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TREGASTEL ET LA REVOLUTION

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TREGASTEL ET LA PATRIE EN DANGER.

L'effort de guerre que le gouvernement demandait à nos communes rurales ne fut certainement pas fourni avec tout l'enthousiasme souhaité. La Patrie qu'il faut défendre loin du hameau natal était alors une notion bien abstraite et trop neuve. Les levées périodiques de conscrits pour les armées de la République ne furent jamais acceptées de gaieté de coeur ; et la fleur au fusil, l'élan patriotique ne caractérisèrent jamais nos populations paysannes de l'époque.

La BRETAGNE se situait bien loin des champs de bataille. Mais en 1792, la FRANCE avait un besoin urgent de soldats. Par la loi du 22 juillet, le département des Côtes-du-Nord doit lever un contingent de 2097 hommes. Devant le nombre dérisoire de volontaires, on décide de procéder par tirage au sort. La date est fixée au 9 septembre. La réplique à cette décision, ce sont partout, dans les districts de LANNION et PONTRIEUX, des rassemblemnts de paysans armés de fourches, de bâtons, de fusils. Le Tocsin sonne, le drapeau rouge de la loi martiale flotte aux clochers. On crie "Le Roi et l'ancienne foi". On fait donner la garde nationale. A PONTRIEUX celle-ci tire, tuant huit manifestants. On procède à des arrestations. Le 19 mars 1793 on juge une quarantaine d'émeutiers. Bilan : 9 condamnations à mort dont 6 effectives. Pour l'exemple, la guillotine départementale fonctionnera successivement à SAINT-BRIEUC, PONTRIEUX, BROONS, DINAN, LOUDEAC, ROSTRENEN, à raison d'une tête par localité. A LANNION, on met le canon en position. Des mutins sont arrêtés.

Le meneur, Guillaume LE CAM, cultivateur à TONQUEDEC, sera condamné à mort par contumace. Un autre cultivateur de PERROS, Yves LE PENNOU purgera "six ans de gêne".

A PERROS-GUIREC, "les jeunes gens du canton, rassemblés par paroisse dans le cimetière à l'issue de la grand-messe, ne montrent pas, à l'exception de ceux de TREBEURDEN et de PLEUMEUR, de meilleures dispositions. Ceux de KERMARIA-SULARD tombent à bras raccourcis sur deux individus qui ont manifesté l'intention de s'engager et les rossent d'importance ; Ceux de SAINT-QUAY, s'armant de pierres, lapident le vicaire jureur LE ROUX [Note : Il s'agit du vicaire constitutionnel de TREGASTEL, J.C. LE ROUX (voir par ailleurs)] qui les exhorte à se soumettre à la loi, et l'obligent à se réfugier chez le curé constitutionnel de PERROS [Note : LE BRICQUIR], puis tournant leur colère contre les commissaires du districts, ils les contraignent à remonter précipitamment à cheval et à reprendre au galop de leurs montures la route de LANNION" (Bulletin de la Société d'Emulation des C.D.N 1943. H. POMMERET).

L'année 1793 sera l'année de deux grands recrutements : la levée des 300 000 hommes de février et la levée en masse de l'automne qui concernera les hommes de 18 à 40 ans, célibataires ou veufs sans enfants. C'est aux communes de s'organiser au mieux pour fournir leur quote-part de conscrits.

Pour la levée des 300 000 hommes, le contingent du canton de PERROS est fixé à 29. Les communes PERROS, TREGASTEL, TRELEVERN et TREBEURDEN sont dispensées de recrutement parce qu'elles ont la charge des garde-côtes. Les conscrits sont levés sur SAINT-QUAY (6 hommes), LOUANNEC (7 hommes), KERMARIA-SULARD (6 hommes), PLEUMEUR-BODOU (9 hommes), et TREVOU-TREGUIGNEC (1 homme). A noter que SAINT-QUAY, KERMARIA et TREVOU mirent très peu d'empressement pour fournir leur contingent. Elles se firent rappeler à l'ordre. Pendant ce temps la Vendée royaliste se soulève. En mai, les Vendéens menacent NANTES. Les Côtes du Nord décident de procéder à une deuxième réquisition afin de former un contingent de 6000 hommes "pour marcher sur la Vendée", dont 500 du district de LANNION. François SALAUN, de PERROS et Yves PASQUIOU, de TRELEVERN, représentent à eux deux tout le canton de PERROS, alors que la seule ville de LANNION en envoie 27.

Dans les dernières années de la Révolution, on constate partout la présence de nombreux déserteurs. Il semble d'ailleurs que les gendarmes mettent peu de zèle à les traquer. "Beaucoup de marins arrêtés et confiés à la gendarmerie trouvent les moyens de s'évader, rentrant dans leurs communes où ils restent tranquilles" [Note : A. D. des C. du N. 55 L 22. Arrêté de l'adm. des C. du N. du 15]. Le nombre de ces déserteurs est impressionnant. On peut le constater en lisant l'"Etat nominatif de tous les marins et novices existant actuellement sur le canton de PERROS-GUIREC qui ne sont pas pourvus de congés absolus et limités" que fit dresser le directoire exécutif des Côtes-du-Nord le 10 février 1797. En clair, il s'agit d'une liste de marins déserteurs. Pour la seule commune de TREGASTEL, 18 hommes sont en situation irrégulière. Il s'agit de Noël DUTRET (probablement DUTERTRE), Louis LE CALVEZ, Yves THOMAS, Hervé LE POULDU, Mathieu ROPERS, Yves THOMAS (fils de Jean), Yves QUEMPER, Etienne GOELAEN, Joseph LE MELLOT, Pierre ALLAIN, Hervé ALLAIN, Jacques ROPERS, François LE BAIL, Guillaume LE BAIL, François LE COZIC, Pierre LE BRAS. Seuls Pierre DUTARD (probablement DUTERTRE) qui a un congé signé d'un représentant du peuple, et François LE PENHUEL qui est versé au service des côtes, sont en règle avec la Marine [A. D. des C. du N. Liasses Marine non classées (communiqué par Jacques ROIGNANT)].

Les réquisitions des hommes s'accompagnèrent logiquement de réquisitions de chevaux, bovins, grains, paille, foin. Il fallait bien que l'intendance suive.

Dès 1794, la fourniture en grains, répartie par commune et sous la responsabilité du maire, devait être livrée obligatoirement aux marchés de LANNION qui se tenaient les quartidis et les nonidis et où un comité spécial était chargé de contrôler les livraisons. C'était évidemment une contrainte qui ne plaisait guère. Ainsi le maire de PERROS, Louis DANIEL, convoqué à LANNION pour justifier son refus de livrer du grain, demande que sa commune soit dispensée de livraisons à LANNION parce qu'elle doit "pourvoir à la subsistance de 536 consommateurs qui ne cultivent pas". La commune de TREGASTEL est évidemment astreinte à ces réquisitions. Ainsi, d'octobre 1794 à janvier 1795, la répartition est la suivante [Note : Source : 1 feuille volante trouvée dans un cahier de délibérations de la commune de TREGASTEL. C'est le seul document d'archives sur la période révolutionnaire qui existe à la Mairie de TREGASTEL] :

Marché du 19 octobre 94 : - Claude LE BROZEC, François LE PLATINEC, François LE BOUFFANT, Roland THOMAS : 1 quintal [Note : Cent livres] de froment chacun.
- Gilles PRAT, Jean LE BROZEC, Mathieu TOUDIC, François KERAUDREN, Jeanne LE COULS, Yves LE BAIL : 1 quintal d'orge chacun.

Marché du 25 novembre : - Yves ROPERS, François LE MARECHAL, Nicolas QUEMPER, Jean LE GUILLOUZER, Nicolas LE GOFFIC (de Toul ar Hourtez), Louis ALLAIN : 1 quintal de froment chacun. - Marie LECOR, LE BIHAN, Gilles PRAT : 1 quintal d'orge chacun. - Joseph DANIEL : 1 quintal de meteil [Note : Mélange de seigle et de froment, ou d'avoine et de froment, ou encore de seigle et d'avoine].

Marché du 5 (ou 20 ?) décembre : - Pierre DANIEL, François LE BOUFFANT, François KERAUDREN, GEFFROY, Jean PRIGENT, Jacques BERNABLE : 1 quintal de froment chacun. - Marie KERAUDREN, Jean LE GUILLOUZER, François LE BIVIC : 1 quintal d'orge chacun. - François LE BIVIC, de Gorgon : 1 mouton ou bribis (sic).

Marché du 10 janvier 1795 : - Guillaume GUELOU, Jean Paul LE COULS (Kerougant), François LE COULS, Jean LE BROZEC, Joseph DANIEL, François THOMAS, Yves GUILLOU, Jeanne LE COULS : 1 quintal d'orge chacun. - Marguerite LE BIVIC, Jeanne LE COULS : 1 quintal de seigle chacun.

Marché du 24 ou 29 janvier 1795 : - Yves LE TENSORER, Nicolas QUEMPER, François LE PLATINEC, Guillaume LE BRAS : 1 quintal de froment chacun. - Marc KERAUDREN, Jean PRIGENT, François LE POULDU, Gilles LE MERRER, Jules LE BARS : 1 quintal de froment chacun.

(Emmanuel Mazé).

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