Jean URVOY

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  Originaire du pays de Dinan, Jean URVOY fut instituteur puis professeur au collège de Dinan. Jean Urvoy a vécu à Saint-Michel-en-Grève (4, route de Bellevue), une partie de sa retraite où il aimait venir passer ses vacances d'été. 

  Il a fréquenté Saint-Michel-en-Grève de 1933 à 1989 sauf pendant la guerre de 1939-1945.  

  Il compte parmi les peintres et graveurs bretons du XXème siècle. Peintre autodidacte, il a occupé ses moments de liberté à écrire, peindre, dessiner et graver. 

  Il a publié plusieurs albums de bois gravés : Les chansons du XVIIIème siècle (en 1932), Images de la Rance (en 1934), Pardons (en 1936), Bouts de Bois (en 1983), et illustré Dinan, ville féodale (en 1959) et Saisons bretonnes de Jacques Petit.

 

Jean Urvoy (1898-1989)

Chevalier de la légion d’honneur – Palmes académiques

 

Jean Urvoy, originaire de Dinan, découvre le Trégor en 1933. Dès lors, à l’exception de la période de la Seconde Guerre mondiale, il passe ses vacances  à Saint-Michel-en-Grève où son beau-père originaire de Plestin-les-Grèves possède une maison, la villa Sole Mio  qui avait appartenu, disait-il, au compositeur de cette  célèbre chanson. La retraite venue, il s’y installera de Pâques à octobre.

 

Après ses études à l'Ecole Normale de Saint Brieuc, Jean Urvoy devient instituteur délégué au cours complémentaire de Rostrenen avant de partir à la guerre. Démobilisé après avoir participé à l’occupation de la Ruhr, il sera nommé au collège de Dinan où il enseignera le français, l’histoire et la géographie, tout en poursuivant ses études à la Faculté des Lettres de Rennes. Mais depuis 1924, il n’a jamais cessé de peindre, dessiner et de graver sur bois. Il n’avait fréquenté aucune Ecole, aucun Atelier, mais il avait de nombreux artistes comme amis : Contel, Choubine, Floc'h, Rochereau, Gaspard Maillol ..

 

Le pays de St Michel-en Grève a été, avec la vallée de la Rance, le pays malouin, Cancale et la baie du Mont Saint Michel, une de ses principales sources d’inspiration.

 

En 1938 rendu soucieux par la perspective d’une guerre imminente, Jean Urvoy ne peint plus, occupant ses journées et son esprit à pêcher sur la côte. Capitaine de réserve, il sera mobilisé dès la déclaration de la guerre et envoyé sur le front de Lorraine. Le 19 juin 1940, fait prisonnier il est envoyé à l'Oflag VIII h aux confins de la Silésie. Le 14 août 1941, il sera libéré en tant qu’ancien combattant de la Première Guerre mondiale, en vertu des accords passés entre le Reich et l’Etat français. Pendant sa captivité Jean Urvoy a suivi des cours d’histoire de l'Art organisés par le capitaine Bossuat, docteur es lettres, professeur à l'Ecole nationale des Chartes. De ce séjour en Allemagne il a rapporté 21 aquarelles sur la vie du camp.

 

En 1949, le déminage de St Michel en Grève est enfin totalement achevé. Jean Urvoy, qui passait ses vacances à Cancale  depuis la fin de la guerre, retrouve avec bonheur le Trégor. Ses journées obéissaient à un rite immuable. Le matin, il partait en vélo, tantôt vers les falaises de Trédrez, tantôt vers Locquémeau. Il aimait en peindre le port le plus souvent à marée basse, toujours fasciné par les gris de la tangue, par la luminosité des verts, rouges ou bleus des coques de bateaux, ajoutant ici et là, quelques silhouettes de marins ou de pêcheurs à pieds avec lesquels il aimait à bavarder. Il était fasciné par les ciels tourmentés, comme il l’écrivait  à son ami l’écrivain Roger Vercel (prix Goncourt 1934), « Il fait un temps splendide, le ciel est d’un bleu stupide, j’aime mieux le ciel gris et la tempête ». L’après-midi, il cherchait plus volontiers l’inspiration dans la campagne bretonne autour de St Michel : Tréduder, Trédrez, Plufur, Saint-Carré, Lanvellec… à l’affût des « paysages plus âpres et plus austères de l’intérieur », des vieilles fermes et des chapelles, allant jusqu’aux confins du Trégor, à St Jean du Doigt, Plougasnou, Le Diben…

 

Il travaillait essentiellement à la gouache, technique avec laquelle il était particulièrement à l’aise et a réalisé de nombreux dessins à la mine de plomb qui sont le témoin d’une Bretagne à jamais disparue.

 

Jean Urvoy exposait de temps à autre (Dinan, Dinard, Guerlesquin, Paris, …) mais la création l’intéressait plus que tout. Il a édité Images de la Rance (1933), Pardons (1934) deux albums de bois gravés  préfacés par Roger Vercel (prix Goncourt 1934), Bouts de Bois (1985) préfacé par Sylvie Ollivier, et illustré de  gouaches La Rance de Roger Vercel (1950), de bois gravés Saisons bretonnes de Jacques Petit et Dinan ville féodale  (1959) (dont il avait écrit le texte). Ces ouvrages sont recherchés par les bibliophiles.

En 1998,  Dinan, sa ville natale, célèbre son Centenaire par une exposition - Jean Urvoy et la  Rance - et l’émission d’une carte commémorative. A cette occasion, une plaque est apposée sur le mur du collège.

 

Des expositions vont se succéder : à  Cancale (1999) avec édition d’un fac similé de son livre d’artiste La Houle, à Saint Briac dans le cadre du Festival d’art (2000), au musée de la Cohue à Vannes (2004).

 

Ses bois gravés sont présentés lors d’expositions : au Musée de Pont Aven (2000, 2002, 2005, 2006), au Musée départemental breton de Quimper (2005) et dans des livres : Impressions bretonnes de Philippe Le Stum (2005), Le Trégor (2006) l’un et l’autre aux éditions Palantines, Estampes de Bretagne (2006).

 

En 2004, les éditions d’Art de JP Bihr éditent son livre Présence de Lamennais, essai philosophique illustré de 43 dessins au fusain, préfacé par B. Heudré (auteur d’un ouvrage sur Lamennais), les éditions Coop Breizh  ses Contes du Trégor et d’ailleurs (2005).  Vers 1950, il se met à écrire car, disait-il « il y a bien des choses que je ne peux exprimer par la gravure, comment peindre le mysticisme, les peines et les souffrances des Bretons dans la guerre, sur les océans, la nostalgie du pays natal ».

 

Des articles sont parus dans la revue Ar Men, Jean Urvoy et Cancale par le professeur Delouche historienne d’art dans le n° 104,  Jean Urvoy en Trégor, gouaches et bois gravés dans le pays de saint Michel en Grève, par Martine Urvoy dans le n° 145.

 

Jean Urvoy, un des « Mille bretons » du livre de Jean-Loup Avril, est également cité dans « Les peintres de la Bretagne (volume I et II), le guide Gallimard de la côte d’Emeraude, la biographie de l’écrivain Roger Vercel. 

 

L’œuvre de Jean Urvoy, artiste autodidacte, graveur expressionniste que l’on apparente à Frantz Masereel, le grand graveur flamand, reste en partie à redécouvrir. Actuellement, seul le catalogue raisonné des bois gravés est terminé, celui des gouaches est en cours.