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Les armes de Jean Briçonnet et le patronage de Saint-Félix.

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Jean Briçonnet avait élevé à Blanche-Couronne une construction qu'il avait signée de ses armes. Au fond de la cour, où donnent les servitudes de l'établissement, on remarque, encastré dans un mur, au-dessus d'une porte de ces servitudes, un écusson de pierre sur lequel on distingue très nettement une bande accompagnée dans le canton senestre, d'une étoile à cinq branches, et, à dextre, d'un croissant.

Ces armes, nous a-t-on dit, ont été trouvées lors de la destruction de la maison abbatiale, qui était située sur la gauche comme on entre à l'abbaye, un peu avant la chapelle, dans un endroit aujourd'hui planté d'arbres et où il serait facile d'en repérer les fondations.

Nous avons vainement cherché ces armes dans nos grands recueils armoriaux, quand, visitant le musée archéologique de Tours, nous avons rencontré plusieurs écussons semblables provenant d'édifices religieux construits par les Briçonnet.

Il est à remarquer que ces armes diffèrent notablement de celles qui sont attribuées à cette illustre famille tourangelle. Le P. Anselme lui donne en effet : « d'azur à la bande componée d'or et de gueules, de 5 pièces le premier compon de gueules chargé d'une étoile d'or, accompagnée d'une autre de même en chef ». Le grand généalogiste a été suivi par Pol de Courcy et Riestap, qui se sont bornés à modifier quelques mots de son blasonnement.

Il n'y a pourtant pas de doute possible sur l'identification que nous venons de faire. Jean Briçonnet, abbé de Blanche-Couronne de 1503 à 1538, a employé dans son abbaye les mêmes armes que sa famille a employées dans les constructions religieuses qu'elle a fait élever dans la ville et dans le diocèse de Tours. Les Briçonnet ont, évidemment changé d'armes. On peut trouver étrange que nos grands recueils armoriaux n'aient pas mentionné les premières, ni donné la moindre indication sur le temps et les autres circonstances de ce changement.

Les recueils les plus complets ne renferment pas encore tous les documents utiles à l'histoire. Une simple visite dans un musée peut vous fournir en un instant un renseignement que vous avez inutilement cherché même dans les ouvrages spéciaux ou vous espériez le trouver.

Chose singulière ! ces armes inconnues de nos héraldistes les plus consultés, ont souvent attiré l'attention dans des réunions gymnastiques. Elles ont été relevées par un patronage nantais dont les membres les portent gaillardement sur leurs maillots, sans se douter qu'elles appartiennent à une illustre famille de Tours. Chargées simplement d'un chef d'hermines, elles ont été adoptées par la Jeunesse Catholique de Saint-Félix, à laquelle elles ont été données, paraît-il, comme armes du prieuré de « l'Angle-Chaillou », ou « Lanchaillou ».

Comment, lors de la création de ce patronage a-t-on pu songer à lui attribuer les armes d'une famille de Touraine ? Pour ceux qui cherchent les raisons des choses, la question, au premier abord, paraît d'une solution difficile. A la réflexion, cependant, on arrive sans trop de peine à se rendre compte de ce choix. Il est tout naturel que le patronage de Saint-Félix ait voulu conserver un souvenir d'un ancien établissement religieux de la paroisse, mais on s'est trompé dans la désignation de ce souvenir : les armes trouvées à l'Angle-Chaillou n'étaient pas celles du prieuré, mais celles d'un abbé de Blanche-Couronne, abbaye dont le prieuré dépendait. Jean Briçonnet a dû faire à ce prieuré une restauration importante, et voilà pourquoi la Jeunesse de saint Félix a, sans le savoir, tiré ses armes d'un oubli de quatre cents ans.

Ce que nous en disons n'est point pour arracher ces armes décoratives à de braves poitrines bien capables de les défendre, mais simplement pour mettre une chose au point. « Rends-moi les armes ! »« Viens les prendre ! ». L'histoire a déjà enregistré cette fière réponse. Gare à la casse pour ceux qui en occasionneraient une seconde édition.

Au temps où Jean Briçonnet était abbé de Blanche-Couronne, le roi ordonna une enquête pour connaître les titres de fondation de l'abbaye, ainsi que les diverses charges qu'elle avait à remplir. La réponse qui fut faite à cette demande est assez intéressante pour que nous l'insérions ici. Elle rappelle notamment l'incendie qui détruisit les plus anciens titres de l'abbaye, incendie auquel nous avons déjà eu l'occasion de faire allusion.

« Remontrent et supplient très humblement vos très humbles orateurs frères Jan Chevreul, de l'ordre de Saint-Benoist, vicaire général de vénérable et discret Jan Briçonnet, vice-chancelier des pays et duché de Bretagne, abbé commendataire du Benoît moustier et abbaye de Blanche Couronne, Julien Loysel, prieur d'Aifs, Jan le Gouz, Pierre de la Boexière, prieur du Tertre, Pierre Guerrier, Charles Darlys, Jaques Loysel, Julien Coterel, et chacun, religieux dud. ordre en lad. abbaye, ensemble congrégés en chapitre pour cette affaire, que vu et attendu le mandement du Roy notre sire touchant les fondations et amortissement des églises, que en y obéissant certifient et acertiorent par la présente, avoir à plain cherché les chartres, archives et lettres de lad. abbaye si on y eût pu trouver aucunes lettres de fondation et amortissement, en faisant mention, sol rendant certains n'en y avoir aucune lettre de fondation et amortissement de lad. abbaye, ni desd. prieurés e membres dépendant d'icelle abbaye et n'a été possible d'en trouver aucune lettre en faisant mention ; par quoi se rendent certains n'en y avoir aucune lettre et jamais n'en y avoir vu ni trouvé, et ne savent où elles peuvent être ; et croient, plus qu'autrement, qu'elles furent brûlées quand l'abbaye, par fortune de feu, fut brûlée et embrasée en laquelle lesdites lettres étaient ; disant que de tout ce est chose notoire ; et touchant le service divin fait et célébré de jour en autre en lad. abbaye, vosdits suppliants ont describe le nombre des messes qui y sont fondées, et du parsus dudit service, en la carte annexée ci-dessous à la présente.

Qu'il vous plaise avoir égard à ce que dessus et pourvoir de ce remède convenable à vosd. suppliants, de sorte qu'ils puissent avoir victum et vestitum (le vivre et le couvert) et de quoi faire et entretenir les aumônes ordinaires et acoutumées être faites en icelle abbaye, et le divin service, ainsi qu'il y est cy après describé, et l'entretenement de leur église et monastère.

Le nombre de messes et service fait continuellement de jour en outre au monastère de Blanche-Couronne.

Chacun jour sur semaine, quand il n'est fête double de 12 leçons, une messe à note dite et célébrée en choeur au grand autel par l'hebdomadier et son diacre, les religieux et chacun assistant chantant l'office occurent selon l'histoire du temps ; luminaire : une lampe et deux cierges.

Aux dimanches et fêtes semidoubles de 12 leçons, deux grandes messes à note ; une lampe, 4 cierges, flambeaux et encens.

Aux fêtes doubles et solennelles lesdites deux grandes messes sont célébrées, la première par l'hebdomadier précédent, et la dernière par M. l'abbé s'il y est, et en son absence, par son vicaire, à diacre et sous diacre ; les religieux revêtus de chappes ; 5 lampes, 12 cierges, torches, encens ; et sont atteintes les reliques avec toute solennité.

Item par chacun jour de la semaine, une messe dite de l'office de Requiem à l'autel de Cuinunquam, et à l'autel de N.D. de Bon Confort, une messe par chacun jour de la semaine, de l'office de N.-D.

A l'autel S. Pierre, 3 messes de Requiem par semaine.

A l'autel de la Trinité, une messe de l'office de la Trinité par semaine.

A S. Michel, une messe par semaine.

Au revestiaire (sacristie), une messe par semaine.

Item par chacun jour de l'an fête ou non fête, matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies, vigiles des morts, le tout à note avec la sonnerie et solennité, selon les jours et fêtes.

Et est à noter que toutes lesd. messes, matines, prime tierce, none, vêpres et complies, vigile des morts, psautiers, disciplines, aumônes et autres bienfaits en lad. abbaye, sont continuellement présentés de jour en autre par lesd. religieux à Dieu pour en distribuer le mérite au Roy, notre souverain seigneur, et aux autres fondateurs, bienfaiteurs et conservateurs des privilèges et immunités de lad. église.

Ainsi signé, J. Loysel, vray est ; J. Chevreil, J. de La Bouexière, vray est ; J. Guerrier, vray est ; Charles Darly, vray est ; J. Loisel, vray est ; Julien Coterel, vray est ». (G. Durville).

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