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BLANCHE-COURONNE et l'abbaye de la Grenetière, près des Herbiers.

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Un ancien inventaire des titres de Blanche-Couronne, document qui, avec les titres conservés jusqu'à ce jour, en mentionne aussi un grand nombre d'autres disparus depuis le XVIIIème siècle, nous donne cette analyse d'un acte de 1338 : « Le samedi après la fête de la Saint-Martin d'été, le doyen de l'Église de Nantes déclare que les abbés de la Grenetière ne doivent pas prendre part à l'élection de l'abbé de Blanche-Couronne ».

Dans un autre inventaire des mêmes titres, cette même pièce est ainsi analysée d'une manière plus complète et moins défectueuse dans la transcription du nom le plus important : « 1338 – Transaction entre les religieux de Blanche-Couronne et Frère Pierre, abbé du monastère de N.-D. de Greneteria, diocèse de Luçon, par laquelle il est dit que l'Abbé de Blanche-Couronne venant à mourir, le prieur claustral en donnera advis audit abbé de Greneteria, lequel abbé indiquera le jour que se devra faire l'élection du nouvel abbé, à laquelle il assistera, si il veut sans donner son suffrage, et le présentera à l'evesque de Nantes pour en avoir la confirmation de son élection ».

Le texte de cet acte ne se trouve malheureusement plus dans le fonds de Blanche-Couronne. Mais cette simple analyse est suffisante pour nous faire chercher les origines de notre abbaye dans une direction qui n'avait pas encore été indiquée jusqu'ici. Suivons cette piste nouvelle, pour voir ce qu'elle pourra nous donner.

Puisque les titres de Blanche-Couronne mentionnent l'abbaye de la Grenetière, voyons, à titre de contre-épreuve, si les titres de la Grenetière ne mentionneraient pas, à leur tour, l'abbaye de Blanche-Couronne.

Nous ignorons ce qui peut être resté des archives de l'abbaye de la Grenetière, et où ce reste peut se trouver actuellement. Mais ce que nous en ont conservé et publié D. Fonteneau et le Gallia Christiana a de quoi satisfaire notre curiosité.

D. Fonteneau, dans sa précieuse collection conservée aujourd'hui à la Bibliothèque municipale de Poitiers, a transcrit ou analysé un certain nombre des anciennes chartes de l'abbaye vendéenne. Voici la mention que nous relevons au tome IX de son recueil : « Exhortation adressée à tous les ecclésiastiques et fidèles, par les abbés et religieux de Font-Douce, de la Tenaille, de la Grenetière, de Blanche-Couronne et de Lieu-Dieu, pour les engager à contribuer de leurs aumônes à l'achèvement de l'Eglise de l'abbaye de la Grenetière ». Ce document est placé vers l'année 1180.

D'un autre côté, dans l'article consacré à cette dernière abbaye, le Gallia Christiana mentionne en 1287 « une transaction entre Pierre, abbé de la Grenetière, et Guillaume, abbé de Blanche-Couronne ».

Ainsi, pendant plus de cent cinquante ans, trois titres, l'un de 1180, l'autre de 1287, le troisième de 1338, tirés les uns et les autres des archives de la Grenetière et de Blanche-Couronne, établissent nettement qu'il y a eu entre ces deux abbayes des relations étroites et suivies.

A ces titres nous pourrions ajouter une indication fournie par la signature d'une charte de Blanche-Couronne, en 1210. Le texte de cette charte, publié en partie seulement par D. Morice (Preuves, t. I, p. 817), a été conservé intégralement en copie, à la Bibliothèque Nationale (Manuscrit Français : cote Fr 22319 folio 226).

Abbaye Blanche-Couronne (Bretagne) : manuscrit Fr22319 folio 226.

Or, parmi les signatures omises par D. Morice, nous relevons le nom d'un moine qui signe G. de Granatia.

Ce nom ne dit rien pour les profanes. Il n'en est pas ainsi pour ceux qui ont l'habitude des vieilles chartes et de leurs abréviations. Aucun d'eux ne nous contredira, quand nous avancerons que le copiste de cet acte a négligé l'abréviation er qui était en surcharge au-dessus de ti, et qu'il faut ici, en réparant cette omission, lire Granateria, et non pas Granatia. D'où il suit que l'abbaye de Blanche-Couronne comptait encore en 1210, un moine de la Grenetière parmi ses religieux.

Ces divers titres établissent l'existence de relations entre les abbayes nantaise et vendéenne. Si sommaire qu'en soit l'analyse qui nous en a été conservée, elle suffit pour nous indiquer avec assez de précision la nature de ces rapports.

Vers 1150, il s'agit de l'achèvement de l'église abbatiale de la Grenetière. Les abbés de cinq monastères s'unissent pour recommander cette oeuvre aux fidèles.

D'après l'extrait du document conservé par D. Fonteneau, les abbés de Font-Douce, de la Tenaille, de la Grenetière, de Blanche-Couronne et de Lieu-Dieu s'engagent unanimement « à faire célébrer, chaque jour, trois messes, tant pour les vivants que pour les défunts, dans chacune de leurs abbayes, par trois prêtres qui seront désignés pour la célébration de ces messes. De plus, chaque semaine, ils feront aussi chanter solennellement trois autres messes à trois jours différents, pour les bienfaiteurs qui répondront à leur exhortation ».

Avec les sentiments religieux, les cinq abbés cherchent aussi à exciter, en faveur de leur œuvre les sentiments charitables qui accompagnent si naturellement les premiers. Ils ouvrent, à la Grenetière, un asile pour les enfants abandonnés, montrant ainsi que, à toutes les époques, l'Église s'est préoccupée de soulager toutes les misères, et que, par pure charité, elle a trouvé le moyen de prévenir discrètement des crimes funestes même à l'État. « Quant aux enfants abandonnés par l'impiété de leurs mères, dit notre document, et qui seront déposés au monastère, ils y seront tous nourris libéralement, jusqu'à ce qu'ils parviennent à l'âge de discrétion ».

A quel titre l'abbé de Blanche-Couronne figure-t-il à la quatrième place dans ce document qui était scellé de cinq sceaux ?

Il est facile de conjecturer que l'abbaye vendéenne n'était pas étrangère à notre abbaye nantaise. Autrement, l'abbé de la Grenetière ne serait pas allé chercher une recommandation dans un pays qui était, pour les environs des Herbiers, un pays perdu. A plus forte raison, l'abbé de Blanche-Couronne n'aurait-il pas imposé à son monastère une charge aussi lourde que l'était la célébration de trois messes basses quotidiennes, et de trois messes chantées hebdomadaires, pour l'achèvement d'une oeuvre qui aurait été pour lui sans aucun intérêt.

D'un autre côté, trois, au moins, des abbayes énumérées dans ce document dépendaient les unes des autres. Les abbayes de la Grenetière et de la Tenaille dépendaient de l'abbaye de Font-Douce, commune de Saint-Césaire, dans la Charente-Inférieure. Une bulle du pape Lucius II confirme à Geofroy, deuxième abbé de Font-Douce, les abbayes de « Font-Douce, la Tenaille, la Grenetière... où les religieux vivent selon la règle de saint Benoît, sous l'observance de Cisteaux ».

Il est vrai que le Gallia Christiana ne mentionne pas Blanche-Couronne parmi les abbayes dont parle la bulle. Après le nom de la Grenetière, il met plusieurs points qui font supposer qu'il ne donne pas tout le document. Mais, quand bien même le nom de Blanche-Couronne ne figurerait pas sur le document original ainsi tronqué, la rencontre de ce nom dans notre document de 1180 tend à faire croire que ces divers noms, réunis de nouveau, y sont pour les mêmes raisons, ainsi que les deux autres qui n'auraient pas figuré dans la bulle de Lucius II.

Il résulte du document conservé par D. Fonteneau que les cinq abbayes de Font-Douce, de la Tenaille, de la Grenetière, de Blanche-Couronne et de Lieu-Dieu-en-Jard, formaient, vers 1180, une sorte de consortium qui devait provenir d'une communauté d'origine. D. Mabillon a donné sur la fondation de Font-Douce, de la Tenaille et de la Grenetière, des renseignements qui ont été reproduits par le Gallia Christiana. Malheureusement, aucun de ces renseignements ne jette de lumière sur le sujet que nous traitons. On y voit seulement que Guillaume de Conchamp a fondé, vers 1120, l'abbaye de Font-Douce, et celle de la Tenaille, aux environs de Pons et Barbézieux, et, vers 1130, celle de la Grenetière. Aurait-il aussi fondé celle de Blanche-Couronne, filiale de cette dernière ? Nous n'avons pas les moyens de répondre à cette interrogation. Il a paru en 1889 et 1890 dans les publications des Sociétés Savantes de la Saintonge, une étude sur l'abbaye de Font-Douce. Mais le problème que nous soulevons ici n'y est même pas indiqué.

Du reste, la question de la fondation de ces abbayes est assez obscure. Saint Géraud de Sales y a joué un rôle qui est mal défini. Si D. Mabillon, à une époque où les plus anciens titres de ces établissements existaient sans doute encore, a laissé ces divers points dans l'ombre, ce n'est pas de nos jours que l'on peut conserver l'espoir de les en tirer.

Relevons, en passant, une indication intéressante que notre document de 1180 nous donne sur l'abbaye vendéenne de Lieu-Dieu-en-Jard. Elle aussi, comme Blanche-Couronne, a eu des attaches avec les abbayes de Font-Douce et de la Grenetière : Elle existait avant 1196 ou 1197, date que l'on attribue à sa fondation par le Roi Richard. Comme nos autres abbayes, elle était de l'observance de Cîteaux. Ce n'est que depuis sa restauration, qu'elle a appartenu à l'ordre de Saint-Augustin.

La transaction de 1287 entre l'abbé de la Grenetière et celui de Blanche-Couronne est énoncée d'une façon trop vague pour que nous en soupçonnions l'objet, et que nous en tirions des conclusions précises. Il en est tout autrement de la transaction de 1338. On y voit que l'abbé de la Grenetière intervenait dans l'élection de l'abbé de Blanche-Couronne. Quand ce dernier venait à mourir, le prieur de Blanche-Couronne devait en avertir l'abbé de la Grenetière. C'était à ce dernier à fixer le jour de l'élection. Il avait le droit d'y assister. La transaction lui concède, ou plutôt lui conserve ce droit. Mais les liens entre les deux abbayes se sont relâchés, par suite de la distance et de la longueur des temps. Les moines de Blanche-Couronne visent à l'indépendance de leur administration ; ils cherchent à s'affranchir d'une sujétion devenue pénible par les difficultés des communications et qui n'a plus sa raison d'être. Désormais, l'abbé de la Grenetière ne donnera plus son suffrage. Son rôle se bornera à assister en simple spectateur à la cérémonie la plus importante par laquelle jusque-là il avait montré que l'abbaye de Blanche-Couronne avait toujours dépendu de lui. Cette marque platonique de déférence sera seule à rappeler l'autorité dont il jouissait autrefois dans le couvent.

De ces faits, il nous semble résulter que l'abbaye de Blanche-Couronne placée, jusqu'en 1338, sous la sujétion de celle de la Grenetière, qui se trouvait en relations étroites avec cette dernière dès le XIIème siècle, a dû être habitée à l'origine par des moines venus de l'abbaye vendéenne. Elle en est une filiale. Cette dernière ayant été fondée vers 1130, nous arrivons, par cette voie détournée, à placer la fondation de Blanche-Couronne aux environs de la date que nous lui avons déjà assignée d'après les titres de l'abbaye.

Ainsi, l'abbaye de Blanche-Couronne a été fondée non pas au Xème mais au XIIème siècle, dans la première partie de ce siècle, peu de temps après 1130, date de la fondation de la Grenetière. En l'absence des références qu'ont omis de rapporter ceux qui ont attribué d'autres dates à cette fondation, c'est la date qui ressort des documents nouveaux que nous venons de verser dans l'étude de la question.

Nous ne connaissons guère à opposer à cette thèse qu'une objection qui pourrait être tirée de l'existence d'un seigneur de la Roche-Bernard, du nom de Josselin. Dans une étude sur les Barons de cette ville, nous lisons : « Josselin est connu par les libéralités qu'il fit, en 1116, à l'abbaye de Blanche-Couronne et au prieuré de Pontchâteau, en présence de sa femme Agathe, de son fils Olivier, de sa soeur Agnès, dame de Ponchâteau, et de sa nièce Hilarie ».

Mais aucun acte daté de 1116 ne mentionne de donation faite par Josselin à Blanche-Couronne. Cette donation, faite à une époque indéterminée, est simplement rappelée dans une charte donnée à l'abbaye, en 1239, par un autre seigneur de la Roche-Bernard, arrière-petit-fils du premier Josselin, charte publiée par D. Morice (Preuves, t. I, p. 912). Ce serait donc sur la simple supposition d'une date que reposerait cette objection.

Il y a bien un acte placé par D. Morice en 1116, et par lequel Josselin, seigneur de la Roche-Bernard, fait une donation au prieuré de Pontchâteau, mais l'indication d'une date dans un acte n'a de valeur que pour cet acte. En transportant gratuitement une date d'un acte dans un autre, on fait une conjecture plus ou moins heureuse, mais qui, dans aucun cas, ne peut avoir de force probante. La date de 1116, ainsi transportée de l'acte relatif au prieuré de Pontchâteau dans celui qui concerne Blanche-Couronne ne vaut rien pour l'abbaye et ne pourrait valoir que pour le prieuré.

Et encore, dans le cas présent, ne vaut-elle rien même pour ce dernier. Cette date est, en effet, fautive. Ceux qui ont transcrit ou publié ce document donné par D. Morice (Preuves, t. I, p. 531), ont dû oublier un chiffre romain dans leur transcription. Cet acte est, non pas du commencement, mais de la fin du XIIème siècle. Les témoins qui y figurent vivaient à cette dernière époque. Olivier, seigneur de la Roche-Bernard, fils de Josselin et d'Agathe, vivait au commencement du XIIIème siècle, ainsi que sa mère qui paraît avec lui dans un acte passé sous l'évêque de Nantes Geofroy. Placer en 1116 un acte qui mentionne une mère et un fils qui vivaient en 1200, c'est s'exposer à les faire mourir plus que centenaires. N'abusons pas des centenaires, ne serait-ce que pour en conserver la valeur. (G. Durville).

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