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ABBAYE DE SAINT-GILDAS-DE-RHUYS |
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Le monastère de Rhuys fondé par un saint, ruiné par les Normands, rétabli par un autre saint, et supprimé par la Révolution, existe encore aujourd’hui sous une forme nouvelle. De tous les établissements monastiques du diocèse de Vannes, c’est celui qui a eu l’existence la plus longue et la plus mouvementée, et c’est son histoire qu’il s’agit de résumer ici, au moyen des documents conservés aux Archives départementales et ailleurs. |
Abbaye de SAINT-GILDAS-DE-RHUYS - Saint-Gildas-de-Rhuys
L'histoire
de Saint-Gildas-de-Rhuys commence vers 536, lorsque le moine breton Gweltas (Gildas) y
fonde un monastère ou une abbaye où il sera enterré en 565. Cette
abbaye (abbatia Sancti Gildasii Ruyensis
et Rhuvigiensis), dont les origines remontent au VIème siècle, était
située dans une presqu'île de la côte de Vannes, nommée Rhuis (ou Rhuys), et
dans la paroisse de Saint-Goustan. Elle était fondée pour neuf religieux. Son
abbé jouissait d'un revenu de six mille francs. Les bâtiments de cette abbaye
étaient un moment occupés par des sœurs de la Charité de Saint-Louis. Son église,
qui renferme plusieurs anciens monuments et possède de précieuses reliques,
est devenue paroissiale. L'abbaye subit deux raids de
Normands, en 914 et surtout en 919. La communauté s'enfuie en emportant les
reliques du saint fondateur. L'abbaye Saint-Gildas-de-Rhuys tombe
alors en ruine. Geoffroy Ier décide de relever l'abbaye de Rhuys et fait appel
au père abbé de Saint-Benoît-sur-Loire. L'abbaye est reconstruite en 1008 par un moine appelé Félix.
Parmi les successeurs les plus en vue de Félix, premier abbé, on trouve le
célèbre philosophe Abélard (au XIIème siècle). A partir de
1506, l'abbaye de Rhuys tombe à nouveau en ruine puis est reconstruite après
1653. Sous l'emprise des bénédictins de Saint-Maur, elle est remaniée au XVIIème siècle.
L'abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys est revendue comme bien national en 1789. En
1790, des soldats et des gardes-côtes prennent possession des bâtiments. Le cloître date du
XVIIème siècle. Le logis abbatial date du XVIIIème siècle.
Saint-Gildas,
surnommé le Sage ou Badonic (Mathoeus
Westrmons., p. 238), est reconnu pour être le fondateur de ce monastère, de l'église
duquel saint Gildas l'Albanien était le patron. Il est né dans la
Grande-Bretagne en 494, et comme cette année fut fameuse par la victoire signalée
que les Bretons remportèrent sur les Saxons, près du Mont-Badon, on l'a
surnommé Badonic pour le distinguer des autres écrivains de ce nom. Elevé
dans les maximes de la vie solitaire, il quitte sa patrie vers l'an 527 pour se
soustraire à la fureur des Saxons et des Anglais qui le désolent. La
Providence le conduit dans l'île d'Houat, où il trouve une solitude telle
qu'il la souhaite. Il passa ensuite dans la presqu'île de Rhuis (ou Rhuys) et
y établit son monastère. C'est dans ce lieu qu'il écrit les deux traités
qui nous restent de lui, et que l'on regarde comme la plus pure source de
l'ancienne histoire des Bretons. Etant retourné à Houat, il y meurt vers l'an
570. Le malheur des temps nous a fait perdre la suite de ses successeurs
jusqu'au Xème siècle, date de la destruction du monastère par les Normands.
Dajoc ou Daoc en est abbé lorsque ces barbares entrent dans la Bretagne.
Instruit des maux qu'ils avaient faits lors des siècles précédents, il
abandonne son église, et emporte avec lui presque tout le corps du saint
fondateur de sa maison, et ceux de saint Patrice, apôtre d'Hibernie, de saint
Alban, martyr, de saint Patern, évêque de Vannes, de sainte Brigide, abbesse
d'Ecosse, et plusieurs autres reliques. Il dépose ces précieux trésors à
Bourg-Deols ou Bourgdeols (ou Bourgdieu), près de Château-Roux en Berry, où il bâtit une église et un monastère sous le nom de
Saint-Gildas. Ebbon, seigneur du lieu, contribue à cet établissement, et fait
plusieurs dons au nouveau monastère qui subsiste jusqu'en 1622, époque à
laquelle il est sécularisé. Après la retraite de Dajoc, les Normands détruisent
sa maison de Rhuis, ainsi que le monastère de Moriac ou Locminech.
Les choses, en 1008, sont encore en cet état, lorsque le duc de Bretagne, Geoffroi Ier, touché de la désolation de ces deux sanctuaires, demande à Gauzlin, abbé de Saint-Benoît-sur-Loire, des religieux pour les rétablir. Afin de seconder les intentions du duc, Gauzlin lui envoie un de ses religieux nommé Félix. Ce dernier s'applique avec un soin infatigable à l'œuvre dont il est chargé, et Dieu bénit tellement ses travaux, qu'en peu d'année, il répare le premier de ces deux monastères, et le peuple de saints religieux. Sa mission finie, il ne pense plus qu'à retourner à Fleuri (ou Fleury). La duchesse Havoise s'oppose longtemps à son destin, mais elle cède en 1025, et lui donne une lettre pour son abbé, qui a été fait archevêque de Bourges. Gauzlin, ayant lu la lettre de la duchesse, donne alors la bénédiction abbatiale à Félix, et le renvoie en Bretagne pour gouverner l'abbaye de Rhuis (ou Rhuys) qu'il a réparée. Félix y meurt en odeur de sainteté, le 4 mars 1038, selon la Chronique de cette maison. Vital est le successeur de saint Félix. Il porte ses plaintes à Isembert, évêque de Poitiers, contre les religieux de Saint-Philibert, qui avaient enlevé le corps d'un de ses religieux. Ce religieux est saint Gulstan, qu'il a envoyé à Beauvoir pour les affaires de son monastère, et qui y décède dans une grande réputation de sainteté. Vital vit encore le 11 mars 1067, selon une charte de Saint-Florent. Fraval assiste aux obsèques d'Emme, vicomtesse de Porhoët, faites en 1092 par Morvan, évêque de Vannes, dans l'église de Sainte-Croix de Josselin. On ne sait pas l'année de sa mort, mais le jour est marqué au 5 mars dans le nécrologe de Landévennec. Hervé transige avec l'évêque élu de Quimper pour l'église de Saint-Tudi (ou Saint-Tudy), et lui promet une inviolable fidélité. Ce prélat est Robert, solitaire de Locrenan, qui est choisi pour remplacer Bénédic en 1115 ou 1114, et qui meurt en 1130. Pierre Abeilard (ou Abélard), natif du Pallet, diocèse de Nantes, et appartenant à une famille noble, voit le jour vers l'année 1079. Doué d'un esprit pénétrant, il aurait pu acquérir une réputation honorable, et mener une vie beaucoup moins agitée, s'il avait su joindre aux connaissances qu'il avait acquis en théologie une foi humble et soumise et des mœurs régulières. Mais son orgueil et sa témérité en matière de doctrine lui attirent des condamnations de la part de l'Eglise, et ses désordres des humiliations et des peines qui empoisonnent une partie de sa carrière. Ne pouvant plus rester dans le monde, après un malheur qu'il s'était attiré, il veut cacher sa honte dans l'état monastique, et se fait religieux dans l'abbaye de Saint-Denis près de Paris. Elu abbé de Rhuis (ou Rhuys) vers l'an 1125, il accepte cette dignité pour s'éloigner des choses dont la vue l'affligeait continuellement. Mais il va trouver de nouveaux chagrins dans une communauté très déréglée, et dans un pays dont le langage lui est inconnu. Les mauvais procédés des religieux de Rhuis (ou Rhuys) obligent Abeilard (ou Abélard) à quitter cette maison. Après diverses catastrophes, qu'il aurait pu éviter s'il avait été moins présomptueux, il se retire au monastère de Clugny, d'où il passe au prieuré de Saint-Marcel de Châlons. Il finit ses jours dans cette dernière maison, le 21 avril 1142. La Chronique de Rhuis mentionne sa mort en 1141, et lui donne Guillaume comme successeur. Guillaume succède à Abeilard (ou Abélard) en 1141, suivant la chronique de son monastère. Guethenoc-Judelet est un des arbitres nommés en 1161 pour juger le différend que les chanoines de Nantes avaient avec les religieux de Quimperlé, pour l'église de Notre-Dame dans la ville de Nantes. Il souscrit en 1164 au "droit de bouteillage" accordé aux religieux de Marmoutier par Eudon, comte de Porhoët, sur les vins de la ville de Vannes. Tangui ou Tanguy, abbé de Saint-Gildas, meurt le 23 décembre, suivant l'obituaire de Landévennec. H… transige en 1218 avec Guillaume, abbé de Saint-Melaine. Rivald paraît être l'un des juges du différend que l'évêque et le chapitre de Saint-Malo ont en 1231, avec Hamon de Querhiriac, pour la propriété des dîmes de la paroisse de Brons (ou Broons) On ignore l'année de sa mort, mais le jour en est marqué au 5 octobre dans l'obituaire de Landévennec. Pierre a le titre d'abbé de Saint-Gildas-de-Rhuis (Saint-Gildas-de-Rhuys) dans un contrat de vente, que l'on conserve aux archives de l'abbaye de Prières, et qui est daté de l'an 1257. Il se démet le 16 novembre 1259, selon la Chronique de son monastère. Eudon succède à Pierre en 1259, et meurt le 14 janvier 1281, selon le nécrologe de Quimperlé. Alain donne en 1306 quittance aux exécuteurs testamentaires du duc Jean II, pour ce qui est légué par ce prince à son monastère. Pierre II donne en 1313 procuration à frère Geoffroi, son religieux, pour terminer le différend qu'il a avec Geoffroi et Payen de Malestroit. Laurent succède au précédent, suivant une enquête faite en 1395, pour prouver le droit d'usage dans la forêt de Rhuis (ou Rhuys) en faveur de cette abbaye. Guillaume II est le successeur de Laurent, selon la même enquête. Hervé II donne au duc Jean IV en 1384 quittance de la somme de quarante livres pour l'honoraire de trois cents messes. Olivier Predic donne le 22 octobre 1387 quittance de la somme de quarante livres, qui lui avaient été accordées par le duc pour les réparations du four de Calmont au faubourg de Vannes. Guillaume III est recommandé au duc de Bretagne par le pape Jean XXIII le 30 août 1413. Pierre III est recommandé au même prince par le pape Martin V, la treizième année de son pontificat, c'est-à-dire l'an 1430 ou 1431. Jean de Kermen est indiqué comme abbé de Saint-Gildas-de-Rhuis (Saint-Gildas-de-Rhuys), dans le traité passé à Redon le 24 août 1441, entre les nonces du pape et les commissaires du duc, touchant la nomination aux évêchés de Bretagne. Hervé de Beaubois transige, le 18 juillet 1446, avec François, sire de Rieux, pour une rente due à son monastère. Il meurt à Rome le 19 janvier 1463. Pierre de Brignac, abbé de Saint-Gildas-de-Rhuis (Saint-Gildas-de-Rhuys), obtient un mandement de la chancellerie en 1502. Robert Guibé, cardinal du titre de Saint-Anastase, obtient l'abbaye après la mort de Pierre de Brignac, et meurt à Rome en 1513. La saisie est mise sur le temporel, le 23 novembre de la même année. André Hamon, évêque de Vannes, est abbé de Saint-Gildas-de-Rhuis (Saint-Gildas-de-Rhuys) le 30 décembre 1525. Jean de La Motte, chanoine de Rennes, est abbé commendataire de Rhuis (ou Rhuys), le 14 janvier 1529, et meurt coadjuteur de Quimper en 1537. Jean Danielo, chanoine et archidiacre de Vannes, est pourvu de l'abbaye en 1537, et meurt en 1540. Philippe, cardinal du titre de Saint-Martin-aux-Monts, dit le cardinal de Boulogne, obtient mainlevée de l'abbaye de Rhuis (ou Rhuys), après avoir fait par procureur le serment de fidélité au roi en la Chambre des comptes de Bretagne. Jean Stuart fait serment de fidélité au roi en 1552 pour l'abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuis (Saint-Gildas-de-Rhuys) dans la Chambre des comptes de Nantes. Il est nommé Huart par MM. De Sainte-Marthe. Jean de Quilfistre fait serment de fidélité au roi le 10 mai 1564, et meurt vers l'an 1582. Jean-Baptiste de Gadagne, conseiller au conseil et aumônier ordinaire de la reine, fait serment de fidélité au roi pour l'abbaye de Rhuis (ou Rhuys) le 9 novembre 1582. Guillaume d'Avauçon de Saint-Marcel, archevêque d'Embrun, est abbé de Rhuis (ou Rhuys) de 1593 jusqu'au mois de mai 1598. Ce prélat est d'une famille noble du Dauphiné, et a la charge de camérier du pape, lorsque le roi Charles IX le nomme en 1561 à l'archevêché d'Embrun. Il aura beaucoup à souffrir de la part des Calvinistes qui pillent son église. Son zèle le fait distinguer parmi les Pères du Concile de Trente, à la clôture duquel il assiste. Il se trouve aussi au colloque de Poissy et aux Etats de Blois de 1577 et de 1588. Constantin Chevalier, abbé de Rhuis (ou Rhuys), fait serment de fidélité au roi dans la Chambre des comptes de Nantes, le 7 juin 1603. Charles de Montigni (ou Montigny) est abbé en 1513. Charles de Clermont fait serment de fidélité au roi pour l'abbaye de Rhuis (ou Rhuys) en 1617. Il meurt en 1626. Henri de Bruc est abbé de Rhuis (ou Rhuys) en 1627. Il meurt en 1635. Michel Ferrand introduit en 1638 les Bénédictins de Saint-Maur dans son monastère. Sa mort arrive en 1649. Jacques Bertot est nommé en 1678. Il meurt au mois d'avril 1681. Henri Emmanuel de Roquette, docteur de Sorbonne, est nommé au mois d'avril 1681. Il devient membre de l'Académie Française en 1720, et meurt au mois de mars 1725. Jean Joseph de Villeneuve est nommé au mois de mars 1725. Il meurt, semble-t-il, en 1772. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'à cette époque, la mense abbatiale de Saint-Gildas-de-Rhuis (Saint-Gildas-de-Rhuys) est réunie à l'évêché de Vannes, sous l'épiscopat de M. Bertin.
Voir Fondation de l'abbaye de Rhuys
Voir Destruction de l'abbaye de Rhuys
Voir Restauration de l'abbaye de Rhuys
ABBÉS de l'ABBAYE DE RHUYS.
Voici la liste des abbés de Saint-Gildas de Rhuys, depuis la restauration du monastère, avec une courte notice sur chacun d’eux.
1° Saint Félix, chargé dès 1008 de la restauration de l'abbaye de Rhuys, reçut la bénédiction abbatiale vers 1024, groupa de nombreux religieux autour de lui, érigea plusieurs prieurés, souscrivit à diverses chartes de la province, et mourut, comme on l’a dit, le 12 février 1038.
2. Vital, bénit en 1038, envoya le moine saint Gulstan en Poitou en 1040, et fit ensuite rapporter son corps, pour l’inhumer dans son église abbatiale. Il souscrivit en 1062 à une charte concernant les moines de Redon, et en 1067 à une autre regardant les moines de Saumur. Il mourut vers 1069 et fut enterré dans le cloître ; on y retrouva sa pierre tombale en 1660, avec cette inscription ; Vitalis abbas.
3. Raoul, abbé vers 1069, fut contemporain du duc Hoel et de l'évêque Maenguy ; il mourut, d’après le Monasticon benedictinum, le 3 avril 1085, le jour même d’une prétendue confirmation des droits de l’abbaye par le duc de Bretagne Alain IV surnommé Fergent. Radulfus abbas.
4. Fraval, bénit en 1085, assista, en 1092, aux obsèques d'Anne, vicomtesse de Porhoët, dans l’église de Sainte-Croix de Josselin. Il mourut le 3 mars, on ne sait en quelle année, et fut enterré dans le cloître, où sa pierre tombale, retrouvée plus tard, portait l'inscription : Fragalus abbas.
5. Jacques paraît avoir été le successeur immédiat du précédent, parce que Guéthenoc, qu’on met parfois avant lui, ne vivait que longtemps après. Jacques, qui vivait au commencement du XIIème siècle, mourut vers 1125, et fut enterré dans le cloître, avec l'inscription : Jacobus abbas.
6. Pierre Abailard, né vers 1079 au Pallet, diocèse de Nantes, est très connu pour sa science et pour ses égarements. Devenu religieux dans l'abbaye de Saint-Denis, prés de Paris, il fut élu abbé de Rhuys vers 1125. Il accepta cette dignité pour s’éloigner d’objets dont la vue l’affligeait continuellement, mais il trouva de nouveaux chagrins dans une communauté qu’il représente comme très déréglée, et dans un pays dont la langue lui était inconnue. Se croyant menacé de mort par ses moines, il s’enfuit en France, et se retira vers 1138 à Cluny, puis au prieuré de Saint-Marcel de Chalons, où il mourut le 21 avril 1142.
7. Guillaume fut le successeur d'Abailard en 1142, et non en 1141, comme le porte la chronique de Rhuys. En 1143, il vit mourir Even, évêque de Vannes, et lui succéder Rotald ; premier abbé de Lanvaux. On ne sait combien de temps Guillaume gouverna son monastère.
8. Guéthenoc, abbé de Rhuys, fut un des arbitres nommés en 1161 pour juger le différend que les chanoines de Nantes avaient avec les religieux de Quimperlé au sujet de l’église de Notre-Dame de Nantes. Il souscrivit aussi au droit de bouteillage accordé aux moines de Saint-Martin de Josselin par Eudon, comte de Porhoët, sur les vins du port de Vannes. Il fut enterré dans le cloître , avec l’inscription : Guethenocus abbas.
9. Tanguy paraît avoir fini le XIIème siècle ; il a pu voir par conséquent l’arrivée de l'évêque Guéthenoc en 1182, recevoir la duchesse Constance à Saint-Gildas en 1189, et peut-être même assister aux obsèques de cette princesse en 1201. Il mourut le 23 décembre, on ne sait en quelle année.
10. Hervé, abbé de Rhuys, transigea en 1218 avec Guillaume, abbé de Saint-Melaine, et fut député à Quimper par ses religieux en 1220, pour traiter de l’église de Saint-Tudy avec l'évêque Rainald ou Renaud. Cette affaire se traita encore en 1224 entre l’évêque et Hervé du Pont.
11. Rivald, ou Rivaud, fut en 1231 l’un des juges du différend que l’évêque et le chapitre de Saint-Malo avaient avec Hamon de Quihiriac, au sujet des dîmes de la paroisse de Broons. L’obituaire de Landevenec marque sa mort au 6 octobre, mais sans en dire l’année.
12. Pierre II fit plusieurs échanges avec le duc Jean I : il lui céda, vers 1247, le prieuré de Saint-Pabu près de Sucinio, pour la frairie de Prorozat ou de Saint-Armel et une rente de 40 livres sur Rhuys ; puis, en 1257, les terres de Gueldas et du Loch, pour une rente de 12 livres sur la recette d'Auray. C’est le même abbé qui fit inhumer dans le choeur de son église quatre enfants du duc ; il se démit de sa charge le 16 novembre 1259, suivant la chronique de son monastère.
13. Eudon, son successeur immédiat, vit le concile de Nantes, en 1264, défendre aux abbés de diminuer le nombre des moines qui résidaient dans les prieurés. Il mourut le 14 janvier 1281 suivant l’obituaire de Quimperlé.
14. Alain, élu en 1281, vit mourir le duc Jean Ier en 1286, et réclama près des exécuteurs testamentaires plusieurs terres enlevées par le défunt à son monastère ; il donna quittance en 1306 du legs fait à son abbaye par le duc Jean II.
15. Pierre III, abbé de Rhuys, donna procuration en 1313 au frère Geoffroi, l’un de ses religieux, pour terminer un différend qu’il y avait entre Geoffroi et Payen de Malestroit ; il vivait encore probablement en 1320.
16. N.... Il y a ici une lacune considérable, et on ignore le nom de l’abbé qui gouvernait le monastère en 1330 et 1340, à moins qu’on ne place ici P. Cambon, dont on a retrouvé récemment la pierre tombale.
17. Jean Le Bart fit renouveler, en 1356, par Charles de Blois une vieille charte de la duchesse Constance, et fut transféré en 1357 à Saint-Melaine de Rennes, où il mourut démissionnaire au mois de décembre 1393.
18. Laurent Blondel, prieur claustral, abbé en 1358, suivant les lettres du pape Innocent VI, fit renouveler en 1360, par Charles de Blois, le titre de la rente de 40 livres sur Rhuys et se fit payer les 16 livres 10 sous dus par la recette ducale d’Auray. On ignore la date de sa mort.
19. Guillaume II fut son successeur immédiat. C’est probablement lui qui fit reconnaître par le nouveau duc Jean IV les rentes de Rhuys et d'Auray en 1365, le droit d’usage dans la forêt de Rhuys en 1367, et les terres de Prorozat en 1368.
20. Pierre IV était abbé de Rhuys, paraît-il, en 1380, lorsque Jean IV donna son moulin de Pencastel à l’abbaye, pour avoir en échange le moulin et l’étang du bas de la Garenne Vannes ; il était encore abbé en 1383.
21. Olivier Prédic donna, le 22 octobre 1387, quittance de 40 livres que le duc lui avait accordées pour les réparations du four de Calmont à Vannes ; il vivait en 1389, suivant le Monasticon des Bénédictins, et plus tard encore c’est probablement lui qui fit confirmer de nouveau en 1399 (N. S.) le droit d’usage dans la forêt de Rhuys.
22. Guillaume de Moncontour fut recommandé au duc de Bretagne Jean V par le pape Jean XXIII le 30 octobre 1413. Sa pierre tombale porte une croix fleuronnée, une crosse et l’inscription suivante : Hic jacet Guill. de Moncontor, qondam abbas istius loci ; anima ejus requiescat in pace. Amen.
23 « Olivier, humble abbé du benoit moustier de Saint-Guédas de Reuis », et en même temps prieur de Saint-Guen, ratifia, le 30 décembre 1429, l'accensement de la terre du Çosquer située près de Vannes et dépendant de son prieuré.
24. Pierre V fut recommandé au duc Jean V par le pape Martin V, dès le 20 novembre 1430. Il obtint, en 1432, la reconnaissance de plusieurs pièces de terre qu’il réclamait, puis en 1438 l’exemption de la dîme rectorale sur ses métairies de Crach, et en 1439 divers privilèges.
25. Jean de Kermen, nommé vers 1440, parut le 24 août 1441 dans le traité passé à Redon pour la nomination aux évêchés de Bretagne. Il mourut au plus tard en 1445.
26. « Frère Yves, humble abbé du moustier Saint-Guédas de Reuis et le convent du dit lieu » consentirent, le 3 mars 1446 (N. S.) et le 10 septembre 1447, à l'afféagement de quelques terres dépendant du prieuré de Lochrist, près d'Hennebont.
27. Henri, abbé de Saint-Gildas de Rhuys, est mentionné par le Monasticon bénédictin le 8 mars 1456 et le 27 mai 1457 ; il a pu vivre jusque vers 1470.
28. Pierre de Brignac, originaire de Sérent et moine à Saint-Sauveur de Redon, devint abbé de Rhuys on ne sait en quelle année. Il afféagea une saline de Saint-Armel en 1476, et vit apporter en 1496 une modification momentanée au droit d’usage dans la forêt de Rhuys ; c’est lui qui fit renouveler par la reine Anne de Bretagne, en 1503, les actes de la prétendue fondation de l'abbaye par le roi Grallon. Elu abbé de Redon en 1505, il y mourut en 1514. Il fut le dernier abbé régulier de Rhuys.
Ici commence la série des abbés commendataires, sous lesquels le monastère eut beaucoup à souffrir par la diminution des religieux et la ruine des édifices.
29. Robert Guibé, cardinal de Sainte-Anastasie et abbé de Rhuys en 1506, évêque de Nantes en 1507, administrateur de Vannes en 1514, mourut à Rome le 13 novembre 1543 et fut enterré à Saint-Yves-des-Bretons.
30. André Hamon, neveu du précédent, chanoine de Rennes et de Vannes, obtint l’abbaye de Saint-Gildas en 1514 et fut sacré évêque auxiliaire de Vannes en 1515. A la suite d’un naufrage, il supprima le pèlerinage de Houat et lui substitua sur le continent la fête du Craizo.
31. Jean de la Motte, chanoine de Rennes, archidiacre de Nantes, abbé de Boquen et conseiller au parlement, fut pourvu de l’abbaye de Rhuys en 1528 et proposé comme coadjuteur à Quimper en 1532 ; il mourut en 1537 avant d’avoir été préconisé.
32. Jean Daniélo, chanoine et archidiacre de Vannes, recteur de plusieurs paroisses, fut pourvu de l'abbaye en 1537, mourut le 10 juin 1540 et fut inhumé dans la chapelle du Saint-Sacrement à la cathédrale.
33. Philippe de Monti, cardinal italien du titre de Saint-Martin-aux-Monts, reçut l’abbaye de Saint-Gildas en 1540 et fit aussitôt serment de fidélité au roi. Il reste de lui une petite croix reliquaire en vermeil, portant les armes écartelées des Monti et des Strozzi.
34. Jean Steuart (ou Stuart), originaire d'Ecosse, aumônier du roi et de la reine de France, fut nommé à l’abbaye de Rhuys en 1552 et prêta serment de fidélité. Il vit commencer en 1563 l’aliénation des biens du couvent par la vente de l'île de Tascon et d’une tenue à Gornevec en Plumergat.
35. Jean de Quifistre, chanoine de Vannes, procureur de Jean Steuart et son successeur dans l'abbaye en 1564, dut aliéner en 1565 quatre tenues à la Clarté, en 1570 un pré à Malestroit et une partie des revenus de Houat et de Hoedic, en 1575 une tenue à Gornevec, et en 1578 les restes des biens de Malestroit et des îles. Par manque des réparations nécessaires, la nef de l’église tomba par terre, et les bâtiments réguliers eurent beaucoup à souffrir. Il mourut en 1580.
36. Jean-Baptiste de Gadagne, ou Guadagni, originaire de Florence et archevêque d'Aix, fut pourvu de l’abbaye de Rhuys en 1580. Il fit un aveu très détaillé au roi en 1584, obtint en 1587, des héritiers de son prédécesseur, une indemnité de 7.500 livres pour les réparations omises, et dut à son tour aliéner en 1589 une partie des métairies de Locqueltas en Crach. Il mourut à Paris au commencement de 1592.
37. Guillaume d'Avançon de Saint-Marcel, archevêque d'Embrun, nommé à Saint-Gildas en 1592, fut institué le 9 février 1593 et ne trouva que quatre religieux à l’abbaye. Le visiteur des Bénédictins prit en 1597 diverses mesures pour relever l’établissement. L’évêque abbé mourut en mai 1598.
38. Constantin Chevalier, nommé à l’abbaye de Rhuys par le roi, fut pourvu par le pape le 13 novembre 1598. Il dut, avec sa communauté, aliéner en 1604 la seconde moitié des métairies de Locqueltas, avec le passage du Bono, et en 1605 diverses pièces de terre en Sarzeau.
39. Guillaume-Charles de Montigny, nommé et institué en 1607, sur la démission de son prédécesseur, fit reconstruire le moulin de Pencastel, et séparer par un mur le choeur de l’église de la nef ruinée. Il se démit en 1616 et entra plus tard dans la Compagnie de Jésus.
40. Charles de Clerrnont-Thoury, aumônier du roi et abbé de Saint-Ouen de Rouen, fut gratifié en 1616 de l'abbaye de Rhuys. Il fit en 1620 un arrangement avec la communauté pour le partage des revenus ; comme il ne faisait aucune réparation et maltraitait les religieux qui lui en parlaient, le parlement, en 1626, le taxa à 800 livres par an pour les travaux ; vexé, il résigna son abbaye en faveur du suivant.
41. Henri de Bruc, du diocèse de Nantes, fut pourvu en 1626. Guidé par son père, il réussit à retirer les îles de Houat et de Hoedic des mains étrangères en 1628, maintint sa juridiction féodale malgré la sénéchaussée de Rhuys, et entama la reprise des métairies de Locqueltas en Crach ; il mourut en 1637, avant la fin de l’affaire.
42. Michel Ferrand, aumônier du roi, fut nommé à l’abbaye de Rhuys en 1637, et consacra fidèlement 800 livres par an aux réparations. Voyant bientôt que cette somme était insuffisante, il s’entendit avec ses religieux et appela à son aide la puissante congrégation des Bénédictins de Saint-Maur (1650). Les nouveaux moines relevèrent les bâtiments réguliers, retirèrent les métairies de Locqueltas en 1654, acquirent la Feuillée en Sarzeau en 1663, et dépensèrent ainsi 26.932 livres. La maison était prospère quand l'abbé Ferrand mourut le 24 décembre 1676.
43. Jacques Bertot, prêtre de Paris, nommé en 1677, et pourvu en 1678, ne se pressa point de payer sa part des charges, et quand il mourut en 1681, ses héritiers furent condamnés à restituer 5.831 livres.
44. Henri-Emmanuel de Roquette, docteur de Sorbonne, nommé et institué en 1681, accepta dès 1685 la somme nette de 4000 livres pour sa pension, consentit à l’union du prieuré du Hézo au Séminaire en 1689, et de celui d'Ambon au collège de Vannes en 1691, fit reconstruire la nef et la tour de l’église (1699-1705), et, vit commencer un procès au sujet du Hézo en 1715. Membre de l'Académie française en 1720, il mourut en mars 1725.
45. Jean-Joseph de Villeneuve, de Fréjus, nommé et institué en 1725, vit recommencer en 1737 le procès du Hézo, et obtint en 1740 une sentence obligeant les religieux à lui construire une maison abbatiale et à faire un nouveau partage des biens. Il se fixa à Rhuys, où il mourut le 2 juillet 1772. Il fut le dernier abbé commendataire de Saint-Gildas.
Après lui, la mense abbatiale fut unie à l’évêché de Vannes, avec le consentement du roi et la sanction du pape du 10 décembre 1772, union qui subsista seulement jusqu’à la révolution française.
MOINES de l'ABBAYE DE RHUYS.
Des nombreux disciples de saint Gildas, l’histoire écrite n’a conservé aucun nom ; la tradition seule nous fait connaître saint Bieuzy ou Bihuy, le compagnon du saint dans son ermitage du Blavet, l'apôtre des habitants du voisinage, et la victime innocente d’un féroce tyran, qui lui fendit la tête. Il faut ensuite descendre jusqu’à saint Félix, le restaurateur de l’abbaye au XIème siècle, pour trouver quelques noms de moines. L’historien anonyme de Rhuys cite en passant les religieux Ratfred, Mangis, Ranulf, Jouéthen et Riaul ; mais il s’étend longuement sur saint Ehoarn, saint Gingurien, et saint Goustan.
Saint Ehoarn vivait solitaire dans une cellule auprès de l’église ; quelques brigands l’attaquèrent une nuit et le tirèrent hors de sa case ; l’un d’eux nommé Léopard lui planta sa hache dans la tête sur le seuil même de l’église. L’assassin fut aussitôt puni, et perdit entièrement la raison : pendant vingt ans, on le vit courir sans vêtements, en hiver comme en été ; et quand par pitié on lui donnait quelque habit, il le déchirait et le réduisait en charpie.
Saint Gingurien, simple frère lai, était chargé du soin des abeilles et édifiait toute la communauté par son humilité et ses autres vertus. Ayant eu révélation de sa fin prochaine, il vint apporter aux pieds de saint Félix les instruments de son travail, et demanda publiquement pardon à tous les religieux des torts qu’il pouvait avoir. Il fut ensuite frappé de paralysie, et cloué pendant un an sur un lit de souffrance. Enfin il mourut le 28 septembre, comme il l’avait annoncé, et fut inhumé dans la chapelle de l’abside, où une pierre porte ces mots : S. Gingurianus monachus istius loci.
Saint Gulstan eu Goustan, également frère lai, né dans la Cornouaille insulaire en 974 et enlevé par des pirates normands fut jeté par eux dans l'île d’Ouessant. Il y trouva saint Félix, qui le forma à la vie spirituelle et qui le quitta plus tard pour aller à Fleury. Gulstan, resté seul, fit le pèlerinage des Saints Lieux, et finit par rejoindre son ancien maître à Rhuys en 1026. Il était si mortifié qu’il prenait à peine trois heures de sommeil chaque nuit, en hiver comme en été. Envoyé dans l'île d'Hoedic avec le moine Rioc, il y opéra plusieurs miracles, surtout en faveur des marins. L’abbé Vital le rappela de son île, et l’envoya vers 1040 à Beauvoir en Poitou, pour les affaires du couvent. Il y mourut le 27 novembre, et son corps fut enlevé par les moines de Saint-Philibert. Mais l’abbé Vital le réclama, et grâce à l’intervention de l’évêque Isambert, il finit par l’obtenir, et le déposa dans le transept nord de son église sous une pierre sans inscription.
Le moine Rioc, le compagnon de saint Gulstan à Hoedic, avait pour mission de réunir des colons pour défricher et repeupler l’île, et d’y établir un prieuré, dont il fut le premier titulaire. Il y éleva une petite chapelle, qui reçut plus tard le nom de Saint-Goustan, et qui devint le centre religieux de la population. Rioc dut vivre bien saintement, car après sa mort il mérita d’être déposé, lui aussi, dans l’église de l’abbaye et auprès de saint Félix. On y voit encore sa tombe, recouverte d’une pierre prismatique portant l’inscription Riocus abba. Le titre d’abbé ne lui convenait pas rigoureusement, mais bien celui de prieur.
C’est quelque temps après qu’on trouve la mention d’un tout jeune moine nommé Simon ; il fut enterré à l’extérieur du transept nord entre l’absidiole et le choeur. On y lit encore l’inscription : V. Idus Septembris obiit Simon, puer et monicus Sci Gildasii.
L’abbaye de Rhuys, si régulière et si sainte au XIème siècle, paraît avoir dégénéré au XIIème siècle, si toutefois l’on peut tenir compte des exagérations et du témoignage intéressé d'Abailard : « La vie des moines, dit-il, était affreuse et indomptable. Les portes de l’abbaye n’étaient ornées que de pieds de biches, d’ours, de sangliers. Les moines n’avaient d’autre signal pour se réveiller que le son des cors de chasse et les aboiements des chiens..... L’indiscipline des moines me tourmentait nuit et jour, et je crois que maintenant les dangers auxquels furent exposés mon corps et mon âme ne sont plus ignorés de personne. Je voyais bien que, si je voulais ramener ma communauté à une vie régulière, ma mort était inévitable, et que si je tolérais tant de dérèglements, ma damnation était certaine ». Après diverses tentatives de réforme, se sentant toujours menacé du poison et du poignard, il s’enfuit définitivement en France en 1138.
Il paraît que la situation s’améliora bientôt, car en 1189 la duchesse Constance, se trouvant à Saint-Gildas de Rhuys, assista à l’office divin, et se trouva, grandement édifiée de la piété et de l’ordre des cérémonies : c’est elle qui l’affirme dans une charte qu'elle donna à l'abbaye.
Au XIIIème siècle, on trouve seulement une procuration donnée par la communauté à son abbé, en ces termes : « A Rainald, évêque élu de Quimper, l’humble, couvent de Saint-Gildas de Rhuys, salut dans le Seigneur. Nous vous envoyons le vénérable abbé Hervé, notre procureur, et nous lui donnons un mandat spécial pour transiger avec vous au sujet de l’église de Saint-Tudy et de toutes ses appartenances, promettant d’agréer et d’accepter l’accord qui sera fait avec vous pour ladite église et ses appartenances. De plus nous lui donnons mandat spécial pour prêter sur son âme et sur les nôtres le serment d’obéissance, dû à vous et à vos successeurs, et de la fidélité de l’église de Saint-Tudy ». (Cart. Coris.).
Au XIVème siècle, on ne trouve aucun nom des moines de Rhuys. On sait seulement que pendant la guerre de succession (1341-1364) le monastère perdit une partie de ses archives, et que c’est pour y suppléer qu’un des religieux fabriqua des titres, que la critique historique a reconnus faux, les uns pour le fond, les autres pour la forme, et tous pour les dates. Les principales pièces concernent la fondation du monastère par le roi Grallon en 399, et l’échange de diverses propriétés avec le duc, reportées de 1247 à l’an 1001.
Au XVème siècle commencent à reparaître quelques rares noms de religieux. Ainsi l’on rencontre en 1402 Guillot Le Prévost, prieur ; en 1429 les frères Pierre Kermer et Olivier Amoureau ; en 1438, Fr. Jean Le Gal, prieur de Gavre ; en 1446, Fr. Arthur Le Roux, prieur de Lochrist ; en 1456, Fr. Louis de la Gravelle, prieur d'Ambon ; en 1469, Fr. Hervé de Talhoet, prieur de N.-D. de l'Ile-d’Arz. A l’intérieur du monastère on distinguait : le Prieur claustral, chargé de la direction spirituelle de la communauté ; le Chambrier, chargé de la sacristie et un peu de la paroisse ; le Cellerier, ou procureur, chargé de faire les provisions de bouche ; l'Ouvrier, chargé de surveiller les domestiques et les ouvriers de la maison ; l'Aumônier, chargé de la distribution des aumônes du couvent ; et l'Infirmier, chargé de soigner les malades.
Au XVIème siècle, la suppression des abbés réguliers et l'introduction des abbés commendataires vinrent malheureusement diminuer les ressources et restreindre les vocations.
L’esprit de pauvreté diminua et peu à peu les officiers du monastère s’attribuèrent les revenus propres à leurs charges. On trouve en 1526 le Fr. Julien Sorel, prieur claustral ; en 1557 Fr. Jean de Brouel, prieur de Bourgerel ; en 1565, Fr. Louis de la Broesse, prieur de Quiberon. En 1580, la communauté de Saint-Gildas comprenait : Jacques de Gaudart, prieur et chambrier, mort en 1593 ; René Le Vaillant, ouvrier ; Jean Girard, cellerier ; et Thomas Nobile, infirmier. En 1598 on y trouvait : Jean Girard, prieur ; René Le Vaillant, ouvrier ; Alexandre de Monti, chambrier ; Jean Bouczo, Louis de Baud et Mathurin Ferrand ; total, six religieux.
Au XVIIème siècle, le personnel augmenta légèrement, en 1608 il y avait sept religieux, à savoir : Jean Girard, prieur claustral ; René Le Vaillant, ouvrier ; Martin Ferrey, prieur de Gavre ; René Gaborit, infirmier ; Jacques Morin, chambrier ; Ambroise de Trégoet, aumônier, et Georges de Bodoyec.
En 1620, il y en avait huit, à savoir : René Gaborit, prieur claustral ; Martin Ferrey, prieur de Gavre ; Jacques Morin, chambrier ; Ambroise de Trégoet, prieur de Bourgerel ; Georges de Bodoyec, infirmier ; Philippe du Pontroger, cellerier ; Louis Carré, aumônier, et Guillaume du Bois-de-la-Salle.
Le prieur René Gaborit, qui était en charge depuis le 19 janvier 1610, mourut en 1629. Il eut pour successeur Jacques Morin qui gouverna la maison jusqu’à l’introduction de la réforme de saint Maur en 1650.
Voici l'arrangement conclu entre les anciens et les nouveaux religieux, faisant suite au Concordat dressé entre l’abbé Michel Ferrand et le représentant de la congrégation de Saint-Maur : « Le 7ème jour d’octobre 1650, les anciens religieux de Saint-Gildas, savoir, Dom Jacques Morin, prieur claustral, chambrier-sacristain, D. Georges de Bodoyec, infirmier, D. Louis Carré, aumosnier, D. Guillaume du Bois-de-la-Salle, ouvrier, et D. Pierre de Trévegat, ex-prieur de Quiberon... représentés par Messire Joachim Des Cartes... firent transaction perpétuelle et irrévocable, en la forme cy-après, avec R. P. Dom Dominique Huillart, prieur de l'abbaye de Saint Sauveur de Redon, et procureur du T. R. P. Dom Jean Harel, supérieur général de la congrégation de Saint-Maur, assisté du R. P. Dom Mathieu Pichonnet, procureur du d. monastère de Saint-Sauveur de Redon.
1° A esté convenu et accordé que plusieurs des d. anciens étant valétudinaires et indisposez, il sera à leur choix d’embrasser l'estroite observance de la d. congrégation ou de demeurer en celle de leurs voeux et anciennes constitutions, soubz la jurisdiction, autorité et obéissance de leur grand prieur ou plus ancien.
2° Les d. prieur et religieux de Saint-Gildas, moyennant la d. agrégation et union, entrent de ce jour en la communication et participation des mérites, prières, suffrages et bonnes oeuvres des Pères de la d. congrégation.
3° Toute l’administration de l’église et sacristie sera à l’entière disposition des Pères de la d. congrégation, et ceux-ci seront obligez de fournir des ornementz nécessaires, toutes et quantes fois que les d. anciens en auront besoign pour célébrer la sainte messe.
4° Les d. Pères acquitteront les messes et offices d’obligation, s’il y en a, et feront le service divin selon leur usage et cérémonies, auquel les d. anciens assistanz tiendront les premières et plus honorables places, et partout ailleurs...
5° L’office de chambrier ou sacriste appartiendra et demeurera à l’entière disposition des Pères de la d. congrégation, qui en feront toutes les fonctions, en acquitteront toutes les charges, et jouiront dés à présent de tous ses revenus.
6° Quant aux offices de grand prieur, infirmier, aumônier et ouvrier, ils demeureront en tiltre à ceux qui en sont présentement pourveuz, .... et advenant la vacance d’iceux, ils demeureront, ainsi que leurs places monacales, réunis à la manse conventuelle.
7° Les Pères de la d. congrégation auront l’entière disposition doresnavant de tous les lieux réguliers, maisons, caves, celliers, greniers, granges et jardins, fors que chacun des anciens jouira, sa vie durante, des chambres, caves, greniers, jardins et escuries, dont il jouit à présent.
8° Jouiront et disposeront les d. anciens des pigeons du colombier, mais les d. Pères en pourront avoir une cleff, pour en prendre pour les malades et par besoign ; jouiront pareillement les d. anciens du droit de chasse dans toutes les dépendances de la dicte abbaye. Nantes, le 7 octobre 1650 » (Original parchemin).
En conséquence, les nouveaux religieux prirent possession du monastère de Saint-Gildas le 22 octobre de la même année, et l’évêque de Vannes, Charles de Rosmadec, accepta ce changement le 18 décembre 1652. Les premiers religieux réformés, envoyés de Redon à Rhuys, furent Dom Robert Diée, avec le titre de prieur, Dom Noël Mars, avec celui de procureur, et un troisième qui n’était pas prêtre. Dom Noël Mars mit un grand zèle à recueillir et à reconstituer les archives de la maison, ce qui lui permit plus tard d’en faire l’histoire.
Après le premier prieur, on trouve parmi ses successeurs, Dom Dominique Huillart en 1660, D. Etienne Desmonts en 1665, D. Pierre Le Bot en 1672, D. Martin Drouin en 1678 et 1683, D. Nicolas Hougat en 1685 et 1689, D. André Le Maistre en 1699.
Dès 1685, il avait été convenu avec l’abbé de Roquette que le nombre des religieux serait de sept, avec faculté de l’augmenter ou de le diminuer, suivant les ressources de la maison. Le 19 septembre 1699, on trouve les noms de huit religieux dans le marché fait pour la reconstruction de la nef et de la tour de l’église, à savoir : Fr. André Le Maistre, prieur ; Fr. Louis-Joseph Auffret, sous-prieur ; Fr. Guillaume Bouttier ; Fr. Yves Tharo ; Fr. Georges Botherel ; Fr. François Mézard.
Quant aux prieurs, on rencontre D. Joseph Joly en 1715, D. Etienne Bérard en 1720, D. Gilles du Liève en 1723, et D. Pierre Aubin en 1727 et 1731. A cette dernière date, la communauté comprenait : Fr. Pierre Aubin, prieur ; Fr. Jean-Baptiste Le Masson, procureur ; Fr. Jean-Baptiste Bonnier ; Fr. Elier Bernardin ; Fr. François-Joseph Boëdan.
En 1744, la communauté renfermait : Fr. Yves Buzaré, prieur et successeur d'Antoine Lalloué ; Fr. Jean-Baptiste Bonnier, sous-prieur ; A.-J. Brenugat, procureur ; Nicolas Adam ; D. Le Febvre ; Jean-Baptiste Le Masson.
La liste des prieurs se continue par D. Pierre Dusers, mentionné en 1756 ; D. René Even en 1756 et 1758 ; D. Joseph-Claude Allain, en 1759 et 1760 ; D. Joseph-Aimé Surineau en 1763 et 1765 ; D. Jean-Baptiste Bellegarde, en 1766 et 1767 ; D. René de Bizien du Lézard, en 1769 et 1771 ; D. Guillaume-Henri Heully, en 1773 et 1776 ; D. Léonard-Laurent Hillion, en 1782 ; D. Antoine Perrin, en 1784 ; et D. Yves-René Gannat, en 1790.
La communauté comprenait alors : 1° le susdit prieur, âgé de 50 ans, natif de Guérande, profès depuis 1759 ; — 2° Charles Broust, sous-prieur, âgé de 37 ans, natif de Dangeau, diocèse de Chartres, profès depuis 1775 ; — 3° René-Bonaventure Lorho, procureur, âgé de 40 ans, natif d'Auray, profès depuis 1771 — 4° Théophile-Louis Quenerdu, cellerier, âgé de 38 ans, natif de Douarnenez, profès depuis 1777 ; — 5° Laurent Toufaire, frère donné, âgé de 60 ans, natif du Mans, entré depuis 1766.
Ces religieux, interrogés par la municipalité de Saint-Gildas, le 25 mai 1790, sur leur intention de cesser ou de continuer la vie commune, refusèrent de s’expliquer. L’année suivante, le 21 mars, le directoire du département ordonna d’évacuer l'abbaye de Rhuys et invita les religieux qui voudraient continuer la vie commune à se retirer au monastère de Prières. Les moines bénédictins, n’ayant pas la même règle, refusèrent de s’y rendre et préférèrent se disperser. Dès le 1er avril, les scellés furent mis sur le mobilier.
Ainsi finit l'antique abbaye de Saint-Gildas de Rhuys. On ignore ce que devint dom Gannat ; il est probable qu’il se retira dans son pays natal. Dom Broust se rendit à Lorient et versa dans l’église constitutionnelle. Dom Lorho, après avoir affermé la maison abbatiale, se retira à Auray. Dom Quenerdu se réfugia à Vannes, et peut-être plus tard dans son pays. Le frère Toufaire, retiré dans la maison abbatiale, disparut ensuite, sans laisser de traces.
MONASTERE de l'ABBAYE DE RHUYS.
Le monastère bâti par saint Félix au XIème siècle ; se maintint en bon état jusqu’au XVIème, parce que les abbés réguliers, demeurant sur place, veillaient constamment à l’entretien des édifices solides et à la réfection de ceux qui menaçaient ruine.
Mais l’absence des abbés commendataires, suivie de l’omission des réparations nécessaires, fut un fléau pour l’abbaye ; de plus, les lourdes taxes imposées pour soutenir la guerre contre les Huguenots, épuisèrent les ressources et obligèrent même à vendre de nombreux immeubles.
En moins d’un siècle de ce régime, les édifices de Saint-Gildas menaçaient ruine. Sous le gouvernement de l’abbé Jean de Quifistre, vers 1575, la toiture de la nef de l’église tomba, par suite de l’écartement des murs, et la charpente fut brisée ; il fallut d’urgence construire un mur provisoire, pour séparer cette nef de la partie supérieure de l’église. Les bâtiments de la communauté souffraient de leur côté, et les toits ruinés laissaient passer la pluie ; les religieux, bien que peu nombreux, ne pouvaient plus y loger ; quelques-uns se réfugiaient dans des édifices accessoires, à l’est du couvent, dans le jardin actuel ; quelques autres, qui étaient pourvus de prieurés, s’y retiraient ; pendant quelques années il n’y resta qu’un seul religieux, pour garder ces ruines !
L’abbé de Quifistre mourut en 1580, et son héritier fut condamné, en 1587, à payer une somme de 7.500 livres, pour les réparations omises. Mais les ruines ne se relevèrent pas de suite, malgré les nombreux procès-verbaux qui furent dressés pour constater l’état des lieux.
Au mois de septembre 1597, le Fr. Jean Regnault, bénédictin de Redon, et vicaire de Fr. François Rolle. supérieur général de l’ordre de Saint-Benoît, assisté de Fr. Pierre Macé, prieur claustral de l’abbaye de Lanvaux, visita le monastère de Rhuys, et constata qu’il était entièrement ruiné. En conséquence il ordonna qu’on préleverait, tous les ans, une somme de 300 écus (900 livres) pour être employée en réparations ; de plus que l’abbé fournirait, tous les ans, pour l’exercice de l’hospitalité, 150 livres en argent, deux pipes de vin d'Anjou (172 livres), quatre perrées de froment, six perrées d’avoine, et six charretées de foin. — Le parlement de Bretagne homologua ce règlement, le 14 juillet 1598, et au lieu du chiffre fixé de 300 écus pour les réparations, ordonna d’y appliquer le quart des revenus de l'abbaye.
Un procès-verbal du 8 octobre 1598 donne les renseignements suivants : « .... La nef de l’église, le portal au bas d’icelle, et les voultes sont tous descoupvertz et sans boys de charpente ; d’un costé de laquelle église, vers l’emplacement du clouestre, avons veu un commencement de longère neuffve, le dehors d’icelle estant parementé de pierre de taille ; de l’aultre costé de la d. nef, sont encore debout les vieux pilliers de pierre de taille avec les chapiteaux et les voultes ; et à costé des d. pilliers, à distance d’environ 9 piedz, est la vieille longère, surplombée par le dehors ; laquelle nef, depuis la closture du choeur jusqu’au portal du bas, contient de longueur 95 ? piedz (ailleurs 72), et de largeur entre les longères 34 piedz.
Ce fait, sommes entrez au choeur, soubz le clocher, qui est avec les chapelles estant à l’entour tout ce que nous avons trouvé soubz coupverture ; et avons veu les voultes des d. chapelles couleupvrées et fendues en plusieurs endroitz... Dans le choeur il y a douze chaires (stalles) de vieux boys rompues, sçavoir seix chaires de chacun costé, lesquelles ne peuvent servir, et reste en faire de neufves.
De là sommes transportez en un grand corps de logis ruyné (à l’est), le bas du quel s’appelle le chapitre, et au dessus le dortouer, lequel corps de logis est ruyné en la coupverture, et ne reste à présent que quelques chevrons pourris et gatez, ainsy que les poutres au dessus de la salle du chapitre ; au dortouer avons veu douze fenestres, pour servir aux douze chambres qui y estoint de tout temps.
Sortant de là, avons veu qu’il n’y a aucune apparence du clouestre qui estoit en forme d’allée tout à l’entour du placitre, entre la d. salle du chapitre, la nef de l’église, et les murailles d’un vieux bastiment, qui estoit vers la mer. Puis sommes transportez (à l’occident) au logis de l’infirmerie, et au corps de logis où, est la salle conventuelle, avec la cuisine, la chambre de l’abbé, et les cellules des religieux... ».
La sacristie, elle aussi, laissait beaucoup à désirer. En 1613, Mgr. Jacques Martin, évêque de Vannes, se trouvant à Saint-Gildas, les religieux lui remontrèrent « qu’il y avait manque d’ornements et indigence de réparations au couvent et à l’église ». L’évêque ordonna que « le prieur auroit soin de contraindre l’abbé, qui étoit alors M. Guillaume de Montigny, de faire administrer les ornements requis, et de faire faire les réparations de la d. église, enjoignant au d. prieur de lui rapporter acte de ses diligences dans six semaines, sur peine de suspense à divinis de six mois ».
On fit, à cette date, quelques travaux, et on trouve une ordonnance du sénéchal de Vannes, de 1613, pour contraindre les tenanciers de Saint-Goustan, d'Arzon, de Saint-Jacques et de Coet-er-Scoufle, aux charrois et corvées qu’ils devaient à l'abbaye. Mais tout cela fut insuffisant.
Un nouvel abbé, Charles de Clermont, se présenta en 1616. Voici comment s’exprime sur son compte et sur l’état de l’abbaye, le 13 mai 1625, M. Alain de Kermeno du Garo, conseiller au parlement, chargé d’une enquête officielle : « ... M. de Clermont, abbé commendataire, depuis qu’il jouit du revenu de la d. abbaye, n’a jamais employé valant un sol en réparations... Il demeure à l’abbaye avec ses valets, beuvant et mangeant d’ordinaire à la table des religieux ; lequel de Clermont et ses valets sont gens grandement violents, qui auroient déjà par plusieurs fois, tant de jour que de nuit, voulu assassiner le cellerier du Pontroger (qui réclamait les réparations ordonnées).. Dernièrement le d. de Clermont bailla, sans aucun sujet, au Fr. Féray, prieur de Gavre et oncle de Pontroger, nombre de coups de soufflets, en pleine table conventuelle,.durant le souper, et luy dit que s’il branloit, il luy feroit passer une épée au travers du corps par un de ses gens, qui étoient là présents, tout affutés avec leurs épées. De leur côté, les religieux menacent journellement le d. Féray de le maltraiter, sur la croyance qu’ils ont qu’il donne assistance au d. du Pontroger pour la poursuite et accélération des réparations.
Ce fait, nous sommes transportés au portail et entrée de l’ancienne nef de l’église... Avons vu la muraille et longere de la d. nef, du costé de l'Evangile, surplombée de bien un pied et demy.. et est à refaire à neuf.... Et du costé de l’'Epitre, avons vu une muraille de structure neuve, qui fait l’autre longere, en laquelle il y a quatre fenêtres encommencées.
Et entrés au chanceau de l’église, avons trouvé les murailles en assez bon estat... Laquelle église est presque toute dépavée et détuilée. Et est requis mettre huit chaires neuves de chaque côté du chanceau, au lieu de celles qui y sont, les quelles sont pourries et brisées. Les livres sont fort usés, il en manque plusieurs. Il n’y a aucune lampe au choeur.
Le lendemain, 14 mai, entrés en un espace où étoit anciennement le cloître, au midy de la nef de l’église, il a été trouvé contenir 96 pieds en carré, n’y étant resté aucun vestige de la charpente ny du massonnage.
Et au costé du d. cloître, vers l’orient, sont les murailles en ruines d’un ancien bâtiment, le bas duquel servoit autrefois pour tenir le chapitre, et l’étage au dessus servoit de dortoir. Lequel emplacement ayant été mesuré, à été trouvé avoir 60 pieds de long, 26 de large, et 25 de hauteur des longeres. Au bout du quel chapitre, vers le midy, il y a un petit bâtiment qui servoit de prison.
Et à costé du cloître, vers le midy, est l’espace où étoit autrefois le réfectoire, à présent tout ruiné, le quel contient de long 94 pieds, et de large 30, les longères sont hautes de 24. Et sortis du d. réfectoire, vers l’occident, avons vu un espace cerné de murailles ruinées, avec une large cheminée, ou étoit l’ancienne cuisine des religieux.
Entrés en la maison de l’infirmerie, avons vu une chambre en icelle en bon état de réparations, avec son antichambre, en laquelle loge Fr. du Bodoyec, infirmier ; et le parsus du d. logis, contenant 50 pieds de long et 20 de large, est entièrement ruiné...
Autrefois-il y avait un petit cloistre (galerie) le long de l’infirmerie, que l’on appelait le cloistre de l’abbé, qui servait peur aller à couvert au réfectoire et cloistre des religieux.
On, pourrait commodement élever la muraille de la salle du logis abbatial, servant à présent de réfectoire aux dits religieux, et y faire des chambres pour servir de dortoir ; ce, dortoir contiendrait 60 pieds aux deux longères et 36 pieds aux pignons ; il y avait 58 pieds de la longère de la dite salle jusqu’à la muraille du chapitre et dortoir anciens des dits religieux... ».
L’infirmerie et l’abbatiale étaient alors à l’est de l’ancien couvent, dans le jardin actuel. Quel fut le résultat de cette visite ? — Le parlement, par un arrêt du 13 janvier 1636, condamna l’abbé à 800 livres par an pour les réparations. M. de Clermont, au lieu de se soumettre, préféra se démettre. Son successeur, Henri de Bruc, occupé à défendre les droits et les biens de l’abbaye, ne put entreprendre de grands travaux. Un religieux de Redon qui visita le monastère en 1643, le trouva toujours ruiné ; l’abbé et les religieux vivaient ensemble dans la maison abbatiale du jardin.
Enfin, l’introduction de la Congrégation de Saint-Maur à Saint-Gildas, en 1650, vint apporter le salut. Les nouveaux religieux, généreusement soutenus par l’abbé Michel Ferrand, se mirent courageusement à l'oeuvre, et peu à peu ils relevèrent les ruines et bâtirent un nouveau monastère sur l’emplacement de l’ancien. Les ressources étant limitées, ils prirent leur temps, et arrivèrent enfin à leur but.
Un procès-verbal de visite faite, le 23 septembre 1678, par le nouvel abbé Jacques Bertot, par les religieux, les gens de justice et les experts, contient d’intéressants détails topographiques : « ... Le cloistre est à quatre pans, chaque pan ayant huit arcades de 7 pieds et demi de largeur chacune ; chaque côté mesure de longueur 13 toises (78 pieds), et de largeur une toise et demie (9 pieds). Le corps de logis vers le soleil levant contient 17 toises et demie (105 pieds) de longueur, et 6 de hauteur (36 pieds) y compris les fondements ; lequel corps de logis renferme, au rez-de-chaussée, le chapitre, le lavoir le réfectoire, l’office et la cuisine. Au dessus est le dortoir des religieux, divisé en onze cellules, et surmonté d’un galetas très vaste. Au bout du d. dortoir, vers le midy, est un pavillon de 17 pieds et demi en carré dans oeuvre, dans lequel sont des lieux communs. L’autre pan du cloistre, vers le midy, touche à un corps de logis de 20 toises (120 pieds) de longueur, et de 16 pieds de largeur, le tout dans oeuvre ; sous lequel corps de logis sont des caves voûtées ; au dessus des d. caves il y a cinq chambres ; l’étage au dessus consiste en six chambres, et est surmonté d’un vaste grenier servant de fagoterie ; au bout de ce corps de logis est un petit pavillon, où sont des lieux communs. L’autre pan du cloistre, vers le couchant, donne vers la bucherie, le pressoir, etc... ».
Il était alors question de compléter ce côté, et d’établir au premier étage un chartrier et un vestiaire. Dans la cour on avait bâti des granges et fait diverses réparations. A l’est du couvent, on avait démoli le logement de l’abbé et les bâtiments accessoires, et transformé l’emplacement en un jardin à fleurs. On avait dépensé jusqu’alors plus de 60.000 livres, c’est-à-dire plus de 2.000 livres par an en moyenne, tandis qu’on n’était tenu qu’à 800 livres par an. Là sacristie avait été remontée : il y avait en 1678 cinq calices, un ciboire, un soleil, une croix processionnelle, une volute de crosse, un bâton cantoral, un encensoir, etc... le tout en argent. Il y avait également 20 chasubles de diverses couleurs, 4 tuniques, 8 chapes, 7 parements d’autel, un pavillon de tabernacle, etc...
Le choeur de l’église et les chapelles rayonnantes avaient été soigneusement réparés. Il ne restait plus que la nef à reconstruire : il fallut encore attendre quelques années, pour réunir les fonds nécessaires.
Enfin, le 19 septembre 1699, les religieux firent marché avec M. Olivier Delourme, entrepreneur de Vannes, pour la reconstruction de la nef et de la tour. Il fut convenu que la nef aurait 50 pieds de longueur, au lieu de 72 qu’elle avait auparavant ; la largeur de la nef principale devait être de pieds et celle de chaque collatéral de 5 pieds. De chaque côté de la nef il devait y avoir quatre fenêtres, de 11 pieds de hauteur sur 5 pieds de largeur, construites en granit par dehors et en tuffeau par dedans. Les piliers des collatéraux devaient être également en granit, et les arcades et les voûtes en tuffeau.
Le clocher de l'inter-transept serait démoli, et au bas de la nef s’élèverait une grosse tour carrée pour recevoir les cloches ; son style serait d’ordre dorique, conforme au plan convenu, et un escalier intérieur conduirait jusqu’au haut.
Ce programme fut exécuté fidèlement, comme on peut le vérifier sur place. Les travaux durèrent trois ans, et devaient coûter 20.089 livres 10 sous. Mais il est probable que le devis, comme il arrive toujours, fut dépassé par des travaux imprévus.
La maison de Dieu était complète, celle des moines aussi ; il ne restait plus à faire qu’une maison abbatiale, car l’abbé ne disposait que de quelques pièces dans le corps de logis, bâti à l’ouest du cloître après la visite de 1678. Sur la demande formelle de l’abbé Jean-Joseph de Villeneuve, un arrêt du Conseil du roi, du 20 septembre 1740, ordonna que les religieux seraient « tenus de lui faire construire incessamment et à leurs frais, une maison abbatiale convenable, dans l’emplacement le plus commode et le plus proche de l’église qu’il seroit possible, et que des experts indiqueroient l’emplacement qu’ils jugeraient le plus convenable ».
Dès 1741, il y eut un rapport des experts indiquant l’emplacement voisin de la grande grange, et faisant monter le devis des travaux à 33.000 livres.
Les religieux se récrièrent contre un total si exagéré, qui dépassait absolument leurs ressources. Un second arrêt du Conseil, du 11 avril 1742, réduisit le projet à dix ou douze mille livres au plus. Un entrepreneur de Saint-Malo, Sébois du Taillis, s’engagea, le 10 août 1744, à construire ladite maison, suivant le plan arrêté, pour 12.600 livres. Au milieu des travaux, l’entrepreneur, à bout de ressources, abandonna le chantier. Les religieux durent prendre la suite de l’ouvrage qui ne fut achevé qu’en 1746, et qui dépassa nécessairement le prix convenu.
Cette fois l’établissement était complet, mais ce ne fut pas pour longtemps. En 1774, la mense abbatiale fut unie à l'évêché de Vannes, et en 1791 les religieux durent quitter le Monastère. Une fois de plus, les moines avaient travaillé pour d’autres : Sic vos non vobis mellificatis apes.
Voir L'ancien fief de l'abbaye de Rhuys
Voir Les biens de l'abbaye de Rhuys
Voir Les reliques de l'abbaye de Rhuys
Voir Les anciennes cérémonies religieuses de l'abbaye de Rhuys
Voir Les tombeaux et pierres tombales de l'église Saint-Gildas de Rhuys
L'ABBAYE DE RHUYS SOUS LA RÉVOLUTION.
Le 2 novembre 1789, l'Assemblée. nationale, réunie à Paris, décréta, sur la proposition de M. de Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun, que « tous les biens ecclésiastiques étaient à la disposition de la nation, à la charge de pourvoir d’une manière convenable aux frais du culte, à l'entretien de ses ministres, et au soulagement des pauvres ».
Cette confiscation, absolument injuste, allait amener la ruine de tous les établissements religieux. La promesse d’une pension aux prêtres et aux religieux n'était qu’un leurre, et ne fut pas longtemps tenue.
Le 13 février 1790, l'Assemblée nationale, s’érigeant en concile, porta le décret, suivant :
« 1° La loi constitutionnelle du royaume ne reconnaîtra plus de voeux monastiques solennels des personnes de l'un ni de l’autre sexe ; en conséquence les ordres et congrégations réguliers, dans lesquels on fait de pareils veux sont et demeurent supprimés en France, sans qu’il puisse en être établi de semblables à l’avenir.
2° Tous les individus de l’un et de l’autre sexe existant dans les monastères et maisons religieuses pourront en sortir, en faisant leur déclaration devant la municipalité du lieu, et il sera pourvu incessamment à leur sort par une pension convenable. Il sera pareillement indiqué des maisons où seront tenus de se retirer les religieux qui ne voudront pas profiter de la disposition du présent ».
Dès le 26 de ce même mois de février 1790, les religieux de Rhuys, obéissant à un ordre du gouvernement, fournirent à la municipalité de Saint-Gildas un état de leurs biens et de leurs charges. A son tour, la municipalité de Saint-Gildas fut invitée à faire un inventaire détaillé, d'après une formule envoyée d'office. En voici la reproduction sommaire.
« Nous soussignés, officiers municipaux de Saint-Gildas-de-Rhuys, certifions que ce jour, 25 mai 1790, nous nous sommes transportés, jusqu'à l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys. A l'endroit se sont présentés le R. P. prieur Yves-René Gannat, le R. P. Charles Broust, sous-prieur, le R. P. René-Bonaventure Lorho, procureur, le R. P. Théophile-Louis Quenerdu-Bourriquen, cellerier, et le Fr. Laurent Toutaire... Lesdits religieux ne nous ont fait aucune déclaration explicative de leurs intentions. Ayant examiné ce que la d. abbaye pouvoit contenir de sujets, avons vu et vérifié qu’elle pouvait contenir facilement neuf religieux.
I. Biens.
Le R. P. prieur nous ayant présente le Rolle rentier avec les pièces au soutien, nous en avons fait le relevé comme suit :
Les religieux perçoivent la totalité du revenu, suivant un traité passé lors de la réunion de la mense abbatiale à l’évêché de Vannes, en payant au seigneur évêque, chaque année, 56 tonneaux (560 perrées) de froment, mesure de Vannes, marchands et conduits à bord de barque (Voir ci-dessus "Les Biens de l'Abbaye de Rhuys").
II Charges.
Les charges de l'abbaye sont :
1° Deux messes par jour pour les fondateurs et un obit par an ;
2° Des aumônes de fondation, de la Toussaint à la Saint-Jean-Baptiste ;
3° Une rente de 3 livres 8 sols, au Domaine sur la Feuillée;
4° L’entretien des églises, chapelles et maisons ;
5° Les décimes à payer au gouvernement ;
6° Les portions congrues aux vicaires et curés ;
7° Les frais de récolte ;
8° Constitut de 10.000 livres dû à MM. Mandat, de Paris ; rente 294 livres ;
9° Constitut de 1.500 livres dû à la fabrique de Surzur ; rente 75 livres ;
10° Constitut de 3.000 livres dû aux Cordeliers de Vannes ; rente 150 livres ;
11° Dettes courantes, montant à 5.250 livres 8 sols 6 deniers.
III. Mobilier.
Les vases sacrés et l’argenterie de la sacristie pèsent 100 marcs et demi.
Les ornements comprennent 16 chapes, 17 chasubles, 6 dalmatiques, 2 écharpes, un dais, le linge nécessaire, et une mitre.
Au réfectoire, l’argenterie de table se compose de plats, cuillères et fourchettes du poids de 60 marcs.
La bibliothèque contient 206 volumes in-folio, 211 in-quarto, 107 in-octavo, 673 in-douze, et en outre environ 200 volumes, partie couverts en parchemin, partie sans couverture.
Au surplus, avons reconnu que l’état fourni par les religieux à la municipalité de Saint-Gildas, le 26 février dernier, est exact pour tous les meubles et effets de la maison ; lesquels meubles et effets avons laissés à la garde des d. religieux, qui ont signé avec nous, les mêmes jour et an que devant ». (Q. 300).
La constitution civile du clergé, à laquelle l'Assemblée nationale travaillait alors, fut enfin votée le 12 juillet 1790. Elle bouleversait la discipline ecclésiastique et préparait un schisme radical. Lorsque l’ensemble de cette loi sacrilège fut présenté à Louis XVI, sa conscience en fut épouvantée ; mais bientôt, cédant à des conseils pusillanimes, il finit, le 24 août, par sanctionner un décret qu’il n’approuvait pas. Le directoire du département du Morbihan reçut ce décret avec la sanction royale le 13 septembre 1790, et ordonna d’enregistrer ces pièces, de les réimprimer et de les expédier à tous les districts et à toutes les municipalités. C’est ce décret qui devait bientôt soulever la persécution et faire verser des flots de sang.
Les religieux de Saint-Gildas ne furent pas immédiatement tracassés pour cette constitution civile. Ils continuaient à vivre en commun, malgré la liberté que le décret du 13 février 1790 leur donnait, ou prétendait leur donner, de quitter la vie religieuse. Mais, le 21 mars 1791, le directoire du département leur ordonna d’évacuer le monastère, et leur proposa de se retirer provisoirement à l’abbaye de Prières. Les moines de Saint-Gildas n’ayant pas la même règle que ceux de Prières, préférèrent se disperser.
En conséquence on fit un récolement de l'inventaire, le 1er avril 1791, et on y spécifia le détail de l’argenterie. A la sacristie on trouva une croix processionnelle, un bénitier, un encensoir, deux chandeliers, un ciboire, une boîte aux saintes huiles, quatre burettes et deux plateaux, trois calices, un ostensoir, une vraie croix, le chef de saint Gildas, un reliquaire, un bâton de chantre, une crosse et une lampe. Au salon : cinq plats ronds, cinq plats longs, deux soupières, deux huiliers, deux flambeaux, deux cuillères à soupe, quatre ragoût, quatorze fourchettes, douze cuillères, et dix cuillères à café, le tout, en argent. Le même jour, les commissaires de la municipalité mirent les scellés sur les meubles de l'abbaye de Rhuys.
Le 2 mai 1791, A. Ribot, huissier de Sarzeau commença la vente publique des meubles de l'abbaye de Rhuys ; elle dura huit jours, et produisit 2.943 livres 18 sous.
Pendant la vente, les paroissiens de Saint-Goustan obtinrent, comme on l’a dit, les reliques et reliquaires de Saint-Gildas. Dom Lorho, de son côté, obtint l’usage d’un calice et de trois ornements pour célébrer la messe dans l’église de l’abbaye de Rhuys.
L’argenterie, la bibliothèque et les archives furent envoyées à Vannes. Peu après, l’argenterie fut expédiée à la monnaie de Nantes ; plus tard, les livres entrèrent dans la bibliothèque départementale, et les archives dans le dépôt de la préfecture. En attendant la vente des immeubles, l'abbaye de Rhuys avec son pourpris fut affermée à M. Jollivet ; la maison abbatiale avec la métairie voisine, à Dom Lorho et au Fr. Toufaire.
Le 7 septembre 1791, Châtel, fondeur à Vannes, envoyé par le directoire du district à Saint-Gildas, trouva dans la tour trois grandes cloches de 1900, 1300 et 900 livres, deux timbres d'horloge de 24 et de 16 livres ; dans le clocher trois petites cloches de 200, 120 et 25 livres ; dans l’église, un pupitre de cuivre de 250 livres, six chandeliers de cuivre et une croix d’autel de 150 livres, dix petits chandeliers, une lampe et deux consoles de cuivre de 60 livres ; dans le couvent, deux sonnettes de porte de 8 et 2 livres. Presque tous ces objets furent envoyés à Vannes.
La vente des immeubles se fit graduellement. La Métairie de la Feuillée, près de Kercoquin, en Sarzeau, fut vendue, le 14 mars 1791, à J.-M. Layec et Le Corre, pour 6.580 livres.
L'île de Gouvian fut achetée, le 4 mai 1791, par Louis Ch. Poussin, juge au tribunal de Vannes pour la somme : de 3.000 livres. Les métairies de Locqueltas, en Crach, furent adjugées, le 22 août 1791, à M. Le Conte, de Lorient, pour 15.100 livres. Les marais salants de Pusmen, 250 oeillets, vendus le 14 août 1793, à Jean-Vincent Dubodan, pour 63.800 livres.
L’île de Tascon, avec ses maisons et terres, adjugées le 24 août 1794, Julien-Michel Huchet, de Vannes, pour 9.175 livres.
Le moulin à vent de Saint-Armel, acheté le 24 août 1794 par François-Auguste Mahé, de Vannes, pour 4.100 livres.
Le moulin à mer de Pencastel, en Arzon, vendu le 20 juillet 1796 à M. Dessault, de Nantes, pour 37.440 livres.
Le moulin à eau de Linden, en Sarzeau, vendu le 2 août 1796 à Jean Le Floch, de Brech, pour 36.000 livres, revendu le 16 juillet 1800 à J. Kérviche, négociant à Paris pour 170.000 francs.
Cependant l'abbaye de Rhuys et ses dépendances dans la commune de Saint-Gildas, attendaient leur tour de vente. Le monastère servit souvent de logement aux soldats et aux gardes-côtes, et eut beaucoup à souffrir de leurs ravages. Pour se chauffer pendant l’hiver, ils brûlèrent presque, toutes les boiseries, et même la chaire abbatiale attribuée à Abailard. Ils détruisirent également les tableaux et les statues de l’église. Presque toutes les chambres perdirent leurs portes, leurs fenêtres et leurs volets. Les maisons et l’église tombèrent ainsi en peu de temps dans un délabrement complet.
Telle était la situation, lorsque, le 19 juillet 1796 (1er thermidor an IV), le citoyen Jacques J.-B. Casset-Verville, négociant à Vannes, acheta l’église, le monastère et toutes les dépendances, situées en Saint-Gildas, moins la saline, pour la somme de 55.479 francs. L’acquéreur agissait pour M. Dessault, négociant à Nantes ; celui-ci, ne tenant pas à garder la propriété, M. Casset-Verville céda le tout, le 30 septembre suivant, pour le même prix au citoyen Magloire-Laurent Bisson, négociant à Lorient.
Le nouveau propriétaire trouva beaucoup de ruines à l'abbaye de Rhuys. Loin d'y faire des réparations, il se mit à vendre les matériaux à vil prix. C’est ainsi que plusieurs bâtiments disparurent les uns après les autres. Il paraît que le même sort était réservé à l’église, qui était sans utilité pour l’acquéreur : elle fut sauvée par l’intervention de la paroisse. A la restauration du culte en 1802, l’église de Saint-Goustan fut rétablie comme centre paroissial, mais comme elle menaçait ruine, la commune obtint, en 1804, de la famille Bisson, la cession régulière de l'antique église de Saint-Gildas. Le service paroissial y fut transféré, après les réparations les plus urgentes, et l’église de Saint-Goustan, complètement abandonnée, a été démolie vers 1844, pour agrandir le cimetière qui l’entoure ; il n’en reste que le portail.
La famille Bisson conserva le monastère, avec son enclos et ses dépendances, et acquit encore, le 19 mai 1812, les 56 oeillets de la saline, pour 4.936 francs.
En 1825, l'abbaye de Rhuys, avec son enclos et quelques-unes de ses terres, fut achetée environ 55.000 francs, tous frais compris, par Mme Molé de Champlâtreux, née de Lamoignon, et fondatrice des religieuses de la Charité de Saint-Louis. Celles-ci en prirent possession l’année suivante ; plus tard, elles acquirent d’autres biens qui jadis dépendaient du monastère, comme par exemple le grand pré de Kerpont. Elles réparèrent les bâtiments de l'abbaye, et construisirent une chapelle intérieure. A cette époque, elles y élèvent et instruisent des jeunes filles pauvres, et pendant la belle saison elles reçoivent les personnes qui recherchent les bains de mer.
Quant à l’église de Saint-Gildas, le gouvernement y a fait exécuter des travaux assez importants, pour la restaurer et lui rendre son ancien lustre. Un énorme rétable, placé derrière l’autel majeur, au-dessus du tombeau de saint Gildas, en a été retiré et utilisé dans le transept sud ; les colonnes et les arcades du pourtour ont été dégagées et le tombeau du saint a été complètement isolé. Le pavé du choeur et de la nef a été baissé, et les pierres tombales qu’on y a trouvées ont été presque toutes relevées et disposées le long des murs du déambulatoire. Les chapelles rayonnantes ont été réparées et on y a placé des autels dans le style du XIème siècle. Aujourd’hui, cette église est l’une des plus intéressantes qu’on puisse visiter dans le diocèse de Vannes (extrait des notes de J.-M. Le Mené).
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