Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Sainte Ursule.

  Retour page d'accueil       Retour " Ville de Saint-Juvat "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Une antique et constante tradition a toujours affirmé que sainte Ursule et la plupart de ses compagnes étaient d'origine bretonne. Divers auteurs ont ajouté, dans le cours des siècles, des récits plus ou moins fabuleux à la tradition primitive. Les études faites de nos jours ont apporté la lumière dans les questions qui se rattachent au culte des saintes vierges. De savants auteurs, en écartant avec soin toutes les circonstances fausses ou douteuses qu'on avait mêlées à l'histoire de sainte Ursule, ont démontré que son martyre et celui de ses compagnes offraient tous les caractères de la certitude historique.

Sainte Ursule vivait dans la première moitié du cinquième siècle. C'était l'époque des grandes invasions barbares. L'Angleterre, qu'on nommait encore la Bretagne, était en proie aux courses des pirates anglo-saxons, qui portaient le ravage dans ses provinces. Les Bretons émigrèrent en grand nombre, et traversant la mer, vinrent se fixer dans nos contrées, connues alors sous le nom d'Armorique. Se mêlant peu à peu aux populations du pays, ils finirent par lui donner leur nom, et l'Armorique s'appela désormais la Bretagne.

Tous les documents historiques indiquent que sainte Ursule et ses compagnes appartenaient aux familles bretonnes qui fuyaient devant les Anglo-Saxons. Mais, au lieu d'aborder aux rivages de l'Armorique, comme leurs compatriotes, elles furent conduites, soit par la tempête, soit par quelque autre circonstance ignorée, vers les bouches du Rhin ; et, suivant le cours de leur voyage à travers la Belgique, elles arrivèrent à Cologne, C'était alors la ville la plus puissante et la plus célèbre de cette partie de l'Allemagne. Elles y demeurèrent pendant un certain temps, se livrant à tous les exercices de piété et de vertu qui conviennent à des vierges chrétiennes. Nous regrettons le silence des anciens monuments sur une foule de détails qu'une curiosité pieuse aimerait à connaître. Il semble, en rapprochant les indications éparses dans la tradition, que sainte Ursule et ses compagnes s'étaient réunies pour travailler ensemble à conserver leur virginité et les saintes pratiques de la vie chrétienne, au milieu des dangers et des vicissitudes de l'émigration.

Elles ne devaient pas être depuis longtemps à Cologne, lorsque le bruit se répandit que les Huns approchaient, sous la conduite d'Attila. Les Huns étaient les plus féroces parmi les Barbares qui envahissaient l'empire romain. Attila, leur chef, qui promena le fer et le feu dans l'Allemagne, dans l'Italie et dans les Gaules, se faisait appeler le Fléau de Dieu. A la nouvelle de son approche, plusieurs habitants des contrées voisines du Rhin, et entre autres le saint évêque de Tongres, Servatius, se rendirent à Rome, moins peut-être pour obtenir du secours des empereurs, dont le pouvoir s'affaiblissait chaque jour, que pour chercher la protection des saints apôtres et trouver dans les conseils ou l'appui du Souverain-Pontife quelque remède à leurs maux. On sait comment, à cette époque de décadence de l'empire, les évêques et les souverains pontifes devenaient souvent le seul refuge des populations désolées. Ce fut le pape saint Léon-le-Grand qui arrêta, par la majesté de sa vertu, le farouche Attila, que les armées romaines ne pouvaient plus empêcher de ravager Rome et l'Italie. D'anciens auteurs affirment que sainte Ursule et ses compagnes firent, dans le même temps, le pèlerinage de Rome.

Quoi qu'il en soit du voyage de sainte Ursule, elle se trouvait à Cologne en 451, au moment où les Huns, ravageant les provinces du Rhin, pénétrèrent dans la Belgique et dans les Gaules. Strasbourg, Spire, Worms, Mayence, tombèrent sous leurs armes. Tongres, Arras et les autres villes de la Belgique furent dévastées. Cologne, que son fleuve et d'anciennes fortifications romaines semblaient protéger davantage contre les armes des Barbares, devint le refuge de plusieurs évêques, d'un grand nombre de vierges et d'une foule d'hommes, qui cherchèrent à y mettre leur vie et leurs biens en sûreté. Mais, vaine espérance : deux fois dans le cours de l'année 451, le pays de Cologne fut saccagé par les Barbares. On ne saurait raconter les maux que souffrit cette malheureuse ville. Le peuple fut passé au fil de l'épée, les prêtres massacrés sur les autels. Mais personne n'eut plus à souffrir que sainte Ursule et ses compagnes, résolues à endurer tous les tourments plutôt que de perdre leur virginité. Les Barbares les achevèrent à coups de flèches. Le courage héroïque de ces jeunes vierges fit l'admiration des peuples dans ces temps d'affreuses calamités. Le martyre de sainte Ursule et de ses compagnes resta dans leur mémoire comme un des triomphes les plus glorieux de la foi et de la vertu chrétienne.

Quand les Huns se furent retirés, les habitants de Cologne qui avaient survécu recueillirent avec un soin pieux les ossements des saintes martyres et des autres chrétiens qui étaient tombés sous le fer des Barbares. Il y eut une foule de personnes de tout rang, de tout sexe et de tout âge qui périrent dans ce grand désastre. On les compta par milliers. Mais comme la vertu de sainte Ursule et de ses compagnes, qui avaient généreusement accepté une mort cruelle pour garder le trésor de leur virginité, avait jeté au milieu de la désolation de Cologne un éclat incomparable, le peuple prit l'habitude, en célébrant la fête des chrétiens mis à mort par les Barbares, de ne mentionner que les vierges martyres. Cette fête devint, dans le langage populaire, celle des onze mille vierges. Ce nombre prodigieux, indiqué dans les plus anciens monuments, n'étonnera pas, si l'on y comprend, ainsi que nous venons de le remarquer, tous les habitants qui avaient péri dans le sac de Cologne. Selon l'usage de ces temps, on les honora comme martyrs, parce que les Huns infidèles les avaient massacrés en haine du nom chrétien. C'est ainsi que, dans la ville même de Nantes, nous vénérons comme martyrs les fidèles qui furent égorgés par les Normands dans la cathédrale avec saint Gohard, leur évêque. Sans doute, il devait arriver que, dans ces calamités publiques, tous ceux qui succombaient ne se trouvaient pas dans les conditions de vertu qui font les saints. Mais les fidèles aimaient, avec raison, à se consoler, en pensant que Dieu avait recueilli dans le ciel les âmes d'une foule de leurs concitoyens qui avaient mené une vie chrétienne, et qu'une mort violente, acceptée avec soumission à la volonté divine, avait achevé de purifier de leurs fautes.

A la fin du cinquième siècle, ou peu après, il y eut une église bâtie près des murs de Cologne, dans le champ même où les martyrs avaient reçu la sépulture. Dès le septième siècle, cette église portait le nom de Basilique des saintes vierges. On y établit, au neuvième, un monastère de religieuses.

Le culte de sainte Ursule et de ses compagnes est demeuré célèbre jusqu'à nos jours, et l'histoire n'a pas cessé d'enregistrer les témoignages de dévotion envers ces vierges illustres, qui se sont renouvelés de siècle en siècle.

On trouve leur culte mentionné dans la vie de saint Chunibert, qui, vers le milieu du septième siècle, occupait le siége de Cologne. Saint Florian, roi d'Ecosse, et saint Ouen, archevêque de Rouen, contemporains de saint Chunibert, allèrent en pèlerinage à leur tombeau. Saint Willebrorde, apôtre des Frisons, fit, avec saint Adalbert et saint Wérenfrid, l'élévation du corps de sainte Cunéra, l'une des compagnes de sainte Ursule. Mais ce fut surtout saint Annon, archevêque de Cologne en 1055, qui donna l'exemple de la dévotion envers les saintes martyres. Presque chaque nuit, il visitait leurs autels et y faisait de ferventes prières. Saint Norbert, archevêque de Mayence, le célèbre fondateur de l'ordre de Prémontré, eut soin de faire transporter dans son monastère le corps d'une des bienheureuses vierges.

La France compte beaucoup d'églises qui possédaient des reliques de sainte Ursule et de ses compagnes. Il faut nommer, en particulier, la chapelle du célèbre collége de la Sorbonne, à Paris, qui était dédiée sous leur invocation. Enfin, dans ces derniers siècles, sainte Angèle de Mérici, en fondant, sous le nom et le patronage de sainte Ursule, une Congrégation de religieuses destinées à l'enseignement des jeunes filles, a ajouté une nouvelle gloire à toutes celles qui couronnaient déjà les saintes martyres de Cologne.

La Bretagne ne pouvait oublier des saintes qui lui étaient unies par les liens du sang. Aussi Albert de Morlaix, dans ses Vies des Saints de notre province, a-t-il eu grand soin de donner place à sainte Ursule et à ses compagnes. La bienheureuse Françoise d'Amboise, comme nous l'avons déjà remarqué dans la préface de ce livre, nous fournit un témoignage illustre de la piété bretonne envers les saintes martyres de Cologne. C'était sa principale dévotion. Tous les mercredis, elle faisait célébrer une messe en leur honneur, et cette pratique lui était tellement chère, qu'elle en fit une fondation dans l'église des Chartreux de Nantes. Tous les mercredis aussi, elle donnait à dîner à onze petites filles, en mémoire de sainte Ursule et de ses onze mille compagnes, et distribuait ensuite à chacune de ces enfants cinq petits blancs, ou pièces de monnaie de cette époque. La sainte duchesse, pour témoigner de sa dévotion envers sainte Ursule, s'était fait peindre sur le couvercle du tableau du grand autel des Pères Dominicains à Nantes, à genoux et présentée à Dieu par la sainte, comme sa protectrice spéciale. On se souvient que, d'après une pieuse tradition, sainte Ursule lui apparut au moment de sa mort, et, avec les vierges ses compagnes, vint la chercher pour la conduire au Ciel.

L'Eglise de Nantes doit donc tenir à honneur de conserver le culte tout breton des saintes martyres, autant et plus peut-être encore que les autres Eglises de notre province. C'est, pour ainsi dire, un héritage que lui a légué la sainte duchesse, en établissant à Nantes même sa fondation pieuse en l'honneur de sainte Ursule et de ses compagnes (Les Bollandistes, au 21 octobre). (extrait d'un ouvrage de Mgr. Richard, 1898).

 © Copyright - Tous droits réservés.