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FONDATION DE L'ABBAYE SAINT-MELAINE

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L’ABBAYE SAINT-MELAINE - Sa fondation et ses transformations.

Autrefois, dans les premiers siècles de notre ère, vers le IVème siècle, il existait au nord de la ville et en dehors de l’agglomération qui devait former la cité des Rhedones, un cimetière destiné à la sépulture des clercs et des laïcs, il était situé dans la partie dénommée actuellement rue de Fougères.

Saint Just, évêque de Rennes au IIème siècle, y fut inhumé vers l’an 180 et donna son nom au faubourg. Cette dénomination s’est perpétuée pendant les siècles, et il y a encore peu de temps on désignait encore communément sous le nom de « barre de Saint-Just », le lieu se trouvant à la jonction de la rue de Vincennes actuelle et de la rue de Fougères, où existait autrefois une barrière.

Au VIème siècle, saint Amand, évêque de Rennes, prévoyant une mort prochaine appela près de lui Melaine, et ayant rassemblé les principaux du clergé et du peuple leur déclara que le Seigneur avait daigné lui apprendre que Melaine serait leur pasteur après lui. Les principaux habitants de l’un et l’autre sexe, accompagnés des ecclésiastiques, malgré la résistance de Melaine, l’élurent d’un commun accord pour leur évêque.

Melaine était né au Vème siècle dans la paroisse de Platz, du diocèse de Vannes, où dit-on, il avait fondé un monastère. Il était, dit dom Lobineau, d’une figure agréable, il avait des manières engageantes, une douce affabilité, une prudence rare, une tempérance qui faisait l’admiration de tous ceux qui le connaissaient. 

C’était un religieux chaste, pieux, passant les jours dans le continuel exercice des bonnes oeuvres et parfois les nuits dans la prière.

Sa réputation s’étendit rapidement et le roi des Francs, Clovis, l’attacha à sa personne et l’appela bientôt dans ses conseils ; il assista au concile d'Orléans réunissant trente-deux évêques assemblés par Clovis.

La chronique raconte que saint Melaine fit de nombreux miracles, des aveugles à qui il a rendu la vue, des boiteux qu’il a redressés, des muets qui ont retrouvé l’usage de la parole, des malades auxquels il a rendu la santé.

Elle ajoute que le cruel roi vénète Eusèbe, après avoir ravagé avec ses troupes le canton de Comblessac, et, suivant les emportements d’une fureur aveugle, fait arracher les yeux et couper les mains à beaucoup de personnes, se sentant tourmenté de douleurs insupportables fit prier saint Melaine de venir le voir et le soulager, et de sauver sa fille Aspasie dont le démon s’était emparé en punition des cruautés dont lui-même s’était rendu coupable.

Cette chronique ajoute que saint Melaine vint avec ses moines de Platz, qu’il guérit d’abord le prince de la cruelle maladie dont il souffrait, après lui avoir imposé une pénitence proportionnée à l’énormité de ses offenses, et malgré la résistance du démon le chassa du corps d’Aspasie.

Eusèbe, reconnaissant, donna au saint homme pour l’entretien de ses religieux les dîmes et redevances de la paroisse de Comblessac.

Saint Melaine vécut en partie à Rennes et à son monastère de Platz où il mourut le 6 janvier, écrivent certains écrivains, le 6 novembre, disent d’autres, vers l’an 535.

La nuit suivante fut passée en prières et le jour d’après on célébra la messe de grand matin, ensuite de quoi on mit le corps dans un bateau qui se trouva là auprès, et remontant la Vilaine, les évêques, les ecclésiastiques et les moines conduisirent, au chant des litanies, la dépouille mortelle du saint prélat, jusqu’à Rennes à trente milles loin de Platz, et le peuple suivait en chantant des cantiques d’action de grâces.

A l’approche du corps, toute la ville de Rennes, peuple et clergé, sortit au-devant, avec les croix, les cierges et les bannières, en chantant et louant Dieu de ce qu’il leur avait fait la grâce de les honorer de ce précieux dépôt.

Saint Melaine fut inhumé dans le cimetière où l’avait précédé l’évêque saint Just. Une riche basilique s’éleva sur sa tombe.

Peu de temps après, saint Patern, évêque d'Avranches vint, si l’on en croit Fortunat, établir un monastère près de cette église, c’est la première abbaye de Saint-Melaine et le premier monastère fondé à Rennes. 

Dans le principe, ces monastères auxquels n’étaient attachés que quelques moines n’avaient pour but que de prier et veiller à la garde des reliques vénérées.

Au commencement du VIème siècle un incendie détruisit le monastère et l’église élevée par les fidèles sur le tombeau de saint Melaine ; l’histoire rapporte que le sépulcre du saint confesseur bien qu’enseveli sous les débris enflammés des poutres et des riches tapisseries ne fut pas atteint par les flammes et que l’on retrouva intact le corps du saint sous la toile qui le recouvrait.

Le monastère et la basilique demeurèrent en ruines jusqu’au règne de Salomon II. Vers 603, grâce aux largesses de ce prince breton les deux édifices se relevèrent de 640 à 660 non moins somptueux et les revenus de l’abbaye furent augmentés (seconde abbaye). 

Salomon II fut inhumé dans l’église en 690.

Pendant l'invasion des Normands en Bretagne, ceux-ci en 874, vinrent assiéger Rennes ; après s’être emparés de l’abbaye de Saint-Melaine, où ils se retranchèrent et se défendirent, ils ruinèrent le monastère qui les avaient protégés et s’enfuirent vers Redon.

Alain III, duc de Bretagne, voulut en 1032 relever l’abbaye et lui octroyer la dîme des droits perçus en son nom sur la monnaie frappée à Rennes à son effigie ; l’abbaye à cette époque était réduite à un seul moine, quand Geoffroy-le-Batard, comte de Rennes, touché de la désolation du sanctuaire, entreprit de le rétablir ; à cet effet il soumit Saint-Melaine à l’abbaye Saint-Florent de Saumur, le moine breton Even ou Yvon vint à Rennes administrer le monastère et lui rendre son ancienne splendeur vers 1055 (troisième abbaye).

Peu d’années après, les bâtiments commencés sous Alain III étaient achevés, la bibliothèque munie de bons livres, la sacristie pourvue des ornements sacerdotaux et cent moines profès habitaient l’abbaye.

C’est à cette époque que fut commencée la construction de l’église actuelle qui devait être modifiée et transformée au cours des siècles qui suivirent.

Alain Fergent, duc de Bretagne vers 1084, avant son départ pour la Terre Sainte, y fit inhumer sa femme Constance, fille de Guillaume le Conquérant, le 13 août 1090, sous la tour de l’église.

Au cours du XIVème siècle, pendant la guerre de la succession de Bretagne, les bâtiments de l’abbaye furent saccagés et les moines durent se retirer dans l’enceinte de la ville en un logis dit du Petit-Saint-Melaine situé rue du Chapitre.

Vers 1516, les bâtiments construits au XIème siècle tombant en ruines, l’abbé Noël du Margat les releva et entreprit la reconstruction de l’église (quatrième abbaye).

Il ne dut pas exécuter de grands travaux puisqu’un arrêt de la cour du Parlement de Bretagne du 9 août 1572 commet « deux conseillers en icelle pour se transporter en l’abbaye de Saint-Melaine, près de cette ville de Rennes, pour faire procès verbal des ruines, si aucunes sont en lad. abbaye » et qu’une remontrance du Procureur général du Roy du vendredi 25ème jour d’octobre 1577 signale que les édifices et maisons de l’abbaye étaient en mauvais état.

Un arrêt de la Cour de juillet 1594 ordonne que l’abbé de Saint-Melaine Mathurin de Montallais « fera réparer la sacristie sellon qu’il y a consenty et garnir de grandes armoires et coffres quomodes pour conserver les ornemens, qu’il continuera la construction de la tour à l’entrée de lad. église, et de faire travailler chacun jour tant au dedans qu’au dehors de lad. église, cloistres, chappitres, dortoirs, reffectoire, pressoir et autres maisons et batiments de l’abbaie et clostures d’icelle ».

Lorsque le roi Henri IV vint à Rennes, en 1598, après avoir partagé son temps entre les assemblées de Dames, les courses de bague et la paume, il alla dîner le soir du vendredi 15 mai chez l’abbé de Saint-Melaine, Mathurin de Montallais, et le lendemain dès cinq heures du matin, il montait à cheval et prenait la route de Vitré.

Cet abbé, natif d'Anjou, prit part en 1583 au concile de Tours, il présida aux Etats de Bretagne, assemblés à Rennes pendant la ligue et pendant que tous les évêques et tous les abbés de la province suivaient le parti de la ligue, il fit preuve de sa constante fidélité au service du roi.

Il contribua à la fondation du collège des jésuites et fut accusé d’avoir aliéné quelques biens de son abbaye et d’avoir maltraité ses religieux pour contribuer à la fondation de ce collège.

Mathurin de Montallais demeura toujours à Rennes, où il mourut le 12 janvier 1603. Son corps fut inhumé dans la chapelle Saint-Benoît de son église abbatiale, dans un ancien tombeau élevé dans la muraille du côté du midi.

A la suite de la visite du roy, l’abbé de Montallais continua les travaux, mais ne put les achever complètement puisque aussitôt après sa mort, le procureur général du roy par une remontrance du 8 mars 1603 dut enjoindre « aux héritiers du deffunt abbé de Montallais de satisfaire à ce qu’il reste de l’exécution de l’arrest du 26 juillet 1594, dans deulx mois, et jusques à avoir obéy, que les meubles dud. feu abbé seront spécialement obligez, lesquelz le greffier d’office de Rennes qui a apposé les sceaulx, et autres dépositaires d’iceulx ne pourront se dessaisir ne des deniers provenans d’iceulx ».

Les travaux cependant se terminèrent dans le délai imparti et le 24 mai suivant, il fut fait « état de l’abbaie, réparation du couvent et renable des réparations ».

En 1627, Pierre du Lyon devint abbé de Saint-Melaine. Il introduisit dans ce monastère, qui avait jusqu’à ce jour suivi la règle de Saint-Benoît, la réforme de la congrégation de Saint-Maur.

Il habitait alors un logement dans le bâtiment à l’est des cloîtres, mais les nombreuses visites qu’il recevait, étant en communication avec le dehors, troublaient la quiétude du monastère et la tranquillité des cloîtres ; il dut quitter ce logement et aller habiter dans le bâtiment à l’ouest (hôtellerie) ; les religieux s’engageant à créer au-devant de ce bâtiment une cour de trente pieds close d’une bonne muraille.

Dans le journal manuscrit d’un Bourgeois de Rennes au XVIIème siècle, on lit : « Au commencement de l’année 1658, on commença à démolir la tour de Saint-Melaine de Rennes pour la rebastir à neuf, vu que par caducité les pierres et massonnail en tombaient en différents endroits notables par vétusté ».

Dans la nuit du 18-19 mars 1665, un incendie détruisit les bâtiments de l’abbaye. La chambre commune, le vestiaire, la bibliothèque, les dortoirs, tout fut brûlé, seule l’église ne fut pas atteinte par les flammes.

En 1670, l’ancien évêque de Condom, Jean d'Estrades ayant fait choix de l’abbaye de Saint-Melaine pour ses prières, entreprit la réédification de tous les bâtiments incendiés en 1669, il fit construire les bâtiments claustraux, le cloître et acheva la réédification de la tour de l’église en conservant l’ancien mur à l’ouest de la nef ; il édifia la tour jusqu’au sommet du fronton triangulaire et la surmonta d’un petit étage d’attique sur plan octogonal (cinquième abbaye).

L’abbé d'Estrades abandonnant son logement à l’intérieur de l’abbaye fit construire dans la cour qui avait été attribuée en 1632 à son prédécesseur immédiat Pierre de Lyon, un superbe bâtiment qui devint le manoir abbatial.

L’abbé d'Estrades et ses successeurs habitèrent le manoir abbatial jusqu’en 1721, à cette date M. Martin du Bellay fut nommé abbé commendataire de l’abbaye de Saint-Melaine, mais il ne vint pas résider à Rennes et le manoir resta inhabité.

Il ne reste pas de traces de l’antique monastère des VIème et Xème siècles ; ce devait être une très belle abbaye de très pur style roman, les colonnes et les superbes chapiteaux retrouvés  au début du XXème siècle, lors de la démolition d’un mur de clôture nous font entrevoir la beauté et la richesse du cloître. Seule, une vue perspective de l’abbaye insérée dans le « Monasticon Gallicanum » de 1688 nous indique très exactement ce qu’était le monastère après sa reconstruction par Jean d'Estrades au XVIIème siècle.

Rennes : abbaye Saint-Melaine

En bordure de la rue de la Quintaine (rue de Fougères), s’ouvrait une cour close (atrium Ecclesiae) de la largeur de l’église et de ses collatéraux, à l’est de laquelle s’élevait l’église abbatiale, précédée d’un grand perron circulaire. La tour élevée d’un étage seulement avec attique n’était couronnée d’aucun dôme ni clocher. Au bas du choeur s’élevait un haut clocher couvert en ardoises et un autre petit clocher sur le transept nord.

Au XIIème siècle, à la croisée de la nef et du transept, devait s’élever probablement un fort clocher comme on en construisait à cette époque et dont il reste encore quelques exemples.

Au nord de la place se trouvait le palais abbatial précédé d’une cour fermée, avec ses remises et dépendances en bordure de la rue de la Quintaine ; derrière, le jardin particulier de l’abbé s’étendait jusqu’à la ruelle de la Palestine, ainsi dénommée en souvenir de la Terre Sainte.

Au nord de l’église, entourant une cour intérieure au pourtour de laquelle, et sur quatre côtés s’étendait le cloître, se trouvaient les bâtiments claustraux renfermant à l’ouest l'hôtellerie ; au nord et à l’est, les dortoirs, le réfectoire et la bibliothèque. Au-dessus du réfectoire s’élevait un clocher pour les appels du monastère.

A l’est des bâtiments, le jardin de l’abbaye rejoignait la promenade plantée d’arbres, monticule appelé le Thabor qui existait autrefois sur la rive droite du Jourdain. Puis, à l’est encore, un verger.

Au sud de l’église abbatiale, dans un verger planté de pommiers, s’élevait l'église paroissiale de Saint-Jean dépendante de l’abbaye, précédée de son cimetière à l’ouest, sur la place actuelle.

Rennes : abbaye Saint-Melaine

Un plan et devis du 26 mars 1761 levé et dressé par l’architecte Béchet des Hourmeaux indique exactement ce qu’était l'église à cette époque : La nef y compris le jubé et ce depuis la tour jusqu’au mur qui sépare le choeur et chanceau contient cent vingt-six pieds, sa largeur est de vingt-cinq pieds entre les piliers des collatéraux, celui au midi a douze pieds de large et celui au nord, treize pieds. Les piliers qui séparent la nef des collatéraux ont à leur base quatre pieds six pouces d’épaisseur. Dans le mur qui sépare le choeur et chanceau de la nef et collatéraux y joignant, sont pratiquées trois arcades l’une vis-à-vis de la nef défendue par une porte à claire-voie en bois, le tout formant jubé et enclosant le choeur et chanceau. Depuis ce mur jusqu’au pignon oriental auquel est adossé le maître-autel, il y a quatre-vingt-seize pieds de longueur, les collatéraux n’ayant que soixante-deux pieds de longueur sur onze pieds de largeur. Au midi et au nord du jubé sont deux chapelles formant transept, celle au midi mesurant trente-quatre pieds de large sur trente pieds de long, celle au nord n’ayant que trente pieds de longueur sur trente pieds de largeur. Dans chacune de ces chapelles un autel est adossé au mur oriental. Deux autres autels à l’intérieur du jubé sont adossés au mur est des collatéraux.

Rennes : abbaye Saint-Melaine

Les bénédictins entraient dans leur église par une porte située au haut du palier du petit escalier de la porterie, dans le prolongement du cloître, cette porte donnait accès dans une partie fermée du collatéral, à l’emplacement des fonts baptismaux actuels.

Au-dessus de cette partie réservée, se trouvait, à l’étage, en communication avec les bâtiments claustraux, une petite pièce appelée chapelle de l’infirmerie.

Une seconde porte dans le collatéral du choeur conduisait à la sacristie qui se trouvait dans les bâtiments claustraux.

Les fidèles pouvaient assister, dans la nef, aux offices religieux en entrant par la grande porte de la tour. Cette tour était isolée du côté sud. 

Rennes : abbaye Saint-Melaine, année 1928

Il n’y avait aucune autre entrée dans l’église, la porte actuelle sur la place, donnant accès au collatéral sud, n’existait pas, elle fut construite au XIXème siècle, de même que fut percée la porte latérale.

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Pendant l’incendie de 1720 qui détruisit presque complètement la ville, l’hôtel de l’intendant situé rue du Chapitre fut en partie atteint par les flammes, toutes les dépendances furent anéanties.

L’intendant, Mgr Feydeau de Bron, demanda à la Communauté de Ville de lui fournir un autre logement, l'hôtel de Brie ou du Bois de la Motte étant devenu insuffisant et incommode, et il suggéra à la Communauté de louer le manoir abbatial qui était vacant, puis de l’agrandir et de construire en bordure de la rue de la Quintaine des bâtiments pour y loger ses divers services.

La Communauté engagea des pourparlers avec l’abbé commendataire de Saint-Melaine, fit établir un projet et un devis de la dépense qu’entraîneraient les travaux d’agrandissement et d’aménagement du manoir, la construction de bâtiments sur la rue de la Quintaine (ce devis s’éleva à 21.000 livres) et le 28 juin 1725, elle prit la délibération suivante : « La Communauté de Ville le 28 juin 1725 arrête qu’il sera passé des baux à ferme de la maison abbatiale de Saint-Melaine avec M. l’abbé du Bellay nommé par le roi à ladite abbaye pour vingt et une années de jouissance qui commenceront au premier janvier prochain et finiront à pareil jour de l’année que l’on comptera mil sept cent quarante-six pour le logement de Mgr l'Intendant et de ses successeurs à l'Intendance à raison de deux mille livres par an et de deux mille cent livres pour le pot de vin évalué sur le pied de cent livres pour chacune des vingt et une années, consent de faire l’avance de ladite somme de 2.100 livres, même celle de 21.000 livres pour estre employée aux réparations et augmentations nécessaires à faire mettre ladite maison abbatiale en estat de loger monseigneur l'Intendant suivant et conformément au plan et devis dressé par Mousseux, architecte... Ladite communauté sera quitte de la dite somme de 2.100 livres pour pot de vin et retiendra pour chacune des vingt-et-une années la somme de 1.000 livres pour moitié sur loyer jusqu’au parfait remboursement de la somme de 21.000 livres ».

Puis le surlendemain 30 juin 1725, elle passa, par devant Maître Le Loué, notaire royal, un bail aux conditions arrêtées dans sa délibération, mais pour trois années seulement et à partir du 1er janvier 1743. 

Aussitôt que les travaux furent terminés Mgr Feydeau de Bron s’installa et le manoir abbatial devint l'Hôtel de l'Intendance.

En 1766, Mgr Martin du Bellay qui en 1759 avait été nommé évêque de Fréjus, s’étant démis de son siège épiscopal pour conserver son abbaye de Saint-Melaine voulut reprendre son manoir abbatial.

La Communauté de Ville dut donc l’abandonner ; en 1770, elle acquit l'hôtel de Ruberso (Préfecture actuelle), l'Intendant s’y installa et l’abbé put espérer reprendre possession de son manoir. Cependant Mgr Barreau de Girac, évêque de Saint-Brieuc, fut le 21 décembre 1769 nommé évêque de Rennes, et il prit possession de son siège le 16 avril 1770.

Dès son arrivée, il demanda et obtint l’extinction de la mense abbatiale et sa réunion à la mense épiscopale ; il prit donc le manoir abbatial qui devint le manoir épiscopal, laissant aux bénédictins la jouissance de leur abbaye.

Mgr de Girac était un grand seigneur, il voulait faire de son manoir une résidence somptueuse, il fit dresser de vastes projets d’agrandissements qui ne furent pas tous exécutés, mais il fit décorer de superbes boiseries les salons et appartements du manoir et le transforma en palais.

La cour d’entrée fut modifiée ; il créa un grand portail avec grille en fer surmontée de ses armes, et encadré de deux pilastres ; à l’ouest de l’entrée, il fit édifier un pavillon pour le suisse et à l’est un autre pavillon pour les porteurs et la livrée.

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A cette époque, l’église cathédrale Saint-Pierre s’étant écroulée, le service divin était célébré dans la chapelle de l’hôpital Saint-Yves ; Mgr de Girac voulut transférer l’office canonial dans l’église de l’abbaye Saint-Melaine ; à cet effet, il fit dresser par Friguet, ingénieur en chef de la province, un vaste projet de transformation et il suggéra aux Etats de Bretagne l’idée de confier aux savants bénédictins de Saint-Melaine la gestion du collège des Jésuites dont ceux-ci avaient été expulsés en 1762.

Friguet, peut-être sur les suggestions de l’évêque, soumet le 6 juin 1778 un projet grandiose ; il veut démolir tous les bâtiments claustraux et autres et utiliser tout le terrain en un magnifique jardin pour l’évêque.

Sur les murs de l’église abbatiale dont il conserve la tour, la nef, l'intertransept et le choeur, il prévoit d’édifier une grande cathédrale, pour cela, il entoure la nef d’un large collatéral avec déambulatoire circulaire au pourtour du nouveau choeur qu’il prolonge par une chapelle absidale, prévoit en outre seize chapelles dans le déambulatoire et quatorze chapelles dans les collatéraux.

Friguet veut, en outre, faire du Thabor une promenade publique, il veut démolir l’église Saint-Jean et transférer le culte paroissial dans la chapelle du couvent de la Visitation et relier le Thabor à la place Saint-Melaine par une allée plantée d’arbres ; enfin, il affecte à l'hôtel Ruberso devenu l’hôtel de l'Intendance tout le verger au sud de l’église Saint-Jean.

Poursuivant ses études, Friguet veut redresser l’alignement de la rue de la Quintaine et il envisage la construction, à la suite de l'hôtel de Marbœuf, d’une série de maisons entre cour et jardin pour le logement de Messieurs du chapitre.

Ce vaste projet, dont on peut louer aujourd’hui la conception, anéantissait complètement le monastère et ruinait l’antique abbaye.

Les bénédictins élevèrent de vigoureuses protestations contre les prétentions de l’évêque, et le 15 janvier 1779, pendant l'Assemblée des Etats de Bretagne, ils adressèrent une supplique à l'Assemblée nationale pour défendre leurs droits et conserver paisiblement et sans trouble la propriété de leur église, de leur monastère et enclos occupés depuis douze siècles par les religieux de l’ordre de Saint-Benoît.

Dans la requête présentée aux Etats de Bretagne, les bénédictins écrivaient : « Nosseigneurs..., Les religieux bénédictins de l’abbaye de Saint-Melaine vous supplient humblement de leur accorder votre appui et votre intercession pour détourner le malheur dont ils sont menacés. Leur propriété est attaquée et ils ont trop à craindre, si vous ne les secondez, que le projet funeste de les en dépouiller ne soit accompli et consommé... L’église de Saint-Melaine, considérée en elle-même, n’a aucun des avantages que requiert une cathédrale, elle est hors des fauxbourgs de la ville, elle est à peine lambrissée, ce ne sont positivement que des morceaux adaptés successivement les uns aux autres, la partie sud croule de toutes parts... ».

Et ils terminent leur requête en demandant « d’empêcher de transférer les religieux de Saint-Melaine au Collège afin de procurer aux bénédictins un établissement riche qui les rendît utile à la Province, et d’empêcher que sous forme de secours accordés par la Congrégation à la maison de Saint-Melaine, il ne soit mis aucun obstacle à ce projet ».

Les deux ordres de l'Eglise et du Tiers refusèrent de donner leur avis sur la requête présentée aux Etats par les bénédictins comme « ne renfermant que des objets de réclamation étrangers à l'Assemblée et aux affaires dont les Etats ont le droit de s’occuper ».

L’ordre de la Noblesse, par contre, retiré aux Chambres, délibère sur le refus des ordres de l'Eglise et du Tiers, et elle fait dresser le 15 janvier 1779, aux six heures du soir, par les notaires royaux Richelot et Jolys la protestation suivante : « L’ordre de la Noblesse a reconnu dans les faits qui excitent les plaintes et les doléances des religieux, une atteinte formelle aux droits sacrés des propriétés, qui nécessitent la réclamation la plus forte de la part des Etats, il croit devoir prendre cet objet en considération et être tenu de prévenir Sa Majesté pour la préserver des surprises qui seroient faites à sa bonté et à sa justice, si un tel projet était réalisé ».

Cette protestation de l’ordre de la Noblesse ne suffit pas et le 18 janvier 1781, les bénédictins durent présenter une nouvelle requête aux Etats, le 24 janvier, nouveau refus des Etats qui « ont regardé l’objet de la requête des religieux bénédictins comme une affaire finie » et nouvelle protestation de l’ordre de la Noblesse « qui est d’avis que les Etats... leur intervention en cas de besoin ».

Ce projet de transfert de l'abbaye de Saint-Melaine à l’ancien collège des jésuites n’eut pas lieu et les bénédictins purent rester dans leur abbaye, peu de temps cependant ; quelques années plus tard, en 1790, la Révolution devait déclarer biens nationaux tous les immeubles appartenant aux communautés et monastères.

Le 25 août 1790 le prieur, dans une déclaration faite devant le Directoire du district indiqua que l’abbaye renfermait treize religieux et huit domestiques laïcs, que sept de ces religieux sont décidés à se retirer du cloître et que quatre seulement désirent rester dans la communauté.

Le Directoire leur accorde une pension, mais ils doivent justifier leurs dépenses.

Rennes : abbaye Saint-Melaine, année 1928

Le 20 septembre, sur la demande de l’évêque constitutionnel Le Coz, le Directoire estime que l’église du monastère pourrait devenir église cathédrale et que les bâtiments claustraux pourraient être affectés à une école de théologie (séminaire), en les réunissant à l’évêché.

L’année suivante, l'église est dénommée paroisse Saint-Melaine et par une délibération du Directoire du district du 24 septembre 1791, elle autorise Richelot, trésorier de la nouvelle paroisse à « faire lever les scellés apposés sur les églises de Saint-Germain, Saint-Georges, Saint-Martin et Saint-Jean, à y prendre les objets mobiliers, sauf les autels et à prendre les clefs ; ces églises supprimées étant réunies à la paroisse Saint-Melaine ».

Le 8 novembre 1791, l'église étant ouverte aux fidèles, le Directoire du district donne ordre à Binet de dresser un devis des réparations à faire ; dans ce devis, Binet prévoit en outre des réparations à faire aux murs, à la tour et au perron, une modification au fronton triangulaire au-dessus de la porte, il sera, dit-il, « au milieu du tympan sculpté un S et M entrelacés formant le chiffre du patron de la Métropole surmonté d’une couronne civique de feuilles de chêne ; le dessous du chiffre sera orné d’une branche de laurier et de palmier liés ensemble par un noeud de ruban, le fond du tympan sera orné de rayons ».

Ce même devis nous donne une description du jubé closant le choeur, « le jubé actuel de l’église sera entièrement démoli dans toute sa longueur et hauteur, les quatre colonnes de marbre seront enlevées avec soin. Ledit jubé a environ trente-cinq pieds de longueur du nord au midy, sur la hauteur de quatorze pieds ; l’on fera également la démolition des deux tambours nord et midy et des escaliers en bois pour monter audit jubé, la grande grille de fer sera enlevée, les deux stalles au joignant les tambours seront adossées au mur nord et midy, de manière à ne point gêner la vue de l’autel, l’entrepreneur disposera de tous les matériaux comme tuffeau... ».

Ce jubé était construit en pierre de tuffeau avec quatre colonnes de marbre encadrant deux niches ; une porte grille au centre. On accédait à la plate-forme du jubé par deux escaliers, l’un au nord, l’autre au midi. Le plan de ce jubé, que nous avons retrouvé, nous fait présumer qu’il avait été construit à l’époque de la Renaissance (XVIIème siècle).

A cette époque le choeur de l'église était complètement fermé puisque le même devis nous dit : « Il fera la démolition des murs entre les arcades et les menuiseries au-dessus des stalles jusqu’à la hauteur de quatre pieds quatre pouces du niveau du carreau des bas-côtés, il placera dans les deux arcades nord et midi, deux grilles de fer, lesdites arcades à l’extrémité orientale servant à communiquer au sanctuaire ».

Au pourtour du choeur régnaient deux rangées de stalles adossées à un haut lambris dont une partie existe encore dans l'arrière-choeur actuel.

Tous ces travaux furent exécutés par le citoyen Guibert ; ils s’élevèrent d’après le rapport de l’architecte Binet du 24 mars 1793 à 4.601 livres, 12 sols, 6 deniers.

Le 23 mars 1792, le Directoire du district est d’avis « que les commissaires de la fabrique de la paroisse Saint-Pierre (à ce moment l'église Saint-Melaine était sous le vocable de Saint-Pierre) soient autorisés à faire transporter aux frais de la fabrique le jeu d’orgues existant dans l’église Saint-Germain dans celle de Saint-Pierre ».

Dans les jours qui suivirent, ils sont autorisés à échanger les trois petites cloches du monastère contre les trois cloches de l’église Saint-Aubin désaffectée. Le conseil de la paroisse traite avec Guibert moyennant la somme de 755 livres pour la pose dans le beffroi d’une charpente de suspension des dites cloches.

Cependant, l’office canonial de la cathédrale était encore célébré dans la chapelle des Cordeliers lorsque le Directoire du district ordonna à l’évêque constitutionnel Le Coz de transférer le service divin à l’église Saint-Melaine.

L’évêque s’y refusa et répondit le 19 août 1793 aux commissaires du district : « Je me suis hâté de faire déblayer et nettoyer l’église Saint-Melaine, mais cela ne suffit point, l’église Saint-Melaine exige encore beaucoup de réparations, la couverture ne vaut rien, il pleut jusque sur le maître-autel, les fenêtres y sont dégarnies de vitres et dans les jours d’un vent violent tel que celui de samedi, il serait impossible d’y faire l’office. Enfin, il n’y a point de chaire, point d’orgues, il manque encore d’autres objets essentiels », et il conclut que le département doit ordonner des fonds pour les réparations.

Le 26 août, le Directoire refuse en disant que « les réparations que demande ledit Le Coz ne sont point de nature à empêcher le service divin, qu’elles ne nécessitent que quelques journées d’ouvriers, que ce serait bien mal employer les fonds de la République que de les destiner à des réparations qui, dans l’état actuel des choses, ne seraient pas d’une utilité indispensable, que parmi celles dont il est parlé, il en est qui sont plutôt des objets de luxe que de première nécessité, que le jeu d’orgues, par exemple, n’est pas nécessaire à la célébration de l’office divin... » et il ajoute « que l’église Saint-Germain offre à la fabrique tout ce qu’elle demande, une chaire très propre et un jeu d’orgues ».

Peu de temps après, l’exercice du culte catholique ayant été suspendu, l’église fut fermée.

Pendant la Révolution, le Directoire voulant utiliser tous les édifices religieux en fait une écurie pour la cavalerie, et les degrés qui conduisaient au grand portail furent remplacés par une rampe en terre pour les chevaux, et les abords étaient encombrés par des dépôts de fumier.

Lorsque le culte fut rétabli en 1803, l’église Saint-Melaine devint cathédrale et on y célébra l’office jusqu’au 2 avril 1844.

Ensuite elle devint église paroissiale sous le vocable de Notre-Dame.

En 1855, le curé Meslé fit édifier le couronnement de la tour avec beffroi et dôme surmonté d’une statue de la Vierge par Mellet, architecte.

Tout le mobilier de l’église, les autels, la chaire, les grilles en bois du choeur furent faits par Hérault. L’orgue du facteur Claus, le buffet du menuisier Bellanger, furent posés sous la direction de l’architecte Martenot en 1879.

L'Assemblée nationale ayant ordonné par décret du 19 juillet 1792, que les palais épiscopaux seraient vendus au profit de la Nation, le Directoire du district fait dresser par le citoyen Philippe Binet l’aîné, architecte, un procès-verbal d’adjudication, celui-ci dans son rapport du 18 octobre 1792, après avoir dressé un « plan visuel » et décrit minutieusement le palais, les dépendances, les jardins et avoir détaillé le tout en six subdivisions, en estime la valeur totale à 87.000 livres.

Néanmoins, le palais ne fut pas mis en vente.

Au contraire « l’église Saint-Jean avec le cimetière au côté occidental de la sacristie contenant quatre cordes, l’autre cimetière au-devant de ladite église contenant neuf cordes, le grand jardin de la Vigne dépendant de la cy-devant communauté de Saint-Melaine et contenant trois journaux », furent vendus au citoyen Talhouët le 29 janvier 1793 pour 9.150 livres.

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Le 26 août 1793, le Directoire du district attribua à la ville de Rennes les bâtiments et les jardins de l'ancienne abbaye pour y établir l'hôpital général des vieillards et des enfants trouvés, le 24 septembre, le Conseil général de la Commune, au titre de commission des hospices, « notifie au citoyen Martin, prêtre (ce devait être l’abbé Martin du Bellay) de se conformer à l’arrêté du département tendant à évacuer sous huit jours pour tout délai, la maison conventuelle des cy-devant bénédictins, destinée à recevoir l'hôpital général ».

L’abbé obéit à la réquisition et la Commission des hospices prit possession du monastère.

Le 28 floréal an XI (19 mai 1803), le Conseil général demande « d’affecter à l’évêque (qui n’avait plus la jouissance du palais épiscopal) un logement dans la maison cy-devant conventuelle des Bénédictins, le Musée et autres objets servant à l'Instruction publique, occupant aujourd’hui partie de l'église du cy-devant évêché » ; il demande, en outre : « que l’évêché soit consacré à l’administration préfectorale et à l’établissement de la sénatorerie ».

La Commission des Hospices refuse.

En 1804, le Conseil du département « voulant loger l’évêque et créer un séminaire dans les anciens bâtiments abbatiaux, propose aux administrateurs des hospices l’ancien couvent de Saint-Cyr en échange de l’ancienne abbaye de Saint-Melaine ».

Nouveau refus des administrateurs des hospices.

Le 28 thermidor an XIII (16 août 1805), le Ministre « fixe le logement de l’évêque à Saint-Melaine, monastère et accorde aux hospices une indemnité de 6.000 francs ».

Troisième et énergique refus des hospices.

Enfin, les anciens évêchés ayant été rendus à leur destination primitive, le conseil général du département adresse le 15 juin 1806 au Ministre de l'Intérieur un mémoire dans lequel il demande que l’évêque soit remis en possession de l’ancien évêché qui se trouve occupé en partie par l’établissement du Musée de Rennes et le surplus servant de logement à M. le général commandant la subdivision (c’est dans l’ancien palais épiscopal qu'habita le général Hoche en 1795).

L’évêque put reprendre son palais, il y resta jusqu’en 1906, époque où il fut transformé en Faculté de droit.

Les hospices conservèrent leur hôpital général jusqu’en 1919. Pendant la guerre de 1914-1918, on y soigna les blessés et en 1919 on y installa l'Ecole de rééducation des mutilés de la guerre qui devint ensuite l'Ecole de rééducation des mutilés du travail (G. Nitsch).

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