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FONDATIONS D'ANNIVERSAIRES PIEUX

Nous avons vu l'intérêt que les ducs de Bretagne et les papes ont porté à notre abbaye ; nous regrettons de ne pouvoir exposer toutes les fondations pieuses qui y furent faites, faute de documents. Ce qui nous en reste nous aidera à comprendre, sous un jour nouveau, la confiance dont jouissait la piété de ses religieux au moyen-âge.

1° Jean Ier se trouvait à Tunis au moment de la mort de saint Louis. Il lui parla, probablement, de sa nouvelle et chère abbaye. Louis IX demanda le concours des prières de ses religieux pour le repos de son âme et de celle de sa mère, la reine Blanche, il y fit une fondation : Solemniter et pro loco celebrent universi monachi.

2° Ferdinand III, roi de Léon et de Castille, l'émule de saint Louis contre les Mahométans, fonda, pour lui et sa femme, un anniversaire à Prières : Solemniter in conventu.

3° Nous avons vu le roi de France, Philippe VI, en 1347, accorder des lettres de sauvegarde à l'abbaye. Avant de mourir, bientôt après, il se souvint encore des bons religieux, leur demanda leurs prières pour le repos de son âme et fonda un anniversaire, in conventu.

4° Richard III, roi d'Angleterre, fonde un anniversaire, le mardi d’après la fête de Pâques, in conventu.

5° Charles Le Mauvais, roi de Navarre, fit une fondation pour Prières après sa mort arrivée en 1387, ou plutôt sa fille, qui venait de se marier à Jean IV, duc de Bretagne, la fit pour lui : Privatim et pro loco celebrent universi monachi.

6° Jean, comte d'Irlande, demanda des prières non-solennelles, privatim.

7° Le fondateur de l'abbaye, Jean Ier, prières solennelles, in conventu.

8° Le comte de Monfort (je ne sais lequel), prières solennelles : In conventu solemniter cum duobus ministris.

9° Le pape Honoré IV, mort en 1287, anniversaire solennel, in conventu.

10° Le pape Innocent VI, mort en 1362, anniversaire solennel, in conventu.

11° Pierre, fils du duc fondateur, mort en 1268, messes basses, privatim.

12° Le fameux Anglais, champion du combat des Trente et de bien d'autres batailles, Robert Knolles, fit enterrer son fils à Prières, et y demanda des messes pour le repos de son âme.

13° Jean de Bavalan, qui avait donné un bois taillis ; Agnès de Castello (quel château?) qui avait donné 83 oeillets de marais, en 1373 ; Jeanne Gaudin de Guérande, en 1362 ; Olive de Bar ; Pétronille de Ferreris ; Henri de Trésiguidy, chevalier ; Bonabes de Rochefort, chevalier ; Hervé, comte de Léon ; Crespin, chevalier ; Pierre de Talenchoët, professeur en droit Scholastique de Saint-Brieuc, chanoine de Dol et Vannes, qui donna 20 livres, qui furent employés à acheter une saline, etc., etc..

14° Jeanne, soeur du roi d'Angleterre, duchesse de Bretagne, comme épouse de Jean IV. 

15° Hervé de Poulpiquet, recteur de Muzillac.

Prières avait non-seulement à souffrir des guerres continuelles de ce temps-là comme tous les autres monastères, mais sa situation l'exposait encore aux déprédations des pirates. Des corsaires anglais y descendirent vers la fin du XIIIème siècle ; ils emportèrent tous les vases sacrés et autres objets qu’ils trouvèrent à leur convenance. Rendus à leurs navires, une horrible tempête s’éleva tout à coup : ils virent qu’ils allaient périr et reconnurent là un trait de la Justice divine. Rentrés à l'abbaye, ils donnèrent tout ce qu’ils avaient pris et tout ce qui était sur leurs vaisseaux. Touchés des instructions des religieux, ils se convertirent, et, pour s’exciter à la pénitence, ils firent graver leurs portraits de corsaires sur les murs des cloîtres, ce qui leur rappelait leurs crimes passés. Ils moururent, les uns après les autres, dans l’abbaye, après avoir donné les exemples les plus frappants de conversion (extraits des notes de l'abbé Piederrière).