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ABBAYE DE SAINT-MELAINE

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Abbaye de Saint-Melaine - Rennes

Saint-Melaine est un gallo-romain, originaire de Brain (près de Redon). Il apprend dès son enfance à aimer et servir Dieu et sa vie est si pure et sa conduite si exemplaire, que saint Amand, évêque de Rennes, le désigne pour son successeur, avant de mourir. Il est promu à sa place le 6 janvier 485, et meurt au monastère de Platz, le 6 novembre 530, suivant P. Le Cointe. Mort en 529 (ou 530 ou 549), son corps, déposé dans une barque sur la Vilaine, se serait échoué, d'après une légende, à Rennes où son ami Patern ou Paterne (futur évêque de Vannes) fonde un monastère vers 550 sur son tombeau. Ce monastère (abbatia Sancti Melanii) est fondé pour douze religieux et un noviciat. En 875, Pacswethen, qui souhaite chasser Gurvand de Rennes, fait main basse avec une bande de Normands sur l'abbaye Saint-Melaine où ils s'installent. Vers 920, l'abbaye est pillée et les moines l'abandonnent en emportant avec eux le corps de leur saint patron. A la fin du Xème et au début du XIème siècle, l'abbaye tombe entre les mains de la famille épiscopale de Rennes. L'abbé jouit d'un revenu annuel de 9 000 francs. Vers 1054, Conan II fait appel à l'abbé de Saint-Florent de Saumur, Sigon, qui envoie à Saint-Melaine l'un de ses moines nommé Even (nommé archevêque de Dol par Grégoire VII), qui meurt en 1181. Au XIIème siècle, 26 paroisses et prieurés du diocèse de Rennes, et 11 prieurés du diocèse de Saint-Malo, dépendent de l'abbaye. Les bénédictins de Léhon viennent aider à la réforme de Saint-Melaine avant ceux de Saint-Maur en 1627. En 1790, il ne reste que 11 moines. L'abbaye actuelle date du XVIIème siècle. Le cloître date de 1670. Le transept date du XI-XIVème siècle. Bertulphe est le premier abbé de Saint-Melaine dont le nom soit connu : il assiste au concile provincial de Châlons en 644, et y souscrit comme procureur de Durioterus, évêque de Rennes. Ambrichon est témoin de la vente de deux pièces de terre faite aux religieux de Redon vers l'an 832. La suite des abbés de Saint-Melaine, nous est inconnue jusqu'à l'an 1054. Un acte copié par Du Paz, dans les archives de Saint-Pierre de Rennes, nous apprend que Thibaud, évêque de cette église, se démet sur la fin du Xème siècle et se fait abbé de Saint-Melaine. Dom Lobineau a fait imprimer cet acte dans les preuves de son histoire. Mais outre que cet acte est très injurieux à la mémoire des évêques de Rennes, il est difficile de l'accorder avec la Chronique de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur. L'auteur de cette Chronique assure que "l'abbaye de Saint-Melaine fut ruinée par les Normands au Xème siècle, et réduite en une affreuse solitude ; que le duc Alain III, ayant fondé en 1032 l'abbaye de Saint-Georges, entreprit aussi de rétablir celle de Saint-Melaine ; qu'il lui fit plusieurs donations, entre autres la dîme de la monnaie qu'il faisait battre à Rennes ; que les guerres qu'il eut a soutenir contre son frère Eudon et l'administration du duché de Normandie, dont il fut chargé pendant le voyage du duc Robert à la Terre-Sainte le détournèrent de son entreprise ; que les bâtiments restèrent imparfaits et la demeure si incommode, qu'il n'y resta qu'un seul religieux, encore avait-il de la peine à vivre". Tout cela suppose que depuis le règne des Normands il n'y avait point eu de communauté à Saint-Melaine, et par conséquent point d'abbé. Il n'y a qu'une chose qu'on peut objecter contre ce sentiment. C'est que Richard II, duc de Normandie, ayant appris que les chanoines du Mont-Saint-Michel étaient très négligents à s'acquitter des offices divins, les chasse et met à leur place des religieux bénédictins qu'il tire des églises de Saint-Vandrille, de Jumiéges, de Saint-Taurin d'Evreux, de Saint-Bénigne de Dijon, de Saint-Evroul et de Saint-Melaine. Il y a donc des religieux à Saint-Melaine en 966, qui est l'époque de l'établissement des Bénédictins au Mont-Saint-Michel. Mais il n'est pas difficile de résoudre cette objection en disant que ces religieux de Saint-Melaine, qui sont admis au Mont-Saint-Michel, sont les mêmes qui ont abandonné leur monastère pour se soustraire à la fureur des Normands, qui se sont retirés à Preuilli en Touraine avec le corps de leur saint patron, et qui sont revenus en Bretagne lorsque la tranquillité y est rétablie. L'abbaye de Saint-Melaine est donc encore en ruines sous le règne du duc Alain III. Quelques bonnes intentions qu'eût ce prince pour cette maison, il ne put les exécuter : son rétablissement était réservé à Geoffroi le Bâtard, comte de Rennes. Touché de la désolation du sanctuaire, Geoffroi ou Geffroy envoie en 1054 des députés au vénérable Sigo, abbé de Saint-Florent de Saumur, pour lui demander un homme capable de rétablir le monastère de Saint-Melaine dans son ancienne splendeur. Pour l'engager à entrer dans ses vues, il soumet Saint-Melaine à Saint-Florent. Sigo, après avoir consulté sa communauté sur une affaire aussi importante, choisit Even et l'envoie à Rennes pour seconder les bonnes intentions du comte Geoffroi. Even ou Yvon est originaire de Bretagne, si nous en croyons d'Argentré. C'est un homme d'une naissance illustre et d'un mérite rare. Il a tous les talents nécessaires pour fonder une colonie et pour la conduire à sa perfection. Arrivé à Rennes, il travaille avec succès au rétablissement de la maison dont son abbé lui avait confié l'administration. Les bâtiments commencés par le duc Alain III sont achevés en peu d'années : la bibliothèque est fournie de bons livres, et il met dans la sacristie tous les ornements nécessaires pour la célébration des divins mystères. Dépourvu de saintes reliques, il s'adresse à Gervais, archevêque de Reims, qui possède une portion considérable de celles de saint Melaine, et il le prie instamment de les céder à une église à qui elles appartiennent préférablement à toute autre. Gervais lui accorde sa demande, et lui écrit à cette occasion une belle lettre que Bollandus rapporte dans le premier tome de ses Actes des Saints. Il ne manque alors plus au nouvel établissement de Saint-Melaine qu'un nombre suffisant de religieux pour y faire l'office divin. La Providence y pourvoit abondamment. L'éclat des vertus de l'abbé Even et les talents qu'il a pour la conduite des âmes lui attirent peu à peu des disciples. Durant les vingt-sept ans qu'il gouverne l'abbaye, le nombre s'en accroît tellement qu'il s'en trouve cent à ses obsèques, tous profès de la communauté. C'est sortir du sujet que de suivre l'abbé Even dans le voyage qu'il fait à Rome en 1076, avec Gilduin, élu archevêque de Dol. Ceux qui souhaitent connaître la suite de son histoire la trouve dans l'article des évêques de Dol, siège qu'il est appelé à occuper. Il meurt le 25 septembre 1081, selon la Chronique de Nantes. Son corps est inhumé dans l'abbaye de Saint-Melaine, dont il s'était réservé l'administration en montant sur le siège de Dol. Il est levé de terre du temps de l'abbé Guillaume, et l'on trouve alors dans son tombeau une inscription gravée sur une lame de plomb. Voici cette inscription : "Anno dominicae Incarnationis 1081, Rom. pontifice Gregorio VII, consule Rhedonensi Gaufrido et Silvestro episcopo, VII kal. octobris, Dom. Etenus, Dolensis archiepiscopus et abbas Sancti Melanii, vir strenuissimus omniumque morum honestate praeclarus, pater piissimus, cœnobiique hujus restaurator mirificus. Nàm ut primùm abbatiam suscepit, unum tantummodo, monachum in ea invenit ; unfrà vero 27 annos, quibus monasterio praefuit, in tantum congregatio crevit, ut die obitus sui perfectus numerus centum fratum ibi remanserit. Idcirco credendum est eum à Domino non tricennum, nec sexagesimum, sed potius centesimum percepisse fructum.". Telle est la fin de l'abbé Even, restaurateur de Sant-Melaine. Gervais, religieux de Saint-Florent de Saumur, est élu à sa place en 1080. On ne sait si cette élection se fait du consentement des deux communautés, ou si l'abbé de Saint-Florent la fait de son propre mouvement. Ce qui nous paraît certain, c'est que la supériorité que le comte Geoffroy avait donnée aux religieux de Saint-Florent sur ceux de Saint-Melaine ne fut pas de longue durée. Les premiers nommaient toujours un sujet de leur communauté pour abbé de Saint-Melaine, et les derniers voulaient en avoir un qui fut tiré de leur corps. Cette diversité de sentiments donne lieu par la suite à un grand procès entre les deux abbayes. L'affaire ayant été portée à Rome, le pape nomme des commissaires pour la terminer. La sentence des commissaires ne subsiste plus, mais le silence que l'on a gardé depuis sur cette affaire ne permet pas de douter que les juges séparèrent les deux communautés, et laissèrent à celle de Saint-Melaine la liberté de faire son élection sans consulter celle de Saint-Florent. L'abbé Gervais meurt en 1109, et il sera extrêmement regretté de ses religieux. Les grands talents qu'il avait pour le gouvernement et la haute réputation qu'il s'était acquise par la sagesse de ses conseils, l'ont fait placer par Orderic Vital au nombre des vénérables Pères du XIIème siècle. Raoul est élu en 1109 et meurt en 1116. Quelques mois avant sa mort, il transporta au prieuré de Saint-Nicolas de la Guerche les reliques de ce saint, que l'on conservait dans l'église de Saint-Melaine. Ce prieuré avait été fondé par Silvestre de la Guerche, évêque de Rennes, en considération de l'abbé Gervais. Guillaume de la Guerche, fils de l'évêque Silvestre, ratifie la fondation de son père en reconnaissance des reliques que lui avait apporté l'abbé Raoul. Donoal, religieux du Mont-Saint-Michel, est en 1116 élu abbé de Saint-Melaine, et en 1120 évêque de Saint-Malo. Il est gratifié par Marbode, évêque de Rennes, de l'église de Notre-Dame de Vitré. Cette église avait d'abord été fondée par des chanoines qui la desservirent pendant plusieurs années. Mais comme il n'y a rien de stable ici-bas, les chanoines vont se relâcher peu à peu, négligent la célébration de l'office divin, et dissipent les biens de l'Eglise. Peur remédier aux abus, Marbode, évêque de Rennes, et Robert, seigneur de Vitré, chassent les chanoines et mettent à leur place des religieux de Saint-Melaine. Ces derniers y séjournent peu d'années, car à peine Robert est-il mort, que les chanoines se rassemblent et chassent à leur tour les religieux. Raoul II succède à Donoal vers l'an 1120. Il semble que son administration soit troublée par les religieux de Saint-Florent, qui se croient en droit de donner un abbé à la communauté de Saint-Melaine. L'affaire est portée devant le pape Calixte II qui la juge, mais les religieux de Saint-Melaine ne veulent pas se soumettre à sa décision. Marbode, évêque de Rennes, chargé de l'exécution des ordres du pape, excommunie l'abbé et les religieux, et donne avis au pape de ce qu'il avait fait. Le pape approuve sa conduite et l'exhorte à continuer jusqu'à ce que les religieux aient satisfait au jugement de l'Eglise, et réparé les mépris qu'ils avaient faits du saint Siége. On ne sait pas quelles furent les démarches des religieux et les moyens qu'ils employèrent pour se faire absoudre de l'excommunication, mais ils satisfirent si bien le pape, qu'il prit en 1121, sous sa protection, leur maison et tous les biens qui lui appartenaient. L'abbé Raoul recouvre en 1123 l'église de Plélan, et meurt vers l'an 1126. Hervé assiste en 1127 à la réconciliation de l'église de Redon, faite par Hildebert, archevêque de Tours. L'année suivante il fait confirmer par le duc Conan III tous les dons et privilèges accordés à son abbaye par les ducs et seigneurs de Bretagne. Cependant les chanoines de Notre-Dame de Vitré ne profitent de leur disgrâce, et continuent à vivre dans le désordre. Le pape en ayant reçu des plaintes, ordonne à Hamelin, évêque de Rennes de chasser ces chanoines scandaleux, et de remettre en leur place les religieux de Saint-Melaine. Cette expédition est faite en 1132, avec le consentement du duc et des seigneurs de Vitré. L'abbé Hervé obtient en 1145 une charte d'Alain, comte de Penthièvre et de Richement, qui confirme toutes les donations faites à l'abbaye de Saint-Melaine par les seigneurs de Penthièvre, et en particulier la supériorité qu'ils lui avaient donnée sur celle de Saint-Sauveur de Guingamp. Cette église avait été érigée en abbaye sous sous la dépendance de Saint-Melaine, mais la modicité de ses revenus va obliger les abbés de Saint-Melaine à la remettre en son premier état de prieuré conventuel. Guillaume Chalopin obtient en 1148 une bulle du pape Eugène III, qui impose silence aux anciens chanoines de Notre-Dame de Vitré, et confirme ce qui a été fait en 1132 par Hamelin, évêque de Rennes. Il fait ratifier en 1152, par Henry, comte de Penthièvre, toutes les donations faites à son monastère par ses prédécesseurs. Le duc Conan IV, Robert, seigneur de Vitré, Josse, archevêque de Tours, et Alain, évêque de Rennes, lui donnent de pareilles lettres en 1157 et 1158. Guillaume Privé est indiqué comme abbé de Saint-Melaine dans une transaction passée le 24 février 1169, entre son chapitre et celui de Saint-Pierre de Rennes. L'année suivante, l'évêque et les chanoines reconnaissent tous les privilèges accordés au monastère de Saint-Melaine, par les papes Urbain II, Calixte II, Innocent II, et Eugène III. Guillaume Privé vit encore en 1180, suivant une charte de Saint-Jacques de Montfort. Gervais, IIème du nom, est commis en 1184, par le pape Luce III, pour juger le différend que les religieux de Sainte-Croix de Vitré ont avec les seigneurs de la Ville-Rolland. Le même pape, par ses bulles datées du 1er juillet 1185, met sous la protection du saint Siége l'abbaye de Saint-Melaine, et confirme toutes les donations qui lui ont été faites. Gervais est arbitre du différend que Pierre, évêque de Saint-Malo, a en 1187 avec les religieux de Marmoutier. Geoffroy Moisel obtient en 1191 une lettre de Herbert, évêque de Rennes, qui confirme l'abbaye de Saint-Melaine dans la possession des églises qui lui avaient été données par ses prédécesseurs. Il est gratifié l'an 1208 de la terre de Marcillé-Raoul, par Robert, seigneur d'Apigné, et il vit encore en 1224, suivant un acte capitulaire du chapitre de Saint-Pierre de Rennes. Guillaume de Tinteniac est élu en 1214 et meurt en 1220. En 1219, il présente un sujet pour la cure de Planguenoual, et sa présentation est admise par Etienne, évêque de Saint-Brieuc. Geoffroy II est élu l'an 1120, et cède la même année, à André et Geoffroy Malcion, une partie de la dîme que Renaud de Pocé avait donnée à son monastère. Il meurt le 23 avril 1228, suivant la Chronique de Quimperlé. Mathieu est élu en 1228, ou au commencement de l'année suivante. Il permet en 1240 à Alain d'Acigné de bâtir une chapelle dans son manoir, et fait une association en 1245 avec Richard, abbé du Mont-Saint-Michel. Alain termine la contestation qui durait depuis plusieurs années, entre les comtes d'Oxford et les abbés de Saint-Melaine, touchant la nomination du prieur d'Hasfeld en Angleterre. Hugues de Ver, comte d'Oxford, prétendait que le patronage de ce monastère lui appartenait et les abbés de Saint-Melaine avaient aussi les mêmes prétentions, sans qu'on puisse dire sur quel fondement. Pour mettre fin à ce différend, l'abbé Alain passe en Angleterre en 1254. Il est accompagné dans ce voyage d'un de ses religieux, chargé de la procuration de sa communauté. Ayant joint le comte, il lui représente vivement les suites fâcheuses d'une pareille contestation, et le dérangement qu'elle causait dans le monastère d'Hasfeld. Pour y apporter un prompt remède il lui propose de mettre l'affaire entre les mains de Foulques, évêque de Londres, dans le diocèse duquel est situé Hasfeld. Le comte accepte la proposition, persuadé de l'équité du prélat et de la droiture de l'abbé. Foulques, ayant examiné les titres et les raisons des deux parties, ordonne qu'à l'avenir, "le prieur de Hasfeld venant à décéder, les religieux s'adresseraient au comte d'Oxford pour lui demander la permission d'élire un autre prieur, que le comte ferait ratifier l'élection du prieur par l'évêque de Londres, que le nouveau prieur annoncerait au plus tôt la mort de son prédécesseur et son élection à l'abbé de Saint-Melaine, que l'on ne ferait point passer les religieux d'une communauté à l'autre, que le prieur d'Hasfeld pourrait admettre des clercs au noviciat, selon la règle de saint Benoît, que l'abbé de Saint-Melaine passerait en Angleterre de sept ans en sept ans, pour y recevoir les professions des novices, ou qu'il commettrait quelqu'un pour les recevoir, lorsqu'il serait empêché de le faire en personne, que les religieux d'Hasfeld iraient en procession au-devant de l'abbé lorsqu'il ferait sa première entrée dans leur église, que l'abbé pourrait y séjourner l'espace de quatre jours avec dix personnes et dix chevaux, que l'abbé négligeant d'y venir en personne, ou de commettre quelqu'un à sa place, le prieur d'Hasfeld recevrait les professions des novices, avec permission de l'évêque de Londres et sans préjudice des droits de l'abbé, que tous les prieurs d'Hasfeld seraient obligés de faire serment de fidélité à l'abbé de Saint-Melaine la première fois qu'il visiterait leur maison, et s'engageraient à observer le présent accord, qu'ils donneraient l'hospitalité aux abbés de Saint-Melaine, et à ceux qui les accompagneraient, toutes les fois qu'ils passeraient par leur monastère, que pour les frais des voyages que les abbés feraient en Angleterre pour la réception des novices les religieux d'Hasfeld paieraient annuellement, à l'abbaye de Saint-Melaine, vingt marcs d'argent rendus à leurs péril et fortune dans l'église de Saint-Paul de Londres, d'où l'abbé les ferait passer en Bretagne comme bon lui semblerait, qu'il en accuserait la réception par une quittance scellée de son sceau et de celui de son monastère". Telle est l'ordonnance de l'évêque de Londres, à laquelle les parties se soumettent le 11 novembre 1254, sans aucune réservation. C'est le seul acte qui nous reste de l'abbé Alain. Hervé II échange en 1256 le prieuré de la Roche-Derrien contre celui de la Madeleine de Moncontour, possédé alors par les chanoines de Sainte-Croix de Guingamp. Deux ans après, il obtient des moines de Preuilli (ou Preuilly) une partie considérable des reliques de Saint-Melaine, qu'il transfère dans son église. Ces reliques avaient été portées en Touraine au Xème siècle, et déposées au château de Preuilly pour les soustraire, à la fureur des Normands. Jean de Matefelon, archevêque de Tours, les lève de terre en 1224 et les met dans une châsse d'argent. C'est de cette châsse qu'est tirée la portion qu'obtient l'abbé Hervé. Cet abbé vit encore en 1272, selon un acte de présentation à la cure de Bréhant. Etienne afféage en 1278, à Raoul Begasse, quelques portions de terre sises sous le domaine de Rolland de Cucé. Il cède en 1286, au seigneur de Châteaubriant, les dîmes qu'il possède dans le territoire de cette ville, et ce seigneur lui donne trente-deux livres de rente annuelle sur les tailles et la cohue de Bain. On ne sait pas en quelle année il meurt, mais il vit encore en 1293, suivant un accord fait avec l'évêque et le chapitre de Rennes pour les droits de procuration. Michel est indiqué comme abbé de Saint-Melaine dans une transaction datée de l'an 1298, et dans le règlement fait l'an 1318 par Alain, évêque de Rennes, pour l'établissement d'un vicaire perpétuel dans l'église de Vern. Il vit encore en 1330, selon un acte du prieuré de Notre-Dame de Vitré. Nicolas de Bréal ou de Tréal, abbé de Saint-Melaine, échange en 1328 quelques portions de terre avec Guillaume de Borgon. Cela suppose que Michel, son prédécesseur, s'est démit quelques années avant sa mort. Nicolas obtient en 1332, du duc Jean III, la permission de tenir tous les ans une foire le 14 septembre. Guillaume, évêque de Rennes, allant à Rome en 1341, nomme pour ses vicaires généraux l'abbé de Saint-Melaine, Guillaume Hequenville, chantre, et Jean, archidiacre du Désert. Nicolas meurt le 2 juillet 1352, et il est inhumé au pied du maître-autel de son église. Jean Le Bart, fils ou neveu de Macé, chancelier de Bretagne, est élu en 1352. Partisan de Charles de Blois, il se trouve à l'assemblée tenue à Dinan la même année, pour la délivrance de ce prince. Il signe les lettres données aux ambassadeurs envoyés en Angleterre, et prête une forte somme d'argent pour aider à payer la rançon de Charles. Sa maison étant exposée au pillage des partis qui couraient le pays, il achète quelques maisons dans la rue du Four-du-Chapitre, auprès d'une chapelle nommée Saint-Melaine-le-Petit. Il y transporte tout ce qu'il a de précieux dans son abbaye, et s'y loge avec ses religieux en attendant la fin de la guerre. Les chanoines de Saint-Pierre consentent à cet établissement, à condition que les religieux retournent dans leur monastère aussitôt que la paix soit faite, et qu'ils vendent leur hospice à des laïques. La province n'ayant été paisible qu'après la fin de la Ligue, les religieux vont se réserver cet hospice pour s'en servir dans le besoin. Ce n'est qu'en 1614 qu'ils l'afféagent pour cent livres de rente à Paul Hay, sieur des Nétumières, et à Gilles du Lis, sieur Du Tertre. Jean Le Bart assiste aux Etats tenus à Guérande en 1380, et signe le traité de paix conclu entre le roi de France et le duc de Bretagne. Il se démet sur la fin de ses jours en faveur de Guillaume Glé, et meurt au mois de décembre 1393. Son corps est inhumé au pied du maître-autel de son église, ainsi que ceux de quatre de ses successeurs qui le suivent immédiatement. Guillaume Glé paye le 12 septembre 1391, à la chambre apostolique, la somme de cinq cent huit livres en petits boucliers d'or, pour les provisions de son abbaye. Il tient son chapitre général le 8 novembre 1392, et meurt le 13 mai 1398. Jean Rouxel reçoit l'hommage de quelques-uns de ses vassaux le 14 décembre 1398, et prend possession de son abbaye le 25 septembre 1399. Il meurt le 10 juillet 1402. Pierre de La Morinaie, prieur de Châteaugiron, est élu le 2 juillet 1402, et béni la même année par Anselme, évêque de Rennes. Il obtient du pape Jean XXIII le droit de porter la mitre, l'anneau et les ornements pontificaux, par lettres données à Constance en 1415. Nicolas V confirme ce privilège en 1449. Pierre meurt au mois d'août 1422. Mathieu Bertrand, prieur de Lamballe, est élu en 1422, et il est député au concile de Bale en 1432. Il a l'honneur de recevoir le duc François Ier dans son abbaye en 1443. Ce prince vient à Rennes pour s'y faire couronner, et il fait son entrée solennelle dans la ville de la même manière que la font les nouveaux évêques. Mathieu meurt en 1448. Mathurin Le Lionnais est élu eu 1448, et fait le voyage de Rome l'année suivante, pour y demander justice au pape contre les abbesses de Saint-Georges et les archidiacres de Rennes, qui lui disputent le premier pas dans les cérémonies publiques. Pendant son séjour à Rome, il obtient la confirmation de tous les privilèges de son abbaye. A son retour, il est chargé de quelques commissions dont il s'acquitte avec tout le succès que le duc attendait de sa capacité. Le pape Sixte IV le nomme, en 1471, à l'évêché de Chitro en Turquie, et lui permet de s'en faire sacrer évêque pour aller y résider. Il retient le gouvernement de son abbaye jusqu'à l'an 1474, date à laquelle il la résigne à son neveu. Il meurt le 15 mai 1488 et il est inhumé dans la chapelle de Sainte-Anne, où l'on voit encore son tombeau. Jean Le Lionnais, docteur en droit civil et canonique, est élu en 1474 à la place de Mathurin, son oncle. Il assiste en cette qualité aux Etats de Vannes en 1480, et y tient le second rang entre les abbés de la province. Le duc l'admet dans ses conseils en 1483, et le charge de renouveler les anciennes alliances entre l'Espagne et la Bretagne. Le succès de cette commission lui en procure une autre en 1485 : c'est de faire signer au roi de France le traité de Bourges, commission qu'il partage avec le chancelier et le grand-maître de Bretagne. Il meurt le 10 avril 1486, et il est enterré dans la chapelle de Sainte-Anne. Olivier de Brons (ou Broons), fils d'Olivier, seigneur de Brondineuf, est élu le 24 mai 1486. Lors de son élection, il est déjà prieur de Tremblay et abbé régulier de Saint-Aubin-des-Bois. Ces deux titres ne l'empêchent pas d'accepter l'abbaye de Saint-Melaine, mais il n'en est le paisible possesseur que quatre ans après. Le cardinal de Foix, soutenu de l'autorité du duc, s'empare de l'abbaye et en perçoit les revenus jusqu'à sa mort, arrivée en 1491. Les religieux, instruits de cette nouvelle, élisent une seconde fois Olivier de Brons, que l'évêque de Rennes et les grands vicaires de Tours refusent de confirmer. D'un autre côté, le pape nomme à l'abbaye, Antoine, cardinal du titre de Saint-Anastase et son neveu. La duchesse Anne défend aux religieux de reconnaître ce cardinal pour leur abbé, et se déclare pour Olivier de Brons, son aumônier. Le cardinal n'ayant pu obtenir l'agrément de la duchesse, cède tous ses droits à Olivier pour une pension de cent cinquante ducats. Cette cession satisfait la duchesse qui envoie au cardinal des lettres de naturalité pour posséder en Bretagne des bénéfices jusqu'à la valeur de cinq cents ducats. En conséquence de ces lettres, Olivier de Brons confère au cardinal les prieurés de Bedesq et de la Celle-Guerchoise. Il meurt en 1500, et il est inhumé au pied du maître-autel de son église. Robert Guibé, évêque de Rennes, est nommé à l'abbaye de Saint-Melaine, par le roi Charles VIII et la reine Anne, son épouse, en 1500. Il meurt à Rome en 1513, et la saisie est mise sur le temporel de l'abbaye le 23 novembre de la même année. Laurent Pucci, prêtre-cardinal du titre des Quatre-Couronnes, est pourvu par le pape Léon X, le 26 novembre 1513, et obtient mainlevée du temporel de l'abbaye en 1514. Il se démet deux ans après, sans avoir tiré aucun fruit de son bénéfice. Noël Du Margat, religieux du Tronchet et prieur de Combourg, obtient du pape Léon X les bulles de l'abbaye de Saint-Melaine, le 8 avril 1516. Il fait confirmer par le même pape tous les privilèges de son abbaye et en obtient quelques nouveaux. On ne saurait assez le louer d'avoir réformé les abus qui s'étaient glissés dans son abbaye sous ses prédécesseurs, et d'avoir réparé l'église et les bâtiments qui tombaient en ruine. Il se démet en 1523 en faveur de François Chauveau, son neveu, et meurt le 20 février 1525. Son corps est déposé dans la chapelle de Délivrance où l'on voit encore son tombeau.  François Chauveau succède à son oncle, et obtient ses bulles le 23 novembre 1523. La saisie mise sur le temporel de l'abbaye, après la mort de Noël Du Margat, donne lieu de croire que son neveu n'avait été regardé jusqu'à ce moment que comme un coadjuteur. Il meurt le 23 mai 1532, et la saisie fut mise sur le temporel de l'abbaye le 2 juin suivant. René Boursault de Montejan, protonotaire du saint Siége, doyen de Candé en Anjou, et aumônier du roi, prend possession le 25 juillet 1532, en vertu des bulles qu'il avait obtenues du pape Clément VII le 30 juin précédent. Il prête serment de fidélité au roi dans la Chambre des Comptes de Nantes, en 1539, et meurt en 1549. Payen Le Sueur dit d'Esquetot, chanoine de l'église de Rouen, est fait conseiller "garde-scel" au parlement de Normandie en 1544, abbé de Saint-Melaine en 1548, et évêque de Coutances en 1550. Il meurt dans l'abbaye d'Evron, au diocèse du Mans, le 24 décembre 1551, et il est inhumé dans le même lieu. Etienne Martel succède à l'abbé d'Esquetot dans les abbayes de Saint-Jouin-sur-Marne et de Saint-Melaine, et dans le siège de Coutances. Il prête serment de fidélité au roi dans la Chambre des Comptes de Nantes, en 1552. Il diffère son entrée dans sa ville épiscopale jusqu'en 1558, malgré les désirs qu'avaient exprimé ses diocésains de voir parmi eux leur premier pasteur, sur la force duquel ils comptaient pour arrêter les progrès du calvinisme. Leur attente est trompée : effrayé des approches des troupes des Huguenots, ce prélat prend lâchement la fuite et va se réfugier pendant quelque temps dans l'abbaye de Saint-Melaine. Ayant ensuite passé dans celle de Saint-Jouin, il y meurt le 26 mai 1560. Arthur de Cossé, fils naturel de Charles, comte de Brissac, maréchal de France, est d'abord pourvu des abbayes de Saint-Jouin-sur-Marne et de la Trinité de Lessai en Normandie. Le roi lui donne encore celle de Saint-Melaine en 1560. L'année suivante, il est légitimé par son père et pourvu de l'évêché de Coutances. Il semble que tant d'honneurs et de biens auraient dû satisfaire son ambition, mais les vases sacrés de l'autel, l'argenterie de la sacristie, et les ornements les plus précieux de l'église de Saint-Melaine deviennent l'objet de ses désirs, et il les enlève. Les religieux s'en plaignent, mais il les maltraite et leur ôte encore tout ce qui est à sa bienséance, même leur batterie de cuisine. Ne trouvant plus rien à piller, il permute en 1570 avec l'abbé du Mont-Saint-Michel. Tel est le portrait peu flatteur que Dom Morice fait de ce prélat. Rouault, curé de Saint-Pair-en-Mer, historien des évêques de Coutances, diocèse auquel il appartient, en parle d'une manière bien différente. Il le représente comme un pasteur selon le "choeur de Dieu", et tout dévoué pour le salut de son peuple. Il est certain que "il eut beaucoup à souffrir pour la foi, car les Calvinistes s'étant emparés de Coutances, au mois d'août 1562, ils ne se bornèrent pas à détruire tous les objets de religion qui leur tombèrent sous la main mais ils s'emparèrent aussi de la personne de l'évêque, le placèrent à rebours sur un âne, dont ils lui mirent la queue dans la main, et le conduisirent ainsi à Saint-Lô, au milieu des huées de la populace". Il reste quelque temps prisonnier à Saint-Lô, d'où il se sauve déguisé en garçon meunier. Il se retire, d'abord à Saint-Malo, puis dans son abbaye de Saint-Melaine, et revient au bout de trois mois dans sa ville épiscopale. Arthur de Cossé se montre également zélé pour l'Eglise et pour l'Etat, aussi le roi Henri III l'emploie-t-il dans des affaires importantes. Accablé de vieillesse, il se retire dans un château de son diocèse, nommé Loisellière, et y meurt le 7 octobre 1587. Il est à croire que "ce prélat, se trouvant dépouillé de tout en rentrant à Coutances, demanda aux religieux de Saint-Melaine une partie de leur argenterie, et que quelque historien, fâché de le voir en obtenir, l'aura, dans sa mauvaise humeur, accusé d'avoir spolié entièrement l'abbaye". François Le Roux, protonotaire du saint Siége et abbé du Mont-Saint-Michel, est transféré à Saint-Melaine en 1570, en conséquence de sa permutation avec Arthur de Cossé. Il meurt au mois de mars 1572, et la saisie est mise sur le temporel de l'abbaye dans le même mois. Etienne Le Proust afferme les revenus de son abbaye à Michel le Petit, sieur de La Vallée, le 12 juillet 1574. On ne sait en quelle année il est nommé, ni quelle est celle de sa mort. Mathurin de Montalais, natif d'Anjou et aumônier du roi, prend possession de l'abbaye au mois de juin 1575, et prête serment de fidélité dans la Chambre des Comptes de Nantes le 17 novembre suivant. Il est ordonné diacre en 1580 par Aimar Hennequin, évêque de Rennes, et pourvu de la chantrerie de Saint-Pierre de Nantes en 1583. Son nom se lit dans les souscriptions du concile provincial tenu à Tours la même année. Il préside aux Etats assemblés à Rennes pendant la Ligue, et s'y fait une grande réputation. On l'accuse d'avoir aliéné quelques biens de son abbaye, et d'avoir maltraité ses religieux pour contribuer à la fondation du collège de cette ville. Il décède le 12 janvier 1603, et il est inhumé dans la chapelle de Saint-Benoît. Pierre du Lion, seigneur de La Cave, maître des requêtes de l'Hôtel, est d'abord nommé à l'abbaye de Saint-Germain d'Auxère, qu'il quitte en 1605 pour avoir celle de Saint-Melaine. Il est dix ans sans avoir de bulles, soit qu'il n'avait pas le moyen de les payer, ou qu'il ne voulait pas en faire la dépense. C'est à lui que la congrégation de Saint-Maur doit son introduction dans l'abbaye de Saint-Melaine, faite au mois de décembre 1627. La mort termine ses jours en 1636. Louis de Nogaret, fils de Jean-Louis, duc d'Epernon, et de Marguerite de Foix, comtesse de Candale, est nommé à l'abbaye de Saint-Melaine en 1637. Né avec des inclinations martiales, il les aurait suivies dès sa jeunesse si "ses parents ne l'eussent obligé à embrasser l'état ecclésiastique par un abus alors assez commun parmi les grands". Le roi le nomme en 1621 à l'archevêché de Toulouse, et le pape Paul V le fait cardinal du titre de Saint-Adrien. Les progrès qu'il avait faits dans la théologie et la capacité qu'il a pris pour les grandes affaires lui procurent diverses commissions dans l'Etat et dans l'Eglise. Ces différentes occupations lui rappellent peu à peu ses premières inclinations. En effet, il se démet de l'archevêché de Toulouse, sans avoir été sacré, pour commander nos armées en Allemagne, en Italie et dans les Pays-Bas. Il termine ses jours dans cette dernière vocation, et meurt à Rivoli, près de Turin, le 28 septembre 1639. Thomas Isnard de Castello, comte de la Monta, abbé de Caramagne en Piémont, et conseiller au Conseil d'Etat du duc de Savoie, est nommé à l'abbaye de Saint-Melaine en 1639. Guichenon nous le représente comme un personnage fameux par ses ambassades et ses négociations. Les affaires d'Etat ne lui font pas oublier son abbaye, dont il soutient les droits avec beaucoup de fermeté jusqu'à sa mort, arrivée en 1659. Jules-Paul de Lionne, fils d'Arthur ou Artur, ministre d'Etat, et frère d'un des premiers vicaires apostoliques aux Indes, envoyés par le séminaire des Missions-Etrangères de Paris, est nommé en 1659, et se démet en 1670. II obtient successivement les abbayes de Marmoutier, Châlis, Cercamp, et le prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Il meurt à Paris le 5 juin 1721. Jean Destrades, ancien évêque de Condom, prend possession de l'abbaye le 14 août 1670. Il est fils de François Destrades, gentilhomme de la chambre du roi, et de Suzanne de Roquessa, et frère de Godefroy Destrades, maréchal de France. Ayant embrassé l'état ecclésiastique, il est pourvu dans sa jeunesse de l'abbaye de Bonnefontaine, au diocèse de Comminges, et nommé à l'évêché de Périgueux en 1646. Le roi le transfère à Condom au mois de septembre 1647. Fatigué du gouvernement de cette église, il la remet en 1670 entre les mains du roi, qui lui donne l'abbaye de Saint-Melaine. C'est dans cette maison qu'il se retire pour y finir ses jours dans le repos. Les bienfaits dont il la comble y a rendu chers son nom et sa mémoire. Il meurt le 13 juin 1684, et il est enterré au milieu du choeur des religieux. M. le maréchal Destrades fait mettre sur sa fosse une belle tombe de marbre, avec une épitaphe que voici : "D.OM. Hic jacet reverendissimus et illustrissimus Joantes Destrades, Condomiensis episcopus qui pontificales infulas amplissimamque dioecesim, quàm par annos decem piè sapienterque rexerat, miro christianae humilitatis exemplo spontè abdicavit, uni Deo sibique victurus. Secessit in Rhedonense Sancti Melanii coenobium cui abbas praefuit, cujus aedes instauravit, quod amore praecipuo coluit, comitate, liberalitate, caritate omnes sibi devinciens. Suis se pastorem, egentibus patrem, afflictis solamen exhibuit. His laboribus probatus senex, Meritis quàm annis gravior occubuit Die XII mensis junii anno aetatis 75 R. S. H. 1685. Fratri carissimo Gaufredus Destrades, Franciae marescallus, amoris hoc pignus et doloris monumentum posuit.". François Destrades, neveu du précédent, conseiller et ambassadeur du roi à la cour de Savoie, est pourvu de l'abbaye en 1684, et meurt à Passy, près de Paris, le 10 mai 1715. Michel de La Roche, chanoine et archidiacre de l'église de Paris, obtient l'abbaye en 1715, et meurt à Paris au mois d'octobre 1724. Il est choisi en 1696 par le Pape Innocent XII, pour apporter la barrette au cardinal Cavallerini, alors nonce en France. Martin du Bellay, fils de François René du Bellay et de Marthe-Suzanne de Rochechouart, obtient l'abbaye de Saint-Melaine en 1724, et le prieuré de Combourg en 1727. Il est nommé à un grand vicariat de Tours en 1729, et à l'évêché de Fréjus en 1759. Ayant quitté son siége en 1766, il conserve son abbaye jusqu'à sa mort, arrivée en 1775. Ce prélat termine la série des abbés de Saint-Melaine. Ce titre et les revenus qui en dépendaient sont, cette même année, réunis à l'évêché de Rennes par les soins de M. de Girac, qui en était alors évêque.

Voici ce que dit le Pouillé de Rennes :

Après la mort de saint Melaine, arrivée au monastère de Plaz (nunc Brain) vers l'an 530, le corps de ce glorieux pontife fut apporté à Rennes et inhumé près de celui de saint Amand dans le cimetière de cette ville [nota : « En 1728, on déterra un très-grand nombre d'ossements dans les jardins de l'abbaye de Saint-Melaine. Leur grandeur surpassait de beaucoup celle des hommes de nos jours, au jugement des chirurgiens de la ville qui y descendirent. On trouva à côté de ces corps des pots de terre pleins de charbons » (Mémoires pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Melaine, ms. de la Bibliothèque Nationale, n° 22356, attribué à D. Morice)]. Le grand nombre de miracles que Dieu opéra au tombeau de saint Melaine porta les fidèles à y bâtir une église magnifique, qui fut réduite en cendres du temps de saint Grégoire de Tours. On ne sait pas au juste si le monastère, qui porta plus tard le nom de Saint-Melaine, existait du vivant même de cet évêque ; ceux qui le croient attribuent sa construction à saint Paterne, ami de saint Melaine et plus tard évêque d'Avranches ; mais ce dernier a fort bien pu ne le construire qu'après la mort du saint et pour desservir l'église élevée sur son tombeau. Toutefois, l'existence de l'abbaye de Saint-Melaine est prouvée au VIIème siècle, puisqu'à cette époque l'abbé Bertulpbe souscrivit en 650 au Concile de Châlons. Vers le même temps, l'évêque Durioterus consacra une nouvelle église construite sur les ruines de la première basilique incendiée. Saccagée au Xème siècle par les Normands, l'abbaye de Saint-Melaine fut relevée de ses ruines au XIème siècle. Cette restauration, commencée par le duc Alain III, fut achevée par son fils Geoffroy le Bâtard, comte de Rennes, et par l'abbé Even, mort archevêque de Dol. Mais Geoffroy ayant demandé Even à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, ce monastère prétendit ensuite avoir le droit de nommer tous les abbés de Saint-Melaine ; de là naquit une contestation qui dura plus d'un siècle entre les deux abbayes, et qui se termina toutefois à l'avantage de Saint-Melaine, dont l'indépendance fut définitivement reconnue. Les moines de Saint-Melaine eurent encore beaucoup à souffrir pendant la guerre de la succession de Bretagne, au XIVème siècle ; ils furent même obligés, à l'époque du siège de Rennes, en 1356, de se réfugier dans l'enceinte de cette ville, au logis du Petit-Saint-Melaine, et leur monastère fut saccagé par les soldats. Aussi fallut-il y faire les réparations les plus urgentes après la signature du traité de paix ; et un siècle et demi plus tard, l'abbé du Margat dut reconstruire presque tout le couvent, qui menaçait ruine. Dans la nuit du 18 au 19 mars 1665, un violent incendie détruisit la partie de l'abbaye regardant vers la ville, c'est-à-dire « tous les dortoirs » (Journal d'un Bourgeois de Rennes, publié dans les Mélanges d'Histoire et d'Archéologie bretonne. — Journal MS. de Loret, p. 215.). A la suite de ce désastre, l'abbé d'Estrades releva la tour actuelle de l'église et construisit le manoir abbatial, devenu de nos jours palais archiépiscopal, pendant que les moines relevaient eux-mêmes leurs bâtiments claustraux. On ne sait pas à quelle époque les moines de Saint-Melaine commencèrent à suivre la règle de saint Benoît ; quelques auteurs pensent que ce fut dès l'origine de leur établissement, mais ce n'est pas certain. En 1627, l'abbé du Lyon introduisit dans ce monastère la réforme de la congrégation de Saint-Maur, qui y persévéra jusqu'à la Révolution. L'évêque de Rennes, Mgr de Girac, obtint en 1770, du Pape, une bulle portant « extinction du titre de la mense abbatiale de Saint-Melaine, et union de ses revenus et droits à la mense de l'évêché de Rennes, avec réservation à la nomination du roi de tous les bénéfices autres qu'à charge d'âmes dépendant de ladite abbaye » (Registre des insinuations de l'évêché de Rennes. — Les bénéfices à charge d'âmes, présentés jusqu'alors par l'abbé de Saint-Melaine, tombèrent dès lors complètement entre les mains de l'évêque). C'était l'abolition de la dignité abbatiale. Mais Mgr de Girac voulut aller encore plus loin : étant venu habiter le palais abbatial de Saint-Melaine, il entreprit de faire de l'église conventuelle sa cathédrale, et voulut charger les Bénédictins de la tenue du collège de Rennes, d'où les Jésuites venaient d'être chassés. On dressa à cette occasion un plan de restauration de l'église Saint-Melaine. Mais les moines réclamèrent contre ces projets qui anéantissaient leur antique monastère, et ils obtinrent de rester libres dans leur cloître, d'où la Révolution les chassa toutefois bientôt.

Rennes : abbaye Saint-Melaine

Abbés de Saint-Melaine :

01 — HERLUIN est le premier abbé de Saint-Melaine mentionné dans un Vieux Catalogue de la Bibliothèque de Saint-Germain (M. Hauréau, Gallia christiana, XIV, 770).

02 — BERTULPHE souscrivit, « abbas Redonicus », comme procureur de l'évêque de Rennes Durioterus, au Concile de Châlons tenu vers l'an 650.

03 — ETIENNE fut, d'après dom Germain, auteur d'une Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine, abbé de ce monastère, puis évêque de Rennes de 747 à 762, époque où il mourut.

04 — AMBRICHON fut témoin, le 17 avril 830, d'une vente faite devant l'église de Comblessac, qui dépendait déjà de Saint-Melaine (Cartul. Roton., 353).

05 — JEAN Ier succéda, dit-on, à Ambrichon, et gouverna l'abbaye jusqu'en 880, mais son existence est contestée.

Une grande obscurité règne ensuite sur l'histoire de Saint-Melaine ; on sait que les Normands ruinèrent ce monastère durant le Xème siècle ; cependant il faut observer qu'en 966, Richard II, duc de Normandie, voulant réformer le Mont Saint-Michel, appela dans ce monastère des moines de Saint-Melaine ; ce qui prouve bien que la ruine de cette dernière abbaye n'était pas complète, comme quelques-uns l'ont cru. Mais l'on retrouve difficilement les noms des abbés de cette époque, et l'état du monastère devint même bientôt si misérable, qu'en 1054 on n'y rencontrait plus qu'un seul et dernier moine.

06 — THIBAUD, évêque de Rennes en 990, étant devenu vieux, abdiqua la dignité épiscopale et se retira à Saint-Melaine, dont il devint abbé (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 353).

07 — TRISCAN, fils du précédent et de Génercant, succéda à son père sur le Siège abbatial de Saint-Melaine, et, un peu plus tard, à son neveu Guérin sur le siège épiscopal de Rennes.

08 — ALFRED, d'après le Vieux Catalogue, remplaça Triscan ; cependant Albert Le Grand le met à la suite d'Herluin, au VIIème siècle.

09 — JEAN II souscrivit en qualité d'abbé de Rennes, « abbas Redonensis », à une charte de l'abbaye du Ronceray dont on n'a pas la date précise ; il vivait encore en 1062, mais était alors démissionnaire. Habile architecte, il fit construire à cette époque l'église priorale de Saint-Sauveur de Béré, au diocèse de Nantes (Cartul.  Roton., 382).

10 — RIMARIN souscrivit avec Main, évêque de Rennes, vers 1050, à une donation faite par la comtesse Berthe au Chapitre de Rennes.

11 — EVEN. En 1054, Geoffroy le Bâtard, comte de Rennes, touché de l'état déplorable où se trouvait l'abbaye de Saint-Melaine depuis l'invasion normande, entreprit la restauration de ce monastère de concert avec Berthe, sa femme. Il demanda à Sigon, abbé de Saint-Florent de Saumur, un moine capable de rendre à Saint-Melaine son antique splendeur, et, pour ne pas éprouver de refus, il soumit — momentanément au moins — cette abbaye à celle de Saint-Florent. Sigon envoya à Rennes un religieux breton, nommé Even, d'une rare capacité. Le nouvel abbé de Saint-Melaine releva complètement le monastère et obtint de Gervais, archevêque de Reims, une portion du corps de saint Melaine, qu'on avait précédemment porté à Argentré, dans le Maine. Il gouverna si bien pendant vingt-sept ans, qu'ayant trouvé un seul religieux à son arrivée dans l'abbaye, il en laissa une centaine à sa mort. Nommé archevêque de Dol en 1076, il ne voulut point abandonner Saint-Melaine, dont il se réserva l'administration toute sa vie. Il mourut le 25 septembre 1081 et fut inhumé dans son église abbatiale. Nous avons fait connaître au Catalogue des évêques de Dol l'épitaphe de ce grand homme, appelé si justement par ses contemporains un merveilleux restaurateur, « restaurator mirifieus » (Pouillé histoire de Rennes, I, 398).

12 — GERVAIS, religieux de Saint-Florent de Saumur, fut élu abbé de Saint-Melaine en 1081. Son nom figure dans beaucoup de chartes de cette époque. En 1086, il accepta, du consentement de l'évêque Sylvestre, la charge de relever l'église de Mouazé, ruinée par les guerres, et d'y entretenir le culte divin (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 461). L'abbé Gervais mourut, fort regretté, en 1109. « Les grands talents qu'il avait pour le gouvernement, dit D. Morice, et la haute réputation qu'il s'était acquise par la sagesse de ses conseils, l'ont fait placer par Ordéric Vital au nombre des vénérables Pères du XIIème siècle ».

13 — HERVE Ier succéda à Gervais, d'après D. Germain et l'auteur du Vieux Catalogue.

14 — RAOUL Ier transféra des reliques de Saint-Nicolas au prieuré de la Guerche, que les seigneurs du lieu avaient donné à Saint-Melaine ; il mourut peu après, en 1116.

15 — DONOALD, religieux du Mont Saint-Michel, fut en 1116 élu abbé de Saint-Melaine, et en 1120 évêque d'Aleth. Il fut gratifié par Marbode, évêque de Rennes, de l'église Notre-Dame de Vitré, possédée jusqu'alors par des chanoines, qui méritèrent d'en être expulsés à cause de leur vie scandaleuse.

16 — RAOUL II eut un gouvernement difficile. Les chanoines de Vitré rentrèrent de force à Notre-Dame, en chassèrent les Bénédictins et plaidèrent si bien leur cause à Rome, que le pape Callixte II, mal informé, excommunia l'abbé et les religieux de Saint-Melaine. Mais Raoul, plein d'humilité, fit sa soumission au Souverain-Pontife, qui lui rendit ses bonnes grâces en prenant sous sa protection l'abbaye de Saint-Melaine et toutes ses dépendances (1121). Cet abbé recouvra aussi l'église de Plélan et reçut celle de Bréhant ; il mourut vers 1126 (M. Hauréau, Gallia christiana, XIV).

17 — HERVE II assista en 1127 à la réconciliation de l'église de Redon et fit confirmer, l'année suivante, par le duc Conan III tous les privilèges accordés à Saint-Melaine par les princes bretons ses prédécesseurs. En 1132, le Pape rappela à Notre-Dame de Vitré les moines de Saint-Melaine et en chassa définitivement les chanoines. En 1145, Hervé obtint d'Alain, comte de Penthièvre, la confirmation de tous les dons faits à son abbaye par les seigneurs de Penthièvre, notamment la supériorité qu'ils avaient donnée à Saint-Melaine sur l'église de Saint-Sauveur de Guingamp (Dom Morice, Catalogue des évêques et abbé de Bretagne).

18 — GUILLAUME D'ORVAL (Guillelmus de Aurea Valle) vivait en 1148, d'après une lettre du pape Eugène III relative à l'église de Notre-Dame de Vitré.

19 — GUILLAUME CHALOPIN consentit, en 1152, à la fondation par le seigneur de Montfort d'une abbaye dans la paroisse de Bédée, où Saint-Melaine possédait un prieuré. Il fit ratifier par l'archevêque de Tours, l'évêque de Rennes, le duc Conan IV et les seigneurs de Penthièvre et de Vitré les diverses donations faites à son monastère (1152-1158).

20 — GUILLAUME PRIVE fut élu en 1161 et reçut, l'année suivante, certain privilège de Maurice de Craon, relativement au passage des vins de l'abbaye (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 646). Il fit, en 1169, une transaction avec le Chapitre de Rennes. On croit qu'il abdiqua avant de mourir.

21 — MATHELIN PRIVE, neveu du précédent, lui succéda vers 1180 ; Jacques, évêque de Rennes, lui confirma la donation de l'église de Moulins faite précédemment à Saint-Melaine (Cartulaire de l'abbaye de Saint-Melaine, ms. de la Bibliothèque de la ville de Rennes).

22 — GERVAIS II, religieux de Marmoutiers, fut élu vers 1181. Les moines de Saint-Florent se plaignirent au Pape de cette élection, prétendant qu'à défaut de sujet dans leur propre abbaye, les moines de Saint-Melaine ne pouvaient prendre d'abbé que dans celle de Saint-Florent. Le pape Luce III chargea l'évêque d'Angers d'examiner cette affaire, qui se termina, semble-t-il, à l'avantage de Gervais et de ses religieux, car le Saint-Siège ratifia toutes les donations faites au monastère de Saint-Melaine (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 699). Cet abbé fut arbitre du différend que Pierre, évêque de Saint-Malo, eut en 1187 avec les religieux de Marmoutiers.

23 — GUILLAUME PRIVE, dit Fergant ou le Jeune, neveu de Mathelin Privé, gouvernait en 1188. Les moines de Saint-Florent réclamèrent encore contre son élection, et le pape Urbain III voulut bien s'en occuper, mais ils ne furent pas plus heureux que précédemment (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 703).

24 — GEOFFROY DE NIOISEL (de Nido Avis), d'abord moine de Saint-Melaine, devenu abbé, obtint en 1191 d'Herbert, évêque de Rennes, la confirmation du don des églises de son diocèse dépendant de Saint-Melaine. Robert d'Apigné lui concéda en 1208 l'église de Marcillé-Raoul, et Pierre, évêque de Saint-Brieuc, ratifia la donation de l'église de Planguenoual faite en sa faveur (M. Hauréau, Gallia christiana).

25 — GEOFFROY DE CHAUVIGNE, religieux de Saint-Melaine, était abbé en 1213, époque à laquelle Pierre, évêque de Rennes, lui donna des lettres de confirmation des possessions de Saint-Melaine ; l'année suivante, le Chapitre de Rennes lui accorda une charte semblable.

26 — PIERRE DE MELESSE succéda au précédent, d'après les titres de Saint-Melaine.

27 — ROBERT TACHEREL fut ensuite nommé abbé, suivant les mêmes Catalogues.

D. Morice n'a point connu ces trois abbés de Saint-Melaine ; il donne, en revanche, le nom de Guillaume de Tinténiac, abbé, selon lui, de 1214 à 1220 ; mais M. Hauréau conteste ce fait et dit qu'il s'agit ici d'un seigneur de Tinténiac qui fit du bien à Saint-Melaine et non point d'un abbé de ce monastère.

28 — GEOFFROY DE SAINT-ELECT (de S. Electo), élu en 1220, d'après D. Morice, céda une partie des dîmes données à Saint-Melaine par Renaud de Pocé. Il mourut le 23 avril 1228, d'après la Chronique de Quimperlé.

29 — MATHIEU DES RUISSEAUX (de Rivis), moine de Saint-Florent, fut élu en 1228 ou au commencement de 1229. Il permit, en 1240, à Alain d'Acigné de bâtir une chapelle dans son manoir, et fit une association en 1245 avec Richard, abbé du Mont Saint-Michel (Cartulaire de l'abbaye de Saint-Melaine).

30 — ALAIN DE MONCONTOUR se rendit en Angleterre en 1254 et y termina une contestation existant depuis longtemps entre les comtes d'Oxford et les abbés de Saint-Melaine touchant la nomination du prieur de Harsfeld. Le prieuré de ce nom, situé dans le diocèse de Londres, dépendait de l'abbaye de Saint-Melaine.

31 — HERVE DE LAUNAY échangea, en 1257, le prieuré de la Roche-Derrien contre celui de Moncontour, possédé jusqu'alors par les chanoines de Sainte-Croix de Guingamp. L'année suivante, il obtint des moines de Preuilly, en Touraine, une partie considérable des reliques de Saint-Melaine qui se trouvaient en ce lieu. Cet abbé vivait encore en 1272 (M. Hauréau, Gallia christiana).

32 — GUILLAUME VIVOIS succéda au précédent, d'après quelques auteurs.

33 — ETIENNE HONORE afféagea des terres en 1278 et transigea avec le seigneur de Châteaubriant en 1286. Il régla définitivement les rapports du Chapitre de Rennes avec l'abbaye de Saint-Melaine, en 1293. Il vivait encore en 1295.

34 — MICHEL DE FOURNOUIL était abbé en 1298. Il fut vicaire général de l'évêque de Rennes en 1304, et établit en 1318, avec l'évêque Alain, un vicaire perpétuel à Vern. On ignore l'année de sa mort, mais on sait qu'il fut inhumé au pied du maître-autel de son église abbatiale.

35 — NICOLAS DE TREAL, alias DE BREAL, abbé de la Chaume, gouvernait Saint-Melaine en 1337, époque à laquelle il fit quelque échange avec Guillaume de Borgon (Cartulaire de l'abbaye Saint-Melaine, 203). Comme son prédécesseur, il devint vicaire général de l'évêque de Rennes ; il mourut le 2 juillet 1352 et fut inhumé au bas du maître-autel de Saint-Melaine, avec cette épitaphe :

Hic jacet frater Nicolaus de Breal, abbas,
qui decessit die 2a julii, anno 1352.
Anima ejus requiescat in pace

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale).

La famille de Tréal portait : de gueules au croissant burelé d'argent et d'azur, mais nous ignorons si cet abbé lui appartenait.

36 — JEAN LE BART, fils de Macé Le Bart, chancelier de Bretagne, abbé de Saint-Gildas de Rhuys, suivant M. Hauréau, fut transféré à Saint-Melaine, et embrassa avec ardeur le parti de Charles de Blois pendant la guerre de la succession. Il signa le traité de paix de 1380, siégea en 1387 au Concile de Nantes, et abdiqua avant de mourir. Il décéda en décembre 1393, et fut enterré au pied du maître-autel de son église, avec cette épitaphe :

Hic jacet frater Joannes Le Bart,
abbas istius monasterii,
qui decessit die ... decembris, anno 1393.

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale).

La famille Le Bart portait : d'azur au léopard d'argent.

Le sceau de l'abbé Jean Le Bart, en 1380, est ogival : dans une niche gothique se tient l'évêque saint Melaine debout, nimbé, mitré, crossé et bénissant un abbé agenouillé devant lui. La légende porte : S . FTRIS . JOHIS . ABB . S . MELANI . REDONEN. (Sigillum fratris Johannis abbatis Sancti Melanii Redonensis)  (Collection des Sceaux de France, n° 8994).

37 — GUILLAUME GLE, d'abord abbé de Saint-Méen, paya le 12 septembre 1391, à la Chambre apostolique, 508 livres pour les provisions de l'abbaye de Saint-Melaine. Il tint son chapitre général le 8 novembre 1392 et mourut le 13 mai 1398. Sur son tombeau, placé à côté de ceux de ses prédécesseurs, dans l'église abbatiale, on lisait cette inscription :

Hic jacet frater Guillelmus Gle,
abbas istius monasterii,
qui decessit 13a die maii, anno 1398 .

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale).

Guillaume Glé portait : d'or à trois glés ou souris de gueules, 2, 1.

38 — JEAN ROUXEL, prieur de Lamballe, reçut, en qualité d'abbé de Saint-Melaine, l'hommage de quelques vassaux le 14 décembre 1398, mais il ne prit possession de son abbaye que le 25 septembre 1399. Il mourut le 10 juillet 1402, et fut inhumé au pied du maître-autel de Saint-Melaine, avec cette épitaphe :

Hic jacet frater Joannes Rouxelli,
abbas hujus monasterii,
qui decessit die sabbati, 10a julii, anno 1402.
Oretis pro eo.

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale). 

Comme il y a beaucoup de familles bretonnes du nom de Rouxel, nous ne savons à laquelle appartenait cet abbé.

39 — PIERRE DE LA MORINAYE, prieur de Châteaugiron, fut élu abbé le 25 juillet 1402 et béni la même année par l'évêque Anselme de Chantemerle. Il obtint du pape Jean XXIII le droit de porter la mitre, l'anneau et les ornements pontificaux par lettres données à Constance en 1415. Pierre de la Morinaye mourut le 10 août 1422, et fut inhumé à côté de ses prédécesseurs avec cette inscription tumulaire :

Hic jacet frater Petrus de la Morinais,
abbas hujus monasterii,
qui obiit die 10a augusti, anno 1422.

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale). 

La famille de la Morinaye, de la paroisse d'Antrain, portait : d'or à trois mures de pourpre en pal l'une sur l'autre, accostées en chef de deux feuilles de houx de sinople et en pointe de deux glands de même ; mais nous n'affirmons pas que l'abbé Pierre lui appartînt.

40 — MATHIEU BERTRAND, prieur de Lamballe, fut élu en 1422 et député au Concile de Bâle en 1432. Il administra, en 1446, l'abbaye du Mont Saint-Michel en qualité de vicaire général de l'abbé. Guillaume d'Estouteville. Il mourut en 1448 et fut enterré au pied du maître-autel de Saint-Melaine ; on lisait sur sa tombe :

Anno, milleno quater centum quadrageno octavo
....................  fuit datus sepulturœ abbas Matheus,
cujus animœ parcat deus. Amen.

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale).

L'écusson de l'abbé Bertrand : d'azur à la croix d'argent cantonnée d'une tête de léopard de même, sommé d'une crosse, apparaît encore sur la tour de l'église Saint-Melaine, qu'il reconstruisit en partie (Bulletin de l'Association bretonne, II, 113).

41 — MATHURIN LE LIONNAIS, religieux de Saint-Jacut, fut élu abbé en 1448, et conserva ce poste malgré les intrigues du cardinal Guillaume d'Estouteville, qui se fit pourvoir à Rome de l'abbaye de Saint-Melaine, quoiqu'il eût déjà plusieurs évêchés et abbayes. Le 14 octobre de la même année, Mathurin prêta serment entre les mains de l'évêque de Rennes d'observer les coutumes de l'abbaye de Saint-Melaine, de défendre ses droits et privilèges, de bien administrer ses biens, et de rendre aux évêques de Rennes les honneurs et révérence convenables (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 1437). En 1449, cet abbé fit le voyage de Rome pour demander justice au Pape contre l'abbesse de Saint-Georges et les archidiacres de Rennes et du Désert qui lui disputaient la prééminence après l'évêque dans les cérémonies publiques. Il obtint à Rome la confirmation de tous les privilèges de son abbaye. Sixte IV nomma même Mathurin, en 1471, évêque in partibus de Chitro ; mais le nouveau prélat résigna son abbaye en 1474. Il mourut le 5 mai 1488 et fut enterré dans une chapelle de son église abbatiale, dédiée à sainte Anne ; son tombeau, élevé de terre, du côté de l'évangile, portait cette épitaphe :

Hic jacet reverendus pater et dominus D. Mathurinus Le Lionnais
Dei gratia episcopus Citiensis, tempore suo hujus
monasterii abbas,
qui diem suum clausit extremum die quinta mensis maii,
anno Domini 1488.

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale).

La famille Le Lionnais, originaire de l'évêché de Saint-Malo, portait : d'argent à trois lions de sable.

42 — JEAN LE LIONNAIS, neveu du précédent, docteur en droit civil et canonique, fut élu abbé en 1474. Nommé conseiller du duc de Bretagne en 1483, il fut chargé par ce prince de plusieurs missions importantes. Il mourut le 10 avril 1486 et fut inhumé dans la chapelle Sainte-Anne de son église, sous un tombeau élevé de terre portant cette inscription :

Hic jacet reverendus in Christo pater et dominus
Joannes Le Lionnais,
tempore quo vivebat hujus monasterii abbas, juris utriusque doctor,
qui obiit die 10a aprilis, anno 1486.

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale).

43 — PIERRE DE FOIX. A la mort de Jean Le Lionnais, les religieux élurent abbé de Saint-Melaine Olivier de Broon, moine de Saint-Florent ; mais le duc de Bretagne nomma abbé commendataire son beau-frère, Pierre de Foix, et Olivier de Broon n'osa ni venir prendre possession de l'abbaye, ni demander à l'évêque de Rennes sa bénédiction. Pierre de Foix prit donc le titre d'abbé de Saint-Melaine et perçut les revenus du monastère jusqu'à sa mort. Il était fils de Gaston IV, comte de Foix, et d'Eléonore d'Aragon. Nommé évêque de Vannes en 1476, il fut créé cardinal du titre des SS. Come et Damien. Il mourut à Rome, le 10 août 1490, et fut enterré dans la basilique de Notre-Dame-du-Peuple. La maison de Foix portait : écartelé aux 1er et 4ème d'or à trois pals de gueules, qui est Foix ; aux 2ème et 3ème d'or à deux vaches de gueules accolées et clarinées d'azur, qui est Béarn ; sur le tout : d'or à deux lions passants de gueules, qui est Bigorre.

44 — OLIVIER DE BROON, fils d'Olivier, seigneur de Broon, et de Marie du Teillay, fut élu abbé de Saint-Melaine une seconde fois, après la mort du cardinal de Foix. Il était déjà prieur de Tremblay, abbé de Saint-Aubin-des-Bois et aumônier de la duchesse Anne. Il accepta sa nouvelle nomination, mais trouva encore un compétiteur dans Antoine, cardinal de Saint-Anastase et neveu du Pape, nommé par ce dernier abbé commendataire de Saint-Melaine. Heureusement pour Olivier de Broon qu'Anne de Bretagne défendit aux moines de Saint-Melaine de reconnaître ce cardinal pour leur abbé. Antoine céda alors tous ses droits à l'abbé Olivier, moyennant une pension de 150 ducats, et se contenta de jouir des prieurés de Bédée et de la Celle-Guerchoise. Olivier de Broon gouverna ensuite paisiblement son abbaye et mourut le 20 février 1501. Il fut inhumé au pied du maître-autel de Saint-Melaine, sous une tombe portant ces mots :

Hic jacet reverendus in Christo pater et dominus
Oliverius de Broon,
tempore quo vivebat hujus monasterii abbas, bachalaureus
in decretis,
qui obiit in hoc monasterio die vicesima mensis februarii,
anno Domini millesimo quingentesimo.
Requiescat in pace. Amen.

(Du Paz, Histoire générale de Bretagne, 407 – Archives départementales de la Loire-Inférieure, E, 54)

La famille de Broon portait : d'azur à la croix d'argent frettée de gueules.

45 — ROBERT GUIBE, évêque de Rennes, fut nommé en 1501 à l'abbaye de Saint-Melaine par la reine Anne de Bretagne ; mais il paraît qu'il cessa pendant quelques années (1504-1508) de jouir de ce bénéfice, car on trouve à cette époque un Antonio, évêque de Préneste et cardinal de Sainte-Praxède, conférant les prieurés dépendant de Saint-Melaine. Toutefois Robert Guibé reprit l'abbaye, devint lui-même cardinal et évêque de Nantes, et mourut à Rome, où il fut inhumé dans l'église Saint-Yves des Bretons, en 1543.

Robert Guibé portait : d'argent à trois jumelles de gueules, accompagnées de six coquilles d'azur, 3, 2, 1, au chef d'or.

46 — LAURENT PUCCI. Robert Guibé étant mort disgracié Louis XII, la saisie fut mise aussitôt après son décès sur le temporel de Saint-Melaine ; mais Laurent Pucci, cardinal du titre des Quatre-Couronnés et évêque de Vannes, ayant été nommé abbé par le pape Léon X, obtint main-levée en 1514. Il ne prit toutefois point possession de l'abbaye de Saint-Melaine, dont il se démit au bout de deux ans sans en avoir retiré aucun fruit. Il mourut le 26 septembre 1531.

Le cardinal Pucci portait : d'argent à la tête de Maure de sable.

47 — NOEL DU MARGAT, fils de Pierre du Margat et d'Antoinette de la Reigneraye, naquit à Caulnes, près de Dinan. Religieux au Tronchet, prieur de Combourg et familier du cardinal Laurent Pucci, il dut à la faveur de ce dernier d'être nommé abbé de Saint-Melaine en 1516. « On ne saurait assez louer Noël du Margat, dit D. Morice, d'avoir réparé les abus qui s'étaient glissés dans son abbaye sous le règne de ses prédécesseurs, et d'avoir restauré l'église et les bâtiments qui tombaient en ruines » (Catalogue des évêques et abbés de Bretagne). Il se démit, en 1523, en faveur de François Chauveau, son neveu, et mourut le 20 février 1525. Son corps fut déposé dans son église abbatiale, dans la chapelle de la Délivrance, et l'on grava ce qui suit sur son tombeau :

Cy git Révérend Père en Dieu Noël du Margat,
en son temps abbé de céans,
qui décéda le 20 février, l'an 1525,
priez Dieu pour lui. Amen

(Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine – Bibliothèque nationale).

La famille du Margat portait : d'argent au lion rampant de sable.

48 — FRANÇOIS CHAUVEAU succéda à son oncle et obtint ses bulles le 25 novembre 1523. Il mourut le 23 mai 1532 et fut le dernier abbé régulier de Saint-Melaine.

Sa famille portait : d'azur au léopard d'or, au chef d'argent chargé de trois étoiles de gueules.

49 — RENE BOURSAULT DE MONTEJEAN, protonotaire apostolique, doyen de Candé, en Anjou, et aumônier du roi, fut tout à la fois abbé commendataire de Saint-Melaine, d'Evron et de Pontrond. Il prit possession de Saint-Melaine le 25 juillet 1532, en vertu des bulles qu'il avait obtenues du pape Clément VII le 30 juin précédent. Il prêta serment de fidélité au roi en 1539 et mourut en 1547, d'après le Catalogue des abbés d'Evron.

L'abbé René Boursault avait un sceau rond portant seulement ses armoiries : d'azur à trois bourses d'or, 2, 1 (M. Hauréau, Gallia christiana – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 39).

50 — PAYEN LE SUEUR D'ECQUETOT, chanoine de Rouen et conseiller garde-scel au Parlement de Normandie, fut nommé en 1548 abbé de Saint-Melaine et vers le même temps abbé de Saint-Jouin-de-Marne. Devenu, en 1549, évêque de Coutances, il nomma frère Michel Du Fail son vicaire général pour l'abbaye de Saint-Melaine. Ce prélat mourut dans l'abbaye d'Evron le 24 décembre 1551 et fut inhumé dans l'église de ce monastère.

La famille Le Sueur d'Ecquetot portait : d'argent à trois fasces de gueules.

51 — ETIENNE MARTEL DE BACQUEVILLE, recteur de Montpinchon, en Normandie, succéda au précédent sur le siège de Coutances et dans les abbayes de Saint-Melaine et de Saint-Jouin-de-Marne. Il prêta serment au roi dans la Chambre des Comptes de Nantes en 1552, mais ne fit son entrée à Coutances qu'en 1558. Il ne s'y montra pas, dit-on, à la hauteur de sa mission épiscopale ; effrayé du progrès des calvinistes dans cette ville, il prit la fuite et se réfugia d'abord à Saint-Melaine, puis à Saint-Jouin-de-Marne, où il mourut le 26 mai 1560 ; il fut inhumé dans ce dernier monastère.

La famille Martel porte : d'or à trois marteaux de sable.

52 — ARTHUR DE COSSE, fils naturel de Charles de Cossé, comte de Brissac et maréchal de France, fut d'abord pourvu des abbayes de Saint-Jouin-de-Marne et de la Trinité de Lessai. Le roi lui donna encore celle de Saint-Melaine en 1560. L'année suivante, il fut légitimé par son père et nommé évêque de Coutances. Dom Morice et D. Le Roy représentent ce prélat comme un spoliateur des abbayes dont il était commendataire ; d'après eux, il en enleva tous les objets précieux ; mais les historiens du diocèse de Coutances, essayant de venger sa mémoire, rappellent toutes les persécutions qu'il eut à souffrir de la part des calvinistes et l'extrême pénurie où ceux-ci le réduisirent. Arthur de Cossé mourut très-âgé, au château de Loisellière, en Normandie, le 7 octobre 1587. Il avait permuté l'abbaye de Saint-Melaine contre celle du Mont Saint-Michel, en 1570. Son corps fut rapporté à Coutances et inhumé au milieu du chœur de sa cathédrale.

Les armoiries de cet abbé : de sable à trois fasces d'or, denchées par le bas, se trouvaient, ainsi que son portrait, dans les vitraux de l'église abbatiale du Mont Saint-Michel.

53 — FRANÇOIS LE ROUX, seigneur d'Avors, en Gennes, diocèse d'Angers, protonotaire apostolique et abbé du Mont Saint-Michel, fut transféré, en 1570, à Saint-Melaine, en conséquence de la permutation précédente. Il mourut au mois de mars 1572.

La famille à laquelle appartenait cet abbé portait : gironné de huit pièces d'argent et de sable.

54 — ETIENNE PROUST vel LE PROUST, gouverna l'abbaye de Saint-Melaine de 1572 à 1574.

Sa maison portait : d'azur à la tête d'aigle, arrachée d'or.

55 — MATHURIN DE MONTALAIS, natif d'Anjou et aumônier du roi, prit possession de Saint-Melaine en juin 1575. Ordonné diacre en 1580, il devint chantre de Nantes en 1583. Il fut aussi abbé du Gué-de-Launay, au Maine, et prieur de Saint-Christophe, en Touraine. Il prit part, en 1583, au Concile de Tours, et présida aux Etats de Bretagne assemblés à Rennes pendant la Ligue. Il contribua beaucoup à l'établissement du collège des Jésuites fondé à Rennes, et mourut le 12 janvier 1603. Son corps fut inhumé dans la chapelle Saint-Benoît de son église abbatiale, dans un ancien tombeau élevé dans la muraille, du côté du Midi.

La famille de Montalais, selon M. de Courcy, porte : d'or à trois chevrons renversés d'azur ; mais le sceau de l'abbé Mathurin est rond et renferme un écu portant trois chevrons et une fasce brochant sur le tout ; une crosse est posée en pal derrière cet écu ; on ne lit plus de la légende que ces mots : DE MONTALAIS. Un autre sceau de cet abbé porte cet écusson écartelé des alliances de sa famille (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 35).

56 — OCTAVE DE BELLEGARDE fut nommé abbé de Saint-Melaine en 1603, mais il permuta avec l'abbé de Saint-Germain d'Auxerre (M. Hauréau, Gallia christiana).

La famille de Bellegarde porte : d'azur à la cloche d'argent bataillée de sable.

57 — PIERRE DU LYON, seigneur de la Cave, maître des requêtes de l'Hôtel, fut d'abord nommé à l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre, qu'il quitta en 1603 pour avoir celle de Saint-Melaine. Ce fut lui qui introduisit dans ce dernier monastère, en 1627, la congrégation de Saint-Maur. Il siégea en 1629 aux Etats de Rennes et mourut en 1636.

La famille du Lyon, originaire de Champagne, portait : d'or semé de croisettes de sable, au lion de même brochant.

Le sceau de l'abbé de Saint-Melaine, de forme ovale, présente ces armoiries brisées d'un chef illisible ; une crosse est posée en pal derrière l'écu, qu'entourent deux branches d'olivier (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 45).

58 — LOUIS DE NOGARET DE LA VALETTE, fils de Jean-Louis, duc d'Epernon, et de Marguerite de Foix, comtesse de Candale, fut tout à la fois abbé de Saint-Saturnin, Saint-Victor de Marseille, la Grande-Forêt, Saint-Vincent de Metz, Gardes, Brasse, Berdon et Saint-Martin-des-Champs. Le roi le nomma en 1621 à l'archevêché de Toulouse, et le pape Paul V le fit cardinal du titre de Saint-Adrien. Il devint en 1637 abbé de Saint-Melaine ; mais, malgré les faveurs dont il avait été comblé, il quitta l'état ecclésiastique, alla commander les troupes françaises en Allemagne et en Italie, et mourut à Rivoli, près de Turin, le 28 septembre 1639. La famille de Nogaret, originaire de Languedoc, portait : d'argent au noyer de sinople, qui est Nogaret, parti de gueules à la croix vidée, cléchée et pommetée d'or, qui est de l'Isle.

Le sceau de ce prélat, en 1638, est ovale et armorial ; l'écu, surmonté d'un chapeau à six houppes, porte : écartelé aux 1er et 4ème : d'argent au noyer de sinople, parti de gueules à la croix vidée, cléchée et pommetée d'or ; au chef de … à la croix potencée de… ; aux 2ème et 3ème contre-écartelé ; aux 1er et 4ème pallé de …  ; aux 2ème et 3ème de … à deux fasces de … De la légende on ne lit plus que LUDOVICUS (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 83).

59 — THOMAS ISNARD DE CASTELLO, comte de la Monta, clerc de Turin, abbé de Caramagne, en Piémont, et conseiller du duc de Savoie, fut nommé abbé de Saint-Melaine en 1639 ; il prit possession, par procureur, le 28 août 1640. D. Morice dit qu'il soutint les droits de cette abbaye avec beaucoup de fermeté jusqu'à sa mort, arrivée en 1659.

La famille Isnard, originaire de Savoie, porte : d'or au sautoir de gueules, cantonné de quatre molettes d'azur. Mais le sceau de l'abbé de Saint-Melaine, rond et armorial, présente dans un cartouche un écu portant une aigle éployée, surmonté d'une couronne de comte et timbré d'une mitre et d'une crosse tournée en dedans ; légende : THOMAS ISNARDUS ABBAS SANCTI MELANII RHEDONENSIS (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 84).

60 — JULES-PAUL DE LIONNE, fils de Hugues de Lionne, ministre et secrétaire d'Etat, et de Paule Payen, fut nommé abbé de Saint-Melaine en 1659, prit possession le 12 juin 1660, et permuta ce bénéfice en 1670 avec l'abbé de Châlis. Il possédait, en outre, les abbayes de Marmoutiers et de Cercamp, et le prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Il mourut à Paris le 5 juin 1721.

La famille de Lionne, originaire du Dauphiné, porte : de gueules, à une colonne d'argent, au chef cousu d'argent chargé d'un lion léopardé d'or.

61 — JEAN D'ESTRADES, fils de François d'Estrades, gentilhomme de la chambre du roi, et de Suzanne de Roquessa, fut pourvu dans sa jeunesse de l'abbaye de Bonnefontaine, au diocèse de Comminges. Nommé en 1646 évêque de Périgueux, il fut, l'année suivante, transféré à Condom. Etant en même temps abbé de Châlis, il permuta ce bénéfice avec Jules de Lionne, abbé de Saint-Melaine, résigna son évêché et vint se reposer dans cette dernière abbaye. Il reçut ses bulles d'abbé de Saint-Melaine en mai 1665 et prit possession de ce monastère le 14 août 1667 (Journal d'un bourgeois de Rennes – Mélanges historiques de Bretagne, I, 150). « Les bienfaits dont il combla cette maison, dit D. Morice, y ont immortalisé son nom ». Il mourut à Rennes le 12 juin 1685 et fut inhumé le 17, très-solennellement, au milieu du choeur des religieux. Le maréchal d'Estrades, son frère, lui fit faire une belle tombe de marbre avec cette inscription :

D. O. M.

Hic jacet

reverendissimus et illustrissimus
Johannes Destrades,

Condomiensis episcopus,
qui Pontificales infulas
amplissimamque diœcesim,
quam per annos decem pie, sapienterque rexerat,

miro christianœ humilitatis exemplo
sponte abdicavit,

uni Deo sibique victurus.
Secessit in Rhedonense Sancti Melanii cœnobium

cui abbas prœfuit,

cujus œdes instauravit,
quod amore prœcipuo coluit,
comitate, liberalitate, caritate,
omnes sibi devinciens.
Suis se pastorem, egentibus patrem, afflictis solamen
exhibuit.

His laboribus probatus senex
meritis quam annis gravior,
occubuit,

Die XII mensis junii, anno œtatis 75,
R. S. H. 4685.

Fratri carissimo

Gaufredus Destrades, Franciœ Marescallus,
amoris hoc pignes et doloris monumentum
posuit.

 Le sceau de l'abbé Jean d'Estrades, en 1677, est de forme ovale et porte : écartelé aux 1er et 4ème de gueules au palmier d'or terrassé de sinople, au lion d'argent couché au pied, qui est d'Estrades ; aux 2ème et 3ème  de … à une fasce accompagnée de deux coquilles en chef et d'un croissant en pointe, qui est ....... ; l'écu surmonté d'une couronne de comte et d'un chapeau à six houppes, accosté d'une mitre et d'une crosse tournée en dehors (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 18).

62 — JEAN-FRANÇOIS D'ESTRADES, fils de Godefroy d'Estrades, maréchal de France, et de Marie du Pin de l'Allier, neveu du précédent abbé, lui succéda à Saint-Melaine. Il fut aussi abbé de Moissac, ambassadeur à Venise en 1675 et à Turin en 1679, conseiller du roi, etc. Pourvu de l'abbaye de Saint-Melaine dès 1684, il mourut à Passy, près Paris, le 10 mai 1715 (Moreri, Grand Dictionnaire historique). Armes de la maison d'Estrades : de gueules au palmier d'or terrassé de sinople, au lion d'argent couché au pied.

63 — MICHEL DE LA ROCHE, prêtre et docteur en théologie, chanoine et archidiacre de Paris, obtint l'abbaye de Saint-Melaine en 1715, dit D. Morice, mais il n'en prit possession que le 22 juillet 1721 (Registre des insinuations de l'évêché de Rennes). Il mourut à Paris le 22 septembre 1724. Il était aussi abbé de Clairefontaine, au diocèse de Chartres.

Nous ne savons à quelle famille du nom de la Roche appartenait cet abbé, dont nous n'avons pas retrouvé les armoiries.

64 — MARTIN DU BELLAY, fils de François-René du Bellay et de Marthe-Suzanne de Rochechouart, prêtre et docteur en Sorbonne, fut nommé par le roi le 20 mars 1725, mais il n'obtint ses bulles qu'en octobre 1728, et prit possession de son abbaye par procureur le 8 novembre de la même année. Prieur de Combourg et vicaire-général de Tours, il devint évêque de Fréjus en 1739. Ayant quitté son siège épiscopal en 1766, il conserva Saint-Melaine jusqu'en 1770, qu'il consentit à l'union de la mense abbatiale à l'évêché de Rennes. Ce prélat n'habita point Rennes, car il loua longtemps son palais abbatial à l'intendant de Bretagne. Il mourut le 19 décembre 1775 et fut inhumé dans l'église Saint-Sulpice de Paris, dans le caveau dit des évêques.

La famille du Bellay porte : d'argent à la bande fuselée de gueules, accompagnée de six fleurs de lys d'azur posées en orle.

Avec ce prélat se termine la série des abbés de Saint-Melaine. Ce titre fut éteint, et les revenus qui en dépendaient furent en 1770 (et non pas 1775, comme le dit M. Tresvaux) réunis à l'évêché de Rennes par Mgr de Girac, qui fit part à son chapitre de la bulle d'extinction le 17 décembre 1770 (Registre des insinuations de l'évêché de Rennes). 

Pour comprendre l'importance de l'abbaye de Saint-Melaine, il suffit d'énumérer les nombreuses églises dépendant de ce monastère au moyen-âge ; voici leurs noms en 1185, peu d'années après la restauration opérée par Even (Voir la bulle du pape Luce III, donnée à Vérone le 1er juillet 1185 en faveur de Gervais, abbé de Saint-Melaine – Cartulaire de l'abbaye de Saint-Melaine).

Au diocèse de Rennes : quarante-et-une églises et dix chapelles, savoir : les églises de Saint-Jean-Baptiste, Saint-Martin, Saint-Aubin et Saint-Symphorien, dans la ville de Rennes ; les églises de Cesson, Thorigné, Noyal-sur-Vilaine, Brécé, Cornillé, Louvigné-de-Bais, Moulins, Pocé, Sainte-Croix et Sainte-Madeleine de Châteaugiron ; Tresboeuf, Vern, Pancé, Betton, Chevaigné, Mouazé, les deux églises d'Aubigné ; Montreuil-le-Gast, Marcillé-Raoul, Cogles, les églises de Hédé ; Bazouges-sous-Hédé, Saint-Symphorien, Vignoc, Pacé, Saint-Gilles, Cintré, Châtillon-sur-Seiche, Chartres ; Notre-Dame, Saint-Pierre et Saint-Martin à Vitré ; Balazé, Saint-Didier, Melesse, Billé (« In episcopatu Redonen. : ecclesiam Sancti Johannis Bapt., eccles. Sancti Martini, eccl. Sancti Albini, eccl. Sancti Simphoriani que in suburbis Redonen. Constitute sunt ; eccl. de Sesson, eccl. de Torniaco, eccl. de Noial, eccl. de Bresseio, eccl. de Corneliaco, eccl. de Louviniaco, eccl. de Moulins, eccl. de Pocé, ecclesias de Castrogironis, ecclesiam de Trebou, eccl. de Vern, eccl. de Panceio, eccl. de monasterio Bettonis, eccl. de Chavenneio, eccl. de Moiseio, ecclesias de Albiniaco, ecclesiam de Monsterol, eccl. de Marceliaco, eccl. de Cogles, ecclesias de Hédé, ecclesiam de Basogetis, eccl. Sancti Symphoriani, eccl. d'Ivignouc, eccl. de Paceio, eccl. de Sancto Egidio, eccl. de Sintreyo, eccl. de Castellione, eccl. de Cartres ; eccl. Sante Marie de Vitreio cum omnibus appendiciis suis, eccl. Sancti Petri, eccl. Sancti Martini in eodem castro ; eccl. de Balazé, eccl. de Sancto Desiderio, eccl. de Mellece, eccl. de Billeio » - Cartulaire de l'abbaye Saint-Melaine, 209) ; et les chapelles de Saint-Aubin-des-Landes, Saint-Pierre de Bais, Beauchesne, Notre-Dame de Bain, Montgermont, Saint-Maimbœuf, Notre-Dame de Mordelles et la Guerche (« Cappellam Sancti Albini, cap. Sancti Petri de Bedesio, cap. de Bella Quercu, cap. de Baim, cap. de Montegermont, cap. de Morzellis, cappellaniam Guirchie cum cappellis suis, cappellam Sancti Magnobodi » - Cartulaire de l'abbaye de Saint-Melaine, 209) — Ces chapelles de la Guerche étaient celles de Notre-Dame, Saint-Nicolas et la Sainte-Trinité. Vers cette même époque, les églises d'Acigné et de Mécé furent également données à Saint-Melaine, ainsi que les chapelles de Calendron et de Marpiré.

— Au diocèse d'Aleth ou de Saint-Malo, onze églises, savoir : Bédée, Pleumeleuc, Clayes, Romillé, Miniac-sous-Bécherel, Irodouer, Saint-Brieuc-des-Iffs, Breteil, Plumaudan, Comblessac et Guichen ; et cinq chapelles : les Brûlais, Saint-Nicolas de Montfort, Saint-Michel de Guer, Saint-Martin de Guichen et la chapelle du Fougeray (« In episcopatu Aletensi : ecclesiam de Bedexe, eccl. de Ploumelouc, eccl. de Clees, eccl. de Romelleio, eccl. de Miniaco, eccl. de Irrodor, eccl. de Sancto Briocio, eccl. de Breteill, eccl. de Plaumauden, eccl. Sancti Melanii de Combleciaco, cappellam de Brurato, cap. Sancti Nicholai de Monteforti, cap. Sancti Michael, cap. de Fulgerio et ecclesion de Guichen cum capella Sancti Martini » - Cartulaire de l'abbaye Saint-Melaine).

— Au diocèse de Saint-Brieuc, quatre églises : Saint-Michel de Moncontour, Broons, Planguenoual et Coetmieux (« ecclesia de Cothmaouc »), et deux chapelles : Saint-Michel de Lamballe et Orval.

— Au diocèse de Tréguier, cinq églises : Saint-Sauveur, la Trinité et Saint-Léonard à Guingamp ; Minibriac et Plumaugar.

— Au diocèse de Léon, sept églises : Bath-Paul, Saint-Paul dans l'île d'Ouessant, Lochrist, Loc-Brévalaire, Penzé, Saint-Melaine et partie de Saint-Martin à Morlaix.

— Au diocèse de Vannes, l'église Saint-Melaine de Rhuys et la chapelle de Notre-Dame d'Hennebont.

— Au diocèse de Londres, en Angleterre, quatre églises : Notre-Dame de Harsfeld, Mayandane, Promestède et Tandelaine.

— Au diocèse de Verth, également en Angleterre (in episcopatu Vertensi), l'église de Saint-Michel de Ramboch.

Ainsi, à la fin du XIIème siècle, les moines de Saint-Melaine tenaient entre leurs mains une centaine d'églises, dont soixante-seize étaient paroissiales. Ils perdirent bien dans la suite des temps un certain nombre de bénéfices ; mais, à la fin du XVIIème siècle, ils avaient encore vingt-quatre prieurés unis à leur mense conventuelle, une vingtaine de prieurés séparés, et ils nommaient les recteurs de quarante paroisses.

Pendant le séjour de l'abbé Jean d'Estrades à Rennes, il se fit un partage entre lui et les religieux de Saint-Melaine, le 13 juillet 1683. Tous les domaines, droits et revenus de l'abbaye furent divisés en trois parts ; l'abbé commendataire prit les deux premières, l'une laissée à sa discrétion et l'autre affectée à l'acquit des charges qui lui incombaient ; les religieux eurent la troisième part. Voici en quoi consistait chacune d'elles : Premier lot, choisi par l'abbé : les dîmes de Melesse, d'Acigné, de Bain, de Rannée, de Cintré et de Chevaigné, — le manoir abbatial de Rennes et le manoir du Mesnil, en Melesse, — les moulins de Trublé, — les prés de Saint-Martin et de Lozerais, — le greffe de la juridiction et le casuel des fiefs, — les rentes féodales et les droits de la foire aux oignons, — diverses rentes dues par les Visitandines de Guer, par un nommé Béliard, sur les fouages, sur les halles de Bain, etc., — la pourvoyance aux offices de la juridiction et à tous les bénéfices dépendant de l'abbaye. Deuxième lot, laissé à l'abbé pour acquitter ses charges : les prieurés de Planguenoual, de Plélan et de Morlaix, — les moulins de Châtillon-sur-Seiche, — les dîmes de Saint-Didier, Vignoc, Miniac, Cesson, Guichen, Bais, Saint-Jean de Rennes, Gévezé et Néron en Amanlis, — les déshérences de Saint-Martin et de Cucillé, — les rentes sur le Domaine. Troisième lot, laissé au prieur claustral et aux religieux : les prieurés de Thorigné, de Betton, de Hédé et de Saint-Gilles, — les métairies nobles du Bois-Labbé, en Rennes, et des Landelles, en Pacé, — le four banal à Rennes, situé rue Saint-Melaine, — le pré de Trublé, — les dîmes de Pacé, Vern, Saint-Aubin, Cogles, Betton, Saint-Martin de Rennes, Noyal-sur-Vilaine, Brécé, Pocé, la Mézière, Saint-Symphorien et l'Abbayette, — 24 mines de froment dues par l'abbaye de Saint-Sulpice, — les rentes sur le Palais, sur les Carmélites et sur la maison du Petit-Saint-Melaine, le tout à Rennes (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 19 ; 1 V, 26). Nous n'avons pas retrouvé de déclaration complète des revenus de l'abbaye de Saint-Melaine au moment de la Révolution ; mais nous savons que Mgr de Girac, en 1789, recueillit de cette abbaye 40 581 livres (Compte de la régie du temporel de l'abbaye de Saint-Melaine en 1789 - Archives départementales, 1 V, 26). Or, il jouissait des deux tiers de tous les revenus de ce monastère. Ailleurs, un projet de déclaration de la mense conventuelle (c'est-à-dire de l'autre tiers des biens), faite par les religieux, semble indiquer un revenu d'environ 25 000 livres, ce que confirme un Etat de 1788, établissant que « le revenu annuel de la mense conventuelle, petit couvent et offices claustraux de l'abbaye de Saint-Melaine, ne monte ordinairement qu'à 27 066 livres 19 sols, et qu'avec certains arrérages il est monté cette année-là à 34 058 livres 7 sols » (Archives du Chapitre de Rennes). De ces chiffres il résulte clairement que le revenu total de l'abbaye de Saint-Melaine était encore, au moment de la Révolution, d'environ 60 à 70 000 livres. Mais c'était le revenu brut, et il fallait en déduire les charges, fort considérables. Ainsi, Mgr de Girac, en 1790, n'avait de revenu net, pour ses deux tiers, que 24 363 livres (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 25). Il en résulte donc que le revenu net de toute l'abbaye devait être, à la même époque, d'environ 40 000 livres. 

Sous le titre de Mémoires pour servir l'histoire de l'abbaye de Saint-Melaine, il existe, avons-nous dit, à la Bibliothèque Nationale, un manuscrit attribué à Dom Morice, dont nous extrayons ce qui suit, se rapportant aux droits et privilèges de cette abbaye ; ils sont classés au nombre de seize par cet historien, ainsi qu'on va le voir. 

Le premier privilège, dit-il, est la dîme des droits que les ducs de Bretagne percevaient sur la monnaie de Rennes, la possession d'un des huit coins qui servaient à marquer cette monnaie, et la dîme du poisson de la cuisine de ces mêmes ducs, en quelque lieu de la province qu'on leur apprêtât à dîner (nota : Voici comment s'exprime à ce sujet l'Aveu rendu au roi en 1679 par l'abbé Jean d'Estrades : "Droit de lever la dîme du poisson qui était dans la cuisine du duc ou de la duchesse, et la dîme des monnayes de la Monnaye de Rennes, et d'en avoir le huitième marteau"). Ce privilège fut d'abord accordé par Alain III, vers 1030 ; il fut dans la suite confirmé par Conan III, dit le Gros, en 1128, Conan IV, dit le Petit, en 1139 et 1158, par la duchesse Constance, en 1193, et par la duchesse Alix, en 1213. Ce droit fut abonné, en 1254, par le duc Jean Ier, dit le Roux, moyennant la somme de 50 livres de rente annuelle payable par les fermiers du Domaine, ce qui a toujours été observé depuis et reconnu par les ducs de Bretagne et les rois de France leurs successeurs (Voir Cartulaire de l'abbaye de Saint-Melaine). 

Le deuxième privilège était le droit de prendre dans les forêts de Rennes, de Liffré et de Saint-Aubin-du-Cormier, tous les bois nécessaires aux religieux, tant pour leur chauffage que pour les réparations de leurs église et monastère (nota : "Droit de faire pascager ès forêts de Rennes les bestiaux de l'abbaye et d'y prendre et lever les bois requis et nécessaires pour le chauffage desdits abbé et religieux qui leur doit être montré par MM. les officiers desdits forêts" - Aveu de 1679). Ce privilège fut accordé d'abord par le duc Conan III, en 1128, et confirmé par Conan IV, en 1139 et 1158, par les duchesses Constance (1193) et Alix (1213), par Jean III, en 1333, Jean IV, en 1369 et 1392, par les rois de France François Ier (1545), Henri II (1557), Charles IX (1566), Henri III (1580), Henri IV (1593), Louis XIII (1632) et Louis XIV (1662). Mais ce privilège subit quelques changements. En 1639, les commissaires du roi assignèrent aux religieux cent vingt-cinq journaux de bois, au canton de Gislerais, pour y prendre leur chauffage ; mais, en 1665, sous prétexte que ce canton, insuffisant pour une nombreuse communauté, était ruiné par les religieux, le roi leur retrancha cet usage pendant trente ans, pour donner le temps à la forêt de se rétablir. Ce temps expiré, on leur accorda, après bien des délais, trente charretées de gros bois et deux milliers de fagots pour leur chauffage. La communauté jouit paisiblement de ce don jusqu'en 1726 ; alors, on lui retrancha de nouveau ce droit, qui fut enfin réduit à trente cordes de bois de chauffage (Voir Ogée, Dictionnaire de Bretagne, nouvelle édition, I, 509). 

Le troisième privilège était le droit de haute juridiction ou d'exercer la justice sur les vassaux de l'abbaye, sauf le droit de glaive. Cette juridiction fut donnée aux moines par le duc Conan III, en 1128 ; le duc Pierre II y ajouta le droit d'avoir un gibet ou « justice patibulaire à quatre paux ». Ces droits furent plus tard confirmés par les rois de France (« Droit de haute, moyenne et basse justice et juridiction contentieuse sur tous les hommes et vassaux ; droit de création d'officiers tels que sénéchal, alloué, etc. ; droit de connaissance de crimes par lesdits officiers, avec justice à quatre paulx qui a coustume d'être élevée dans un pré de jaunaye qui est entre le pré de Trublé et la maison de la Chaussée, proche le grand chemin de Rennes à Saint-Grégoire, en la paroisse de Saint-Martin » - Aveu de 1679). 

Le quatrième privilège était celui de pacage dans les forêts de Rennes, Liffré et Saint-Aubin-du-Cormier. Ce droit fut accordé par la duchesse Constance en 1193 et il a été con­firmé par les ducs et rois ses successeurs. 

Le cinquième privilège était de faire tenir tous les ans, au premier dimanche d'octobre, une foire à la porte de l'abbaye, dans un terrain qu'on appelle pour cela le champ de foire. D. Morice déclare qu'il n'a point trouvé l'origine de cette foire, qui fut abolie en 1407, ainsi que toutes celles qui se tenaient dans la province les jours de dimanche. L'abbé Pierre de la Morinaye s'en plaignit au duc Jean V et lui représenta le grand préjudice que cette abolition apportait à son monastère ; le duc, qui n'avait en vue dans son ordonnance que le respect dû à la sainteté du dimanche, permit à l'abbé de Saint-Melaine de faire tenir sa foire le lundi de la première semaine d'octobre et d'y percevoir les mêmes droits et coutumes qu'il levait dans celle qui se tenait le dimanche. Cette permission est datée de Nantes du 30 août 1407. Les droits dont il est ici question étaient l'étalon et la coutume. Tous les marchands de la ville et banlieue de Rennes, excepté ceux qui étaient sous les fiefs du seigneur de Vitré, de l'évêque et du Chapitre, étaient obligés d'apporter leurs poids et mesures aux plaids généraux se tenant à Saint-Melaine le lendemain de la foire, afin de les rectifier sur les étalons, et ceux qui n'étaient pas conformes aux étalons étaient confisqués au profit de l'abbaye, et leurs propriétaires étaient condamnés à une amende de 3 livres. La coutume se levait, le jour de la foire même, sur toutes les marchandises exposées, à raison de 4 deniers monnaie par chaque marchand ; mais les bouchers et les marchands d'oignons donnaient, au lieu d'argent, les premiers une pièce de viande et les seconds deux liasses d'oignons. Il paraît que ces derniers venaient en grand nombre, car cette foire portait vulgairement le nom de foire aux oignons. Pour maintenir l'ordre dans la foire, les moines de Saint-Melaine avaient le droit d'y faire faire la chevauchée, c'est-à-dire que tous les vassaux du Grand bailliage de Saint-Melaine étaient obligés, le jour de cette foire, de comparaître à cheval devant les officiers de la juridiction, sous peine contre les défaillants de 3 livres d'amende (« Droit de foire qui se tient annuellement au devant de l'abbaye, dans le champ de foire, proche la chapelle de Saint-Just, le lundi d'après le 1er dimanche d'octobre. Durant laquelle foire les officiers de l'abbaye, assistés des hommes et vassaux du Grand bailliage, qui sont tenus s'y trouver ou y envoyer homme et cheval, à peine de 3 livres d'amende, doivent faire la chevauchée et lever par eux ou gens à ce préposés le droit de coutume sur les bestiaux et autres marchandises exposées en vente, etc. » - Aveu de 1679). Enfin, il faut remarquer que les droits de coutume sur les marchandises et de bouteillage sur les boissons ne se levaient pas seulement le jour de la foire et sur le seul champ de foire, mais « tant au jour de ladite foire que huit jours devant et huit jours après », non-seulement « au dedans de ladite foire », mais encore dans « toute la ville et ses fauxbourgs »

Le sixième privilège était de faire tenir tous les ans, au bourg de Châtillon-sur-Seiche, une foire le 14 septembre. Ce droit fut accordé, en 1332, à l'abbé Nicolas de Bréal, par le duc Jean III. Cette foire se tenait de la même manière que la foire aux oignons ; on y percevait les mêmes droits et coutumes et on y faisait une semblable chevauchée (« Droit de foire dans le bourg de Chastillon le jour de la Sainte-Croix (14 septembre), avec droit de chevauchée par les officiers, hommes et sujets de la seigneurie dudit lieu ; le lendemain de ladite foire se tiennent les plaids généraux d'icelle sous le chapitreau de l'église. Item, droit de cep et collier pour la repréhension des malfaiteurs ; droit d'étalage et de coutume sur tous les bestiaux et marchandises exposées ledit jour en vente, avec étalonnage et bouteillage sur les vins. Item, droit de lever sur les deux premières pipes de vin d'Anjou qui passent par le bourg de Chastillon un pot de vin par pipe » - Aveu de 1679). 

Le septième privilège était le droit de four banal et de moulin tant à Rennes qu'à Châtillon-sur-Seiche. Les vassaux de l'abbaye étaient obligés d'y porter leurs pâtes à cuire et leurs blés à moudre. Les fermiers de ces four et moulin étaient exempts de guet à Rennes en temps de guerre et de fouages en tout temps, selon quelques aveux rendus aux rois. Le duc Jean IV, en 1384, exempta même de ces charges tous les vassaux de l'abbaye (« Sont les abbé et religieux de Saint-Melaine, eux, leurs serviteurs et agents demeurant avec eux ou en leurs manoirs et dépendances exempts de fouages et de guet, par privilège et concession spéciale » - Aveu de 1679). Le four banal de l'abbaye était situé à Rennes dans la rue Saint-Melaine ; en 1646, les Bénédictins l'affermaient 100 livres par an. Dans l'origine, les religieux possédaient trois moulins à eau : à Rennes, celui de Saint-Martin, sur la rivière d'Ille ; à Châtillon, celui du bourg, sur la rivière de Seiche ; et en Cesson, celui de Quenoux, sur la rivière de Vilaine. Mais ils vendirent ce dernier moulin, avant 1644, au seigneur d'Espinay. 

Le huitième privilège était de faire courir quintaine tous les ans aux nouveaux mariés, vassaux de l'abbaye. On nommait quintaine un poteau enfoncé en terre jusqu'à hauteur de cheval, sur lequel on posait un mannequin représentant un chevalier armé d'une main d'une masse ou jacquemart, et portant de l'autre un écu. Ce mannequin tournait sur un pivot, et l'adresse de ceux qui couraient quintaine consistait à frapper l'écu sans que la masse d'armes vint leur rendre le coup. Originairement, cet exercice militaire se faisait à cheval, et chaque coureur passait rapidement devant la quintaine, armé d'une lance avec laquelle il portait ses coups. Mais souvent la quintaine consistait dans un simple poteau surmonté d'une sorte de tringle pivotant au dessus, et qu'il fallait frapper à son point central sous peine d'être atteint par elle ; dans ce cas, une gaule remplaçait la lance, et il suffisait d'engager cette gaule dans la fente que présentait le milieu de la tringle pour arrêter celle-ci. Nous croyons que la quintaine de Saint-Melaine, placée dans la rue qui portait son nom (aujourd'hui rue de Fougères), de même que les autres quintaines de Bretagne, était ordinairement simplifiée, comme nous venons de le dire. Ce droit féodal était tout simplement, comme l'on voit, un exercice d'adresse destiné aux jeunes hommes ; il semble même qu'on donnait parfois des prix au vainqueur. Le jeu de la quintaine de Saint-Melaine avait lieu tous les lundis de la Pentecôte ; les officiers de l'abbaye se rendaient vers trois heures de l'après midi, rue de la Quintaine, près du poteau placé à peu près à l'entrée actuelle de la rue du Thabor ; le greffier y appelait tous les nouveaux mariés de l'année suivant une liste que devaient fournir les recteurs de Rennes ; tous ceux qui manquaient à l'appel étaient condamnés à une amende de 3 livres au profit des officiers de l'abbaye ; ceux qui se présentaient prenaient part à la course (« Droit de faire courir la quintaine devant ladite abbaye, le long de la rue de la Quintaine, par les nouveaux mariés, sous l'an de leurs nopces, le lundy des féries de la Pentecoste de chacune année, avec droit d'amende sur les défaillants » - Aveu de 1679). 

Le neuvième privilège était l'exemption des droits d'entrée et de sortie pour toutes les provisions que les religieux faisaient conduire dans leurs monastères et pour les blés qu'ils pouvaient envoyer hors du pays. Ce droit fut accordé à l'abbé Mathieu Bertrand, en 1444, par le duc François Ier, et l'abbaye en jouit paisiblement jusqu'en 1703. Les bourgeois de Rennes voulurent alors obliger les religieux à payer les droits d'entrée. Mais la Communauté de Ville fut déboutée de ses prétentions par deux arrêts rendus au Conseil du roi en 1709 et 1727. 

Le dixième privilège était de percevoir les dîmes novales à proportion des grosses dîmes dans les paroisses de leur dépendance (nota : Avant l'édit de 1768, les dîmes novales appartenaient toujours aux recteurs des paroisses) ; ce droit fut accordé à l'abbaye par le pape Alexandre IV, en vertu d'une bulle datée d'Anagni le 12 octobre 1254. 

Le onzième privilège consistait en ce que les religieux de Saint-Melaine pouvaient disposer des biens meubles et immeubles de leurs parents décédés, de la même manière qu'ils l'eussent fait s'ils étaient restés dans le monde ; les fonds en terre étaient seuls exceptés. Ce privilège fut accordé par le même pape Alexandre IV, le 11 juillet 1255. 

Le douzième privilège, particulier aux abbés réguliers, leur donnait le droit d'officier avec la mitre, la crosse et l'anneau ; ils pouvaient, en outre, donner leur bénédiction solennelle à la fin de matines, de la grand'messe et des vêpres, non-seulement dans l'église de Saint-Melaine, mais dans toutes celles qui dépendaient de l'abbaye, pourvu qu'il n'y eût point d'évêque ou de légat apostolique présent. Ces droits étaient fon­dés sur une bulle du pape Jean XXIII, adressée en 1415 à l'abbé Pierre de la Morinaye ; ils furent confirmés en 1449 par le pape Nicolas V (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 21). 

Le treizième privilège, commun aux abbé et religieux, consistait en ce qu'ils avaient le droit d'assister aux Etats de Bretagne. Lorsque ces assemblées se tenaient dans le diocèse de Rennes, l'abbé de Saint-Melaine avait le pas sur tous les abbés de la province ; mais hors du diocèse, il n'avait que la seconde place, après l'abbé de Redon. En l'absence de l'abbé, les religieux députaient quelques-uns d'entre eux pour prendre part aux Etats, comme il paraît par les anciens actes capitulaires qui nous sont restés. 

Le quatorzième privilège donnait droit aux abbé et religieux d'assister aux assemblées du clergé de Rennes. Mais D. Morice avoue qu'on avait à Saint-Melaine négligé d'exercer ce droit aux assemblées du clergé séculier, et il ajoute : « Je doute fort qu'on y souffrît les religieux, s'ils se présentaient aujourd'hui »

Le quinzième privilège donnait droit de bourgeoisie aux abbé et religieux de Saint-Melaine, et pouvoir d'assister aux assemblées de l'Hôtel-de-Ville et d'y avoir droit de voix délibérative immédiatement après le Chapitre de Rennes. Ce droit fut confirmé par un arrêt du Conseil, rendu le 29 décembre 1627, par lequel le roi régla le nombre des personnes qui devaient prendre part aux assemblées de la Maison de Ville, et dans ce nombre furent compris l'abbé de Saint-Melaine et deux de ses religieux. La Communauté de Rennes donna en outre, le 26 février 1644, à l'abbaye, « acte comme de tout temps deux religieux de Saint-Melaine avaient assisté aux assemblées de ville ». Ces derniers étaient nommés en chapitre, et l'abbaye leur donnait un acte capitulaire faisant foi de leur députation. 

Le seizième privilège, particulier à l'abbé, lui donnait le second rang après l'évêque de Rennes dans toutes les cérémonies publiques en ville, et le premier rang en son absence. De là vient, dit D. Morice, « que nos abbés ont le droit de porter le Saint-Sacrement le jour du Sacre, lorsque l'évêque est absent ». Mais ce dernier droit fut bien des fois contesté aux abbés de Saint-Melaine, soit par les archidiacres, prétendant représenter l'évêque absent, soit par les autres dignitaires de l'Eglise de Rennes. On peut encore mettre, dit D. Morice, au nombre des privilèges de l'abbaye, l'honneur qu'elle a de loger les évêques de Rennes la veille de leur première entrée dans cette ville. Il y a apparence que la dévotion à saint Melaine fut l'origine de cette coutume ; les évêques avaient, par suite, le droit de prendre un repas et de coucher à l'abbaye avant de faire leur entrée solennelle. Quelques-uns prétendent que les ducs de Bretagne avaient le même droit, et nous voyons, en effet, les ducs François Ier, François II et le dauphin François III, venir coucher, « selon la coutume », à l'abbaye de Saint-Melaine la veille de leur couronnement (Dom Morice, Histoire de Bretagne, I, 71). Quant aux frais et dépenses qu'occasionnait cette réception de l'évêque ou du prince, ils incombaient toujours à l'abbé de Saint-Melaine seul, soit qu'il fût présent, soit qu'il fût absent ; les religieux ne devaient rien pour cela.

Un mot maintenant sur les rapports des Bénédictins de Saint-Melaine avec l'évêque et le Chapitre de Rennes. L'évêque de Rennes avait le droit de visiter, chaque année, l'abbaye de Saint-Melaine, mais il voulait, de plus, que les religieux lui payassent une rétribution pour cela ; vers 1240, l'abbé Mathieu refusa formellement d'acquitter cette redevance ; mais l'évêque Jean Gicquel soutint contre lui son droit, et de là naquirent de grandes difficultés entre eux. Sur les entrefaites, le Chapitre intervint dans ce procès, réclamant à son tour un certain droit de procuration qui lui était dû par l'abbaye le lundi de Pâques, jour auquel il venait processionnellement faire l'office à Saint-Melaine. Après de longues discussions, une transaction eut lieu en 1243 : l'abbé et ses religieux s'obligèrent à payer 100 sols à l'évêque pour son droit de visite annuelle, et promirent de donner au Chapitre, en échange du droit de procuration qu'il réclamait, un dîner le jour Saint-Melaine, fête que les chanoines venaient célébrer à l'abbaye. Nous avons dit précédemment qu'en 1293 l'évêque de Rennes crut devoir défendre ce repas, qui fut converti en une somme de 12 livres, que l'abbaye dut payer au Chapitre. Cette redevance était acquittée chaque année par les religieux à la fête Saint-Melaine, et dans leur église même, lorsque le Chapitre y entrait processionnellement ; la somme était versée entre les mains du prévôt du Chapitre, et on dressait sur l'autel acte de sa réception (Cartulaire de l'abbaye Saint-Melaine - Registre des délibérations du Chapitre de Rennes). Le Chapitre de Rennes venait trois fois par an processionnellement à l'abbaye : le lundi de Pâques, le lundi des Rogations et le jour Saint-Melaine. De leur côté, les Bénédictins devaient aller en procession à la cathédrale le mardi des Rogations, à la fête du Sacre et au jour Saint-Pierre et Saint-Paul, fête patronale du diocèse ; ce dernier jour, un des religieux faisait à la cathédrale l'office de diacre et quatre autres religieux chantaient l'alleluia. Ces deux grands corps, le Chapitre et l'abbaye, s'honoraient ainsi mutuellement ; les chanoines allaient au devant des religieux lorsque ceux-ci entraient dans la cathédrale, et les religieux faisaient au Chapitre le même honneur quand il venait à Saint-Melaine. Lorsque les processions du Chapitre et de l'abbaye se rencontraient dans les rues, elles s'arrêtaient vis-à-vis l'une de l'autre, chantaient une antienne ou répons avec une oraison, puis se saluaient et continuaient leur marche (Ms. de la Bibliothèque Nationale, n° 22356). Mais les religieux de Saint-Melaine n'étaient pas seuls tenus à venir à la cathédrale : les Bénédictines de Saint-Georges, avant la réforme qui établit la clôture parmi elles, s'y rendaient aussi parfois, notamment le jour du Sacre, où elles rencontraient les Bénédictins ; de là une difficulté pour occuper la première stalle dans le choeur : l'abbé dé Saint-Melaine y avait droit, comme nous l'avons vu, mais l'abbesse de Saint-Georges y prétendait aussi. En 1453, l'abbesse Per­rine du Feu attaqua si vivement à ce sujet l'abbé Mathelin Le Lionnais que l'affaire fut portée à Rome, où le pape Nicolas V donna gain de cause à l'abbé. Comme Perrine du Feu refusait d'obéir, prétendant que le Pape l'avait condamnée sans l'entendre, le duc Francois II intervint et finit par imposer un accord conforme à la bulle de Nicolas V et très original dans sa forme : il y est dit que désormais, en toute circonstance, dans l'église comme au dehors, l'abbé de Saint-Melaine, « pour l'honneur et privilège de la dignité sacerdotale et autres causes contenues dans ladite bulle, aura toute prééminence et prérogative avant l'abbesse de Saint-Georges, sauf audit abbé, par honneur et courtoisie, quand bon lui semblera, à déférer l'honneur à ladite abbesse, laquelle par humilité le lui referra et le laissera précéder » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 1632). Les sceaux de l'abbaye de Saint-Melaine aux XIVème et XVème siècles sont de forme ogivale : les uns représentent saint Melaine debout, revêtu de ses ornements pontificaux, tenant la crosse d'une main et bénissant de l'autre ; les autres figurent les religieux de l'abbaye agenouillés aux pieds de leur saint patron qui, mitré et crossé, les domine et les bénit. Malheureusement ces sceaux sont en partie brisés et n'ont plus leurs légendes (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 10 et 11). Quant aux armoiries de Saint-Melaine, l'Armorial général ms. de 1697 donne à cette abbaye les armes de Bretagne d'hermines plein (Bibliothèque Nationale). Lorsque la congrégation de Saint-Maur eut pris possession de l'abbaye de Saint-Melaine, elle grava ses armoiries sur le monument et scella de son sceau les actes concernant le monastère. Nous avons retrouvé deux sceaux appartenant à cette congrégation. Le premier date de l'époque où Cluny et Saint-Maur se trouvaient unis. Il est ovale et représente saint Benoît debout, la crosse posée sur le bras gauche et tenant de la main droite un grand écusson portant les armoiries de la congrégation : parti, au 1er de ...  à deux clefs passées en sautoir et une épée posée en pal, la pointe en haut ; au 2ème de ....  au mot PAX placé en abîme, accompagné en chef d'une fleur de lys et en pointe des trois clous de la Passion posés en éventail. La légende porte : SIGIL . CONGREGAOIS . S . BENEDICTI . ALIAS . CLUN ET . S . MAURI. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 90). L'autre sceau appartient à la congrégation de Saint-Maur, lorsqu'elle se fut séparée de Cluny. Il est ovale et représente saint Benoît se tenant debout, ayant sa crosse fixée derrière lui, et bénissant un religieux de son Ordre agenouillé à ses pieds. Autour sont gravés ces mots : SIGILLUM. CONGREGATIONIS. S . MAURI . IN . GALLIA . (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 90).

Nous terminerons ce chapitre par la description de l'église, des bâtiments claustraux et de l'hôtel abbatial de Saint-Melaine. Notons d'abord un plan à vol d'oiseau de l'abbaye tout entière inséré dans le Monasticon Gallicanum (Ms. de la Bibliothèque Nationale, n° 11821), et qui nous fournit les détails suivants. Devant l'église Saint-Melaine s'étendait une place fermée, « atrium basilicœ », qui n'avait guère que la largeur de l'église elle-même. La porte de cette place, grande porte du monastère, « janua major », s'ouvrait sur la rue de la Quintaine, aujourd'hui rue de Fougères, en face de la basilique et à l'entrée de la rue Saint-Melaine. Toute la partie méridionale de l'église et de cette place était occupée par un vaste verger, « hortus pomarius », au milieu duquel se trouvait l'église paroissiale de Saint-Jean avec son cimetière. La porte de cette église s'ouvrait à peu près où se trouve maintenant la grille du Thabor, et l'église s'avançait, parallèlement à la basilique Saint-Melaine, dans ce que nous appelons aujourd'hui le carré de Du Guesclin. Au Nord de la place Saint-Melaine s'élevait l'hôtel abbatial, présentement palais archiépiscopal, avec sa cour au-devant, ses greniers et remises à l'Ouest, « horreum et rhedaria », et son jardin au derrière. Au Nord de l'église était le monastère, composé de deux parties distinctes : 1° la cour du cloître, avec ses dortoirs au Nord et à l'Est, et son hôtellerie avec son infirmerie à l'Ouest ; 2° au Nord du cloître, une seconde cour intérieure renfermant à l'Orient le réfectoire surmonté de la bibliothèque, au Septentrion les greniers et à l'Ouest les écuries, « equilia » ; à côté de ces cours s'étendait le jardin du monastère, qui existe encore, et au-delà se trouvait la vaste promenade du Thabor, qui portait déjà ce nom. Une allée d'arbres reliait cette promenade au jardin de l'hôtel abbatial, en passant au Nord des bâtiments claustraux, ce qui permettait à l'abbé de jouir du Thabor sans avoir besoin de traverser le monastère. Enfin, la partie du Thabor qu'on nomme maintenant la Tonnelle était occupée par des carrières, « lapidicina », où l'on prétendit au XVIIIème siècle avoir trouvé un filon d'or. Tel était dans son ensemble, au XVIIIème siècle, le monastère de Saint-Melaine ; voyons maintenant ce qu'il en reste. « La basilique abbatiale existe encore à peu près telle qu'elle était du temps des Bénédictins (nota : Cette église, devenue provisoirement cathédrale au commencement du XIXème siècle, est aujourd'hui simplement paroissiale, sous le titre de Notre-Dame en Saint-Melaine) : la couronne d'épines, les clous de la Passion et la devise Pax, adoptés par la congrégation de Saint-Maur dans ses armoiries, apparaissent toujours sur les vantaux de la porte principale. Le plan de l'édifice se compose de trois nefs et d'un choeur séparés par un inter-transept et deux bras de croix ; à l'entrée des nefs s'élève la tour. La partie inférieure de cette tour, avec la porte d'entrée à double archivolte cintrée et flanquée de deux grosses colonnes à chapiteaux historiés qui soutiennent en partie la voûte du porche, le bas de la nef, les deux transepts et le carré central avec ses arcades à retrait en fer à cheval, appartiennent à la restauration de l'abbaye, exécutée, vers 1054, par l'abbé Even. Ces travaux furent entrepris et terminés sous l'impulsion et avec l'assistance généreuse du comte Geoffroy, fils naturel d'Alain III, dont il poursuivit l'oeuvre inachevée. Au reste des nefs, au choeur avec ses collatéraux, dont les arcades épannelées retombent sur des piliers au plan cruciforme flanqués de colonnettes engagées, on peut assigner pour date le XIIIème et le XIVème siècle ; quelques modifications et remaniements qu'on remarque çà et là attestent des travaux de retouche aux XVème et XVIème siècles. Enfin., la tour, rebâtie une première fois en 1432, par l'abbé Mathieu Bertrand, se vit au XVIIème siècle l'objet d'une nouvelle restauration. Mgr Jean-Baptiste d'Estrades, évêque de Condom, abbé commendataire de Saint-Melaine, fit, en 1672, réparer la façade occidentale [nota : On entreprit ce travail dès 1658, sous l'abbé Isnard de Castello, d'après le Journal d'un Bourgeois de Rennes, qui s'exprime ainsi : « Au commencement de l'année 1658, on commença à démolir la tour de Saint-Melaine de Rennes, pour la rebastir à neuf, vu que par caducité les pierres et massonnail en tombaient en différents endroits notables d'icelle » - Mélange historique bretonne, I, 121] ; il en résulta cette ornementation néo-grecque dans le goût de l'époque, qui ne manque pas d'une certaine richesse, mais dont le principal défaut est d'offrir une frappante disparate avec le style simple et austère qui caractérise le reste de l'édifice » (M. Paul de la Bigne Villeneuve, Bretagne conteporaine, V, 7). 

A l'intérieur, le choeur se termine par un chevet droit percé d'une grande fenêtre retouchée plus d'une fois et refaite, en dernier lieu, dans la forme ogivale ; les bas-côtés de ce choeur ne se prolongent pas jusqu'à son chevet. Tout l'édifice est malheureusement dépourvu de voûtes : de simples lambris de bois en tiennent lieu. Un grand nombre de personnages distingués furent inhumés dans cette église abbatiale ; en voici le relevé d'après le Ms. de la Bibliothèque Nationale déjà cité : 

Princes bretons. — Conan II, duc de Bretagne, fils d'Alain III, mort en 1066 et inhumé, ainsi que la princesse sa femme, sous la tour ; un manuscrit du XVème siècle nous a conservé son épitaphe, ainsi conçue : Subjacet huic lapidi venerandi germen Alani - Nomine Conanus regali stirpe creatus. - Hic comes obtinuit prœclari culmen honoris, - Nunc flendus populo tegitur sub cespite parvo - Flos juvenum, lumen generis, de fensio plebis, - Tutor amicorum, necnon largitor honorum, - Summus amor regum, patriœ decus, arma parentum. - Tutus in adversis, inimicum valde fugavit. - Decidit hic juvenis moriendo mense decembris - Cui donante Deo requies tribuatur ab illo (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 429). En 1672, on retrouva ce tombeau avec celui de la duchesse femme de Conan II ; ils étaient très rapprochés l'un de l'autre. Un peu plus loin, mais sous la même tour, on découvrit à la même époque la sépulture de la duchesse Constance d'Angleterre, première femme d'Alain Fergent, morte le 13 août 1090. Dans ce tombeau se trouvèrent quelques ossements enveloppés d'une grosse étoffe de laine, recouverts d'un sac de cuir, et une croix de plomb sur laquelle était gravée l'inscription ou épitaphe suivante : Anno ab Incarn. Domini millesimo XC, indictione XIII, epacta XVII, concurrente uno idus Aug. Obiit Constantia Britanniœ comitissa, comitis Alani Fergens conjux nobilissima, Willielmi regis Anglorum filia (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 464). 

Evêques. — Saint Golven, évêque de Léon, mort à Saint-Didier vers l'an 600, et dont le corps fut, dit-on, apporté et inhumé à Saint-Melaine. — Etienne de la Rochefoucaud, évêque de Rennes, décédé en 1166, enterré sous le seuil de la porte conduisant du cloître à l'église. — Yves Trouil, évêque de Léon, décédé en 1186. 

Abbés. — Au pied du maître-autel reposaient huit abbés de Saint-Melaine, placés dans l'ordre suivant, en commençant par le côté de l'évangile : Jean Rouxel, décédé en 1402, — Mathieu Bertrand, décédé en 1448, — Guillaume Glé, décédé en 1398, — Olivier de Broon, décédé en 1501, — Jean Le Bart, décédé en 1393, — Michel de Fournouil, décédé vers 1220, — Nicolas de Tréal, décédé en 1352, — Pierre de la Morinaye, décédé en 1422. — Non loin d'eux gisait, dans le choeur, Jean d'Estrades, décédé en 1685 ; — dans la chapelle de Délivrance était le tombeau de Noël du Margat, décédé en 1525 ; — dans la chapelle Sainte-Anne s'élevaient ceux de Jean Le Lionnais, décédé en 1486, — et Mathurin Le Lionnais, décédé en 1488, — et dans la chapelle Saint-Benoît se trouvait celui de Mathurin de Montalais, décédé en 1603. 

Religieux. — Dans le choeur, au pied du maître-autel, reposait Eustache Chefdemail, prieur de Bédée et sacriste (nota : Il y avait dans l'abbaye de Saint-Melaine plusieurs offices claustraux qui formaient autant de petits bénéfices à la nomination de l'abbé, savoir : le prieuré claustral ; sous les abbés commendataires, le prieur était le véritable supérieur dans l'intérieur du monastère ; — la chantrerie ; — la sous-chantrerie, fondée en 1531 par Pierre Guinebert et Marguerite Le Prévost, sa femme ; ses biens étaient affermés 63 liv. en 1607 ; — l'infirmerie, unie au prieuré de Vern, valant, en 1646, 77 liv. 10 s. de revenu ; — la sacristie, unie au prieuré de Thorigné ; — l'aumônerie, jouissant du fief de Montgermont ; — l'hôtellerie ; — le secrétariat ; — l'armoirerie, — et la cellèrerie, annexée à la mense abbatiale en 1570), avec cette épitaphe : Hic jacet frater Eustachius Chefdemail, jubilœus, prior de Bedesquo atque hujus domus sacrista, qui obiit decima novembris, anno 1604. Requiescat in pace. A côté de ce tombeau se trouvait une plaque de cuivre attachée contre le mur, sur laquelle on lisait ces mots : D. O. M. Commemorabili pietate vitœque innocentia fratri Eustachio Chefdemail, hujusce domus honorandœ Arcario, ac Bedesquœo priori meritissimo, qui a tenella œtate, sub annum pueritiœ decimum, hoc monasterium devote ingressus, in eoque annis 70 religiose transactis, tandem clarissimis probe functus muneribus, œtate ingravescente, maximo cum omnium mœrore extremum vitœ diem clausit anno œtatis suœ 82, die vero 10 novembris et à Christo nato 1604, et eadem die in hac ecclesia obitum singulis annis celebrandum curavit. Nœnia . Da violas, hospes, jacet hac Chefdemalius urna. Hei mihi quanta brevis contegit ossa lapis ! F. Natalis de la Regneraye, prior de Plano-Castro, atque hujus domus sacrista, avunculo suo hœc parentabat. Tu quicumque hœc intueris, memor humanœ sortis manibus ejus perpetuam precare pacem. Servire Deo regnare est (Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356). Dans la chapelle de Saint-Guinefort, dédiée plus tard à Saint-Benoît, étaient les tombeaux de Jean et Alain Le Bart, portant ces inscriptions : Hic jacet frater Joannes Le Bart, sacrista istius monasterii, qui decessit die mercurii, 23 augusti, anno Domini 1402. Orate pro eo. - Hic jacet frater Alanus Le Bart, infirmarius, quondam prior multorum prioratuum, qui obiit 13 die martii, anno Domini 1433. Orate pro eo (Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356). Dans la chapelle de la Délivrance reposaient Jean du Boberil, Tristan de Lescu, François de La Lande, Jean Forgeis et Guillaume du Pont, avec ces épitaphes : Cy gist frère Jehan du Boberil, en son temps prieur du clouaistre de céans et infirmier, lequel décéda le 22e jour de janvier 1486. Dieu ait son âme. Amen. - Cy gist frère Tristan de Lescu, prieur claustral, vicaire général de céans et prieur du Crouais, qui décéda l'an 1619, le 20 du mois de septembre. Pries Dieu pour luy. - Cy gist frère François de La Lande, sous-prieur et hostellier de céans ; il décéda l'an 1611, le 23 de novembre. - Hic jacet frater Johannes Forgeis, prior claustralis hujus monasterii, qui decessit anno Domini 1400. - Cy gist frère Guillaume du Pont, prieur de Betton, qui décéda l'an 1300. Dieu luy donne paix ! (Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356). Dans la chapelle Sainte-Anne, Gilles Boutier dormait sous cette épitaphe : Cy gist frère Gilles Boutier, bachelier en décret et secrétaire de céans, qui décéda le 25e jour d'avril l'an 1484. Pries Dieu pour luy ; et fist faire sa tombe frère Jehan Corbon, armorier de céans (Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356). Gilles de la Chapelle reposait sous le jubé devant l'autel Saint-Sébastien ; on lisait sur sa tombe : Hic jacet frater AEgidius de Capella, rector de Genesio (sic) qui fundavit unam missam ad hoc altare ; decessit anno 1342, in festo Sancti Martini œstivali. Anima ejus requiescat in pace. Amen ! (Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356). Dans la chapelle de Bon-Secours avaient été inhumés Germain du Val, aumônier du roi et ancien prieur de Saint-Nicolas de Montfort, décédé en 1644, et frère Julien Riou, recteur de Saint-Jean de Rennes, décédé en 1646, mais leurs épitaphes ne sont point venues jusqu'à nous. Enfin, dans le cloître, auprès de la porte de Notre-Dame de Délivrance, reposait Pierre de la Morinais, avec cette in­scription :   Hic jacet frater Petrus de la Morinais qui fuit prior claustralis triginta annis, et .......... anno 1393. Anima ejus requiescat in pace. Amen (Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356).

Personnages divers. — L'église abbatiale renfermait encore les corps de plusieurs autres personnages distingués, tels que le frère aîné de Fromond, ce grand pénitent dont il est fait men­tion, vers l'an 867, dans le Cartulaire de Redon ; — Jeanne et Olive du Pont (nota : Dans la chapelle de Délivrance, avec cette épitaphe : Cy gissent Jehanne dou Pont femme de Jehan de Beaumont et Olive dou Pont femme Eonnet Verdier ........ l'an 1390 - Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356), — Louise de Saint-Didier (nota : Dans la chapelle Sainte-Anne, avec cette inscription : Cy gist Louise de Saint-Didier qui décéda le 24e jour du mois d'octobre l'an 1377 - Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356), — Anne d'Argouges (nota : Ce jeune homme, chevalier de Malte, et fils du premier président au Parlement de Bretagne, fut inhumé dans la chapelle de Bon-Secours, avec cette épitaphe : D.O.M. Annœus d'Argouges - equestris militensium ordinis candidatus, - nondum ex ephebis, jam virili pollens ingenio, - ad litteras aptior, an ad arma - dubium, - utraque professus ad omnia supra spem. - Forma speciosus, animo prœcellens, moribus ingenuus, - quœ dotes gentiliœ - omnium qui norunt deliciœ, - sed eheu ! breves ! - Quippe qui variolis correptus, - accepto quod ipse devotus primum rogaverat viatico, - ad patriam cœlestem sublatus, - certantibus de terrena urbibus - Rhedonis ubi conceptus, - Parisiis ubi natus, - hic supremum judicii diem prœstolatur, - Anno œtatis XIII. R. I. H. 1674. - Filii vero sui carissimi piis manibus - Franciscus d'Argouges, - Armorici senatus princeps illustrissimus, - eoque viro conjux dignissima - Anna d'Hodic - promiscuis affatim in hoc monumento lacrymis parentarunt. - Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356) — Jean du Fail (nota : Inhumé dans le cloître, avec cette inscription : Cy gist Maistre Jehan du Fail, escuyer, sieur de la Hérissaye, en son temps procureur de céans, qui décéda le 20° jour de .... l'an 1525. Priez Dieu pour luy. - Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356), — et le père d'un certain Rolland (nota : Inhumé dans la chapelle Sainte-Anne, avec ces vers : - Pater adest intus Rollandi pulvere cinctus - Arte fruens bina, decretis et medecina. - Unum posco pater noster te dicere, frater, - Ut mihi et functis sint cœlica gandia cunctis. - Ms de la Bibliothèque Nationale, n° 22356). 

Si de l'église abbatiale nous entrons dans les bâtiments claustraux, nous pouvons remarquer que le monastère n'a pas beaucoup changé d'aspect depuis qu'il est devenu Hôpital Général, à la suite de la Révolution. Voici ce qu'il était en 1679, peu d'années après sa reconstruction par l'abbé Jean d'Estrades : « En la paroisse Saint-Jean sont de l'ancien fonds de l'abbaye de Saint-Melaine l'église, cloître, dortoir, cuisine, infirmerie et hôtellerie, cours aux côtés, vers septentrion desdits bâtiments et au devant servant d'entrée à ladite église et au monastère ; jardin au derrière, cour et grange du Thabor cy-devant clos de haies et fossés et à présent de murs aux frais desdits religieux ». Tout cet enclos, en y comprenant l'église Saint-Jean et l'hôtel abbatial, s'étendait sur une superficie de dix-huit journaux de terre ; « au dedans duquel enclos étaient cy-devant une fuie à pigeons, une garenne à lapins, des cep, collier et prison », disparus avec le temps, mais que l'abbé et ses religieux avaient le droit de rétablir à volonté. On remarque encore aujourd'hui le cloître de Saint-Melaine, dont les arcades sont richement décorées dans le style du XVIIème siècle, l'ancien réfectoire (maintenant chapelle de l'hospice), garni de belles boiseries délicatement sculptées vers 1767 (nota : les anciens bâtiments claustraux de Saint-Melaine sont, à la fin du XIXème siècle, occupés par les vieillards de l'Hôpital Général), et les magnifiques bosquets du Thabor, devenus promenade publique. Quant à l'hôtel abbatial, construit pour les abbés commendataires qui, n'étant pas religieux, vivaient en dehors du cloître, ce fut encore l'oeuvre de l'abbé Jean d'Estrades, dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Depuis Mgr de Girac, qui obtint en 1770 la réunion de la mense abbatiale à son évêché de Rennes, ce bel hôtel a été affecté à la résidence de nos évêques. Il a subi peu de changements ; son jardin seul a été rétréci, mais l'aile occidentale de l'édifice a été ajoutée par Mgr de Girac. C'est à la fin du XIXème siècle le palais archiépiscopal de Rennes (abbé Guillotin de Corson).

Voir Bretagne : Parlement de bretagne les Possessions de l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes en Basse-Bretagne.

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