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Procession des miracles à Sainte-Anne-la-Palud |
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La veille du Grand Pardon a lieu, tous les ans, la procession dite des voeux ou des miracles. C’est une procession d'actions de grâces. Il faut croire que sainte Anne est généreuse envers ceux qui l’invoquent, car on voit, à ce pieux défilé autour de son domaine, jusqu’à un millier de personnes munies de cierges et marchant à la tête du cortège, après la première croix. Cette place qu’elles prennent, ce cierge qu’elles tiennent, indique qu’elles s’acquittent d’un voeu. Elles sont venues une première fois implorer « leur bonne grand'mère » ; elles ont été exaucées, et les voilà de retour pour remercier.
Cette coutume remonte haut, si l’on en croit la légende du chevalier Lez-Breiz,qui vivait du temps de Louis le Débonnaire.
« Si je retourne au pays, disait le héros breton en allant au combat, mère Sainte Anne, je vous ferai un présent ; Je vous ferai présent d’un cordon de cire qui fera trois fois le tour de vos murs ; Et trois fois le tour de votre église, et trois fois le tour de votre cimetière, et trois fois le tour de votre terre, arrivé chez moi [Note : Les pèlerins d’aujourd’hui n’entourent plus la chapelle de cordons de cire. Elle est maintenant trop vaste. Et puis, cette cire en cordon n’a plus de nos jours l'emploi qu’elle avait autrefois. Le cierge que l’on porte actuellement est un souvenir de cette coutume d’autrefois] ; ... Et j’irai trois fois, à genoux, puiser de l’eau pour votre bénitier... ».
« Il n’eût pas été chrétien dans son coeur celui qui n’eût pas pleuré à Sainte-Anne, en voyant l’église mouillée des larmes qui tombaient des yeux de Lez-Breiz.
De Lez-Breiz pleurant, à genoux, en remerciant la vraie patronne de la Bretagne » (Barzaz-Breiz, p. 88 et 92).
S’est-il produit des faits miraculeux à Sainte-Anne ? C’est probable. En tout cas, ils n’ont pas été officiellement reconnus. A la Palud il n’y a pas de bureau médical de constatations. D’ailleurs, moins que tous autres, le Breton aime à être l’objet de la curiosité publique ; il ne redoute rien tant que les interrogatoires et les enquêtes, et quand il le peut, il s’y dérobe. Seuls les prodiges éclatants, opérés à la vue de la foule, ne pouvaient être cachés. Ceux-là ont été consignés dans les guerz ou complaintes populaires chantées par les mendiants qui affluaient autrefois au pardon de la Palud.
De ces guerz, M. l'abbé L'Helgoualc'h en a eu un entre les mains, intitulé : « Guerz à Sainte-Anne la Palud en l’évêché de Cornouaille ».
Cette complainte est antérieure à la Révolution. Voici les faits qui y sont cités :
« Un jeune prêtre de Plougastel, depuis trois mois, n’avait pu dire la messe ; on lui conseille de venir à Sainte-Anne, et, en arrivant à la Palud, il se sentit guéri et put célébrer le saint sacrifice.
Une jeune personne des environs de Pont-l'Abbé, minée par la fièvre, vint à la Palud après une neuvaine à sainte Anne, et, devant une foule de personnes, fut subitement guérie.
Un navire, traversant le Raz de Sein, fut surpris, entre les deux mers, par les vents et les courants. Ballotté de tous côtés, il ne lui restait aucun espoir de salut. Alors le capitaine, homme pieux, fit avec ses marins le voeu d’aller à la Palue, et par la protection de Dieu et de sa grand'mère sainte Anne, ils purent rentrer à Brest, malgré le danger, le coeur plein de joie et de reconnaissance. Et, on les vit au pardon suivant, nu-pieds, en corps de chemise, chacun un cordon de cire à la main, venir remercier leur protectrice.
Un jeune homme de Brest avait perdu la vue des suites de la petite vérole ; lui aussi vint à Sainte-Anne ; une messe fut dite à son intention et il recouvra la vue.
En l’évêché de Léon, dans la paroisse de Ploudaniel, une jeune fille fut attaquée par un chien enragé, à la porte de sa maison ; à la vue de la bête furieuse, elle se mit à crier : " 0 Sainte Anne la Palud !... ". Et par une permission de Dieu, le chien sauta sur une pierre qu’il couvrit de sang et d’écume et où il se brisa les dents ».
Beaucoup d’autres « miracles » ont été faits, dit la guerz ; je ne puis les énumérer. Sainte Anne écoute nos prières sur terre et sur mer, est les témoins, pour le dire, ne manquent pas en Cornouaille, ni en Léon. Ils abondent à Douarnenez, au Cap Sizun, à Penmarc'h, à Pont-l'Abbé, Quimper, Landerneau et Brest et aux quatre coins du pays.
Parmi les prodiges récents attribués à la puissante intercession de sainte Anne, nous en connaissons un qui s’est produit en 1908, et dont le récit est contenu dans la lettre suivante adressée à un vicaire de Crozon. Le Conquet, 13 septembre 1912. « Monsieur l'Abbé, Il y a deux ans, je vous ai raconté la faveur dont j’avais été l’objet à la fontaine de Sainte-Anne. Voici le fait : J’étais alors chef mécanicien à bord du vapeur Saint-Michel, de la Compagnie des Vapeurs brestois ; je faisais le service entre Brest et Châteaulin ; en 1908, au mois de juin, vers la fin du mois, un dimanche, nous avions profité d’aller passer la journée à Sainte-Anne la Palud. Il y avait moi, ma femme et M. et Mme L..., commis de la Compagnie et la représentant ; il y avait aussi son frère, qui est marin à l'État. Nous étions partis le matin de bonne heure de Port-Launay, les femmes en voiture, les hommes à bicyclette ; l’on s’était bien amusé et nous avions dîné sur la plage. Il y avait un peu de vent, et je voulus abriter M. L..., pour qu’il puisse allumer la lampe à esprit de bois. Comme il ne pouvait réussir, j’essayai moi-même, et, après avoir mis le feu à un morceau de papier, je me penchai pour allumer la lampe après avoir mis mon paletot par dessus ma tête. Tout à coup, la lampe fit explosion ; tous mes cheveux, mes cils, ma moustache furent brûlés ; la figure tout en feu, je me jetai à terre et enfonçai ma tête dans le sable. Un instant après, je me relevai. La flamme s’était éteinte, mais hélas ! je ne voyais plus clair, et ma figure faisait horreur à voir, d’après ma femme et mes amis. On me prit alors par le bras et on me conduisit dans un petit restaurant qui se trouve au bas de la plage. Je crois me rappeler que c’est le seul qui existe. On me lava la figure ; je me jetais de l’eau dans les yeux, mais rien n’y fit, j’étais aveugle, et pendant au moins deux heures durant, l’idée du suicide ne me quitta pas. Je ne le disais pas, car ma femme pleurait de trop, mais si j’avais eu un revolver sur moi, je n’étais pas maintenant à vous écrire le miracle qui s’opéra par la suite, comme vous allez le voir. Voilà, monsieur l’abbé, ce que j’avais omis de vous dire quand je vous vis sur le Rapide.
La promenade qu’on avait bien commencée était bien triste pour mes amis. Aussi, se faisaient-ils de la bile. Mme L..., qui, je crois, avait fait un voeu, était allée avec sa petite fille faire une prière à la chapelle pour remercier sainte Anne. J’étais toujours aveugle ; je ne voyais rien que la nuit noire. J’étais assis avec ma femme à côté d’une fontaine ; ma femme, me prenant par la main, me dit de me laver, car mes brûlures me faisaient horriblement souffrir ; je me rappelle l’avoir envoyée promener, comme le font les malades ; j’étais de mauvaise humeur. Enfin je me décidai, pour la consoler et pour qu’elle me laisse tranquille. Il y avait bien 10 minutes que je me jetais de l’eau sur la figure et dans les yeux, quand, ô joie, je vis une petite statue en face de moi : c’était probablement sainte Anne. Je me demandais si je rêvais ; je me détourne et je vois ma femme en pleurs. Je lui dis que je voyais clair et de ne plus pleurer, et, d’après elle, je me mis à chanter ; je ne me rappelle pas, mais ce que je me rappelle, c’est d’avoir roulé sur l’herbe, comme un gosse, tellement j’étais content, heureux de vivre, de voir clair enfin. Ah ! comme je plains les pauvres malheureux aveugles. Depuis, ma femme va tous les ans faire une prière à la fontaine pour remercier sainte Anne la Palud. C’est tout ce que j’ai à vous dire, monsieur l’abbé. M. ALPHONSE, chef-mécanicien du Travailleur, Compagnie brestoise. Mme M..., sa femme ».
Voici une autre lettre, qui raconte comment des marins de Douarnenez ont été préservés de la mort, après avoir invoqué Sainte-Anne-la-Palud.
« Pieuse-Paysanne, n° 2.016. PATRON EUGÈNE NER, Partis du port de Douarnenez le 2 juillet 1918, pour faire la pêche aux maquereaux au large d'Ouessant, et arrivés à 16 milles au nord-ouest de l’île, nous attendîmes la nuit pour jeter les filets à l’eau. A l’aurore du 3, nous allâmes les retirer, mais vu le peu de poisson que nous avions pêché cette nuit, nous nous décidâmes d’attendre la nuit suivante pour refaire une autre pêche.
Sur quatre bateaux que nous étions, deux avaient décidé de rester sur place ; deux autres, jugeant que leur pêche était suffisante, rentrèrent.
A un moment donné, nous nous rapprochâmes du bateau qui était demeuré avec nous, le n° 2.139, patron Nicolas Belbéoc'h. Nous nous trouvions donc assez près l’un de l’autre.
Vers quatre heures de l’après-midi, un obus siffla dans l’air et vint tomber tout près du bateau de Nicolas. Nul doute que ce ne fût un sous-marin boche qui nous tirait dessus : neuf ou dix obus éclatèrent en un rien de temps, toujours dans la direction de Nicolas.
Alors, moi, patron Eugène Ner, je donnai l’ordre de hisser les voiles ; mais à peine l’avions-nous fait qu’il fallut les redescendre, car le tir était maintenant dirigé contre nous, et un obus venait d’éclater tout près du bateau. Voyant que le tir continuait, l’équipage se mit debout sur le pont, levant les bras en l’air pour faire comprendre au commandant du sous-marin que nous voulions nous rendre. Mais rien n’y fit ; les obus tombaient toujours. L’un d’eux enleva une partie du gouvernail ; les mâts, les voiles et la coque étaient déjà criblés d’éclats, et deux hommes de l’autre équipage blessés, le patron et un marin nommé Fléchant. C’est alors que, perdant tout espoir et attendant d’un moment à l’autre l’obus qui nous aurait englouti dans les flots, je criai à mon équipage ces quelques mots, qui furent pour nous tous le salut : " Il ne nous reste plus qu’un seul espoir, c’est de promettre à sainte Anne que nous irons tous à pied, et avec nos familles, à Sainte-Anne-la-Palud, si nous pouvons rejoindre la terre ".
L’équipage approuva d’une seule voix, et à peine était-ce fait que le sous-marin cessait son tir et se dirigeait sur le bateau de Nicolas pour constater les dégâts. Il accosta la barque ; deux membres de l’équipage avaient été tués ; les autres s’étaient couchés et faisaient les morts. Ne voyant personne remuer, le sous-marin prit le large.
De notre côté, le tir cessé, nous nous mîmes à réparer le plus nécessaire de nos avaries, tout en ayant soin de ne pas perdre le sous-marin de vue. Peu de temps après, l’ennemi ayant disparu, nous hissâmes les voiles, et, nous étant assurés que le bateau de Nicolas Belbéoc'h nous suivait, nous nous dirigeâmes sur le port de Douarnenez. E. NER ».
(abbés H. Bossus et J. Thomas).
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