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Les Remparts de Vannes. — Les remparts et les fossés de la ville, érigés entre les IIIème et XVIIème siècles pour protéger la ville de Vannes, successivement afféagés à divers particuliers, étaient devenus des propriétés privées.

Les habitants, qui ne possédaient pas encore de promenades publiques, avaient cependant conservé la jouissance des portions de murailles situées à droite et à gauche de la tour du Connétable, entre la Porte-Poterne et la tour Poudrière. Ces deux courtines, auxquelles des escaliers donnaient accès, étaient très fréquentées, et on y avait installé des latrines publiques. La nuit, elles étaient le theâtre de débauches et de scènes scandaleuses dont un écho nous est parvenu dans une requête adressée le 28 décembre 1674 au comte de Lannion, gouverneur de Vannes :

« Supplient et vous remontrent les vénérables chanoines et gens du chapitre de Vannes qu'ils ont deux maisons semi-prébendées au haut de la rue des Vierges de cette ville possédées par Messires Hervé Abgral et André Puhé archiprêtres qui se plaignent journellement au chapitre de l'incomodité qu’ils souffrent la nuit par des filles mal notées et une jeunesse desbauchée qui fait un bordel public avec scandale sur les murailles de la ville qui joint et cottoie leur prébende, et dans une tour prochaine où ils se retirent en temps de pluies, tirent même continuellement avec des fusils et pistolets, en sorte que les dits archiprêtres n'osent sortir la nuit et ne sont même en sécurité dans leurs maison. — De tout les suppliants vous aiant cy devant fait leur plainte, vous leur auriez permis de faire clore les dites murailles depuis la tour du Conestable jusqu'à la susdite tour qui les voisine, ce qu'ils auroient fait ; mais comme l'armée des Hollandais aurait paru devant Belle-Isle, et allarmé toute la coste, mesme les villes voisines, vous auriez fait démolir les pans de mur que les suppliants auroient fait faire pour fermer la dite muraille, afin que la ronde y eut passée dans l'occasion ; or, à présent que l’armée des Hollandais s'est retirée et qu'il n'y a plus à craindre de ce costé, les suppliants requièrent, même noble homme Grégoire Rouxeau, maistre particulier, voisin des dites prébendes, et qui souffre mêmes incommodités, qu'il vous plaise, mon dit Sieur, aïant esgard à ce que devant, leur permettre de faire reclore les dites murailles et d'y faire mettre deux portes, l'une contre la tout du Conestable et l'autre contre la tour qui les avoisine, lesquelles portes ils offrent tenir ouvertes en temps de guerre, mesme de conserver les parapets des dites murailles au dedans de la dite closture, qui se ruinent et dont les pierres se desrobent la nuit par des massons de la ville pour accomplir des marchés de réparations qu'ils font avec les habitans, ce faisant vous obligerois les suppliants à prier Dieu pour votre prospérité et santé ».

La partie des remparts situé entre la tour du Connétable et le bastion de la Porte-Poterne servait encore aux exercices de tir, et était l'endroit où se faisait annuellement (le 1er mai) le concours dit du Papegault ou Papegay. Nous vous entretenons plus loin de jeu appelé aussi Joyaux.

(Étienne MARTIN).