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Vieilles coutumes de Trémaouézan.

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I. Processions.

Le P. Cyrille nous apprend que de son temps, Trémaouézan était un célèbre lieu de pélerinage, où se donnaient rendez-vous les populations circonvoisines, surtout en temps de peste et de maladies contagieuses.

Nos archives, hélas, ne contiennent rien qui puisse nous renseigner sur le « grand nombre preuves indubitables » des faveurs accordées par la Sainte Vierge aux pieux visiteurs de sa chapelle. Les gens du pays chiffrent volontiers par milliers — un miracle par jour, disent-ils, s'accomplissait à la fontaine de Notre-Dame — les grâces insignes obtepar l'intercession de la Madone de Trémaouézan, mais, en fait de souvenirs précis, ils n'ont gardé que celui du prodige qui se rattache à la construction de la chapelle neuve. Les comptes, cependant, confirment, à leur façon, malheureusement par trop briève, les dires du P. Cyrille touchant la dévotion de la région d'alentour à N.-D. de Trémaouézan. Grâce à eux, nous savons qu'au grand pardon de N.-D. qui se célébrait le dernier dimanche d'Avril, prenaient part les processions des trois paroisses de Landerneau (Saint-Houardon, Saint-Thomas et Saint-Julien), ainsi que les processions de Ploudaniel, Plounéventer et Plouédern, et quelquefois celle de Lanneufret. Notre-Dame recevait encore la visite de processions étrangères, en dehors du jour de son pardon, par exemple, de celle de Plouédern, à la fête du Sacre, de Landerneau qui, en 1647, y vint « en procession extraordinaire pour demander, du beau temps », de Plounéventer, qui s'y rendit avec ses reliques, en 1730.

Le pardon du mois d'avril, le grand pardon, qui faisait autrefois accourir des milliers de pèlerins aux pieds de Notre-Dame, a été supprimé, voilà un certain nombre d'années et remplacé par le pardon de Saint Jean-Baptiste, qui n'est, cependant ni patron ni titulaire de l'église.

De leur, côté, les tréviens se rendaient, chaque année, en procession solennelle à la mère-paroisse, au jour de la fête du patron, Saint-Guinien ; ils visitaient aussi deux autres paroisses qu'on ne nomme pas, mais qui ne peuvent être que Plouédern et Plounéventer.

 

II. Reliques.

Ce qui attirait les foules à Trémaouézan, c'était évidemment les nombreuses grâces que Notre-Dame y distribuait, mais c'était aussi les saintes reliques qu'on y gardait : « Heureuses, dit M. de la Borderie, les églises en possession de reliques illustres ; sans cesse elles voyaient de pieux visiteurs remplir leur enceinte et vénérer leur sanctuaire ».

En fait de reliques illustres, l'église de Trémaouézan n'avait rien à envier aux sanctuaires voisins, puisqu'elle détenait une relique notable de Saint Jean-Baptiste et une autre de Saint Goulven. Ces vénérables restes existent toujours.

La relique dite de Saint Jean est un fragment d'humérus droit dont l'épiphyse inférieure est dégradée et dépourvue de son épicondyle. L'os mesure 20 cm 1/2. Il est percé sur toute sa longueur d'une quinzaine de trous remplis par des épingles en laiton qui ont apparemment servi à le fixer dans une gaine de soie ou de velours. Le reliquaire qui le contient est une petite boîte en bois de forme rectangulaire recouverte de velours rouge, portant sur l'une de ses grandes faces : St IAN BAPT ; et sur l'autre : L'AN 1801.

La relique de Saint Goulven, longue de 11 mc 1/2, est la partie supérieure de l'humérus droit, présentant nettement la gouttière bicipitale. Elle est renfermée dans un modeste coffret en zinc peint, sur lequel on lit cette inscription : RELIQUES DE SAINT GOULVEN.

Voici d'après une pièce conservée aux archives de l'évêché de Quimper, dans quelles conditions ces reliques ont traversé les plus mauvaises années de la période révolutionnaire :

8 février 1805. A M. Larchantel, grand vicaire de Quimper — à Quimper. Monsieur, Pendant la Révolution, j'avais mis les boëtes des reliques de Saint Jean-Baptiste et de Saint Goulven, évêque, dans une maison particulière. La colonne mobile arriva pour faire la fouille, et on mit les boëtes en terre ; On les y laissa trois ans, de façon que les bulles ou induits qui étaient dans les boîtes pourrirent tout à fait ; on a conservé les reliques et on a fait des boites neuves. Je vous demande si je puis les exposer à la vénération peuple ; j'ose même vous prier de demander à Monseigneur l'Evêque un indult qu'on pourra poser dans les boëtes comme il y avait auparavant, crainte que dans la suite on pourrait en douter, faute de trouver les pièces authentiques...

Ayez la bonté de me donner un mot de réponse, si le tems vous le permet, pour me tirer d'embarras et soyez persuadé que je suis avec les sentiments très soumis et très respecteux,

Monsieur, Votre très humble et très dévoué serviteur, G. HUGUEN, desservant de Trémaouézan.

Comment ces reliques sont-elles arrivées à Trémaouézan ? Les bulles ou indults dont parle la lettre de M. Huguen et qui ont si malheureusement péri nous l'auraient peut-être appris. Après cette perte, nous ne pouvons que nous livrer à des conjectures.

Ce qui nous paraît le plus probable touchant la relique de Saint Jean, c'est qu'elle a été apportée de Palestine au temps des Croisades par un seigneur appartenant à l'une des nobles familles qui ont bâti l'église de Trémaouézan qui a précédé celle-ci, seigneur qui faisait sans doute partie de l'Ordre du Temple ou de l'Ordre de Malte.

Pour ce qui est des reliques de Saint Goulven, une hypothèse est vraisemblable. On a vu que les Penmarc'h ont été les fondateurs de notre église. Or les droits de l'église de Goulven étaient entre les mains de ces seigneurs « qui s'intitulaient sires et barons de Goulven dont ils avaient la pleine mouvance ». Cela étant, n'est-il pas permis de croire que les seigneurs de Penmarc'h auront facilement obtenu une partie des restes de Saint Goulven pour en enrichir leur chère église de Trémaouézan ? [Note : « En 1533, dit Dom Plaine, le B. Yves Mahyeuc, évêque de Rennes, retira de la châsse de Saint Goulven un os du bras pour en gratifier la paroisse de Goulven dans le Léon. Il y eut sans doute d'autres distributions du même genre sur lesquelles nous manquons de renseignements, mais qui diminuèrent d'autant le précieux trésor des reliques saint Goulven » (Bulletin de la Soc. Archéol. du Finistère, 1890, p. 31)].

Nombreuses étaient les fêtes où les reliques de la trève étaient exposées. Aux jours de grande affluence, on les descendait jusque sous le portail de l'église, ou toute une installation les protégeait contre vent et pluie. Inutile d'ajouter qu'elles étaient de toutes les processions solennelles ; on les voit même, certaines années, faire le voyage du Folgoët, pour la fête du huit septembre. Le plus souvent, on se contentait de les transporter sur les routes fréquentées des pèlerins.

Lors de la grande fête du Folgoët et durant la foire d'une semaine qui là suivait, un prêtre et un des marguilliers en charge s'en allaient offrir une partie de ces reliques à la vénération des passants sur la route royale de Landerneau à Lesneven, auprès du hameau du Penfrat, à un km. au nord de la chapelle de Saint-Eloi. Pendant le même temps, un autre prêtre avec le second marguillier, se tenait sur la route de Trémaouézan à Ploudaniel et au Folgoët, à l'entrée du marais de Langazen, à l'endroit où un petit abri portait nom de Ti-ar-Rélègou, (maison des reliques).

Le 14 septembre, jour de l'Exaltation de la Sainte-Croix, avait lieu à la vieille chapelle de Lochrist, en Plounévez, un autre pardon qui attirait presque autant de monde que celui du Folgoët et, comme la route qui mène de Landerneau à Lochrist passe sur le territoire de Trémaouézan, un peu à droite du bourg, les reliques de la trève sortaient encore, et cette fois, on les plaçait au pied d'une des croix qui bordent le chemin, tantôt auprès de Croas-ar-Feunteun-Ven, tantôt auprès de la Croix neuve, contre le soubassement de laquelle une grande pierre plate servait d'autel pour les déposer.

Cette route de Landerneau à Lochrist est semée de croix. On en rencontre au moins treize, de toutes formes et de toutes dimensions, dans la portion de chemin qui s'étend de Landerneau jusqu'à Saint-Méen, c'est-à-dire sur un espace d'environ douze kilomètrès.

Quelques-unes des plus anciennes ressemblent aux vieilles croix de Trémaouézan qui sont aussi, du reste, sur cette route et portent, comme elles, en leur centre la croix orientale inscrite dans un cercle. Il est possible que les Normands, débarqués sur la côte du Léon aient suivi cette voie dans leurs incursions vers Landerneau.

Quoiqu'il en puisse être, il semble que ce n'est pas sans intention qu'on y a planté tant de croix. Le pardon de Lochris était en le pardon de la croix. Le chemin dont nous parlons, qui voyait chaque année passer d'immenses multitudes de pèlerins, était donc un vrai Chemin du Calvaire, dont les croix que l'on trouve de kilomètre en kilomètre étaient les étapes. Nul doute que le Christ de la dernière Station ne fût grandement secourable aux pauvres gens qui avaient tant de fois prié et pleuré en chemin, au souvenir de sa passion...

Le saint-Précurseur était invoqué à Trémaouézan, comme à Saint-Jean-du-Doigt, à Plougastel, à Saint-Jean-Botlan, en Edern et en plusieurs autres lieux du Léon et de la Cornouaille, pour les maux de la vue. Après avoir prié devant les reliques du saint, les pèlerins de Trémaouézan se faisaient appliquer sur les yeux deux boules en cristal ayant la forme du globe oculaire, et qu'on appelait Billiennou-Sant-Yan (billettes de Saint Jean). Ces billettes existent toujours, mais l'usage qu'on en faisait a cessé depuis quelques années.

Aujourd'hui, Saint-Jean ne reçoit plus d'honneurs particuliers à Trémaouézan, si ce n'est le jour de son pardon, qui a, comme on l'a dit, supplanté l'antique pardon de Notre-Dame. La veille de la fête, le feu traditionnel auquel chacun apporte sa bûche ou son fagot, s'allume à côté de la fontaine du saint. On n'a pas manqué de se munir de l'herbe de Saint Jean (la joubarbe) ; on la passe sur les flammes, on s'en frotte les yeux, après quoi, elle est rapportée à la maison et conservée dans la famille avec autant de soin que le bouquet de laurier ou de buis du dimanche des Rameaux.

 

III. Le Vin de Pâques.

Un autre usage d'autrefois et qui a depuis longtemps disparu, consistait à donner un peu de vin aux fidèles après la communion, du moins aux jours de grandes fêtes. (Ici on n'en donnait que pendant le temps pascal, aux jours de grande affluence à la Sainte-Table). On en trouve de fréquentes mentions dans les comptes : Les comptables « ont acheté du vin, selon l'ancienne coutume, pour donner aux habitants de la trève après avoir été communiés, le jeudi absolu (jeudi saint), le dimanche de Pâques et le samedi blanc » (le samedi après Pâques). 1664.

« Il ne faudrait pas conclure de ce vin donné pour la communion, que la communion sous les deux espèces fût en usage en Bretagne ; mais à Pâques et aux principales fêtes de l'année, l'on donnait aux fidèles qui avaient communié un peu de vin, comme c'est encore l'usage pour les ordinands. » (Bulletin Diocèsain, II 244).

 

IV. Quenouille.

Le pays de Léon étant jadis grand producteur de lin, ce précieux textile vient en bon rang dans la liste des offrandes que l'on relève dans les vieux comptes de nos églises. Celle de Trémaouézan recevait des bottes, des poignées, des paquets, des quenouillades de lin, — ainsi disent nos marguilliers — presque tous les dimanches et fêtes de l'année. Le fil ainsi recueilli était vendu tous les deux ans et produisait une somme variant entre cinquante et soixante livres.

L'usage voulait que chaque famille offrit une petite part de sa récolte de lin à l'église, et les ménagères étaient invitées à faire leur offrande d'une façon assez originale. On peut d'ailleurs en parler au présent, car la vieille coutume existe toujours au début du XXème siècle. Chaque année, aux trois premiers dimanches de Janvier et d'Août, un marguillier qu'on appelle le fabricien de Sainte Anne, prend une quenouille garnie de lin et ornée d'un ruban de soie bleue, et tout en faisant sa quête parmi les fidèles ; il touche légèrement de la hampe de la quenouille quelques-unes des ménagères qui assistent à l'office. C'est ainsi que l'on rappelait jadis que le temps de faire l'offrande de lin était venu. C'est, aujourd'hui qu'on ne cultive plus cette plante dans la paroisse, une discrète invitation à participer à l'offrande du pain bénit qu'un marguillier distribue tous les dimanches pendant l'office. La pratique que nous signalons existe encore au début du XXème siècle, mais avec quelques variantes dans la forme, dans plusieurs paroisses du Léon et de la Cornouaille.

 

V. Rites Funèbres.

Quelques rites funèbres usités à Trémaouézan et, sans doute, dans d'autres paroisses du diocèse, sont aussi à noter. Ils témoignent de la profondeur des sentiments chrétiens chez nos Bas-Bretons, et du souci qu'ils ont du salut éternel de leurs trépassés.

Assistant un jour à la mort d'un homme de notre paroisse, nous fûmes singulièrement édifié de voir, aussitôt le décès constaté, la veuve, faisant trêve à la douleur, venir s'agenouiller sur la pierre du foyer, à la place qu'affectionnait son cher défunt et réciter lentement le De Profundis. Quand elle eut fini, les personnes présentes, en commençant par les plus proches parents du décédé, répétèrent la même prière. Ce n'était là que le prélude des longues exorations qui se font dans ce pays, à la veillée d'un mort, jusqu'à l'heure du convoi.

Quand, un instant avant le départ pour l'église, vous quittez la maison mortuaire, une personne, à la porte, vous présente de l'eau bénite et vous invite à vous signer : réminiscence peut-être des temps lointains où la Loi obligeait à se purifier les Juifs qui avaient subi le contact d'un cadavre.

Lorsqu'un convoi funèbre, se dirigeant d'un des hameaux de Trémaouézan vers le bourg paroissial, passe à côté des croix du chemin, le cortège s'arrête et les porteurs du corps s'approchant de ces croix, y font toucher le cercueil. La même cérémonie se répète au pied de la croix du cimetière. C'est le dernier baiser au Christ, le suprême hommage rendu ici-bas à l'image vénérée auprès de laquelle on aura passé tant de fois en murmurant une prière, un humble et suppliant appel à la clémence du Juge. (J. Mével).

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