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LA TERRE DE SION ET SES SEIGNEURS

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Il est des bourgades et des noms qui aujourd'hui semblent d'assez peu d'importance, et qui, pendant un bon nombre de siècles, ont eu néanmoins leur histoire tel nous a paru la localité de Sion, située à l'extrémité Nord de notre département, dans le canton de Derval.

L'histoire de Sion n'est autre que celle des familles seigneuriales qui se sont succédé dans la possession de la terre de ce nom ; à elles revient l'honneur d'avoir donné de l'éclat à Sion aux yeux de l'historien et de l'archéologue.

On sait qu'avant le Xème siècle, il est très difficile de distinguer la généalogie des familles ; les seigneurs n'avaient guère que leur nom propre ; mais à cette époque, ils prennent déjà le nom de leurs fiefs ou de leurs seigneuries. Dès le Xème siècle, on voit le nom des seigneurs de Sion figurer avec celui des grandes familles du pays, comme Châteaubriant, Rougé, etc. ; on le trouve dans toutes les grandes affaires du duché de Bretagne, à la cour, à l'ost, dans les guerres.

La riche et puissante famille de Sion paraît descendre des vicomtes de Donges, lesquels jouissaient d'une fortune immense ; elle était, en même temps propriétaire de la terre de Frossay.

Le premier seigneur de Sion, dont le nom nous est connu, est Cavallon de Sion ; il signe comme témoin, en 1070, dans une donation faite en faveur de Marmoutiers par Guiheneuc d'Ancenis.

En 1144, Hervé était seigneur de Sion. Le Dictionnaire d'Ogée, à l'article Redon, insinue que le seigneur de Sion était puissant ou au moins redoutable pour ses voisins; il dit qu'en 1144, le seigneur de Villarblez, craignant les déprédations d'Hervé, seigneur de Syon, s'était mis sous la sauvegarde de l'abbaye de Redon, et, pour ce service, s'était engagé à lui payer une rente annuelle de 13 deniers.

En 1158, on trouve Alfred de Syon, témoin dans une donation faite à l'abbaye de Fontevrault par Hoël, comte de Nantes ; il signe : Alfredus de Syon prepositus Ecclesiæ Nannetensis.

En l'année 1172, c'est Guillaume de Syon, témoin dans une donation faite à l'abbaye de Buzay par Harscoët de Raiz.

Dom Lobineau rapporte qu'en 1201, ce même Guillaume du Syon fit, de son propre fonds, une donation l'abbaye de Buzay.

Auffroy de Syon, chevalier plus connu, possédait les terrils de Syon, Domnèche et leurs dépendances, lesquelles étaient considérables. On croit que le château de Domnèche dans la forêt de ce nom n'était guère qu'un rendez-vous de chasse. Auffroy faisait sa résidence habituelle au château de Syon.

Ce qui recommande ce seigneur, ce sont ses fondations pieuses. Trois de ces fondations nous sont connues.

La première eut lieu en 1226, en faveur du monastère de la Roë, dans la forêt de Craon.

La deuxième fut faite, en 1248, en faveur du moine de Villepot, — dépendant de la Roë, — à la charge de desservir la chapelle de Brillingaud, dans la forêt de Domnèche, en Syon. Voici comment on raconte l'origine de cet établissement. Au XIème siècle, un solitaire nommé Gorin avait une retraite au lieu nominé : le Breil ; ayant entendu parler de la vie exemplaire des moines de la Roë, il demanda à être admis parmi eux. Il leur abandonna l'ermitage que lui avaient donné Jean de Breil-Ingault, Boter-Bernard, Marquis et Gueznée, sa sœur ; ce don du solitaire fut fait en présence d'Albéric. On sait que les moines do la Roë avaient une prédilection pour les établissements situés dans les forêts ; presque toutes les forêts d'Anjou et de Bretagne peuvent le témoigner.

C'est en faveur de ce premier sanctuaire que Auffroy fit une fondation. Voici ce qu'en rapporte dom Lobineau :

« Aufredus de Syon, miles, etc... capellaniæ meæ juxta herbergamentum meum de Domnèche in feodomo quod dicitur ! herber Mariæ dedi etc... quod ut ratum et stabile permaneat, sigilli mei et sigilli Ducani ejusdem loci feci, munimine roboravi, anno 1248 ».

Louise, femme d'Auffroy, assura aussi audit moine un revenu annuel de 10 sous sur sa terre de la Chauvière, en Sion.

La troisième fondation d'Auffroy fut en faveur des moines de Béré, en 1248. M. Léon Maître dit que cette fondation eut lieu en 1226 ; ce serait alors la même année que celle du monastère de la Roë.

Cette fondation avait deux objets : le premier, d'ériger une chapelle apud Syon, auprès de Syon, vraisemblablement auprès du château de Syon ; le second, de donner une maison avec une vigne, au moine charge de desservir la susdite chapelle. Voici l'acte de fondation tel qu'il a été copié sur les registres de Marmoutiers : « Aufredus de Syon dedit monachis majoris monasterii domum et vineam sacerdotis ; Prior vero de Béré unum de monachis suis presbyterum apud Syon, qui celebrabit in capellà, que construitur in honorem Dei, beatæ Mariæ Virginis sancti Jacobi ».

Cette chapelle devint l'église paroissiale après la destruction de l'antique chapelle du Breil, qui a dû être le berceau de l'église de Sion. D'après les termes de la donation, le Prieur de Béré y envoya un de ses moines, et les moines de Béré devinrent recteurs de Sion. Ils administrèrent d'abord la paroisse par eux-mêmes ; plus tard ils confièrent ce soin à des vicaires, dont quelques-uns furent fermiers du bénéfice de Sion. Le Concile de Trente ayant défendu aux moines de conserver des bénéfices à charge d'âmes, celui-ci fut vendu, en 1564, à Monsieur de Channe, sire du Bignon ; des prêtres séculiers administrèrent alors la paroisse en qualité de curés. Toutefois, l'abbé de Marmoutiers conserva longtemps le droit de présentation à la cure de Sion ; il en jouissait encore en l'année 1722.

Auffroy de Sion ne pourrait-il pas être regardé comme le père de la paroisse de Sion, le fondateur du bourg, puisque c'est autour de cette chapelle qu'ont été bâties ses maisons. Cette fondation ne serait-elle pas le testament d'Auffroy, avant, son départ pour la croisade avec saint Louis ? Le commencement du XIIIème siècle, c'est bien l'époque où les seigneurs faisaient à l'envi des fondations pieuses : églises, chapelles, prieurés, maladries !

Nous nous permettons de dire, avec M. Léon Maître, que cette fondation ne peut être étrangère à la léproserie située tout près du bourg de Sion, à l'endroit appelé : Maladrie. Ce savant ajoute :
« Après la disparition des lépreux, les seigneurs en firent une maison noble avec un pressoir banal, où tous les sujets de la châtellenie étaient contraints de porter leurs pommes à cidre ».

L'héritier d'Auffroy fut Guillaume de Sion. Il était, croyons-nous, son frère ; il eut deux enfants : un garçon nommé Geffroy et une fille, dont le nom nous est resté inconnu.

Au commencement de janvier 1276, on trouve Geffroy de Sion, chevalier, avec les autres seigneurs bretons, qui acceptent les propositions du duc de Bretagne.

En 1294, il est à l'ost du duc de Bretagne. Le 19 août, les nobles de Bretagne s'étant réunis à Ploërmel, chacun des seigneurs fit la déclaration des hommes qu'il devait fournir l'armée du duc, lequel avait embrassé le parti d'Ëdouard, roi d'Angleterre. Le seigneur de Sion signe avec les autres seigneurs du bailliage de Nantes et reconnaît devoir au duc le quart d'un chevalier d'ost pour ce qu'il tient dudit duc en Saint-Père-en-Raiz et 10 livres d'ost pour chaque mesure de terre pour son domaine de Frosseau ou Frossay.

Cette même année 1294, Geffroy fonda le prieuré de Guermiton en la paroisse de Frossay et le donna à l'abbaye de Sainte- Marie-de-Pornic.

Geffroy fut condamné par le duc de Bretagne dans un procès ; les rois de France, par plusieurs lettres patentes, avaient réglé que les appels des Bretons ne seraient reçus à la Cour qu'en cas de jugement injuste, et déni de justice, ou dans les cas qui regardaient directement la supériorité royale. Geffroy de Sion et Rolland de Dinan en avaient appelé injustement au Parlement de Paris en 1326 ; ils avaient, par différentes chicanes, fait traîner leur affaire jusqu'en 1330. Cette même année, ils furent renvoyés devant leur duc et furent condamnés à l'amende.

Geffroy ne laissa point d'enfants, ses deux nièces Jeanne et Anne héritèrent de ses biens.

Jeanne, dame de Syon, dut se marier deux fois ; en 1345, elle était mariée avec Armel de Châteaugiron, seigneur de Châteaubriant.

Et en l'année 1358 elle était veuve de Jean II, sire de Rieux ; elle mourut en 1360.

De ce dernier mariage naquit une fille, Jeanne de Rieux, laquelle se maria à un seigneur de Coulonces, en Normandie, et mourut jeune encore le 8 septembre 1395.

Anne de Syon devint héritière de la terre de ce nom en 1360 ; elle se maria avec Alain de Saffré, chevalier de renom, qui nous est connu par une donation qu'il fit en l'église de Saffré ; son fils Alain ratifia cette donation en 1394. En voici du reste les dispositions : « Allain de Saffré, seigneur de Syon, époux de Philippe de Laval, de Chaloyan et de Retz, fils d'Anne de Syon et d'Allain de Saffré ; le samedi après (effacé) 1394 ; comme autrefois M. Allain de Saffré, père de M. Allain de Saffré, chevalier pour le temps présent, seigneur de Saffré et de Syon, eût fondé une chapellenie de Sainte-Marguerite, annexée à l'église parochiale de Saffré et ordonné en y celle trois messes être dites, servies et célébrées on ladite chapelle, par chaque semaine comme dit est, es chapellenies…. serviteurs d'icelle chapellenie et eut ledit M. Allain défunt, promis soi obliger au temps de sa vie, bailler et asseyer en ses héritages, 20 livres de rente, héritages qui les pourront valoir par chacun an en perpétuel héritage, sachent tous, etc.. ».

Avec Anne de Syon, ou plutôt avec Geffroy, se termine la série des seigneurs portant le nom de seigneurs de Sion, après quatre siècles d'existence dans l'histoire.

L'union des deux terres de Syon et de Saffré selon le père du Paz, eut lieu par le mariage du seigneur de Saffré avec l'héritière de Sion. Le château de Syon fut détruit à cette époque, les seigneurs du lieu fixèrent leur résidence à Saffré et en prirent le nom. Aussi, désormais, les noms de ces deux familles sont constamment confondus.

Saffré n'était, à cette époque, qu'une simple châtellenie relevant de Fresnay en Plessé.

Allain de Saffré, laissa comme héritière une fille du nom de Jeanne ; elle était née en 1410, elle mourut le 28 octobre 1460.

Elle épousa Jehan Tournemine : il était second du nom et fils de Jehan Tournemine et d'Isabeau de Beaumanoir. Le nom de Tournemine est un sobriquet donné dans le XIIème siècle au comte Guillaume, de la famille des princes d'Anjou. Jehan Tournemine et Jeanne de Saffré s'intitulaient : sire et dame de Barratz ou Barrache, de Syon, de Saffray, de Bouloy, de la Hunaudaye. — La Hunaudaye est située dans la forêt de Lanmeur, près Lamballe.

Le fils de Jehan fut Gilles Tournemine, sire de la Hunaudaye, de Bouloy, de Syon, de Saffray ; il était aussi seigneur de Frossay, de Brains, de Bouguenais, de Saint-Leger, de Saint-Aignan. Il épousa Marguerite de Belleville, dame de Fresnay en Plessé, de Ruffec etc.

En l'année 1449, nous voyons Gilles Tournemine avoir le commandement de l'armée bretonne en Normandie. Deux ans plus tard, en 1451, Gilles disputa la préséance aux États de Bretagne : il fit recevoir son opposition contre les seigneurs de Derval, de Quintin et de Malestroit, dont les terres venaient d'être érigées en baronnie par Pierre, duc de Bretagne.

Saffré, qui n'était qu'une simple châtellenie, fut créée châtellenie-bannerrette en 1451.

La mort de Georges Tournemine arriva en 1474.

François Tournemine, son fils, eut pour curateur Pierre Tournemine, seigneur de Barratz. — En 1477, il s'intitulait : seigneur de la Hunaudaye, de Bouloy, de Syon, de Saffré. En 1494, il acquit la châtellenie-bannerrette de Fresnay, supérieure à la châtellenie-bannerrette de Saffré. Sa mort arriva le 3 février 1500.

C'est de son temps qu'eut lieu ce trop fameux procès des Tournemine de la Guerche. Un duel avait eu lieu sur la place du Bouffay de Nantes, le 20 décembre 1486, entre Robert de Beaumanoir et Pierre Tournemine ; ce dernier fut vaincu et mourut peu après. Dans la même année, Beaumanoir rechercha la veuve de Tournemine, Marie de Villiers, et le mariage eut lieu malgré les oppositions très vives des enfants de la douairière, Georges et Jean. Pour se venger, ils résolurent de tuer le seigneur de Beaumanoir, Jean Eder, leur beau-père. Pour réussir dans leur entreprise, ils feignirent de se réconcilier avec Eder, allèrent au Hommet, — le Hommet est en Normandie et Marie de Villiers était dame du Hommet ; — puis, à leur tour, ils invitèrent Eder et leur mère à venir à la Hunaudaye. Pendant plusieurs jours on s'y divertit : une partie de chasse au sanglier fut résolue. Mais bientôt le bâtard de la Hunaudaye, Georges, seigneur du Hommet, Jean, seigneur de Syon, et Jean Dubreil attaquèrent Eder par trahison, et lui donnèrent plusieurs coups mortels à travers le corps. En vain Eder cria et demanda confession, il fut achevé sur place. Son corps fut traîné sur le bord du chemin et resta là toute la nuit ; le lendemain les auteurs du crime avertirent eux-mêmes la justice de Lamballe. Après la levée du corps et le procès-verbal des juges, le seigneur de la Hunaudaye fit enterrer le corps dans l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois. Le bâtard de la Hunaudaye et du Breil se retirèrent aussitôt dans la cité de Lantreguier pour jouir du droit de Minihy de Saint-Tugdual ; sur leurs déclarations le lieutenant du prévôt de Tréguier accorda l'asile ; néanmoins, le bâtard ne se trouvant pas eu sûreté passa la mer.

Le duc, instruit de cette lâche action, ordonna qu'on poursuivit les coupables. Après sa mort, Anne de Bretagne fit continuer les procédures. Georges Tournemine se défendit quelque temps, par son procureur, Rolland de Bréhand ; mais à la fin il se laissa contumacer, ses biens furent confisqués. Jean Tournemine, seigneur de Syon, eut probablement le même sort. On ne mit point en cause la dame douairière, quoiqu'elle eût témoigné plusieurs fois le regret de s'être remariée.

Le fils de François Tournemine fut Georges ; il lui succéda en 1501. Il était baron de Rays, sire de la Hunaudaye, de Bouloy, baron du Hommet, seigneur de la Béraudière, de La Hardaye, de Sion, de Saffré, de Fresnay.

Il eut une fille, Françoise Tournemine ; elle se maria avec Claude d'Annebault, maréchal de France.

Claude d'Annebault, sieur de Saint-Pierre, de la Hunaudaye, du Hommet, époux de Françoise Tournemine, fille et héritière principale et noble de Georges Tournemine, vendit, le 25 avril 1526, le lieu noble, château, pièce, terre, seigneurie et châtellenie, nommé Syon, etc., pour la somme de 6,000 livres, à noble et puissant Mathurin de la Chapelle, sieur de la Roche-Giffard, du Plessix, etc.

Ainsi, comme on le voit, la terre de Sion, pendant près de deux siècles, a appartenu aux seigneurs de Saffré, et est passée aux mains de la famille de la Chapelle de la Roche-Giffard, par acquisition du 25 avril 1526.

La famille de la Chapelle est originaire de la basse-Bretagne ; elle existait dès le XIIème siècle et habitait Sérent ou la Chapelle de Sérent à Molac, à 6 lieues de Vannes ; elle était propriétaire de la Roche-Giffard, qui n'était alors qu'un rendez-vous de chasse.

Mathurin de la Chapelle, qui fit l'acquisition de la terre de Sion, était seigneur de la Roche-Giffard. Désormais les deux noms de Sion et de la Roche-Giffard se trouveront souvent ensemble.

René de la Chapelle exerça une très malheureuse influence sur tout le pays de Sion et les environs. C'est avec la protection des grands que le protestantisme réussit à pénétrer dans la catholique Bretagne ; c'est la famille de la Chapelle qui implanta de très bonne heure l'hérésie de Calvin dans le pays de Sion ; elle était soutenue par les ducs de Rohan et les princes de Condé. L'histoire rapporte que le seigneur de la Roche-Giffard, quelques seigneurs de Sion et du voisinage s'unirent pour faire un corps d'église ; ils appelèrent un pasteur, s'emparèrent d'une chapelle de l'église pour faire leur prêche ; les habitants de la localité protestèrent, force fut aux protestants de choisir un autre local : ils se servirent alors des maisons et dépendances de la Roche pour l'exercice de leur culte. Disons en passant que bien des auteurs ont confondu cette maison de la Roche, située dans le bourg même de Sion, avec la Roche-Giffard.

René de la Chapelle était marie avec Renée Thiérry, dame de Posé. Ils eurent deux enfants: Louis et Judith, laquelle fut baptisée en octobre 1569 ; elle avait pour parrain M. Bonaventure Chauvin, sieur de la Muce, et pour marraine Françoise Tournemine de la Hunaudaye.

René était propriétaire de Fougeray. — Fougeray était divisé en deux châtellenies principales : celle du château de Fougeray, siège du marquisat, et celle de Port-de-Roche, avec Launay-Bazoin, Cherhal, la Venourie et le Lovray. — C'est de la première dont René était propriétaire. Ainsi, le 12 mai 1567, noble homme Guillaume Perreau et Julienne Dutertre, son épouse, rendent aveu pour la terre de la Galotière à haut et puissant seigneur René de la Chapelle, chevalier, gentilhomme, pensionnaire du roi, seigneur de la Roche-Giffard, Fougeray, Sion, etc., et confessent de lui tenir la maison et la métairie de la Galotière, paroisse Derval, feuillette de Luzanger.

René de la Chapelle était un enthousiaste protestant qui ne respectait guère les catholiques. L'histoire rapporte qu'en 1562, les émissaires du seigneur de la Roche-Giffard envahirent le couvent des Cordeliers de Saint-Martin situé dans la forêt de Teillaye. Les frères purent se sauver, à l'exception de deux, le P. Drouadoyne, gardien, homme vénérable, très exact observateur de sa règle et remarquable par son érudition, et le F. François Butault, laïque. Le premier fut cruellement massacré, le F. Butault fut jeté sardes charbons ardents, puis assassiné. Quelques années plus tard, d'autres religieux de Saint-François étant venu habiter Saint-Martin, les hérétiques recommencèrent leur œuvre d'iniquités. Le P. Jean Tissier, gardien, homme très recommandable par ses vertus, fut tué et son corps jeté dans le puits. Le martyrologe franciscain fait mémoire de ces trois saints martyrs au premier août.

René demeura obstiné dans sa religion jusqu'il sa mort ; en vain M. de Montpensier envoya-t-il une garnison, sous les ordres du capitaine Havardière, pour solliciter le sieur et la dame de la Roche d'aller à la messe ; au contraire, le seigneur de la Roche se rendit en cour pour se plaindre de la garnison qui avait été mise à la Roche par M. de Montpensier, sans ordre de Sa Majesté ; la garnison demeura 12 jours ; Madame, de son côté, resta constante.

René mourut le 16 décembre 1577 en protestant ; il fut enterré dans l'église du Temple de Fougeray.

Renée, sa femme, dame de Pocé, mourut quatre ans plus tard, en 1581 ; elle fut enterrée à Saint-Sulpice, près la Roche-Giffard.

Il ne faut pas conclure par ces lieux d'inhumation que René et Renée de la Chapelle soient morts catholiques ; les seigneurs de la religion réformée jouissaient encore du droit de se faire enterrer dans les enfeux des églises paroissiales dont ils étaient seigneurs.

Du reste, l'enregistrement de leur sépulture est fait de la main du ministre protestant de l'église de Sion, le célèbre Guinaud, dans l'ancien papier de Sion ; n'est-ce pas une preuve évidente que René et Renée de la Chapelle sont morts protestants ?

Le fils de René, Louis de la Chapelle, hérita de son bien ; en janvier 1581, il était marié avec une fille de la Touche-Moreau, Marguerite du Tillon. Louis de la Chapelle était ardent protestant, ainsi que sa femme.

Le 3 et le 7 avril 1583, des aveux lui furent rendus, par François de Castellan et Renée de Bellouan, son épouse, pour la terre et dépendances de la Fouaye en Sion.

Les Ligueurs s'étant emparés par ruse de son château de Fougeray, il voulut le reprendre et en fit le siège, mais il fut tué d'un coup d'arquebuse tiré des remparts. Sa mort arriva en 1595.

Il laissa plusieurs enfants : deux garçons, Samuel et Benjamin, et une fille, Renée, laquelle épousa René d'Avangour, segneur de Saffré, et de Kergrois ; nous verrons, du reste, d'autres alliances entre les familles de Saffré et celles de la Roche-Giffard, qui avaient donné toutes les deux dans le protestantisme.

Samuel de la Chapelle enleva l'héritière de Montbarot, Françoise de Marec, fille de René de Marec de Montbarot, gouverneur de Rennes de 1589 à 1598 ; il était protestant. Il fut tué à la chasse en 1625. Deux aveux rendus à sa mère et à sa veuve nous sont connus ; en 1626, c'est un contrat en rachat du fief de Limesle en Luzanger entre le propriétaire de la Galotière et haute et puissante dame Françoise de Marec, douairière de la Roche-Giffard, Fougeray, Sion, etc., veuve de haut et puissant seigneur Samuel de la Chapelle et tutrice de ses enfants mineurs. Le 19 octobre 1633, c'est un aveu rendu par Marie de Carriou, veuve de Jehan de Castellan, mort le 29 mars 1633, et tutrice de leurs enfants, à fin de rachat pour la partie de leur terre de la Fouaye, dépendant de la châtellenie de Domnèche, relevant de Fougeray, à haute et puissante dame Marguerite du Tillon.

Henri de la Chapelle, fils de Samuel et de Françoise de Marec, fit ériger en marquisat les terres de la Roche-Giffard et de Fougeray en 1645 ou 1646. Les aveux rendus avant cette époque ne lui donnent point le titre de marquis. Il s'était marié à Marguerite de Chamballan. Un historien rapporte qu'Henri de la Chapelle mourut en Hollande, où il s'était retiré pour cause de religion. Il est dit aussi dans l'acte de cession du monastère de Saint-Sauveur de Béré aux religieuses Ursulines, que cette vente eut lieu par l'entremise de l'abbé de la Chapelle-Glain, prêtre de l'Oratoire, et oncle du marquis de la Roche-Giffard, mort depuis peu en Hollande, où il s'était retiré comme calviniste. Un autre historien, au contraire, dit qu'il fut tué à la bataille du faubourg Saint-Antoine, le 2 juillet 1652. Quoi qu'il en soit de ces versions, il est certain qu'il ne vivait plus en 1655.

Il eut trois enfants Henri, Marguerite et Henriette.

Son fils Henri II de la Chapelle prit possession de la forêt de Teillaye en 1651 ; il épousa, en l'année 1656, Marguerite de Machecoul, fille de Gabriel de Machecoul ou de la Lande et de Renée d'Avaugour. Henri II de la Chapelle était la terreur du pays : on est stupéfait de l'atrocité de ses crimes. Pour n'en citer qu'un exemple, il envoya son châtelain, premier officier de sa maison, piller l'église de Sion et profaner les saintes Espèces renfermées dans le tabernacle. On en trouve la preuve dans un vieux registre de la paroisse de Saint-Sulpice : « Le huictième de janvier 1661, les sieur et dame de la Roche, accusez d'avoir bruslé ou faict brusler la chapelle de Sainct-Léonard et le couvent de Sainct-Martin furent mis en arretz, leur chapelain convaincu du vol et emport du sainct Ciboire et du Sainct-Sacrement de Sion, fut bruslé vif ». C'est à lui évidemment qu'il faut attribuer ce fait raconté dans le Dictionnaire de Bretagne : « Le marquis de la Roche-Giffard, un jour de Fête-Dieu, se rendant au prêche des protestants, arrive auprès de l'église des catholiques, au moment de la procession de ces derniers. Il ordonne à son cocher de fouetter les chevaux et de passer à travers la procession des catholiques ; ceux-ci lui barrent le passage. Le cocher, sur les instances du marquis, continue de presser les chevaux ; les marguilliers et les prêtres, armés des pieds de croix, frappent à coups redoublés sur les chevaux et le postillon, lequel tombe mort sur le terrain. Force fut au marquis de rebrousser chemin ». Le Dictionnaire de Bretagne dit que ce fut Jean Duboy, vicaire, qui frappa le postillon, mais la tradition du pays est que les marguilliers et les prêtres eurent une égale part à cet accident.

En 1664, le marquisat de la Roche-Giffard et de Fougeray fut mis sous le séquestre, vendu aux requêtes du Palais à Paris et adjugé au maréchal de Créqui. Henri et sa femme quittèrent le pays, emportant des sommes considérables ; en 1672, ils étaient séparés de corps et de biens pour cause de religion. Henri, en 1679, rend aveu au roi pour la baronnie de la Roche en Nort; Françoise de Marec, veuve de Samuel de la Chapelle, avait échangé cette terre avec Louis de Rohan contre la terre de la Chapelle de Sérent ; Jean-Baptiste de Cornulier l'acheta en 1686.

Henri II de la Chapelle avait deux sœurs ; après la vente du marquisat de Fougeray et de la Roche-Giffard en 1664, Marguerite et Henriette vinrent se fixer au château de la Masserie, dans le bourg de Sion ; elles eurent pour apanage la châtellenie de Sion, laquelle fut irrévocablement séparée de Fougeray et de la Roche-Giffard, à l'exception des forges de la Hunaudière, des forêts de Domnéche et de Thiouzé, de la Cour de Limezle et des fiefs en dépendant. Dès 1665, Marguerite fit au roi la déclaration de la terre de Sion. Tous les aveux rendus dans la châtellenie de Sion depuis 1666 jusqu'en 1681 sont rendus à Marguerite de la Chapelle ; le dernier acte signé de sa main est du 4 mai 1683. En mourant, elle laissa sa succession à sa sœur Henriette. Henriette de la Chapelle avait épousé, en 1680, René Duboays, chevalier, comte de Saint-Gilles, en Vendée, lequel était protestant, ainsi que sa femme et sa belle-sœur. Henriette mourut en 1687 ou peut-être même auparavant. Avec Henriette disparaît le nom de la Chapelle ; cette famille de la Chapelle, pendant un siècle et demi, a exercé l'influence la plus malheureuse sur le pays. Observons aussi que les trois derniers seigneurs du nom de la Chapelle sont morts d'une manière violente.

Gédéon-Henri Duboays était fils de René Duboays, il naquit en 1681 ; il est désigné communément sous le nom de comte de Meneuf, — la châtellenie de Meneuf est en Saint-Armel, près de Rennes ; — il avait aussi le titre de seigneur de Saint-Erblon, à la porte de Rennes. Son mariage eut lieu avec Charlotte-Polixène de Goulaine, le 21 avril 1703.

C'est lui qui fit bâtir le château actuel de la Masserie, dans le bourg de Sion, avec les pierres de l'ancien château de Sion. Il ne négligea rien pour rendre cette habitation agréable. Ses dépenses extraordinaires le rendirent exigeant envers ses vassaux ; les vexations envers les voisins dont il voulait se procurer les terrains pour sa propre commodité ont rendu son nom odieux ; il fit faire les chaussées des étangs du Mottay et de Launay ; les eaux des étangs couvrirent les terrains des voisins : de là encore murmures et procès ; il accorda aux voisins lésés le droit de paccage dans l'étang. Il contraignit les gens du bourg à venir moudre à ses meules moyennant certaines redevances. Le prêtre Fournet, au nom de la population, lui intenta un procès. Il fit construire la halle sur la place du Martray, établit un marché, lequel se tenait le mardi de chaque semaine, et obligea les gens de la seigneurie à venir y vendre leurs denrées. Il avait aussi le droit de faire tenir quatre foires.

Lors de la vente de la Fouaye, en 1716, le comte de Meneuf, comme premier seigneur, exerça son droit de retrait sur la ferme noble de la Lande et toutes ses dépendances ; vers 1750, il céda cette ferme pour 800 livres à Julien Judais, qui avait été son domestique et de qui il avait emprunté cette somme.

Monsieur et Madame de Meneuf furent parrains de la petite cloche de Sion, le 13 mai 1720 ; ils l'avaient fait refondre à Sion même, par un fondeur de Rennes.

Sur la fin de sa vie, le comte de Meneuf se convertit à la religion catholique ; la comtesse ne fut pas étrangère à sa conversion, elle fut toute sa vie très fervente et très pieuse. Après avoir fait son abjuration à la Masserie, le comte fit des fondations pieuses ; il fonda une rente pour les pauvres de la paroisse de Sion, c'est ce que l'on est convenu d'appeler aujourd'hui le bureau de bienfaisance ; il acheta le droit d'un lit pour un pauvre de Sion à l'hospice de Saint-Méen de Rennes. Ce droit a été perdu à la Révolution. La comtesse avait fondé auparavant, vers 1732, une rente de 50 livres pour une mission à donner dans l'église de Sion. La paroisse a joui trois fois du bienfait de la mission, puis à la Révolution cette rente s'est perdue. La mort de la comtesse de Meneuf arriva en 1736 ; son corps fut enterré dans l'église devant le grand autel, proche la sainte table. Le comte de Meneuf survécut bon nombre d'années; en 1741, il se retira à Rennes.

Il n'est peut-être pas sans quelque intérêt de donner ici les droits du comte de Meneuf et de ses successeurs ; presque semblables étaient les droits de beaucoup de petits seigneurs quelques années avant la Révolution..... « les avouants s'obligent à l'office de sergentise, cueuillette et amas des rentes dues à chacun des dits rolles et fiefs sous lesquelles ils possèdent leurs héritages à son tour et rang des autres consorts et d'en payer le contenu, et quinzaine après son institution, en un seul paiement, sauf le droit de revenche, que tous ceux qui sont domiciliés dans ladite châtellenie — de Sion — sont obligés d'aller moudre leurs grains de toutes espèces aux moulins d'y celle châtellenie étant dans la banlieue desdits moulins et d'y payer le droit de mouture à raison du seizième, que dans ladite seigneurie, ledit seigneur a droit de haute, moyenne et basse justice, droit de gruerie, créations d'officiers, sénéchal, alloué-lieutenant, procureur fiscal, procureurs postulants, greffier, notaire, sergent et tous autres officiers pour exercer ladite juridiction, droit de sceau, pourvoyance de mineurs, inventaires, lots et ventes, épaves, déshérence de lignes, succession de bâtards, taux, amendes et confiscation, droit de faire prendre un chêne avec tête sur le fief de Lorme, de le faire traîner dans une charette par les sergents balayers qui sont chaque année institués et planter à la place publique dudit bourg de Sion le lendemain de la Pentecôte de chaque année ; droits de quatre foires par an et de marché au bourg dudit Sion auquel les hommes et sujets de ladite seigneurie sont tenus d'aller vendre et acheter leurs denrées et de prendre le droit de coutume et de primauté sur toutes sortes de marchandises qui y seront apportées également que toutes celles passant sur ladite seigneurie ; droits de prison et geôliers pour la garde des prisonniers, de justice patibulaire, piliers et ceps et poteau armoyés de ses armes avec collier à y mettre les délinquants ; que les bois de la seigneurie sont forestables ; droit en toute l'étendue d'icelle de fuïe, garenne, chasse à toutes sortes de bêtes et de pêche prohibitive avec droit d'établir des sergents forestiers nécessaires pour la poursuite des délits qui arriveront d'y être faits ; droit de prééminence et de fondation avec lisière de ses armes au dedans et au dehors de l'église paroissiale dudit Sion et tous fermes droits comme appartient à seigneur châtelain, haut justicier et fondateur ».

A la mort du comte de Meneuf, sa succession passa à des héritiers assez éloignés ; les biens dépendant de la succession furent possédés en commun jusqu'en 1780, c'est alors qu'eut lieu la liquidation de la succession. Le principal héritier fut le marquis de Juigné ; les autres héritiers furent M. de la Garrelaye, propriétaire de Lorme, en Sion, et M. de Gouyon.

Le marquis de Juigné eut, pour sa part, le château de la Masserie et ses dépendances, les étangs, la Maladrie, la Couloire avec les bois. C'est en son nom que se rendait la justice.

Louis Leclerc, appelé le Marquis de Juigné, faisait sa résidence ordinaire au château de Montaigu, en Vendée. Des aveux rendus en 1782, 83, 84, 85, lui donnent de nombreux titres « Très-haut et très-puissant seigneur Monseigneur Jacques-Gabriel-Louis Leclerc, chevalier, marquis de Juigné et de Montaigu, baron de Champagne et de la Lande, seigneur de Vieillevigne, Roche-Servière, Touvois, le Bois-Rouaud, le lac de Grand-Lieu, Sion, la Chapelle-Basse-Mer, Bodel, le Plessix-Auteuil, Neuchelles, Marolles, Bretigny, Bellière, les Loges, la Baleine, lieutenant général des armées du roi, ci-devant son ministre plénipotentiaire près l'Impératrice de toutes les Russies ».

La terre de Sion changea de mains en 1785 ou 1786, soit par acquisition, soit par échange ; le prince de Condé en devint le propriétaire. On sait que ce prince avait déjà, en l'année 1713, un droit de deux sous par livre ou de dix pour cent sur les forges situées en Anjou, Maine, Poitou, Bretagne, et qu'en 1776, il avait acheté de M. de Granville la forge de la Hunaudière et avait fait bâtir la fonderie. Voici les titres du prince de Condé tels qu'ils nous sont connus : « prince du sang, pair et grand-maître de France, gouverneur et lieutenant-général pour le roi en ses provinces de Bourgogne et de Bresse, colonel-général de l'infanterie française et étrangère, duc d'Enguien, de Guise et de Bourbonnais, baron de Châteaubriant, Derval, etc. ».

La terre de Sion fut confisquée en 1790 et vendue par la nation ; elle comprenait alors : le château de la Masserie, ses vergers et jardins, le Domaine, l'Auditoire, le cimetière des Huguenots, la maison où se rendait la justice, la prairie de la foire, les étangs de Leuseraye, du Mottay et de Launay, les moulins de Queneuc, du Pont-Godalin, du Château et du Claray, les fermes de la Couloire et de la Maladrie.

Depuis lors, ces biens ont été divisés, ont passé en beaucoup de mains, ont eu en un mot le sort de presque tous les biens achetés à cette époque.

Pour terminer, nous ajouterons ici le nom des propriétaires du marquisat de Fougeray et de la Roche-Giffard, parce que, une partie de la paroisse de Sion en faisait partie, même après 1644, année ou la seigneurie de Sion fut séparée du marquisat de Fougeray et de la Roche-Giffard. Ce fut le maréchal de Créqui, marié à Catherine de Rougé, qui acheta alors le marquisat, auquel appartenaient, en Sion, les forges de la Hunaudière, les forêts de Domnèche, de Thiouzé, la Cour de Limezle et les fiefs en dépendant. Voici quels étaient les titres du maréchal de Créqui : « très haut et très puissant seigneur François de Bonne, sire de Créqui, maréchal de France, général des armées du roi, gouverneur pour Sa Majesté des pays et duchés de Lorraine, Barroyer et Luxembourg, marquis de Marennes, Fougeray et la Roche-Giffard ». — Il mourut en février 1687. La maréchale de Créqui demeurait à la Roche-Giffard; elle y vécut en protestante malgré la révocation de l'Edit de Nantes, et exerça une influence malheureuse au point de vue religieux. Elle mourut en 1714. Catherine de Rougé n'avait point eu d'enfants. Sa succession passa aux enfants de Gilles de Rougé, son frère, décédé avant elle ; Gilles de Rougé eut deux enfants, Louis et Innocente. Louis mourut jeune encore, laissant un enfant, Marie-Charles-François de Rougé, marquis du Plessix-Bellière. Innocente-Catherine de Rougé devint héritière de son frère Louis ; elle épousa en premières noces le marquis de Coët-an-Fao, homme violent, aux mœurs dissolues, la terreur du pays, protestant de cœur. Ayant été mandé à la Cour pour rendre compte de sa conduite, il se donna la mort vers l'année 1740. Innocente épousa en secondes noces le duc d'Elbœuf, qui de concert avec elle vendit le marquisat de Fougeray et de la Roche-Giffard en 1748. Ainsi, dans l'espace d'un siècle, ce marquisat fut vendu deux fois, la première fois en 1644, la seconde en 1748. Deux propriétaires en firent l'acquisition. M. Loquet, riche négociant de Grandville, en Normandie, acheta la terre de Fougeray pour la somme de 550,000 fr. ; il avait été, auparavant, fermier de cette terre. Elle comprenait la forge de la Hunaudière et ses dépendances, les deux fonderies avec les marais de Quéneuc, les forêts de Domnèche et de Thiouzé, la Cour de Limezle et les fiefs en dépendant. Disons aussi que la terre de Fougeray avait deux sièges de justice, l'un à Fougeray, l'autre à Pierric. La châtellenie de Sion, après 1664, faisait encore contrôler ses actes à Fougeray. M. de Grandville eut 5 enfants, un garçon et quatre filles : le fils fut guillotiné dès le commencement de la Révolution ; deux de ses filles épousèrent successivement M. Dumas ; une autre épousa de la Rosière, de Saint-Malo ; la quatrième, M. Picot de la Gaudinelais. Depuis 1853, une grande partie de la terre de Fougeray en Sion appartient à la famille Poydras.

La terre de la Roche-Giffard, de son côté, fut achetée par M. Delavau, directeur des forges de la Hunaudière, pour la somme de 72,000 fr. Par cet achat, la Roche-Giffard devint une simple châtellenie avec deux sièges de justice, l'un à Saint-Sulpice, l'autre à Ercé-en-la-Mée, du ressort de Bain. M. Delavau était marié à Marie-Anne Baugin, de Nantes, laquelle mourut à Saint-Sulpice, regrettée des pauvres, dont elle était la Providence. Ils n'eurent qu'un garçon, qui épousa Mademoiselle Charet, de Nantes. Ils eurent deux filles : l'aînée se maria avec M. Foulon, de Rennes ; la seconde, appelée Sophie, épousa M. Guérin, négociant de Bordeaux, lequel mourut en 1816. Il y eut trois enfants de ce mariage : Sophie, l'aînée, mourut jeune encore en 1836 ; Joséphine, qui a épousé M. Lanjamet de Vieuville ; Auguste, à qui la Roche-Giffard échut en partage. Il se maria avec Mademoiselle d'Andigné, d'Angers, morte depuis à Rennes. Mais M. Auguste Guérin, tout en faisant de l'Agriculture en grand et du commerce, vit une grande partie de sa fortune s'en aller, et la Roche-Giffard fut de nouveau vendue à M. Récipon, qui en est possesseur vers 1885.

(Abbé Josnin).

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