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REGARDS SUR LE PASSE RELIGIEUX DE TELGRUC.

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Telgruc, comme toute notre région, est une terre chrétienne. L'abondance des monuments religieux le montre. Mais depuis quand ? Il est bien difficile de le préciser. L'Armorique n'a guère été marquée par le christianisme avant l'arrivée des Bretons, émigrés de Grande-Bretagne.

Sans doute, étant donnée la facilité des communications, des missionnaires gallo-romains y ont annoncé l’Evangile et fait quelques conversions : plusieurs historiens placent sous la persécution de l'empereur romain Dèce (249-251) le martyre, à Nantes, des saints Donatien et Rogatien.

Mais il faut attendre le milieu ou la fin du IVème siècle pour trouver dans notre Bretagne les premiers évéchés : Nantes, Rennes et Vannes.

L'immigration des Celtes d'Outre-Manche, accompagnés ou suivis de leurs chefs spirituels, abbés-évêques et moines, allait favoriser l'implantation dans notre pays de l'Eglise chrétienne, avec la fondation des " sept évêchés " bretons.....

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A notre avis, ce sont les moines de Landévennec qui ont le plus contribué à évangéliser la Presqu'île. Ils y avaient pris pied dès le Vème siècle et reçu du pouvoir civil des donations importantes, avec les droits et les charges spirituelles que cela entraînait.

Le " Cartulaire de Landévennec ", recueil de documents le plus ancien pour l'histoire de la Cornouaille et qui date du milieu du XIème siècle, signale que le roi Gradlon fit don à saint Guénolé, c'est-à-dire à son monastère, du tiers du territoire de Crozon, de tout celui d'Argol, et du territoire de Telgruc, à l'exception de Lanleoben, c'est-à-dire des terres de Rosmadec et de Le Louët.

" Les moines n'avaient d'abord que de simples chapelles, souvent dans la suite converties en églises considérables qu'on érigea en paroisses et où les religieux étaient préposés pour faire les fonctions curiales et administrer les sacrements ". On les appelait "prieurs" ; ils étaient désignés par leur abbé et devaient lui rendre compte de leur administration. Les prieurés ont connu une grande prospérité aux Xème et XIème siècles. Quand les Conciles ont obligé les moines à rentrer dans leurs cloîtres, les fonctions curiales furent confiées à des prêtres séculiers, qui recevaient leur juridiction de leur évêque et qui dépendaient de lui. Ces "desservants" n'avaient d'abord que le titre de "vicaires perpétuels", l'abbé de Landévennec ayant retenu le titre de "recteur primitif", avec droit de patronage et de présentation. Il l'était pour Argol, Landévennec, Telgruc. Crozon, Dineault, Châteaulin, Lothey, Landrévarzec et Edern. Camaret et Roscanvel étaient prieurés de l'abbaye de Daoulas. Au cours des siècles, les liens entre l'abbaye et le clergé local se sont relâchés. L'administration épiscopale se fortifiait de plus en plus, tandis que la vie monastique périclitait. Pourtant les droits acquis des moines, les redevances qui frappaient leurs anciens domaines se sont maintenus, en partie, jusqu'à la Révolution. Les abbés commendataires, qui connaissaient leurs privilèges, n'ont certes pas cherché à s'en dessaisir....

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LEON OU CORNOUAILLE ?
Le premier "desservant" ou "recteur" de Telgruc que nous connaissions est BERNARD de PENTREZ, qui fut remplacé er 1338 par GUILLAUME de BOTQUEN.

1338, 10 juillet.
" Les évêques de Mirepoix et de Léon et le doyen de Paris sont chargés de conférer l'église de Telgruc, valant 40 livres, vacante par la mort de Bernard de Pentrez, à Guillaume, fils de Guillaume de Botquen, clerc de Léon." (Benoît XII, tome CXXV, N° 120 dans Bull. d'Archéologie, 1912, page 87).

Remarquons qu'a cette date, la seigneurie de Crozon dépendait du Comté de Léon ; ce n'est qu'en 1363, à la mort d'Henri III de Léon, que le pays de Crozon passa à la riche maison de Rohan et dès lors, semble-t-il, échappa à l'autorité de l'évêque de Léon pour être rattaché au diocèse de Cornouaille.

Tout allait désormais l'attirer de ce côté, car, en 1416, c'est Bertrand de ROSMADEC, membre de l'illustre famille telgrucienne, qui fut élu évêque de Quimper. Pendant vingt-huit ans, de 1417 à 1445, il gouverna son diocèse avec sagesse et bonté ; il agrandit et embellit sa cathédrale, fit bâtir les tours et la maison épiscopale. Il s'employa par ailleurs à soulager la misère.

Ce qui semble confirmer l'appartenance de la paroisse de Telgruc au diocèse de Quimper, c'est le cas de Jean de Kernyvinen (ou Kervyninen). Le Bulletin de la Commission diocésaine d'architecture et d'archéologie. (1914, page 315) cite un extrait des Actes du pape Paul III :
" 1468, 8 janvier. A Jean de Kernyvinen, recteur de Telgruc, lincencié in utroque ( c'est-à-dire en droit civil et en droit canonnique). Pie II avait donné cette paroisse à Alain de Kervyninen, vicaire perpétuel de la paroisse de Treffgondern en Léon. L'évêque de Quimper l'ignorant la donna à Jean de Kervyninen. Mais comme elle est réservée à la nomination du Saint-Siège, le Pape confirme cette nomination de son autorité apostolique. " (Paul II, Latr. vol. -32, F° 75).

A défaut de détails sur la vie religieuse de Telgruc aux XVème et XVIème siècles, -- car les documents écrits nous manquent, -- nous pouvons cependant nous en faire une idée générale, en voyant toutes ces chapelles, ces croix, ces fontaines et autres monuments sacrés de l'époque qui témoignent de la foi du peuple chrétien.

Il ne s'agit pas ici d'en établir une liste complète. Mentionnons cependant la chapelle de Lezuoc, qui fut jadis le centre paroissial, celle de Kérédan, qui date de la même époque. A Penhoat-Jardin, on signalait une autre chapelle, au voisinage de laquelle se trouvait une fontaine vénérée.

En 1576, on entreprit de transférer le bourg dans un endroit plus central et d'y construire une église avec toutes ses annexes. Les travaux ne furent terminés qu'en 1585 ; mais l'édifice était élégant et solide. A la fin du Moyen-Age et au début des Temps modernes, le clergé d'après les historiens, était beaucoup plus nombreux que de nos jours, tant dans le diocèse de Cornouaille que dans celui du Léon.

Essayons de nous représenter quelle était l'organisation paroissiale sous l'Ancien Régime :

A la tête de la paroisse, on trouvait un pasteur canoniquement institué avec "charge d'âmes" : le RECTEUR, "a persoun", qui avait ses collaborateurs : le "curé" et les "sous-curés". Ceux-ci exerçaiont les fonctions de nos vicaires actuels. Il faut citer par ailleurs la présence dans la paroisse de nombreux prêtres, que l’on appelait " Dom Yan ", souvent originaires du pays. Aprés leur ordination, ils se retiraient chez eux en attendant un poste officiel ; ils célébraient la messe et se mettaient à la disposition de chef de paroisse. Ils vivaient grâce à l'aide qu'ils recevaient de leur famille et eux offrandes des paroissiens de leur quartier. Ils assuraient habituellement le service des chapelles.

Ces chapelles ont été pendant longtemps des centres de culte, lorsque l'étendue de la paroisse et le mauvais état des routes empêchaient les fidèles de fréquenter assidûment " l'église-mére ". La chapelle, avec son " prêtre-habitué ", son fabricien, son sacristain et, primitivement, son cimetière tout proche, exerçait un rayonnement sur tous le voisinage, constituant ainsi comme un îlot de chrétienté.

Les relations avec le bourg et son église n'en étaient pas surprimées pour autant. Les "Dom Yan" et les fidèles des quartiers, ceux-ci à tour de rôle, participaient à la grand-messe paroissiale et aux solennités qui se célébraient au chef-lieu.

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De la Réforme à la Révolution, la vie religieuse s'est déroulée à peu prés dans le même cadre : avec des hauts et des bas, assurément, avec quelques événements plus importants, sans doute, mais aujourd'hui oubliés.

En 1594, nous assistons aux terribles combats que se livrent les Ligueurs, soutenus par les Espagnols et les Royaux appuyés par les Anglais. La Presqu'île de Crozon a été ravagée : pillages, incendies, combats meurtriers, sans compter les épidémies et autres misères qui accompagnent les guerres.

La pratique religieuse s'est ressentie de tout ce désarroi et il a fallu des années avant qu'elle ne retrouvât son rythme ordinaire. Mais- notre région, comme tant d'autres, a pu profiter du remarquable reveil religieux qui s'est manifesté en Bretagne au XVIIème siècle et s'est prolongé au XVIIIème et même au-delà :

- renouveau du culte de sainte Anne d'Auray à la suite des apparitions dont bénéficia le pieux laboureur Nicolazic. (Notons que l'évêque de Vannes, Sébastien de Rosmadec, le soumit à de minutieux examens qui tournèrent à son avantage).

- réforme des anciens monastères ;

- implantation dans notre diocèse d'instituts nouveaux, de femmes. surtout : Carmélites, Ursulines, Calvairiennes, …

- fondations de Confréries : confréries du Rosaire, du Saint-Sacrement ;

- les missions bretonnes de Dom Michel Le Nobletz et du Père Julien Maunoir avec ses équipes de prêtres....

L'établissement des Séminaires, à la même époque, a eu pour résultat une meilleure formation du clergé, tandis que la fondation de maisons de retraite a permis de prolonger l'influence spirituelle des missions. Telgruc a bénéficie d'une Mission donnée en 1674 par le Père Maunoir et son équipe. On sait due ces missions bretonnes ont fortement marqué nos populations. Est-ce à la faveur de cet élan mystique que les paroissiens ont entrepris la construction de la fameuse chapelle de Lanjulitte (1677) ? Nous l'ignorons. Toujours est-il que cet édifice est un beau témoignage de la piète populaire.

Quant au clergé, nous constatons que, de 1626 à 1789, il y eut de nombreux prêtres originaires de Telgruc. Nous les citons d'après une liste dressée par M. l'abbé Kersalé, avec les recteurs et "curés" de la paroisse :
1626 - Jean LABASQUE, professeur ; curé de Telgruc ;
1647 - Henry HORELLOU, prêtre de Lanvallen, frère du bedeau d'Argol.
1647-1667 - Alain Le BOUSSARD, prêtre de Porz-Lous, résidant au Lez, sieur de Squividan en Coatmadiou, en Argol ;
1692 - Hervé Le GARREC, de Coatmadiou, curé de Telgruc ;
1693-1712 : Yves BRUNET, seigneur de Kerspern, prêtre de Telgruc ;
1694-1700 : Yves THOMAS, prêtre, puis curé de Telgruc ;
1703-1716 : Pierre-Philippe HUELVAN, sieur de Kersimon, recteur de Telgruc, grand-vicaire de l'abbé de Landévenrec Balthasar Rousselet de Châteaurenaud (1702-1713) ;
1714.-1731 : Michel Le PORIEL, curé de Telgruc, (En 1650, on signale au bourd de Telgruc un notaire du nom de Yan Le Poriel).
1725-1732 : Joseph LAIR, recteur de Telgruc. Il venait de Quéménéven et était arrivé à Telgruc le 22 juillet 1725 ; il devint plus tard recteur de Plogonnec dont il prit possession le 21 septembre 1732 ;
1731-1734 : Joseph Le BARON, prêtre, puis "curé" de Telgruc de 1734 à 1738, curé d'Argol an 1751, recteur d'Argol de 1753 e 1780 ;
1754- ? : Jacques Le MONZE, prêtre de Telgruc. (Bien avant lui, il y eut un Claude Le MONZE, prêtre de Telgruc, ayant terre à Coatmadiou ;
1739- ? : Jean Le MEROUR, prêtre de Telgruc ;
1746-1752 : Joseph-Louis HEUSSAFF d'OIXANT, né vers 1713, appartenait à une famille noble d’Ouessant, qui compta plusieurs prêtres. Après avoir dirigé la paroisse de Telgruc pendant six ans, il fut nommé recteur de Plusquellec (actuellement au diocèse de Saint-Brieuc), dont il conserva le titre jusqu'au 28 mars 1775. Il devint vicaire général de Mgr Conen de Saint-Luc et en même temps recteur de Crozon (1774-1791). Il était docteur en Sorbonne, très instruit et très apprécié de ses confrères. Il refusa de prêter serment à la constitution civile du Clergé et mourut le 6 juillet 1791, quelques semaines après son remplacement par le curé constitutionnel Henri Savina ;
1748-1764 : CHAPALAIN, prêtre de Telgruc ;
1750-1777 : Corentin RIOU, de Kérédan, prêtre de Telgruc, puis curé en 1755, recteur de Saint-Hernin en 1789, oncle de Louis Le Monze ;
1756-1769 : Gabriel DU MOULIN, docteur en Sorbonne, recteur de Telgruc, mort à l'âge de 49 ans, le 20 juillet 1769. Son frère, Me Du Moulin était juge de Crozon ;
1769-1770 : RIGOLOU, recteur de Camaret de 1757 à 1769, puis recteur de Telgruc ;
1775-? : Guillaume d'HERVE, de Lézuoc, prêtre de Telgruc, "curé" d'Argol en 1776, puis "curé" de Daoulas ;
1772-1801 : Louis Le MONZE de Kérédan, professeur au Collège de Quimper, puis recteur de Langonnet en 1789 ;

Les fonctions et les titres de quelques-uns de ces prêtres dénotent une solide formation intellectuelle. Remarquons qu'à cette époque il y avait des concours pour l'admission aux cures.

(Th. Keraudren et A.-H. Dizerbo).

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