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LA FAMILLE ROSMADEC DE TELGRUC

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L'illustre famille de ROSMADEC eut des débuts bien modestes, si l'on en juge par le peu d'importance du château à l'origine "une maison-forte avec une levée de terre garnie d'une palissade de pieux" ; ce n'est qu'assez tard qu'elle justifiera son nom de Rosmadec, qui équivaut à "Richement".

Mais cette position stratégique sur le versant sud de la presqu'île de Crozon, contrôlant les rapports avec le Porzay, ne pouvait manquer d'attirer l'attention. Il convient de ne pas la confondre avec la presqu'île de Rozan, malgré la similitude de dénomination. Distante de cinq kilomètres on direction de Crozon, Rozan fut simplement un poste militaire, peut-être à partir des invasions normandes.

On peut reconnaître encore sur les hauteurs de Rosmadec l'importante motte féodale qui dominait toute la baie vers Douarnenez. Mais il ne reste rien du château, situé à deux cents mètres de là et dont les ruines subsistaient encore en 1644. " Les ruines de l'ancien château font remarquer qu'il estoît composé de cinq tours jointes par des corps de logis, entouré de fossez, larges et profonds, et environné d'un bois de haulte futaye de grande étendue ".

Les seigneurs de Rosmadec pouvaient exhiber une certaine origine princières : ils descendaient de Morvan, roi des Bretons, qui périt en 818, près de Priziac, au cours de sa lutte contre l'Empereur Louis le Débonnaire. On connaît un Riwalon I de Rosmadec en 892, ainsi que son cadet, Guillaume I, dit Rosmadec-Gouarlot (du nom d'une terre sise en Kernével) ; sa motte féodale, le petit Rosmadec, se trouvait près de celle de son aîné. Il y avait donc doux branches principales : nous considérerons presque uniquement la branche aînée qui restera attachée aux fastes de la Presqu'île de Crozon.

De la branche cadette, retenons simplement le nom de ce gouverneur de Vitré, au temps d'Henri IV, Guillamue de Rosmadec, seigneur de Buhen, en Lantic, dans le Goëllo, non loin de Saint-Brieuc. Son beau mausolée existe à la chapelle de Notre-Dame de la Cour en Lantic ; avec l'écu de la famille " d'or aux trois jumelles do gueule ", alors que la branche aînée portait " palé d'argent et d'azur de six pièces ", tel qu'il se rencontre un peu partout en Basse-Cornouaille, et tout prés de Telgruc, dans la chapelle de Saint-Côme, en Saint-Nic.

LES SIECLES HEROIQUES.

La tradition locale veut que les Rosmadec aient pris part aux Croisades ; tel, tout au début, Hervé II, chevalier : il était l'époux de Margélie du Pont, une des belles alliances de la famille ; de même, en 1255, Hervé III, époux d'Alice de Poesquellec, fils de Rivoalon IV, allié à la famille princière de Léon par son mariage avec Eléonore de Léon ; on sait que ces derniers furent, en 1191, les bienfaiteurs insignes de l'abbaye de Landévennec, où l'on rencontre au siècle suivant un abbé du nom de Riou de Rosmadec.

Le livre des Ostz de 1291 indique dans la baillis de Cornouaille dix sept seigneuries, dont celle de Rosmadec qui occupe un rang modeste. L'enquête de 1294 relève que Eon de Rosmadec doit un "chevalier d'Ost pour sa terre de Cornouaille". Hervé IV de Rosmadec, chevalier, fut tué en 1347 à la bataille de la Roche-Derrien, où Charles de Blois fut fait prisonnier.

En 1396, Riou de Rosmadec rend hommage au vicomte de Rohan. La seigneurie est donc toujours dans la mouvance de la puissante famine des Rohan. De fait, au XVème siècle, Charles de Rosmadec se dit "Receveur de la Vicomté de Rohan", poste de choix. Mais les Rosmadec, dès 1382, sont reçus dans l'entourage du duc de Bretagne.

Jean Ier de Rosmadec, sieur de Tyvarlen, est chambellan du duc Jean IV, enfin réconcilié avec la France ; Jean de Rosmadec prend ainsi part à la guerre dans les Flandres. On notera la bonne fortune qui échut à sa famille, quand, on 1384, il épousa Alice de Tyvarlen ; l'opulente seigneurie de Tyvarlen en Landudec, qui comprenait comme dépendances "les hâvres de Pont-Croix et d'Audierne", bien connus des navigateurs, assure la fortune aux Rosmadec jusque là, plus riches de renommée que de biens. Leur fidélité à leurs ducs et seigneurs marquera leur destin ; Guillaume V de Rosmadec, sieur de Tyvarlan, chambellan du duc Jean V, servait aveu neuf écuyers sous le commandement d'Arthur de Richement, en 1414. Il périt en 1425, en même temps que son beau-frère Hervé, seigneur de Pont-l'Abbé, au siège de Saint-James de Beuvron, près d'Avranches, siège qui coûta si cher à Richement.

On compte de même un Rosmadec, Riou, au nombre des seigneurs bretons ligués contre les Penthièvre pour la délivrance du duc, traitreusement emprisonné à Chantoceaux, en 1420, par la vindicative Margot de Clisson.

Au Parlement de Vannes, en 1462, " le sieur de Rosmadec" figure dans l'état des quatre vingt trois bannerets et chevaliers. En 1485, Jean II est chambellan du duc Francois II, Il portera tout le poids d'une exemplaire fidélité lors de la bataille de Saint-Aubin du Cormier, en 1488, qui sonna le glas de l'indépendance bretonne ; il mourut de ses blessures en 1491.

LES PRELATS DE LA MAISON DE ROSMADEC.

L'Eglise prit sa belle part en appelant à l'épiscopat, tant à Quimper qu'à Vannes et à Rennes, plusieurs sujets d'élite de cette famille de si bon renom.

D' Yves de Rosmadec, qui, comme les suivants, portait ‘’palé d’argent et d'azur à six pièces", nous savons seulement qu'il ocupa le siège épiscopal de Rennes de 1347 au 14 octobre 1349, date de sa mort ; il s'était montré bon administrateur des biens de son chapitre cathédral.

Bertrand de Rosmadoc, au siècle suivant, fut un des plus remarquables évêques de Cornouaille. Il était le fils de Guillaume de Rosmadeo, époux en secondes noces de Marguerite du Chastel ; il naquit en 1370, semble-t-il.

" Maître-es-lois et bachelier en décrets, trésorier de l'Eglise de Quemper ", il fut reçu chanoine le 2 juin 1408, lors de l'élection à l'episcopat de Gatien de Monceaux, il était déjà conseiller du duc Jean V et son aumônier ordinaire, C'est en 1416 qu'il accède au siège de Quimper, à la mort de Gatien de Monceaux.

On le voit faire preuve d'un bel esprit de famille et d'une grande bonté d'âme, — se qualité maîtresse, à l'occasion de la tutelle qui lui fut confiés par le duc de Bretagne Jean V du. jeune Jean III de Rosmadec dont le père Guillaume V venait de périr au siège de Saint-James de Beuvron. Sa mère, Jeanne de Lespervez, s'était remariée incontinent avec le sire de Névet. C'est à bon droit que l'évêque fit placer au-dessus des armes du défunt Guillaume, sur un pliier du chœur de la cathédrale, cette inscription qui fait songer à saint Yves : "ORPHANO TU ERIS ADJUTOR" (Tu seras le protecteur de l'orphelin.) Son pupille mourut en 1494 ; un de ses fils, Guillaume, sera chanoine de Quimper.

On a surnommé Bertrand de Rosmadec " l'évêque-bâtisseur ". De fait, continuant l'œuvre de son prédécesseur, qui avait rebâti le chœur de la cathédrale, il entrepris de construire la nef, le grand portail et les deux tours monumentales ainsi que les portails latéraux c'est la raison pour laquelle son écu, avec la devise "EN BON ESPOIR" se retrouve dans toutes les parties du monument, y compris sur les vitraux, qui font la gloire de la cathédrale de Quimper et qu'il fit poser de 1417 à 1419 après l'achèvement des voûtes du chœur. Il figure en personne présenté à la Vierge dans la quatrième fenêtre Nord, à côté d'un panneau consacré à saint Guénolé. Il donna deux paires d'orgues pour l'office au choeur et pourvut entre les deux tours à l'installation du gros bourdon ; le "Bertrand".

Les constructions exigèrent en moyenne deux mille ducats par an ; dès 1424, on disposa un tronc fermé de deux clés pour recevoir les offrandes des pelerins, encouragés par le pape Eugène IV, qui octroya des indulgences aux donateurs, par une bulle en date du 10 mai 1436.

Ce qui rend particulièrement attachante cette figure de grand évêque, c'est surtout sa genérosité envers les pauvres et les malades, si nombreux en ces temps de grandes épidémies. Il avait fondé l'aumônerie de Quimper pour l'entretien des quatre hôpitaux et de la léproserie, en leur assurant une rente annuelle de deux cent soixante livres.

Qu'en est-il resté ? Le "Bertrand" fut fondu en 1792, tandis que le tombeau en kersanton était renversé il sera rétabli en 1670 par Mgr Sergent près de la sacristie. Mais la mémoire du grand évêque demeura en vénération dans le peuple. Dans son "Barzaz-Breiz", La Villemarqué a retenu un chant populaire "Paotred Plouiéc" (Les jeunes hommes de Plouyé), qui rappelle son souvonir. Il s'agit d'une insurrection paysanne qui menaça Quimper : " Ils ruinèrent un bon petit nombre de maisons, mais non celle de l'évêque de Quimper ; non celle de Rosmadec, le seigneur bien-aimé ; qui est bon pour les paysans, qui est du sang des rois de Bretagne et qui maintient nos bonnes coutumes..., Et le bon évêque les renvoya chez eux".

En fait, le conteur populaire fait erreur : ce tragique épisode eut lieu cinquante ans, après la mort du prélat, mais demeurait ainsi au cœur du peuple le souvenir de celui qu'il avait tant aimé.

Bertrand de Rosmadec mourut le 5 février 1445, alors qu'il venait de démissionner de sa charge épiscopale. Albert le Grand, l'auteur de " la Vie des saints de Bretagne " en 1636, lui décerne cet éloge : " Ce prélat, homme de sainte vie et de singulière intégrité, fit plus de bien à son Eglise, à lui tout seul, que tous ses prédécesseurs ensemble".

Au XVIIème siècle, deux prólats de la famille de Rosmadec se succédèrent à l’évêché de Vannes. Mgr Sébastien de Rosmadec, de la maison de Molac, était fils de Jean, seigneur du Plessis-Josso, en Theix ; et de Marguerite Jégo. (Il s'agit d'une branche issue au XVIème siècle de la lignée des Rosmadec-Nolac). Il obtint le siège de Vannes par permutation avec l'abbaye de Paimpont, dont il était le commendataire ; il fut sacré à Paris le 11 février 1624. On le voit présider l'Assemblée des Etats de Bretagre en 1641, en 1643 et en 1645. Les ordres religieux prirent un grand essor sous son épiscopat. Il reçut ainsi dans son diocèse les Capucins, les Carmes et les Cordeliers à Auray ; les Jésuites et les Récollets à Vannes, ainsi que les Augustines ; les Ursulines à Ploermel, Pontivy, Josselin, Hennebont, etc...

Nous retiendrons que c'est lui qui a approuvé le culte de sainte Anne, dont l’antique effigie venait d'être découverte, en 1625, par Nikolazik, au village de Kéranna. Il conféra, le 28 mars 1637, les ordres au célébre pénitent Pierre de Gourvello de Keriolet. Sébastien de Rosmadec mourut le 29 juillet 1646 et fut enterré dans sa cathédrale, dans la chapelle de Saint-Vincont-Ferrier.

Il eut pour successeur, en 1617, celui qu'il avait demandé comme coadjuteur, son cousin Charles de Rosmadec, fils de Mathurin, seigneur de Saint-Jouan-Gaël, une autre branche issue du grand Rosmadec au XVIème siècle. Cette branche va s'éteindre, avec le frère de l'évêque, Mathurin II de Rosmadec, baron de Saint-Jouan, qui mourut sans postérité en son château de Comper, en Concoret, en 1682.

Charles de Rosmadec, qui avait résigné son abbaye de N.-D. du Tronchet, exerça sa charge épiscopale au temps de ce "Renouveau mystique" du pays vannetais, où se rencontrent tant de saints personnages : la vénérable Catherine de Francheville, fondatrice de la Congrégation de la Retraite et auxiliaire des Missions Bretonnes, le vicaire général Eudes de Kerlivio, le Père Rigoleuc et son élève, le P. Vincent Huby, la "bonne Armelle", l'humble servante favorisée de dons de conversion.

Mgr de Rosmadec fut transféré à l'archevêché de Tours, mais il mourut quelques mois plus tard, en avril 1671, son coeur fut déposé dans le tombeau de son prédécesseur à Vannes.

"EN BON ESPOIR". GRANDEUR ET DECLIN DES ROSMADEC.

La famille des Rosmadoc, de la branche aînée, deux siècles durant, continua à faire honneur à sa devise "EN BON ESPOIR". Elle fut connue désormais surtout sous le nom de Molac, seigneurie sise près de Questembert ; elle avait été acquise par le mariage, en 1505, à Blois, devant le roi Louis XII et d'Anne de Bretagne, de Jean III de Rosmadec avec Jeanne, fille d'Alain, sire de La Chapelle et de Molac. Jean III mourut en son château de Tyvarlen en Landudec, en 1515, et fut inhumé dans l'église de Pont-Croix. Son fils, Alain II, époux de Jeanne du Chastel, assista en 1532 aux Etats de Vannes, où fut décidée l'union du duché de Bretagne à la couronne de France ; lors de l'entrée du dauphin François à Rennes, il porta le second bâton du "poêle" ( il s'agit du dais sous lequel s'avançait le prince), en vertu de son droit héréditaire comme seigneur de Molac.

Désormais, la famille do Rosmadec va se vouer au service de la couronne de France comme elle le fit, si fidèlement, aux ducs de Bretagne.

Tanguy de Rosmadec, lieutenant-général en Bretagne, chevalier le l’Ordre de Saint-Michel, mourut quelques jours après le roi Charles IX ; la nouvelle de la mort de son roi l'avait vivement impressionné et profondément affecté.

Il laissait un fils âgé de sept ans, Sébastien, qui s'acquit un renom singulier au service d'Henri IV, qui le présentait "comme l'un des hommes les plus vaillants et les plus bravos du royaume". Il avait été élevé par sa mère, Marguerite de Beaumanoir, d'une des familles les plus illustres de la Bretagne. Sébastien Ier de Rosmadec se distingua aux premiers rangs au cours des sièges de Moncontour, de Lamballe, de Guingamp, de Morlaix, à l'affaire de l'Ile Tristan… et particulièrement lors de l'assaut pour la prise du Fort des Espagnols à Roscanvel, en 1594, "où il fut grièvement blessé à la tête".

Henri IV, qui, en 1608, avait érigé la terre de Rosmadec en marquisat, le récompensa on le nommant gouverneur de la place forte de Dinan, qu'il avait contribué à ramener sous l'autorite royale. Le roi allait le nommer maréchal de France, quand il périt sous le poignard de Ravaillac. Molac ne se consola jamais de la mort de son roi et quitta la cour malgré les prières de la reine-mère. Il mourut à Rennes, le 14 septembre 1613, laissant sept enfants, leur recommandant trois choses : " la crainte de Dieu, le service du roi, l'union et l'amitié entre eux ".

Il laissait d'immenses regrets dans toute la province et on lui fit des funérailles presque royales peur la conduite de son corps à Pont-Croix, dont il était le seigneur. En voici le récit d’après le généalogiste des Rosmadec ;:

" Après la messe et le service, le corps fut conduit de l'église des Carmes de Rennes à une des portes de la ville, nommée Toussaints, en cet ordre : Premièrement marchaient quatre-vingts pauvres, deux à deux, vêtus de casaques noires et capuchons, portant chacun une torche de cire allunée, garnie de deux écussons des armes du dit seigneur. Après, venaient les prêtres de neuf paroisses de la ville et faubourgs de Rennes, suivis des Religieux Ordres mendiants de cette ville : Cordeliers, Jacobins, Carmes et les religieux de Saint-Benoît de l'abbaye de Saint-Melaine.... Puis suivaient près de trois cents gentilshommes tous vêtus de noir, et derrière eux ceux de la maison du défunt.... Les quatre coins du drap mortuaire étaient tenus par quatre seigneurs proches parents, savoir : Thomas, baron de Guémadeuc, Mathurin de Rosmadec, seigneur de Saint-Jouan. René de Biragues, baron d'Entrames, et Jean de Rosmadec, seigneur de l'Espinay. Ensuite marchait le Parlement, le Siège Présidial, Messieurs de la Maison de Ville, le tout suivi d’une foule et multitude incroyable de peuple qui témoignaient par leurs pleurs et gémissements le regret qu'ils avaient d'avoir perdu leur conservatour et bienfaiteur ordinaire.

Rendu aux portes de la ville, le corps fut mis en un carrosse tiré par six chevaux. Le carrosse et les chevaux tout couverts et caparaçonnés de noir avec des croix blanches semées d'écussons, toute la maison en deuil à cheval, conduisirent le corps en cet équipage, de la ville de Rennes, à Pont-Croix distant de quarante lieues. Cette dernière ville appartenait au défunt ; il y a une très belle et superbe église de Notre-Dame, où sont des voûtes, enfeux et tombeaux de ses prédécesseurs, seigneurs de Rosmadec, Tyvarlan et Pont-Croix.

L'ordre fut tel que par toutes les paroisses où il passait, la procession de chacune venait recevoir le corps, et le conduisait depuis l’endroit où il entrait dans la paroisse jusqu'à l'autre bout. Là se trouvait une autre procession pour l'accueillir. Semblablement partout où l'on couchait, la, noblesse se rendait de deux ou trois lieues à la ronde, pour lui faire, au matin, célébrer des services, et de là le convoyer fort loin. Enfin le corps arriva à Pont-Croix où il fut enterré avec les mêmes magnificences observées à Rennes à son service...".

Faut-il regretter que toutes ces "magnificences" n'aient pas abouti à cette paroisse de Telgruc, d'où les Rosmadec avaient pris leur essor ? Qu'en serait-il resté après le terrible bombardement du 3 septembre 1944 qui ruina l'eglise et le bourg.

D'ailleurs le château était tombé on ruine depuis bien longtemps et les seigneurs de Rosmadec résideront habituellement à Rennes ou à Paris. Mais ils demeurèrent attachés à Pont-Croix, leur fief, celui qui les avait établis au niveau des grands seigneurs. La belle église garde le souvenir des largesses de Jean de Rosmadec, d'Alain et de sa femme Jeanne du Chastel, dans le transept, le chœur et la monumeutale tour imitée de celle de la cathédrale de Quimper. La Révolution est passée par là, effaçant tout signe de prééminence, mais l’écu "palé d'argent et azur" figure encore sur l'emplacement du tombeau seigneurial, près de l'autel majeur.

Sébastien II, marquis de Rosmadec confié à son aïeule Marguerite de Beaumanoir, acheva son éducation à la cour du roi, où, sous le nom de marquis de Molac, il acquit la réputation d'un des meilleurs cavaliers de son temps. Il présida les Etats de Bretagne à Nantes, en 1621, mais se distingua surtout dans la carrière des armes, accompagnant le roi Louis XIII dans la campagne contre M. de Soubise dans le Pas-Poitou, en 1624. Par la promptitude de son intervention, à la tête de cent gentilhommes réunis à Molac, il réussit à empêcher De Soubise de s'emparer de la place importante de Blavet en 1625. Il fut lieutenant-général en Bretagne, gouverrna, en 1634, de Quimper, où il jouissait de la plus flatteuse considération, enfin, la ville et le château de Dinan lui furent confiés à partir de 1642.

Une des disgrâces de sa vie fut l'exécution de son frère cadet, François des Chapelle, décapité en 1627, à vingt-sept ans, en même temps que son cousin Montmorency-Bouteville, qui, à vingt sept ans, comptait vingt deux duels, pour avoir contrevenu à l'édit du roi contre les duels.

Sébastien s'impose à l'attention par un certain faste. Il suffit de voir la très belle gravure qui orne la "Science héroïque" de son ami, Vulson de La Colmobière, l'historien de la famille. Bien campé, vêtu à l'antique, il contient dans l'obéissance l'hydre à trois têtes de la guerre civile : il est sous la protection de son écu à six pièces que brandit l’Ange du Seigneur : "HOC TEGMINE TUTUS". Deux vers latins célèbrent son courage, que nous pouvons traduire ; "En ennemi résolu de Cerbére, fais-lui cacher la tête dans les ombres du Styx ; c’est ton courage seul qui maintient la splendeur des astres".

Le faste lui fut funeste. Quand à vint ans il revint de la Cour, il était le plus beau parti de la province, on convint donc de le marier au " parti le plus considérable qui fût alors en Bretagne "... Renée de Kerhoënt, châtelaine de Kergournadec'h, en Léon.

Le noble marquis entreprit un projet grandiose : celui de rebâtir à grands frais Kergournadec'h, sur un plan idéal que nous a laissé La Colombière. Sébastien II se livra à la spéculation. Le vicomte de Rohan lui avait vendu, en 1623, les seigneuries de Crozon et du Porzay. Il pouvait se dire désormais " comte de Crozon ". Or voici qu'en 1647 il céda, pour la somme énorme de 130.000 livres tout son héritage de la Presqu'île : outre Rosmadoc, sa terre d'origine, Crozon et Camaret avec une partie du Porsay. Le nouvel acquéreur était Jean du Han, conseiller au Parlement, époux de Claude de Goulaine, baronne de Poulmic. La Presqu'île n'avait plus maintenant qu'un seul seigneur. Cependant Sébastien conserva le titre de marquis de Rosmadec, bien qu'il n'en eût plus la terre, il ajouta même à ce "marquisat" factice la seigneurie du Juch.

La fastueuse demeure de Kergournadec'h fut-elle jamais complétement terminée ? Elle fut vendue par ses filles pour 503 000 livres, en 1726, à un fermier-général de Picardie, dont la fille, la marquise de La Granville, en commencera la démolition on 1753.

Sébastien II de Rosmadoc était mort en 1652, âgé de cinquante-six ans, il s'était converti au contact de la sainte voyante de Quimper, Catherine Daniélou.

Son fils Sébastien III, marquis de Rosmadec, né en 1617, ne soutint pas la réputation de son père. Chevalier de Saint-Michel, gouverneur de la ville de Nantes en 1665, il se vit accuser de mollesse lors des premiers troubles de la Révolte du Papier Timbré, on 1675 ; il dut céder la place au duc de Chaulnes. Il mourut à Paris en 1693.

Son fils, Sébastien IV époux de Catherine de Scorailles, fut le dernier Rosmadec de la branche directe ; il mourut en effet sans postérité, à quarante ans, en 1699. Il laissait trois sœurs religieuses, et, comme héritière Anne Marie de Rosmadec, épouse de René-Alexis Le Sénéchal de Carcado, qui fut gouvernour de Quimper. Il réussit à faire transférer le titre de marquis sur la seigneurie de Pont-Croix.

Le dernier de tous les Rosmadec fut Michel-Anne-Sébastien de Rosmadec, né en 1696, marquis de Goulaine et du Plessis-Josso, branche du pays vannetais. Fils de Gabriel-Sébastien Rosmadec (1661-?) et de Bonne Espinoze, marié le 30 mai 1736 avec Marie-Marguerite Le Fèvre d'Ormesson (1717-1771), il mourut à Paris, le 18 février 1784 (à l'âge de 88 ans), sans postérité.

Le dernier seigneur-comte de Crozon, Poulmic, Rosmadec, par son mariage avec dame Marie-Sophie de Roussolet de Chateaurenaud, arrière-petite-fille de Jean du Han, fut Charles-Henri-Théodat d'Estaing (1729-1794), l'illustre amiral qui, passé de l'armée à la marine, se rendit célèbre dans la lutte contre les Anglais, en particulier lors de la guerre de l’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique.

Vint la Révolution. L'amiral-Comte d'Estaing donnait dans les idées nouvelles ; il fut fait amiral de France en 1792 mais en résidence à Paris depuis la mort de sa femme cette même année, il périt deux ans plus tard sur l’échafaud.

Quand il se vit condamné, après avoir rappelé à ses juges ses états de service pour la Nation, il conclut : " Quand vous aurez fait tomber ma tête, envoyez-la aux Anglais, ils vous la paieront cher ! ".

(Kanah).

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