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Chefs Vendéens et Bretons durant la Révolution

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Comment succombèrent les grands Chefs Vendéens et Bretons pendant la Révolution. Connurent-ils la paix du tombeau ? 

Les chefs vendéens et bretons furent de souche populaire ou nobiliaire, les premiers ont émergé par leur courage, les autres appartenaient à l'armée ou à la marine royale, ils étaient officiers de carrière, c'étaient des soldats. La noblesse de province était attachée à ses obligations militaires comme à une relique du Passé, la vie d'un officier à cette époque avait peu de rapport avec celle d'aujourd'hui, il ne passait en effet que six mois à l'armée puis il rejoignait sa famille car il n'était pas d'usage qu'elle l'accompagna dans une ville de garnison. En 1790, les clubs révolutionnaires avaient miné le moral de l'armée et les officiers avaient été incarcérés par les soldats, la Constituante voulut enfin exiger d'eux un serment qui effaçait le nom du Souverain et qui déliait les troupes de toute fidélité à la monarchie. Les officiers répondirent les uns en passant la frontière et les autres en rentrant dans leurs foyers. C'est dans ces circonstances que paysans vendéens et bretons vinrent frapper à la porte de ces derniers leur demandant de prendre leur commandement en cette croisade engagée par eux contre la Révolution. Quand tous ces chefs succombèrent ils étaient généralement jeunes. 

Cathelineau, le doyen, avait 45 ans et Stofflet était sensi­blement du même âge. Marigny avait 40 ans, Lescure, 34, Charette, Cadoudal et Bonchamps venaient tous trois d'atteindre 33 ans, coïncidence curieuse avec l'âge du Christ au nom de qui ils avaient pris les armes, La Rochejaquelein qui était de beaucoup le Benjamin fut généralissime à moins de 22 ans. Tous étaient dévoués corps et âme à la cause sainte qu'ils avaient embrassée, presque tous moururent pour elle. Quelles circonstances accompagnèrent leurs derniers moments et quelles destinées connurent leurs restes mortels ? C'est ce que nous nous proposons de relater en quelques courtes pages. 

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Charette

En 1796 il était peut-être le seul capable d'entretenir dans les coeurs vendéens le souffle de la lutte mais presque tous ses lieutenants avaient été tués dans les combats. Sur les ordres de Hoche, les généraux Travot et Grigny le poursuivaient sans relâche, l'inévitable arriva. Le champ où se mouvait le chef traqué se rétrécissait de jour en jour et le 23 mars, à l'orée du bois de la Chabotterie, les chasseurs de Travot le capturèrent, il était blessé. Angers, puis Nantes, Le Bouffay où tant de ceux pour qui il avait tiré l'épée avaient vécu des heures d'angoisse, son exhibition à travers Nantes lâchement commandée par le général Duthil qui lui, n'avait pas eu le mérite de le saisir, le jugement et la condamnation à mort : telles furent les stations du chemin de Croix qui conduisirent le Vendéen à la place Viarmes, dite alors des Agriculteurs. Après avoir conversé avec un des douze généraux qui se tenaient au milieu des troupes, embrassé son confesseur, Charette tira d'une écharpe son bras gauche blessé et, le levant, il donna lui-même au peloton d'exécution l'ordre de tirer. Il regarda si bien la mort en face qu'une balle enfonça un des globes oculaires sans en toucher la paupière (Note : La Bibliothèque de Nantes possédé le numéro du 9 avril 1796 d'un journal révolutionnaire appelé le "Bonhomme Richard", qui relate la mort de Charette et on y lit : il tomba les yeux ouverts sans brésiller, et ces deux derniers mots sont soulignés). Celui qui succombait était bien un brave parmi les braves et sa mort entraînait la fin de la guerre vendéenne dont il était l'âme. Qu'advint-il de son corps meurtri et transpercé de balles ? Presque tous les historiographes arrêtent là leur récit et il est certain, qu'à certains égards, leur tâche est achevée. A quelques pas de la place des Agriculteurs était le petit cimetière de Miséricorde, noyau de la nécropole actuelle, établi en pleine Terreur près de la chapelle de ce nom dont la Vierge vénérée de Saint-Similien conserve le souvenir, mais depuis le mois de Décembre 1793 il était fermé, ne pouvant recueillir de nouveaux corps. Restait la Bouteillerie, mais depuis quelques semaines, après le 24 janvier 1794, il avait fallu également la condamner. La mort, inlassable faucheuse, allait plus vite que les prévisions humaines, on ne savait plus en quel lieu il fallait inhumer. Pour parer à cette situation, la Ville fit aménager près de la route de Rennes, peu de distance de la Sauzinière une carrière depuis assez longtemps en exploitation. Elle longeait le ruisselet du Gué-Moreau, l'entrepreneur Richelot la mit rapidement en état, car le temps pressait. Si l'on s'en réfère aux documents incomplets que conservent nos archives municipales nous apprenons que du 15 janvier au 15 août 1794, 5639 corps y avaient été portés, le citoyen Daubigny nous en donne l'assurance en des pièces qu'il signe, soulignant son nom de sa qualité de véritable sans-culotte. Il spécifie sur un de ces états que 798 animaux crevés y furent également enfouis. Cette co-existence n'était pas faite pour effaroucher ce pur parmi les purs qui fait, par ailleurs, du champ de sépulture dont il avait la surveillance un tableau dantesque « bras et jambes surgissaient de la terre dont ils étaient insuffisamment recouverts » et ces apparitions frappaient d'autant plus la population nantaise qu'aucune palissade n'en interceptait la vue. 

Placé sur un chariot, le corps de Charette fut acheminé par les Hauts-Pavés, le « Chemin de Vannes » comme on disait alors et par un des sentiers qui rejoignait la carrière, puis jeté là enfin, au hasard au-dessus de ceux qui venaient probablement d'y trouver place. C'est ici que se situe une anecdote qui a été maintes fois relatée et dont voici la teneur : Jean Crazanne qui exerçait rue Crébillon la profession de plâtrier-figuriste se présenta vingt-cinq heures après l'exécution au cimetière de Rennes, il fit un moulage de la figure du Vendéen et, après avoir donné 16 sols aux fossoyeurs, se retira. Qui l'avait envoyé pour remplir cette mission ? évidemment des amis de Charette ; ce qui est certain c'est que le bruit courut bientôt qu'il avait enlevé le corps pour le livrer à ses partisans. Le plâtrier fut mis en demeure par les autorités révolutionnaires de la Ville de faire un nouveau moulage et conduit au lieu de sépulture par le commissaire de police Brussetié. Par bonheur pour lui, il retrouva le corps et put de nouveau réaliser son oeuvre. Fait curieux, ces deux moulages existent encore. Trente-deux heures s'étaient écoulées entre l'exécution des moulages, l'un est plus fin, plus délicat, l'autre offre des téguments plus flasques, il est bien le second en date, la mort a déjà fait son oeuvre. Et maintenant une question se pose anxieusement à notre esprit : comment se fait-il que le souvenir du lieu où gît le corps de l'illustre chef soit totalement oublié ? Il y avait pourtant à Nantes en mars 1796 sa soeur qui lui fut toujours si fidèlement dévouée, peut-être même sa femme qui, depuis longtemps, il est vrai, n'était pour lui qu'une étrangère, en tout cas de nombreux amis et sympathisants. Comment se fait-il que le gouvernement de la Restauration n'ait pas marqué par un monument l'endroit où reposaient plusieurs milliers de victimes parmi lesquelles Charette. Il n'y a pas doute, il fut bien question d'en élever un et en 1825 le propriétaire de la carrière acceptait de la vendre. Un nantais, M. Houeix de la Brousse se proposait d'enclore le terrain, de le planter d'arbres verts et de placer au centre sur une stèle de marbre noir une grande croix avec cette simple inscription : Pax illis. Cette initiative privée n'aboutit pas, sans doute craignait-on d'éveiller des susceptibilités en la grande ville où vivaient encore des hommes dont la conscience eut été quelque peu alarmée par cette évocation. Prenez aujourd'hui la petite avenue du Lavoir avant d'arriver au boulevard Le Lasseur, qui se douterait que c'est là, au bout de ce chemin quasi-campagnard, que se profilait la sinistre carrière ? Il y a quelques années, à l'occasion de je ne sais quelle réparation de voirie, de nombreux ossements dont personne ne connaissait plus l'origine ont été relevés en ce lieu. C'était pourtant là que, le 29 mars 1796, à la nuit tombante, avait été jeté le corps pantelant du Roi de la Vendée. 

Bataille de Vendée   François, Athanase Charette de la Contrie  

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Bonchamp

Celui-là était le véritable stratège de l'armée vendéenne. Grièvement blessé le 18 octobre 1793, à la bataille de Cholet, qui avait débuté pour les Royalistes sous les ailes de la victoire et qui s'était terminée par une irrémédiable déroute, il avait été transporté, à travers des chemins défoncés, par Beaupréau jusqu'à Saint-Florent-le-Vieil où madame Duval lui offrit l'hospitalité. Un projectile profondément inclus dans l'abdomen ne pouvait être extrait par les moyens primitifs dont disposait la chirurgie d'alors et devait fatalement occasionner la mort par péritonite hémorragique. Cinquante mille personnes de tout âge et de tout sexe se pressaient alors sur la colline du joli bourg angevin, attendant anxieusement les bateaux qui leur permettraient d'atteindre la rive bretonne. Cinq mille cinq cents républicains étaient, d'autre part, entassés dans la vieille église abbatiale, attendant la mort décidée en principe, mais dont personne n'osait donner l'ordre. Bonchamp dont, dans cette houle, l'arrivée avait passé inaperçue fut fortuitement averti de cette situation angoissante et dit d'une voix défaillante « qu'on épargne ces malheureux, c'est sûrement le dernier ordre que je vous donnerai, laissez-moi l'assurance qu'il sera exécuté ». D'Autichamp grimpa rapidement à cheval la rue en pente qui accède à l'esplanade fourmillante de monde qui s'étend devant l'église, il fit rouler le tambour puis exprima en termes brefs l'ultime volonté du mourant. Les portes abbatiales furent ouvertes, les dernières volontés du chef aimé n'étaient-elles pas un ordre et les 5.500 républicains rejoignirent leur armée. 

L'agonisant étendu sur un brancard, assisté de l'abbé Courgeon, le curé de la Chapelle-Saint-Florent, son village, venait de succomber en traversant la Loire, tout en murmurant des paroles empreintes d'humilité chrétienne. Quand la petite cohorte déposa le précieux fardeau dans la maison d'un pécheur, au village de La Meilleraye, de l'autre côté de la Loire, la mort avait accompli son oeuvre. Le corps fut porté à la lueur des torches au cimetière tout proche de Varades. Et maintenant suivons-le dans le cours des différents transferts auxquels il fut soumis. En 1817, après le retour du Roi, il fut transporté dans le tombeau familial du cimetière de La Chapelle-Saint-Florent. Sur une pierre couverte d'herbes folles on lit encore aujourd'hui les noms de ses parents, mais Varades ne voulut pas que le corps, dont elle avait eu le précieux dépôt, quitta sa terre sans qu'un monument fut élevé pour en conserver le souvenir. Quand on pénètre aujourd'hui dans le cimetière de cette localité on s'étonne de voir, en son milieu même, un beau cénotaphe d'aspect romantique dont les quatre faces sont couvertes d'inscriptions touchantes. Je ne transcris ici que celle qui est portée sur l'une d'entre elles : Il voulut que ses compagnons d'armes accordassent la vie à leurs prisonniers que de cruelles représailles exposaient à la mort. Soumis aux dernières volontés de leur chef magnanime, ils réprimèrent leurs désirs de vengeance, et détournant les yeux de l'incendie de la Vendée ils rendirent la liberté à 5.000 français. On lit aussi sur le mausolée : On prépare à Saint-Florent un tombeau au marquis de Bonchamps, ses restes ont été transportés le .......  1817. Le jour et le mois ne furent jamais gravés. 

Le célèbre sculpteur David d'Angers avait évidemment révélé le désir de mettre son talent au service de la mémoire de celui qui avait sauvé son père enfermé avec tant d'autres dans l'église abbatiale de Saint-Florent. Il produisit, en effet, le superbe monument qu'on ne peut regarder sans émotion. Son soubassement de marbre blanc, décoré de festons de lauriers et de cyprès porte les trois noms évocateurs de la vie du héros : THOUARS, V MAI, TORFOU, XIX SEPTEMBRE, SAINT-FLORENT, XVII OCTOBRE et des figures allégoriques avec inscriptions dont je retiens la plus notable : A la gloire de Dieu et à la mémoire de Charles Melchior, Artus, marquis de Bonchamp, moissonné à 33 ans pour la cause sacrée des lys. Si jeune encore, il mourut enseveli dans son triomphe, et vengea sa mort en sauvant la vie à 5.000 prisonniers qui allaient périr. — LECLER, architecte, DAVID, sculpteur. Erigé en 1822. 

La statue de Bonchamp en marbra blanc un peu plus grande que nature est la partie maîtresse du monument. Soldat mourant, il soulève la partie supérieure de son corps en un visible effort, lève le bras droit en étendant la main et prononce l'ordre mémorable grâce aux prisonniers gravé en lettres d'or au-dessous du brancard qui le porte. Ce tombeau que l'on voit aujourd'hui dans la chapelle de gauche de l'église de Saint-Florent où la lumière qui descend des vitraux le met en valeur ne fut pas toujours là. Pendant 69 ans il fut situé au fond du chœur, au-dessous de la grande baie alors murée et c'est quand on entreprit de restaurer dans le style du XIVème siècle cette partie de l'église qu'on l'enleva et qu'avec le plus grand soin on le transporta en son définitif emplacement. Les ossements sont enfermés dans un coffret de bois avec les procès-verbaux de l'érection du monument et de sa translation en 1890. L'histoire anecdotique rapporte que David, vieux, malade était tourmenté par la pensée de revoir le mausolée de Saint-Florent qu'il considérait comme un de ses chefs-d'oeuvre, c'est dans ces jours qu'il écrivait à un de ses amis : je vais tâcher de vivre avec de grands souvenirs mais les plaies profondes qui ont déchiré mon pauvre coeur ne se cicatriseront jamais. Accompagné par un amis qui le soutenait il pénétra dans l'église abbatiale et là, le front alourdi, soutenu par la main droite, il resta longtemps songeur devant le marbre auquel son ciseau avait infusé la vie et qui avait fait jaillir l'homme dont le geste tout à la fois commande et implore le pardon. 

 

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Cathelineau

Le paysan-colporteur du Pin-en-Mauges, au récit des événements qui venaient de se passer à Saint-Florent avait brusquement abandonné la boulangerie familiale dans laquelle il travaillait. Il avait soulevé le pays des Mauges puis à la tête de ses campagnards il avait volé de victoires en victoires emportant Chemillé, Cholet, Vihiers, Chalonnes, il avait été battu à Fontenay, mais il avait ensuite enlevé Montreuil-Bellay, Saumur, et là les chefs vendéens ses émules l'avaient élevé lui l'humble, l'étranger à l'art de la guerre, à la dignité de généralissime de l'armée vendéenne. La victoire n'abandonna pas ses drapeaux, Angers tomba, restait Nantes, véritable clef de voûte de la situation militaire puisque sa prise aurait permis aux vendéens de prendre contact avec la Chouannerie bretonne et avec l'Anglais qui promettait toujours son concours sans, il est vrai, souvent l'accorder. On sait le reste, Nantes fut en effet, attaquée le jour de la Saint Pierre, 29 juin 1793, par toutes les forces royalistes réunies et l'armée de Cathelineau avait écrasé les redoutes élevées à La Sauzinière. Parvenue aux Hauts-Pavés elle s'infiltrait à travers les champs qui affleuraient la place Viarmes et le petit cimetière de Miséricorde quand une sinistre nouvelle se répéta dans tous ses rangs : Cathelineau est blessé à mort. Cette foule batailleuse prise de panique lâcha pied à l'instant même où allait cueillir les lauriers de la victoire, ce fut bien là l'amorce de la déroute totale, Nantes était sauvée. C'est au prix de bien des souffrances que le glorieux blessé fut conduit à Saint-Florent-le-Vieil, une balle, après avoir fracassé un bras s'était incluse dans le thorax. Il fut soigné dans une ancienne communauté de soeurs franciscaines par sa belle-mère et par une religieuse dont l'inaltérable dévouement adoucit tant de souffrances en cette sanglante époque, soeur Saint Jean-Baptiste, demoiselle Bussonnière, originaire de Montjean. Tout fut inutile, la plaie prit bientôt un aspect gangreneux et la fièvre s'éleva. Le curé du Pin-en-Mauges, M. Cantiteau qui aimait son paroissien dont il connaissait la foi ardente l'assista jusqu'à la fin. La marquise de la Rochejaquelein rapporte que dès que le Saint de la Vendée eut rendu le dernier soupir, c'était le 14 juillet, 15 jours après sa blessure, un de ses parents s'adressant à la foule entassée devant la porte de la maison s'écria : le bon Cathelineau a remis son âme à Celui qui la lui avait donnée pour venger sa gloire. Le corps fut inhumé dans le cimetière de Saint-Florent et la pierre tombale qui le couvrit est encore conservée dans la crypte de l'église. La maison où il expira appartenait sous Louis-Philippe à M. et Mme Armand Baudouin qui y habitaient. Sans enfants, ils choisirent comme légataire le comte de Quatrebarbes, officier légitimiste qui avait démissionné en 1830 qui, plus tard, se porta au secours de la Papauté et fut gouverneur d'Ancône. Il aménagea la maison qui devint ensuite l'école des filles, puis fit élever dans le jardin une chapelle où on transféra en 1858 les restes mortels qui, 65 ans auparavant avaient été déposés dans le cimetière paroissial. Il voulut enfin que ceux qui s'étaient aimés sur la terre et avaient succombé fussent réunis, dans la mort. C'est pourquoi il fit rapporter de Cholet Jacques Cathelineau, le fils du Saint qui le 27 mai 1832, avait été lâchement assassiné au château de La Chaperonnière, près de Beaupreau, par le lieutenant Renier du 29ème de ligne à qui il s'était rendu. C'était le trente-sixième membre de cette famille, victime des guerres vendéennes, et, pour témoigner que la mort semble provoquer la reviviscence, ce jour-là même où Mgr de Dreux-Brézé bénit la chapelle, il baptisa près des tombes ancestrales le dernier descendant du généralissime le petit Xavier de Cathelineau. Ecole et chapelle furent données à l'ordre Saint-Charles d'Angers. En 1896, le Pin-en-Mauges éleva dans son église un tombeau à celui qui avait fait sa gloire et il obtint de Saint-Florent qu'une partie des ossements lui fussent remis. A ceux qui, en ce pays des grands souvenirs, font un pieux pèlerinage au tombeau du magnanime Bonchamp, je conseille de ne pas oublier les tombeaux plus modestes du héros de la grande guerre et de son fils qui, bon sang ne peut mentir, répondit à l'appel de la duchesse de Berry dont il savait pourtant la cause désespérée. 

 

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Cadoudal

D'une taille herculéenne, d'une bravoure légendaire, Georges Cadoudal fut le chef le plus populaire de la chouannerie bretonne, de ceux qui armèrent leurs bras pour Dieu et pour le Roi, il fut peut-être le plus irréductible. Ses luttes au cours de dix années à travers les halliers bretons, les visites qu'il fit aux princes exilés en Angleterre, son entrevue aux Tuileries avec Bonaparte désireux d'attacher à ses drapeaux cet homme de fer, son débarquement sur la côte de Biville et son arrestation à Paris tout ceci constitue autant de chapitres du roman ou plutôt du drame le plus attachant. Dans la cour du Temple où il était enfermé, Georges groupait les Morbihannais dont à Paris on avait fait une rafle, il leur parlait en breton, les engageant à ne rien dire qui put nuire à un autre au cours du procès qui allait incessamment commencer Soyez indulgents les uns pour les autres, leur disait-il, quand vous ne vous sentirez pas assez forts, songez que je suis avec vous et que mon sort sera le vôtre. Nous sommes où nous sommes et ce que Dieu a voulu que nous soyons. N'oubliez que notre prison est celle d'où Louis XVI s'en est allé à la mort. Que son sublime exemple nous guide. Le 24 mai, tous les inculpés étaient transférés à la Conciergerie, l'instruction avait été confiée à un ancien conventionnel régicide Thuriot que Georges nargua sans trêve. Au cours des débats, les tribunes étaient surchargées. N'insistons pas sur ce procès dont le dénouement était réglé d'avance : Georges fut condamné à mort. Des tentatives furent faites près de lui par le ministre de la police Réal pour qu'il promit de ne plus conspirer et l'incitant à accepter du service, moyennant quoi sa grâce était assurée, elles restèrent vaines. Près de l'échafaud, en place de Grève, place actuelle de l'Hôtel-de-Ville, le courageux breton fut assisté par l'abbé de Keravenan qui lui fit réciter la Salutation Angélique : Priez pour nous, pauvres pécheurs maintenant, continuez, dit le prêtre : A quoi bon ! répondit-il.... l'heure de ma mort n'est-elle pas maintenant. Il voulut mourir le premier et se livra au bourreau en clamant trois fois de sa voix de stentor : Vive le Roi ! Le corps fut transféré dans un cimetière que nous ne connaissons pas mais un jour vint où le baron Larrey, chirurgien bien connu de l'Empereur évidemment tenté par la robustesse du sujet fit exhumer le squelette qu'il fit monter sur fils de cuivre et il le plaça dans son cabinet. En 1814, le roi revenu, Larrey fit savoir à la famille de Cadoudal qu'il était en possession de ce squelette et le 20 juin il le remit à d'Hozier, de Sol-de-Grisolles et à Joseph Cadoudal, frère de Georges qui, en 1815, au moment des Cent Jours, fut colonel des légions morbihannaises et fut nommé par Louis XVIII général et maréchal de camp. Ils confièrent les ossements à la crypte de St-Paul-St-Louis, église de la rue Saint-Antoine qui, par elle-même, évoque tant de souvenirs et ils devaient rester là pendant seize ans. Sous la Restauration, les souvenirs de la Chouannerie étaient souvent évoqués au cours des longues veillées d'hiver dans les départements bretons, les anciens combattants de ces luttes héroïques décidèrent qu'une souscription serait faite pour élever un monument funéraire à Cadoudal au lieu de sa naissance, c'était l'époque où l'on construisait le monument du Champ des martyrs et le mausolée de la Chartreuse d'Auray. A un kilomètre de la petite ville d'Auray, on trouve, près de la route de Quiberon, le petit domaine de Kerleano. Au fond d'une allée encadrée de grands arbres a été élevée sur une double terrasse plantée de cyprès, une rotonde, sorte de réduction du Panthéon d'Agrippa. En 1830, le corps de Cadoudal quittait enfin Paris pour retrouver sa terre natale mais il était dit que les restes de cet homme qui avait vécu dans la bourrasque devaient être poursuivis par le même destin... La révolution souffla en province comme à Paris. Les partisans du nouveau régime, les Philippistes affirmaient que Joseph de Cadoudal frère de Georges allait soulever la Bretagne comme il avait tenté de le faire en 1815. Le corps du héros breton fut caché dans le sous-sol de la chapelle de l'hôpital d'Auray où il resta pendant deux années. En 1832, la duchesse de Berry voulut entraîner la Vendée en faveur de son fils et elle écrivit à Joseph « je compte sur vous pour vous mettre à la tête de mes fidèles bretons, je viens à vous » ; c'est dans ces circonstances que les ossements de Georges furent extraits de la crypte de la chapelle et confiés à une personne sûre qui en conservera le précieux dépôt jusqu'en 1853, époque à laquelle ils furent placés dans le monument de Kerleano, plus de 40 ans après la mort. Pour compléter l'histoire anecdotique de ce mausolée, ajoutons que le corps de Mercier-la-Vendée, le compagnon d'armes de Georges dont il devait épouser la soeur, rejoignit, dix-huit ans plus tard, celui de son ami. Revenant clandestinement d'Angleterre, Mercier avait été tué dans la forêt de Lorges, non loin de Loudéac et son corps dissimulé en différentes cachettes avait été finalement déposé au fond du grenier de l'hôpital de cette ville. La famille de Cadoudal en obtint la cession et lui donna une définitive sépulture près de celui qu'il avait aimé, Mercier était mort depuis plus de soixante-dix ans. 

 

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Henri de la Rochejaquelein

La Rochejaquelein qui avait pu retraverser la Loire et gagner la Vendée après la randonnée de l'armée royaliste vers Granville continuait à combattre avec des effectifs réduits, il chouannait : attaquant avec succès avant et arrière-gardes de l'armée adverse. C'est dans ces circonstances qu'il fut tué le 28 janvier 1794 près de Nuaillé par un soldat bleu qui s'était rendu à lui. Stofflet qui était dans les parages fut immédiatement averti et il déplora ce malheur car s'il jalousait la Rochejaquelein il ne pouvait s'empêcher de l'admirer. Sachant que les Républicains rechercheraient le cadavre pour avoir pleine confirmation de la mort, il le fit mettre à nu pour qu'aucune pièce d'uniforme ne put le signaler, fit barbouiller son visage et l'unit dans une même fosse à celui qui lui avait porté le coup fatal et qui lui-même avait été immédiatement frappé. C'est ainsi que toutes les recherches auxquelles fit effectivement procéder le général Cordelier restèrent vaines. Le corps reposa à 5 kilomètres de Cholet le long de la grand'route, une croix se profile actuellement à l'endroit même où s'était effectuée cette double sépulture. Vingt-trois ans plus tard, en 1817, sous la Restauration les restes de la victime et du meurtrier furent transférés, sans qu'on pût les distinguer et par conséquent indissolublement unis dans l'église de Saint-Aubin-de-Baubigné, paroisse natale de la Rochejaquelein dans les Deux-Sèvres où fut élevé un très beau mausolée en marbre blanc, à la mémoire du jeune chef vendéen et de Lescure, les deux amis dont le souvenir fut ainsi confondu. Ce tombeau est accompagné de deux urnes de lignes un peu lourdes mais ornementales qui fait incroyable, furent offertes par le roi de Prusse vers 1816, en témoignage d'admiration pour la vie ardente du jeune chef vendéen. Le soldat Gaudin de Beaupréau qui avait maquillé le visage de son chef reçut, sous la Restauration, un sabre d'honneur orné d'une poignée d'argent. A peu de distance de l'église où ce qui reste de l'Achille Vendéen demeure mêlé aux ossements de celui qui lui porta la mort on voit le château de la Durbelière, berceau des la Rochejaquelein, il est en ruines, mais ses vestiges dénotent le goût italien qui présida à sa construction, et révèlent le XVIème siècle. La cour d'entrée est en bon état de conservation, c'est là où le jeune Henri, sous-lieutenant au régiment de cavalerie Royal-Pologne, reçut les paysans qui, venus en grand nombre, le pressaient de prendre leur commandement et qu'il accompagna avec émotion son acquiescement par les paroles célèbres que l'on sait : Si j'avance, suivez-moi, si je recule, tuez-moi, si je meurs, vengez-moi

 

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Lescure

C'est trois jours avant la bataille de Cholet, le 14 octobre 1793 que le Saint du Poitou reçut une balle qui le frappa près du sourcil gauche et sortit derrière l'oreille. Comme Bonchamps, il fut transporté à Saint-Florent-le-Vieil où on lui fit passer la Loire et il accompagna l'armée vendéenne qui en sa marche vers Granville, passait par des alternatives de victoires et de défaites. Il était transporté sur une charrette dans un état demi-comateux, accompagné par sa femme qui le soignait avec la plus vigilante attention et recevant les conseils de Désormaux qui était le meilleur chirurgien de l'armée. Cahoté de bourgs en villes, il souffrait cruellement et s'éteignait peu à peu. A Laval, il fit à sa femme des adieux touchants : Je vais te quitter, c'est mon seul regret et aussi de n'avoir pu remettre mon Roi sur le trône, je te laisse au milieu d'une guerre civile, grosse et avec un enfant, voilà ce qui m'afflige et, comme elle pleurait, il ajouta : « Ta douleur seule me fait regretter la vie. Pour moi, je meurs tranquille, assurément j'ai péché, mais je n'ai rien fait qui puisse me donner des remords ». C'est en arrivant à Fougères que Lescure succomba. Le corps fut embaumé, mis dans un cercueil et caché dans un endroit connu seulement de trois personnes : le marquis de Donissan, son beau-père, son chirurgien et son domestique qui furent, les uns et les autres, tués dans des combats. Des recherches à l'aide de la radiesthésie ont été faites, elles ont révélé la présence d'ossements dans les fondations de la maison où Lescure fut embaumé, mais comme elle est bâtie sur les anciens remparts de Fougères, on peut penser que ces vestiges appartenaient à des défenseurs de la ville à une autre époque. C'est ainsi que ce lieu de sépulture restera vraisemblablement à tout jamais ignoré. 

 

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Stofflet

Après l'échec des traités de la Jaunaie et de la Mabilais, Stofflet considérait sa cause comme irrémédiablement perdue, il continuait à se battre en désespéré, mais le 23 février 1796. il fut surpris près de Chemillé par un détachement du 7ème bataillon de Paris. Transporté à Angers, il fut lui et ses compagnons condamné à mort et conduit au Champ de Mars pour être exécuté. A la foule qui couvrait la place il clama : Je vais nous apprendre qu'un général vendéen n'a pas peur des balles, puis un souvenir de son pays natal passant dans son âme en cette minute ultime, il dit, s'adressant aux soldats qui formaient le piquet : y a-t-il un lorrain parmi vous ? et comme un homme sortait des rangs il lui donna sa montre. Il repoussa ensuite le bandeau qu'on voulait lui appliquer sur les yeux et s'abattit en criant « Vive la Religion ; vive le Roi ». Le corps était là, pantelant le long du mur de l'usine Joubert qui devait devenir le Noviciat des Jésuites, puis l'Institution Jeanne-d'Arc. La foule s'écoula lentement et Stofflet fut inhumé dans le vieux cimetière du Clon, à l'emplacement de la rue actuelle de ce nom, située près de la voie ferrée qui conduit à Paris. Le cimetière a disparu, remplacé par l'usine Palou qui, elle-même a été détruite pour faire place à différentes rues. Le corps de Stofflet fut-il l'objet d'une mutilation posthume ? on serait tenté de le croire quand on sait que le 9 juin 1838, Edmond Stofflet, neveu et historiographe du général reçut du chirurgien Nepveu qui exerçait alors à Brain-sur-l'Authion, la lettre suivante : La tête du général est en ma possession depuis plus de 40 ans, les parties osseuses seules restent. Quant à l'identité, je puis la certifier sur l'honneur. M. Dubois l'a vue bien des fois ainsi que M. Barbedet, ex-aumônier de l'armée vendéenne... Nepveu demandait 5 à 600 francs pour la cession de cette pièce qui n'offrit probablement pas de témoignages suffisants d'authenticité et ne fut pas acceptée. Est-il exact que peu de temps après la mort, on exhiba dans le pays de Saumur cette tête et un bras et qu'on voulut représenter une pièce intitulée « le Mort de Stofflet », qui fut interdite par les Républicains ? Sous la Restauration, aucune stèle commémorative ne fut élevée à l'emplacement du cimetière du Clon. Il advint de la mémoire de Stofflet ce qui survint de celle de Charette à Nantes : le silence devait être observé dans les grandes villes sur l'époque qui les avait ensanglantées tandis que, dans bourgs et campagnes, on rappelait la mémoire de ceux qui s'étaient sacrifiés à la cause des Lys. Il y avait encore tant de remords dans certaines âmes, tant de mains chargées de crimes et, d'autre part, trop de coeurs ulcérés au souvenir de la mort de parents très chers ! 

Il nous faudrait, si le papier ne nous était parcimonieusement mesuré, relater encore la mort de d'Elbée, du prince de Talmont et de tant d'autres. D'Elbée, grièvement blessé, réfugié à Noirmoutier où il se soignait, transporté sur un fauteuil et fusillé assis près de Boisy, de Duhoux d'Hauterive et du républicain Wieland qui commandait l'île quand Charette l'avait prise. Les corps furent jetés dans les douves du château de Noirmoutier. Les fouilles auxquelles on procéda en 1822 ne permirent pas de les retrouver. Talmont capturé fut exécuté le 27 janvier 1794 et sa tête tranchée et momifiée sur l'ordre donné au chirurgien Tellot, par le Comité révolutionnaire, fut accrochée au-dessus du grand portail de son château seigneurial de Laval. 

Ils furent rares ceux de ces braves qui échappèrent à la mort : Lucas de la Championnière, Mortimer-Ternaux, de Couëtus, Limolean, Fleuriot, Sapinaud se retrouvèrent souvent à Nantes à leur chambre de lecture de la rue Haute du Château, la paix retrouvée et nous nous les représentons devisant ensemble après leurs parties de reversis et de boston et évoquant les noms de Charette, de Bonchamps, de La Rochejaquelein et de tant d'autres, morts dans l'acharnement des combats ou sous les balles du peloton, pour la cause sacrée de Dieu et des Lys. 

Georges Halgan - 1943

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