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CATALOGUE DES ABBÉS DE L'ABBAYE NOTRE-DAME DE LANTENAC |
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Les noms des abbés de Lantenac n’ont pas été conservés dès l’origine. Le premier dont nous ayons retrouvé les traces est Robert, qui assista à un chapitre général tenu en 1248 à l’abbaye de Hombie [Note : Au diocèse de Coutances], mère de Lantenac.
Jean est le premier abbé cité par les Bénédictins ; il figure en 1271 dans un échange avec le vicomte de Rohan. Nous ignorons si c’est lui qui, en 1267, donna en faveur de Beauport la sentence que nous avons rapportée aux actes de cette abbaye sous le N° 183. En 1286, une charte de Boquen nous a montré un abbé de Lantenac s’intitulant « vicaire », c’est-à-dire délégué de l’évêque de St-Brieuc pour vider un différend entre les Cisterciens et leurs voisins ; mais cet acte ne dit pas le nom de cet abbé.
En 1350, l’abbé Guillaume Guénou fit dresser une copie authentique de l’acte de fondation, étant au château de Josselin. Il gouvernait encore le monastère, quand Jeanne de Navarre, vicomtesse de Rohan, y fonda une messe, le 27 octobre 1380 [Note : Manuscrits des Blancs-Manteaux, t. XXXII].
Six ans après, Pierre occupait le siège abbatial : « 0 son autorité et assentiment, le couvent dudit moutier » rendit, en 1394, un aveu particulier au vicomte de Rohan [Note : Nous en avons retrouvé la copie dans un registre de notes tenu par un des moines de Lantenac dans le XVIIIème siècle], et, en 1407, un autre au duc de Bretagne. D’après D. Taillandier, le frère Pierre vivait encore en 1412.
Une autre abbé du nom de Pierre transigea, disent les Bénédictins, le 16 octobre 1446, avec Alain de Rohan, relativement à une chapellenie fondée par cette famille, en faveur d’un religieux de Lantenac.
Après celui-ci, la suite des abbés est de nouveau interrompue, et l’on ne sait qui d’entre eux figura au Parlement général de Rennes en 1451, ni qui en fut exempté en 1462 [Note : D. Morice. t. II, 1568 et III, 6].
Geoffroy Guitton [Note : Nous suivons l’orthographe des Blancs-Manteaux de préférence à celle de D. Taillandier qui a défiguré tant de noms], prieur de St-Martin de Josselin, était abbé de Lantenac en 1469. La collection des Blancs-Manteaux et une note des archives de l’abbaye placent sa mort en 1495.
L’année suivante, toujours d’après la collection des Blancs-Manteaux, il était remplacé par Jean Combe [Note : Le continuateur de D. Morice ne nomme pas cet abbé : il met à la place un « Pierre dit de La Grée », sans dire où il a trouvé ce nom].
Alain de Lescouët, dernier abbé régulier, tenait le siège en 1506. D. Taillandier prétend avoir vu aux registres de la Chancellerie qu’un certain Fr. Yves de Tournevilly aurait été, par jugement, substitué au Fr. de Lescouët en 1529 ; ce dernier aurait cependant conservé son titre d’abbé jusqu’à sa mort, en 1540. Les papiers de l’abbaye n’offrent pas de trace de cette lutte entre deux compétiteurs ; mais les moines gardèrent le souvenir du bien fait à l’abbaye par Fr. de Lescouët. Ses armes [Note : De sable à la fasce d’argent chargée de trois quintefeuilles de sable] se virent longtemps aux piliers des caves, au moulin, à la grande porte du monastère, aux cloches, au bénitier et à la maîtresse vitre de l’église, soit comme témoignage des nombreuses réparations qu’il avait faites, soit comme protestation contre le candidat de la cour [Note : Ici nous nous séparons complétement de D. Taillandier qui, en opposition avec la collection des Blancs-Manteaux et les titres de l’abbaye, supprime des noms, en ajoute d’autres, en transpose et finit par faire de cette partie de la chronologie des abbés de Lantenac un imbroglio auquel on ne comprend rien].
Michel de Coëtlogon, complètement oublié par D. Taillandier, fut, d’après tous les titres de l’abbaye [Note : Notamment, le « Mémoire pour la liste des abbés de Lantenac », très précieux document qui semble la minute des notes fournies par les Bénédictins de Lantenac à leurs confrères des Blancs-Manteaux. Ceux-ci en faisaient grand cas, car ils l’ont exactement suivi], le premier abbé commendataire de Lantenac : il reçut ce bénéfice vers 1534.
Six ans après, la commende était aux mains de César de la Barre, que D. Taillandier place à tort après l’évêque de Lisieux. C’est à lui que l’enquête de 1599 fait remonter le mauvais état d’entretien des bâtiments claustraux.
Jean Le Veneur, cardinal et évêque de Lisieux, était d’origine bretonne. Il était au nombre des douze cardinaux qui vivaient à la cour de Henri II, et l’un des sept dont le roi se débarrassa en les envoyant à Rome [Note : Continuation de Fleury, t. XXIX, p. 430 de l’édition de 1731], en 1547. Le Veneur avait reçu le bénéfice de Lantenac cinq ans auparavant [Note : Le continuateur du Gallia Christiana, t. XIV, 108, place, en 1547, Louis de Botderu, que D. Taillandier dit avoir été Bénédictin, prieur de St-Guen, et élu abbé par les moines après Fr. de Lescouët ; mais il aurait été supplanté par le commendataire choisi par le roi].
Les titres de l’abbaye nous montrent Renaud Soudan possesseur de l’abbaye en 1554 ; il la conserva jusqu’en 1561.
Jean Fabry lui succéda, la même année, et mourut en 1575 [Note : M. Hauréau place, en 1571, un Rivorius de Kerdesiguen (Loc. cit.), qui n’a pu réellement être abbé à cette époque, d’après les dates que nous venons de donner. Ce prétendu abbé n’est autre probablement que Kerguézangor, que l’auteur du nouveau Gallia nomme plus haut Kercangor]. Nous avons vu comment l’abbaye lui fut enlevée par un huguenot.
Antoine Charboneau, que D. Taillandier nomme Charbonnier, était licencié en droit et aumônier du duc de Montpensier. Il crut remplir toutes ses obligations spirituelles à l’égard d’une abbaye abandonnée en traitant avec un prêtre de La Chèze pour avoir une messe par semaine à Lantenac [Note : Enquête de 1599. Nous devons ajouter cependant qu’un bail, consenti à un bourgeois de Ploërmel, en 1579, porte que le fermier de l’abbaye entretiendra trois prutres pour dire des messes basses la semaine et célébrer les offices le dimanche ; qu’il tiendra les assises de l’abbaye une fois par an, et conservera les bâtiments en bon état ; mais tout cela était lettre morte]. Quant à ses obligations temporelles, voici comme il les comprenait : ayant à acquitter une taxe pour l’abbaye, il vendit sans scrupule la dîme de St-Thélo, en 1578.
Il résigna le 23 juillet 1582, en faveur de Mathurin Dénéchault [Note : Suivant l’orthographe des Blancs-Manteaux], qui ne fut que le prête-nom de La Magnanne. L’épithète d'humble et de Frère, donnée dans un titre de ce temps à sa « vénérable et scientifique personne », annonce un religieux : dans ces jours de tourmente, où tant de moines chassés de leurs couvents couraient le monde, il n’était pas difficile de trouver un complaisant sous le froc. A la mort de Dénéchault, le roi donna le titre d’abbé à Guillaume Dupont, « en faveur du comte de La Magnanne » [Note : Le Pape refusa pendant deux ans de sanctionner le choix royal : la cour de Rome résistait autant qu’elle le pouvait à ce système de retraite en faveur des routiers des troubles civils] ; mais le vieux Bras-de-Fer étant mort peu après [Note : Le monastère envoya, aussitôt qu’il apprit cette nouvelle, son prieur à la demeure du défunt, près Morlaix, pour tâcher de recouvrer quelques titres. Le prieur n’en rapporta guère que la copie de l’acte de fondation], Dupont put jouir en entier des revenus de son abbaye. Il était « conseiller et aumônier ordinaire du roy, chanoine prébendé de l’église d’Evreux » [Note : Il rendit aveu au roi en la cour de Ploërmel, le dernier jour de mai 1637, et prêta serinent de fidélité, par l’entremise de son prieur claustral, le 18 juin suivant].
Le 27 août 1641, Guillaume résigna son abbaye en faveur de son neveu, Etienne Dupont, aussi aumônier du roi et de plus protonotaire apostolique. Celui-ci ne s’occupa que de recouvrer les revenus de sa commende, ce qui lui donna de longs et gros embarras. Il rendit à Mlle Marguerite de Rohan, en 1644, un aveu qui fut attaqué en justice [Note : Le Parlement de Paris obligea l’abbé à rayer de cet aveu la haute justice, ses prétendus droits sur les moulins de Trémuson et de La Chèze, et lui assura le tiers des dîmes de Ménéac. (Arrêt du 19 juillet 1678)]. Le monastère était alors dans une ère de prospérité sous la congrégation de St-Maur. Etienne Dupont était chapelain de la chapelle royale de la Paix, du Louvre ; il fit réunir la crosse de Lantenac à ce bénéfice en 1653. Il mourut en 1685, et, pendant trois ans, l’abbaye fut mise en économat.
En 1688, la commende fut donnée « à messire Louis de Femon ; la perfection évangélique dont il était pénétré, dit un manuscrit rédigé par les moines en 1773, ne lui permit jamais de s’adresser aux tribunaux pour s’enrichir ; aussi ne voit-on dans les archives aucune procédure jusqu’à son décès, arrivé en 1704 » [Note : Des documents, qui semblent plus certains que cette assertion de moines assez peu réguliers, présentent au contraire Louis de Fernon comme s’étant marié en 1706, et ayant alors renoncé à son bénéfice].
Gesrel ou Géry de Monteleau ou de Monteliau fut nommé à la place du précédent. Il était pauvre, avait des dettes, et crut trouver là un moyen assuré de remettre de l’ordre dans ses affaires. Toute sa vie se passa à défendre son bénéfice contre ses religieux et ses créanciers ; ces derniers saisirent même la mense abbatiale. Il mourut à St-Lazare en 1731 [Note : Une grande partie du XVIIIème siècle fut marquée par des procès touchant le guet du château de La Chèze et la portion congrue du recteur de Trévé, qu’aucun des cinq gros décimateurs de cette paroisse, savoir l’abbaye, le chapitre de la cathédrale de St-Brieuc, les prieurs du Clos, de St-Martin et de St-Sauveur, ne voulait payer. Quant à la garde du château de La Chèze, il fut convenu que les vassaux de l’abbaye en seraient exempts, moyennant 30 sous payés par la main des moines].
Marin de Kerbringal, au contraire, se montra de très facile composition avec ses religieux [Note : Dès 1732, il passa avec eux un contrat par lequel il leur laissait les revenus et les charges de l’abbaye, durant toute sa vie abbatiale, moyennant une simple pension de 2,000 livres. Par là il assoupit tous les procès entamés sous son prédécesseur] : il se démit vers la fin de l’année 1786, et la commende passa à François-Octave de Barral, vicaire général et official de Troyes, qui la tenait à la Révolution.
(J. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy).
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