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LA CHATELLENIE DE SION

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Notre travail sur les seigneurs de Sion serait incomplet, si nous ne faisions connaître, sommairement au moins, l'étendue et l'importance de leur juridiction. La terre de Sion était ce qu'on appelait autrefois une châtellenie d'ancienneté.

Nous avons été assez heureux pour retrouver quelques aveux de cette seigneurie, et c'est à l'aide de ces vieux documents que nous allons la faire connaître. Le plus ancien est un aveu rendu au roi, en 1653, par Marguerite de Chamballan, veuve d'Henri I de la Chapelle, seigneur de Sion et marquis de Fougeray ; les autres sont des aveux du XVIIIème siècle qu'a recueillis M. l'abbé Moisan

I

La châtellenie de Sion s'étendait, en 1653, dans les paroisses de Sion, Mouais, Lusanger, Fougeray et Saint-Aubin-des-Châteaux, et son seigneur y possédait les terres qui suivent :

« Premier, le logis situé dans le bourg de Sion, appelé la Chastellenie, avec ses chambres, caves, celliers, chambres hautes et greniers, son jardin et cour derrière, issue devant et à costé, etc…. et d'un costé est l'auditoire où s'exerceait la justice dudit Sion auparavant son union au marquisat de Fougeray » [Note : Nous avons vu précédemment que cet auditoire, qui existe encore, fut donné aux protestants par les marquis de Fougeray].

« Item, le lieu et métairie noble de Lismelle... »

« Item, une pièce de terre appelée la Garenne de Lismale... »

« Item, prés de la Roche à Queneuc... »

« Item, la prée et les marais de Queneuc... »

« Item, le lieu et maison noble de la Maladrerie, située près du bourg de Sion, auquel il y a un pressoir à presser les cidres qui se font dans ladite paroisse de Sion, avec droit de contraindre les sujets de ladite châtellenie d'y porter leurs pommes pour y faire leur cidre... ».

Outre ce pressoir banal, il y avait aussi jadis à Sion « un four bannal appartenant au seigneur de ladite chastellenie, lequel a droit de contraindre les habitants dudit bourg d'y porter leur paste pour y cuire... ».

Tout ce pays de Sion étant très-boisé, le seigneur y possédait « la forêt de Thiouzé, contenant douze cents journaux, — les bois de Rieux, des Piquemères, des Gripeaux, des Garennes, de Rougé, des Minières, du Perray et de la Hunaudière » [Note : Il n'est point ici question de la forêt de Domenesche, qui appartint très-longtemps aux seigneurs de Sion ; Domenesche était, en effet, une châtellenie entièrement distincte de celle de Sion. La seigneurie de Domenesche s'étendait, dit M. l'abbé Moisan, sur les paroisses de Sion, Lusanger et Saint-Aubin-des-Châteaux. Elle fut démembrée au siècle dernier à la suite de la division du marquisat de Fougeray]. « Et pour la connaissance et juridiction desdites forêts et buissons cy-dessus a, ledit seigneur de Sion, droit d'un maître particulier, lieutenant, procureur d'office, greffier, sergents forestiers et autres officiers qui peuvent connaître des malversations et délits qui sont faits auxdites forêts... ».

Vient ensuite l'énumération des moulins dépendant de la châtellenie, savoir : les moulins à eau du Pont-Gaudallain, du Château et de Lande, situés sur la rivière de Chère, et le moulin à vent du Claray. Enfin, on mentionne les étangs de Limesle et de Lande et ceux des Hunaudières.

Il y avait dans la seigneurie de Sion treize fiefs ou bailliages appartenant au seigneur ; ils se nommaient : les Fosses, — la Roche., — Limesle, — Trans, — Fougeray en Sion, — le Petit-Breil, — la Perdriaye, — Queneuc, — le Pordo en Sion, — Châteaugeron, — le Pordo en Fougeray, — la Châtellenie, — la Marre-aux-Moines [Note : Ce fief rappelait un dernir souvenir du prieuré de Sion, fondé près du bourg]. Enfin, le seigneur de Sion levait d'importantes dîmes et possédait « les Forges de fer des Hunaudières, avec la fonderie, consistant dans deux étangs, avec leurs chaussées, fourneaux, halles, logements pour les forgerons et les maîtres desdites forges, etc... ».

II

D'assez nombreux manoirs existaient autrefois dans les environs de Sion ; plusieurs d'entre eux « relevaient prochement et noblement, à foy, hommage, rachapt et chambellenage » du seigneur de Sion. C'était, dit l'aveu de 1653, la Fouaye, appartenant alors à « Marie de Carion, dame du Bois, et à Jean de Castellau, sieur du Bois, son fils ; » — le Petit-Breil, à Isaac Guiton ; — la Boberdaye à René Michiel, sieur de la Courbe ; — un logis au bourg de Sion, à Marguerite Lange, veuve de Jean de Gravois, sieur dudit lieu ; — enfin le manoir de l'Orme, possédé par René du Préauvé, sieur de Bonne-Maison.

Les aveux du siècle dernier nous apprennent, en outre, que le seigneur de Sion avait droit de faire prendre un chêne avec tête sur le fief de l'Orme, de le faire traîner dans une charrette par les sergents baillagers et de faire planter sur la place publique du bourg de Sion, le lendemain de la Pentecôte de chaque année.

III

La châtellenie de Sion était une haute, moyenne et basse justice qui donnait au seigneur droit de créer tous les officiers nécessaires « pour exercer ladite juridiction ».

Les aveux du XVIIIème siècle vont nous faire connaître quelques autres droits du seigneur de Sion.

Il avait, disent-ils, « droit de quatre foires par an et de marché tous les mardis au bourg dudit Sion, auxquels les hommes et sujets de ladite seigneurie sont tenus d'aller vendre et acheter leurs denrées ».

« Droit de prison et geôliers pour la garde des prisonniers, de justice patibulaire, piliers, ceps et poteaux armoriés de ses armes, avec colliers à y mettre les delinquants » [Note : Ces piliers de justice se trouvaient, dit M. l'abbé Moisan, dans le bourg même de Sion, près de l'église].

« Droit, en toute la seigneurie, de fuies et de garennes, de chasse à toutes sortes de bêtes et de pêche également prohibitive ».

« Droit, enfin, de prééminence et de fondation dans l'église paroissiale dudit Sion [Note : Les seigneurs de Sion avaient dans cette église une chapelle prohibitive, un banc seigneurial et un enfeu où fut inhumée la comtesse de Méneuf], avec lisière d'armoiries au dedans et au dehors de ladite église, et tous les autres droits comme il appartient à un seigneur châtelain, haut justicier et fondateur ».

Comme l'on voit, quoique déchue de son rang d'ancienne bannière [Note : Dict. des fiefs du comté nantais, par M. de Cornulier] et amoindrie par suite de l'extinction puis de la ruine de ses seigneurs, la châtellenie de Sion conserva néanmoins une véritable importance jusqu'à la Révolution française. Le souvenir de ses anciens possesseurs est demeuré longtemps vivace dans la population du pays et l'on ne saurait trop rendre grâce à M. l'abbé Moisan d'avoir recueilli ces traditions vraiment intéressantes qui nous ont été d'un si grand secours pour la notice historique que nous venons d'écrire.

(Abbé Guillotin de Corson).

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