Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LEGENDE DE SAINT THEGONNEC

  Retour page d'accueil       Retour " Ville de Saint-Thégonnec "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La Bretagne Armorique, si l'on en croit Albert le Grand, entendit de bonne heure la prédication de l'Evangile. « Drennalus qui fut, croit-on, disciple de Joseph d'Arimathie, passa de la Grande-Bretagne en Armorique. Il aborda à Morlaix, vers l'an 72, en convertit les habitants et alla bientôt planter la croix à Lexobie ou il établit son siège ». Mais le pays Armoricain ne fut vraiment évangélisé que trois ou quatre siècles plus tard, lorsque parurent les moines, anachorètes ou cénobites, issus de son sol ou sortis des contrées d'Irlande et de la Grande-Bretagne. Ces religieux, quittant leurs ermitages ou leurs monastères, se répandirent dans la province et consacrèrent leur zèle à cultiver une bourgade déterminée. Ils se firent fondateurs de paroisses.

Au commencement du VIème siècle, la ville d'Occismor fut érigée en évêché et saint Paul Aurélien, abbé des monastères d'Ouessant et de Batz, fut nommé à ce siège sur la demande du peuple et du comte Witur (ce comte fonda la seigneurie du Penhoat). Saint Paul, à peine monté sur son siège épiscopal, s'occupa de l'organisation de son diocèse. Il fonda différents monastères, « desquels comme de pépinières et séminaires de sainteté, il tirait des gens doctes et pieux pour en faire des recteurs et curés pour son diocèse ». Les premiers pasteurs de paroisses dans notre pays furent donc des moines.

M. de la Borderie dans son Histoire de Bretagne (tome Ier, p. 342), cite les noms des religieux que saint Paul avait amenés de l'Ile. Nous y trouvons entr'autres, le nom du maître des moines : QUONOCUS-TOQUONOCUS. « M. de la Borderie, dit M. le chanoine Thomas, me semble être dans le vrai en traduisant ce dernier, nom par Tégonec ». L'origine de la paroisse actuelle de Saint-Thégonnec remonterait donc au VIème siècle [Note : La paroisse de Saint-Thégonnec s'appelait jusqu'à la fin du XVIIIème siècle : Pleiber-Saint-Thégonnec].

Une autre version fait de saint Thégonnec, non le disciple de saint Paul Aurélien, mais celui de saint Guénolé abbé de Landévennec. Il serait né à Tréfentec, village de la paroisse actuelle de Plonevez-Porzay, sur les bords de la baie de Douarnenez. Chassé par les habitants de son village qui lancèrent les chiens à ses trousses, le jeune Thégonnec ou Egonnec vint fixer son ermitage dans un lieu appelé depuis Plogonnec, qui veut dire « peuple de Egonnec ». Une chapelle bâtie près de cet endroit et dédiée au saint rappelle encore le séjour qu'y fit le pieux anachorète. La paroisse de Plogonnec a conservé le souvenir de la conduite indigne des habitants de Tréfentec. Le dicton suivant en fait foi : Kement ki klanv er vro a deuio - Dre Tréfentec a dremeno. Pas un chien enragé ne dévastera la région sans passer par Tréfentec.

Triste privilège pour ce village ! Mais là ne se borna pas la malédiction du saint. Il lui prédit en outre que, malgré leurs labeurs, ses habitants resteraient toujours pauvres, et jusqu'à ce jour, cette prédiction n'a pas, qu'on le sache, reçu de démenti. Il ne voulut pas cependant affliger ce village de maux sans remède. Auprès de son ermitage, il fit jaillir une source dont l'eau miraculeuse guérissait de la morsure des chiens enragés. Encore aujourd'hui les habitants de Plogonnec attribuent à cette eau la même vertu. Ils viennent même y puiser pour se guérir de toute fièvre maligne. Les paroissiens de Saint-Thégonnec reconnaissent aussi à leur saint patron le don de chasser les fièvres. Sur l'un des volets de la niche située au-dessus de la chaire à prêcher, ils l'ont représenté guérissant des fiévreux.

Le saint quitta bientôt son ermitage et se fit le disciple de saint Guénolé abbé de Landévennec. Son maître, d'après la tradition, l'aurait guéri de la morsure d'une vipère. Plus tard lui-même eut le don de guérir les morsures de ces bêtes venimeuses. On peut voir dans l'église de Saint-Thégonnec un tableau représentant plusieurs personnages, avec des vipères enroulées autour des bras, qui accourent vers le saint évêque pour lui demander leur guérison.

Voici en quels termes Albert le Grand rapporte et l'accident et la guérison du moine Thégonnec : « Un des condisciples de saint Guénolé, nommé Thethgonus, s'étant endormi sur son livre en un champ, fut mordu d'un serpent ; le venin s'écoula incontinent par tout le corps qui s'enfla gros et devint tout noir et plombé ; saint Guénolé, ayant compassion de ce pauvre enfant prest à mourir, fait le signe de la croix sur la tanière du serpent, lequel sortit hors et creva tout sur le champ, et depuis ne s'est trouvé en ce canton là telle espèce de serpent ; puis ayant oinct et frotté la morsure d'huile sainte, le venin découla goutte à goutte et le jeune homme fut entièrement guéri ».

Saint Guénolé aurait envoyé son disciple prêcher la foi dans le Léon et saint Thégonnec aurait fondé au Vème siècle la paroisse qui porte actuellement son nom.

Un autre document que possède encore l'église de Saint-Vougay est aussi en faveur de cette origine antique. Ce manuscrit, appelé « Missel de saint Vougay », date du XIème siècle. Outre les messes de l'année, ce missel contient une litanie de saints dont le culte est antérieur au IXème siècle. La dernière invocation est ainsi conçue : « Sce Tegonoce ».

Dom Lobineau, dans sa Vie des Saints de Bretagne, n'hésite pas cependant à mettre saint Thégonnec, au nombre des saints inconnus, et l'avocat de M. de Kérouartz dans sa réponse à la requête des paroissiens de Saint-Thégonnec au Parlement de Bretagne tire de cette étrange assertion cette conclusion d'une logique non moins étrange : saint Thégonnec classé dans les saints inconnus n'a jamais existé. Peut-on affirmer qu'un personnage n'a jamais existé, parce qu'un critique à court de documents écrits n'a pu établir d'une façon précise l'origine et la vie de ce personnage ? Il est difficile d'admettre qu'un être imaginaire ait pu donner son nom à deux paroisses. D'ailleurs tous ces moines et ces évêques, venus pour la plupart de la Grande-Bretagne pour évangéliser notre Armorique, n'ont pas toujours trouvé d'historien. Les vertus qu'ils ont pratiquées et les miracles qui accompagnaient leurs travaux apostoliques n'ont pas toujours été consignés par écrit. Force nous est donc pour connaître quelques détails de leur vie de nous en rapporter à la tradition orale.

Voici pour ce qui concerne saint Thégonnec la tradition reçue dans la paroisse.

A son arrivée, le saint reçoit un accueil enthousiaste de la part de la population qui attendait depuis longtemps un pasteur. Quelques voix discordantes cependant se font entendre, et l'homme de Dieu trouve sur son chemin quelques esprits rebelles qui ne tiennent pas à voir fleurir autour d'eux les vertus chrétiennes.

Un jour, revenant épuisé d'une de ses courses apostoliques, il s'arrête dans un village nommé Bougès. Il demande un verre d'eau pour étancher sa soif ; sa demande est repoussée. Sans murmurer, le saint reprend son bâton de voyage et s'achemine péniblement vers une autre maison, appelée Herlan, éloignée de quelques centaines de pas. Là sa prédication a porté des fruits, il y reçoit la plus généreuse hospitalité. Saintement indigné du refus qu'il a essuyé à Bougès, le missionnaire profère contre ce village l'anathème encore vrai aujourd'hui : Boujès a voujezo. - Biken dour mad n'hen devezo. Bougès produira des bourgeons et de la verdure, mais jamais de ses sources ne sortira une bonne eau.

Puis il bénit le Herlan et lui promet pour toujours une eau des plus limpides. Joignant l'action à la parole, il frappe la terre de son bâton, et à l'instant il en jaillit une eau claire et abondante. Sur cet emplacement la piété des habitants a construit une fontaine encore vénérée de nos jours. On y vient « pardonner » pour obtenir les faveurs du saint. Les jeunes filles, en quête d'un mari, y viennent jeter des épingles pour que, dans le courant de l'année, le saint couronne leurs efforts, et l'on dit que plusieurs, avant d'être exaucées, doivent y retourner plus d'une fois. Que de tristes retours de pèlerinage malicieusement commentés par les commères de l'endroit ! A Bougés, la malédiction de saint Thégonnec n'a atteint que les eaux.

Au contact des vertus du serviteur de Dieu, et sous l'influence de la grâce jetée dans ces âmes par sa parole évangélique, bien des coeurs rebelles finissent par se rendre. Le pasteur croit pouvoir alors commencer l'oeuvre qu'il a depuis si longtemps à coeur. Il lui faut une église pour y réunir ses nombreux néophytes. Il s'ouvre de son projet à quelques habitants les mieux intentionnés et les décide à lui prêter leur concours. Mais devant l'indifférence des uns, et le mauvais vouloir des autres, il craint de voir son oeuvre compromise. Pour encourager les hésitants il va lui-même leur prêcher d'exemple, il attelle son vieux bidet et plein de confiance en Dieu, s'en va prendre des pierres à la montagne de Plounéour-Menez. Hélas ! les chemins ne sont rien moins que sûrs. Au retour, un loup, sortant à l'improviste d'un bois, se jette au cou du cheval et l'étend raide mort entre les brancards. Le saint fait aussitôt un signe de croix sur le loup et le prend pour l'atteler au chariot. Cet étrange attelage fait son entrée à Saint-Thégonnec devant une grande affluence de monde. — Est-ce là une réalité ou une simple allégorie ? Ce loup désigne-t-il quelques ennemis du saint qui s'opposaient à la construction de l'église et qui se laissèrent ensuite gagner à son projet ou est-ce réellement un loup sorti des bois de Plounéour ? La tradition est en faveur de cette dernière hypothèse.

Ce miracle devient le plus éloquent des sermons. La population voit que Dieu se met du côté de son serviteur et exige une église à Saint-Thégonnec. Elle se hâte de réparer le temps perdu, et c'est à qui partira le premier ou retournera avec la plus lourde charge.

En peu de temps s'amassent sur le plateau voisin du bourg actuel les pierres nécessaires pour la construction de l'église. Ici surgit une difficulté entre le pasteur et ses ouailles. Il s'agit de déterminer l'endroit où sera construit l'édifice. Les habitants veulent une église sur le plateau tout près des grands marais (Morlennou ou lennou-mor), et l'on sait que déloger de la cervelle d'un Breton une idée qui s'y est implantée, est une oeuvre dont il faut laisser le soin à Dieu. Le saint ne veut pas y perdre son temps ; il a, lui aussi, son idée. Pendant la nuit il se met en prière et tout d'un coup un roulement formidable se fait entendre. Ce sont les pierres qui descendent d'elles-mêmes du plateau jusqu'à mi-côte, marquant ainsi d'une façon miraculeuse l'emplacement de la nouvelle église. Cette fois Dieu a parlé, les Bretons se rendent. Ce qu'a fait le saint patron, disent actuellement les habitants de Saint-Thégonnec, est bien fait. Il a construit son église sur le flanc d'une colline, et le bourg sans être établi sur un marais ne descend pas cependant jusqu'à la rivière. Le plateau le préserve des vents qui soufflent des montagnes de Plounéour et les marais ainsi que la rivière se trouvent trop éloignés pour l'empester de leurs miasmes malsains.

Où saint Thégonnec finit-il sa carrière apostolique ? L'histoire et la tradition bien sobres de détails sur son ministère dans le Léon ne nous donnent aucun renseignement certain sur la dernière période de sa vie. On doit admettre cependant qu'il ne mourut pas à Saint-Thégonnec. Ses reliques y auraient été vénérées ; or on ne trouve nulle part trace de ce culte et on ne voit pas non plus que lors des invasions normandes, on ait transporté ses reliques dans un lieu plus sûr ; ce qu'on fut obligé de faire pour tant d'autres saints bretons. D'ailleurs la tradition fait de saint Thégonnec un archevêque. Ses statues qui se trouvent en différentes parties de l'église nous le montrent revêtu de ses habits pontificaux, crosse en main et mitre en tête. Sur le maître autel le saint patron au lieu du bâton pastoral porte en main la croix à double branche, insigne de sa dignité archiépiscopale.

Quel siège illustra-t-il ? Il ne nous est pas facile de le savoir. Si nous consultons le catalogue des évêques bretons cité dans l'ouvrage d'Albert Le Grand, nous constatons qu'il faut aller au dehors de la Bretagne pour trouver le siège occupé par saint Thégonnec. Il fut peut-être évêque du pays de Galles. Ce qui permettrait de le croire, c'est que saint Thégonnec est honoré dans cette contrée. Mais est-ce le même que celui qui a évangélisé le Léon ? Rien n'empêche de l'admettre. Si la Grande-Bretagne a fourni de nombreux missionnaire, à l'Armorique, ils ne sont pas non plus rares les saints qui, après avoir prêché la foi dans notre région, ont ensuite émigré dans les pays d'outre-Manche. (F. Quiniou).

 © Copyright - Tous droits réservés.