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ABBAYE NOTRE-DAME DE BOQUEN (Administration)

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Abbaye Notre-Dame de BOQUEN - Plénée-Jugon

 

L’ABBAYE DE BOQUEN — ADMINISTRATION  

Abbaye de Boquen

La colonie venue de Bégard avait à sa tête un Supérieur portant le titre d’abbé. c’est-à-dire « Père ». C’est que l’abbé, dans la pensée et l’intention du législateur saint Benoît, tient la place du Christ et est véritablement le Père de la famille monastique. Père, il l’est au temporel, il lui appartient en effet de pourvoir à tous les besoins, à toutes les nécessités de ses religieux ; il l’est davantage encore au spirituel, car c’est à lui qu’il revient de nourrir leur intelligence du pain de la divine doctrine, d’embraser leur coeur des flammes du céleste amour, de courber leur volonté sous le joug doux et léger du service du Christ. S’il est Supérieur, Prélat, c’est-à-dire Chef, l’abbé est avant tout Père, il aime ses enfants et ses enfants lui rendent son affection. La vie monastique, dans ces conditions, est une véritable vie de famille, elle en a les charmes, l’intimité, la douceur, elle en procure tous les avantages. Il paraît que le premier abbé de Boquen fut un certain Adonias et qu’il fut béni par l’évêque de Tréguier, Guillaume. Le choix n’était pas heureux, des motifs humains l’avaient sans doute inspiré. Adonias, dit-on, était frère d'0llivier de Dinan, le fondateur du monastère, mais cela ne lui conférait pas les talents requis pour une charge comme celle qu’on lui confiait ; il fallut bientôt le mettre de côté ; on élut à sa place Guéthenoc qui nous est représenté comme un personnage très pieux, très versé en même temps dans les sciences divines et humaines. La communauté des moines choisissait son abbé, sous la direction et d’après les conseils de l’abbé de la Maison-Mère, qui présidait aux opérations du vote et confirmait ou infirmait le choix. Cet abbé de la Maison-Mère, auquel on donnait le nom de Père Immédiat, jouait un rôle important dans la marche normale du monastère. Chaque année, il devait faire la Visite canonique, consistant en un contrôle sérieux de toute la maison au temporel comme au spirituel ; il était le conseiller-né de l’abbé dans les cas épineux ; en cas de vacance du siège abbatial, il prenait la direction des affaires jusqu’à ce qu’un nouveau titulaire fut désigné. Il était à la fois contrôleur et tuteur, contrôleur en temps normal, tuteur en temps de vacance du siège. Il devait d’ailleurs rendre lui-même compte de son administration à son Père Immédiat ; en dernier ressort le Chapitre général, réunissant chaque année à Cîteaux tous les abbés pour délibérer sur les besoins de l'Ordre, garantissait encore un nouveau gage de bon fonctionnement à toute la machine monastique. Tout ce système administratif si ingénieusement équilibré devait pourtant s’avérer inefficace, il serait impuissant à prévenir la décadence. Nous ne pouvons ici en exposer le pourquoi. 

La liste des abbés de Boquen est loin d’être complète, elle présente de nombreuses lacunes dans les divers catalogues que nous donnent les auteurs. 

Il importe extrêmement de partager la série des abbés en deux catégories, les abbés réguliers et les abbés commendataires. C’est qu’entre les uns et les autres il y a des différences essentielles que trop souvent on oublie ou on ignore.

Boquen fut gouverné jusqu’au XVIème siècle par des abbés réguliers ; dès avant le Concordat de 1517 qui stabilisa l’institution, ce furent des abbés commendataires qui présidèrent à ses destinées. Deux catégories de chefs, deux périodes fort distinctes.

Les abbés réguliers, nous l’avons dit, étaient élus par les moines du couvent, ils étaient eux-mêmes moines, tenus à la résidence, à l’observance monastique ; ils avaient la pleine et entière administration du monastère au spirituel comme au temporel sous le contrôle des Supérieurs majeurs. Ils admettaient donc les sujets qui se présentaient au noviciat et à la profession, ils nommaient et révoquaient les officiers de la maison : prieur, cellerier, chantre, etc. ; tenus de consulter les profès composant le chapitre dans les cas les plus graves, le conseil particulier formé par quelques anciens dans les circonstances ordinaires, ils jouissaient d’une autorité très grande, mais pas du tout arbitraire et absolue, limitée qu’elle était par la Règle et les Statuts de l'Ordre. Les moines cisterciens, en effet, à la différence d’autres religieux, ne promettent pas l’obéissance d’une façon indéfinie, l’obéissance en ce qui est prescrit de bien par l’autorité, ils s’engagent selon la Règle de saint Benoît, ni au-dessus, ni au-dessous comme l’explique saint Bernard, ils peuvent sans doute faire davantage, on peut leur demander tout ce qui est bien, bon, mais pas en vertu de leur voeu.

Toute autre était la condition des abbés commendataires. D’abord, au lieu d’être choisis par la Communauté, ils étaient imposés par le pouvoir civil : imposés est bien le terme voulu, car les moines les subissaient, mais ne les acceptaient qu’à contre-coeur et cela se conçoit aisément.

En second lieu, ces abbés imposés n’étaient pas moines ; si, en principe, ils devaient appartenir au clergé régulier ou séculier, souvent, très souvent, ils se contentaient de recevoir la tonsure et, pour le reste, n’avaient rien ou si peu d’ecclésiastique ; parfois, ils n’eurent même aucune attache avec le Clergé. Ensuite, ils n’étaient tenus ni à la résidence ni, encore moins, à la vie conventuelle régulière : d’habitude, ils résidaient au loin, vivant à leur convenance, paraissant de temps à autre à l’abbaye, il y en eut qui n’y mirent jamais les pieds.

Ces abbés commendataires n’avaient aucun pouvoir sur la Communauté. Ils ne possédaient point de juridiction au spirituel, le gouvernement des moines ne les regardait en aucune façon et ils ne pouvaient s’en mêler sous un prétexte quelconque. Toute autorité, sous ce rapport, était dévolue au Prieur, nommé par l'Ordre non plus par la Communauté, Prieur dont les fonctions n’étaient pas à vie mais qui était révocable au gré de l'Ordre.

L’administration de l'Abbaye était donc partagée : au Prieur conventuel le spirituel, le gouvernement de la Communauté ; à l’abbé commendataire le temporel, la gestion des biens dont il percevait les revenus, à charge pour lui de pourvoir à l’entretien des bâtiments et à la subsistance des religieux. On voit de suite le résultat le plus clair de pareille combinaison. Elle ne pouvait qu’aboutir à la ruine des abbayes. Préoccupé avant tout de ses intérêts, l’abbé commendataire fit le raisonnement très simple que, moins il y aurait de moines à nourrir, moins de bâtiments à entretenir, plus élevés seraient ses revenus. Il visa donc à la diminution du nombre des religieux pendant qu’il laissait tomber des bâtiments devenus d’ailleurs trop grands, beaucoup trop grands pour quelques pauvres moines, 4 ou 5 à Boquen au plus, qui erraient perdus dans les grands cloîtres, les grandes salles, la grande église construite jadis pour une centaine de moines et quelques centaines de convers... 

Comme il n’était plus possible, avec si peu de monde, de s’acquitter exactement des exercices monastiques, la régularité disparut bientôt et ce fut la décadence au spirituel comme au temporel. Nous ne pouvons passer sous silence ici une autre cause et très influente de la ruine spirituelle des abbayes, il faut la chercher dans le mode absolument abusif et inadmissible du recrutement des religieux. Trop souvent, d’après la coutume de l’époque, ce n’étaient pas les intéressés qui choisissaient leur vocation, c’était le chef de famille qui déterminait et fixait l’avenir de chacun des enfants ; un tel recueillerait l’héritage paternel et perpétuerait le nom, cet autre serait chevalier de Malte, celui-ci prêtre séculier, celui-là moine, etc... Il est aisé de comprendre qu’un système pareil ne pouvait que produire les plus fâcheux résultats. Le malheureux fils de famille condamné à passer son existence entre les quatre murs d’un monastère, en des exercices pour lesquels il n’éprouvait aucun goût et n’avait souvent aucune aptitude, ne pensait qu’à une chose, adoucir sa prison, rendre sa vie le moins pénible possible, tâcher de se procurer une situation qui lui permettrait une amélioration quelconque de son sort. On accuse souvent les moines d’avoir manqué de ferveur, d’idéal, on se scandalise de leur relâchement, qu’on s’en prenne plutôt à la société contemporaine qui rendait impossible une vie religieuse normale en la mettant dans des conditions qui l’empêchaient non seulement de se développer mais même de se maintenir à un niveau convenable. C’est l'intrustion de l’autorité civile, de l’élément séculier dans la vie monastique, empêchant, paralysant le jeu normal de ses institutions, qui a contribué à sa décadence et à sa ruine plus que toute autre cause. C’est un fait incontestable pour quiconque étudie l’histoire des monastères, des abbayes cisterciennes en particulier. Le nombre exact des abbés réguliers qui gouvernèrent Boquen n’a pu être déterminé, nous l’avons déjà vu, les documents faisant défaut, la liste des abbés commendataires semble complète. Dans la double série des abbés nous aurons à signaler quelques noms dans la suite. 

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