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ABBAYE NOTRE-DAME DE PRIERES |
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L'abbaye de Notre-Dame de Prières était située dans la paroisse de Billiers, non loin de Muzillac et tout près de l'Océan. Son nom venait dès prières que les religieux devaient faire pour le fondateur et sa famille, pour les bienfaiteurs de la maison, et probablement aussi pour les naufragés que la mer engloutissait dans le voisinage. Elle était fondée pour les moines blancs de Cîteaux ; c’était la quatorzième maison de l'Ordre en Bretagne et la deuxième dans l’ancien diocèse de Vannes. Le fameux calife Omar répondit aux envoyés d'Amrou, qui le consultaient sur le sort de la bibliothèque d'Alexandrie : « Si les livres qu’elle renferme contiennent les mêmes doctrines que le Koran, ils sont inutiles ; s’ils contiennent des doctrines contraires, ils sont pernicieux — il faut donc les détruire ». Notre Convention nationale dit aussi elle : « Les anciens titres, manuscrits ou imprimés, rappelleraient des distinctions et des privilèges, contraires à l’égalité et à la liberté démocratiques que nous voulons fonder... qu’ils périssent ! ». Comme tant d’autres, les papiers de l’abbaye de Prières, qui touchaient à presque toutes les branches de l’histoire de notre Bretagne, furent donc brûlés ! — il n’en est resté que des fragments. J’ai glané sur tous les fragments originaux que j’ai pu rencontrer depuis une quinzaine d’années, et je donne ici le résultat de mes recherches. Je sens que ce résumé ne forme qu’une charpente froide et aride. Mais je n’ai pu ni osé y ajouter l’amplification d’idées personnelles, qui auraient peut-être parfois faussé les faits, malgré toute ma bonne volonté de demeurer dans le vrai. |
Abbaye Notre-Dame de PRIERES - Billiers
Jean Ier du nom, surnommé Le Roux, duc de Bretagne, fonde en 1252 cette abbaye (abbatia Beatae Mariae de Precibus), située dans la paroisse de Billiers, diocèse de Vannes, pour trente religieux, destinés à prier Dieu pour le salut de son âme et pour la prospérité de sa maison. La carte de Bégar (Bégard) met cette fondation en novembre 1248. Certains historiens prétendent que le duc de Bretagne crée l'abbaye pour se faire pardonner d'avoir pris des terres aux moines dans la presqu'île de Rhuys lors de la construction du château de Suscinio. Les premiers moines arrivent de l'abbaye de Buzay (diocèse de Nantes), fondée par Clairvaux en 1135, et sont installés la veille de la Toussaint, par Cadioc, évêque de Vannes. Le pape Innocent IV approuve cet établissement, et y annexe plusieurs privilèges par ses lettres du 20 juillet 1258. Plusieurs prieurs se succèdent dont Julien de Lantivy, dom Bernard Carpentier (au XVIIème siècle), dom Jean Jouaud, dom Sérend (en 1680). En 1790, il reste 10 moines (il y avait une centaine de moines en 1727). De l'abbaye de Prières, il ne subsiste qu'une chapelle reconstruite en 1841. Elle abrite le tombeau de Jean 1er (Le Roux), le fondateur. Depuis 1961, l'abbaye de Prières est un centre de réadaptation. Les pierres de l'ancienne église ont servi à édifier les piliers du pont de la Roche Bernard et une partie de l'église de Billiers.
Cette ancienne église de l'abbaye de Prières, menaçant ruine, est démolie au commencement du XVIIIème siècle, et remplacée par une autre, vaste et magnifiquement décorée. La première pierre y est mise au nom du roi, le 1er avril 1716 et M. Fagon, évêque de Vannes, consacre, solennellement cette nouvelle église le 20 juillet 1726. A signaler que l'abbaye de Prières était la seule de Bretagne qui jouissait du précieux avantage d'avoir un abbé régulier, c'est-à-dire d'être gouvernée par un religieux, abbé titulaire, dont le revenu était de trente mille francs. Il y avait un noviciat attaché à cette maison. Prières n'a pas échappé à la spoliation révolutionnaire et a été vendue.
FONDATION
La carte de l’abbaye de Bégar met la fondation de Prières au mois de novembre 1248 ; cela ne peut s’entendre que du projet d’établissement et de l’acquisition graduelle des immeubles destinés à sa dotation, car la fondation proprement dite et l’arrivée des religieux n’eurent lieu qu’en 1252.
Le fondateur fut Jean Ier, duc de Bretagne, fils du fameux Pierre de Dreux. Ce prince, en 1249, on ne sait pour quelle raison, avait saisi le régaire ou fief temporel de Cadioc, évêque de Vannes ; le prélat, n’ayant pu obtenir justice, avait eu recours à l'excommunication, et la sentence avait été confirmée par le pape Innocent IV.
Le duc ayant absolument besoin de l’autorisation de l’évêque diocésain pour son projet de fondation, et n’osant pas la demander lui-même, à cause de ses démêlés avec lui, chargea la duchesse Blanche de Champagne ou de Navarre de lui servir d'intermédiaire. Celle-ci envoya son chapelain Daniel à l’évêque pour lui exposer l’affaire. Cadioc, plus attaché à la gloire de Dieu qu’à la vengeance de ses injures personnelles, agréa le projet de fondation, et écrivit la lettre suivante au chapitre général de Cîteaux, le 6 janvier 1251 (N. S.).
« Aux vénérables et bien aimés en Jésus-Christ l’abbé de Cîteaux et les autres abbés du chapitre général, Cadioc, par la grâce de Dieu évêque de Vannes, quoique indigne, salut éternel dans le Seigneur.
Madame Blanche, illustre duchesse de Bretagne et comtesse de Richemont, ayant envoyé vers nous maître Daniel, son chapelain, pour nous faire connaître son projet de fonder dans la paroisse de Béler, près de Muzillac, au diocèse de Vannes, une abbaye de l’ordre de Cîteaux, qui serait la fille du monastère de Buzay, nous vous signifions, par la teneur des présentes, que la fondation de cet établissement nous plaît, et que nous approuverons ses acquisitions justes et légitimes.
Nous voulons aussi et nous concédons que les frères de votre ordre, qui serviront Dieu dans ce lieu, jouissent des libertés, privilèges, immunités et indulgences de votre ordre, ainsi que des coutumes approuvées.
Nous donnons notre consentement à la condition expresse que l’église de Béler, où doit s’élever le monastère, continuera de percevoir la dîme des terres acquises et à acquérir, conformément aux statuts du Concile général, et dans la même quantité que précédemment, à moins que votre Ordre n’ait un privilège particulier à cet égard.
Nous voulons en outre qu'on donne à l’église paroissiale une compensation équitable pour les oblations et les revenus qu’elle percevait de ces terres, afin que cette paroisse ne soit pas privée de son prêtre particulier.
Nous voulons enfin que tous les colons séculiers, ainsi que les laïcs du monastère, les Clercs séculiers et les serviteurs de la maison restent soumis à notre juridiction et à celle de nos successeurs, à l'Eglise de Vannes et à la loi diocésaine, sans déroger toutefois au privilèges et aux libertés de l’ordre de Cîteaux. Donné à Conleau, le jour de l'Epiphanie, l’an de grâce, M. CC. L. (6 janvier 1251 N. S.) ». — (Preuves I, 947).
Trois mois après, la pape envoyait à l’évêque la délégation suivante : « Innocent (IV), évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à notre vénérable frère l’évêque de Vannes, salut et bénédiction apostolique. Comme il a été exposé devant Nous, de la part de noble homme le Comte de Bretagne, qu’il veut fonder et doter de ses biens propres le monastère de Prières dans votre diocèse, en faveur de l’ordre de Cîteaux, Nous avons accueilli sa demande, et Nous mandons à Votre Fraternité, par ces lettres apostoliques, d’y établir par notre autorité le dit ordre, et d’introduire dans le monastère un abbé et des religieux, en frappant de censure ecclésiastique les opposants, et cela sans appel, pourvu toutefois que le dit Comte ait assigné au monastère sur ses biens propres une dotation suffisante, suivant votre jugement. Donné à Lyon, le 1er avril, la huitième année de notre pontificat » (1251).
Cette double autorisation obtenue, le duc Jean Ier fit commencer la construction du monastère. Les travaux, inaugurés en 1251, furent terminés l’année suivante ; et quand les abbés des Châtelliers et de Moreuil visitèrent les lieux, par ordre du chapitre général de Cîteaux, le 1er juillet 1252, ils trouvèrent « un couvent convenablement bâti et suffisamment pourvu de livres et de biens que le duc promettait de donner ». — En conséquence ils ordonnèrent à l’abbé de Buzay d’y envoyer des religieux sous la conduite d’un abbé. La nouvelle colonie arriva au mois d’octobre suivant. L’évêque de Vannes, chargé par le pape de les installer, ne se laissa pas arrêter par l’objection de quelques canonistes rigoureux, qui prétendaient que les fondations faites par un excommunié, comme l’était le duc de Bretagne, ne pouvaient pas être acceptées il savait que le souverain pontife avait rejeté cette même difficulté. C’est pourquoi, sur la demande de l'abbé de Buzay, il établit à Prières l’abbé Geoffroi et sa communauté, le 31 octobre 1252, veille de la Toussaint.
Quelques jours après, le duc donna sa charte de dotation en ces termes : « A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Jean, duc de Bretagne, comte de Richemont, salut éternel dans le Seigneur. — Nous faisons savoir à tous que nous avons édifié, en l’honneur du Dieu tout-puissant, de la glorieuse Vierge Marie et de tous les Saints, une abbaye de l’ordre de Cîteaux, du nom de Prières, dans le diocèse de Vannes, auprès du bourg de Béler, et non loin de la mer.
Nous avons donné pour la dotation du monastère et pour la subsistance des frères, qui y serviront Dieu et la Vierge, les terres et possessions mentionnées ci-dessous, savoir :
1° Le village de Bagan, où est située ladite abbaye, avec ses terres et ses dépendances, que nous avons acquis par échange de Pierre de Muzillac, chevalier, de Eudon de Malestroit et d'Agathe, sa femme ;
2° Le village de Duen, avec ses terres et ses dépendances, que nous. avons acquis des susdits Eudon et Agathe ;
3° Le village de Bréhaudun, avec ses terres et ses dépendances, que nous avons acheté de Guillaume Bignan, chevalier ;
4° Le village de Louch, avec ses terres et ses dépendances, que nous avons, acheté de Josselin de Penmur ;
5° Le passage de la Roche-Bernard, que nous avons acheté, avec tous ses droits, de Guillaume de la Roche, chevalier ;
6° Les vignes et le pressoir, avec les dépendances, situés près du Port-Thibaud, en Anjou, achetés d'Etienne Le Normand ;
7° Toutes les salines que nous avons faites dans le marais de Guérande, sauf celle qui touche notre maison de Riniac ;
8° Les moulins au-dessous de Béler
Tous ces biens, nous les avons donnés, en toute liberté et
sans aucune réserve, à ladite abbaye de Prières et aux frères qui y
servirent Dieu, pour les posséder en paix et à perpétuité. En
foi de quoi nous avons donné aux dits frères nos présentes lettres
munies de notre sceau. — Donné l’an du Seigneur M. CC. LII (1252) au
mois de novembre » (Preuves I 952)
Par une autre lettre, de la même année, le duc ajouta une terre située à Lenclis en Guérande, pour y faire un vignoble et pour labourer et préparer cette terre, il donna provisoirement une rente qu'il percevait dans ladite paroisse.
Telle était la dotation primitive de l'abbaye, établie par le fondateur lui-même. Elle subit dans la suite d'importantes additions, comme on le verra plus loin, en parcourant les noms et les actes des abbés successifs. Bien que les lettres de Jean Ier n’en fassent pas mention expresse, l'abbaye reçut dès l’origine la juridiction féodale sur ses terres et sur leurs habitants : c’était une concession, en quelque sorte de droit commun, dans les fondations ducales. Ce droit existait pour les diverses propriétés du monastère situées soit à Billiers, soit à Lenclis en Guérande.
A côté des droits temporels, concédés par le fondateur, il faut mentionner les droits spirituels, accordés par le pape. Dès 1253, Innocent IV permit aux religieux profès de recueillir les biens particuliers qui leur arriveraient par héritage ou par donation ; il défendit de forcer l'abbé et le couvent à vendre ou à aliéner les biens du monastère ; il défendit également d’appeler les religieux en justice et en témoignage au delà de deux journées de marche de l’abbaye ; enfin il permit aux religieux prêtres, d’entendre les confessions des serviteurs de la maison ; et de leur administrer les autres sacrements de l'Eglise, etc.....
En 1254, le même pape donna à l’abbaye de Prières une bulle solennelle, dont il est intéressant de reproduire les principaux passages :
«... Nous prenons sous notre protection et sous celle de saint Pierre le monastère de Notre-Dame de Prières, du diocèse de Vannes, où vous êtes consacrés au service de Dieu, sous la règle de saint Benoît et les constitutions de Cîteaux...
Nous confirmons les possessions et les biens actuels du monastère et ce qu’il pourra recevoir dans la suite, de la libéralité des pontifes, des rois, des princes et des fidèles, et voulons qu’il en jouisse à perpétuité.... .
Nous défendons à qui que ce soit, d’exiger de vous la dîme sur les terres que vous défrichez, sur vos jardins, sur vos bois, sur vos pêcheries et sur les pâturages de vos animaux.
Nous vous permettons de recevoir en religion les clercs et les laïcs libres de toute charge, désireux de fuir le monde, et de les garder ensuite chez vous sans opposition.
Nous défendons à tout religieux profès de quitter la maison sans la permission de son abbé ; il est défendu de le garder ailleurs, et il est permis de le contraindre à revenir.
Nous défendons absolument de donner ou d'aliéner des terres ou des bénéfices du monastère, sans le consentement de tout le chapitre ou de la majeure et plus saine partie de l’assemblée, et cela sous peine de nullité.
Nous défendons à tout religieux, même aux convers, de se rendre caution ou d'emprunter de l’argent, sans le consentement de l’abbé et de la majeure partie du chapitre, ou de dépasser le chiffre qui a été fixé.
Nous vous permettons, dans vos causes civiles ou criminelles, d’invoquer le témoignage de vos frères, de peur que leur silence ne vous soit nuisible.
En outre, par l’autorité apostolique, nous défendons à tout évêque ou à toute autre personne de vous citer au synode, ou au plaid, ou de vous appeler devant le juge séculier pour vos affaires temporelles.
Nous leur défendons également d’aller chez vous pour y faire des ordinations, y traiter d’affaires, ou y tenir des assemblées, et se mêler de l'élection ou de la démission des abbés, contrairement aux statuts de l’ordre.
Si l’évêque diocésain, humblement prié par vous, refuse de bénir un nouvel abbé, ou de remplir une autre fonction épiscopale, vous serez libres de vous adresser à un autre évêque.
Quant à la profession de foi des nouveaux abbés, les évêques devront se contenter de la formule employée dans l’ordre depuis son origine, pour maintenir le droit.
Pour les consécrations d’églises ou d’autels, ou pour toute autre fonction épiscopale, l'évêque diocésain doit les faire gratuitement ; s’il s’y refuse, vous pouvez vous adresser à tout autre évêque catholique en communion avec le Saint-Siège.
En cas de vacance du siège épiscopal diocésain, il vous est loisible de vous adresser à un évêque voisin, à condition de revenir plus. tard, quand il y aura lieu, à l’évêque du diocèse.
En cas d’absence ou d’empêchement de l'évêque diocésain, il vous est également permis par le Saint-Siège de vous adresser à un évêque catholique, de passage dans la maison, pour faire les bénédictions d’ornements, les consécrations d’autels et les ordinations des moines.
Si un évêque ou un supérieur frappe le monastère ou ses habitants d’interdit ; de suspense ou d'excommunication, parce que vous ne payez pas les dîmes dont il a été parlé, ou parce que vous usez des induits apostoliques... nous déclarons cette sentence nulle, comme contraire aux concessions du Saint-Siège.
Sont également nulles les lettres obtenues contre les induits apostoliques ne faisant pas mention formelle de l’ordre de Cîteaux.
S’il y a un interdit général du pays, il vous est néanmoins permis de célébrer les offices divins dans l’intérieur du monastère, en excluant les excommuniés et les interdits.
Voulant, dans notre sollicitude paternelle, vous procurer à l’avenir la paix et la tranquillité, nous défendons par l’autorité apostolique de commettre un vol, de mettre le feu, de répandre le sang, de violenter, d’arrêter ou de tuer un homme dans votre clôture ou dans vos granges.
Nous confirmons par notre autorité apostolique toutes les libertés et immunités accordées à votre ordre par les pontifes romains nos prédécesseurs, ainsi que les libertés et exemptions temporelles et raisonnables concédées par les rois, les princes et les autres fidèles.
Nous défendons en conséquence à qui que ce soit de troubler ledit monastère, d’enlever ses biens, de les retenir ou de les détériorer, afin qu’ils restent entièrement consacrés à leur destination.
Si donc à l’avenir quelqu’un, ecclésiastique ou séculier, tente de violer cette présente constitution, et refuse, après un triple avertissement, de réparer sa faute, qu’il soit privé de ses dignités et de ses honneurs, responsable devant la justice divine, exclu de la communion sacramentelle, et abandonné la rigoureuse vengeance de Dieu.
Que
tous ceux qui respecteront les droits de ce monastère jouissent de la paix de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’ils aient la joie de leur bonne
action, et reçoivent du souverain juge la récompense éternelle. Ainsi
soit-il. (Signé) : INNOCENT (IV), évêque de l'Eglise catholique. Etienne, cardinal prêtre du titre
de Sainte-Marie au delà du Tibre. Jean, Cardinal prêtre du titre de Saint-Laurent in Lucina. Hugues,
cardinal prêtre du titre de Sainte-Sabine. Rainald,
cardinal évêque d’Ostie et de Velletri. Etienne,
cardinal évêque de Préneste. Richard,
cardinal diacre de Saint-Ange. Octavien,
cardinal diacre de Sainte-Marie in Via-Lata. Pierre,
cardinal diacre de Saint-Georges in Velabro. Donné à Assise, par la
main de Guillaume, scolastique de Parme et vice-chancelier de la sainte Eglise
romaine, le 5 des kalendes de juin (28 mai), l’an de l'Incarnation M. CC. LIV
Voir Fondation et dotations de l'abbaye de Prières
Voir Privilèges accordés à l'abbaye de Prières par les Duc de Bretagne, les Rois de France, et les Papes
Voir Fondations d'anniversaires pieux à l'intention de l'abbaye de Prières
Geoffroi est le premier abbé de Prières. Il gouverne cette maison de l'an 1252 jusqu'en 1266. Salomon arrente quelques domaines de son abbaye en 1270. Rivallon transige, l'an 1275, avec Eudon, seigneur de La Roche-Bernard, touchant les dommages faits à son abbaye, tant par les chevaliers de Payen de Malestroit, que par Guillaume de Rochefort, vicomte de Donges. Tangui (ou Tanguy) passe, au mois d'octobre 1289, une transaction avec les exécuteurs testamentaires du duc Jean Le Roux, par laquelle il accepte quinze tonneaux de vin, pour tenir lieu de la boisson que ce prince s'était obligé de fournir à ses trente religieux. Rolland de Coetlez succède à Tangui, suivant la catalogue, qui ne fait point mention du précédent. Judicael meurt le 9 janvier 1300, selon le catalogue. Even donne, en 1306, aux exécuteurs testamentaires du duc Jean II, une quittance de la somme léguée à son monastère. Guyomarch est élu vers l'an 1330, et meurt le 10 mai, suivant le catalogue. Guillaume Elen est commis, par le chapitre assemblé à Cîteaux en 1353, pour visiter et réformer les maisons de l'Ordre de Bretagne. Il est fils de Guyomarch Elen et de Catherine de Prénigon, frère de Maurice Elen, chantre de l'église de Tréguier. Il vit encore le 19 mai 1372. Henri Le Barbu ratifie en 1380/1381 le traité passé à Guerrande (ou Guérande) entre le roi Charles VI et le duc Jean IV. Cet abbé est fait évêque de Vannes en 1384, et passe au siège de Nantes en 1404. Jean Raoul succède à Henri Le Barbu, suivant le catalogue. Il échange quelques domaines en 1394 avec Jeanne de Lesnerac, veuve de Raoul de Commenan. On peut encore lui attribuer un pareil échange fait en 1405, avec Guillaume, abbé de Mellerai (ou Melleray). Jean Raoul, docteur en théologie, est élu à la place de son oncle ou son parent. Il accepte, le 17 décembre 1414, une fondation faite dans son église par le duc Jean V, souscrit quelques mois après la vingtième session du concile de Constance, et en rapporte un bref du pape Martin V, qui recommande au duc le monastère de Prières et celui qui y préside. Député en 1430 par le chapitre général de son ordre, il assiste au concile de Bâle. A son retour il établit dans son église une fête solennelle en l'honneur de la présentation de la sainte Vierge au Temple. Il meurt le 28 juillet 1439, et il est inhumé dans le chapitre de son abbaye, où l'on voit son épitaphe : "Dignus praelatus Joannes Radulphi vocatus – Sacrae Scripturae doctor, clarae geniturae – Vir custos morum, miserum spes, lux monachorum – Abbas de Precibus, vermibus ecce cibus – Cui benedicendi populo, mitramque gerendi – Gratia primo datur, buic coelica pax tribuatur". Guillaume de La Landelle est élu en 1439, et vit encore en 1452, comme semble indiquer l'acte d'accensement qu'il passe à Jean Du Daron et à Marie de La Pommeraye, d'une maison sise à Guerrande (ou Guérande). Le catalogue fait succéder à Guillaume un abbé de Villeblanche, mais nous n'avons rien trouvé. Olivier Blanchart transige en 1460 avec Jean Prigent, évêque de Saint-Brieuc, et fait quelques acquisitions en 1464, et il meurt le 9 octobre 1467. Vincent de Kerleau, abbé de Bégar (ou Bégard), est chargé du gouvernement de Prières en 1467, ou par le choix de la communauté ou par la nomination du pape. Ce qui est sûr, c'est que le pape, en lui accordant des bulles pour Prières, lui laisse Bégard en commende, et qu'il lui donne la commende de Bégard et de Prières en lui conférant l'évêché de Léon. Il ne tient ce siège que quatre ans, étant décédé le 30 octobre 1476. Jean (ou Raymond) Le Verrier, abbé de Mellerai (ou Melleray) succède à Vincent de Kerleau en 1475. Ses bulles sont du 20 février 1474 avant Pâques, et supposent la cession de son prédécesseur. Il est commis le 15 mars 1480 avec l'abbé de Bégard par le pape Sixte IV, pour informer de la vie et des mœurs de Jacques d'Espinay, évêque de Rennes. Une procédure datée de l'an 1483 lui donne la qualité de visiteur et réformateur général de son Ordre en Bretagne. Il transige en 1493 avec Pierre Le Tresle, seigneur de Kerolland, pour les coutumes d'Herbignac, et les rachète pour une somme d'argent. Sa mort est marquée dans l'ancien martyrologe de la maison, au 23 juin 1498. Charles de Hangest, évêque de Noyon, obtient l'abbaye en commende en 1498, et en jouit encore en 1521. La commende débute donc à Prières en 1499 avec Charles de Hangest. Voici ce que dit J. P. Le Mené : " Le frère Raymond Le Verrier, élu par la Communauté et confirmé par l'abbé de Clairvaux le 21 novembre 1499, ne put se maintenir contre Charles de Hangest, nommé directement par le Pape Alexandre VI dont il était notaire. Celui-ci n'était pas moine, ne fut qu'abbé commendataire, sans résidence obligatoire ; il laissa les religieux sous la direction du prieur et ne se mêla guère que des affaires temporelles ". Jean de Rieux, évêque de Saint-Brieuc, succède à M. de Hangest, et se démet en 1533 en faveur du suivant. Guillaume Car, religieux de Prières, est en 1533 pourvu de l'abbaye tant par le roi que par le pape sur la résignation de l'évêque de Saint-Brieuc. Il n'en jouit pas longtemps, car il décède en 1536. Guy Drouillart, prévôt de l'église collégiale de Saint-Aubin de Guerrande (ou Guérande), obtient l'abbaye en commende en 1537, assiste aux Etats de Nantes et à la réformation de la coutume en 1539. Il fait serment de fidélité au roi, le 28 juin 1540, et meurt en 1552, selon le catalogue. Charles de Lorraine, archevêque, duc de Reims, pair de France et cardinal de l'Eglise romaine, tient l'abbaye de Prières en commende de l'an 1552 jusqu'en 1571, selon le catalogue. Bertrand Guillaudon, clerc du diocèse de Poitiers, obtient l'abbaye par le crédit de madame d'Acerac (ou d'Assérac), prête serment de fidélité au roi dans la Chambre des comptes de Nantes en 1574, et meurt en 1586. On prétend qu'il n'était jamais qu'un "confidentiaire" ("Custodi Nos", clerc recevant les provisions d'un bénéfice) de la maison d'Acerac (ou d'Assérac). Jacques Landry, prêtre, est pourvu en 1586 par la faveur de Jean de Rieux, fils de madame d'Acerac (ou d'Assérac), et tient l'abbaye aux mêmes conditions que le précédent, si l'on en croît l'auteur du catalogue. Jean Bouchart, docteur en théologie, prête serment de fidélité pour l'abbaye de Prières en 1608, et assiste aux Etats tenus à Guerrande (ou Guérande) en 1625. Dom Guillaume Jamet, abbé régulier, succède à Jean Bouchart, et meurt le 23 janvier 1631, selon le catalogue. C'est de son temps que l'abbaye, ayant embrassé la réforme, est remise en règle en 1630. Cette réforme, connue sous le nom d'étroite observance, a rendu, jusqu'à la fin, la maison de Prières florissante. Dom Jean Jouaud, sous-prieur de la maison, est pourvu en 1631, et bénit par Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes. Il meurt à Paris le 2 juin 1673. Dom Hervé du Tertre, qui est nommé coadjuteur en 1657, est confirmé abbé en 1673, et il est choisi ensuite pour vicaire général de l'ordre. Zélé pour la réforme de son ordre, il devient aussi visiteur des maisons de Bretagne et de Normandie. Ce titre lui procure des relations, avec le célèbre abbé de Rancé, réformateur de La Trappe, contre lequel il est d'abord prévenu. Mais ayant fait en 1676 et 1678 la visite de ce célèbre monastère, il revient de ses préventions et reconnaît que l'esprit de Dieu présidait à cette réforme. Dom Hervé du Tertre meurt le 8 décembre 1680. Dom Joseph Melchior de Serent est nommé abbé le 7 mars 1681, et bénit le 25 juillet 1684. Sa mort arrive le 28 juillet 1727. C'est lui qui fait construire et consacre la nouvelle église de son abbaye. Dom Jacques Nouel, abbé de La Charmoie, est transféré à celle de Prières au mois d'août 1726, sur la démission volontaire du précédent. Il meurt au collège des Bernardins à Paris, vicaire général de l'Ordre en Bretagne, le 2 septembre 1741. Dom Claude Marie de La Fruglaye, religieux de l'abbaye de Prières, est nommé le 24 septembre 1741 et bénit le 23 avril 1742 par François Hyacinthe de La Fruglaye, évêque de Tréguier. Il devient ensuite vicaire général de l'Ordre, et meurt en 1766. Dom Abel de Baule n'est abbé que durant deux ans, et meurt en 1768. Dom Louis de Maux succède à Dom de Baule. Il gouverne l'abbaye de Prières pendant dix-neuf ans, et meurt en 1787. Dom Prudent Charles de Corsin est le dernier abbé de Prières. Après avoir été expulsé de sa maison avec ses religieux en 1792, il se retire à Paris et y meurt peu de temps après.
ABBES
Voici la liste des abbés de Prières, avec une notice sur leurs principaux actes :
1° Geoffroi, moine de Buzay, abbé de Prières en 1252, vit le duc Jean Ier fixer la dotation du monastère et racheter la dîme due au recteur de Billiers. Après avoir reçu une rente de dix livres sur Mortagne et un droit de péage à Nantes, il accepta, en 1253, la fondation d’une chapellenie, faite par Barthélemy de Questembert et dotée d’une partie des dîmes d'Elven et de la terre de Talhoet ou Bois-des-Moines dans la même paroisse.
En 1256 (N. S.), il acquit, de concert avec le duc, la terre de Bourg-l'Etang en Billiers, et reçut de ce prince, en 1257, la propriété de Guédas en Marzan et la dîme du Loch en Muzillac, puis en 1260 la dîme ducale en Sarzeau. De son côté, le pape Alexandre IV permit à la duchesse d’entrer dans le monastère avec dix de ses dames, confirma de nouveau les biens et les privilèges de la maison et l’autorisa à accepter la dîme novale des terres que le duc se proposait de défricher dans ses forêts.
L’abbé Geoffroi reçut aussi quelques dons particuliers à Ambon, à Pénerf, à Caden, à Muzillac, à Sulniac à Herbignac, à Rezé... Il parut encore dans une transaction du 5 janvier 1267 (N. S.), et mourut le 1er juillet, sans qu’on puisse préciser l’année (Cart. passim.).
2° Salomon, son successeur, accepta, en 1270, la terre de Pellemain en Marzan, donnée par Philippe de l'Ile, et accueillit au monastère le duc Jean Ier et son fils, partant pour la croisade. En 1271, il reçut un droit de péage à Oudon et afféagea deux maisons situées à Nantes ; en 1272, il reçut divers immeubles de Geoffroi Lagatley, et le droit de dîmer dans les défrichements de Liffré. On ne sait si c’est lui ou son successeur qui fit en 1273 un échange de biens avec Pierre de Muzillac (Cart.).
3° Rivallon, ou Riallen, vit Eudon de la Roche-Bernard détruire ses chalands sur la Vilaine en 1274, mais l’année suivante il transigea avec lui pour ces dégâts. En 1277, il reçut quelques dons de Bonabes de Rochefort à Avallac et à Kerenros, et de Roland de Penmur à Trégréhen en Muzillac. Il accepta, en 1278, une rente annuelle de dix livres de Nicolas de Sarzeau, et fit, en 1281, un échange avec Payen de Malestroit. On ignore s’il vivait encore en 1286, quand le duc fondateur fut inhumé dans l’église de l’abbaye.
4° Tanguy reçut en 1288, de la part du duc défunt, une rente de cent livres sur les revenus de Muzillac ; et en 1289 une autre rente de cinquante livres, pour fournir du vin à sa communauté de 30 religieux ; cette seconde rente fut ensuite remplacée par une fourniture de quinze tonneaux de vin. En 1290, il commença l’acquisition d’un bois en Marzan, appelé plus tard Bois-des-Moines.
5° Judicaël, son successeur, fit confirmer, en 1297, par le pape Boniface VIII, les biens et les privilèges de l’abbaye, accepta en 1298 la donation générale d'Eudes Avane, et mourut le 11 janvier vers l’an 1301 (N. S.).
6° Even, abbé de Prières, fut en 1306 un des exécuteurs testamentaires du duc Jean II, et reçut pour son monastère la somme de 55 livres, à la charge de célébrer tous les ans un service anniversaire. Il fit confirmer en 1307 par le duc Arthur II quelques propriétés situées à Lesloc et à Quémer, et paraît avoir prolongé son existence jusque vers 1320.
7° Roland de Coetlez paraît avoir succédé à Even, plutôt qu’à Tanguy, comme on l’a dit parfois. Il ne reste de lui aucun acte daté, qui puisse servir à fixer sa place. Le 24 juillet 1328, mourut Isabeau de Castille, seconde femme du duc Jean III : elle fut inhumée dans le choeur de l'église de Prières, plus bas que le fondateur Jean Ier.
8° Guyomar fut élu vers 1330. Il vit commencer en 1341 la fameuse guerre de succession en Bretagne, et y trouva sa part de tribulations ; il s'opposa vainement à l’établissement du passage des Gerbes sur la Vilaine, inauguré par Guillaume de Rochefort au commencement de la guerre, au détriment du passage de Guédas ou de la Roche-Bernard, et il finit par faire un accord avec ce seigneur. Il mourut le 10 mai, vers 1346.
9° Guillaume Elen, élu vers 1346, obtint dès 1347 des lettres de sauvegarde pour son monastère du roi Philippe VI de Valois. Il était fils de Guyomar et de Catherine de Prénigou et docteur en théologie. Nommé en 1353 visiteur de son ordre en Bretagne, il se conduisit avec tant de prudence que les rentes qui lui étaient dues sur le domaine ducal lui furent exactement payées, soit par Charles de Blois, soit par ses adversaires. Il poursuivit en 1356 le meurtre d’un de ses religieux, accepta en 1358 une maison et un jardin à Vannes, rue du Nord, bâtit en 1360 le moulin des Moines en Guérande, recueillit en 1363 le legs de Hervé VIII de Léon, et agréa en 1366 la chapellenie de Latimer. En 1371, il fit reconnaître par Jean IV sa rente de 600 livres sur le domaine ducal, son exemption des fouages et sa juridiction féodale. Il mourut enfin vers 1373.
10° Henri Le Barbu, du Quilio, en Cornouaille, devint abbé de Prières en 1373. Il était docteur en théologie et jouissait d’une réputation de sainteté. Entraîné dès 1378 dans l’obédience du pape d'Avignon, il fut nommé en 1380 Nonce en Bretagne, et en 1383 évêque de Vannes. Chancelier du duc Jean IV, qui l’appréciait beaucoup, il fut transféré à Nantes en 1404, et y mourut le 27 avril 1419.
11° Jean Raoul Ier, procureur de Prières, en fut nommé abbé en 1383, sur la démission de Henri Le Barbu. En 1384, il donna la sépulture dans le choeur de l’église à Jeanne de Hollande, femme du duc Jean IV, puis accepta en 1385 une rente de 20 livres sur deux maisons de Vannes, et en 1387 le testament de Marguerite du Parc. En 1389, Guillaume, abbé de Relec, fut chargé par le chapitre général de Cîteaux de réformer quelques abus qui s’étaient introduits à Prières. Jean Raoul fit un échange en 1394, obtint en 1396 la dîme des défrichements du parc de Châteaulin, et mourut en 1400, en faisant le pèlerinage de Rome pour le jubilé.
12° Jean Raoul II, neveu et successeur du précédent, était également docteur en théologie. Il obtint en 1405, de Benoît XIII d'Avignon, le droit, pour lui et ses successeurs, de porter la mitre et les autres ornements pontificaux et de bénir solennellement ses sujets. Il prit part en 1415 au concile de Constance, et obtint du nouveau pape Martin V la confirmation de tous les droits et privilèges de l'abbaye. Il reçut à Prières, le 31 mars 1418, la visite de saint Vincent Ferrier et assista le lendemain à sa messe et à son sermon. En 1420 il se plaignit au pape de l'évêque de Vannes, qui ne voulait pas ordonner ses moines sans un examen préalable. Il reçut en 1423 la terre et juridiction du Bois-du-Roz, en Limerzel, accepta, en 1431, la fondation de la fête de la Présentation de la sainte Vierge, faite par le duc Jean V, et assista ensuite, comme député de son ordre, au fameux concile de Bâle. Il parut dans divers procès, échanges, acquisitions, fondations, confirmations d’immunités, etc... Il mourut le 28 juillet 1439, et fut inhumé dans le chapitre de son abbaye. Son épitaphe commençait par ces mots : Dignus pr œlatus Johannes Radulphi vocatus.
13° Guillaume de la Landelle recueillit sa succession, et obtint gratuitement ses bulles. Il fit confirmer par les ducs son exemption des fouages et ses autres privilèges, afféagea quelques, immeubles, et mourut vers 1453.
14° N. de Villeblanche, mentionné comme abbé, ne fit que passer en 1453 à Prières, soit qu’il ait été rejeté par le Saint-Siège, soit qu’il ait été transféré à Quimperlé.
15° Olivier Blanchard fut institué par le pape Nicolas V, le 20 mai 1454. Avec l’autorisation de ses supérieurs, il accepta du duc François II, le 2 mai 1460, en échange de 200 livres de rente sur la recette de Muzillac, le parc de Penmur pour y établir deux métairies franches, de plus les moulins et les prés jusqu’au pont de Saint-Yves, avec le pré de Madame, et le droit d’établir des moulins à tan. La même année, le visiteur de l’ordre constata que l’observance régulière laissait beaucoup à désirer à Prières. L’abbé fit encore quelques actes particuliers et mourut le 9 octobre 1467.
16° Vincent de Kerleau, abbé de Bégar (Bégard) depuis 1443, fut nommé en 1467 abbé de Prières et président de la Chambre des Comptes de Bretagne. Il fit en 1469 un accord avec le seigneur de la Roche pour le passage de Guédas, visita en 1470 l'abbaye de Lanvaux, et devint en 1472 évêque de Léon, tout en conservant ses deux abbayes ; il s’en démit cependant quelque temps après, et mourut le 30 octobre 1476.
17° Jean Le Verrier, abbé de Melleraye depuis 1460, fut transféré à Prières par Sixte IV, le 20 février 1475 (N. S.), et obtint peu après un monitoire contre les voleurs du monastère. Il reçut en 1476 plusieurs legs mobiliers de son prédécesseur. Visiteur de l’ordre en Bretagne, il fut mêlé aux affaires de Bonrepos, de Buzay, d'Hennebont, etc... et dut même faire une enquête sur l’évêque de Rennes. En 1486, il accepta du duc François II la terre de Plaisance en Vannes, l'étang de Penmur et divers revenus, en déduction de 167 livres 10 sous dus sur les recettes ducales de Vannes et de Muzillac. En 1487, il accepta de même le château de l'Ile en Marzan, en compensation de 200 livres de rentes également dues au monastère par le domaine ducal. Ce dernier immeuble fut ensuite retiré, mais finit par revenir aux moines. L’abbé mourut le 24 mai 1498, en laissant une saline à son monastère.
18° Le Fr. Raymond Le Verrier, élu par la communauté et confirmé par l’abbé de Clairvaux, le 21 novembre 1499, ne put, se maintenir contre Charles de Hangest, nommé directement par le pape Alexandre VI, dont il était notaire. Celui-ci, n’étant pas moine, ne fut qu'abbé commendataire, sans résidence obligatoire ; il laissa les religieux sous la direction du prieur et ne se mêla guère que des affaires temporelles. Il devint évêque de Noyon en 1501, résigna en 1525 et mourut trois ans après.
19° Jean de Rieux, 3ème fils du maréchal, né en 1507, fut pourvu de l'abbaye de Prières et de l'évêché de Saint-Brieuc en 1525, à 18 ans ! Il ne voulut pas recevoir les ordres, et résigna son abbaye en 1533 et son évêché en 1514.
20° Guillaume Car, religieux de Prières, choisi par son prédécesseur, fut institué en 1533, fit quelques transactions, et mourut le 8 août 1536.
21° Guy Drouillart, prévôt de la collégiale de Guérande, obtint l'abbaye en commende en 1537, se montra très exigeant à l'égard du prieur, prit part aux Etats de Nantes en 1539, fit serment de fidélité au roi en 1540 et 1548, et mourut au commencement de 1553 (N. S.).
22° Charles de Lorraine, cardinal, archevêque de Reims, pair de France, chargé de nombreux bénéfices, reçut encore l'abbaye de Prières en 1553 et s’y fit représenter par René de Rieux, seigneur de la Feuillée. Celui-ci, sous prétexte de payer les taxes ecclésiastiques, aliéna le domaine de l'Ile en 1565 et celui du Bois-du-Roz en 1570 ; mais le cardinal, en 1571, fit casser la vente de ces biens. Ce prélat mourut le 26 décembre 1574.
23° Bertrand Guillaudon, clerc du diocèse de Poitiers, obtint l'abbaye en commende par le crédit du seigneur et de la dame de Rieux de la Feuillée : on prétend même qu’il ne fut jamais qu’un prête-nom, ou un confidentiaire de la dite famille. Il laissa vendre en 1575 la terre de Talhoet en Elven et celle du Bois-du-Roz en Limerzel : celle-ci fut ensuite revendue aux Rieux. Le monastère était en ruine et les religieux n’étaient plus que cinq ou six prêtres. On eut beau plaider, Jean de Rieux, fils de René, agit comme abbé, et plaça son fermier au monastère, pour en recueillir les revenus.
24° Jacques Landry, prêtre, fut pourvu en 1595, par la faveur de la famille de Rieux, dont il paraît avoir été l'homme de paille. Il disparut ensuite sans laisser de traces.
25° Jean Bouchard, curé de la chapelle d'Aligné en Anjou, fut pourvu de l'abbaye de Prières en 1607, fit serment de fidélité en 1608 et s’affranchit entièrement de la domination des Rieux. Témoin de la ruine morale et matérielle de la maison, il fournit l’argent nécessaire pour les réparations, et soutint, à partir de 1613, les efforts de Fr. Bernard Carpentier pour la réforme des religieux. Voyant son oeuvre s’étendre de plus en plus, et les biens aliénés rentrer au monastère, il résigna son abbaye en faveur d’un religieux en 1626 (ou 1630 ?), en se réservant seulement une pension de 600 livres, et se confina dans sa paroisse, où il mourut le 22 mai 1648, à l’âge de 88 ans.
26° Dom Guillaume Jamet, religieux profès, fut nommé abbé de Prières par le roi, le 6 septembre 1630, sur la résignation de Jean Bouchard, et institué par le pape le 27 janvier suivant. Il mourut malheureusement dès le 23 janvier 1631, avant d’avoir été bénit.
27° Dom Jean Jouaud, sous-prieur de la maison, fut nommé abbé le 10 février 1631, institué le 1er septembre, et bénit par l’évêque de Vannes Sébastien de Rosmadec. Il fit rentrer définitivement en 1633 la propriété du Bois-du-Roz, plaça un grand jeu d’orgues dans l'église, rebâtit la maison abbatiale, et y employa les pierres du château de Plaisance. Il fit confirmer par le roi en 1641 les biens et les privilèges de l'abbaye, et fut vicaire général de l’ordre pour la stricte observance. Ayant obtenu un coadjuteur en 1657, il se retira au collège des Bernardins à Paris, où il mourut le 6 juin 1673.
28° Dom Hervé du Tertre, natif d'Orgères au diocèse de Rennes, nommé coadjuteur en 1657 et vicaire général de l’observance, introduisit la réforme à Lanvaux, à Langonnet et ailleurs. Il devint abbé titulaire en 1673, à la charge d’une pension de 3000 livres imposée par le roi. Il fit en 1676 l’acquisition d’une maison à Rennes pour les étudiants de sa congrégation, visita avec édification le monastère de la Trappe de l’abbé de Rancé en 1676 et 1678, et mourut à Paris, au collège des Bernardins, le 8 décembre 1680.
29° Dom Joseph-Melchior de Sérent, du diocèse de Vannes, fut nommé le 7 février 1681 ; mais à cause de la déclaration de 1682, il n’eut ses bulles qu’en 1684, et fut ensuite bénit par l’évêque de Vannes le 25 juillet. Vicaire général de son ordre en Bretagne et dans les provinces voisines, il prit part aux chapitres généraux de l’ordre et aux Etats du pays. Il refit le réfectoire, la bibliothèque et d’autres édifices ; mais son oeuvre principale fut la construction d’une vaste église, commencée en 1716 et consacrée le 20 juillet 1726 par Mgr. Fagon. Il mourut satisfait le 26 juillet 1727, et fut inhumé dans le choeur.
30° Dom Jacques Nouel, de Saint-Malo, docteur de Sorbonne, abbé de la Charmoie en 1703, fut transféré à Prières au mois d’août 1726, sur la démission du précédent. Il fut, comme ses prédécesseurs, vicaire général de l’ordre en Bretagne et dans le voisinage. Les emprunts faits pour la construction de l’église, et les pensions imposées par le roi lui donnèrent beaucoup de soucis. Il mourut le 2 septembre 1741, à 80 ans, et fut inhumé dans la chapelle de Saint-Bernard de la nouvelle église.
31° Dom Claude-Marie de la Fruglaye, du diocèse de Saint-Brieuc, profès de Prières en 1707, en fut nommé abbé le 24 septembre 1741, et fut bénit par son cousin l'évêque de Tréguier le 25 avril 1742. Il fit un accord avec le seigneur de Rochefort pour les landes de Berrien, et obtint gain de cause pour les dîmes d'Elven et de Treffléan. La bataille navale de M. de Conflans en 1759 lui occasionna de grandes dépenses pour héberger les seigneurs et se défendre des pirates. Il mourut le 21 mars 1764, à 74 ans, et fut enterré dans la chapelle de Saint-Benoît.
32° Dom Abel Bolle, du diocèse de Vannes, profès de Prières en 1719, en fut nommé abbé par Louis XV en 1764. Institué le 17 décembre suivant, il fut bénit en 1765 dans la chapelle du duc de Penthièvre, son protecteur. Il mourut dès le 4 février 1766, à l’âge de 66 ans, et fut inhumé dans la chapelle de Saint-Bernard.
33° Dom Jean-Louis de Meaux, originaire de Picardie et docteur de Sorbonne, fut nommé à Prières le 9 mars 1766, institué le 2 juin et bénit le 31 août de la même année. Il fut, suivant l’usage, vicaire général de l’ordre, et visita comme tel plusieurs abbayes, de Bretagne. Il résigna sa charge en 1787, laissant une mémoire justement vénérée.
34° Dom Prudent-Charles de Corcin, né en 1749, à la Saulnière, diocèse de Rennes, profès de Prières en 1766, fut nommé et institué abbé en 1787, et bénit le 30 mars 1788. Dépouillé par la Révolution, et expulsé de sa maison avec ses religieux en 1791, il se retira à Paris et y mourut peu de temps après.
Histoire de l'abbaye de Prières depuis l'introduction de l’étroite Observance au commencement du XVIIème siècle jusqu’à sa destruction.
- Dom Guillame Jamet. Comme nous l'avons vu précédemment, Dom Guillaume Jamet succéda à Jean Bouchart, en 1626 (ou 1630 ?), par suite de la résiliation de ce dernier et de la procuration générale qu’il accorda en se réservant seulement une pension de 600 livres.
Mais voyons l'homme de la restauration première de notre abbaye. Bernard Carpentier était né en Gascogne d’une famille remarquable. Il entra de bonne heure dans une abbaye de Feuillants, qui ne voulut pas de réforme et qu’il abandonna bientôt. Cependant, comme sa capacité dans les affaires était grande, il fut député à Rome avec un de ses confrères. Clément VIII avait donné un nouveau monastère à son ordre, il fallait prendre des informations, et des mesures. En revenant en. France, son confrère et lui furent attaqués par des voleurs, qui les dépouillèrent. Son compagnon fut blessé, et Bernard parvint à se sauver à travers les bois et les ronces. Ils purent se rejoindre, et ils arrivèrent dans leur pays avec des habits de Cordeliers, que des religieux de cet ordre leur avaient donnés. Son monastère lui pesait, car il n’y trouvait pas la discipline sévère que son âme ardente désirait ; il voulut s’évader, les Feuillants le frappèrent des censures ecclésiastiques, dont le pape le releva. Il alla à Poblet, en Catalogne, et y devint prédicateur. Là, il conçut le dessein de se retirer chez les Chartreux avec son compagnon, qui était devenu son ami. En 1599, après un peu de temps passé à l'Abbaye-Blanche, dom Antoine Bougier, abbé de Villeneuve et vicaire-général de l’ordre dans la province, le nomma prieur de l'abbaye de Saint-Maurice. Le 20 mai 1601, dom Edme de la Croix, abbé général de Cîteaux, le remit prieur à l'Abbaye-Blanche, d’où il s’était retiré pendant trois ans, grâce à toutes sortes de calomnies. En 1606, il était prieur de Prières, comme on le voit par une lettre de Denis Largentier, abbé de Clairvaux, qui le continue en cette qualité, quoique l'abbé de la Ferté, qui était venu visiter notre abbaye sous une fausse délégation, l’eût déposé ou eût eu envie de le faire. En 1619, Jean Morin, conseiller du Roi et gouverneur du pays de Vannes ; Guillaume Ridé, conseiller du Roi et sénéchal dans la même ville ; Julien Salmon, conseiller et procureur du Roi, déclarèrent par leurs lettres d'enquête qu’ils avaient visité Prières, et qu’ils y avaient trouvé la Réforme établie depuis 1614, grâce à Bernard Carpentier. En 1614, dom Etienne Mangier, abbé de la Charmoie , écrivit à Bernard pour le féliciter sur la réforme qu’il avait eu le bonheur de fonder dans son monastère. En 1613, il avait reçu deux jeunes gens instruits qui avaient promis d’être fidèles à l'étroite observance, et de s’abstenir d’aliments gras, hors le cas de maladie ou d'infirmités graves. En 1625, l’abbé de Cîteaux écrivit à l'abbé commendataire de Mortemer que, s’il pouvait persévérer dans son dessein d’établir la réforme dans son abbaye, il ne ferait jamais mieux que d’y appeler des religieux de Prières, pour lesquels il avait une estime singulière à cause de leur régularité. Cet abbé mourut malheureusement aussitôt. Dom Carpentier mourut à Prières, sur les trois heures du matin, en 1647, à l’âge de 94 ans. Il fut enterré dans le choeur de l’église, du côté de l'Evangile. Un manuscrit ajoute ces quelques mots : « On loue beaucoup son zèle ; mais il eût été à souhaiter qu’il fût plus tempéré par la prudence, comme le lui demandait dom Largentier ; l’expérience prouve que la douceur est le moyen le plus efficace pour persuader et pour reprendre ». Quoiqu’il en soit, dom Bernard fit une grande oeuvre. Nous venons de voir quelques traits de la vie de dom Bernard Carpentier, voyons maintenant les efforts qu’il déploya pour recouvrer les biens aliénés ou litigieux de son abbaye. Quoiqu’il n’en fût que prieur, presque toutes ces affaires furent dues à son initiative et passèrent entre ses mains.
Plusieurs terres, rentes et vignes aux villages de Kerentrée et Coëserho, en Muzillac, revinrent à l'abbaye, en 1625, par suite de rachat et transaction opérés entre lui, Guillaume Jégo, Pierre et Jacques Levallois, seigneurs de Séréac. — En 1626, procès intenté à Prégent de Kerméno, seigneur de Keralio, pour les propriétés de Lisloc, et gain de ce procès. — Autre procès avec le sieur de Cabéno, ensuite avec les demoiselles de Bourgerel, du château de Kervézo, même paroisse, pour des propriétés et servitudes adjacentes, gagné en 1626. — Solde de 29 années d'arrérages de la rente que devaient les nobles bourgeois de Coëtbihan, en 1643. — Plusieurs transactions avec les seigneurs de Coasquel, en Péaule, en 1641. — Les seigneurs et dames du Bot de Langon sont obligés de reconnaître la suzeraineté de l'Isle sur leurs terres nobles du Prédic et de Bonvalon, en 1630. — Douze tenues dans la paroisse de Marzan sont récupérées en entier. — Dès le XIVème siècle, l'abbaye possédait une tenue au Temple, en Péaule.
Un procès commença, en 1642, pour la reprendre au duc d'Elboeuf, seigneur de Rochefort, et finit, en 1650, au détriment dudit seigneur, — En 1634, procès gagné contre le seigneur de La Roche-Bernard par rapport au passage. — En 1629, grande contestation des recteurs de Saint-Nazaire, du bourg de Baz et des chanoines de Guérande contre les religieux pour les dîmes des sels, quine finit qu’en 1659. — En 1626, recouvrement des maisons de Vannes. — En 1631, le seigneur de Keralio et Bopilio est condamné à donner une garantie pour la rente de Liniac. La propriété du Bois-de-Roz rentre en 1637.
Il serait fastidieux d’aller plus loin dans ces détails. Bornons-nous à cet extrait d’un manuscrit : « L’église, la maison abbatiale, tous les lieux réguliers de Prières étaient délabrés, comme le prouve le procès-verbal de 1633. Les métairies, biens et rentes qui en dépendaient, au près comme au loin, avaient subi les mêmes épreuves. Depuis l'introduction de la réforme, en 1613 jusqu’en 1633, on avait fait de grands ménagements. Alors on se mit à rebâtir les lieux réguliers depuis les fondements, et, jusqu’en 1642, on employa de 40 à 50,000 écus. L’abbatiale fut refaite à neuf, et un grand jeu d'orgues placé dans l’église. Des cartes de visites font aussi connaître le mauvais état de l’abbaye tant au spirituel qu’au temporel avant Bernard Carpentier. Il n’y avait plus que cinq religieux, dont il fallut renvoyer quelques-uns ».
L’abbé Guillaume Jamet aida son réformateur et mourut le 23 janvier 1631.
- Dom Jean-Jouaud, d’abord sous-prieur, devint abbé régulier en 1631. Il reçut la bénédiction abbatiale de Mgr. Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes. Le 25 juillet 1642, il rendit aveu au Roi pour tous les biens de son abbaye. En 1652, il soutint un procès contre Jacques Butault, seigneur de la Châtaigneraie, de Marzan, par rapport à l'étendue de la seigneurie de l'Isle, et le gagna contre son compétiteur qui fut condamné aux dépens de 200 livres.
En 1657, un gentilhomme de Lamballe, nommé Pierre Bouan, se fit religieux de Prières. Son père, qui en fut heureux, fit une fondation d’une messe par semaine pendant sa vie et celle de sa femme. Après leur mort, ces messes devaient être transformées en services solennels. Pour cela ils donnèrent neuf perrées de froment par année, qu’ils assirent sur leur propriété de la Villeblot, en Plurien.
En 1635, le cardinal de la Rochefoucauld, délégué du pape pour le rétablissement de la régularité monastique en France, porta une ordonnance qui statuait : - 1° que les monastères réformés de l’ordre de Cîteaux formeraient une congrégation spéciale sous le nom d’étroite observance ; - 2° qu’ils éliraient tous les quatre ans un vicaire-général qui aurait droit de visite, d’institution et destitution d’officiers, translation de religieux, de délégation au besoin, de convocation en assemblée ; - 3° que les abbés de Cîteaux seraient pris parmi les réformés ; - 4° que les monastères réformés pourraient seuls avoir un noviciat et recevoir les postulants à la profession ; - 5° que tous les officiers des collèges des Bernardins à Paris seraient pris dans la nouvelle congrégation. Le cardinal nomma directement le premier vicaire-général, et choisit Etienne Maugier, abbé de la Charmoie, auquel il donna pour assistants Jérôme Petit, abbé de l'Etoile, et Jean Jouaud, abbé de Prières.
Les religieux de la commune observance se regardèrent comme taxés de relâchement par la réforme. Il leur semblait que le cardinal de Richelieu pourrait être leur protecteur. Ils parvinrent à le faire nommer abbé de Cîteaux. Richelieu appela Jean Jouaud à Ruel, le pria d’obtenir de l'étroite observance la confirmation de son élection, et lui déclara qu’il aiderait la réforme de son autorité. Ses actes le prouvèrent.
En décembre 1635, Jean Jouaud était proviseur du collège des Bernardins. A la fin de 1642, il va trouver Louis XIII à Saint-Germainen-Laye ; il lui représente le besoin qu’a l’ordre de Cîteaux d’un bon chef pour remplacer Richelieu, qui vient de mourir. Le Roi lui fait répondre par M. Desnoyers, secrétaire de ses commandements, qu’il y a pensé et qu’il va envoyer M. Vertamont, son conseiller, à l’abbaye de Cîteaux. A l’arrivée du commissaire du Roi, dom Claude Vaussin venait d’être élu. Louis XIII fit annuler cette élection et maintenir l'abbaye-mère sous l’autorité de l’abbé de Prières, le 21 janvier 1643. Le 13 juin de l’année suivante, les délégués du Souverain Pontife ordonnent à Jean Jouaud de prendre les mesures accoutumées pour procéder à une nouvelle élection. Le 10 mai 1645, il réunit lui-même la pluralité des voix. Sur un avis du Pape, il donne sa démission et reconnaît Claude Vaussin comme abbé de Cîteaux, parce qu’il promet de soutenir la réforme. Loin de tenir à ses promesses, le 26 juillet 1647 il fait connaître à l’abbé de Prières que le collège des Bernardins va rentrer dans la commune observance. Celui-ci, profondément affligé, proteste solennellement, au nom de la réforme entière, contre la violation des règlements et de la foi donnée. Le 6 décembre 1649, Claude Vaussin écrit à Jean Jouaud au nom de la paix de l’ordre, et lui demande des concessions sur la rigueur de la nouvelle observance, et, à cette condition, lui promet de le nommer visiteur de l’ordre tout entier. Pour toute réponse, celui-ci ordonne une assemblée de tous les supérieurs de la réforme dans l'abbaye de Foncalmont. Tous, ils furent d’avis de persévérer et de mourir dans les résolutions de régularité adoptées depuis 1615. L’abbé de Prières fut député par l’assemblée à Cîteaux pour y présenter une réponse ; mais l’abbé lui fit savoir, le 28 juin 1650, qu’il ne le recevrait pas ! En 1660, une assemblée de la réforme se tint à Prières. Tous les supérieurs s’y trouvèrent. Le procès-verbal des décisions prises périt avec les autres papiers au commencement de la Révolution. Plusieurs écrits furent publiés en faveur de l’étroite observance, et Jean Jouaud, en sa qualité de vicaire-général de tous les monastères de cette congrégation en France, devait y mettre son approbation. Dom Julien Pâris, religieux de Foncalmont, fit paraître , en 1663, son livre intitulé : « Du premier esprit de l’ordre de Cîteaux », dans lequel il avait traité du rétablissement des moeurs et de la régularité primitives par le moyen de la nouvelle réforme. L’abbé de Prières l’approuva comme utile et nécessaire, dans les circonstances présentes, aux moines de l'ordre de Cîteaux, et son approbation est datée du collège des Bernardins de Paris, le 26 juin 1663.
Une congrégation de femmes adopta les règles de la nouvelle observance et prit le nom du Précieux Sang. Elle s’établit à Paris. Jean Jouaud en approuva les règlements, en sa qualité de supérieur, le 14 août 1661. La mère Baudet, qui avait provoqué cette régularité rigoureuse, mourut, le 6 septembre 1688, à l’âge de 84 ans.
La règle de Saint-Benoît est la règle mère de toutes les règles monastiques de l'Occident. Toutes celles qui ont paru depuis n’en ont été que des transformations plus ou moins parfaites. L'Etroite Observance voulait revenir, autant que possible, à l’observation de cette règle première, refaite par saint Bernard. Ainsi, elle retrancha l’usage de la chair, excepté en cas de maladie ou d’infirmité grave. Elle se contentait du régime maigre, analogue à celui des séculiers. Elle rétablissait les jeunes, mais elle autorisait une collation. Elle imposait le silence quotidien, mais elle accordait une heure de conversation après le principal repas. Tout en replaçant les heures de matines dans la nuit, elle rendait quelque temps au sommeil. Elle prescrivait le travail des mains, les vêtements de laine, les couches de paille, la pauvreté des individus.
La Trappe est fille de l'Etroite Observance, mais elle est supérieure à sa mère sous le rapport des austérités. L’abbé de Rancé avait embrassé cette dernière en faisant son noviciat à Prières, et Jean Jouaud le députa à Rome pour sa défense. Mais voyant ses soins et ses peines inutiles pour l’ensemble de l'ordre, il dirigea l’élan de son zèle sur la communauté qui lui avait été confiée, et voulut y rétablir les saintes pratiques usitées du temps de saint Bernard. Ses religieux entrèrent dans ses dispositions. On supprima successivement l'usage du vin, les poissons, les oeufs, le beurre, etc. On rétablit le silence perpétuel, la clôture stricte, les lectures communes sous les cloîtres, les couches piquées et l’obligation de se reposer avec la coule. L’abbé de Rancé demanda quelques religieux à Jean Jouaud, qui lui fit la réponse suivante : « Assurément vous ne trouverez guère de personnes dans notre ordre poussées de ce même esprit de pénitence que Dieu vous a donné, et très peu qui aient la force et le courage de pratiquer l’austérité que vous observez. Pour moi, je n’en connais pas, et comme cette austérité, au point où vous la portez, surpasse l’obligation de notre règle et de nos constitutions, encore qu’elle n’en surpasse pas la perfection, je ne pourrais obliger aucun religieux à aller l’embrasser contre son gré. Je crois bien que notre lâcheté a attiré sur nous la colère de Dieu et que nous méritons très justement ses châtiments. Jusqu’à présent je puis vous dire ce qu’on disait de nos premiers pères de Cîteaux : " Vous avez beaucoup d’admirateurs, mais très peu d’imitateurs " ; il faut de nécessité que vous vous serviez des personnes que vous avez, et que vous receviez des novices animés du même esprit, lorsqu’il plaira à Notre Seigneur de vous en envoyer ».
Les événements ne tardèrent pas à démentir les craintes de l’abbé de Prières, et des novices se présentèrent en grand nombre. On connaît assez l'oeuvre de l'abbé de Rancé pour qu’il soit besoin d’en dire davantage. Aujourd’hui, elle revit dans nos Trappes de France et d’Algérie. En 1834 , Grégoire XVI les approuva ainsi qu’il suit : « Congregatio regulam sancti Benedicti cum primitivis Cistercientium constitutionibus a Sancta Sede approbatis observabit ». Il parait cependant que quelques-uns des nouveaux monastères s’en tiennent à l’étroite observance de notre ancienne abbaye, et ne vont pas jusqu’à l'austérité introduite par l’abbé de Rancé.
Jean Jouaud se fit rendre un grand nombre de papiers que les Rieux d'Assérac avaient conservés. Il en reçut également de Rochefort au moment où M. Vincent-Exupère de Larlan, membre du parlement de Bretagne et conseiller du Roi, venait de prendre possession du comté, ainsi que des seigneuries de Keralio, Liniac et autres, qu’il venait d’acheter, le 3 décembre 1659. Il est peut-être utile de mettre un autre fait que je trouve consigné ici, c’est que le comté de Rochefort, avec toutes ses dépendances, passa entre les mains de la famille Hay des Nétumières, le 18 septembre 1761, par mariage de celle de Larlan. Les nécessités de ses fonctions de vicaire-général retinrent Jean Jouaud au collège des Bernardins, à Paris, pendant les dernières années de sa vie. Il y mourut au commencement de 1673.
- Dom Hervé du Tertre lui succéda ; il était son coadjuteur dés 1657. Il fut béni par Mgr. Louis Gasset de Vautorte, évêque de Vannes. Il succéda à son prédécesseur en qualité de vicaire-général des monastères réformés, qui étaient au nombre de plus de 40, dés 1642.
Depuis près de soixante ans, l’abbaye envoyait de jeunes religieux étudier la philosophie et la théologie à Rennes sous les Pères Jésuites. Pour les loger, elle affermait des maisons qui lui coûtaient chaque année près de 400 livres. Dès 1659, Hervé du Tertre, quoique simple coadjuteur, voulut acheter une maison. En 1669, il consulta la communauté et obtint le consentement de Jean Jouaud. Des difficultés survinrent, et l'acquisition ne se fit que le 20 juillet 1676, pour la somme de 40,000 livres. Mgr. de la Vieuville, évêque de Rennes, permit d’y bâtir une chapelle dès 1662, longtemps avant l’acte d’acquêt. En 1678, Mgr. de Lavardin renouvela cette autorisation. Enfin, les frais montèrent à au moins 30,000 livres. Cette maison prit le nom d’hospice de Prières, elle était située dans la rue des Volières. Hervé du Tertre rendit aveu au Roi, pour tous les revenus de son abbaye, le 19 novembre 1618.
Prières avait emprunté 15,000 livres pour aider à la délivrance des religieux de l'Abbaye-Blanche et des habitants l'île de de Noirmoutiers, qui étaient prisonniers en Hollande en 1674. Cette somme n’étant pas suffisante, elle emprunta de nouveau 4,300 livres.
Hervé du Tertre fit une première visite à la Trappe de l'abbé de Rancé, en sa qualité de vicaire-général, le 7 février 1676. Il y laissa le procès-verbal qui suit : « Savoir faisons que visitant le dévôt monastère de la Maison-Dieu Notre-Dame de la Trappe, accompagné de notre vénérable confrère dom Bernard Corbière, nous avons trouvé les religieux si unis ensemble par les liens de la charité fraternelle, si uniformes en toutes choses, si également portés à leurs devoirs et si universellement zélés pour l’observance régulière, et jouissant ensemble d’une si profonde paix, que, pendant trois jours consécutifs employés à notre scrutin régulier, nous n’avons reçu aucune plainte ni des supérieurs contre les inférieurs, ni des inférieurs contre les supérieurs, ni des inférieurs les uns contre les autres, et n’y avons aperçu ni remarqué, non-seulement aucun mécontentement, murmure, division, aversion ou dégoût des uns contre les autres, mais pas même la moindre apparence ou ombre de tout cela, dont ils ont un très pressant et indispensable sujet de remercier continuellement le Seigneur avec nous.
Et ainsi, tout bien considéré et examiné, nous n’avons pas cru devoir faire aucune ordonnance ni règlement, mais seulement les exhorter à persévérer. De tout quoi nous avons bien voulu avertir lesdits religieux et le leur donner par écrit, afin que d’un côté, ceux qui sont maintenant dans les saintes dispositions où nous les avons trouvés s’encouragent de plus en plus à s’y affermir, et que de l’autre, ceux qui viendront après eux, en étant informés comme ils pourront l’être par la présente carte de visite, apprennent quels ils doivent être en considérant l’heureux état où, par la grâce de Dieu, nous avons trouvé ceux que la divine Providence a choisis pour être réformateurs et restaurateurs de la Maison ».
Le 8 septembre 1678, dom Hervé du Tertre laissait une nouvelle carte de visite au même monastère et y constatait la même régularité. « Tous les religieux, y disait-il, mènent une vie fort-pénitente. Il y en a de fort âgés et plus qu’octogénaires, d’autres qui sont de petite et faible complexion, plusieurs infirmes, et tous, au lieu de nous demander quelque adoucissement à leurs austérités, nous ont plutôt priés de les augmenter, et d’avertir que, sains ou malades, ils voulaient être également traités ». Hervé du Tertre mourut le 8 décembre 1680.
- Dom Joseph Melchior de Sérent fut élu pour le remplacer, le 7 mars 1681, et, béni seulement le 25 juillet 1684. Il appartenait à l’ancienne famille du même nom au diocèse de Vannes.
Le 4 novembre 1685, Melchior de Sérent rendit aveu du total du revenu de son abbaye à la chambre des comptes. Une consultation donnée à Rennes, en 1775, par MM. Rabuan de la Hamonaye et Lanjuinais, faisait remarquer que cet aveu de 1685 ne pouvait plus servir de modèle pour en rendre un nouveau, parce qu’au XVIIème siècle ces sortes d’actes, surtout quand ils venaient de la part des gens d'Eglise, ne spécialisaient pas suffisamment les rentes et les propriétés. Ils n’étaient, pour ainsi dire, qu’une confession de tenue du seigneur, tandis que l’acte qu’on appelait alors démembrement était une énumération en détail des choses qu’on déclarait tenir. Ainsi, l’aveu actuel était conforme à l’ancien usage, qui n’avait plus de valeur légale dans le XVIIIème siècle.
Jusqu’ici, j’ai puisé beaucoup de renseignements dans l’inventaire que dom Hardi avait fait des archives de son abbaye. Ce religieux, étant devenu infirme, tomba malade et mourut en 1710, sans avoir pu achever son oeuvre d’une patience et d’une science rares, bien propre à nous faire regretter les immenses titres primitifs qu’il avait à sa disposition.
Disons un mot de l'homme le plus célèbre, comme illustration littéraire et scientifique, qu’ait produit Prières, Yves Pezron. Il naquit à Hennebont, le 20 octobre 1640 ; il était fils de nobles gens Louis et Louise de la Chapelle. En 1660, il entra dans notre abbaye en qualité de novice, et, l’année suivante, il y fit profession. Il se rendit ensuite à Rennes, où il étudia sous les Pères Jésuites. De là, il alla au collège des Bernardins, à Paris, on il se livra entièrement à la connaissance de la théologie. Jean Jouaud le prit pour son secrétaire et lui procura toutes les facilités pour apprendre les langues orientales. En 1673, Pezron rentra à Prières, y devint maître des novices. Ses supérieurs, remarquant ses grands talents, le nommèrent également sous-prieur au collège des Bernardins, afin qu’il pût les exercer sur un plus grand théâtre. Il se démit en 1678, se fit recevoir licencié l’année suivante, et docteur le 10 avril 1682. Il professa la théologie et fut nommé prieur en 1686. En 1690, il devint visiteur des monastères réformés. En 1697, le Roi voulut qu’il acceptât le titre d’abbé de la Charmoie dans la Champagne. Il donna sa démission pure et simple de ce riche bénéfice en 1703, et se remit au travail. Une maladie de poitrine l’enleva le 10 avril 1706, et il fut enterrés dans le tombeau des seigneurs de Chessy, auprès desquels il s’était retiré dans ses derniers moments pour être mieux soigné.
Dom Pezron est auteur des écrits dont voici la liste : - 1° L’Antiquité des Temps établie et défendue contre les Juifs et les nombreux chronologistes, en 1687 ; - 2° Défense de l’ouvrage précédent, 1691 ; - 3° Essai d’un commentaire littéral et historique sur les prophètes, 1693 ; - 4° Histoire évangélique confirmée par la judaïque et la romaine, 1696 ; - 5° Antiquité de la nation et de la langue des Celtes, autrement appelés Gaulois, 1703 ; - 6° enfin, une quinzaine de mémoires sur divers sujets. Tous ces ouvrages sont très savants et parfaitement écrits. La science de Pezron avait devancé son siècle.
En 1693, l'abbaye possédait : - 1° Trente journaux de bois de haute futaie au Bois-de-Roz, en Limerzel, qui avaient été plantés par les religieux ; - 2° un bois taillis tout auprès, contenant 45 journaux ; - 3° onze journaux de bois taillis au village de Coëtrazo, même paroisse ; - 4° soixante-six journaux de mêmes bois, en Marzan ; - 5° neuf journaux de mêmes bois, en Muzillac ; - 6° quatre journaux, en Billiers. Dans tous ces bois taillis l’abbaye avait ménagé le plus de haute futaie possible ; elle ne pouvait en disposer qu’avec l'agrément du gouvernement.
En 1702, un religieux de Langonnet, nommé Nicol, vint à Prières et s’y rendit coupable de plusieurs méfaits. L’officialité de l'abbaye lui fit son procès avec toutes les mesures que la justice et la charité pouvaient comporter. Dom Melchior de Sérent prononça contre lui la sentence suivante, qu'il méritait bien, et que je donne ici : « Nous, après avoir adressé nos prières au Dieu de toute justice et de toute miséricorde, pris conseil de gens éclairés et sans passion, assisté des anciens de notre monastère, avons déclaré Maurice Nicol convaincu des délits gui lui sont reprochés, et le condamnons par voie de discipline : 1° A faire, tête nue, amende honorable à Dieu qu’il a offensé, à cette communauté qu’il a scandalisée ; 2° renvoyé à Langonnet, à y faire la même amende honorable à genoux ; ensuite à y être mis en prison pendant trois ans, jeûnant au pain et à l’eau tous les veudredis, et recevant la discipline une fois par semaine pendant la première année ; 3° nous le déclarons de plus indigne de recevoir jamais l’ordre de prêtrise, privé de ses fonctions de diacre et de toute voix active ou passive dans les affaires de sa communauté ».
En 1687, une assemblée de la réforme, tenue au collège des Bernardins, et à laquelle assistait Melchior de Sérent, lui avait confié la charge de vicaire-général sur tous les monastères de l'ordre en Bretagne, Normandie, Anjou, Maine, Perche et autres lieux. En 1699, le chapitre général lui continua les mêmes fonctions, ainsi que l'obligation de visiter les maisons que les abbés des quatre premières abbayes ne visiteraient pas. En 1705, il trouva l’abbaye de Buzai dans un assez triste état. Deux religieux étaient en révolte contre leurs supérieurs, il y remit la paix.
En 1699, les murs de l’enclos de Prières furent entièrement relevés à neuf, et, après 160 ans d'existence, ils sont encore en parfait état de conservation. En 1700, on releva une partie des lieux réguliers. On prit des pierres à l'Isle.
J’ai sous les yeux le marché et le devis de la nouvelle et magnifique église de l’abbaye. Comme on n’en a jamais dit un seul mot, je vais en donner les extraits les plus capables de faire comprendre cette oeuvre : « La coque de la nouvelle église consistera, dans une nef avec une croisée, cinq chapelles de chaque côté de la nef, une chapelle de chaque côté du sanctuaire, deux passages dans les bas-côtés, de la tribune, une sacristie et une tour, suivant le plan dressé par le sieur Olivier de Lourme, architecte, demeurant à Vannes, paroisse de Saint-Salomon. Pour faire ledit ouvrage, il faudra démolir l'ancienne église, qui menace ruine, et une partie de l'abbatiale. La nef, depuis le pignon du bas jusqu’au haut du sanctuaire, aura 189 pieds de long et 33 pieds de large franc, non compris les chapelles, et, les chapelles comprises, 91 pieds. Du niveau du pavé à la corniche, l'église aura 35 pieds et demi de haut, et, du niveau du pavé aux voûtes d’arête, 56 pieds. Tout le corps de l'église sera orné d’un ordre d’architecture dorique ; la voûte sera en tuf pour toute la nef, et le sanctuaire en forme d’arète, excepté le demi-cercle du sanctuaire qui sera en forme de cul-de-four. Les chapelles auront le demi-cercle en cul-de-four et voûtes d’arête. Les piliers et pilastres et arrière-corps du dedans de l’église seront en pierres de granit jusqu’à la hauteur de 12 pieds. Le reste des piliers, pilastres, impostes, arcades, architraves, frises, corniches, voûtes, croisées seront en tuf. Tout le reste de la maçonnerie sera en pierres ordinaires cimentées à chaux et sable. Les croisées seront en granit en dehors. Les contreforts seront en granit. Pour la couverture, toute ardoise, venant de Redon ou de Rochefort, et en belle et bonne qualité, portera sur quatre lattes et sera attachée par deux clous. La sacristie aura 24 pieds de long sur 17 de large ; la tour aura 13 pieds carré et sera couverte en ardoises. L’entrepreneur fera démolir à ses frais l’ancienne église et une partie de l’abbatiale, dont il aura les pierres de granit et de tuf pour les nouvelles constructions ; les religieux transporteront les matériaux des démolitions et déferont eux-mêmes les boiseries du choeur, les autels, les portes, vitraux et ferrements. L’entrepreneur fournira toutes les pierres de taille de granit rendues sur les lieux à ses frais, et les pierres de tuf au port de Penlan, où l'abbaye les fera prendre. Tous les bois de charpente, toute l’ardoise, seront également au compte de l’entrepreneur jusqu’au même port. L’abbaye donnera le moëllon, toute la chaux nécessaire éteinte, le sable passé, les charrois depuis le port, les espaces utiles aux travaux, les matériaux d’échafaudage, les échelles, les pointes de marteaux, le coucher et la soupe deux fois le jour aux ouvriers, la nourriture et le logement à de Lourme et à ses trois contre-maîtres, ainsi qu’à son domestique et à ses deux chevaux. Ensuite elle lui versera une somme totale de 123,000 livres, ainsi divisée : 10,000 livres au mois d’août prochain 1715 ; 10,000 livres au mois de février 1716 ; 12,000 livres au mois de juin de la même année ; 3,000 livres au mois d’août. En 1717, elle lui donnera 22,000 livres ; en 1718, 22,000 livres ; en 1719, 22,000 livres ; en 1720, 22,000 livres. Fait le 29 mai 1715. Ont signé : Joseph Melchior de Sérent, abbé ; Charles Le Roy, prieur ; Joseph Duboys, sous-prieur ; frère Agathon de Maulde, frère Armand Bréart, frère François Berthelot, frère Jean de la Souldraye, frère Pierre Pitteux, frère François Touzé, frère Claude de la Fruglaye, frère Gérasime Simon ; frère Pierre Le Ray ; enfin, Olivier de Lourme, architecte et entrepreneur ».
Le 24 avril 1716, la première pierre de l'église fut posée en présence de M. Feydeau du Brou, gouverneur de Bretagne et député par le Régent, qui gouvernait la France sous la minorité de Louis XV. Melchior de Sérent assistait à cette cérémonie avec les soixante religieux profès de son abbaye, comme le constatent les inscriptions sur cuivre conservées à Prières.
Je ne sais où l’on a pris que M. Cote, architecte du Roi, avait dressé le plan de cette église. Tous les actes originaux, que j’ai sous les yeux, l’attribuent à Olivier de Lourme, architecte à Vannes, qui fut en même temps entrepreneur.
L’abbaye emprunta beaucoup d'argent pour payer Olivier de Lourme. Le 25 mai 1723, elle prit 25,000 livres d’avec M. de Bonnefons, secrétaire du Roi et receveur des Domaines, demeurant à Rennes, et, en 1725, la somme de 10,000 livres, chez les Soeurs de la Visitation de la même ville. Je n’ai pu retrouver toutes les pièces des autres emprunts ; nous verrons qu’au moment de sa ruine l’abbaye était loin d’avoir acquitté les dettes qu’elle avait faites en cette occasion.
Après tous ces travaux, Melchior de Sérent, déjà vieux, voulut prendre un peu de repos pour penser plus spécialement à son éternité avant de mourir. Il donna sa démission en 1725, et mourut le 27 juillet 1727. Il fut enterré dans l'église qu’il avait fait construire, et on grava sur son tombeau l’épitaphe suivante qui semble le donner tout entier dans les éloges mérités qu’elle en fait
D : O :
M :
Hic in
Domino,
Singulariter
in spe constitutus,
Dormit et requiescit.
Dominus
Joseph Melchior de Serent a teneris.
Eques Melitensis.
Cisterciensis deinde ordinis, Deo vocante, mancipatus,
In Academia parisiensi studuit et philosophiam baccalaureus docuit
Abbas demum hujus cenobii factus et ordinis
Vicarius generalis,
Deum pietate coluit, gregem doctrina pavit,
Fratres consilio favit, omnes exemplo docuit
Pastor bonus.
Refectorium, bibliothecam, et alia œdificia construxit,
Basilicam hanc vetustate labentem a fundamentis œdificavit
Et Deiparœ dicari curavit XIII kal : Aug : anno MDCCXXVI.
Consummato opere vitam et consummavit Die XXVI Jul :
Ainsi, la nouvelle église de Prières, commencée le 12 avril 1716, ne fut terminée qu’en 1726 et consacrée le 13 août de la même année. En 1704, un haut personnage breton fut enterré à l’abbaye, comme le prouve l'inscription suivante, prise sur la pierre de son tombeau, qui est aujourd’hui dans un jardin au bourg de Billiers :
Illustrissimo ac potentissimo
Carissimo suo patre
Domino D : Juliano Le Sénéchal de Trudai
Equiti nobilissimo,
Primariœ nobilitatis, in venetensi diœcesi militiœ
Prœfecto emeritissimo.
Hujus provinciœ comitiorum prœfectura sœpius decorato
Christiana in egenos Liberalitate,
Insignique vel in sœculo morum probitate
Conspicuo.
Et in hac demum Abbatia, pie et laudabiliter senectute transacta,
Defuncto.
Die XXV
Aprilis MDCCIV.
(Pia
filia Domina illustrissima Anna Le Sénéchal, hoc posuit monumentum)
Un peintre breton, François Valentin, né a Guingamp en 1738 et mort à Quimper en 1805, orna plus tard de tableaux l'église de Prières. Il en fit trois la Fondation du monastère, l'Annonciation de la sainte Vierge et le Baptême de saint Jean-Baptiste. Transportés dans les grandes villes, ils y furent vendus au moment de la Révolution, et le premier se trouve en 1862 à Lorient chez un particulier.
- Dom Jacques Nouël, abbé de la Charmoie, fut transféré à Prières en 1726, au mois d’août. Comme ses prédécesseurs depuis le commencement du XVIIème siècle, il fut vicaire-général de son ordre dans les mêmes provinces.
Les 25,000 livres empruntées en 1723 n’avaient pas été rendues à M. de Bonnefonds, qui en eut besoin, en 1734, pour doter sa fille Magdeleine-Henriette, qui se mariait avec Louis-Marie de Bechenec, seigneur de Beuves. Jacques Nouël, docteur en Sorbonne, abbé régulier de l'abbaye royal de Prières, lui rendit 17,600 livres, se réservant de payer le reste plus tard. Le 19 décembre 1729, il avait emprunté 6,000 livres de Mlle Marie-Angélique Kernèze, dame de Coatarmoal, qui avait pour mandataire dame Marie Descartes, demeurant chez les Ursulines de Vannes.
Dom Nouël mourut au collège des Bernardins, à Paris, dont il était directeur, le 4 septembre 1741. Ses dépouilles mortelles furent apportées à Prières, et on mit sur son tombeau l’inscription suivante :
DOMINUS JACOBUS NOUEL
Facultatis parisiensis doctor in theologia ;
Ejusdem in collegio D : Bernardi magister.
Abbas primum de Carmeia et deinde de Precibus.
ln utroque munere ordinis vicarius generalis.
Hic expectat immutationem suam.
Tu qui transis et hœc logis,
Bonis manibus precare.
Vixit anno octoginta,
Desiit vivere IV non novembris MDCCXLI.
Il parait
que dom Nouël était rude envers ses religieux, et que le bonis
manibus precare serait une allusion.
- Dom Claude-Marie de la Fruglaye, appartenant à une ancienne famille noble du pays, depuis fort longtemps religieux dans l'abbaye, fut nommé abbé, le 24 septembre 1741, et béni, le 25 avril de l’année suivante, par Mgr. François-Hyacinthe de la Fruglaye, son frère, évêque de Tréguier.
Par suite d’emprunts pour la construction de l'église, l'abbaye devait une rente annuelle de 500 livres à M. Etienne-Jean-Marie de Saint-Malon, chevalier, seigneur du Fresne, en Caro, qui la vendit, le 10 mars 1753, aux Dames de la Visitation de Rennes, représentées par Marie-Céleste Favignon, supérieure ; Marie-Eléonore de Becdelièvre, assistante ; Anne-Catherine de Belestre et Marie-Prudente du Breuil de Pontbriand, conseillères.
En 1765, l'abbaye devait en principal la somme de 146,356 livres, dont l’intérêt montait à 6,937 livres, suivant un état présenté à dom Poullin, prieur de Vieuville et commissaire nommé par l’abbé de Cîteaux pour la visite régulière. Elle devait de plus 10,000 livres pour pensions ordonnées par le Roi. Les bulles de chaque nouvel abbé coûtaient environ 5000 livres, dont la moitié allait à Rome et l’autre partie au gouvernement pour visa et acceptation. Ces dettes provenaient surtout de la construction de l’église. A l’époque où nous sommes, toutes les seigneuries de l'abbaye étaient réunies à celle de Prières. Toutes les charges se donnaient gratuitement. Dans un temps, le greffe avait produit 30 livres de rentes ; il ne produit plus rien. Le revenu total est maintenant de 23,612 livres, 5 sols, 6 deniers. Il y a 10,796 livres, 4 sols, 6 deniers de charges et rentes constituées ; il reste donc pour l’entretien de plus de 30 religieux, des novices, domestiques, hôtes, réparations, voyages, etc., la somme de 12,816 livres, 1 sol, 1 denier.
La bataille de l'amiral de Conflans, contre les forces moitié supérieures des Anglais, se livre le 20 novembre 1759. Huit navires et quatre frégates se retirent dans la Vilaine. Comme tout est endommagé et brisé, les officiers français se retirent à Prières, y sont logés et nourris pendant quelque temps gratuitement. Des corsaires et navires anglais empêchent les marins de sortir pour la pêche, de sorte que l'abbaye est obligée de faire beaucoup de frais pour s’approvisionner. Le caractère de M. de la Fruglaye ressemblait à celui de Melchior de Sérent. Comme lui, il fut le bon pasteur de son abbaye ; il mourut en 1764.
M. Cornudet, médecin à La Roche-Bernard, possédait son portrait, ainsi que celui d’un cardinal inconnu, qu’il tenait des religieux de l’abbaye morts, depuis la Révolution. Ils furent remis tous deux à la Société polymathique du Morbihan en 1859. Celui de M. de la Fruglaye, qui porte son nom, a été remis à un membre de sa famille.
- Dom Abel Bolle, religieux de Prières, fut nommé abbé en 1764. Il mourut, le 4 février 1766, à l'âge de 66 ans et dans sa 49ème année de profession. Le billet qui annonçait sa mort le déclarait grand observateur de la règle et l’ami constant de ses confrères : Regulœ fratrumque amatori.
Une lettre du 1er février 1766, écrite par un religieux de Boquen, nous fait connaître qu’il voulait finir ses jours dans notre abbaye à cause de sa régularité supérieure à celle des autres monastères de l'ordre.
- Jean-Louis de Meaux prenait possession du titre d’abbé de Prières par procurateur, le 26 juin 1766. Dans ce moment il était retenu à Paris. Ses bulles avaient été signées à Rome, le 4 du même mois, sous formes gracieuses. Dom Bougret fut son procurateur. Nous avons vu que la Commune Observance n’aimait pas la réforme introduite au commencement du XVIIème siècle. En voici une nouvelle preuve. Nous donnons entièrement ce document qui servira à faire connaître notre abbaye, dont les craintes heureusement ne se vérifièrent pas :
« Nous abbé, prieur et religieux profès de l’abbaye de Notre-Dame de Prières, de l'Etroite Observance de Cîteaux, filiation de Clairvaux, au diocèse de Vannes en Basse-Bretagne, capitulairement assemblés en la manière accoutumée ; considérant que, dans notre chapitre général, qui doit se tenir le second jour du mois de mai prochain, il pourra être proposé de supprimer notre Etroite Observance, nous déclarons ici devant Dieu, librement et en suivant fidèlement le mouvement de nos consciences, et même au besoin déclarons audit chapitre général assemblé, et à toutes autres personnes qu’il appartiendra, que nous désirons et voulons de tout notre coeur vivre et mourir dans la pratique de la susdite Etroite Observance, ainsi que nous y avons vécu jusqu’à ce moment avec paix, contentement et consolations intérieures. Pour ces raisons, et autres que nous nous réservons de déduire en temps et lieux, Nous, prieur et religieux susdits, supplions notre révérend père abbé, et par les présentes, lui donnons plein pouvoir, si besoin est, de faire notre déclaration en la manière requise, et suivant les circonstances qu’il jugera convenables, et même, s’il le trouve nécessaire, de réclamer et protester en notre nom contre tout statut et décret qui serait porté, par le susdit chapitre général, au préjudice de notre Etroite Observance ; surtout et particulièrement de s’opposer tout ce qui pourrait détruire l’observance régulière de notre monastère de Prières, observance dans laquelle il s’entretient, par la miséricorde de Dieu, depuis plus de cent cinquante ans. Nous déclarons au surplus que notre intention n’est pas de nous séparer de notre ordre, à l’autorité duquel et des supérieurs majeurs d’icelui nous voulons toujours être respectueusement soumis. Nous requérons seulement que les susdits supérieurs nous fassent et nous laissent jouir de l’état légal, qui nous est donné par le bref d'Alexandre VII de l’an 1666, ainsi que de l'effet légal de ce bref en toutes les parties, qui regardent notre Etroite Observance. En outre, si notre révérend père abbé trouve qu’il y ait quelques autres demandes à former, nous consentons qu’il le fasse en notre nom comme au sien, selon qu’il le jugera à propos, et nous l’aurons pour agréable. En foi de quoi, et de tout ce que dessus, nous avons signé les présentes pour valoir ce que de droit et de raison, en notre abbaye de Prières, le 30 mars 1768. De Meaux, abbé ; Bougret, prieur ; Le Floch, sous-prieur ; Lorin de Maine, Trublet de la Brochardière, maître des Novices ; Gombau , Le Bert, Déron, Cartaing, Guérin, de Corcin, Beaudeau, Coquerel ». Il manque le nom de plusieurs religieux absents.
Le 17 septembre 1766 et le 28 juin 1771, M. de Meaux fit l’état suivant des revenus et du spirituel de son abbaye. Je crois utile de le donner tout entier, quoiqu’un peu long, parce qu’il fournit des appréciations justes et authentiques.
« 1° Spirituel. L’abbaye de Prières embrassa l'Etroite Observance de l’ordre de Cîteaux et fut remise en règle dans la première moitié du XVIIème siècle. Depuis ce temps-là, elle a conservé ses abbés réguliers et soutenu son observance avec édification. Les religieux se lèvent à deux heures après minuit, chantent l’office du jour, couchent sur la dure, portent la serge, observent une clôture exacte, un maigre continuel, excepté le cas de maladie. La régularité, les moeurs, le bon ordre, les bonnes oeuvres ont toujours régné dans cette maison. On ne craint pas de le dire, elle a eu le bonheur d’avoir, en différentes occasions, les suffrages les plus distingués de son évêque diocésain, de son voisinage, des supérieurs majeurs de l’ordre et de la province de Bretagne qui, en tous les temps, lui a donné des marques de considération. Prières jouit encore, par la miséricorde de Dieu, des mêmes avantages et se soutient dans les principes de l’état religieux. Il y a une vingtaine d’années, la communauté comptait cinquante religieux ; le mauvais état de ses affaires temporelles a réduit ce nombre à vingt dont douze prêtres. Son noviciat est commun depuis la réforme et s’étend à un bon nombre d'abbayes. Elle a en outre neuf prêtres profès de la maison, qui sont répandus dans divers monastères de l’ordre. Une seule cure dépend de l'abbaye, celle de Billiers.
2° Temporel. L’abbaye possède 37 métairies, qui produisent la somme de 9,649 livres, 16 sols ; trois moulins à vent et deux moulins à eau, qui donnent 1,727 livres ; un hospice dans la ville de Vannes ; un cabaret à Guédas, près le passage de la Roche-Bernard, 580 livres ; la maison ou hospice de Rennes vendu, en 1769, 12,000 livres pour rembourser des dettes, produisait 450 livres ; les rentes sur le domaine de Vannes, Auray, Guérande, rentes foncières et féodales, 1682 livres ; les dîmes en Elven, Rhuis, Bizol, Billiers, Liffré, 2,115 livres ; droits de passage sur la Vilaine, four banal à Billiers, impôts et billot sur les cabaretiers qui habitent des maisons dépendantes de l'abbaye, 1,859 livres ; prairies et landes, 567 livres ; vignes et bois, 370 livres ; marais salants, 200 oeillets aux portes du monastère, estimés chacun 3 livres, 1,280 oeillets aux environs du Croisic, estimés chacun 5 livres, 7,000 livres ; total du revenu complet de l'abbaye : de 25 à 26,000 livres. Les charges du monastère consistent en pensions imposées par le Roi, décimes, portions congrues, entretiens d’église, des lieux claustraux, métairies, moulins, maisons, passages, marais salants, et en rentes constituées pour les emprunts qu’il a été obligé de faire pour la reconstruction de l’église qui tombait en ruines, pour payer les bulles de ses abbés, bulles qui coûtent 2,500 livres ; enfin, pour subvenir aux dépenses extraordinaires que lui a occasionnées la guerre de 1759, vu que la flotte anglaise, lui ôtant la liberté de la pêche, il avait aux environs une partie de l’armée française, dont les officiers généraux et autres étaient habituellement logés et nourris à Prières. Toutes ces charges montent, pour les emprunts, en 1766, à la somme de 154,356 livres de principal aux deniers 20 et 25, dont les intérêts sont de 7293 livres, et, en 1771, à la somme de 120,004 livres, dont les intérêts sont de 4828 livres. Les pensions imposées par le Roi, à la somme de 8 à 10,000 livres. Les décimes, à 2968 livres. Les portions congrues au recteur de Billiers, à 500 livres. Les réparations, à 2000 livres. Il faut ajouter à ces charges les aumônes abondantes, les exercices de l’hospitalité à l’égard des visiteurs qui sont nombreux, la nourriture et les appointements d’un médecin, qui voit les religieux et les pauvres qu’il soigne gratuitement avec les remèdes de la pharmacie de la maison, qui ne se soutient que grâce l’abondance et au bas prix du poisson, qui forme la nourriture ordinaire des religieux et des hôtes. Ses ressources lui viennent surtout des bonnes années de sel et de la vente avantageuse des grains. Quand ces deux choses manquent, il faut emprunter ».
Ainsi, en 1766, le total, des revenus montait à 26,000 livres, 11 sols, 2 deniers, et le total des charges à 19,481 livres, 16 sols, 6 deniers. Il restait pour les dépenses de l'année moins de 7000 livres.
En 1771, les revenus montaient à 25,549 livres, 16 sols, 5 deniers ; les charges à 16,316 livres, 15 sols, 3 deniers. Il restait environ 9000 livres pour vivre. On ne pouvait donc payer de dettes qu’en vendant. La maison avait de 50 à 60 personnes à entretenir tous les jours.
M. de Meaux était Vicaire général comme ses prédécesseurs. Le 4 janvier 1784, il visita en cette qualité l'abbaye de Bégar (Bégard) qu’il trouva dans un état de régularité convenable.— Le nom de M. de Meaux est demeuré en vénération dans le pays. Il donna sa démission en 1787.
- Prudent-Charles de Corcin, né le 15 avril 1749 dans la paroisse de la Saulnière, évêché de Rennes, succéda à M. de Meaux. Il avait pris l’habit religieux à Prières le 30 juillet 1765 et fait sa profession le 3 août de l’année suivante. Cette profession, pour lui comme pour les autres religieux, était ainsi conçue : « Moi (nom et prénoms), promets ma stabilité, la conversion de mes moeurs, l’obéissance selon la règle de saint Benoît, abbé, devant Dieu et tous ses saints dont les reliques sont ici, et cela pour l'abbaye (nom de cette abbaye), construite en l’honneur de la Mère de Dieu, la Vierge Marie ». Le profès lisait cet acte à haute voix, et, après l'avoir signé, il le déposait sur l'autel en présence des supérieurs, de la communauté réunie et des séculiers présents.
Quand il fallut obtenir les bulles de M. de Corcin comme abbé de Prières, l'abbaye se rappela le mauvais état de ses affaires et désira les obtenir, sinon gratuitement, au moins pour un prix modique. Elle adressa une supplique au cardinal de Bernis, archevêque d'Albe, ambassadeur du roi à Rome, où on lit les passages suivants : « Le roi, sur la démission de Dom de Meaux, abbé régulier de l'abbaye royale de Prières, y a nommé Dom de Corcin, et, lors de cette nomination, il a ajouté 4700 livres de pension en outre de celle de 10,000 livres qui existait déjà. Elle se composait de 20 â 30 religieux et le noviciat de la province. Elle tirait son principal revenu de ses sels ; mais depuis que le roi de Prusse a établi des salines, ce revenu est presque anéanti. Le muid de sel, pesant 5500 livres, se vendait de 70 à 80 livres, il ne se vend plus que 15 livres de produit net, lorsqu’on peut s’en défaire. Cependant les frais sont devenus plus considérables pour le garder sur les marais et le déchet plus grand. Les religieux ont l'espérance que votre Eminence comprendra ces motifs, et ils adresseront au ciel leurs voeux pour le bonheur et la conservation de ses jours ». M. de Corcin reçut ses bulles vers les derniers jours de l'année 1787, il devait sa nomination surtout à M. de Boisgelin, maréchal de France.
Pendant toute l'année 1786, M. de Corcin fut occupé à la visite de diverses abbayes de Bretagne. Il intitulait ses actes de la manière suivante : « Nous, frère Prudent de Corcin, religieux, prêtre et directeur des Dames de la Joie d'Hennebont, ordre de Cîteaux, diocèse de Quimper ». Il remplaçait M. de Meaux, vieux et infirme. Le nouvel abbé ne ressemblait pas à ses devanciers pour son zèle et son dévouement à l’étroite observance. Il faisait servir en gras au moins à l'hôtellerie, et ses religieux, qui tenaient aux bons usages, usèrent leurs habits de serge jusqu’au dernier fragment sans pouvoir en obtenir d’autres.
- Derniers moments de l'abbaye. Nous sommes arrivés à une époque solennelle pour la religion catholique toute entière. Les ordres religieux ne seront pas plus épargnés que le clergé séculier. Nous nous bornons à notre sujet.
Les 11, 12 et 13 août 1790, quatre membres du Directoire de la Roche-Bernard se présentèrent à Prières pour faire un inventaire de ses biens. Ils y trouvèrent les religieux dont les noms suivent : - 1° Prudent-Charles de Corcin, abbé, âgé de 42 ans ; - 2° Urbain Bodeau, prieur, âgé de 54 ans ; - 3° Georges Willaime, sous-prieur, âgé de 52 ans ; - 4° René Gombaud, âgé de 62 ans ; - 5° Raymond Danet, âgé de 62 ans ; - 6° Pierre-Vincent Le Bert, âgé de 55 ans ; - 7° Nicolas Testefort, âgé de 50 ans ; - 8° Jean-Baptiste Lévêque, procureur, âgé de 39 ans ;- 9° Louis Quiniou, âgé de 43 ans ; - 10° Nicolas Robis, âgé de 31 ans, tous prêtres, avec André Dufresne, absent, âgé de 68 ans.
Ces religieux, interrogés séparément sur leur intention de sortir du monastère ou d’y rester, répondirent tous sans exception qu’ils voulaient y vivre et mourir.
L’argenterie de l’abbaye consistait en six flambeaux, une écuelle, une cafetière, deux grande cuillères et quarante-neuf couverts. A la sacristie il y avait un ostensoir et un calice dores, neuf calices, deux ciboires, deux bénitiers en argent.
La chapelle de l’abbé renfermait un calice, burettes et bassin en argent doré ; une croix pectorale, une crosse en argent, quatre mitres de diverses couleurs et des ornements peur célébrer la sainte messe. Les ornements de la sacristie n’étaient ni nombreux ni de valeur. La bibliothèque renfermait 1088 volumes in-folio, 569 volumes in-quarto, 1089 volumes in-octavo, 248 volumes in-douze, 120 volumes in dix-huit, 25 volumes in-vingt-quatre. Total, 5370 volumes.
La basse-cour possédait six boeufs, quatre taureaux, dix-huit veaux élèves, trois vieux chevaux, vingt-quatre vaches, une voiture quatre roues.
Les titres et papiers de l'abbaye furent inventoriés, et formaient quelque chose de bien considérable et bien précieux. Il y avait aussi un cabinet d’histoire naturelle renfermant un grand nombre de minéraux de toute nature.
Un second inventaire fut fait le 20 avril 1791 et jours suivants. Il constata que rien n’avait été dérangé depuis l’inventaire précédent, à l’exception des bestiaux que la nation avait fait vendre dans le mois de mars ; mais que quelques objets avaient été oublies. On en prit note.
Dans le mois de janvier 1790, les commissaires firent rentrer la somme de 4070 livres, dans le mois d’avril 1100 livres. Ils dépensèrent, dans le mois de mars de la même année, 4193 livres ; dans le mois d’avril, 4727 livres ; dans le mois de m’ai, 5514 livres ; dans le mois de juin, 2093 livres ; dans le mois d’août, 3227 livres ; dans le mois de septembre, 1942 livres ; dans le mois de janvier 1791, 4594 livrés. Je n’ai pas vu d’autres comptes.
La vente mobilière commença le 19 septembre 1791 et fut continuée tous, les jours, depuis huit heures du matin jusqu’à la tombée de la nuit, jusqu’au 26 octobre suivant. Tout fut vendu jusqu’aux plus petits objets. On ne laissa absolument rien aux religieux qui demeuraient encore à l’abbaye. M. de Corcin et quelques-uns de ses inférieurs firent quelques achats des choses les plus nécessaires pour un petit ménage, ce qui prouve qu’ils se faisaient encore illusion sur les mesures que le mouvement révolutionnaire allait amener contre eux. M. Corbun, négociant du midi, qui avait acheté les maisons du monastère, se décidant sans doute à venir les occuper, avait chargé un des commissaires de se porter adjudicataire pour les pièces du Mobilier qui lui convenaient. Il en acheta plus du tiers, qui montait à la somme de 5166 livres, 16 sols, 3 deniers. Le prix total de la vente monta à la somme de 14,604 livres, 7 sols, 9 deniers.
Comme l’agitation et les symptômes de résistance apparaissaient et s’étendaient dans les campagnes au commencement de 1792, le Gouvernement voulut se mettre en mesure de tout dominer et avoir des troupes sur les lieux. Il demanda à M. Corbun la résiliation de l’acte d’achat de Prières. Il y consentit, et on fit une nouvelle vente, du 16 au 24 avril, du mobilier qu’il avait acheté.
Les religieux se dispersèrent de tous côtés et allèrent la plupart en Espagne. Des troupes les remplacèrent pendant toutes les années de la révolution. Comme elles se composaient de ce qu’il y avait de plus mauvais, elles ne respectèrent rien.
M. Le Masne, en 1801, acheta, du gouvernement consulaire, les maisons de l'abbaye dans un état de délabrement complet. L’église avait servi à loger les chevaux et leurs fourrages. Le plomb qui en couvrait le dôme avait été enlevé pour faire des balles, de sorte que la pluie passait partout. Nulles réparations n’avaient été faites pour combler les vides.
Vers 1802 et 1803, quelques religieux revinrent, non à Prières qui n’existait plus pour eux, mais à Muzillac. Cependant les nouveaux propriétaires leur offrirent l’hospitalité que Dom Testefort accepta seul jusqu’à sa mort. Ils avaient reçu des feuilles de routes des autorités françaises, et celle de Dom Louis Morel était signée par l'aide-de-camp Subervic, à Lisbonne, le 21 thermidor an X de la république.
Mgr. de Pancemont, évêque de Vannes, écrivait la lettre suivante à Dom Willaime, le 24 août 1805. « Vous me remplissez de joie, mon fils, que j’aime tendrement et à qui je n’ai qu’un seul reproche à faire, celui de ne pas soigner sa santé. Je veux que vous soyez heureux et que vous restiez à Muzillac suivant votre désir. Vous avez bien servi l’église comme prêtre et comme religieux, il faut que dans votre vieillesse vous n’éprouviez pas de contrariétés. Je vous renvoie toutes vos pièces que j’ai toujours eues sous clef entre mes seules mains. Je dois cet esprit de vigilance à ma place de curé de Saint-Sulpice, qui m’obligeait à veiller avec une scrupuleuse diligence sur les papiers d’autrui. O mon fils, ne vous laissez jamais abattre par vos infirmités et vos peines. Dieu connaît vos intentions droites, votre coeur dévoué, votre âme excellente. Je vous commande comme évêque de jeter toutes vos souffrances dans le sein des miséricordes éternelles. S’il vous manque quelque chose, ne craignez pas de me le dire, je vous aiderai, et Dieu m’en tiendra compte dans le ciel, l’unique objet de mes voeux. Mille choses à Dom Nicolas. ANT : XAV : évêque de Vannes ». Dom Louis Morel, né le 8 décembre 1764, entra à Prières la veille de la Toussaint 1785. Il y fit profession le 29 mai 1790, et fut ordonné prêtre le 18 décembre de la même année. Dernier profès, il fut le dernier vivant, il mourut en 1848. En 1821, il eut la pensée de faire un voyage à la Meilleraie (Melleray). L’abbé, Dom Antoine, lui fit la réponse suivante ; « Si nous nous faisons un devoir de recueillir avec empressement toutes les personnes qui viennent nous visiter, avec quel plaisir ne recevrons-nous pas un vénérable, confrère, un religieux de Cîteaux, un enfant de saint Bernard, profès de cette célèbre abbaye de Prières, chef-lieu de la Reforme, où notre digne père, M. l’abbé de Rancé, avait fait son noviciat. Soyez sûr que votre séjour chez nous, quelque long que vous puissiez le supposer, nous paraîtra court. Ce sentiment est partagé par tous les frères. Les liens monastiques ne le cèdent en rien à ceux du sang. Vous le comprenez, vous qui, au milieu de la dispersion et de l’exil, avez toujours cherché la vie commune, ne fût-ce qu’en vous réunissant à vos confrères errants comme vous sur la terre étrangère. Mettez, donc votre projet à exécution, et venez ».
Il ne nous, reste qu'une question a traiter, celle des tombeaux et des restes, des duc et duchesse de Bretagne enterrés à Prières. Notre réponse est facile, grâce au procès-verbal qui suit : « Je soussigné, recteur de la paroisse de Billiers, déclare que, mandé par M. Jean-Baptiste Le Masne, propriétaire de Prières, me suis transporté, ce 23 septembre 1841, sur les quatre heures de l’après-midi, sur les lieux de l’ancienne abbaye. J’y ai vu une pierre de crasanne (tuf) longue de 1 mètre 33 centimètres, large de 33 centimètres, qu’on venait de découvrir dans le choeur de l'église en démolition et au milieu des décombres. Cette pierre se trouvait du côté de l’évangile, était recouverte par le pavé et les morceaux de marbre d’une épitaphe brisée, en 1793, par les soldats alors en garnison dans l'abbaye.
HIC JACet
ILLUSTRIS
BRlTAnniæ princeps
JOHANNEs, dictus Rufus ;
VIR DECORUS FACie, dextra robustissimus
(Note : Robustissimus. Le crâne et un tibia, ainsi que d’autres fragments des restes de Jean Ier, trouvés dans la circonstance dont il est question, surprirent les assistants par leur ampleur fort peu ordinaire) ;
INIMICis
formidandus
RELIGIONIS
AMATOR, scelerum vindex æquitissimus
CLERI
PAUperumque defensor
COENOBII
HUJUS FUNDator et præcipuus benefactor
QUI OBIIT die VIII mensis octobris
ANNO
REPARAtæ salutis humanæ MCCLXXXVI.
Marmore
sub eodem
REQUIESCUNT ossa D. Isabellis de Castillia, uxoris quondam sereni principis Johannis hujus nominis III Ducis Britanniæ qui obiit die XXIV mensis julii 1328. Requiescant in pace.
Les morceaux qui recouvraient la pierre de crasanne ont été levés devant nous, et nous avons vu qu’elle se composait de deux compartiments creusés qui renfermaient chacun les ossements incomplets d’un individu. Après l’avoir recouverte, nous l’avons fait enlever et mettre en sûreté ainsi que les débris de l’épitaphe, afin de déposer le tout plus tard dans la nouvelle chapelle de la maison quand elle sera finie. D’après la tradition, ces ossements d’un duc et d’une duchesse de Bretagne auraient été tirés de l’ancienne église et replacés dans la nouvelle commencée en 1716, et mis du côté de l’évangile. Le tout pour servir ce que de droit. Fait en triple expédition, à Prières, ce 23 septembre 1841. Guyot, desservant de Billiers ». Tous ces débris ne sont pas ceux de monuments primitifs, mais ceux du tombeau refait par Melchior de Sérent, vers 1720.
Note : Le fondateur, Jean Ier, décédé en son château de l'Isle en 1286, fut inhumé dans le choeur de l'église, sous l'abbatial de Rivallon. Une dalle, aujourd'hui disparue, portait jadis l'inscription suivante : « Ici repose un Duc qui gouverna cinquante ans la Bretagne ; il eut le bras robuste, la figure belle. Fondateur de ces lieux, il triompha de ses ennemis par sa prudence et doubla justement ses droits par sa vigilance. Zélateur de la foi, juste vengeur des crimes, protecteur du pauvre et du faible, défenseur du clergé et pacificateur de pays, il dompta tous les rebelles. Il mourut en l'an mille deux cent quatre vingt six, dix jours avant la fête de Saint Luc : "qu'il soit toujours avec Dieu" » (première épitaphe).
Note : l'épitaphe du duc Jean Ier (citée précédemment) rappelait : " Ci-gît, l'illustre prince de Bretagne, Jean dit Le Roux, homme d'une belle figure d'un bras très fort, redoutable à ses ennemis, aimant la religion, très juste vengeur des crimes, défenseur du clergé et des pauvres, fondateur et principal bienfaiteur de ce monastère, mort le 8 octobre de l'an du Salut 1286 " (deuxième épitaphe).
Voici un autre procès-verbal : « Le 21 décembre 1842, à l’heure de midi, nous soussignés, déclarons que, d’après l’autorisation de Mgr. l’évêque de Vannes, avons replacé dans la nouvelle chapelle construite par M. Le Masne sur l’emplacement de l’ancienne église, les restes mortels : - 1° de Jean Ier , fondateur de l'abbaye ; - 2° d'Isabelle de Castille, veuve de Jean III ; - 3° de Melchior de Sérent, abbé ; - 4° de Jacques Nouel, abbé ; - 5° d'Abel de Rolle, abbé ; - 6° d’un abbé placé dans une tombe sans inscription (Jean Raoul).
Nous certifions que tous ces restes ont été placés dans la chapelle comme il suit : - 1° ceux du Duc, fondateur, et d'Isabelle de Castille, du côté de l’évangile, dans la même pierre creusée dans laquelle on les avait trouvés et de la même manière, c’est-à-dire les ossements de Jean Ier au haut et près de l'autel, ceux d'Isabelle à l’opposé, dans l’autre compartiment de ladite pierre ; - 2° ceux de Melchior de Sérent du même côté de l’évangile ; - 3° ceux de Jacques Nouel et Abel Rolle du côté de l'épître.
En foi de quoi nous avons signé le présent les jour et an que dessus. Guyot, recteur de Billiers. Mouessard, vicaire de Billiers. Roussel prêtre en retraite. Dom Louis Morel, prêtre, ancien et dernier religieux de Prières. Jean-Baptiste Le Masne, aîné ». (extraits des notes de l'abbé Piederrière).
MOINES.
Après les abbés viennent naturellement les moines. Le monastère de Prières avait été fondé pour une trentaine de religieux ; toutefois ce chiffre n’était pas de rigueur : il a été parfois dépassé, quelquefois aussi il n’a pas été atteint.
Malgré l’aridité du sujet, il est peut-être bon néanmoins de donner la liste des moines connus, parce qu’elle peut intéresser d’innombrables familles. Au XIIIème siècle, après la fondation de l’abbaye, tous les religieux nous sont inconnus, sauf Daniel de Muzillac, mentionné en 1275.
Au XIVème siècle, en 1358, on rencontre les frères : Prégent Apert, prieur, Even de Raie, cellérie, Roland David, sous-prieur, Hervé de Pléverin, Jean Meniou, Even de Kerguillerm, Radier de Langonet, Guillaume Le Prieur, Radier de Coetcandec, Philippe de Saint-Malon, Guy du Merdy, Jacques Pen, Geoffroi Le Veau ; et peu après, Guillaume Brescant, Guillaume de Trébiguet et Jean Raoul. Cette liste est certainement incomplète.
En 1394, on trouve les frères : Guillaume de Saint-Molf, prieur, Jean Gouasdon, Olivier de N..., Yves de Hunzinène (?), Jean Mézia, Yves Arnou, Hervé Stéphan, Even Belion, Yves Kergoaez, Jean Le Roux, Jean Le Poupon, Thomas Mathieu, Jean Rézou, Jean Raoul, Guillaume Rogier et Nicolas Pérennès.
Au XVème siècle, on rencontre, en 1418, Guillaume Janvier, procureur, Jean Johingou, Yves du Marcheil et Jean de Carné ; puis, en 1434, Jean Rohel et Pierre Montervaud.
En 1484, on trouve les frères : Jacques Aguillon, prieur, Martin Guiton, sous-prieur, Bertrand de Bellouan, procureur, Olivier Mello, futur abbé de Lanvaux, Olivier Le Hen, Pierre Marzault, Alain de Kereveno, Jean de Bellouan, Guillaume Patarin, Guillaume Moésan, Alain du Chastel, Mathurin Rouxeau, Guillaume Le Bouteiller, Raymond Le Verrier, Jean Auffray et Etienne Luret.
Au XVIème siècle, en 1521, se présentent les frères : Pierre Car, prieur, Yves Robert, Hervé Ruel, Pierre Maillart, Bertrand de Brouel, futur abbé de Lanvaux, Alain Le Nas, Guillaume Robino, Guillaume Dagault, Jean de Quihiac, Julien de Trémereuc, Guillaume Guymar et Guillaume Car, futur abbé de Prières.
On rencontre ensuite, à diverses dates, Hervé Ridès, François de la Folye, François de Quenays, Jean Mahé, Martin Car, Julien Chauvel, François de Bogar, Jean de Coetlagat, Julien de la Boessière, Pierre Rouillé, Louis de Néant, François Baconnière, Esprit Le Voyer, Richard Guyassant, Jean de Penbulzo, Mathurin Maniez, Guillaume Foyneau, et Jean Bougo.
En 1598, il ne restait plus que six moines à Prières : Julien de Lentivy, prieur, E. Gaudin, Noel Loyret, Guillaume Gourio, René Parent et Georges de Bodoyec.
Le XVIIème siècle vit la résurrection religieuse de Prières, grâce aux efforts de Dom Bernard Carpentier. Voici la liste des profès de la stricte observance, religieux de choeur :
Dom Pierre Aubry, profès le 11 septembre 1614.
Dom Julien Bienassis, de Rennes, profès en 1614, mort au Relec.
Dom Jean Le Beschu, de Rennes, profès en 1614, mort en 1653.
Dom Jean Le Duc, de Saint-Brieuc, profès en 1615, mort en 1628.
Dom Guillaume Jamet, profès en 1615, abbé en 1630, mort en 1631.
Dom Guillaume Bret, de Vannes, profès en 1615, mort en 1619.
Dom Vincent de Kerderien, de Tréguier, profès en 1617, mort en 1633.
Dom Olivier Cocheu, de Nantes, profès en 1617, mort en 1627.
Dom Jean de Quellenec, profès en 1617, abbé de Saint-Aubin en 1626-1634.
Fr. Jean Le Chevoir, de Tréguier, profès en 1617, mort en 1620.
Dom Alexandre Perret, de Ploërmel, profès en 1619, mort en 1629.
Dom Jean Gallerand, profès en 1619, prieur, mort en 1652.
Fr. Julien Primes, clerc de Rennes, profès en 1619, mort en 16..
Dom Mathurin Olive, de Saint-Malo, profès en 1619, mort à Bégar (Bégard) en 1643.
Fr. Jean Le Tourneux, clerc, profès en 1619, mort à Noirmoutier en 1624.
Dom François de Kerprigent, de Saint-Malo, profès en 1620, mort en 1631.
Fr. Jacques Gardé, clerc, profès en 1620, mort en 1629.
Dom Olivier de Carheil, de Vannes, profès en 1620, mort à Villeneuve en 1636.
Fr. Gilles Gatechair, de Vannes, profès en 1620, mort en 1626.
Dom Abel Perret, de Ploërmel, profès en 1620, mort en 1654.
Dom Guill. Chrestien, de Vannes, profès en 1620, mort en 1668.
Dom Roland Emery, de Léon, profès en 1620, mort en 1648.
Dom François de Kersaliou, d e Tréguier, profès en 1620, mort en 1650.
Dom Nicolas de Forges, de Saint-Malo, profès en 1621, mort en 1652.
Fr. Jacques Daniel, clerc, profès en 1621, mort en 16..
Fr. Gilles du Déron, clerc, de Vannes, profès en 1623, mort en 1627.
Dom Jean Drouet, de Rennes, profès en 1623, abbé, mort en 1660.
Dom Claude Clément, de Lamballe, profès en 1623, mort en 1675.
Dom Louis de Lespine, de Ploërmel, profès en 1623, mort en 1649.
Dom Raoul de Lanloup, de Tréguier, profès en 1623, mort en 1649.
Fr. François Dondel, d'Hennebont, profès en 1623, mort en 1637.
Dom Guy Noguet, de Redon, profès en 1623, mort en 1665.
Dom Olivier Maignan de Vannes, profès en 1623, mort en 1650.
Fr. Bertrand Chassé, clerc, profès en 1623, mort en 16..
Dom Grégoire de Lespine, de Ploërmel, profès en 1623, mort en 1638.
Fr. Charles Marion, de Quimperlé, profès en 1623, mort en 1635.
Dom Armel Roulleaux, de Ploërmel, profès en 1623, mort en 1635.
Dom André Bernier, de Normandie, profès en 1623, mort en 1654.
Fr. Antoine Le Gouvello, d'Hennebont, profès en 1623, mort en 1628.
Dom Jean Jouaud, de Rennes, profès en 1623, abbé de Prières.
Dom Thomas Chenu, de Saint-Malo, profès en 1623, mort en 1663.
Fr.. Alain Gingas, clerc, profès en 1623, mort en 1625.
Dom Claude de Cancoet, de Lamballe, profès en 1623, mort en 1644.
Dom Guillaume de Carheil, de Vannes, profès en 1624, mort en 1660.
Fr. Alexandre de la Lizardière, clerc, profès en 1624, mort en 16..
Fr. Pierre Esnaud, clerc, profès en 1624, mort en 1628.
Dom Robert Loriot, de Laval, profès en 1624, mort en 1668.
Fr. Jean Tripon, clerc, profès en 1624, mort en 1627.
Dom Claude Le Tourneux, de Nantes, profès en 1624, mort en 1642.
Dom Robert Graffard, de Quimper, profès en 1625, mort en 1640.
Fr.- Guillaume Geslin, clerc, de Rennes, profès en 1625, mort en 16..
Dom Nicolas Thibault, d'Hennebont, profès en 1625, mort en 1645.
Dom Jacques Jouaud, de Rennes, profès en 1625, mort en 1658.
Fr. Jacques Clément, clerc, de Lamballe, profès en 1626, mort en 16..
Dom Raoul Pénière, du Mans, profès en 1626, mort en 1660.
Fr. René Hamon, de Lamballe, profès en 1627, mort en 16..
Fr. Richard Turgot, de Guémené, profès en 1627, mort en 1630.
Fr . Jacques Hardouineau, clerc, profès en 1627, mort en 1629.
Fr. Jean Grappe, clerc, profès en 1628, mort en 16..
Dom Pierre Chevé, profès en 1628, abbé de Saint-Maurice en 1650-1679.
Dom Bertrand Poullain, de Lamballe, profès en 1628, mort en 1675.
Dom Julien Eon, d'Hennebont, profès en 1628, mort en 1646.
Dom André Chartier, de Saint-Malo, profès en 1630, mort en 1675.
Dom Julien Paris, de Rennes, profès en 1630, abbé, mort en 1672.
Dom Julien Primes, de Rennes, profès en 1630, mort en 1646.
Dom Guill. Gautier, de Dinan, profès en 1630, hist., mort en 1671.
Dom Mathurin Collet, de Tréguier, profès en 1632, mort en 1637.
Dom Etienne Le Mée, de Nantes, profès en 1632, mort en 1662.
Fr. François Gâtechair, de Vannes, profès en 1632, mort en 1640.
Dom Rodolphe Hindré, de Lamballe, profès en 1634, mort en 1654.
Dom Léonard Gautier, de Rennes, profès en 1634, mort en 1661.
Dom Pierre Falaize, de Rennes, profès en 1635, mort en 16..
Dom Georges Le Bret, de Saint-Malo, profès en 1636, mort en 1682.
Dom Pierre Le Duc, de Laval, profès en 1636, mort en 1671.
Dom François Blondel, de Rennes, profès en 1636, mort en 1682.
Dom Hervé du Tertre, de Rennes, profès en 1636, abbé de Prières.
Dom Guill. Cherbonel, de Rennes, profès en 1636, mort en 1656.
Fr. Jean Menardaye, de Rennes, profès en 1636, mort en 1642.
Fr. Barthélemy Ribault, clerc, profès en 1637, mort en 1639.
Dom Samson Godefroy, profès en 1637, prieur, mort en 1663.
Dom Jean Le Tellier, de Léon, profès en 1637, mort en 16..
Dom Laurent Chesne, de Ploërmel, profès en 1638, mort en 1662.
Dom Nicolas Mainguy, de Rennes, profès en 1638, mort en 1671.
Dom Guillaume Héligon, de Vannes, profès en 1638, mort en 1671.
Fr. Pierre Perret, de Ploërmel, clerc, profès en 1638, mort en 1638.
Dom Yves Moricet, de Vannes, profès en 1638, mort en 1679.
Fr. Mathurin Louail, clerc, profès en 1638, mort en 16..
Dom Jean Guillaume, de Nantes, profès en 1638, mort en 1690.
Dom François Binart, de Saint-Brieuc, profès en 1638, mort en 1687.
Dom Yves Chaperon, de Lamballe, profès en 1638, mort en 1678.
Dom Christophe Guyon, de Saint-Malo, profès en 1638, mort en 1681.
Fr. Jean Amette, de Saint-Brieuc, diacre, profès en 1638, mort en 1686.
Dom Eusèbe Couaisnon, de Rennes, profès en 1638, mort en 1678.
Dom Michel Meunier, de Vannes, profès en 1638, mort en 1642.
Fr. Guy Hamart, de Rennes, diacre, profès en 1638, mort en 1669.
Dom Denis Mauduit, de Rennes, profès en 1638, mort en 1684.
Dom Laurent Durand, de Saint-Malo , profès en 1638, mort en 1671.
Dom Nicolas Macé, de Normandie, profès en 1639, mort en 16..
Dom Mathurin Estasse, de Saint-Malo, profès en 1639, mort en 1689.
Dom Simon Le Pescheux, du Mans, profès en 1639, mort en 1670.
Dom Julien Chemynel, de Rennes, profès en 1639, mort en 1669.
Dom Pierre de Lespine, de Ploërmel, profès en 1639, mort en 1663.
Dom Georges Perno, de Vannes, profès en 1639, mort en 1666.
Dom Julien Maunoir, de Normandie, profès en 1639, mort en 1670.
Dom Julien Le Gros, de Laval, profès en 1639, mort en 1646.
Dom Julien Aoustin, de Saint-Malo, profès en 1640, mort en 1686.
Dom René Georgelin, de Saint-Brieuc, profès en 1640, mort en 1694.
Dom Louis Le Bourva, profès en 1643, abbé, mort en 1677.
Dom Jean Pannelier, de Saint-Malo, profès en 1647, mort en 1671.
Dom Jean Guyon, de Saint-Malo, profès en 1652, mort en 1713.
Dom Pierre Bouan, de Lamballe, profès en 1657, mort en 1660.
Dom Pierre Gaultier, de Nantes, profès en 1658, mort en 1703.
Dom Pierre Jarniguen, de Nantes, profès en 1658, mort en 1687.
Fr. Jean Juhel, de Nantes, diacre, profès en 1658, mort en 1661.
Dom Jacques Jarniguen, de Nantes, profès en 1658, mort en 1707.
Dom Rodolphe Gicquel, de Nantes. profès en 1659, mort en 1704.
Dom Joseph Gérard, de Nantes, profès en 1660, mort en 1685.
Dom Paul Pezron, d'Hennebont, profès en 1662, abbé de Charmoie.
Fr. Benoît Le Kernevé, de Guémené, profès en 1662, mort en 1665.
Dom Thomas Gambert, de Saint-Brieuc, profès en 1662, mort en 1721.
Dom Bernard Corbière, de Rennes, profès en 1662, mort en 1698.
Dom Pierre Chérel, de Rennes, profès en 1662, mort en 1716.
Dom René Le Texier, de Rennes, profès en 1662, mort en 1716.
Dom Albéric de la Porte, de Laval, profès en 1662, mort en 1714.
Dom Louis Le Boulleur, de Pontivy, profès en 1662, mort en 1709.
Fr. Jacques Gillard, de Guémené, profès en 1663, mort en 1665.
Dom Marc Hardy, de Rennes, profès en 1668, écrivain, mort en 1710.
Dom Pierre Couriolle, de Redon, profès en 1669, mort en 1684.
Fr. Julien Belouan, de Lamballe, profès en 1671, mort en 1672.
Dom Jean Duclos, de Saint-Malo, profès en 1671, mort en 1681.
Dom Jean Darenet, de Saint-Malo, profès en 1671, mort en 1705.
Dom Joseph Glémeau, de Nantes, profès en 1671, mort en 1690.
Dom Jh-Melchior de Sérent, profès en 1672, abbé en 1681, mort en 1727.
Dom Louis Rousseau, du Port-Louis, profès en 1673, mort en 1710.
Dom Mathurin Duchesne, de Ploërmel, profès en 1673, mort en 1709.
Dom Hyacinthe Frélon, de Rennes, profès en 1674, mort en 1729.
Dom Mathurin Bonamy, de Saint-Malo, profès en 1674, mort en 1731.
Dom Julien de Lalouette, d'Hennebont, profès en 1676, mort en 1700.
Dom Thomas Hungé, de Dinan, profès en 1676, mort...
Dom Jacques Nouel, de Saint-Malo, profès en 1679, abbé en 1703-1741.
Dam René Guyot, de Quimperlé, profès en 1680, mort en 1691.
Dom Louis Girouard, de Poitiers, profès en 1685, mort en 1708.
Dom Charles Le Boy, d'Angers, profès en 1685, mort en 1739.
Dom Léonard Massoneau, de Nantes, profès en 1686, mort en 1703.
Dom Michel Hubert, de Vannes, profès en 1686, mort en 1704.
Dom Joseph Morin, de Saint-Malo, profès en 1687, mort en 1718.
Dom François Soul, de Rennes, profès en 1687, mort en 1712.
Dom Jacques de la Noë, d'Angers, profès en 1688, mort en 1713.
Dom Charles Evenou, de Lannion, profès en 1689, mort en 1706.
Dom René Cadet, d'Hennebont, profès en 1690, mort en 1712.
Dom Joseph Lescaudu, de Rennes, profès en 1690, mort en 1728.
Dom Jean de Derval, de Vannes, profès en 1691, mort en 1713.
Dom Jean-Fr. Le Pré, de Saint-Brieuc, profès en 1691, mort en 1705.
Dom. Jean Huo, d'Hennebont, profès en 1692, mort en 1719.
Fr. Jacques Alping, d'Angleterre, profès en 1692, mort en ....
Dom Pierre Le Ray, de Nantes, profès en 1692, mort en 1719.
Dom Alexis Pédron, de Pontivy, profès en 1692, mort en 1724.
Dom Jean Le Gris, de Vannes, profès en 1692, mort en 1727.
Dom Jean-G. de Combles, de Guérande, profès en 1696, mort en 1725.
Dom Jean-Jh Duboys, d'Hennebont, profès en 1696, mort en 1718.
Dom Gilles-Hyac Duboys, d'Hennebont, profès en 1697, mort en 1749.
Dom François du Botloy, de Tréguier, profès en 1698, abbé.
Dom Mathurin Le Gouvello, d'Hennebont, profès en 1699, mort en 1725.
Dom Jacques du Bouëtiez, d'Hennebont, profès en 1699, mort en 1710.
Dom. Armand Bréart, du Port-Louis, profès en 1700, mort en 1756.
Dom Yves Allan, de Vannes, profès en 1703, mort en 1732.
Fr. Jérôme de Langle, de Rennes, profès en 1705, mort en 1743.
Dom François Touzé, de Vannes, profès en 1705, mort en 1733.
Dom Claude-M. de la Fruglaye, de Saint-Brieuc, profès en 1707, abbé en 1741-1764.
Dom Pierre de Béthune, anglais, profès en 1707, mort en 1717.
Dom Etienne Péan, de Rennes, profès en 1708, mort en 1726.
Dom Julien Fourcet, de Vannes, profès en 1710, mort en 1750.
Dom François du Botderu, de Vannes, profès en 1710, mort en 1729.
Dom Jean-Fr. de Saint-Malon, de Ploërmel, profès en 1711, mort en 1744.
Fr. Jean Cormont, chirurgien, profès en 1711, mort en 1740.
Dom Agathon de Maulde, de Flandre, profès en 1711, mort en 1735.
Dom Gérosime Symon, de Flandre, profès en 1711, mort en 1737.
Dom Alexis Quintin, de Vannes, profès en 1741, mort en 1743.
Dom Yves-M. Morice, de Quimperlé, profès en 1713, abbé, mort en 1766.
Dom Yves-Jh Gobbé, de Rennes, profès en 1715, mort en 17..
Dom Abel Bolle, de Vannes, profès en 1719, abbé Prières en 1764-1766.
Dom Jean-Chrys. Gaultier, de Ploërmel, profès en 1720, mort en 1728.
Dom Eusèbe Baconnière, de Rennes, profès en 1723, mort en 1768.
Dom Nicolas Hervoet, de Rennes, profès en 1727, mort en 1741.
Dom Vincent-C. Goureuf de Tremenec, profès en 1727, mort en 1764.
Fr. Jacques Doublet, de Saint-Brieuc, profès en 1730, mort en 1731.
Dom Pierre Canuel, de Guérande, profès en 1730, mort en 1758.
Dom Ignace Le Loué, de Tréguier, profès en 1730, mort en 1748.
Dom Vincent Maridois, de Tours, profès en 1730, mort en 1753.
Dom Thomas Maguet, de Pontivy, profès en 1730, mort en 1755.
Dom Jean-B. de Lespiney, de Vannes, profès en 1734, mort en 1753.
Dom Daniel-Claude Lorin, de Rennes, profès en 1732, mort en 1773.
Fr. Jacques Berthaud, de Nantes, profès en 1733, mort en 1762.
Dom Joseph Dumaine, de Rennes, profès en 1736, mort en 1774.
Dom Amaury Baugeard, de Rennes, profès en 1737, mort en 1765.
Dom Guy Bougret, de Rennes, profès en 1737, mort en 1784.
Dom Jacques Trublet, de Saint-Malo, profès en 1737, mort en 17..
Dom Jean-Ch. Le Blanc, de Saint-Brieuc, profès en 1738, mort en 1753.
Dom Jean-Fr. Bot, de Pontivy, profès en 1741, mort en 1785.
Dom Pierre-M. Bonnet, de Ploërmel, profès en 1741, mort en 17..
Dom Jacques du Fresne, de Saint-Malo, profès en 1741, mort en 17..
Dom Jean-Louis de Meaux, de Picardie, profès en 1742, abbé en 1766-1787.
Dom. Claude-Fr. Droguet, de Lamballe, profès en 1744, mort en 1761
Dom Augustin Olivier, de Quimper, profès en 1744, mort en 17..
Dom Joseph Robin, d'Angers, profès en 1746, mort en 17..
Dom Louis de la Brochardière, de Saint-Brieuc, profès en 1751, mort en 17..
Dom François Gicquel, de Saint-Brieuc, profès en 1751, mort en 17..
Dom Honoré Floris, de Rouen, profès en 1752, mort en 17..
Dom René Combaud, d'Auvergne, profès en 1754, expulsé en 1791.
Dom Mathurin Le Floch, de Quimper, profès en 1756, mort en 1782.
Dom Vincent Le Bert, de Vannes, profès en 1757, expulsé en 1791.
Dom Jean-B. Deron, d'Orléans, profès en 1757, mort...
Dom Martin Castaing, de Merléac, profès en 1761, mort...
Dom Alexandre de Lépine, de Paris, profès en 1762, mort...
Fr. Michel Guérin, de Vitré, profès en 1766, mort en 1776.
Dom Prudent-Charles de Corcin, profès en 1766, abbé en 1787-1791.
Dom Urbain Bodeau, d'Angers, profès en 1766, prieur, expulsé en 1791.
Dom Jean-Louis Coquerel, de Vannes, profès en 1767.
Dom Alain Olivier, du Léon, profès en 1769.
Dom Georges Willaume, de Reims, profès en 1770, expulsé en 1791.
Dom Nicolas Testefort, de Lorraine, profès en 1771, expulsé en 1791.
Dom Barth-Hyac. Morel, d'Orléans, profès en 1772, mort...
Dom Jean-B.-Jh Lévêque, profès en 1773, expulsé en 1791.
Dom Louis Le Quiniou, de Quimper, profès en 1774, mort en 1790.
Dom Jacques-Théod. Landelle, d'Angers, profès en 1777, mort...
Dom Henri-Jh Bousis, de Cambrai, profès en 1777, expulsé en 1791.
Dom François Asseré, d'Angers, profès en 1778, mort...
Dom Ignace-Jh Le Febvre, de Valenciennes, profès en 1780, mort...
Dom Ange Destais, de Laval, profès en 1780, mort...
Dom Nicolas Raby, de Brest, profès en 1782, expulsé en 1791.
Dom Michel-Simon Payen, de Cambrai, profès en 1782, mort...
Dom Louis Morel, entré en 1785, profès en 1790, expulsé en 1791.
MONASTÈRE.
Après les moines, voyons le monastère et l’église. Il ne nous reste aucune description du monastère primitif; mais il est probable qu’il se composait, comme dans les siècles suivants, d’un cloître carré, entouré d’une église sur le côté nord, et de bâtiments d’habitation sur les trois autres côtés. Il y avait aussi des constructions accessoires servant de granges, d’écuries, etc...
L’église, bâtie en 1251, en plein XIIIème siècle, était du style ogival primitif ; elle était en forme de croix latine, et divisée en trois nefs par des piliers ; le sanctuaire était à l’est et le choeur des religieux occupait le milieu de l’édifice ; au-dessus s’élevait un modeste clocher. C’est dans cette église que furent inhumés le duc Jean Ier, la duchesse Isabelle de Castille, la duchesse Jeanne de Hollande, les abbés de la maison, et plusieurs autres personnages, dont il sera question plus loin. Avec le temps, cette église subit diverses réparations ou modifications : c’est ainsi que la toiture fut refaite en 1435, et que le duc y contribua pour une large part. Quant au monastère proprement dit, voici quelle était sa distribution. Au rez-de-chaussée se trouvaient, à l’ouest, la dépense et la cuisine, au sud le réfectoire, à l’est le chapitre ou la salle capitulaire. Au premier étage, on voyait la bibliothèque et une série de chambres désignées sous le nom collectif de dortoir. Au-dessus se trouvaient les greniers. Un cloître en bas et un corridor au-dessus mettaient toutes les pièces en communication les unes avec les autres. Le plan ci-joint, à défaut de mieux, donne une idée approximative de la disposition générale. A l’origine, les abbés demeuraient avec leurs religieux ; mais plus tard, quand la discipline s’affaiblit, ils eurent un petit cloître particulier à l’est de l’église, avec une maison à part et une chapelle privée, voisine de l’infirmerie. Les bâtiments réguliers subirent, dans le cours des siècles, comme l’église elle-même, des restaurations plus ou moins importantes. Les abbés et les procureurs du monastère y veillaient attentivement. Mais au XVIème siècle, l’introduction des abbés commendataires fut le fléau et la ruine de la maison. Qu’on lise, pour s’en convaincre, le procès-verbal suivant, dressé le 17 juillet 1553, après la mort de l’abbé commendataire Guy Drouillart, par les commissaires de la sénéchaussée. |
Après avoir visité « le portal de l’abbaye, la basse-cour, la grange, le moulin à eau, la bouverie, le four et la forge,... entrantz au grand cloistre, avons veu et trouvé la voulte de la seconde porte, estante soubz la chambre de l’abbé Car (t 1536), rompue en partie du hault ; jouxte laquelle porte y avoient deux corps de logeix, servantz à despancze et cuisine, en laquelle despancze y a encore une chemynée ; queulx logeix sont tombés, fors la d. chemynée et partie des muroilles, dempuix les dix ans derroins (1543) ; et pour les reffaire coustera de massonnaige 15 livres monnoye, et le charpentaige 70 livres monnoye, et la coupverture 60 livres monnoye.
Et après d’illecques, par le d. grant cloaistre, avons entré au corps de la grande salle et réfectouer de la d. abbaye (au midi), quel avons veu et trouvé tombé et ruyné de boays et coupverture, le d. réfectouer contenant 90 piedz de longueur et 27 piedz de largeur : le charpentaige de la d. salle, où il reste 45 couples de la haulteur des pignons et 5 tirantz, estimé 500 livres monnoye ; et pour raccustrer la formerie de la viltre du pignon et les aultres coustera 15 livres monnoye, sans y comprandre les vitres ; le dit reffectouer par avant les six ans derroins (1547) estoit en bonne réparation, et y mangeoint et beuvoint les précédons abbés et moynes.
Et d’illecques nous suysmes transportés, passant parle d. grant cloistre, en la cuisine (actuelle) de la d. abbaye, et de la d. cuisine avons entré en ung petit déport, et puis en la salle, où à présent se réfectionnent les moynes de la d. abbaye, et le tout avons trouvé en assez bonne réparation ; et de la d. salle, passant par un petit déport, avons entré au jardin, au costé duquel devers le mynuict avons veu le logeix appelle l'infirmerie...
Ce faict, avons monté au hault et dessus de la d. salle, où est le dortouer de la d. abbaye, où avons trouvé en l’une des chambres, devers la prinson, la muraille rompue, qui coustera 50 soulz à réparer ; aussi avons veu et trouvé la coupverture du d. dortouer fort endommaigée, qui coustera à réparer 35 livres monnoye ; mesmes avons trouvé deux chambres du d. dortouer descoupvertes, et l’une desgarnye d'huys, et cousteront à réparer 50 soulz.
Du dortouer nous suysmes transportés à l’église abbatiale, où avons trouvé et veu les deux arches et voultes supportant le clochier fort caducz et prestz à tomber avecq le d. clochier ; item deux fentes et couleupvres (lézardes) ès deux costez de l’arche devers la chapelle du sieur de Bavallan ; et l’aultre arche du costé du dortouer encommenczcée à tomber ; .... quelles réparations, pour la massonnerye ont été estimées 500 livres monnoye, pour le charpantaige 200 livr. mon., et pour la réparation de la coupverture 25 livr. mon.
Au grant cloistre est requis reddifier un lintier près le chapitre, et reffaire l'escallier du coing près de l’église, qui coustera dix livres ; et avons trouvé deffault de traeze petits pilliers de pierre aud. grant cloistre, queulx pilliers à remeptre et rédiffier cousteront 26 livres monnoye.
Et d’illecques nous suysmes transportés au petit cloistre de l’abbé, où avons trouvé deffault de saeze petits pilliers, qui cousteront à reffaire 32 livres, et pour la conpverture 16 livres ; et pour la chapelle Nostre-Dame, qui est au bout du petit cloistre, la réparation coustera 42 livr. 10 soulz ; au grand corps de logeix de l’abbé, il coustera en réparations 70 livr. monnoye. Signé ; M. de Trégouet, commissaire, - J. de Cambout, procureur du roy. - J. Guillo, greffier ». [Largoet, Vannes].
Bientôt les aliénations des biens ecclésiastiques vinrent appauvrir la maison, et la ruine s’accentua ; en 1583, le prieur du monastère, Olivier de Saint-Paer, soutenu par ses supérieurs, plaidait au parlement de Rennes contre Bertrand Guillaudon, abbé commendataire, pour obtenir des réparations urgentes.
Heureusement Jean Bouchard vint commencer, vers 1613, la restauration morale et matérielle de l’abbaye. Toutefois, en 1633, il restait encore beaucoup à faire. « L’église, dit un manuscrit du temps, la maison abbatiale, tous les lieux réguliers de Prières étaient délabrés. Les métairies, biens et rentes, qui en dépendaient, auprès comme au loin, avaient subi les mêmes épreuves. Depuis l’introduction de la réforme en 1613 jusqu’en 1633, on avait fait de grands ménagements. Alors on se mit à rebâtir les lieux réguliers depuis les fondements, et jusqu’en 1642 on employa de 40 à 50 mille écus. L’abbatiale fut refaite à neuf, et un grand jeu d'orgues placé dans l'église ».
En 1699, les murs du vaste enclos de Prières furent entièrement relevés, et aujourd’hui ils subsistent encore. Cependant la vieille église abbatiale de Prières s’en allait de vétusté. D. Joseph-Melchior de Sérent entreprit de la rebâtir. Le 29 mai 1745, il signa, avec sa communauté et avec Olivier Delourme, architecte et entrepreneur, le contrat suivant : (Voir le plan).
« La coque de la nouvelle église consistera dans une nef, avec une croisée, cinq chapelles de chaque côté de la nef, une chapelle de chaque côté du sanctuaire, deux passages dans les bas-côtés de la tribune, une sacristie et une tour, suivant le plan dressé par le sieur Olivier Delourme, architecte, demeurant à Vannes, paroisse de Saint-Salomon.
Pour faire le dit ouvrage, il faudra démolir l’ancienne église, qui menace ruine, et une partie de l’abbatiale.
La nef, depuis le pignon du bas jusqu’au haut du sanctuaire, aura 189 pieds de long, et 33 pieds de large, non compris les chapelles, et 91 pieds, les chapelles comprises. Du niveau du pavé à la corniche de l’église y aura 35 pieds et demi de haut, et du niveau du pavé aux voûtes d’arête, 56 pieds.
Tout le corps de l’église sera orné d’un ordre d’architecture dorique ; la voûte sera en tuf, pour toute la nef et le sanctuaire, en forme d’arête, excepté le demi-cercle du sanctuaire, qui sera en forme de cul de four. Les chapelles auront le demi-cercle en cul de four et voûtes d’arête.
Les piliers et pilastres et arrière-corps du dedans de l’église seront en pierres de granit jusqu’à la hauteur de 12 pieds ; le reste des piliers, pilastres, impostes, arcades, architraves, frises, corniches, voûtes, croisées seront en tuf. Tout le reste de la maçonnerie sera en pierres ordinaires, cimentées. à chaux et sable. Les croisées seront en granit en dehors ; les contreforts seront aussi en granit. Pour là couverture, toute l'ardoise, venant de Redon ou de Rochefort, et en belle et bonne qualité, portera sur quatre lattes et sera attachée par deux clous.
La sacristie aura 24 pieds de long sur 17 de large. La tour aura 13 pieds carrés, et sera couverte en ardoises... Outre diverses fournitures, l’abbaye versera à l'entrepreneur une somme totale de 123.000 livres, en plusieurs paiements... ».
La première pierre de cette église monumentale fut posée, le 21 avril 1716, au nom du duc d'Orléans, régent du royaume, par M. Feydeau de Brou, gouverneur de Bretagne, en présence de Joseph-Melchior de Sérent et des soixante religieux profès de son abbaye.
Les travaux durèrent environ dix ans, et l’église fut enfin solennellement consacrée le 20 juillet 1726 par Mgr. Antoine Fagon, évêque de Vannes.« Le maître-autel, dit Piganiol de la Force, est isolé au milieu du cintre du sanctuaire, élevé sur quatre marches circulaires, et est décoré de chérubins et de bas-reliefs bronzés. On y voit un grand crucifix et six grands chandeliers de bronze doré, d’un excellent travail, exécutés par Le Clerc, fondeur à Paris. Deux grands anges de pierre blanche, en adoration, sont à la droite et à la gauche des extrémités du gradin.
Derrière le maître-autel (au fond) en est un autre, nommé l’autel des féries. On y monte par six marchés des deux côtés du maître-autel. Au-dessus est une grande niche, avec une croix dans le fond, au pied de laquelle est un groupe de pierre blanche qui représente la Vierge avec Jésus-Christ mort sur ses genoux, accompagné de deux anges, qui tiennent les instruments de la Passion.
Aux deux côtés de la niche sont deux grandes fenêtres, vis-à-vis desquelles on a élevé deux piédestaux : celui qui est du côté de l'épître soutient la statue de saint Bernard, et celui du côté de l’évangile soutient la statue de saint Benoît, toutes deux de pierre blanche.
Les deux anges adorateurs sont de Girouard, sculpteur fort connu ; les autres statues et tous les accompagnements sont de Durand, auquel tous ces ouvrages feront toujours honneur, surtout le Christ mort, qui passe pour être très beau » (Descr. France. VIII. 177).
Les stalles da choeur étaient grandioses et admirablement sculptées ; on peut les voir aujourd’hui à Vannes, dans l’église de Notre-Dame du Mené, devenue la chapelle de la Retraite.
La peinture fut aussi appelée à décorer l’église de Prières, et un peu avant la Révolution, le peintre breton Valentin y figura la Fondation du monastère, l'Annonciation de Notre-Dame, et le Baptême de Notre-Seigneur. Outre l’église, l’abbé de Sérent rebâtit le monastère. L’ancien couvent était situé au sud de l’église ; le nouveau fut réédifié au nord. Le plan général fut, comme d’habitude, un carré d’édifices autour du cloître, les côtés est et ouest prolongés vers le nord. Le principal corps de logis, tourné vers l’ouest, présentait un pavillon au milieu et un autre à chaque extrémité. Il y avait 21 ouvertures au rez-de-chaussée, autant au premier étage et autant aux mansardes. Il reste encore aux Archives départementales un plan horizontal de ce corps de logis, signé de « Joseph de Sérent, abbé de Prières, et Delourme ».
Au midi de l’église fut établi le logis des hôtes.
Voici la description du monastère, faite par les commissaires civils le 10 novembre 1790 : « Les bâtiments de l’abbaye consistent en un grand corps de logis pour les religieux, une infirmerie, un corps de logis pour les hôtes, un bâtiment très vaste pour la bibliothèque, un réfectoire, un grand salon et salle de compagnie, une procure au bout, une cuisine et arrière-cuisine, celliers, caves, cloître, église, hangars, l’abbatiale avec ses cuisines et jardins, une infirmerie de domestiques, des écuries et plusieurs autres petits bâtiments. Dans la maison des hôtes, une salle de réception, garnie de fauteuils, et neuf chambres meublées. Dans la maison abbatiale, un petit salon à manger, un salon de compagnie avec tapisserie, et deux chambres à coucher. Dans le dortoir, plusieurs cellules pour les religieux, meublées d’un lit, une table et une armoire. Dans la bibliothèque, 1082 volumes in-folio, 658 in-quarto, 1081 in-octavo, 2.375 in-douze, et 122 in-16. Au total : 5.318 volumes... ». (L. 782).
Pendant la Révolution, l'abbaye de Prières eut le malheur de servir de caserne à la troupe : l’église fut transformée en magasin. de fourrages, et en écurie de chevaux ; le plomb qui couvrait le dôme fut enlevé pour faire des balles, de sorte que la pluie passait partout. Les maisons restèrent sans réparations et furent même dévastées. Aussi quand M. Le Masne, en 1801, acquit du gouvernement consulaire l'ancienne abbaye, tout était dans un délabrement complet.
Le nouveau propriétaire ne pouvant réparer toutes ces ruines, ni utiliser tous les bâtiments, se décida à démolir les édifices situés au nord de l’église. Le plan cadastral de la commune de Billiers, dressé en 1832, donne la configuration de l’immeuble à cette époque on y voit l’église, l’hôtellerie, les écuries, etc., mais le couvent des religieux n’y est plus.
L’église était aussi condamnée à disparaître. Le 29 juin 1837 eut lieu l’adjudication des matériaux à provenir de la démolition de ladite église ; la démolition suivit de près, et l’un des plus beaux restes de l’architecture religieuse du XVIIIème siècle disparut sans retour. Le propriétaire ne conserva que la tour et un bras de l’église qu’il transforma en chapelle. C’est dans cette chapelle qu’il fit replacer, en 1841 et 1842, les restes des tombeaux ou des ossements provenant de l’ancienne église.
Voir Les tombeaux et pierres tombales de l'abbaye de Prières
Voir L'ancien fief de l'abbaye de Prières
Voir Les exemptions (dîmes, impôts, sels) de l'abbaye de Prières
AVEUX.
L’aveu est la reconnaissance et l’énumération des biens d’un vassal, fourni au suzerain. L’abbaye de Prières a fourni des aveux aux ducs de Bretagne, puis aux rois de France, leurs successeurs.
Nous possédons encore les aveux de 1496, 1504, 1642, 1678 ...
Voici la reproduction sommaire du premier.
« Nous Jehan (Le Verrier), humble abbé du moustier et abbaye Nostre-Dame de Prières, et le convent du d. lieu, congrégés et assemblés en chapitre, chapitrans, la campane sonnée ainsin que tousjours est de coustume, d’une voix et d'un mesme commun assentement, confessons et recognoissons tenir du Roy nostre sire et de la Royne nostre souveraine dame, son épouse, et à cause d’elle, en leur noble seigneurie et jurisdiction de Vennes, les héritages et choses héritelles qui ensuivent.
Et premier cognoissons et avouons les d. seigneur et dame, à cause de leurs prédécesseurs, estre fondeurs de nostre d. moustier, et d’iceluy chacun d’eux estre protecteur et deffenseur.
1° Item confessons tenir de nos d. seigneur et dame la paroisse de Beler, quelle nous appartient tant en fié qu’en domaine, générallement, sans rien excepter, en laquelle est nostre d. moustier fondé, avec toutes et chacunes les rentes, debvoirs, jurisdiction, seigneurie et obéissance, granges, tenues, gareines, espaves et galois, colombiers, vignes, salines, prés, terres labourables et non labourables, estang et moulins, (et spécialement les métairies des Salles, du Lohéro, de Bréhondec, des Granges, de Guerneué, du Bourg-l'Etang et du Téno).
2° Item en la paroisse de Bourg-Paul-Mesuillac ; les quatre métairies du Louch, plus quatre solz de rente et deux boisseaux froment, et la lande de Berrien. — Item deux métairies à Kervail, deux tenues à Tréhymer, et un moulin à vent prés de Kervail. — Item deux tenues au Menhir, et un bordage d’un journal et demy, et aussy la métairie de Trouézal. — Item quatre tenues à Lesloch, un marais à Trégréhen, une tenue à Coetdeniau et un pré isolé.
Item confessons et avouons tenir le parc de Penmur, avec toutes ses appartenances, comme de moulins avec leur destroit et ressort, métairies, prés et autres héritages, sans rien excepter, et les eaux et peschage tant en l'estang qu'ès autres eaux descendantes et dépendantes du d. estang ; quels héritages sont assis près et ès environs des paroisses de Bourg-Paul-Musuillac et Ambon, du costé devers Vennes.
3° Item confessons et avouons tenir, en la paroisse d'Arzal, une tenue sise au village du Boschet, quelle tient de nous Yvon Le Chatal, pour nous en poyer chacun an 45 solz ; avons aussi sur le manoir du Boschet 10 solz de rente. — Item une tenue au village de Lantiern, quelle tient de nous à domaine Le Boulvez, pour nous en poyer chacun an 45 solz.
4° Item confessons et avouons tenir, en la paroisse de Marzen, une pièce de terre en bois revenant, sur le chemin de Guédas au bourg ; et aussi pareillement une tenue voisine, sur laquelle nous avons 12 solz par chacun an.
5° Item confessons et avouons tenir, en la paroisse de Ilismerzel (Note : aujourd'hui Limerzel), la métairie du Bois-du-Ros, et près la d. métairie une tenue, en laquelle de présent demeure Colin Guillot, pour nous en poyer par chacun an de convenant 40 solz. — Item la maison et les moulins de Goujon, avec un petit étang, et une tenue jointive, en laquelle demeure de présent Guillaume Savary, pour nous en poyer par chacun an de convenant 50 solz. — Item une petite tenue près de Pinieuc, à cause de laquelle nous est deub par chacun an 25 solz de convenant.
6° Item confessons et avouons tenir, en la paroisse de Noyal-Mesuillac, une tenue à Bréhardec, en laquelle demeure Jehan Le Quellec, pour nous en payer chacun an, à la Saint-Barthélemy, par argent 45 solz et par avoine un boisseau. — Et avec ce tenons en notre main un petit boays tailleiz, joignant la d. tenue. — Item autres terres isolées, appartenant à la d. tenue. — Item tenons en la d. paroisse de Noyal-Muzuillac, sur le manoir et moulins et autres appartenances du Bocay, 40 livres et 13 solz de rente ; en outre avons une petite tenue au village du Bésic à 26 solz de convenant.
7° Item confessons tenir à Coetquibihan (en Questembert) 50 solz de rente, dus des habitans du d. lieu par chacun an, le lendemain de la fête de Saint-Barthélemy. — Item une petite tenue qui n’est point vestue, assise au village de Saint-Jan de l'hospital de Questembert, à 16 solz de convenant. — Item sur les moulins du Bois et certaines terres, appartenant à Jehan de Quelfistre, sieur de Tréméhouarn en la paroisse de Berric, nous est deub chacun an 26 solz, au d. terme de Saint-Barthelémy.
8° Item en la paroisse d'Esleven, avons une tenue nommée Talhouet, en laquelle demeure Louis Prado, pour nous en payer chacun an de convenant 45 solz. — Item une autre petite tenue (à Logodec), en la d. paroisse, en laquelle demeure Jehan Le Menez pour nous en payer de convenant chacun an 20 soulz. — Item une tenue qui n’est point vestue, que tient Jehan Guillaume, sieur de Lescouet, pour nous en payer chacun an de convenant 20 solz. — Item en la frairie de Saint-Christofle en la d. paroisse, nous est deub sur certaines terres quelles tiennent Guillaume Cano et ses consorts 2 solz.
9° Item sur certaines terres assises en la paroisse de Tréveléan, au village de Poulderff, avons 12 soiz de rente, payés de présent par Olivier Le Guénégo.
10° Item confessons et avouons tenir le manoir et seigneurie de Plésance, o toutes et chacune ses appartenances, situés prés et ès mèttes de Vennes, en récompense de cent livres de rente, dues devant ces heures à l’église de Prières sur autres héritages ; et est bien à scavoir pourtant qu’il y a procès pendant entre le procureur de la cour de Vennes, garanteur de nous d’une part, et la seigneurie de Largoet d’autre part, touchant le proche fief et l’obéissance, que ceux de Largoet dyent et prétendent avoir à cause de la d. terre et seigneurie de Plésance, que ce ne nous doit porter aucun préjudice.
Item confessons et avouons tenir de rente perpétuelle 12 livres, 9 solz, 9 deniers et 3/4 de denier, chacun an, sur les receptes ordinaires de la jurisdiction de Vennes, payées par moitié aux termes de Saint-Jehan-Baptiste et de Nouel : quelle rente est reste de huit vingt quinze (175) livres de rente, que soulions avoir sur la d. recepte, dont nostre église de Prières a esté récompensée sur autres héritages.
Item confessons et avouons tenir en la d. ville de Vennes une maison avec un jardin et ses autres appartenances, situés en la paroisse de Saint-Pierre, entre le pavé qui conduit de l'église Saint-Jehan aux murs de la ville, et la rue qui descend de l'archidiaconé à la porte de Saint-Pater. — Item sur une maison et jardin, quel tient de présent Thomas Jouen, sur le pavé qui conduit à la porte Saint-Pater, seix livres 14 solz de rente, payées par moitié aux d. termes. — Item est deu, chacun an, ès d. termes, 12 solz de rente sur une maison, en laquelle demeure Jacques Galoys, entre la porte de Saint-Pater et le mur de la ville. — Item sur une maison et ses appartenances, en laquelle demoure à présent Jehan Alys le jeune, en la rue qui conduit de Saint-Pierre à la porte Saint-Pater, 40 solz de rente. — Item sur une maison, de la quelle jouissent les héritiers de Pierre Roty, entre le portail des Frères Mineurs et la place des Lices, 45 solz de rente, payés par moitié.
11° Item confessons tenir sur une maison et jardin, en la paroisse de Saint-Pater, en la rue du Four, quels tient à présent Maistre Yves le Cazdre et sa femme, 14 souls et 4 deniers de rente, payés par moitié. — Item sur un jardin, en la même rue 12 souls de rente, payés par moitié en deux termes. — Item 15 souls de rente, payés par moitié, sur une maison et jardin, quels tiennent Olivier Le Bron et Dom Jan de Bodrual, en la rue comme l’on vient des moulins à papier à Saint-Nicolas.
Des quelles choses nous confessons devoir à nos d. seigneur et dame obéissance comme dit est, et d’eux les tenir comme fié d'Eglise franc et amorty, et y protestant d’augmenter ou de diminuer par aultre temps, autant que pourrons avoir plus claire cognoissance des dictes choses héritelles, tant en fonds que en rentes et obéissances à l'esgard de la Cour.
Donné en nostre d. moustier, soubs nos séaux, le 1er jour de may l’an 1496, et d’un mesme commun assentement, avec la solennité précédente, nous avons constitué et estably, et par les présentes constituons et establissons frère Olivier Le Hen, Bertrand de Bellouan et Alain de Kereveno, et chacun, et l’un en l’absence de l’autre, religieux et profès de nostre d. moustier, nos procureurs, o pouvoir exprès de bailler ce dit aveu au procureur de nos d. souverains seigneur et dame, au d. lieu de Vennes, et de y faire toutes et chacune les choses environ ce pertinentes et nécessaires, lesquelles choses nous promettons avoir agriables, ainsi comme si présens estions. Donné et faict ès jour et an que dessus ». (Copie collationnée du 6 juillet 1668).
Cet aveu, fait au procureur du roi Charles VIII et de la reine Anne de Bretagne, ne concerne que les biens et rentes situés dans la sénéchaussée de Vannes. Il devait y avoir un autre aveu concernant les biens et rentes de Guérande et des environs, et adressé à la cour de Nantes.
Le second aveu connu est daté du 15 mai 1502. Il a été rendu par les religieux avec le concours de Charles de Hangest, évêque et comte de Noyon, pair de France, et premier abbé commendataire de Prières. Il a été copié presque mot à mot sur le précédent, et il ne concerne que les possessions situées dans la sénéchaussée de Vannes.
Ces deux aveux sont précieux, en ce sens qu’ils donnent un tableau sommaire des biens de l’abbaye en 1496 et 1504. Quelque temps après, les aliénations du temporel du monastère vinrent bouleverser et presque ruiner ses ressources, et il fallut le zèle et la persévérance des religieux réformés, pour racheter les biens vendus et rétablir la fortune de la maison.
Quelques tenues furent transformées en métairies, et d’autres furent nouvellement acquises. C’est dans cette situation, que fut dressé l’aveu du 28 juillet 1642 par l’abbé Jean Jouaud et la communauté de Prières.
Après avoir énuméré en détail tous les biens situés sous la juridiction de Vannes, ils donnent le dénombrement de ceux qui se trouvent sous la juridiction de Guérande. En voici le régime.
1° En la paroisse de Saint-Molf, la terre et seigneurie du Bois-de-la-Cour, à savoir la maison et la métairie noble du dit lieu, et la tenue de la Villeneuve, avec toutes leurs dépendances.
2° En la paroisse de Mesquer, une pièce de terre labourable, dépendant de la d. maison du Bois-de-la-Cour, située près du village de Feten-Bras.
3° En la paroisse de Piriac, les ruines appelées la Salle de Prières, près du village du Port-au-Loup, avec de nombreuses parcelles de terre en labeur et en vignes, situées aux environs du village et dans les îles voisines : toutes ces terres étant exemptes de dîmes.
4° En la paroisse de Saint-Aubin de Guérande, une rente annuelle et perpétuelle de cent deux livres tournois sur la recette du roi, payable par moitié à Noël et à la Saint-Jean-Baptiste. — En outre, la maison noble de Lenclis, avec la chapelle, le jardin et toutes les terres en dépendantes, et aussi juridiction haute, moyenne et basse, droit de rachat, obéissance à cour et moulin, et rôle rentier. — De plus, de nombreuses salines, qui toutes, ainsi que les terres de Lenclis, sont exemptes de dîmes et ne paient de redevances qu’à l'abbaye.
5° En la paroisse de Batz, diverses salines comprenant un total de 622 oeillets, et toutes exemptes de dîmes. - En outre, une rente annuelle de vingt livres sur le moulin à dent de Kervalet, pour avances faites à l’occasion de la reconstruction de ce moulin.
6° En la paroisse de Saint-Nazaire, une saline de 78 oeillets, près du village de la Ville-ès-Lirans, en la frairie de Pornichet.
En dehors de la juridiction de Guérande, l'abbaye avait à Nantes le droit de lever 18 deniers, c’est-à-dire un sou et demi, sur chaque chaland chargé de sel passant aux ponts de la ville, en remontant la Loire. Elle avait aussi, en la paroisse de Liffré, au diocèse de Rennes, la moitié des dîmes, tant anciennes que novales, l’autre moitié appartenant au recteur de la dite paroisse.
Cet aveu de 1642 donne aussi la liste des biens jadis aliénés et rachetés graduellement par les religieux réformés. Les principaux sont : à Vannes, la maison de Prières en la rue Saint-Jean et le jardin derrière, avec des rentes sur les maisons du Dauphin et du Moutonnier ; — en Noyal-Muzillac, la tenue à domaine congéable du Beizic, et une rente foncière de 90 perrées de seigle, mesure de Vannes, sur la seigneurie de Liniac ; — en Marzan, les édifices de six tenues et demie, à domaine congéable ; — en Arzal, les édifices d’une tenue au Boschet ; — en Bourg-Paul, les trois quarts des édifices d’une tenue de Lisloc ; — en Lirmerzel, le beau domaine seigneurial du Bois-du-Roz, avec les moulins de Goujon, et des rentes diverses.
Un aveu postérieur, rendu le 18 novembre 1678, mentionne les mêmes biens, et de plus : en Elven, la métairie du Bois-des-Moines, dite anciennement, de Talhoet ; — en Limerzel, la métairie de Coetcazo, contenant sous fonds 39 journaux et demi. Cette simple énumération donne une idée des dommages causés à l’abbaye par les aliénations du XVIème siècle, et des sacrifices faits par les religieux du XVIIème siècle, pour reconstituer la dotation du monastère.
A part cette addition des biens récemment rachetés, l’aveu de 1678 est semblable pour le fonds a celui de 1642 ; les terres et les droits sont mentionnés dans le même ordre, et souvent dans les mêmes termes ; il n’y a guère de changement que pour les noms des tenanciers, qui ne sont pas toujours les mêmes aux deux époques.
Les aveux ne donnent pas toujours le revenu de chaque propriété. Une estimation faite en 1790 permet de combler cette lacune.
COMPTES.
L’état financier de l'abbaye de Prières n’est bien connu que pour les dernières années de son existence.
Voici l'état du temporel dressé par l'abbé Jean-louis de Meaux, le 17 septembre 1766 :
« L’abbaye possède trente-sept métairies, qui produisent la somme de 9.649 livres et 16 sols ; — trois moulins à vent et deux moulins à eau, qui donnent 1.727 livres ; — un hospice dans la ville de Vannes, 450 livres ; — une autre maison ou hospice à Rennes, 450 livres ; — un cabaret à Guédas, 580 livres ; — rentes sur le domaine à Vannes, Auray et Guérande, et rentes féodales et foncières, 1.682 livres ; — Dîmes de Billiers, Bourg-Paul, Arzal, Elven, Treffléan, Sarzeau, Arzon, Liffré, 2.115 livres ; — Passage de la Vilaine, four banal de Billiers, impôt et billot sur les cabaretiers dépendant de l’abbaye 1.859 livres ; — prairies et landes 567 livres ; — Vignes et bois, 370 livres ; — Deux cents oeillets de marais salants à Billiers, à 3 livres chacun, 600 livres ; — 1.280 oeillets aux environs de Guérande, à 5 livres chacun, 6.400 livres. Total du revenu : 26.000 livres, 11 sols, 2 deniers.
Les charges du monastère consistent en pensions imposées par le roi, décimes, portions congrues, entretien de l’église, des lieux claustraux, métairies, moulins, maisons, passages, marais salants, et en rentes constituées pour les emprunts qu’il a été obligé de faire pour la reconstruction de l’église, et pour subvenir aux dépenses extraordinaires que lui a occasionnées la guerre de 1759, avec le séjour des officiers. Toutes ces charges montent à la somme de 154.356 livres de principal pour les emprunts, dont les intérêts sont de 7.293 livres. Les décimes montent à 2.968 livres, les pensions à 8.000 livres, la portion congrue du recteur de Billiers à 500 livres, et les réparations à 2.000 livres environ. Total des charges : 19.481 livres, 16 sols, 6 deniers.
Il reste moins de 7.000 livres pour l’entretien des religieux, des visiteurs et des domestiques, pour les aumônes de la maison et pour les. dépenses diverses. Les ressources viennent surtout des bonnes années de sel et de la vente avantageuse des grains. Quand ces deux choses manquent, il faut emprunter ».
En regard du temporel, l'abbé de Meaux met le spirituel.
« L’abbaye de Prières embrassa l’étroite observance de l’ordre de Cîteaux dans la première moitié du XVIIème siècle. Depuis ce temps-là, elle a conservé ses abbés réguliers et soutenu son observance avec édification. Les religieux se lèvent à deux heures après minuit, chantent l’office du jour, couchent sur la dure, portent la serge, observent une clôture exacte, et un maigre continuel, excepté le cas de maladie. La régularité, les moeurs, le bon ordre, les bonnes oeuvres ont toujours régné dans cette maison .... Il y a une vingtaine d'années, la communauté comptait 50 religieux ; le mauvais état de ses affaires temporelles a réduit ce nombre à 20, dont douze prêtres. Son noviciat est commun depuis la réforme, et s’étend à un bon nombre d'abbayes. Elle a en outre 9 prêtres, profès de la maison, qui sont répandus dans divers monastères de l’ordre. Une seule cure dépend de l’abbaye, celle de Billiers ».
Les 11, 12 et 13 août 1790, quatre membres du directoire de la Roche-Bernard se présentèrent à Prières, pour faire un inventaire des personnes et des biens. Ils y trouvèrent quatorze religieux, à savoir : 1° Dom Prudent-Charles de Corcin, abbé, âgé de 42 ans ; 2° Dom Urbain Bodeau, prieur, 54 ans ; 3° Dom Georges Villaume, de Reims sous-prieur, 52 ans ; 4° D. Bernard du Fresne, de Saint-Malo, 68 ans ; 5° D. René Combaud, de Clermont, 62 ans ; 6° D. Raymond Daney, de Bordeaux, 62 ans ; 7° D. Pierre-Vincent Le Bert, de Vannes, 55 ans ; 8° D. Nicolas Testefort, de Lorraine, 50 ans ; 9° D. Jean-Baptiste-Joseph Levêque, procureur, de Valenciennes, 39 ans ; 10° D. Louis Le Quiniou, de Cornouaille, 43 ans ; 11° D. Henri-Joseph Bousis, de Cambrai, 34 ans ; 12° D. Nicolas Raby, de Brest, 31 ans ; 13° D. Louis Morel, de Rennes, 26 ans ; 14° François Querello, convers, de Plouisy, 69 ans.
Tous déclarèrent vouloir persévérer dans leur état.
Les Commissaires du district dressèrent ensuite l'état des revenus et des charges de l'abbaye, et comme certains revenus se payaient en nature, ils les évaluèrent en argent comme il suit : le boisseau de froment, mesure de la Roche-Bernard, 22 livres, 10 sols ; le boisseau de seigle 15 livres, 12 sols ; le boisseau d’avoine 8 livres, 12 sols, 6 deniers ; la charretée de paille 15 livres ; un charroi 4 livres ; un agneau 3 livres ; un chapon 12 sols, 6 deniers ; une livre de cire 30 sols ; une livre de beurre 20 sols.
I - Biens et revenus.
1. L’enclos et le jardin de Prières produisent : 250 livres.
2. La métairie des Salles, près du couvent : 1.702 livres.
3. La métairie du Lohéro, en Billiers : 937 livres 10 sols.
4. La métairie de Bréhondec, à Billiers : 1.133 livres 13 sols.
5. La 1ère métairie des Granges, en Billiers : 1.042 livres 10 sols.
6. La 2ème métairie des Granges, en Billiers : 1.163 livres.
7. La métairie du Guerneué, en Billiers : 961 livres.
8. La 1ère métairie du Bourg-l'Etang : 818 livres 8 sols.
9. La 2ème métairie du Bourg-l'Etang : 767 livres 10 sols.
10. La 3ème métairie du Bourg-l'Etang : 768 livres 3 sols.
11. La 1ère métairie de Kervail, en Billiers : 924 livres 3 sols.
12. La 2ème métairie de Kervail, en Billiers : 892 livres 19 sols.
13. La métairie du Grand-Teno en Billiers : 961 livres 19 sols.
14. La métairie du Petit-Teno, en Billiers : 696 livres 14 sols.
15. Les moulins de Billiers et de Kervail : 1.095 livres.
16. Le bois taillis du Loch, en Bourg-Paul : 30 livres.
17. La 1ère métairie du Loch, en Bourg-Paul : 962 livres.
18. La 2ème métairie du Loch, en Bourg-Paul : 1.008 livres 17 sols.
19. La métairie du Menhir, en Bourg-Paul : 896 livres 6 sols.
20. La Métairie de Troisnal, en Bourg-Paul : 1.045 livres 1 sol.
21. La métairie de Lisloc, en Bourg-Paul : 995 livres 18 sols.
22. La métairie du Parc de Penmur, en Bourg-Paul : 1.364 livres 19 sols.
23. Les moulins de Penmur, en Bourg-Paul : 2.381 livres 10 sols.
24. Sur la seigneurie de Liniac, en Noyal : 1.404 livres.
25. Deux pièces de terre au Bézit, en Noyal : 34 livres.
26. La métairie du Bochet ou Kerfauguen, en Arzal : 332 livres 7 sols.
27. Le bois taillis de 72 journaux, en Marzan : 500 livres.
28. La métairie de Guédas, en Marzan : 775 livres 2 sols.
29. Le passage de Guédas et la maison : 2.100 livres.
30. La métairie de l'Isle, en Marzan : 559 livres 16 sols.
31. Le passage de l'Isle, sur la Vilaine : 60 livres.
32. Le moulin de l'Isle, en Marzan : 525 livres 4 sols.
33. La métairie du Vertin, en Marzan : 408 livres 2 sols.
34. La métairie de Keravelo, en Marzan : 439 livres 17 sols.
35. La métairie de Keranézo, en Marzan : 354 livres 18 sols.
36. La métairie Belliot, en Marzan : 396 livres 7 sols.
37. La métairie Cornec, en Marzan : 396 livres 6 sols.
38. La maison du Bois-du-Roz, en Limerzel : 300 livres.
39. La métairie de la Porte, en Limerzel : 948 livres 17 sols.
40. La métairie Neuve, en Limerzel : 656 livres 19 sols.
41. La métairie du Crazo, en Limerzel : 111 livres 2 sols.
42. Le moulin de Goujon, en Limerzel : 320 livres.
43. Les prairies dont jouissent les religieux : 1.140 livres.
44. Les salines de Billiers, 194 oeillets : 776 livres.
45. Les salines situées en Guérande : 7.732 livres 10 sols.
46. Les salines situées dans la paroisse de Batz : 9.585 livres.
47. Les salines de Saint-Nazaire, 80 oeillets : 800 livres.
48. Maison, jardin et vigne de Lenclis : 240 livres.
49. La métairie de Lenclis, en Guérande : 200 livres.
50. Les terrains et vignes de Piriac : 160 livres.
51. La métairie du Bois-de-la-Cour, en Saint-Molf : 500 livres.
52. La métairie du Bois-des-Moines, en Elven : 100 livres.
53. La dîme d'Elven, affermée : 1.000 livres.
54. La dîme de Bizol, en Treffléan : 295 livres.
55. La dîme de Sarzeau et d'Arzon : 950 livres.
56. La dîme de Billiers, Muzillac et Arzal : 258 livres 19 sols.
57. La dîme de Liffré, au diocèse de Rennes : 50 livres.
58. Les trois métairies de Plaisance, Vannes : 740 livres.
59. Dix perrées de rente à Kervalay : 160 livres.
60. La maison ou hospice de Vannes : 450 livres.
Total : 58.567 livres 16 sols.
61. Trente-huit tenues à domaine congéable : 3.765 livres.
62. Rentes sur le domaine à Auray, Vannes et Guérande : 249 livres 11 sols.
63. Rôle rentier de la seigneurie de Prières : 207 livres 12 sols.
64. Rôle rentier de la seigneurie de l'Ile (Isle) : 201 livres 7 sols.
65. Rôle rentier du Bois-du-Roz et Lenclis : 49 livres 10 sols.
66. Rentes sur divers immeubles spécifiés : 246 livres 11 sols.
67. Rentes foncières sur d’autres immeubles : 241 livres 2 sols.
68. Le four à ban de Billiers : 95 livres.
69. Deux pâtures et quatre prés : 282 livres.
70. Le Quef-Colenno ayant treize journaux : 240 livres.
71. Le pré de Madame, sous Penmur : 72 livres.
72. Diverses autres prairies : 236 livres.
Total : 5.885 livres 14 sols.
Total précédent : 58.567 livres 16 sols.
D'où Total final : 64.453 livres 10 sols.
II. Charges.
Constitut de 7.000 livres, au profit de Carnac, rente : 280 livres.
Constitut de 8.000 livres, au profit des Chartreux d'Auray, rente : 320 livres.
Constitut de 4.000 livres, au profit des mêmes, rente : 160 livres.
Constitut de 7.000 livres, au profit de M. Lespinay, rente : 280 livres.
Constitut de 14.000 livres, au profit des religieux de Saint-Maurice, rente : 560 livres.
Constitut de 5.000 livres, au profit des Chartreux d'Auray, rente : 200 livres.
Constitut de 11.000 livres, au profit des religieux de Saint-Maurice, rente : 440 livres.
Constitut de 6.000 livres, au profit de l'hôpital Saint-Nicolas de Vannes, rente : 240 livres.
Constitut de 4.700 livres, au profit du même hôpital de Vannes, rente : 188 livres.
Constitut de 2.500 livres, au général de paroisse d'Arzano, rente : 100 livres.
Constitut de 1.500 livres, à la confrérie du Saint-Sacrement, Vannes, rente : 60 livres.
Constitut de 7.000 livres, au profit de l'hôpital du Croisic, rente : 280 livres.
Constitut de 7.000 livres, au profit de la paroisse de Carnac, rente : 280 livres.
Constitut de 7.000 livres, au profit de l'hôpital de Saint-Nicolas de Vannes, rente : 300 livres.
Constitut de 6.000 livres, au profit du chapitre de Guérande, rente : 240 livres.
Constitut de 2.004 livres, au profit des Cordeliers de Vannes, rente : 80 livres 3 sols 3 deniers.
Total des capitaux : 100.204 livres ; des rentes : 4.008 livres 3 sols 3 deniers.
Pension viagère à M. Daguay, prieur de Sechen : 2.000 livres.
Pension viagère à M. Berard, vicaire générale de Perpignan : 2.600 livres.
Pension viagère à M. Chéno, prêtre, docteur : 800 livres.
Pension viagère à M. de Meaux, ancien abbé : 4.000 livres.
Pension viagère à M. de Quintric, vicaire général de Léon : 1.000 livres.
Pension viagère à M. Definieux : 3.000 livres.
Pension viagère à M. Tranchant du Tret, vicaire général : 2.000 livres.
Total des pensions : 15.400 livres.
Total des intérêts : 4.008 livres.
Total des deux : 19.408 livres.
En retranchant cette somme du revenu brut, il reste 45.045 livres de revenu net.
C’est avec ces 45.045 livres que l'abbaye devait amortir graduellement ses dettes, payer les décimes, entretenir les édifices, fournir des gages aux domestiques, exercer l'hospitalité, nourrir et vêtir les religieux, faire des aumônes, etc.
En comparant les comptes de 1766 avec ceux de 1790, on trouve une grande différence ; cela tient à deux causes. La première est l’augmentation du prix de toutes choses, par suite de l’abondance et de la dépréciation du numéraire. La seconde est l’appréciation des revenus en nature, qui paraît avoir été partielle en 1766 et totale en 1790.
Tous les biens énumérés ci-dessus étaient à la veille de leur dispersion. Dès 1791, on commença la vente des métairies et des bois, des salines et des prairies du monastère. Les actes de ces ventes nationales ayant été brûlés lors de la prise de la Roche-Bernard, le 15 mars 1793, il est impossible de donner la liste des acquéreurs et les prix de vente pour tout le district. Il en est autrement pour les autres localités du département. Ainsi la maison de Prières, située à Vannes, rue du Nord, 6, fut vendue avec son jardin, le 1er septembre 1792, à M. Broust, vicaire épiscopal, pour 7.000 livres. De même les trois petites métairies de Plaisance, voisines de Vannes, furent adjugées, le 3 février 1791, à M. de Châteaugiron pour 29.500 livres. Ainsi encore la métairie du Bois-des-Moines, en Elven, fut vendue, le 16 mars 1791, à Robin et Le Masson, pour 3.075 livres.
Quant aux salines, terres et vignes de Guérande et des environs, c’est aux Archives de la Loire-Inférieure qu’il faut recourir pour en connaître les ventes.
Les dîmes, les rentes sur le domaine royal, les rôles rentiers des seigneuries, etc... avaient été supprimés par la loi dès 1790.
Le mobilier, inventorié en 1790 par les commissaires du district, était considérable.
Dans la sacristie, il y avait un ostensoir, un calice et deux croix en vermeil, neuf calices ordinaires, deux ciboires, un bénitier, un bâton de chantre, un encensoir, une boite des saintes huiles, et deux chandeliers d'acolytes, le tout en argent ; les 26 chandeliers des autels étaient seulement dorés ou argentés.
Pour l'abbé, il y avait un calice, deux burettes et un bassin en vermeil ; un calice, des burettes et un bassin en argent ; une croix pectorale, un bougeoir et une crosse d’argent, sans compter quatre mitres et des tuniques de différentes couleurs.
L’argenterie de table comprenait, soit pour l’hôtellerie, soit pour les grandes occasions : deux grandes écuelles, deux louches, treize grandes cuillères, soixante couverts, deux huiliers, deux moutardiers, six salières, une cafetière, et dix-huit petites cuillères.
Tout cela fut confisqué au profit de la nation.
Les titres et papiers de l'abbaye formaient une collection précieuse, et intéressante, qui a été malheureusement dispersée depuis. Il y avait aussi un cabinet d’histoire naturelle renfermant un grand nombre de minéraux de toute nature.
La basse-cour possédait six boeufs, quatre taureaux, dix-huit jeunes veaux, vingt-quatre vaches, trois vieux chevaux, une voiture à quatre roues et des charrettes.
La vente mobilière commença le 19 septembre 1791, et fut continuée tous les jours, depuis huit heures du matin jusqu’à la nuit, et dura jusqu’au 26 octobre suivant. Tout fut vendu, jusqu’aux plus petits objets. On ne laissa absolument rien aux religieux qui demeuraient encore à l'abbaye. Plusieurs d’entre eux achetèrent les choses les plus nécessaires pour un petit ménage ; puis tous durent s’éloigner en pleurant d’un lieu ou ils avaient compté finir leurs jours.
Cependant tous les biens de l'abbaye n’étaient pas encore aliénés ; il restait à vendre les fonds des tenues congéables, le moulin à vent de l'Isle, les prés et les marais de Penmur... Ils furent presque tous adjugés, en 1798 et années suivantes, les uns aux tenanciers qui les occupaient, les autres à des étrangers. La maison de l'auditoire et son jardin à Billiers ne furent vendus qu’en 1810, pour la somme dérisoire de 317 francs : c’était le dernier immeuble de l'abbaye aliéné par l'Etat (extraits des notes de l'abbé Piederrière et J.-M. Le Mené).
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