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ABBAYE DE RHUYS

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LES CÉRÉMONIES RELIGIEUSES DE L'ABBAYE DE RHUYS

On trouve encore au presbytère de Saint-Gildas-de-Rhuys un manuscrit latin, donnant le programme des principales cérémonies pratiquées dans le monastère pendant le cours de l’année. Il date du XVIIème siècle, mais il est probable qu’il reproduit un ordre plus ancien. On y relève les détails suivants, qui ne manquent pas d’intérêt.

- 1° Pour la fête de Saint-Gildas, le 29 janvier, on déployait toute la pompe possible : elle était de première classe et de premier ordre, avec octave pour l’abbaye, et de précepte pour la paroisse. De grand matin, la chasse renfermant les reliques du saint était exposée sur un brancard richement orné, entre le maître-autel et la chapelle Saint-Yves ; un religieux posait sur la tête et faisait baiser aux fidèles le chef de saint Gildas, et le déposait ensuite, avec d’autres reliques, sur le maître-autel splendidement décoré. A neuf heures commençait la messe solennelle, après laquelle le vicaire de Saint-Goustan arrivait en procession avec ses paroissiens et célébrait une messe basse au maître-autel. Ordinairement les processions de Sarzeau et d'Arzon arrivaient vers le même temps et leurs recteurs disaient la messe aux autels latéraux. — Même cérémonial, le 11 mai, jour de l’invention du corps de saint Gildas au Croisty.

- 2° Pour la semaine sainte, tout était solennel. Le dimanche des Rameaux, la procession de l'abbaye et celle de la paroisse se rendaient en même temps à la croix qui était dans l’ancien cimetière. Le diacre y chantait l’évangile, et le supérieur, après avoir baisé la croix, y attachait un rameau bénit. Le clergé de la paroisse revenait avec les moines à l’église de l’abbaye, où l’on chantait la Passion et la grand'messe. Le jeudi-saint, le reposoir se faisait dans la chapelle de la Sainte-Trinité, et le lavement des pieds dans celle de Saint-Goustan, devant le tombeau du moine Rioc. Les treize pauvres recevaient chacun une pièce de monnaie et une portion de pain double de l’aumône ordinaire.

Le vendredi-saint, on avait le chant de la Passion, les oraisons spéciales, l’adoration de la croix, et la messe des présanctifiés. La croix en argent doré, donnée par l’abbé de Monti et contenant une parcelle de la vraie croix, était exposée sur le maître-autel, pendant qu’une autre croix, renfermant également des parcelles sacrées, était exposée à une des portes du choeur, pour l’adoration des fidèles.

Le samedi-saint, la bénédiction du feu nouveau se faisait dans le cloître, auprès de l’église. Il n’y avait pas de bénédiction de fonts, c’était l’affaire de la paroisse ; mais le sacristain devait faire prendre, ce jour-là, de l’eau bénite à l’église paroissiale.

Le dimanche de Pâques, un des moines allait chanter la grand'messe à Saint-Goustan, comme recteur primitif. Le clergé de la paroisse devait assister, le soir, aux vêpres et à la procession dans l’église de l’abbaye, et une collation lui était ensuite servie dans le monastère.

- 3° Au jour de la fête de saint Marc, le 25 avril, la châsse des reliques était exposée dès le matin, et à neuf heures la procession sortait avec la croix et les reliques, pour se rendre à la chapelle de Kerusen, voisine du bourg, où la messe était chantée par le moine de semaine. Puis les chantres commençaient à genoux les litanies des Saints, les continuaient pendant le retour, et les terminaient dans le choeur de l’église. La paroisse assistait â cette procession.

Mais c’est pendant les trois jours des Rogations, que la procession prenait une importance qu’on ne trouve plus dans nos campagnes, et qui rappelle les grandes processions des cités épiscopales.

Le lundi, dès sept heures du matin, le moine sacristain exposait le chef de saint Gildas sur le maître-autel, puis l’imposait et le faisait baiser aux fidèles. A sept heures et demie, on récitait sexte et none, puis commençait la procession. En tête on portait la croix de Sarzeau, puis celle de Saint-Goustan avec ses bannières, ensuite celle du monastère et la châsse des reliques. Les prêtres des deux paroisses marchaient ensuite, par rang d’ordination, et étaient suivis par les moines en coule noire et par le supérieur revêtu de l’étole violette. On passait par Cornaud, Kerpont, l'Etier, Tumiac et Kerjoanno, où l'on rencontrait les processions d'Arzon, de Locmariaker et de l'île d'Arz ; on continuait par le Lein jusqu'à la chapelle du Croisty, où l'on faisait une station ; puis, reprenant les litanies, on allait jusqu'au bourg d'Arzon, où l'on chantait la messe des Rogations, avec les prières pour le roi à la fin.

Les prêtres et les moines allaient ensuite dîner dans un lieu convenable, séparé de la multitude. Après le repas, et du consentement des recteurs, on donnait un coup de cloche et tout le monde se réunissait à l'église pour reprendre la procession. En chantant les litanies, on revenait par la chapelle de Kerner, où l'on faisait une station ; on passait ensuite à Pencastel, à Bénince et Kerallanic, où le clergé et les habitants d'Arzon se séparaient pour retourner chez eux. On gagnait ensuite le Net, et là, à leur tour, ceux de Sarzeau se détachaient de la procession, après les salutations mutuelles, et le groupe de Saint-Gildas, passant par la Saline et Kerpont, rentrait à l'église abbatiale pour réciter les prières et les oraisons des litanies. Les religieux disaient ensuite vêpres et complies, et les prêtres de Saint-Goustan soupaient au monastère.

Voilà, certes, une procession qui pouvait compter : son parcours était de 16 kilomètres, et la durée presque d'une journée ; il faut y ajouter un supplément de route et de temps pour Sarzeau et les autres paroisses.

Le lendemain, mardi des Rogations, la procession commençait vers huit heures, pour se rendre à Sarzeau. En tête on voyait la croix de Saint-Goustan et celle de l'abbaye, avec la chasse des reliques, portée par deux prêtres de la paroisse, ou par les desservants de Houat et de Hoedic, quand ils pouvaient venir. A moitié route, on rencontrait ordinairement la procession de Sarzeau, venue au-devant de celle de Saint-Gildas ; après les salutations mutuelles, deux prêtres de Sarzeau se chargeaient des reliques, et tout le monde marchait vers la ville. En y arrivant, on faisait une station dans la chapelle des Trinitaires, puis on se rendait à l'église paroissiale de Saint-Saturnin où l'on chantait une messe solennelle, avec diacre et sous-diacre.

On dînait ensuite en quelque lieu convenable, comme la veille. Quand, de l'avis des recteurs, tout le monde était prêt, on se réunissait à l'église au son de la cloche, et l'on se remettait en procession pour le retour. A moitié chemin, les prêtres de Saint-Goustan reprenaient les reliques, les salutations s'échangeaient, et la procession de Sarzeau rentrait chez elle pendant que l'autre recommençait les litanies, pour les terminer dans l'église de Saint-Gildas. Les religieux récitaient alors vêpres et complies, et le soir le clergé de Saint-Goustan soupait encore au couvent.

Le mercredi des Rogations, la procession partait de l'abbaye comme à l'ordinaire, avec les prêtres de Saint-Goustan, et passait par le village du Cossay, pour se rendre à la chapelle de Saint-Jacques en Sarzeau, où l'on chantait la messe. Immédiatement après le saint sacrifice, on revenait en procession par les villages de Kerdavy et de Kercambre ; on faisait une station dans la chapelle de Saint-Louis, puis on commençait les litanies, pour les terminer à l'abbaye. En ce jour, le clergé de Saint-Goustan dînait au monastère.

Le parcours de la procession, aller et retour, n'avait été que de 8 kilomètres.

Plus tard, quand Sarzeau cessa de se rendre à Saint-Gildas, et fit bande à part, on modifia le programme. Le lundi, on continua d'aller à Arzon. Le mardi, on se rendit à Saint-Jacques en Sarzeau. Le mercredi, on visita la fontaine de Saint-Gildas, et on chanta la messe de la station dans l'église paroissiale de Saint-Goustan.

- 4° A la fête de l'Ascension, la châsse de saint Gildas était exposée dès le matin entre le maître-autel et la chapelle Saint-Yves, et toujours assez élevée pour que les fidèles pussent passer par-dessous par dévotion. A neuf heures, on la portait en procession à la chapelle de Kerusen, dont on faisait également le tour, et on rentrait à l'église abbatiale, pour y chanter la grand'messe, à laquelle assistaient le clergé et les fidèles de la paroisse.

Le dimanche de la Pentecôte, jour réservé comme celui de Pâques, un des religieux, désigné par le cérémoniaire, chantait a messe à Saint-Goustan.

Le jour de la Fête-Dieu, la procession était très solennelle ; elle sortait vers les neuf heures ; le clergé de la paroisse et les religieux ; tous en chapes, précédaient le Saint-Sacrement ; le dais était porté par le sénéchal et le procureur fiscal de l’abbaye et par deux nobles de la paroisse, et au défaut de ces derniers, par deux autres officiers de la juridiction. Au chant des hymnes, on se rendait à la chapelle de Kerusen, où se faisait la première station ; on venait ensuite à l’église de Saint-Goustan pour la seconde station, et enfin on rentrait à l’église abbatiale, pour y chanter la grand'messe. Si la pluie empêchait la procession de sortir le jeudi, elle se faisait ce jour-là dans l’église, et on allait à Kerusen et à Saint-Goustan le dimanche suivant ou le jour de l'octave. Pendant toute la semaine, le Saint-Sacrement était exposé depuis le matin jusqu’au soir.

- 5° Pour la grande fête du Craizo, fixée au dimanche qui précédait le 24 juin, et instituée vers 1523 pour remplacer le pèlerinage de Houat et de Hoedic, les fidèles accouraient en foule à Saint-Gildas. Comme il en venait beaucoup dès la veille, les vêpres du samedi étaient chantées très solennellement. Le tombeau du saint fondateur était orné de fleurs et de cierges ; et ses reliques étaient exposées sur tous les autels ; le chef était imposé sur la tête des pèlerins et présenté à leurs baisers. On commençait, les matines dès une heure et demie ou deux heures du matin, et à leur suite, vers trois heures, le sacristain disait une messe basse en faveur des pèlerins venus de loin et pressés de retourner chez eux.

En ce jour, la messe conventuelle se chantait plus tôt, de manière à être terminée vers 10 heures. C’est alors qu'arrivaient ordinairement les processions de Saint-Goustan, de Sarzeau et d'Arzon, et plusieurs prêtres y disaient la messe devant leurs paroissiens. Les vêpres se chantaient à trois heures, et la foule y était nombreuse. Il y avait anciennement, paraît-il, une indulgence plénière pour ce jour de fête. Les religieux de Saint-Maur n’ayant pas retrouvé l’acte de concession primitive, s’adressèrent au Saint-Siège et obtinrent, le 17 août 1665, une indulgence plénière pour sept ans. Cette faveur fut ensuite renouvelée et devint perpétuelle.

A la fête de l'Assomption, le 15 août, la procession commémorative du voeu de Louis XIII se faisait après vêpres, à la chapelle de Kerusen, et on en faisait le tour avant d’y entrer ; puis on revenait à l’église abbatiale.

Le 30 septembre, on célébrait l'anniversaire de la restauration de l'abbaye par saint Félix, et de l'invention des reliques de saint Gildas, que l’abbé Daoc avait cachées sous l’autel, en prenant la fuite pour le Berry. Les reliques étaient exposées comme d’habitude. Cette fête était de première classe et d’obligation pour les religieux.

A la Toussaint, un des moines chantait la messe à l’église paroissiale. Il en était de même pour la fête de saint Goustan, le 27 novembre ; la procession de la paroisse se rendait en ce jour à l’église abbatiale, pour vénérer le tombeau de son saint patron.

Enfin les fêtes de Noël se célébraient avec la plus grande magnificence et terminaient les solennités de l’année.

A Saint-Gildas on faisait aussi la fête de plusieurs saints qui avaient eu des rapports plus ou moins éloignés, avec l'abbaye. Le calendrier les énumère, en donnant la raison de leur culte. Ainsi on honorait :

- Saint Jacut, le 8 février, parce qu’il y avait une ancienne association spirituelle entre les monastères de Saint-Jacut et de Saint-Gildas ;

- Saint Aubin, évêque d'Angers, le 1er mars, parce qu'il était né dans le diocèse de Vannes, et parce qu’on croyait faussement qu’il avait été moine à Rhuys ;

- Saint Guingalois, abbé, le 3 mars, parce qu’il y avait une ancienne association spirituelle entre Landevenec et Rhuys ;

- Saint Paul, évêque de Léon, le 13 mars, parce qu’il avait été le condisciple de saint Gildas dans la Grande-Bretagne ;

- Saint Patern, évêque de Vannes, le 16 avril, parce qu’on croyait à tort qu’il avait été religieux à Rhuys ;

- Saint Méen ou Méven, abbé, le 21 juin, parce qu’on possédait une portion de ses reliques à Saint-Gildas ;

- Saint Samson, archevêque de Dol, le 28 juillet, parce qu’il avait été le condisciple de saint Gildas, et, qu’on avait une portion de ses reliques ;

- Saint Armel, abbé, le 23 août, parce qu’il était le titulaire d’une frairie de Sarzeau dépendant du monastère ;

- Saint Guénael, abbé, le 3 novembre, parce qu’il était le titulaire du prieuré de Saint-Guen, près de Vannes ;

- Saint Melaine, évêque de Rennes, le 6 novembre, titulaire du prieuré de Rieux, relevant de l'abbaye de Rhuys ; une portion de ses reliques étant de plus conservée au couvent ;

- Saint Colomban, abbé, le 24 novembre, parce qu’il était titulaire du prieuré de Locminé et qu’on y conservait une partie de ses reliques ;

- Saint Gobrien évêque de Vannes le 28 novembre, parce qu’il avait étudié la théologie à l'abbaye de Rhuys ;

- Saint Judicaël, roi de Bretagne le 17 décembre, parce qu’on possédait une portion de ses reliques à la sacristie.

Enfin on célébrait, le 5 janvier, non pas la fête, mais le service anniversaire du roi Grallon, prétendu fondateur de l’abbaye. L’erreur en ce point n’empêchait pas les prières d'être profitables à son âme, si elle en avait besoin (extrait des notes de J.-M. Le Mené).

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