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LE CHATEAU DU PRE-CLOS A TREAL.

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L'AFFAIRE DU PRE-CLOS TRÉAL (MORBIHAN) 29 JUIN 1791.

Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, Louis XVI et la famille royale quittaient Paris.

Le 21, à huit heures du matin, la ville ignore encore le départ. Mais bientôt la nouvelle vole de bouche en bouche. A neuf heures, l'Assemblée Nationale se réunit, et peu après le ministère de l'intérieur expédiait dans tous les départements des courriers porteurs d'un décret enjoignant « à tous les fonctionnaires publics et gardes nationales ou troupes de lignes de l'empire, d'arrêter ou faire arrêter toutes personnes quelconques sortant du royaume, comme aussi toutes sorties d'effets, armes, munitions ou espèces d'or ou d'argent, chevaux, voitures, et, dans le cas où les dits courriers joindraient quelques individus de la famille royale et ceux que auraient pu concourir à leur enlèvement, les dits fonctionnaires publics ou gardes nationales et troupes de lignes seront tenus de prendre toutes les mesures nécessaires pour arrêter le dit enlèvement, les empêcher de continuer leurs routes et rendre ensuite compte du tout au Corps législatif ».

Les commissaires du roi et administrateurs du directoire du Morbihan collationnent l'expédition de ce décret le 23 juin.

Le directoire du district de Ploërmel le reçoit de Vannes le 24.

Et ce même jour, 24 juin, à 3 heures de l'après-midi, à « l'assemblée du conseil général de la commune de Malestroit, tenu à l'hôtel de ville, aux fins de convocations et après le son de la cloche à la manière accoutumée, sous la présidence de M. Louis-Marie de Fabroni (Duplessix), premier officier municipal, en l'absence du maire [Note : Le maire de Malestroit, Vincent-François Chaignart de la Gaudinaye, dénoncé et conduit à Ploërmel dans les premiers jours d'avril 1791, ne revint à Malestroit que le 1er octobre. Il ne préside donc aucune des délibérations mentionnées dans ce travail. (Regist. délib. Malestroit)], le vieux procureur de la commune, Julien-Nicolas Thérault (de la Paviotaye) s'exprime ainsi :
« J’ai l'honneur, Messieurs, en conformité de la lettre du district de ce jour, à laquelle était jointe une expédition de deux décrets de l'Assemblée Nationale, de vous annoncer l'enlèvement du roi et de la famille royale. Cet événement extraordinaire ne doit alarmer que les citoyens pusillanimes, les bons doivent s'armer de fermeté et veiller avec soin à la tranquillité publique en secondant les vues de l'Assemblée Nationale, requérant l'enregistrement et publication des dits décrets ... ».

Après en avoir délibéré, le conseil ordonne :
« … L'enregistrement, publication et affiches des dits décrets conformément aux ordres du directoire du département du Morbihan, et, considérant que c'est dans les moments de crise que l'on doit déployer tout le patriotisme et la fermeté qu'exigent les circonstances, arrête, pour prévenir les événements fâcheux qui pourraient arriver par défaut de précaution, que l'on préviendra M. le commandant de la garde nationale qu'il ait à mettre une garde sous les armes, qui montera au corps de garde ordinaire à compter de ce jour, à huit heures du soir, pour descendre à six heures du lever du soleil : ainsi de suite jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné, et charge M. le commandant de ladite garde de faire monter bien exactement tous les citoyens actifs à leur tour, soit en se remplaçant ou autrement, et se donner la consigne la plus sévère, afin que la garde observe la plus grande sobriété pour assurer par là la tranquillité publique ; et pour cet effet, la présente délibération sera lue et publiée, afin que personne n'en prêtende cause d'ignorance ;

A de plus arrêté que quiconque serait atteint et convaincu de mal parler de la Constitution, d'avoir tenu des propos incendiaires et d'avoir troublé l'ordre de quelque manière que ce soit, seront sur le champ appréhendés au corps et constitués prisonniers à la maison d'arrêt de cette ville pour être jugés suivant toute la rigueur des lois ... » [Note : Registre des délibérations du Conseil général de la commune de Malestroit. Le procès-verbal est signé par Fabroni, premier officier municipal ; Leray ; Guezo ; Montfort ; Phelipot ; Gru ; Audié ; Razé ; Leboux, le jeune ; Vialin ; François Courtel ; Goudy ; Bains, secrétaire-greffier ; Thérault, procureur de la commune].

La rapidité avec laquelle parvient à Malestroit l'annonce de l'événement est prodigieuse, si l'on songe que les décrets de l'Assemblée passèrent d'abord par le directoire du département et par celui du district de Ploërmel. Pour tout le monde le roi a été enlevé et la nouvelle, qui dut vite se répandre, ne semble pas avoir provoqué de troubles immédiats.

« Par contre, rien de subit, dit Duchatellier, comme la résolution prise par les administrations départementales de se constituer en permanence pour aviser aux dangers du moment. Les communes, les districts, les corps judiciaires et administratifs suivent les mouvements les plus cachés des ennemis de la Révolution. On surveille les routes et les campagnes, les étrangers qui circulent, les marchands qui se déplacent, tout homme suspect d'incivisme ou soupçonné de ne pas aimer la Révolution. Livrés d'ailleurs à la plus vive inquiétude, les administrateurs appellent à eux les chefs de la force armée, le clergé constitutionnel, le peuple, les patriotes...
On veille de jour et de nuit, et les administrateurs ont leur lit dans la salle même de leurs délibérations »
(Histoire de la Révolution en Bretagne, par DUCHATELLIER. T. II, p. 1).

Tout ceci est bien l'expression de la vérité, et la délibération du conseil général de la commune de Malestroit que je viens de rapporter en offre la preuve. Il était impossible, dans ces conditions, qu'un rassemblement quelconque passât inaperçu.

Un paysan apporte à Malestroit la nouvelle que des personnes se sont réunies chez M. de la Ruée, au château du Pré-Clos, en la commune de Tréal.

Bientôt les détails se précisent : la réunion devient de plus en plus nombreuse ; les grandes avenues qui conduisent au château sont noires de monde.

Le directoire du département est avisé et les renseignements lui parviennent considérablement grossis, car il prend immédiatement les mesures les plus énergiques, que la municipalité de Malestroit ne connaîtra que tardivement par une réquisition du directoire de Rochefort.

La paroisse de Tréal dépendant du district de Rochefort, c'est à l'administration de cette ville que sont adressés les ordres du département : Malestroit, qui les ignore, s'alarme, vu le voisinage du Pré-Clos, et le 28, à six heures du matin, le conseil général de la commune se réunit ; l'heure de la convocation, à début du procès-verbal de la délibération, prouverait l'inquiétude générale. Dès l'ouverture de la séance, le procureur annonce que « toute la noblesse du canton s'est rassemblée au Pré-Clos où ils ont ramassé toutes les armes du canton avec leurs adhérents ».

L'occupation du château s'impose, « mais, ajoute le procureur, considérant que nous n'avons pas d'armes suffisamment pour tout le monde, il convient de renvoyer un second courrier à Vannes pour réitérer nos instances auprès du département pour obtenir des fusils et des munitions de guerre et deux pièces de canon avec deux canonniers et quelques dragons pour les escorter » [Note : Les procès-verbaux des délibérations du Conseil général de la commune de Malestroit enregistrent à chaque séance le désir des habitants de posséder une garnison : ces demandes réitérées de deux pièces d'artillerie n'obtenant aucune réponse des directeurs, le conseil décide le 17 juillet 1791 de demander aux officiers municipaux de Carentoir les deux canons dont les habitants de cette commune s'étaient emparés aux châteaux de La Lardais et de La Chouannière. Ce fut encore en vain. Le procureur essaya alors d'obtenir de la cavalerie « troupe la plus essentielle pour Malestroit où les fourrages sont bons et en grande abondance, » ou tout au moins le détachement d'infanterie indispensable pour la défense de « la première ville frontière du côté de la mer ». Mais, comme on le verra plus loin, on n'accorda à Malestroit une garnison qu'au moment du retour chez eux des prisonniers du Pré-Clos. (Reg. délib. Malestroit, juillet-sept. 1791). (Le château de la Lardaie cst situé en Comblessac, arr. de Redon (I.-et-V.) ; le château de la Chouannière est en Quelneue, qui dépendait anciennement de Carentoir et dépend aujourd'hui du canton de la Gacilly, arr. de Vannes)].  L'assemblée désigne le sieur Guézo, notable de Malestroit, avec mission d’aller demander à MM. les administrateurs du directoire du département « les forces nécessaires pour parer les coups dont le milieu du département est absolument menacé ».

En attendant qu'elles arrivent, comme il faut des armes à tout prix et de suite, on soupçonne qu'un sieur Merlet, citoyen de Malestroit, doit en posséder, et le procès-verbal de la séance du 28 enregistre le plaisant résultat de la perquisition qui fut ordonnée ce même jour. On envoie chez le sieur Merlet « la garde, qui ayant trouvé la porte fermée, après y avoir frappé plusieurs fois sans qu'on eût répondu, en a fait ouverture réelle et, perquisition faite, on a trouvé un fusil dont le chien est cassé et deux mauvais couteaux de chasse, et ne pouvant refermer la porte, on l'a consignée à une sentinelle jusqu'à l'avoir réparée, ce qui a été exécuté ».

Le lendemain 29, à deux héures de l’aprês-midi, le procureur demande au conseil que M. le commandant de la garde nationale soit requis de désigner douze hommes pour aller à Vannes avec une voiture pour « réclamer et escorter et rendre ici le plus tôt possible les cinquante fusils promis par MM. les commissaires du roi et administrateurs du directoire et du département réunis ».

MM. La Hublaye-Chaignart, commandant de la garde nationale [Note : Le commandant de la garde nationale de Malestroit devait mourir peu d'années après, comme lieutenant-colonel, chef du 1er bataillon du Morbihan, à « la petite anse près le Cap Français, isle de l'Amérique ». — Registre des délibérations. Procès-verbal du 23 pluviôse an II.], et Lhommeau fils, garde national de cette ville, sont chargés d'aller à Vannes recevoir au plus tôt et donner récépissé des cinquante fusils et bayonnettes.

Entre temps, les municipalités de Saint-Marcel, Bohal et Missiriac sont invitées à s'armer « pour se conformer et concourir aux ordres du district pour la cause commune et la défense de la patrie ».

« Le zèle et le patriotisme avec lesquels ces municipalités se portent à déférer à cette invitation méritent des éloges et même des remerciements », qui sont votés au cours de la séance.

Mais les ordres arrivent, et ce même jour, 29 juin 1791, une seconde réunion extraordinaire rassemble, à sept heures du soir, les membres de la municipalité de Malestroit. Le procureur de la commune fait aussitôt part à l'assemblée « d'un arrêt du directoire du district de Rochefort et de la lettre y jointe, par lequel arrêté le directoire prie de requérir un détachement de la garde nationale de cette ville pour, conformément aux ordres du département, se joindre à ceux de Rochefort et les accompagner dans l'expédition projetée pour le soir même ».

L'on voit que les renseignements reçus par le directoire du département ont été pris au sérieux, et cinq détachements doivent prendre part à l'attaque du Pré-Clos. En réalité, trois seulement y coopéreront, car éle commandant militaire de l'expédition jugera inutile d'attendre la garde nationale de Ploërmel et les dragons nationaux de Lorient, également requis.

Mais la garde nationale de Malestroit ne possède que cinquante fusils « en état de devoir et de calibre des cartouches faites », et il semble imprudent de commander davantage de gardes nationaux. Le conseil enjoint donc au lieutenant-colonel commandant la garde de tenir prêt à marcher un détachement de cinquante hommes « pour se joindre au détachement des troupes de ligne en quartier à Rochefort, et au détachement de la garde nationale de la même ville, sous les ordres de deux commissaires du directoire du district de Rochefort nommés à cet effet ». Il serait imprudent, avait déclaré le procureur, de commander plus de cinquante hommes, « quelques réquisitions que puissent faire MM. les commissaires ».

Ces hommes reçoivent aussitôt l'ordre d'être prêts pour neuf heures, afin de pouvoir se joindre aux troupes venant de Rochefort.

Pendant ce temps, dans cette dernière ville, on obéissait aux ordres du département et on organisait l'expédition.

A la séance du directoire du 29, « réquisition est faite au capitaine O'Brien, commandant le détachement de Walsh [Note : Le Walsh-Irlandais, venant de l'Ile de France, avait remplacé dans le Morbihan le régiment de Rouergue. Le 2 bataillon — 4 compagnies de fusiliers et 1 de chasseurs — est à Auray. Ce bataillon envoie à Josselin un détachement de 50 hommes. Le premier bataillon — 4 compagnies de fusiliers et 1 de grenadiers — est en garnison à Vannes. C'est ce bataillon qui fournit les 50 hommes détachés à Rochefort, qui collaboreront à l'expédition du Pré-Clos. Peu après, ce bataillon partira à la frontière pendant que celui d'Auray ira à Brest constituer la garnison des vaisseaux. Alors les 10 ou 11 régiments de marine — dits coloniaux — deviendront métropolitains. Le Morbihan recevra les régiments de la Guadeloupe et de la Martinique et le 1er enverra, comme nous le verrons plus loin, un détachement 0 Malestroit. (Communiqué par M. le lieutenant Veyssière)], en garnison en cette ville, et à M. Mahé, commandant la garde nationale de ladite ville, de se tenir prêts à six heures précises de l'après-midi de ce jour, accompagnés chacun d'un détachement de leurs troupes respectives, et de se transporter de suite au château du Pré-Clos, en la paroisse de Tréal, pour le fouiller et le visiter, arrêter toutes les personnes qui y seront trouvées et paraîtront ennemies de l'État, s'emparer de toutes les armes et conduire les prises directement à Vannes. Le directoire nomme et commet MM. Busson, substitut du procureur syndic, et Le Boy, administrateur-directeur, pour, avec le secrétaire de l'administration [Note : Ce malheureux secrétaire, nommé Duguéro, devait mourir le 25 ventôse an II, « percé de mille coups pour avoir préféré la mort à la cocarde blanche », dit le Recueil des actions héroïques et civiques des Républicains français, No IV, présenté à la Convention nationale au nom de son comité d'instruction publique par Léonard Bourdon, député du Loiret. Imp. nat. an II. Il fut tué à la prise de Rochefort ainsi que Lucas et Denoual, chirurgien à Peillac : d'où le nom de Roche-des-Trois donné par décret de la Convention à la ville de Rochefort], accompagner lesdits détachements et reporter procès-verbal de l'exécution dont il s'agit, leur donnant pouvoir de former toute réquisition et de faire tout ce que les circonstances exigeront. Le directoire prie M. les officiers municipaux de Malestroit de requérir un détachement des gardes nationales de leur ville pour, conformément aux ordres du département, se joindre à ceux de Rochefort et les accompagner dans l'expédition demandée » (Procès-verbal des commissaires nommés par le Directoire du district de Rochefort).

Partis de Rochefort à six heures, les détachements arrivent vers huit heures et demie à Malestroit et rencontrent dans le faubourg Saint-Julien la garde nationale sous les armes. Les troupes réunies rentrent en ville, et les commissaires, en vertu de la délibération du directoire de Rochefort, réclament de la municipalité de Malestroit le concours de 150 gardes nationaux. Mais il n'y a, nous l'avons vu, que 50 fusils.

« En conséquence, sur les avis donnés d'une assemblée très considérable en armes, hommes et munitions en ladite maison du Pré-Clos », les commissaires dépêchent un courrier vers le directoire du district de Ploërmel « pour lui demander autant de gardes nationales qu'il pourra leur en donner pour remplir leur mission, puis font rafraîchir la troupe, pour après continuer » l'exécution des ordres reçus.

La troupe rafraîchie, il est onze heures, et l'on s'aperçoit qu'il n'y a pas de temps à perdre si l'on veut surprendre la maison du Pré-Clos, distante d'au moins trois lieues.

Après les bats de caisse réglementaires, les deux détachements de Rochefort, grossis des cinquante gardes nationaux de Malestroit, prennent la direction de Tréal.

Arrivés au chemin de traverse qui conduit du château du Pré-Clos à la grand'route de Malestroit à Rennes, l'officier des Walsh, O'Brien, qui a pris le commandement général de l'expédition, fait faire halte et ordonne de charger les armes, ce qui s'effectue dans l'ordre le plus parfait et le plus profond silence.

Rendus près d'un petit bois, le commandantmet « un avant-garde de dix hommes sous la conduite d'un guide ». Puis, avec le reste de la petite armée, il se dirige vers le château. Les troupes de Ploërmel devaient rejoindre à cet endroit n'étaient pas arrivées. L'officier des Walsh passe outre, soit qu'il voulût profiter de l'heure — on était, dit le procès-verbal, à la petite pointe du jour, — soit que, à l’encontre des commissaires, il se sentit assez en force pour tenter l'attaque.

Il prend rapidement ses dispositions pour « circuiter » la maison. Cela fait, il donne l'ordre de frapper pour faire ouvrir. Des, volets s'ouvrent, des femmes paraissent et répondent « qu'on va s'habiller ». A une fenêtre se montre M. de la Ruée, qui déclare : « Je n'ai personne de suspect ». Puis, se voyant mis en joue, il ajoute : « De grâce, Messieurs, point de violence, nous voulons parler à votre commandant ».

A cet instant on aperçoit derrière les croisées nombre de personnes, et presque en même temps éclatent deux coups de feu l'un à l'intérieur et l'autre à une fenêtre du rez-de-chaussée. Aussitôt ordre est donné d'enfoncer les portes, et la troupe envahit les appartements. Un paysan sort armé d'une cognée et se jette sur un soldat du régiment de Walsh qui pare les coups avec son fusil. Deux ou trois coups de feu sont tirés sur ce paysan.

Les troupes ont vite fait d'occuper la maison, et pendant que les uns s'assuraient de tous les hommes, les autres fouillaient les appartements pour y découvrir les armes.

Le Pré-Clos se composait alors de deux grands bâtiments très simples, dont l'un, le seul qui existe aujourd'hui, venait d'être construit et fut, ce soir-là, habité pour la première fois. Quelques-uns des parents de M. de la Ruée étaient venus accompagnés de leur famille, conduits par un domestique ou un cultivateur, et la réunion devait compter environ cinquante personnes. Il fallut improviser des lits, et le nouveau Pré-Clos reçut un ameublement de fortune.

On y saisit 25 fusils, 25 pistolets, 5 sabrés, 1 couteau de chasse, 6 épées, 3 piques, 1 couteau de pressoir, 1 cognée, 1 giberne, 2 fourreaux de pistolets, 15 poudrières, 1 sac à plomb, 2 sacs de balles, 6 couteaux et 1 paquet de poudre.

Comme prisonniers :
« 1. Joseph-François-Louis de la Ruée, demeurant en la maison du Pré-Clos, paroisse de Tréal ;
2. Louis-François-René Fournier d'Allérac, demeurant à sa terre d'Allérac, paroisse de Saint-Just, parent au 4ème ou 5ème degré du sieur de la Ruée, par dame Flavie-Monique.de la Chevière ;
3. Édouard-Hyacinthe-Marie Fournier d'Allérac, demeurant ordinairement à Rennes ;
4. Louis-Joseph-Sévère de Castellan, demeurant à sa terre de Castellan, paroisse de Saint-Martin, gendre dudit sieur de la Ruée ;
5. François-Louis-Clément de la Ruée, frère dudit sieur de la Ruée, demeurant à la Danaye, paroisse de Carentoir ;
6. Joseph-Marie-Luc de la Ruée, fils dudit sieur de la Ruée du Pré-Clos, demeurant chez son père ;
7. Joachim-Marie-Eutrope de la Ruée, fils dudit sieur de la Ruée, élève de la marine, demeurant actuellement chez son père [Note : Dans l'interrogatoire qu'il subit à Vannes, le lendemain. Joachim-Marie-Eutrope de la Ruée, élève de la marine de la 1ère classe et 4ème escadre en congé, déclare qu'il est propriétaire du Pré-Clos et que les personnes qui y ont été arrêtées étaient venues le voir, en visite, quelques-unes effrayées par l'effervescence des campagnes] ;
8. René-Louis du Vergier, demeurant à Trévégat, paroisse de Caro, beau-frère dudit sieur de la Ruée par Françoise-Julienne de la Ruée ;
9. Louis-Armand-Henry de Quélo, demeurant à la Gaudinaye, paroisse de Glénac, parent du sieur de la Ruée, sans savoir à quel degré ;
10. Vincent-François de Quélo, fils du précédent, demeurant chez son père ;
11. François-Thérèse-Guillaume de Julienne, demeurant à la Minière, paroisse de Réminiac, parent éloigné dudit sieur de la Ruée ;
12. François-Bernard Gouro de Pommery, demeurant à sa terre de Pommery, paroisse de Sixt, département de Lisle-et-Vilaine, parent dudit sieur de la Ruée, sans savoir à quel degré ;
13. André-Louis-Marie Gourdan de Locmaria, demeurant chez le sieur de Bois-Baudry, son beau-père, paroisse de Monterrein, parent du sieur de la Ruée, sans savoir à quel degré ;
14. Augustin-Joseph Borel de Bodman, demeurant à la Herblinaye, paroisse de Carentoir ;
15. François-Marie-Thomas de la Bouessière, demeurant à la Touche-Péchard, paroisse de Carentoir ;
16. Marie-Gabriel-Alexandre de la Bourdonnaye, demeurant à Malleville, paroisse de Ploërmel, parent au 4ème degré du sieur de la Ruée par Louise de la Ruée, sa trisaïeule ;
17. Pierre-Anne de Kerhoent, demeurant à la Ville-Noël, paroisse de Ruffiac ;
18. François-André-Marie-Rémy de Kersauson, prêtre de Redon, parent du sieur de la Ruée en l'estoc Rado ;
19. Mathurin Brohan, natif de la paroisse de Ruffiac domestique du sieur de la Ruée ;
20. Pierre Dabo, natif de la paroisse de Saint-Martin, cocher du sieur de Castellan ;
21. Thomas Cheneau, natif de la paroisse de Saint-Dominé (I.-et-V.), domestique du sieur de Pommery ;
22. Julien Barbier, natif de la paroisse d'Avessac (L.-Inf.), domestique du sieur d'Allérac cadet ;
23. François Bodu, natif de la paroisse de Saint-Just (I.-et-V.), domestique du sieur d'Allérac aîné ;
24. Pierre Hilac (Gillard sur l'interrogatoire à Vannes), laboureur, demeurant à la métairie du Portail de la Ruée, paroisse de Ruffiac, lequel a déclaré avoir donné hier soir avis audit sieur de la Ruée de l'arrivée des gardes nationales de Rochefort, Malestroit et Ploërmel, ce qu'il avait appris à l'assemblée de Saint-Pierre, qui se tenait la veille à Ruffiac, par un domestique dont il dit ne pas savoir le nom. A ajouté qu'il est fermier du sieur de la Bourdonnaye-Boiry ;
25. Joseph Dubois, journalier, du village de la Prévostaye en Tréal ;
26. Martin Anée, jardinier chez le sieur de Castellan, en Saint-Martin ;
27. Jacques Thétiot, domestique chez Julien et Joseph Borgal, fermiers de la métairie des Déserts en Tréal, appartenant au sieur de la Ruée ;
28. Damas-Eutrope Daniel, invalide de la marine, demeurant au village du Pré-Clos, commissionnaire du sieur de la Ruée ;
29. Julien Anée domestique de bras de la maison de la Ruée, natif de Caro ;
30. Jean Souchet, journalier, marié, du village du Pré-Clos en Tréal ;
31. Mathurin Dubois, jardinier de la maison du Pré-Clos ;
32. Alexis Rio, journalier, du village de la.Ville-Oya en Ruffiac ;
33. Mathurin Jouvance, journalier, du Plessis-Tréal ;
34. Guenhaël Tastard, journalier, du village de la Nouette, en Ruffiac ;
35. François Le Breton, journalier, du village du Pré-Clos, en Tréal ;
26. Mathurin Jan, menuisier, du Plessis-Tréal ;
37. Joseph Noë, domestique chez Guillaume Borgal, fermier de la métairie de la Touche-Eon »
.

En tout trente-sept hommes.

Il semble que tout se soit borné à l'arrestation des hommes et à la saisie des armes. Le procès-verbal des commissaires ne mentionne aucune autre personne en dehors de ces 37 prisonniers. Les interrogatoires, à Vannes, nous apprendront la présence au Pré-Clos, ce soir-là, de Mme de Castellan, Mme du Vergier et ses deux enfants, Mme de Quélo et sa fille. Nous savons de plus que Melle Adèle de la Ruée accompagna les inculpés jusqu'à Malestroit. Mais d'autres personnes présentes n'ont pas dû être mentionnées. Et si l'on y ajoute les femmes de service, on peut vraisemblablement accepter le chiffre de cinquante personnes réunies.

Le procès-verbal ne parle pas davantage d'une perquisition ayant pour but la découverte de papiers peut-être compromettants. Enfin, ce que le procès-verbal ne dit pas, mais ce que nous savons par le récit que Melle de la Ruée se rappelle avoir souvent entendu, c'est que les femmes et filles des prisonniers suivirent au retour le convoi.

« Pour éviter les troubles, déclarent les commissaires, le commandant jugea indispensable de donner le signal du départ ». La troupe, sur deux lignes, encadre les prisonniers et les munitions saisies. « A rentrée de la lande, à l'ouest de la maison du Pré-Clos, l'avant-garde (sic) rejoint ». C'est, on se le rappelle, « l'avant-garde » de dix hommes laissée par le chef de l'expédition à une certaine distance du château, à l'orée d'un petit bois. Ceci prouve bien que les envoyés du district ont seuls collaboré à la rédaction de leur procès-verbal et que le capitaine et les commandants des détachements n'y furent pour rien. Eux seuls pouvaient se faire cette conception d'une avant-garde laissée en arrière, en réserve. En tout cas celle-ci n'eut, pas plus que le gros des troupes, l'occasion de donner et il n'apparait pas que les quelques coups de fusil tirés aient, bien qu'à bout portant, causé la moindre blessure de part ou d'autre.

La colonne revient donc vers Malestroit. Arrivée au Lieuvy elle fait halte et il est « procédé à la vérification des effets saisis : ils ont été enmoncelés, puis confiés à la garde de huit hommes. ». A ce moment arrive le détachement de la garde nationale de Ploërmel parti sur réquisition, envoyée la veille, on se le rappelle, par les commissaires. « Iceluy reconnu, on a continué la vérification des dites armes et munitions en présence des prisonniers, lesquels, après les avoir séparément examinées sur notre réquisition, ont dit les reconnaître ; nous avons ensuite continué notre route jusqu'à Malestroit, toutefois néanmoins après avoir donné ordre à un charretier de venir prendre les armes et munitions susdites et les amener sous la garde de huit hommes à ce préposés et ce conjointement avec le secrétaire de la commission.

Arrivés vis-à-vis l'église des ci-devant Augustins au faubourg de la Magdeleine de ladite ville de Malestroit, en laquelle nous avons déposé, sous la garde de trente hommes, 23 de nos prisonniers, et nous avons fait conduire les 14 autres à la maison d'arrêt dudit Malestroit, à la porte de laquelle il a été placé deux sentinelles ».

Les prisonniers mis en lieu sûr ou sous bonne garde, le reste de la troupe se dirige vers la place du Bouffay où on distribue des billets de logement. Quelque temps après arrive le chariot chargé des armes et munitions saisies, escorté de ses huit hommes et du greffier. Les pièces sont déposées à l'hôtel commun. Les commissaires mettent alors en demeure la municipalité de Malestroit de leur donner pour le lendemain à 4 heures une escorte de ... [Note : Le nombre n’est pas mentionné] hommes de la garde nationale, et le détachement de Ploërmel de « fournir pareillement une escorte de 25 hommes pour se joindre à MM. de Walsh et au détachement de la garde nationale de Rochefort » afin de conduire jusqu'à Vannes les prisonniers, armes et munitions.

Ils réquisitionnent encore trois chariots pour la même heure, puis ils vont rédiger le procès-verbal de toutes ces opérations et l'arrêtent à 8 heures du soir, le 30, sur l'ordre de doubler la garde durant la nuit du 30 juin au 1er juillet. Ce fut à ce moment que dut arriver, sous les ordres de Beysser [Note : Beysser, Jean-Michel, médecin de la marine, était né à Ribeauvillé (Alsace). Au moment de l'affaire du Pré-Clos, il était major — commandant en second — des dragons de Lorient, commandés par le colonel de Perrier. Il devint général de division et commandant de l'armée des côtes de Brest. Suspecté de fédéralisme, il comparut à la barre de la Convention, fut enfermé à l'Abbaye et finit sur l'échafaud], un détachement de dragons venant de Lorient pour coopérer à la prise du Pré-Clos. Il en est fait mention dans la délibération du conseil général de la ville de Malestroit du 1er juillet 1791. — Le Journol de l'Orient a malheureusement étayé des récits fantaisistes de l'expédition en parlant de la capture intéressante de 27 personnes, faite au Pré-Clos par la garde nationale de Malestroit soutenue par de la cavalerie qui y est en garnison.

Le lendenain de l'expédition, le 1er juillet 1791, le procureur de la commune de Malestroit, dans le style obligé du moment, évoque devant le conseil assemblé l'ardeur que ses concitoyens « ont en toute occasion manifesté pour le soutien de la constitution et la destruction de ses ennemis, notamment dans les dernières alarmes, où ils ont pris les armes au premier signal ; ils viennent encore de se signaler dans l'occupation du château du Pré-Clos où ils se sont emparés, conjointement avec un détachement du régiment de Walsh-Irlandais, de 18 maîtres, 5 domestiques et 14 paysans y réunis, suspects de machination contre la chose publique, munis d'armes et de munitions de guerre dont on s'est aussi emparé, tout quoi est trop récent et trop notoire pour n'être pas connu ».

Le 2 juillet, le vice-présidera du directoire du département, le citoyen Faverot, délivrait le certificat suivant au détachement de la garde nationale de Malestroit : « Le détachement de Malestroit a rempli sa mission à la satisfaction des corps administratifs et commissaires civils et a donné dans cette occasion des preuves du zèle et du patriotisme que distinguent cette garde nationale ».

Le 3 juillet, le conseil général de la commune de Malestroit y ajoutait des éloges spéciaux aux « colonel, capitaine et lieutenant, ainsi qu'à tous les gardes nationales qui se sont emparés, dans la nuit du 29 au 30 juin, du château du Pré-Clos et des armes et munitions de guerre qui consistent — la liste diffère un peu de celle du procès-verbal des commissaires de Rochefort — en 12 fusils à deux coups, 11 à un coup, 25 pistolets dont 4 à deux coups, 1 épée, 10 sabres, une cognée, 2 couteaux de pressoir, 3 piques, 8 couteaux de poche, 15 poires à poudre remplies, 2 bayonnettes, des pierres à fusil et à pistolet en deux pochons, des balles, une giberne remplie de cartouches — 18 maîtres, 5 domestiques, 14 paysans qui ont été amenés à Malestroit, puis conduits à Vannes ».

Ce transfert de Malestroit à Vannes des prisonniers et des armes saisies au Pré-Clos s'était accompli le 1er juillet. L'escorte, imposante, se composait des soldats du régiment de Walsh-Irlandais qui avaient pris part à l'expédition et de trois détachements des gardes nationales de Rochefort, Ploërmel et Malestroit. Trois chariots suivaient la colonne.

Dès leur arrivée à Vannes les prisonniers sont enfermés dans la chapelle des Cordeliers, puis presque aussitôt conduits devant les commissaires civils et les membres du corps administratif.

Leur interrogatoire, commencé le 1er juillet à 5 heures de l'après-midi, ne prit fin que le surlendemain, 3 juillet, à 9 heures du soir.

De la lecture de ce long document (Archives départementales, L. 1393) — il ne compte pas moins de 27 pages — se dégage la véritable cause de la réunion de tant de personnes au Pré-Clos. — Il faut d'abord reconnaître que tous les inculpés sont parents de M. de la Ruée : tous, à deux ou trois exceptions près, demeurent dans le voisinage. Des domestiques, des cochers ont conduit ou accompagné leurs maîtres. Enfin, quelques journaliers s'y trouvent encore parce qu'on est au 29 juin, c'est-à-dire au moment des foins et que la fauchaison a commencé le jeudi 23 [Note : Interrogatoires de Guenhaël Tastard, François Le Breton, etc... (Archives départementales)].

De graves nouvelles circulaient dans le pays : on parlait d'un débarquement des Anglais dont une flotte de 26 voiles avait été aperçue au large, et à l'appui de l'émotion soulevée par ce bruit, l'on peut citer la lettre de Dumouriez aux administrateurs du directoire de Nantes datée de Machecoul le 1er juillet 1791.

Au nord, on était inquiet également, et le 29 juin Ploërmel envoyait un courrier à Dinan pour avoir des nouvelles, car l'on crut un moment la ville aux mains des Anglais ainsi que le château de Saint-Malo [Note : Interrogatoire de M. de la Ruée. Le 28 juin 1791 on croyait à une descente de 6.000 hommes à Plancoët. En même temps, la garnison de Belle-Ile — 150 hommes du rég. de Rouergue — était renforcée du détachement du rég. de la Martinique en garnison à Hennebont.
Copie du certificat de la municipalité de Dinan apporté à deux heures dû matin le 29 juin 1791 par M. Le Sauquert, second exprès parti de Ploërmel à onze du matin sur la roule de Dinan : Nous soussignés, certifions que le sieur Le Sauquert, commissaire des guerres et garde volontaire de la ville de Ploërmel, est arrivé dans cette ville ce jourd'hui à cinq heures du soir et que, nous ayant fait part du motif de sa mission, nous lui avons assuré qu'il n'avait pour le présent aucun sujet d'inquiétude, et le bruit d'une invasion de la part des Anglais ou Émigrés était sans fondement et n'avait été occasionné que par quelques coups de fusils tirés par des pataches sur des bateaux soupçonnés d'enlever des émigrants. Et nous prions M. Le Sauquert de témoigner à ses concitoyens et sur la route et que dès qu'il y aura quelques nouvelles intéressantes nous le ferons savoir par des exprès, afin que nos frères d'armes ne fatiguent pas inutilement. Le corps municipal, pénétré de la reconnaissance la plus vide du zèle patriotique de M. Le Sauquert, ne manquera pas d'en faire mention sur les registres. Au bureau municipal à Dinan, le 28 juin 1791. Signé : Le Cocq, maire, etc.].

De plus, le bruit avait pris consistance — et toutes les réponses des inculpés seront unanimes — que des bandes de brigands parcouraient la campagne, incendiant les châteaux. On précisait même certains détails : le château de Coibeau (Coëtbo, siège de la seigneurie de Guer) avait été brûlé, le château et les forges de Martigné également [Note : Interrogatoire de Louis-François-René d'Alleyrac. Le château et les forges de Martigné étaient à 4 ou 5 lieues de sa demeure, et il avait appris l'incendie le lundi précédent. Ajoute qu'il avait été pillé l'année précédente], le Pré-Clos était menacé. Comment ne pas ajouter foi à ces bruits « quand quelques mois auparavant, c'est le domestique Daniel qui parle, M. de la Bourdonnaye avait été volé à sa maison de Ville-Blanche (en Monteneuf) et qu'on lui avait mis les pieds dans le feu pour dire où était son argent » [Note : Interrogatoire de Damas-Eutrope Daniel, commissionnaire de M. de la Ruée, invalide de la marine, le plus loquace des inculpés. Il raconte qu'il allait aux provisions et à la poste. Depuis quelque temps cependant il portait fort peu de lettres et en retirait fort peu également, parce qu'on disait qu'elles étaient décachetées. Il ignore les causes de la réunion du Pré-Clos, mais ne s'en montre pas étonné, car il a toujours vu beaucoup de monde au château depuis que M. de la Ruée avait été nommé commissaire des États. Ainsi, M. de Julienne y était habituellement et M. de Bodman fréquemment. Il ajoute les détails rapportés plus haut et finit en déclarant qu'il n'existait au Pré-Clos comme armes qu'un ou deux fusils dans la chambre des domestiques].

Arrive à ce moment la nouvelle de l'enlèvement du roi et de la famille royale.

Émus par les événements qui se déroulaient depuis des mois autour d'eux, surpris par les nouvelles plus récentes arrivées de la capitale, la même pensée vient à tous : aller vers le Pré-Clos que l'on croit menacé, y apporter une aide, à tout le moins y chercher un conseil. Il faut se rendre compte de l'isolement des habitants des campagnes, à cette époque, lorsque les bruits les plus alarmants arrivaient jusqu'à eux. Que croire et surtout que faire ? La situation valait la peine d'être envisagée. Chacun se dirige donc vers Tréal, armé, parce que les routes sont sillonnées par des bandes suspectes.

Et pourquoi va-t-on vers le Pré-Clos ? D'abord parce, qu'on le croit visé, encore parce que c'est le lieu habituel des réunions familiales, et qu'on est toujours sûr d'y trouver du monde. Dans le désarroi de l'heure, chacun va naturellement vers celui qu'il considère comme le chef de la famille, vers M. de la Ruée qui s'impose à tous par son âge, son autorité [Note : Extrait du manuscrit de Jean de Gouyon (V. in fine) «... Je m'y rendis avec mon frère dès le soir même (à Rennes le 28 novembre 1788). La noblesse, voyant qu'on enfreignait encore ses droits en rassemblant des troupes à Rennes pendant que les États y siégeaient en désempara et fut se rassembler à Saint-Brieuc où elle renouvela son serment par l'organe de M. le comte de la Ruée de ne prendre aucune part à la nouvelle forme du gouvernement et de ne point députer aux États-Généraux ... »], sa situation de commissaire des Etats [Note : Je relève dans le registre de l'époque la mention suivante : « Le 9 mai 1786, M. de la Ruée, commissaire des Etats au bureau de Vannes, fait élargir les ponts de Malestroit et demande l'élargissement d'une porte de la ville »].

La réunion est si improvisée que les arrivées s'espacent entre le 24 et le 29 juin. Mais les départs se succèdent aussi. Si le rassemblement avait été prémédité, il est plus que probable qu'habitant tous à proximité, tous seraient venus le même jour à l'heure indiquée, sur convocation, pour ensuite se disperser ou organiser la résistance suivant les décisions prises. Il est certain, en tout cas, que tous seraient restés groupés, car il y avait intérêt à demeurer le plus nombreux possible. Or, M. et Mme de Castellan renvoient leur cocher le 27, avec ordre de venir les prendre le 29. Il reviendra à temps pour être pris (Interrogatoire de Pierre Dabo). M. et Mme de Boisbaudry, M. et Mme de Castel et les frères Dubois [Note : Il doit s'agir ici des deux frères du Bois de Beauregard. A la mort de leur père, survenue en 1783, Ange-Marie, l’aîné, avait eu la Guyondais, et le cadet, Aimé-Gabriel-Fidèle, la retenue et les deux métairies de Saint-Gonan en Caro. Ces propriétés sont situées a 8 kilomètres du Pré-Clos. Ange-Marie, émigré en 1792, fut fait prisonnier à Quiberon et fusillé à Vannes le 22 nivôse an IV, laissant une veuve et 7 enfants. — Madame de Castel, sœur de M. de Boisbaudry, et M, de Castel habitaient une propriété voisine : le Guen] quittent le Pré-Clos le jour même, le 29, sans savoir que les troupes marchent vers Tréal, et devront à cela de ne pas être parmi les prisonniers (Interrogatoire de Mathurin Brohan). Ceux-ci d'ailleurs eussent été moins nombreux sans l'orage qui empêcha d'autres départs (Interrogatoires de MM. de la Bourdonnaye de Locmaria, de Bodman). Ce fut le cas de M. de la Bourdonnaye, descendu chez sa nièce au château de la Ruée qui est tout proche. Ce fut encore le cas de MM. de Locmaria et Bodman. Celui-ci d'ailleurs était, ainsi que M. de Julienne, l'hôte habituel de M. de la Ruée (Interrogatoire de Daniel).

Le sujet le plus brûlant était la venue possible d'une bande d'incendiaires. Tout le monde en parlait.

L'idée d'une insurrection à main armée était si loin que l'on agita un moment la question de demander du renfort à la municipalité de Malestroit pour se mettre à l'abri des pillards. Puis l'on pensa, non sans raison, que l'on était suffisamment en nombre pour se défendre le cas échéant (Interrogatoire de Vincent-François de Quélo).

Mais voici (Interrogatoire de l'abbé de Kersauson) que le 29 dans la soirée, la domestique de M. de Julienne, revenant de Guer, apporte la nouvelle que l'on menaçait de brûler les châteaux. Peu après arrivé de Ruffiac un cultivateur pas pressé. — sur sa route il a pris le temps d'acheter une pipe de cidre chez Louis Serazin (Interrogatoire de Pierre Gillard) — qui annonce l'arrivée des détachements. Aucun émoi ne se manifeste. Très calme, M. de la Ruée déclare qu'on ne fera de résistance que si les incendiaires arrivent les premiers. Bien plus, quelques personnes avouent dans leur interrogatoire qu'elles furent aussitôt rassurées, considérant les soldats comme des défenseurs éventuels contre les pillards. L'objet de la réunion était si peu suspect que M. de Bodman, venu le matin de Carentoir, affirme qu'il fallut « la nouvelle de l'arrivée des troupes pour s'apercevoir que la réunion de plusieurs, personnes donnait de l'inquiétude dans les environs... ».

Le personnel joue aux cartes (Interrogatoire de Jacques Thetiot). Bientôt tout le monde se couche. Personne ne veille.

Les troupes arrivent, les portes s'ouvrent. Quelques coups de fusil sont bien tirés, mais il est impossible de savoir par qui. Un seul paysan croit qu'un des coups de feu l'a été par M. d'Alleyrac jeune.

Tout prouve la tranquillité d'esprit de ces soi-disant conjurés. Ils sont avertis que les troupes sont en marche, et ils ne songent ni à se défendre ni à se disperser. Ils ne placent aucune sentinelle. Ils se couchent. Ils dorment même au point que presque tous seront réveillés par l'irruption des soldats dans leurs chambres, sans avoir entendu les coups de fusil.

Aucun domestique n'a considéré le rassemblement comme anormal : il y avait toujours beaucoup de monde au Pré-Clos.

Que conclure de tous ces faits et de toutes ces dépositions ?

Incontestablement l'idée d'un mouvement insurrectionnel n'avait pas été encore sérieusement envisagée.

L'on peut logiquement penser que par la force même des événements il dût éclater un jour prochain.

Et il semble vrai de conclure que seule y mit obstacle l'intervention hâtive des troupes sur l'ordre des autorités alarmées.

J'insiste d'autant plus sur cette conclusion, que l'étude des mêmes événements concurremment faite par un historien de la Chouannerie morbibannaise, à qui j'ai communiqué ces lignes, l'aurait, parait-il, conduit à penser tout autrement. Et certes, à ne consulter que la tradition et même certaines relations assez rapprochées de l'événement, telles que celle du journal de l'époque et d'autres encore que l'on m'a aimablement communiquées, il semblerait avoir raison. Malheureusement, les inexactitudes sans nombre et les contradictions que j'y ai relevées ne me permettent pas d'en faire état.

Je me suis borné aux documents officiels. L'un d'eux est capital, c'est le procès-verbal des commissaires de Rochefort chargés de la direction des troupes, procès-verbal rédigé à Malestroit au cours même de l'expédition. Il est incontestable qu'après avoir pris contact avec les autorités de Malestroit, ils étaient convaincus de l'importance de la réunion au point de réquisitionner la garde nationale de Ploërmel. Rien ne leur eût été plus facile, en cette occurrence, que de grossir les faits pour s'attribuer tout le mérite d'une victoire supposée difficile. Et ce procès-verbal ne peut être suspecté de partialité en faveur des prévenus puisqu'il est en entier de la main desdits commissaires. Or, les événements sont relatés, les détails précisés dans un style dont la simplicité contraste étrangement avec les phrases creuses habituelles. Ils avouent que la résistance fut nulle et s'ils parlent de quelques rares coups de fusil, c'est sans insister, car on chercherait en vain les victimes.

Pour les commissaires, il n'y eut pas de conspiration.

Je dois un renseignement intéressant à l'amabilité de M. de Gouyon, conseiller général du Morbihan. Il est tiré d'un manuscrit du chevalier Jean de Gouyon, frère de son bisaïeul, lequel fit toutes les campagnes de l'émigration et en tint la relation journalière. Il était tout jeune, 18 ans, en 1791, lors de son départ, et n'avait que 25 ans lorsqu'il fut tué au dernier combat sur la frontière, à Oberkamlach. Son ami, M .. de Quélo, un des prisonniers faits au Pré-Clos, avait connaissance de ce cahier et le rapporta à sa famille.

Voici, concernant notre sujet, ce que dit Jean de Gouyon : « .... Lors de l'évasion du roy nous nous assemblâmes chez le comte de la Ruée pour délibérer sur ce que nous aurions à faire, concernant cet événement, car on parlait que la noblesse en était participante. Un jour que nous ne pûmes ni mon frère ni moi nous rendre au Pré-Clos, le district de Rochefort, qui avait un détachement de Walsh, l'envoya enlever 17 de nos Messieurs, et je parai de bien peu trois mois de prison au fort Louis qu'éprouvèrent ces Messieurs ».

Quelques jours plus tard, Jean de Guyon s'étant rendu avec quelques amis chez M. des Aulnays, près de Rochefort, pour combiner leur départ pour l'armée des, princes, fut avec eux arrêté et emmené à Rochefort, et dans l'interrogatoire qu'il eut à subir je relève ceci :

« .... On nous demanda si nous avions été chez M. de la Ruée et si nous avions monté la garde ? Nous répondîmes qu'il était naturel que M. de la Ruée réunit sa famille dont nous étions et que d'ailleurs, loin d'avoir des vues hostiles, il ne voulait que le bien ».

Dès le 2 juillet il avait été décidé que les prisonniers faits à Tréal seraient transférés à la citadelle de Port-Louis. Les volontaires nationaux de Lorient sont chargés de les y conduire. M. Déléon, l'un des trois commissaires nommés au lendemain des affaires du Bondon et de Liziec, préside à cette marche.

Les inculpés sont nombreux, car on leur a adjoint plusieurs prêtres réfractaires considérés comme dangereux, dont l'abbé Le Guennec, curé de Saint-Patern. Au passage de Saint-Christophe, devant l'animosité des révolutionnaires lorientais, les compagnies des grenadiers durent les accompagner dans les chaloupes jusqu'à destination (Journal de l’Orient, cité par Duchatellier, t. II, p. 13).

Leur détention devait prendre fin par application de la loi promulguée le 15 septembre 1791, portant amnistie la plus générale sur tous les faits politiques et militaires de toute nature, à compter du 1er juillet 1789.

Mais les portes de la prison ne s'ouvrirent pas immédiatement devant « les prisonniers d'État » [Note : A la séance du 6 juillet 1791, le procureur de la commune du Port-Louis, Ollivier, lit une lettre de M. de Chevigné, commandant la ville et la citadelle, que ne croit « pas pouvoir prendre sur lui, dans un moment où le département lui a confié des prisonniers d'État, de mettre d'autres officiers que ceux de troupes de ligne, malgré le zèle connu des officiers et sous-officiers de la garde nationale.... » — Ce même registre des délibérations du conseil général de la commune du Port-Louis porte à la date du 25 juillet une mention inachevée et ensuite rayée comme si elle avait été portée par erreur sur ledit registre. Je ne l'ai pas retrouvée ailleurs. La voici : Prisonnier — Il vient d'être fait un remboursement de 5.169 l. 11 s. 3 d., à M. d'Allairac, détenu à la citadelle de notre ville. Comme cette somme a été numérée à la municipalité, nous avons cru que la prudence exigeait que cette somme ne fut...]. Les membres du conseil général de Port-Louis ne reçurent que le 30 ou 31 septembre une lettre des administrateurs du district d'Hennebont, accompagnée de la lettre du département ordonnant en ces termes la mise en liberté :

« Donnez, Messieurs, la volée à tous les détenus en la citadelle de Port-Louis, de quelque qualité et condition qu'ils soient. Deux ministres, celui de l'Intérieur et de la Justice, nous mandent aujourd'hui qu'ainsi doit être fait suivant le décret d'amnistie .... ».

A Malestroit, les autorités avaient déjà envisagé, et non sans quelque inquiétude, le retour des prisonniers faits au Pré-Clos. Le 21 septembre, le procureur de la commune, après avoir donné au conseil lecture de lettres convoquant à Vannes pour le 25 les volontaires nationaux, avec prière de prévenir les inscrits pour ce service, ajoutait :

« Ces Messieurs paraissent exiger qu'on donne des armes à ces volontaires. Je crois, Messieurs, que nous en sommes trop dépourvus pour nous défaire du petit nombre que nous avons, eu égard aux circonstances où nous sommes, particulièrement au moment où Messieurs de la ci-devant noblesse, par l'amnistie accordée, rentreront chez eux, surtout ceux détenus au Port-Louis qui nous avoisinent de si près ».

Et le procureur saisissait cette occasion pour demander une fois de plus au directoire du département l'envoi d'une garnison à Malestroit. Cette fois enfin, l’argument, porta, et Malestroit reçut un détachement du régiment de la Guadeloupe. Peu de temps après, M. de la Ruée s'embarquait avec sa famille pour Jersey.

Son exemple fut suivi, car je relève dans la liste des émigrés possédant des biens dans le Morbihan, des noms déjà cités au cours de ce travail :

NOMS - SURNOMS - DERNIER DOMICILE.
D’ALLAIRAC, frères … - Fournier…. - Alleyrac, district de Redon.
CASTELLANT, aîné ….
CHAIGNART …. - de Kernois…. - Malestroit – Ploërmel.
DUBOUAYS …. de Laguyondais… - Caro… - Ploërmel [Note : J'ai respecté l'orthographe du relevé : bien que différente, il s'agit des deux frères Dubois dont il a été question plus haut ; la liste des émigrés porte plus loin : les deux fils de Vve Dubonay de Beauregard. Il semble bien que ce soient les mêmes].
DUBOIS, Gabriel-Fidèle de St-Conan. [Note : J'ai respecté l'orthographe du relevé : bien que différente, il s'agit des deux frères Dubois dont il a été question plus haut ; la liste des émigrés porte plus loin : les deux fils de Vve Dubonay de Beauregard. Il semble bien que ce soient les mêmes].
de LARUÉE père et ses fils …. - Tréal – Rochefort.
DUBOIS fils, ayant père et mère - Baudry… - Monterrein.
GOURRO … de Pommery, militaire. - Sixt - Redon.
KEROUANT fils, aîné ayant son père … - Caro - Ploërmel.
LABOURDONNAY … - de Laruée.
LABOURDONNAY... - de Malleville. - Ploërmel - Ploërmel.
LABOUEXIÈRE, off. de marine [Note : Possède des propriétés en Carentoir, district de Rochefort] .......
QUÉLO, L.-Armand-Henri, militaire … - Redon - Redon.
RADO, frères … Carentoir - Rochefort.
Et dans les « listes supplétives » :
BOISBAUDRY, les 3 fils. Monterrein - Ploërmel.
DUVERGIER et LA RUÉE. sa femme (Observation : on les croit dans la ci-devant Basse-Bretagne) ... Caro district de Ploërrnel.
MERLAY, Olivier, ci-devant grefier… Malestroit -Ploërmel.

Les dometiques arrêtés rentrèrent chez eux : l’administrateur du directoire du district de Rochefort nommé séquestre en retrouva deux : Mathurin Brohan et Julien Lanée, lorsqu'il alla, le 25 juin 1792, faire l'inventaire des meubles au château du Pré-Clos (Arch. dép. S. L.).

M. Joseph-François-Louis de la Ruée, déjà très âgé, mourut-il en exil, sans être entre temps revenu en France ? Oui, d'après les renseignements qui m'ont été communiqués par Mlle Flavie de la Ruée, sa petite-fille. Il mourut à Jersey ainsi que sa fille, Mme de Guitton. La gravité de la maladie que précéda sa mort empêcha son fils, Joachim de faire partie de l'expédition de Quiberon. C'est donc fort probablement de son frère, François-Louis-Clément, demeurant au château de la Danaye en Carentoir [Note : Franscis-Louis-clément de la Ruée, demeurant à la Danaye, en Carentoir, était, on se le rappelle, parmi les prisonniers faits au Pré-Clos. Il ne figure pas sur la liste des émigrés], et qui fut, parmi les prisonniers faits dans la nuit du 29 ou 30 juin, qu'il s’agit dans le très intéressant document par lequel je finis et où il sera pour la dernière fois question du Pré-Clos et de ses hôtes de 1791.

Le 20 ventôse, an IV (10 mars 1796), la colonne mobile du détachement du 1er bataillon de Seine-et-Oise, en cantonnement à Malestroit, s'emparait d'un jeuhe homme de 18 ans originaire du Frêne, en Caro.

Conduit à Malestroit, il est interrogé par le « commandant de la place en état de siège » et le commandant de la garde nationale. Pris de peur, il déclare que les chouans l'ont de force enrôlé parmi eux, et il raconte tout ce qu'il sait : .... « M. de Castel retire et reçoit aussi bien les chouans que M. Hervé [Note : Il s'agit ici d'Hervé de la Provotais, demeurant à Coëtion, en Ruffiac, qui, d'après la même déposition, « recevait chez lui journellement la cavalerie des Chouans, au nombre de trente, tous bien montés. Ils attendent de devenir en plus grand nombre et doivent être un cent complet. Ils font chez ledit Hervé bonnè chère : le fricot ne leur manque pas ». Pour remonter leur cavalerie, les Chouans arrêtaient les voitures des commerçants de Malestroit sur la lande de Lanvaux lorsqu'ils se rendaient ou revenaient de Roche-des-Trois, ou encore sur la route de Ploërmel. Ce même dossier de 1796 contient nombre de plaintes à ce sujet. Ainsi M. de Closmadeuc montait le cheval d'un tanneur de Malestroit, nommé Pierre Thétiot, arrêté sur la route de Ploërmel le 26 pluviôse, et tué le 28 dans un bois entre la Fresnaye et Réminiac (Arch. mairie de Malestroit)] ; ils y sont fort souvent.

Le nommé Davalo, au Rocher en Tréal, distribue les fusils les jours de rassemblement et les remet dans un magasin quand les chouans se retirent chez eux.

Les rassemblements, tant de cavalerie que d'infanterie, se font tous les vendredis de chaque semaine et durent trois ou quatre jours, suivant l'exigence des circonstances. Ces rassemblements se font ordinairement au Pré-Clos, au Rocher et au Binio ; les petits rassemblements sont de 300 hommes ; quand tout le canton que commande M. de Closmadeuc [Note : Orvoy de Closmadeuc, officier en 1784. Emigré en 1791, sert au régiment de Conti. Rentré à Quiberon, est fait chef de division dans le Morbihan par M. de Mallebrun, lors de la maladie de M. Dubouays, jusqu'en 1796] est rassemblé, ils sont au nombre de 1.500 : leur cavalerie porte une espèce d'uniforme de hussards.

Le vieux Laruée, son fils et son domestique, sont chefs de chouans… » [Note : Interrogatoire d'Yves Madouasse. Le procès-verbal signé « Seguin, commandant de la place en état de siège, et Bains, commandant la garde nationale », mentionne encore comme chefs de chouans : Le marquis de Guer — son fils — son domestique — M. de la Motte — M. de Coibo — Louis Noblet, de Belangeart — Dubois, frère de celui de Caro, capitaine — Caro, de Ruffiac, capitaine — M. Jouano, du Lobo, en Caro, capitaine. — « Kerouant, du Bois-Ruault, fait de sa maison un repaire de chouans, son fils est du nombre. — Ledit Dubois, qui est nommé ci-devant, gendre de Tristant, demeure actuellement au Tay, en Caro, embauche et a proposé à l'interrogé de l'enrôler parmi les Chouans. — Le nommé Loizel du Patis, demeurant à La Glinville, commune de Réminiac, fait de sa Maison un tres fort repaire de chouans, ledit Loizel étant lui-même chef comme capitaine... etc ... ». (Archives, mairie de Malestroit)].

Louis MARSILLE.

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