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TRANSLATION DU CHEF DE SAINT MALO ET ORIGINES DE SAINT-MALO-DE-PHILY

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Saint Malo, exilé d'Aleth par l'ingratitude de ses diocésains, termina sa belle carrière à Saintes, vers l'an 621, près de l'évêque Saint Léonce qui éleva un oratoire sur sa tombe. Plus tard les habitants d'Aleth [Note : Aleth, siège épiscopal du diocèse de Saint-Malo jusqu'en l'an 1152, occupait cette portion de Saint-Servan qu'on appelle encore la Cité], reconnaissant enfin leurs torts envers leur saint évêque et justement désolés d'être privés d'un trésor aussi précieux que son corps vénéré, cherchèrent un moyen de se procurer des reliques de leur Père. Ils parvinrent à intéresser en leur faveur de la manière suivante un roi franc du nom de Childebert, que l'on croit être Childebert III régnant de 695 à 711, ce qui nous donne la date approximative de cette première translation [Note : Il y eut, en effet, deux siècles plus tard vers 895, une seconde translation du corps entier de saint Malo , et l'on en célébrait jadis la fête le 10 juillet dans le diocèse de Saint-Malo].

L'hagiographe Bili nous a conservé l'intéressant récit des démarches faites par les Bretons d'Aleth pour obtenir les restes de leur saint évêque et du succès qui les couronna [Note : Dans la Vie ms. de saint Malo, retrouvée par dom Chamard et publiée par dom Plaine et M. de la Borderie (Bull. de la Société Archéol. d'Ille-et-Vilaine, tome XVI)].

Les habitants d'Aleth choisirent vingt-quatre hommes distingués, douze du Poulet et douze du Poutrecoët [Note : Le Poulet, Pagus Alethi, c'est le territoire environnant Aleth ; le Poutrecoret, Pagus trans silvam, c'est le pays de Montfort et de Ploërmel, sis au-delà de la forêt de Brocéliande, par rapport à Aleth] ; parmi eux se trouvaient sept prêtres et la petite troupe obéissait à Rociantwor et à Riwoed. Ils quittèrent donc la Bretagne et, arrivés à Saintes, ils se prosternèrent dans l'église principale de cette ville, demandant à grands cris où se trouvait déposé le corps de saint Malo. Mais les prêtres de Saintes dédaignèrent de leur répondre et les traitèrent d'insensés.

Se voyant si mal accueillis, douze de nos Bretons, ayant Rociantwor à leur tête, allèrent trouver le roi Childebert qui se trouvait alors dans les environ ; ils le rencontrèrent, par un effet de la providence divine, se rendant pour prier sur le tombeau de saint Malo. Aussitôt ils se prosternèrent aux pieds du roi, mais Childebert les releva, leur demanda ce qu'ils désiraient de lui et promit de satisfaire leurs désirs, s'ils étaient justes. Rociantwor enhardi par ce bon accueil raconta an prince comment ils avaient perdu leur saint évêque Malo décédé loin d'eux et il termina en suppliant Childebert de leur faire rendre le corps de ce bienheureux, afin qu'ayant été privés de sa présence pendant les dernières années de sa vie, ils eussent au moins la consolation de jouir de ses reliques après sa mort.

Childebert, admirant la foi des Bretons, se rendit avec eux au monastère dont l'église renfermait le corps de saint Malo ; il fit assembler tous les prêtres et les moines du lieu et ordonna un jeûne complet pendant trois jours, afin de consulter plus sûrement la volonté de Dieu. Quant à nos députés bretons ils ne cessèrent pendant ces trois jours de joindre la prière à l'exercice de la pénitence : nuit et jour, sans prendre de sommeil, ils adressèrent au saint leurs plus ferventes supplications.

Les trois jours de jeûne écoulés, Childebert se retrouva avec les moines du monastère et les envoyés d'Aleth, tous réunis et agenouillés autour du corps de saint Malo placé pour la circonstance sur un autel, tous demandant au Seigneur de leur faire connaître sa volonté. « Qu'il plaise au roi, dit l'un des moines de Saintes, d'ordonner à quatre d'entre nous de soulever le corps du Saint ; si Dieu et saint Malo consentent à ce que quelques parties se détachent de ce corps précieux nous les abandonnerons aux habitants d'Aleth. ». Tout le monde dit Amen, et quatre clercs choisis parmi les plus vertueux de Saintes, soulevèrent avec respect le corps de saint Malo ; immédiatement la tête demeura à celui qui la tenait et la main droite se détacha également du corps ; mais les autres ossements restèrent comme attachés à l'autel et rien ne put les en séparer. On connut ainsi la volonté de Dieu et celle de saint Malo, et sans retard le chef et la main du bienheureux enveloppés de linges furent remis aux Bretons dont la joie ne se peut dépeindre.

Ces derniers quittèrent aussitôt Saintes, après avoir remercié Childebert de sa bienveillante intervention ; ils suivirent les anciennes voies romaines et entrèrent en Bretagne en franchissant la Vilaine sur le pont de Port-Neuf de sorte que la première paroisse bretonne où ils mirent le pied fut celle de Guipry [Note : « Primam in Britanniœ partibus habuerunt mansionem in plebe quœ vocatur Wicbry ». Les comtés de Rennes et de Nantes ne faisaient pas encore partie de la Bretagne à cette époque.]. Dans cette paroisse se trouvait un village habité par un homme noble atteint d'une paralysie telle qu'il ne pouvait sans le secours de ses serviteurs se retourner dans son lit de douleur. Trois des prêtres apportant les restes de saint Malo vinrent trouver ce seigneur et lui demandèrent l'hospitalité. Sans tarder le malade se fit transporter hors de chez lui et abandonna aux pieux voyageurs sa maison complètement vide.

Les prêtres y entrèrent, l'ornèrent avec soin et y érigèrent un autel sur lequel furent déposés le chef et la main du Bienheureux ; puis ils y célébrèrent les vêpres. Le malade s'informa alors des reliques déposées chez lui et on lui répondit que c'étaient les précieux restes de l'évêque saint Malo. Apprenant cela et plein de confiance en les mérites de ce grand serviteur de Dieu, le noble infirme offrit à saint Malo tout le village qu'il possédait et toutes les terres en dépendant. Sa pieuse générosité ne demeura pas sans récompense : dès le lendemain matin il se trouva complètement guéri, et dès ce moment le village qu'il habitait prit le nom de Fellit ou Felix qui veut dire heureux, en souvenir de la joie que causa sa guérison [Note : « Et ille infirmus mane surrexit sanus, quasi nunquam infirmus esset, et ex illa die illaque hora ille locus Felix seu Fellit vocatur » (Vita S. Machuti)].

Tout porte à croire qu'il s'agit ici de la paroisse actuelle de Saint-Malo-de-Phily dont le territoire a été, effectivement distrait de la paroisse de Guipry ; on dut y élever, après le départ de Rociantwor et de ses compagnons, une chapelle en l'honneur de saint Malo comme témoignage du miracle qui venait de s'y manifester.

Quant au reste du voyage des Bretons il s'accomplit fort heureusement. Une autre guérison merveilleuse signala le passage des saintes reliques dans un village situé en Bronwruan [Note : « Pervenerunt ad aliam villam quœ erat in Bronuuruan » (Vita S. Machuti)], localité difficile à retrouver aujourd'hui. Là se trouvait une femme infirme appelée Borée ; apprenant ce qui venait de se passer en Guipry la nuit d'auparavant, elle se recommanda avec ferveur à saint Malo, lui donna tout son héritage et se leva complètemen! guérie.

Enfin la pieuse caravane arriva à Aleth ; mais ce ne fut point dans une église de cette ville que fut déposé le trésor apporté de Saintes ; on porta le chef et la main de saint Malo en l'île d'Aaron, dans l'église conventuelle qu'avait, semble-t-il, construite lui-même en ce lieu le bienheureux évêque d'Aleth et qu'avait desservie son disciple saint Aaron. C'est par suite de ce fait que l'île d'Aaron prit alors le nom de Saint-Malo qu'elle porte glorieusement encore.

Le pieux auteur du récit de cette Translation du chef de saint Malo raconte qu'une pluie merveilleuse accompagnait les porteurs de la sainte relique ; cette pluie ne devançait point le cortège, mais elle le suivait doucement sans lui causer d'obstacle ; aussi hommes et femmes accouraient-ils s'agenouiller sur le passage du reliquaire. Naïf et touchant symbole de la miséricorde divine attirée par les mérites de saint Malo sur tous ceux qui l'invoquent ; les grâces obtenues par l'intercession du grand évêque d'Aleth n'étaient-elles pas alors et ne sont-elles pas encore comme une rosée rafraichissant les âmes et les guidant dans la voie du salut !

(abbé Guillotin de Corson).

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