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ABBAYE DE RHUYS

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LES BIENS DE L'ABBAYE DE RHUYS

La liste des biens de l'abbaye de Rhuys n’a varié que très peu dans le cours des siècles. En voici l'énumération sommaire, d’après un aveu de l'abbé de Gadagne, du 23 avril 1584.

« L’abbaye de Rhuis en ung tenant, avecq ses appartenances, tant soubz l’esglise et cloestre, maisons, rues, yssues, jardins, colombiers et refuges, avecq le bourg de Saint-Goustan, o ses dépendances, joignant près la dite abbaye, les villages de Keraudren, Kerpont, Kersalut, Croix-Daniel, Gornau, Keromain et Kerfanc, le tout en ung tenant de 1.800 journaux ».

2° Les villages de la Saline, de Bothenal, de Gouessan, et de nombreuses pièces de terre, disséminées près de Kersaux, Kerfago, Kerbistoul, Kercambre, etc. le tout en la paroisse de Saint-Goustan, formant un total de 970 journaux, conservés jusqu’à la Révolution.

3°  En Sarzeau, le village du Logeo, en majeure partie, le moulin de Linden avec ses dépendances, les îles de Brannec et de. Gouvian, et de nombreuses pièces de terre près de Kerjacob, Kermaillar, Brillac, Kerguillaume, Riellec, Villeneuve, Kerbley, Trehiat, etc... le tout formant un total de 546 journaux.

4° A l’autre extrémité de Sarzeau, la frairie de Prorozat ou Saint-Armel, depuis le mur du parc du duc jusqu’à la mer, contenant 686 journaux ; l'île de Tascon renfermant 146 journaux ; le passage de Questenen, et enfin le droit d’usage dans la forêt ducale de Rhuys.

5° Une rente de 40 livres monnaie sur la châtellenie de Sucinio ou de Rhuys, depuis 1247 ; une autre rente de 16 livres 10 sous, depuis 1257 sur la recette ducale d'Auray, augmentée plus tard de 40 sous ; une troisième rente de 10 livres, depuis 1388, sur la recette de Vannes : le tout provenant d’échanges.

6° Le moulin à eau de Pencastel, en Arzon, reçu du duc Jean IV, en échange du moulin des Moines, situé au bas de la Garenne à Vannes (1380) ; tous les habitants du voisinage étaient tributaires de Pencastel.

7° Quatre tenues situées à Cantanouet (aujourd’hui La Clarté) en Lauzach, vendues le 31 janvier 1565, à Julien de Brignac, pour 1702 livres 15 sous ; non, rachetées depuis.

8° Terres, pré et rentes à Malestroit, aliénés en 1570 et 1578 pour 1.101 livres à N. et Jacques Budé du Hirel, rachetés en partie et perdus ensuite.

9° Deux tenues à Gornevec en Plumergat, aliénées l’une en 1563, l’autre en 1575, pour 1.683 livres ; réclamées en 1657 et définitivement abandonnées en 1658.

10° Le passage du Bono, en Plougoumelen, adjugé le 24 novembre 1604 à Jean de Lorveloux et Julien de la Houlle, pour 450 livres, non racheté depuis.

11° Deux métairies à Loqueltas en Crach, aliénées moitié en 1589 et moitié en 1604, pour la somme totale de 1.778 livres rachetées plus tard.

12° Métairie de la Feuillée en Sarzeau, estimée 3.394 livres, pour remplacer diverses terres aliénées en 1605, acquise le 30 décembre 1661.

13° Les îles de Houat, de Hœdic (Hoedic) et de Glénan, situées sur les côtes du Morbihan et du Finistère, objets de divers contrats dont on trouvera le résumé plus loin.

14° La dîme du grain et du vin sur les sujets de l'abbaye ; en 1633, la dîme du grain était affermée pour 42 tonneaux de froment ; le vin pour 436 livres.

15° Les marais salants du village de la Saline en Saint-Gildas, et ceux de Pusmen en la frairie de Saint-Armel.

16° La ferme du greffe de la juridiction de Saint-Gildas.

Après ce tableau d’ensemble, il faut voir en particulier le droit d’usage dans la forêt de Rhuys et les vicissitudes des îles de Houat, de Hœdic et de Glénan, dont il est fréquemment question dans les archives.

1. La forêt de Rhuys occupait jadis la plus grande partie du territoire de Sarzeau. Les faux titres de 399 et 1001 prétendent que cette forêt aurait été créée par Conan Mériadec et donnée par Grallon à saint Gildas : c’est une pure fable.. Après l’expulsion des Normands, elle appartenait certainement aux ducs de Bretagne, et quand saint Félix vint en 1008 commencer la restauration de l'abbaye, le duc Geoffroi, ou son fils, lui donna le droit d’y prendre tout le bois nécessaire pour la construction du couvent, pour les réparations futures, et pour le chauffage de la maison, à perpétuité.

Peu après la restauration du monastère, le prieuré de Saint-Pabu fut fondé dans une clairière de la forêt ; cet établissement fut supprimé vers 1247, moyennant une indemnité, mais le droit d’usage dans la forêt fut maintenu. Ce droit fut confirmé par les ducs Jean IV en 1367 et 1399, François Ier en 1448, Pierre II en 1453, et François II en 1477. Le roi Charles VIII, apprenant que la forêt était dévastée par divers usagers, défendit en 1493 de rien emporter désormais sans la marque de ses officiers. Le droit fut de nouveau confirmé par Louis XII en 1503, par Henri IV en 1604, par Louis XIII en 1616, et par Louis XIV en 1650 ; réduit à 40 charretées, puis à 15, il fut enfin remplacé, en 1699, par une rente fixe de 63 livres 10 sous sur le domaine royal.

2. Quant aux îles de Houat et de Hœdic, et peut-être même de Glénan, leur occupation paraît remonter au temps de saint Gildas. Saint Félix, à qui le duc les rendit, fonda un prieuré à Houat, un autre à Hœdic, et fit repeupler ces îles, les Glénans restant déserts. Vers 1400, des écumeurs de mer ravagèrent les deux prieurés et maltraitèrent les insulaires. L’abbaye n’y envoya plus de religieux, et confia le soin des âmes à des prêtres séculiers, rétribués en partie par elle, en partie par la population.

A l’époque des aliénations de biens ecclésiastiques, le sieur Sourdeval, protestant et gouverneur de Belle-Ile, obtint en 1568 l'afféagement de Houat et de Hœdic, pour une rente annuelle de 80 livres ; en 1578 il remboursa le capital de la rente et devint propriétaire absolu. Ces îles furent retirées eh 1698 des mains de ses héritiers.

En 1633 l’abbé de Bruc afféagea au sieur Claude Desbrosses les îles de Glénan, qui ne lui rapportaient rien, pour une rente annuelle de 40 livres tournois. Mais le contrat n’eut pas de suite ou fut bientôt résilié.

A son tour, le fameux surintendant Nicolas Fouquet, marquis de Belle-Ile convoita les îles de Houat, de Hœdic et de Glénan. Il offrit, pour les deux premières, en 1660, la belle propriété de Coetcanton en Melven, d’un revenu de 3.500 livres, et l’année suivante, pour les dernières, une rente de 100 livres. Le tout fut accepté, et autorisé par les supérieurs ; mais la disgrâce du ministre en 1661 arrêta l’exécution des traités, et l’abbaye rentra dans ses droits.

En 1756, M. de la Sauvagere ayant demandé au roi l'afféagement des îles de Glénan, Sa Majesté prescrivit une enquête pour en connaître d’abord le propriétaire. L’abbaye de Rhuys prouva ses droits de propriété, et l’affaire n’eut pas de suite.

Vent-on maintenant connaître le total approximatif des revenus de l'abbaye, et savoir l’emploi qui en était fait ?. — Qu'on lise l’acte suivant, contenant une ferme des revenus.

« Le 19ème jour d'aoust l’an 1637, par devant nous notaires royaux establis à Redon... a comparu en personne Mre. Michel Ferrand, abbé commendataire de Saint-Gildas de Rhuys ...... lequel a baillé et affermé pour trois ans, qui commenceront au 15ème jour de janvier, 1638, à Mre Jean Landriec, vicaire du d. Saint-Gildas, le revenu, de la terre et seigneurie de la d. abbaye de Rhuys, consistant tant en grains, vins, rantes, poules, chapons, que tout autre revenu, mesme le total des marais à sel, sans rien réserver, fors ce que le d. sgr abbé a baillé aux religieux de la d. abbaye le 11 du présent mois, à la charge au dit preneur de jouir des d. choses en bon père de famille, et de payer chacun an :

1° Au d. sgr abbé, quitte et nette à sa main, en la ville de Paris, la somme de 3.400 livres tournois, payable par moitié aux termes de Noel et de Pasques ;

2° Aux religieux, pour leur nourriture et vestiaire, la somme de 2.560 livres tournois, payables le 25 juillet et le 25 janvier ;

3° A l’aumônier de lad. abbaye 26 perrées de seigle (environ 156 livres), pour distribuer aux pauvres ;

4° Au vicaire du d. Saint-Gildas de Rhuys 120 livres, aussi chacun an, pour sa portion congrue ;

5° Aux officiers de justice : 30 livres au sénéchal, 10 livres au procureur fiscal, et 10 livres au sergent ;

6° Au sieur Hay la somme de 100 livres tournois, lui, donnée par le roy chacun an sur la d. abbaye ;

7° Les décimes ordinaires deubs par cause de la d. abbaye, et qu’en cas qu’il se trouve quelques extraordinaires, le d. preneur en fera pareillement acquit, parce qu’ils luy seront déduicz sur le prix de la présente ferme.

8° La somme de 800 livres tournois pour les réparations utiles ou nécessaires, tant de la d. abbaye que des moulins d’icelle, suivant l'arrest de la Cour, et en apporter acquit.

Et néanmoins est conditionné que si le d. preneur ne peut jouir, durant le temps de la présente ferme, du revenu des îles de Houat et Hédic (Hoedic) ..., il sera fait déduction au d. preneur, par chacun an, de la somme de 1.150 livres sur le prix de la ferme, parce que le d. preneur ne pourra prétendre aucune chose des 180 livres deues (aux prêtres) sur les d. îles ».

En additionnant toutes les sommes exprimées dans cette ferme, on arrive au total de 7.186. livres ; en y ajoutant les chiffres non exprimés, concernant les décimes, la réserve des religieux et le bénéfice du fermier, on atteint facilement le total de 10.000 livres pour les recettes et les dépenses annuelles. Ce chiffre allait bientôt augmenter.

Pour se conformer aux arrêts du parlement, l’abbé Bertot demanda, dès 1678, le partage des biens en trois lots. L’opération se fit aussitôt. Le premier lot comprit la grande ferme du monastère et les terres voisines, formant un total de 1.500 journaux ; de plus, la grande grange, le moulin de Pencastel, l'île de Gouvian, la rente d'Auray, et le tiers du chauffage... Le second lot comprit le Rohu-Boutin, Kerpont, la Saline, le Logeo, Kerjacob, la frairie de Coet-er-Scoufle, celle de Saint-Armel, l'île de Tascon, la Feuillée, Loqueltas, la rente sur le domaine de Rhuys, et le tiers du droit de chauffage... Le troisième lot comprit la frairie de Kercambre, le moulin de Linden, de nombreuses pièces de terres dispersées, les îles de Houat, de Hœdic et des Glénan, la rente sur le domaine de Vannes, le tiers du chauffage... 

L’abbé choisit pour lui le premier lot, les moines choisirent le second, l’abbé recueillit le troisième pour payer les charges de la maison. Chacun de ces lots rapportait environ 4.000 livres.

M. Henri de Roquette, successeur de M. Bertot, accepta ce partage, et se déchargea sur les religieux, en 1685, de l’administration de ses deux lots, à condition de recevoir une somme nette de 4.000 livres par an, payable à Paris en deux termes égaux, à la Saint-Jean et à Noël. En cas de descente des ennemis de l'Etat, Anglais, Espagnols et autres, il s’engagea à supporter la moitié des pertes. Et en témoignage de sa bonne volonté, il autorisa les religieux à nommer eux-mêmes les officiers de justice. D’après un état détaillé fourni par les moines, en 1756, à la Chambre ecclésiastique du diocèse de Vannes, le lot des religieux ne montait plus à 4,000 livres, mais seulement à 3.338 livres, ce qui suppose une diminution momentanée dans les revenus, ou peut-être aussi l’oubli de quelques articles de recette. En 1766, trois experts, chargés de faire l’estimation des biens et revenus de l'abbaye, proposèrent le partage suivant en trois lots.

I.

- Les biens situés à l’ouest de Saint-Gildas : 2.341 livres 8 sols (sous) 2 deniers.

- Le moulin à mer de Linden, en Sarzeau : 1.450 livres.

- Le pré de La Vervigne, valant de revenu : 96 livres 16 sols 6 deniers.

- Vingt-six oeillets au village de la Saline : 208 livres.

- L’île de Hœdic, valant de revenu net : 455 livres 1 sol 8 deniers.

- Les émoluments du greffe de la juridiction : 54 livres.

- La rente sur le domaine de Rhuys : 48 livres.

Total : 4.653 livres 6 sols 4 deniers.

II.

- Les biens situés à l'est de Saint-Gildas : 2.050 livres 12 sols 8 deniers.

- Les biens de la frairie de Coet-er-Scoufle : 1.084 livres 16 sols 7 deniers.

- Les dîmes et autres droits en Saint-Armel : 265 livres 14 sols 8 deniers.

- Les moutaux de Saint-Armel : 260 livres.

- L’île de Tascon, valant de revenu : 726 livres 6 deniers.

- Le pré de l’abbaye et celui de Kerpont : 226 livres 7 deniers.

- Les rentes sur biens rachetés : 44 livres 15 sols 3 deniers.

Total : 4.658 livres 9 sols 3 deniers.

III.

- Les biens sur la côte du midi : 1.036 livres 4 sols 10 deniers.

- Les terres et revenus de la frairie de Saint-Jacques : 632 livres 11 sols 4 deniers.

- L'île de Houat, valant de revenu net : 730 livres 2 sols 8 deniers.

- Le moulin de Pencastel, valant de revenu : 1.610 livres.

- Les prés de Boberec et de Kerpont : 297 livres 16 sols 11 deniers.

- Vingt-six oeillets au village de la Saline : 208 livres.

- L'île de Gouvian et le havage : 49 livres 11 sols 10 deniers.

- La rente d'Auray, de Vannes, et chauffage : 98 livres 10 sols.

Total : 4.662 livres 17 sols 7 deniers.

Comme on le voit, par cette estimation de 1766, chacun des lots dépassait 4.000 livres. Leur total montait à 14.695 livres. Ce chiffre parut un peu trop forcé au prieur Heully, qui, en 1773, ne trouva qu’un total de 12.966 livres. A cette dernière date les charges étaient de 4.955 livres, en sorte que le revenu net était de 8.011 livres.

Après l’union de la mense abbatiale à l'évêché de Vannes, Mgr. Amelot, en 1775, abandonna aux religieux la régie de son lot personnel et du lot des charges, celui des moines leur restant propre ; il le fit aux conditions suivantes :

1. Les religieux lui compteront, pour une fois seulement, une somme de 9.000 livres, et lui fourniront, chaque année, une rente de 56 tonneaux (560 perrées) de froment.

2. Lesdits religieux demeureront chargés des réparations et de toutes les dépenses du monastère, excepté des décimes de la maison abbatiale, mis au compte de l'évêque.

Dans cet arrangement, Mgr. Amelot avait la part du lion : les 560 perrées de froment, à 22 livres chacune, lui donnaient 12.320 livres par an ; aucun des abbés ses prédécesseurs n’avait réalisé cette somme, et on se demande comment les religieux pouvaient vivre. Il est vrai que leur nombre était réduit, et que leur entretien coûtait fort peu. Néanmoins, en 1790, ils avaient une dette constituée de 14.500 livres, et une autre dette courante de 5.250 livres (extrait des notes de J.-M. Le Mené).

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