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CHAPELLE SAINTE ANNE-ANNE-LA-PALUD |
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I — Les Chapelles successives.
Santez Anna gollet (Sainte Anne la disparue).
La première chapelle, bâtie par les soins de saint Gwenolé, grâce aux largesses du Roi Grallon, est désignée sous le nom de Santez Anna gollet. On croit qu’elle était située au Sud-Ouest des dunes actuelles sur un terrain aujourd’hui ensablé et que la mer couvre aux hautes marées. Le vieux chemin tout gazonné qui descend directement de Sainte-Anne à la grève est encore appelé Hent Santez Anna gollet, « le chemin de Sainte Anne la disparue ».
Combien de temps dura cette chapelle ? Une tradition bien conservée dans le pays veut qu’elle ait été ensevelie sous les sables de la baie quelques années après la mort du petit saint Corentin.
Une invasion de sable dans ces parages est assez vraisemblable. Constatation facile à faire : une épaisse couche de sable forme la partie superficielle de la « Palud », large bande de terre, profonde de 1.500 mètres, qui s’étend devant la grève de Sainte-Anne.
Quant à l’époque de la disparition, on ne peut rien dire de précis : les listes des évêques de Cornouaille ne mentionnent point un deuxième Corentin sur le siège épiscopal de Quimper.
Deuxième et troisième Chapelles.
La deuxième chapelle fut bâtie non plus tout près et en vue de la mer mais sous la colline qui domine la baie, et bien à l’abri des flots et des vents d'Ouest.
Elle était de l’époque romane : son abside en forme de four était percée de fenêtres étroites et basses, dépourvues de meneaux, sortes de meurtrières, comme on en voit dans les églises des Xème et XIème siècles.
Elle subit plusieurs modifications et restaurations avant de devenir l’édifice qui fut remplacé, il y a 70 ans, par la chapelle actuelle.
D’après M. Pouchous, recteur de Plonévez-Porzay, de 1832, à 1866, la chapelle de Sainte-Anne était « de très médiocre grandeur, de style moderne, et de bon goût ». Sa jolie flèche, haute de 20 m. 50, portait les dates de 1230 et de 1419. Au linteau d’une porte latérale on lisait celle de 1232. Malgré ces dates, l’ancien Recteur de Plonévez-Porzay, et les continuateurs d'Ogée [Ogée, Dictionnaire de Bretagne, 1843, Plonévez-Porzay, page 326] sont d’accord pour dire que la troisième chapelle fut construite vers 1630, et qu’on y employa des matériaux de l’ancien édifice.
C’est donc la deuxième chapelle qui eut l’honneur de recevoir la statue de granit de 1548, du temps de Messire Le Baut qui fut recteur de Plonévez de 1540 à 1567.
Sous le rectorat de M. Jean Talabardon (1720- 1755) une restauration importante fut faite en 1725, année où on lit, dans les comptes de la fabrique de Sainte-Anne : « Payé pour rebâtir la tour et le corps de ladite chapelle : 624 livres 6 sols ».
Trente ans plus tard, de remarquables embellissements furent accomplis par M. Charles Pezron, recteur de Plonévez de 1755 à 1763.
Quatrième Chapelle.
Au XIXème siècle, la chapelle de Sainte-Anne, avec ses « médiocres dimensions », ne convenait plus du tout au grand pèlerinage qui avait lieu chaque année à la Palud.
En 1858, la construction d’un nouveau sanctuaire fut décidée, avec le consentement de Monseigneur Sergent, par le conseil de fabrique de la paroisse, alors composé de M. Pouchous, recteur, et de MM. Sébastien Le Gac, de Lesvren, maire ; Jacques Blouet, de Penn-ar-c'hrêc'h ; Pierre Cornic, de Trevilly ; Guillaume Simon Le Marc'hadour, du Koz-kêr ; Gilles Moreau, de Kerveo ; Jean-Marie Le Doaré, de Goulit-ar-gêr.
Les travaux préliminaires commencèrent en 1858 ; mais la construction traîna, car on manquait de ressources.
La première pierre fut posée le 20 octobre 1863 par M. Jacques Prigent, archiprêtre de Châteaulin, en présence du clergé de la paroisse, des recteurs des environs, du conseil municipal, et du conseil de fabrique de Plonévez, de M. François Le Bigot, chevalier de Saint-Grégoire, architecte, et de M. Joseph Gassis, entrepreneur.
Le nouvel édifice fut béni le 5 août 1866 par M. le chanoine Alexandre, délégué de Monseigneur l'Evêque.
Depuis lors il est resté tel quel, sauf que son flanc gauche a été percé pour aménager l’élégant oratoire qui abrite désormais la Statue vénérée. Fine dentelle de pierre, celui-ci a été édifié en 1903 par J.-L. Le Naour, maître tailleur de pierres, sur les plans du chanoine Abgrall. De très belles mosaïques l’ont enrichi tout récemment.
II — Le mobilier.
Les meubles de la chapelle proviennent en majeure partie de la vieille église de Plonévez.
De son mobilier ancien, elle a pourtant conservé un certain nombre de statues en bois, du XVIème siècle, parmi lesquelles on peut voir, dans le choeur, sainte Anne et saint Joachim ; à gauche et à droite, à la naissance des transepts, saint Corentin avec crosse et mître, et saint Gwénolé en robe noire de bénédictin. Dans les retables des autels latéraux qui proviennent de l’ancienne église de Plonévez, on trouve le groupe du Rosaire à gauche, et à droite les saints diacres Etienne et Laurent, accompagnés de saint Mélar, tous Patrons secondaires de la paroisse. Ces groupes sont de 1625.
Autel du Rosaire (transept nord) : en tombeau galbé, colonnes lisses, chapiteaux corinthiens et grand fronton. Le tableau central du XVIIème, 1625, représente en haut relief et polychrome le groupe du Rosaire : Sainte Catherine de Sienne, vierge à l'enfant dite du Rosaire et Saint Dominique. Restauration en 1840 par Mignon, architecte à Châteaulin.
Autel Saint-Laurent (transept sud) : en tombeau galbé, colonnes lisses, chapiteaux corinthiens et grand fronton. Le tableau central en haut relief et polychrome du XVIIème, 1625, nous présente Saint Etienne, Saint Laurent et Saint Mélar en apothéose. Ils sont les patrons secondaires de la paroisse de Plonévez-Porzay avec saint Corentin et Saint Michel. Restauration en 1840 par Mignon de Châteaulin.
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Le Choeur :
Maître autel : XVIIIème siècle en tombeau galbé. Le tabernacle est couronné par un élégant baldaquin (ce dernier, ajouté, aurait été offert par un seigneur de Moëllien).
Fenêtre centrale du choeur : (anonyme) la sainte Famille de Marie, encadrée par ses parents Anne et Joachim. Cette verrière provient de l'ancienne chapelle.
Les deux autres fenêtres du choeur : (Balmet, 1936). Vie de Sainte Anne et Saint Joachim selon les apocryphes.
Statues : au sud, Saint Joachim et, au nord, groupe de Sainte Anne et Marie debout, qui présentent le livre des écritures.
Statue dorée de Sainte Anne : cette statue, or et polychrome, rehaussée par un élégant baldaquin, est du XVIIIème siècle. Anne est debout, l'index droit pointé vers le ciel, elle enseigne les Ecritures à sa fille Marie toute admiratrice, qui tient le livre ouvert dans ses mains. Sainte Anne est la patronne et le modèle des mères éducatrices. Cette statue préside toutes les processions des pardons de la Palud portée par des dames en grand costume ancestral brodé de fils d'or.
Saint Yves (entre le riche et le pauvre) : terre cuite du moine Gruër de Solesmes (1955). Saint Yves, inventeur de la justice de paix, défenseur des déshérités, né en 1258, mort en 1303, est patron des avocats et patron secondaire de la Bretagne. Saint Yves tient dans sa main droite le code de justice, par son index gauche pointé vers le ciel il nous indique que la vraie justice vient de Dieu. A gauche, le Pauvre, tête découverte attend humblement et de bonne foi la justice. A droite, le Riche, personnage arrogant, tête non découverte, propose d'une main une pièce d'or, de l'autre il tient son chapelet, de sa besace sort le serpent de la ruse que le saint écrase du pied droit.
Dans le transept Nord :
La Vierge à l'enfant sur socle est du XVIIème siècle.
La statue de Saint Corentin, en bois polychrome, est du XVIème siècle. Saint Corentin est le premier évêque de Quimper et selon la tradition, fondateur du culte de Sainte Anne à la Palud. Il nous est présenté avec mitre, crosse pastorale et évangéliaire ouvert sur lequel est écrit : " Verbum Dei, Parole de Dieu " ; sur son étole : saint Nicolas, saint Laurent, saint Etienne et deux saints évêques anonymes.
Dans le transept Sud :
Saint Guénolé (XVIème siècle), vêtu de l'austère bure bénédictine, tient sous son bras gauche une bible fermée, 1er abbé de Landévennec, et selon la tradition, fondateur du culte de Sainte Anne à la Palud. Cette statue vient de l'ancienne chapelle Saint Guénolé de Lanzent, ruinée au XVIIème siècle.
Saint Mélar (XVIIème siècle), prince de sang breton, porte la couronne princière et l'étole de prêtre. Fils de Saint Milliau, roi de Cornouaille, patron de la paroisse de Plonévez-Porzay, décapité par son frère félon Rivod, usurpateur du pouvoir. Ce dernier, pour empêcher le jeune prince Mélar de régner, lui fit couper la main droite et le pied gauche à l'âge de sept ans. La légende raconte qu'un orfèvre lui façonna une main et un pied en argent qui croissaient comme les autres membres. Saint Mélar nous est présenté ici avec une prothèse au bras droit. Il fut assassiné à Lanmeur par les mandataires de Rivod.
La statue vénérée de l'Oratoire — celle qui est, pour le pays, Santez Anna ar Palud — représente, sainte Anne grave et souriante à la fois. Devant la Sainte Vierge enfant, la mère tient ouvert le livre de la Loi : symbole touchant de l’éducation maternelle. Elle porte, taillée dans le socle, la date de 1548. Il y a donc 400 ans qu’elle reçoit les hommages et les prières des fidèles Bretons.
Jadis, aux jours des grands pardons, selon un usage assez répandu en Bretagne, on l’habillait somptueusement avec les plus beaux costumes du pays. On ne le fait plus depuis longtemps.
III — La Croix et la Fontaine.
Une croix se dresse dans l’enclos, du côté Sud, tout près de la chapelle. Elle est de 1653 et porte sur son embase les noms du recteur qui l’érigea : Missire Guillaume Vergos (Recteur de Plonévez de 1630 à 1656) et du fabricien de l’année : Lucas Bernard. C’est un Calvaire complet : au milieu, le Christ et la Pieta ; à droite et à gauche, quatre personnages. Au pied, on voit des statues qui se trouvaient autrefois dans la chapelle : saint Pierre, sainte Marie-Madeleine et un évêque bénissant.
A une centaine de mètres au Sud du sanctuaire est la fontaine de sainte Anne. L’ouvrage actuel a remplacé, en 1871, un édicule de 1644 sur le fronton duquel on lisait : X. Kermaïdic, f. (Christophe Kermaïdic, fabricien).
IV — Les cloches.
La chapelle de Sainte-Anne la Palud possède deux cloches du XIXème siècle : Marie-Anne et Marie-Sébastienne.
« Marie-Anne », fut fondue à Brest en 1841 et pèse 600 livres. Elle fut bénite le dimanche du grand pardon, 27 août 1841, par M. Pouchous, recteur de Plonévez-Porzay, spécialement délégué par Monseigneur Graveran, évêque de Quimper. Il était assisté de ses vicaires, MM. Thalamot et Le Moal, des membres du Conseil de fabrique, du fabricien de Sainte-Anne, Yves Fertil, de Goarbik, et du fabricien de l’église paroissiale, Jean-Mathieu Coffec, du bourg. Elle porte l’inscription suivante : Faite en août 1841, je suis à Notre-Dame de Sainte-Anne La Palue, paroisse de Plounévez-Porzay. Marie-Anne est le nom que me donnèrent Marie-Fidèle Halna du Frétay, Chevalier de Saint-Louis, maire de Plounévez Porzay mon parrain et Marie Anne Avan Vve Cosmao ma marraine. Al. M. Pouchous étant Recteur de la paroisse. Ad hanc vocem cessavit mater flerc. Tob.
Marie-Fidèle Halna du Frétay était le châtelain de Koz-Kastel. Quant à Marie-Anne Avan, qui habitait Kergall, elle était, par son mariage avec Yves Cosmao, la cousine du fameux amiral Julien Cosmao, héros de cent batailles navales, baron de l'Empire, commandant de la Légion d’honneur, chevalier de Saint-Louis et pair de France.
Une autre cloche « Marie Sébastienne » fut bénite le 7 août 1864 par Monseigneur Sergent, évêque de Quimper, assisté de M. Evrard, vicaire général. Donnée par M. Sébastien Le Gac, de Lesvren, maire de la commune, elle fut nommée par ses enfants, Sébastien et Anne-Marie.
Elle dut être refondue ou remplacée au bout de trente ans. On conserva cependant son nom. Une deuxième « Marie Sébastienne » fut bénite le samedi du grand pardon de 1895 par Monseigneur Valleau, évêque de Quimper ; elle porte l’inscription que voici : Je me nomme Mie Sébastienne. J’ai eu pour parrain Sébastien Le Gac et pour marraine Mme Cornic née Mie Jeanne Blouet. S. S. Léon XIII, pape, Mgr Valleau, évêque de Quimper et Léon, M. O. Derrien Recteur, MM. Hénaff et Le Houerff, vicaires. Ste Anne de la Palue 1895.
Sous l’inscription, on voit en relief d’un côté l’image de la Vierge, de l’autre celle de saint Sébastien percé de flèches.
V — Les vitraux.
M. l’abbé Joseph Mével avait formé le projet, pour embellir le sanctuaire de la Palud, de le doter de vitraux. Dévot envers les vieux saints de Bretagne, il voulait représenter quelque épisode de la vie de ceux d’entre eux qui ont pu avoir quelque rapport avec la chapelle de Sainte-Anne. La mort l’empêcha de réaliser son dessein.
Il avait cependant donné les indications nécessaires pour les quatre premières verrières, et de cette sorte, son successeur eut son premier travail facilité.
Les
vitraux du côté nord représentent :
1) Une ambassade de trois évêques francs, envoyés par leur roi, venant trouver Grallon, qu’assistent saint Gwénolé et saint Corentin.
2) Saint Gwénolé choisissant son disciple Gwénaël, comme son successeur, à la tête de l’abbaye de Landévennec.
3) Saint Hervé, le saint aveugle, venant quêter à Plonévez, avec son petit guide et le loup qu’il a domestiqué.
4) Saint Tégonnec dans la grange où il a enfermé les oiseaux déprédateurs, afin de pouvoir se rendre au pardon de Sainte-Anne.
Les cinq vitraux du côté sud représentent :
1) Un épisode de la vie de saint Judicaël : le lépreux auquel le saint roi a fait traverser une rivière, se transforme soudain et c’est Jésus lui-même qui bénit le prince charitable.
2) Saint Gwénolé appelant à sa suite le petit Gwénaël, qui doit plus tard le remplacer comme abbé.
3) Saint Miliau, roi de Cornouaille, venant, accompagné de son fils saint Mélar, se plaindre de son frère à saint Gwénolé et à saint Corentin.
4) Saint Ronan forçant un loup à se dessaisir d’un agneau qu’il a enlevé et à le déposer aux pieds du propriétaire.
5) Le roi Grallon venant à la Palud, désireux de voir à quel point en est la construction de la chapelle entreprise par saint Gwénolé, pour honorer l'Aïeule de Jésus.
Les verrières des grandes fenêtres du transept. Chacune comprend deux sujets.
Le
premier vitrail représente :
1) Le transport des reliques de sainte Anne de Palestine en Gaule : une barque tirée par des anges, et dans laquelle se trouvent comme personnages saint Maximin, sainte Madeleine, sainte Marthe, saint Trophime, Lazare, Marie Alphée et Marie Zébédée.
2) Le fait historique de la découverte des reliques de sainte Anne dans la crypte d’Apt, en présence de l’empereur Charlemagne.
Le deuxième vitrail présente aussi deux sujets :
1) La mort de sainte Anne, avec comme personnages : sainte Anne, saint Joseph, la sainte Vierge et Jésus qui bénit la mourante ; Marie Alphée et ses quatre fils : Jacques, Joseph le Juste, Simon et Jude ; Marie Zébédée et ses deux fils : Jacques et Jean.
2) Sainte Anne portant la Vierge, qui porte elle-même Jésus sous forme d’arbre de Jessé, et les quatre grands prophètes.
Ce sujet a pu être inspiré à l’artiste, par le vieux vitrail de la cathédrale d'Apt, dont l’abbé Henri Théolas, ancien vicaire, donne la description suivante : « Ce vitrail est de 1365. Bien que retouché et sensiblement amoindri, il constitue encore de nos jours une très belle oeuvre d’art, en même temps qu’une fort intéressante page d’histoire. A ce dernier titre en effet, il nous rappelle un des principaux événements de l’histoire du monde : le retour de la Papauté à Rome, après soixante trois ans d’exil, en la bonne ville d’Avignon. ... Comme sujet principal, la sublime vitre représente la douce aïeule du Christ, sainte Anne, debout sur une fleur épanouie de lotus. Elle porte dans ses bras la Vierge Marie en robe bleue, laquelle porte elle-même l'Enfant Jésus, couronné d’une mignonne auréole. Parmi les personnages secondaires on voit le prophète Isaïe et David, le roi prophète » (Abbé Henri Théolas, Le Vitrail d'Apt et le retour de la Papauté d'Avignon à Rome).
Ainsi sera donné à la cathédrale d'Apt, l’hommage de sa soeur de la Palud. Et ce sera justice, car nous ne saurions oublier que c’est de la bonne ville provençale qu’est venu à la chapelle de sainte Anne son plus précieux trésor : une importante relique de sa sainte Patronne.
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En souvenir des citoyens de l'île Maurice dont les ancêtres quittèrent au XVIIIème siècle la Bretagne pour s'établir dans l'Océan Indien.
(texte des abbés H. Bossus et J. Thomas).
Nota : les photos réalisées par Gilbert Frey sont la propriété du site infobretagne.com.
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