Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LES FONDATEURS ET BIENFAITEURS DE L'ABBAYE DE BLANCHE-COURONNE.

  Retour page d'accueil       Retour " Abbaye de Blanche-Couronne "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Les actes de fondation d'une abbaye, avec les indications si précieuses qu'elles donnent sur ses origines, font aussi connaître son fondateur et sa famille. C'est ainsi que nous savons que les abbayes du Buzay et de Villeneuve sont de fondation ducale ; que celle de Saint-Gildas-des-Bois a été fondée par un seigneur de la Roche-Bernard et celle de la Chaume, à Machecoul, par un seigneur de Rais.

Blanche-Couronne ayant perdu, presque dès son origine, sa charte de fondation, il est impossible de découvrir le seigneur à qui elle doit son existence.

On sait, cependant, par des titres postérieurs, que c'était un seigneur de Pontchâteau. L'abbaye avait été élevée sur un fief de cette seigneurie, en la paroisse de la Chapelle-Launay qui en dépendait. Les abbés, dans leurs aveux, reconnaissent ces seigneurs pour fondateurs. Une requête du XVème siècle conserve le texte d'un aveu souvent cité dans la suite, et rendu le 23 avril 1463, à « haulte et puissante damoiselle Peronnelle de Maillé, vicomtesse de Rohan, dame dudit lieu de Pontchâteau ».

Dans cet aveu, dont quelques mots manquent, l'abbé s'exprime ainsi : « Nous confessons, et est vrai, que nos églises et moûtier de Blanche-Couronne sont et ont été fondés par les seigneurs de " Pontchastel ", avec ce que nous tenons dans la paroisse de Launay, entre le ruisseau qui descend... jusqu'aux fossés qui terminent les bois et la cohue, près de la croix, jusqu'au lieu où eut autrefois... vulgairement appelé " Boulouseit ", et, à présent, il y a un ruisseau qui sépare nos fiefs et ceux du seigneur de Maure, et, de là, au Moulin du loup ».

Après la réunion de la Bretagne à la France, il y eut tendance du pouvoir royal à absorber tous les droits généraux de la province et ceux de ses seigneurs particuliers. Les agents du pouvoir, avec toute la puissance d'absorption que possède un régime en vigueur, essayèrent d'enlever aux fondateurs des abbayes les droits et privilèges qu'ils tenaient soit de leur titre de fondateur, soit même de leur qualité de seigneur du fief.

Parmi les aveux des abbés de Blanche-Couronne au XVème siècle, avec celui rendu à la dame de Pontchâteau, on en trouve aussi un autre rendu « au dauphin duc de Bretagne » également pour l'abbaye. Entre autres biens relevant du dauphin, en sa qualité de duc de Bretagne, cet aveu mentionne « le monastère dudit lieu de Blanche-Couronne, en la paroisse de la Chapelle de Launay, contenant en maisons, jardins, courts, rues, marais, cernés de grands fossés, le tout contenant 200 journaux de terre ou environ, entre la lande devers Prinqueau, le marais du Veil Pont, le chemin qui conduit de la Croix blanche à la Ferrière et le chemin qui conduit de Maro à la Chapelle de Launay ».

Dans cette lutte contre de plus faibles les agents du pouvoir central réussissent souvent. Mais, parfois, la résistance opiniâtre des seigneurs lésés leur obtient enfin gain de cause. Ainsi, malgré des aveux rendus au roi pour leur monastère par des abbés de Blanche-Couronne, les seigneurs de Pontchâteau finirent par se voir reconnaître, du moins en partie, les droits attachés au titre de fondateur.

Aussi, en 1775, quand il fut question de la translation de l'abbaye à Nantes, fallut-il obtenir non seulement la permission du Roi, mais encore celle du seigneur de Pontchâteau qui était alors le duc de Coislin.

Le T.R.P. Dom Vincent Marsolle, supérieur général de la congrégation de Saint-Maur, qui prit une grande part à cette translation, communiqua son dessein « à Mgr le duc de Coislin, seigneur de Pontchâteau, et, en cette qualité fondateur de ladite abbaye, dont il aurait communiqué la preuve par un acte du 23 avril 1463 qui est un ancien aveu rendu à mademoiselle de Pontchâteau par l'abbé de ladite abbaye, recognoissant avoir esté fondez par ses autheurs et prédécesseurs ».

Le duc consentit à cette translation, mais comme il était à craindre que cet éloignement ne nuisît à ses droits, il n'accorda ce consentement que « moyennant son droit de seigneur de ladite abbaye, justifié par cet aveu » ce que le Père général promit de faire.

Une fois établie dans une région, une abbaye ne tardait pas à exciter de nombreuses générosités. Les habitants du pays considéraient cet établissement comme un grand bienfait non seulement au point de vue spirituel, mais encore au point de vue temporel.

Les monastères étaient de vraies écoles d'agriculture, dans lesquelles se conservaient les meilleures traditions pour l'élevage des animaux, pour la culture de la vigne, pour le labourage des champs, pour la création d'étangs poissonneux, pour l'arrosage artificiel des prairies. Les moines, sans cesse en rappport avec les gens de la campagne qu'ils employaient constamment, les initiaient à ces traditions : et des terrains précédemment incultes et stériles transformés par leur travail et leur enseignement, leur devaient une fertilité qui faisait la beauté du pays et le bonheur de ses habitants.

Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les environs de Blanche-Couronne, de Villeneuve, de Meillerai, pour juger de ce qu'ils doivent à ces abbayes vénérables. Si tout le quartier de Buzay présente de nos jours un aspect si plantureux, c'est que des moines ont passé par là.

Les générations du Moyen-Age portaient donc à ces établissements locaux tout l'intérêt que l'on porte à des institutions, de tout point bienfaisantes, et faisaient tout ce qui dépendait d'elles pour en assurer la prospérité.

De là ces donations si nombreuses qui, faites principalement dans un but de piété et de charité, contribuaient au développement et au succès de ces établissements utiles, et leur apportaient, spontanément, des capitaux nécessaires à toute grande entreprise, sous peine de la voir végéter misérablement et inutilement.

C'est faute de s'être placés à ce point de vue que certains historiens ont tant crié contre ces donations faites aux abbayes du Moyen-Age. Ils auraient pourtant dû considérer que tous ces monastères, dont nous admirons encore les ruines, n'ont pas poussé tout seuls, comme les arbres qui les entourent. Leur construction coûteuse a donné aux habitants du pays un travail qui les a fait vivre. La mise en culture et l'exploitation régulière des terrains environnants ne s'est pas faite sans de grands frais. Les ressources d'une Société lui permettent de faire ce que celles d'un particulier lui interdisent. C'est grâce aux charités de ses bienfaiteurs qu'une abbaye a pu amorcer dans un pays la fertilité et la richesse dont il a continué de jouir jusqu'à nos jours.

L'abbaye, dans sa reconnaissance, conservait la mémoire de ses bienfaiteurs. Leurs noms étaient inscrits dans les chartes qui attestaient leurs générosités. Pendant des siècles après leur mort, les moines continuaient de prier pour le repos de leurs âmes. Un tableau, rédigé par leurs soins, rappelait, avec leur nom, la nature des obligations envers ces défunts auxquels, en dehors des religieux, personne ne pensait plus depuis longtemps. Nous donnons ici la traduction d'un tableau de ce genre que nous trouvons dans les archives de Blanche-Couronne.

Nous le publions avec les observations qui le précèdent, en faisant toutefois remarquer qu'il nous a semblé inutile d'indiquer ici la croix à laquelle il y est fait allusion, et de mentionner quelques noms aujourd'hui trop inconnus pour exciter quelque intérêt.

Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier

Combien est grande la noblesse de cet illustre monastère, voilà ce qu'atteste la simple énumération de ses nobles bienfaiteurs.

Ses archives en mentionnent de trois espèces. Les uns ont accordé leurs dons à l'abbé et au couvent de ce monastère sans aucune charge ; les autres, avec une charge générale ; les autres avec une charge spéciale. Il convient donc de les diviser en trois classes, avec l'indication des temps.

La mention de la lettre O seule indique que la charte a tu ou omis l'époque de ces bienfaiteurs, ou que, par suite de la vétusté, elle a été détruite ou déchirée.

La croix indique l'existence du sceau.

Première classe sans charge.

O - Aimerai, seigneur de Machecoul.

O – Agnès de Jasson, épouse d'Olivier de Rougé : elle donne tout ce qu'elle avait dans la terre de la Philippière et dans le bois de Jug...

O – Geofroy de Bercevin, pour le lieu du Grenic.

O – ..., dame de Rais.

1180 – Maurice, évêque de Nantes.

1223 – André Gérard et sa femme, lors de son départ pour Jérusalem, donne 20 sols.

1229 - Henri de Blain, et Constance, dame de Pontchâteau +.

1229 - Guillaume Giffart, chevalier.

1233 – Pierre le Prevôt, chevalier.

1240 - Alain de Cordemez.

1246 – Anger, fils de Geofroy Anger.

1254 – Simon de Hec, chevalier.

1258 – Mathieu Alemor, chevalier.

1259 – Hemeri de l'Aunay ; tout ce qu'il avait sur le ténement de Daniel Veillen, de Hytohe.

1260 – Josiane de Savenay +.

1268 – Josselin de la Roche-Bernard ; rétrocession de bien pour une rente de 5 livres.

1277 – Hervé de Blain.

1280 – Guillaume Escorchart et Agnès sa femme.

1282 – Geofroy le Sage et Pierre son fils.

1282 – Geofroy Tossart : la Gaudinaye, le Gloulay, les Monts.

1283 – Geofroy de Cochais, en Guérande.

1286 – Alain de Talansac.

 

Deuxième classe : de ceux qui ont fait leurs dons pour le salut de leur âme, ou pour les prières en général.

O – Bernard de La Haye, avec Rialaud son fils.

O – Eudes de Pontchâteau.

O – Filitus le chasseur, avec le consentement de sa femme Agnès, pour son frère.

1197 – Simon Le Grand et Ysabell, sa femme, un moulin.

1198 – Eudes de Pontchâteau, pour lui et pour les siens.

1210 - Geofroy Cotteret, Alain de Cordemez et d'autres, tant prêtres que laïques qui ont signé.

1210 – Pierre de Fay et Philippe de Rodoest, dîmes.

1217 – Rouaud, vicomte de Donges.

1217 – Le seigneur de Rais, pour Olive, sa sœur, et pour ses amis.

1218 - Pierre de Lavau, fils de Alain.

1218 – Eudes de Pontchâteau, pour lui, pour Hilaire, sa soeur et ses ancêtres : il confirme leurs donations.

1228 – Geofroy de Clis, recteur.

1230 - Rouaud, vicomte de Donges, avec son fils.

1236 – Enisen le Bastard et Constance, de Pontchâteau.

1238 – Pierre d'Assérac (croisé, à son départ pour la Croisade).

1239 – Josselin de La Roche-Bernard, et Tiphaine, sa femme ; une saline à Trévali, donnée lors de son départ pour la Croisade.

1258 – Eudes de Sérent, chevalier, 20 s. de rente.

1260 – Olivier de Corolec ; son ténement de Larmor en Pénestin.

1265 – Bernard d'Assérac, et pour Pierre, son père.

1266 – Robin de Mareuil, pour lui et pour les siens.

1266 – Guillaume de Ruvin ; il donne 8 sous sur l'hébergement d'Assas.

1270 - Agnès, veuve de Pierre de Revin.

1270 - Olivier, seigneur de Besne, écuyer ; sa donation n'est pas acquittée.

1280 – G..., doyen de La Roche-Bernard, avec ses parents.

1281 – Eudes de Pontchâteau.

1286 – Aanorde dame de Regnac.

1287 – Simon, fils de Pierre Mathieu ; il donne tout son bien.

1287 – Hervé de Blain, pour lui et les siens.

1292 - Jean de La Roche-Bernard.

1346 – Alain Le Breton.

1362 – Jean et Guillaume, avec Guillaume Viau et sa femme Agnès, de la paroisse de Saint-Donatien.

1373 – Aimeri de Bras, pour lui et pour les siens.

 

Troisième classe de bienfaiteurs : avec une charge spéciale, ou pour des messes et prières déterminées.

1266 – Eudes de Prignan : il avait ordonné 54 sous pour son anniversaire, mais il n'en paraît aucun paiement.

1269 – Guillaume de Fresnay ; un anniversaire pour lui et ses amis ; mais il n'en a été fait aucun paiement.

1270 - Josselin de La Roche-Bernard ; aucun paiement.

1270 - Simon du Pont, seigneur de Fresnay, et Éléonore, dame de Montfort ; 4 messes par semaines et 12 anniversaires par an, pour les rentes de la Plaine.

 1272 – Guillaume d'Assérac ; il avait ordonné un anniversaire, mais ses héritiers en ont disposé autrement.

1280 – Tiphaine de Rais ; elle a laissé par testament 160 sols pour un anniversaire.

1299 - Guillaume Hamon ; il a donné des rentes.

1314 – Constance, dame de Pontchâteau, fille de Eudes, qui avait fait en 1281 un don mentionné dans la seconde classe. Elle a institué deux messes quotidiennes pour lesquelles elle avait donné le tiers de son fief de la Chapelle-Launay. Mais son héritier Olivier, seigneur de Clisson, en confirmant sa fondation, à la suite d'un arrangement, a réduit ces messes à trois anniversaires par semaine.

1347 – Le seigneur de Sesmaisons ; son anniversaire, après un procès suivi d'un arrangement, pour un paiement qui ne se fait plus.

1349 – Geofroy seigneur d'Ancenis une messe par semaine, au moyen d'une somme d'argent à prendre sur les bateaux de la Loire qui naviguent entre certaines bornes ; elle ne se paie plus.

1364 – Marie de Rochefort, dame de la Benaste et du Pont ; trois messes par semaine pour elle et les siens, pour lesquelles elle a donné le pré de Drelif.

1370 – Thomas, abbé de Blanche-Couronne, une messe. Il ne s'en fait aucun paiement.

1383 – Pierre Héron et sa femme, quatre anniversaires.

1508 – Frère Jean de Saint-Aubin, deux messes par semaine ; il n'y en a aucun paiement.

Il y aurait à faire, sur ce tableau, pour le mettre au point, des observations de différent ordre. Mais ce travail serait ici trop long. Il a, du reste, sa place naturelle dans des notes que l'on trouvera dans notre Cartulaire de Blanche-Couronne dont la publication n'attend que les ressources suffisantes pour en couvrir les frais.

 

Bulle du Pape Grégoire IX en faveur de l'abbaye.

Grâce aux dons de ses nombreux bienfaiteurs, les possessions de l'abbaye s'étendirent sur un grand nombre de paroisses, non seulement aux environs, mais encore dans des endroits éloignés, par exemple à Nantes, à Guémené, à la Roche-Bernard, à Guérande et au sud de la Loire, à la Plaine, à Pornic, au Clion, à Prigny et à Bouin.

Nous entrerons à ce sujet, en des détails plus précis. Aujourd'hui, bornons-nous à donner la traduction de la bulle par laquelle, en 1234, le Pape Grégoire IX prit sous sa protection, l'abbaye et tous ses biens.

« Grégoire, évêque, serviteur de Dieu, à nos chers fils, l'Abbé du monastère de la Bienheureuse Marie de Blanche-Couronne et à ses frères, tant présents que futurs, qui professeront la vie régulière, pour toujours.

Ceux qui choisissent la vie religieuse, peuvent avec raison compter sur le secours du Siège Apotolique, de peur qu'une entreprise téméraire quelconque ne vienne ou les détourner de leur dessein, ou, ce qu'à Dieu ne plaise, briser la force de leurs voeux sacrés. C'est pour cela, fils bien-aimés dans le Seigneur, que nous accédons avec bienveillance à vos justes demandes et que nous accueillons sous la protection du Bienheureux Pierre et sous la nôtre, par la vigueur du présent privilège, le monastère de la Sainte Mère de Dieu, et Vierge Marie de Blanche-Couronne, dans lequel vous êtes attachés au service divin.

Tout d'abord, nous statuons que l'ordre monastique que l'on sait être établi dans ce monastère, selon Dieu, la règle de saint Benoît et l'institution des frères de Citeaux, y soit inviolablement observé à perpétuité ; et, de plus, que toutes les possessions, tous les biens que le même monastère possède maintenant, justement et canoniquement ou qu'il pourra obtenir à l'avenir, par la générosité des rois ou des princes, par les offrandes des fidèles, ou autres justes moyens grâce à l'inspiration du Seigneur, vous demeurent assurés et intacts.

Parmi ces biens, nous croyons devoir désigner tout particulièrement ceux qui suivent : le lieu lui-même où est situé le dit monastère avec ses granges, ses possessions, ses prés, ses vignes, ses terres, ses bois, ses usages et pâturages dans le bois et dans la plaine, sur les eaux et les moulins, sur les chemins et les sentiers, toutes ses autres libertés et franchises.

Quant à vos travaux relatifs aux terres que vous possédiez avant le Concile général, ou aux novales que vous cultivez de vos propres mains et à vos frais et desquelles novales personne n'a encore rien perçu, quant à vos jardins, à vos vergers, à vos pêcheries, ou à la nourriture de vos animaux, que personne n'ait la présomption d'en exiger ou extorquer la dîme.

Qu'il vous soit aussi permis de recevoir les clercs ou les laïques libres et sans engagement, qui fuient le siècle pour la vie religieuse et de les retenir sans aucune opposition.

Nous défendons, en outre, à chacun de vos frères, après sa profession faite dans votre monastère, de s'en retirer sans la permission de l'abbé, et à qui que ce soit de garder celui qui en sera sorti sans la garantie de vos lettres. Que si, par hasard, quelqu'un avait la présomption de le retenir, qu'il vous soit permis de promulger une sentence régulière contre les moines eux-mêmes ou contre ces convers.

Nous défendons plus strictement que les terres ou un bénéfice quelconque de votre église soient accordés à quelqu'un personnellement, ou soient aliénés de toute autre manière, sans le consentement de tout le Chapitre, ou du moins de sa plus grande et plus saine partie. Que si quelques donations ou aliénations avaient été faites autrement qu'il vient d'être dit, nous les déclarons nulles.

En outre, nous défendons à tout moine ou à tout convers engagé dans votre maison de se rendre caution pour quelqu'un ou d'emprunter au delà de la somme fixée par la prévoyance du Chapitre, sans le consentement et la permission de l'Abbé et de la plus grande partie du Chapitre, à moins que ce ne soit pour l'utilité évidente de votre maison. Que si quelqu'un avait la présomption d'agir ainsi, que le couvent ne soit pas tenu de répondre, de quelque façon que ce soit, pour lui.

Qu'il vous soit aussi permis dans vos propres causes, qu'il s'agisse de matière civile ou criminelle, de vous servir des témoignages de vos frères, de peur que en quoi que ce soit, votre droit périsse par défaut de témoins.

De plus, en vertu de l'autorité apostolique, nous défendons à tout évêque ou à toute autre personne de vous forcer, soit à aller à des synodes ou à des réunions extérieures, soit à vous soumettre à un jugement séculier, au sujet de votre propre bien et de vos possessions ; ainsi que d'oser aller dans votre maison pour y donner les ordres, pour y traiter des causes, pour y réunir des assemblées publiques. Qu'aucun aussi n'empêche l'élection régulière de votre Abbé ou ne se mêle de son institution ou du renvoi de celui qui sera en exercice contre les statuts de l'ordre de Cîteaux. Toutefois, si l'évêque dans le diocèse duquel votre maison a été fondée, invite avec l'humilité et la dévotion qui conviennent, refuse de bénir l'abbé qui aura été élu, et de vous accorder les autres choses qui concernent le devoir de l'évêque, qu'il soit permis audit abbé, à condition qu'il soit prêtre, de bénir ses propres novices, et d'exercer les autres fonctions qui dépendent de son office : de même il vous sera permis de recevoir d'un autre évêque, tout ce que le vôtre vous aura refusé à tort.

Pour la consécration de vos autels ou de vos églises, ainsi que pour l'huile sainte ou tout autre sacrement de l'Église, que personne n'ose vous extorquer quoi que ce soit, sous prétexte de coutume ou pour toute autre raison ; mais que l'évêque diocésain vous accorde tout cela gratis, autrement qu'il vous soit permis de vous adresser, à votre choix, à un évêque catholique en grâce et en communion avec le Saint-Siège, qui, en vertu de notre autorité, vous accordera ce que vous lui demanderez. Si le siège épiscopal du diocèse était vaquant, vous pourrez recevoir, des évêques voisins, librement et sans opposition, tous les sacrements de l'Eglise, de telle façon cependant que votre propre évêque n'en souffre à l'avenir aucun préjudice.

Toutefois, comme parfois vous n'avez pas à votre disposition votre évêque en grâce et en communion, comme nous l'avons dit, avec le Siège de Rome, et que vous connaissiez parfaitement, de passer parmi vous, vous pourrez en vertu de l'autorité Apostolique, recevoir de lui, les bénédictions des vases et les vêtements, les consécrations des autels et les ordinations des moines.

Par ailleurs, si des évêques ou d'autres directeurs d'églises promulguent des sentences de suspense, d'excommunication ou d'interdit contre votre monastère ou les personnes qui y sont établies, s'ils portent la même sentence contre vos mercenaires parce que, comme il a été dit, vous ne payez pas les dîmes, ou à l'occasion des choses qui vous ont été accordées par la bienveillance apostolique ; ou contre vos bienfaiteurs, parce qu'ils vous auront accordé par charité des bienfaits ou des services ou qu'ils vous auront aidé à travailler dans les jours où vous travaillez pendant que les autres en fête, s'abstiennent de le faire : nous décrétons que cette sentence portée contre les indults du Siège Apostolique, doit être annulée, et que les lettres obtenues en passant sous silence le nom de l'ordre de Cîteaux, et portées contre les indults des privilèges Apostoliques, n'aient aucune valeur.

En outre, quand un interdit général aura été jeté sur le pays, il vous sera néanmoins permis, à l'exclusion des excommuniés et des interdits, de célébrer les divins offices dans votre monastère.

Voulant aussi pourvoir à votre paix et à votre tranquillité pour l'avenir, avec une sollicitude toute paternelle, nous défendons à qui que ce soit, en vertu des rapines ou des vols, de mettre le feu, de répandre le sang, de s'emparer témérairement de quelqu'un ou de le tuer ou d'exercer toute violence à l'intérieur des clôtures de vos habitations et de vos granges.

De plus, nous confirmons, en vertu de l'autorité apostolique et fortifions de la protection du présent écrit toutes les libertés et immunités accordées à votre ordre par nos prédécesseurs, les Pontifes romains, toutes les libertés et les exemptions des exactions séculières qui nous ont été raisonnablement octroyées par les rois, les princes ou d'autres fidèles.

Nous décrétons aussi qu'il ne soit absolument permis à aucun homme de troubler témérairement votre monastère, de lui enlever ses possessions, de retenir celles qui lui ont été enlevées, de les diminuer ou de les réduire par n'importe quelles vexations, mais, au contraire, que tous vos biens soient conservés intégralement pour servir de toute manière, à l'usage de ceux pour le gouvernement et l'entretien desquels ils ont été concédés, sauf l'autorité du Siège Apostolique.

Afin donc qu'aucune personne ecclésiastique ou séculière connaissant notre présente constitution, n'ose se porter témérairement contre elle, si avertie une seconde et une troisième fois de sa faute, elle ne l'a pas corrigée par une satisfaction convenable, qu'elle soit privée de la dignité de sa puissance et de sa fonction ; qu'elle sache qu'elle relève du jugement de Dieu pour l'iniquité commise ; qu'elle soit étrangère à la participation du corps très sacré et du sang de notre Dieu et Seigneur Rédempteur Jésus-Christ ; et qu'elle soit soumise à une vengeance rigoureuse au jugement dernier.

Quant à ceux qui respectent les droits de ce monastère, qu'ils goûtent la paix de N.-S. Jésus-Christ, de sorte que, ici-bas, ils jouissent du fruit de leur bonne action et qu'ils trouvent auprès du juge sévère la récompense de la paix éternelle. Ainsi soit-il.

Donné à Rieti, par la main de maître Barthélemi, vice-chancelier de la Sainte Église Romaine, aux nones de juin indiction VII l'année de l'Incarnation du Seigneur, mil deux cent trente quatre, la huitième année du pontificat du Seigneur Grégoire IX, pape ». (G. Durville).

 © Copyright - Tous droits réservés.