été très bref, et le jour de sa mort, lorsqu’on l’a tiré du cachot, il a dit qu’il les attendait. Ensuite, étant dépouillé, il est sorti et a marché avec le plus grand sang-froid jusqu’au supplice, regardant tantôt le ciel, tantôt l’image du crucifix qu’il avait sur la poitrine. Le constitutionnel l’accompagnait et lui proposait de se confesser, ce qu’il a refusé bien hautement. Rendu au pied de la guillotine, il l’a regardée d’un air assuré, et est monté de même, doublant les marches. Ensuite, voulant parler, on l’en a empêché. Il s’est couché sur ce lit funèbre qui le devait porter dans la céleste Patrie, où il a le bonheur de louer et bénir Celui pour l’amour duquel il a travaillé et enfin donné sa vie en confessant que Lui seul doit être adoré. Ce mouchoir est teint de son sang ». Signé : JEANNE-PERSIDE DE SAINTE-ELISABETH. D’après la tradition, M. Racapé chantait en route ce cantique composé par le Bienheureux de Montfort : Allons, mon âme, allons au bonheur véritable.

Le même jour « le citoyen Georges Pavin, secrétaire-greffier de la commune de Redon, assisté de Jean Evrard, enterreur », déclarèrent à la municipalité de Redon « que Julien Racapé, prêtre, ci-devant résidant à Brain et natif de la paroisse de Saint-Just, fils de... Racapé, laboureur, est décédé ce jour et a été inhumé aussi ce jour au cimetière de cette paroisse de Redon en leur présence ».

150. — Les habitants de Redon, qui, pour le plus grand nombre, étaient très attachés à la religion, furent vivement impressionnés de la condamnation de MM. Després et Racapé. « Le bourreau qui les avait exécutés, profondément touché de leur piété et de leur douceur, exprima hautement la douleur qu’il éprouvait d’avoir contribué à la mort de ces hommes vertueux ; il renonça à sa profession, et mourut lui-même bientôt après, sans avoir pu se consoler de la part qu il avait prise à ce crime ».

Les pièces rédigées en 1795 par la municipalité de Redon qui mentionnaient que M. Després avait été guillotiné en cette ville, comme prêtre réfractaire, portent la même indication pour M. Racapé. Sans doute, à moins d’un bonheur providentiel, jamais l’on ne pourra fournir les Actes de la parodie judiciaire qui condamna à mort MM. Després et Racapé, mais les attestations de la municipalité redonnaise en 1795 ont une grande valeur, et les récits si touchants de sœur Sainte-Elisabeth, la pieuse Ursuline de Redon, fournissent des renseignements bien rares sous cette forme. Enfin la tradition à Brain et à Saint-Just, pays natal de M. Racapé, où subsistent encore de nombreux membres de sa famille, se transmet d’âge en âge que ce serviteur de Dieu a été mis à mort en haine de la Foi.

BIBLIOGRAPHIE. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution religieuse en Bretagne (1845), op. cit., I, p. 479. — D. Jansions, Histoire de Redon, etc. (1865), op. cit, p. 280. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit. (1900), p. 90- 98. - L. Dubreuil, Le District de Redon in Annales de Bretagne, t. XXI, p. 105. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution, op. cit., p. 2-7. — Abbé Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés de l'archidiocèse de Rennes, op. cit., p. 213-215 et 282.

(Sources : Archives I.-et-V., séries G, et L, Archives de Redon).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

© Copyright - Tous droits réservés.