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ABBAYE DE RHUYS |
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LES RELIQUES DE L'ABBAYE DE RHUYS
Lorsque saint Félix, au XIème siècle, retira du tombeau de saint Gildas les huit gros os qui y avaient été laissés en 919, il les mit dans une châsse en bois, ayant la forme d’une maison ou d’une petite chapelle. Cette châsse était exposée à la vénération des fidèles, aux principales fêtes du couvent, et portée en procession à certains jours solennels.
Au XIVème siècle, cette châsse fut, sinon refaite, au moins revêtue de plaques et de bandes de cuivre. Les armes de Bretagne à 6 hermines, 3, 2, 1, semblent se rapporter au duc Jean III, ou à son successeur contesté, Charles de Blois.
Au XVème siècle, un certain Jean de Malestroit, peut-être, l’évêque de Nantes de ce nom (1419-1443), fit renfermer les principaux ossements de saint Gildas dans des reliquaires en argent.
C’est ainsi qu’on possède encore
aujourd’hui :
1° Le buste du saint en argent, garni d’une couronne de cheveux en vermeil, et d’un cristal pour voir à l’intérieur une partie du crâne ; la base de ce reliquaire porte un écusson chargé des besants de Malestroit ; 2° Un bras bénissant, enchâssé dans un reliquaire de chêne recouvert de lames d’argent, et portant sur les orfrois de la manche les lettres gothiques I. M., initiales des noms de Jean de Malestroit ; 3° La cuisse du saint, en bois, renfermant l’os fémur, et contenue dans une espèce de tour d’argent percée de fenêtres et de rosaces à meneaux rayonnants et flamboyants, à travers lesquels on aperçoit la relique ; 4° Le genou et une partie de la jambe du saint, renfermés, comme le précédent, dans un reliquaire garni d’argent, imitant la forme de cette partie du corps. 5° Les autres reliques du saint, déjà diminuées par des dons, furent laissées dans la châsse garnie de cuivre. |
Un inventaire du XVIème siècle (2 juillet 1580) mentionne « le cheff de Monsieur de saint Guédas ..., le bras ..., la cuisse et la jambe du dit saint Guédas » de plus, « une petite custode de letton, en laquelle il y a quelques reliques du d. saint Guédas non enchâssées ; item une casse de letton en laquelle il y a plusieurs ossements du d. saint Guédas ». — Ces reliques de faible grandeur ne pouvaient provenir que de la châsse garnie de cuivre ; elles ont dû y être remises plus tard ou dispersées, car on ne rencontre plus trace des deux boîtes en laiton.
Dans le cours des siècles, l'abbaye de Rhuys acquit de nombreuses reliques de saints bretons et autres, tantôt par échange, tantôt par donation. Quelques-unes de ces reliques furent ajoutées à celles de saint Gildas dans le grand reliquaire couvert de cuivre. Le reste, qui formait un lot considérable, fut déposé dans un second reliquaire en bois, et conservé à la sacristie ; plus tard il fut partagé entre trois petits sacs, qui furent enfermés dans une armoire de la sacristie.
Telle était la situation, lorsqu’en 1731 se fit une translation des reliques de l'abbaye. Les religieux, trouvant que le vieux reliquaire plaqué de cuivre n’était pas assez riche pour saint Gildas, en firent faire un autre à Vannes, entièrement plaqué d’argent, avec un semis de fleurs de lis et d’hermines, en forme de chapelle comme l’ancien, mais plus petit. Les portes des pignons sont surmontées de niches renfermant les statuettes de saint Gildas et de saint Félix, l’un fondateur, l’autre restaurateur du monastère ; sur l’un de ces pignons on voit les armes et la devise de la Bretagne, et sur l’autre les armes et la devise de la Congrégation de Saint-Maur.
Voici le procès-verbal de la translation du 25 novembre 1731. « Nous soussigné Fr. François du Clère, visiteur de la Congrégation de Saint-Maur, en la province de Bretagne, après avoir fait la translation des reliques de saint Gildas et de plusieurs autres saints, d’une ancienne châsse, couverte de cuivre, dans une nouvelle châsse, couverte d’argent ; ayant trouvé dans le trésor de la sacristie plusieurs autres saintes reliques enfermées dans trois sacs, deux de toile et un autre d’une vieille étoile de soye, nous avons ordonné, dans nostre acte de visite, pour plus grande sûreté et décence, qu’elles seroient mises et enfermées dans la susdite châsse couverte de lames de cuivre ; et estant sur nostre départ et prest à faire la clôture de nostre d. visite, ne pouvant nous-mesme faire ladite (2de.) translation, nous en avons laissé le soin au R. P. Prieur, qui la fera au plus tôt et qui en fera rapport ou procès-verbal ». (Presbytère Saint-Gildas. — Orig. papier).
Il est regrettable que le visiteur, dans sa presse, n’ait pas dressé la liste des ossements de saint Gildas et des autres saints transférés par lui de l’ancien reliquaire dans le nouveau ; ou s’il l’a dressée, qu’elle soit perdue.
Quant à la liste des reliques contenues dans les trois sacs, le prieur Dom Pierre Aubin là fit dresser, le même jour, 25 novembre 1731, par deux chirurgiens, en présence de la communauté « ... Sur l’un des sacs, dit-il dans son procès verbal, est une étiquette où on lit ces mots : In isto sacculo sunt reliquiœ sanctorum Mevenni, Judicaelis, Guenaeli, Melanii, et aliorum sanctorum. » (Suit l’énumération de 27 os ou fragments d’os, sans étiquettes particulières). « Sur le second sac sont écrits ces mots : In isto sacculo sunt reliquiœ sancti Gildasii et aliorum plurimorum ». (Suit encore la description de 13 os ou portions d’os, et plusieurs fragments, toujours sans étiquettes ou sans noms de saints). « Dans le troisième et dernier sac, qui est d’étoffe de soye, nous avons trouvé une partie moyenne du petit os de la jambe, que l’étiquette marque être de saint Félix, abbé de ce monastère ; - la moitié d’une coste supérieure, sur laquelle est attachée une étiquette au nom de saint Goustan, religieux de ce monastère, - en outre cinq petits os de saints inconnus, et une fiole dont on ne sait pas le contenu ».
« De plus, on a trouvé dans l’un des d. sacs un parchemin, où il est fait mention des reliques cy-dessus, référées visitées par les religieux de ce temps-là, daté de la fête de Saint-Mathieu (21 septembre) 1542. S’est de plus trouvée une feuille imprimée, où sont référées les reliques des saints cy-dessus, qui étoient en ce temps-là renfermées dans deux châsses, l’une couverte de cuivre ou airain, dont on a parlé cy-dessus, et l’autre de bois simplement, où selon toute apparence étoient renfermées les reliques contenues dans les trois sacs cy-dessus rapportés, à l’exception néanmoins d’une relique de saint Félix et d’une autre de saint Goustan, qui ont été retirées de leurs tombeaux en 1655, ainsy qu'il se lit dans l’étiquette attachée aux d. reliques.
Nous les avons, avec les autres reliques contenues dans les trois sacs cy-dessus, déposées, pour plus grande. conservation, dans la vieille châsse couverte d’airain, et ce après la translation solennelle qui s’est faite des reliques qui y étoient dans une châsse neuve couverte d’argent, qui doit être portée aux processions des Rogations, au lieu et place de l’ancienne, qui restera en dépôt à la sacristie, jusqu’à ce que la communauté soit en estat de faire faire une seconde châsse neuve, pour conserver les d. reliques avec tonte la décence requise. Signé : Fr. P. Aubin, prieur. — Fr. J. B. Le Masson, proc. — Fr. Jean B. Bonnier. — Fr. Bernardin Elien. — Fr. Michel Dorhiolz. — Fr. Franç-Jh. Boédan, secrét. — Marie-Jh. Giraudet, prêtre. — Du Bertrand, chir. — Giraudet, chir. » (Ibid.).
Au mois de mai 1791, pendant la vente publique du mobilier de l’abbaye, les officiers municipaux de Saint-Gildas demandèrent et obtinrent pour leur église paroissiale de Saint-Goustan tous les reliquaires conservés dans le monastère : c’était une faveur insigne, car les objets en or et en argent étaient destinés à la monnaie. Le procès-verbal de cette concession et de la translation des reliques à l’église de Saint-Goustan fut signé par Le Hécho, maire de Saint-Gildas, et Jean Le Duin, recteur. C’est ainsi que les reliquaires avec leur contenu ont été soustraits à la rapacité révolutionnaire, et sont parvenus dans leur intégrité jusqu’à nous. C’est ainsi qu’on peut voir encore le chef en argent de saint Gildas, son bras, sa cuisse, sa jambe, le reliquaire plaqué en cuivre et le reliquaire plaqué en argent. Les trois sacs de reliques existent toujours, les deux en toile dans le vieux reliquaire, et le troisième dans le nouveau, avec les reliques y transférées en 1731.
Le 9 août 1882, M. Ferrand, médecin des hôpitaux de Paris, se trouvant en villégiature à Saint-Gildas, a dressé, en présence du clergé, une liste nouvelle des ossements et fragments d'os conservés dans les deux sacs de toile : on a pu constater ainsi que les reliques étaient les mêmes qu'en 1731.
En 1896, le trésor de la sacristie de Saint-Gildas reçut un accroissement considérable par l’adjonction des reliques de saint Gulstan ou Goustan. Ce saint religieux avait été déposé, vers 1040, dans un cercueil de pierre recouvert d’une grosse pierre, à l’entrée du transept nord de l’église. Depuis ce temps, son tombeau était resté en vénération auprès des moines et auprès des fidèles, mais ses reliques, à part quelques fragments, n’avaient jamais été levées de terre pour être exposées sur les autels. Mgr. Bécel, évêque de Vannes, voulut combler ce vide ; voici les actes officiels qui furent rédigés à cette occasion.
« Le mercredi 26 août 1896, en présence de Mgr. l’évêque de Vannes, et de la Commission ecclésiastique nommée par Sa Grandeur et composée de MM. Jégouzo, vicaire général, Le Mené, doyen du chapitre, Nicol, chanoine honoraire, et Le Mitouard, recteur de Saint-Gildas de Rhuys ; — en présence de MM. Lahaye et Le Même, docteurs médecins à Sarzeau, de M. le maire de Saint-Gildas, de plusieurs prêtres, et des membres du conseil de fabrique, il a été procédé à l’ouverture du tombeau de saint Goustan, situé à l’entrée de la chapelle du nord de l’église de Saint-Gildas de Rhuys. Le couvercle en pierre, brisé depuis longtemps, et maintenu par du ciment, ayant été retiré, on vit un cercueil en pierre de granit, mesurant de longueur 1m. 82, de largeur à la tête 0m,74, aux pieds 0m. 50. Au fond du cercueil apparurent les ossements du saint, dont plusieurs n’étaient plus à leur place naturelle ce qui prouve que le tombeau avait été précédemment ouvert ; d’ailleurs, des procès-verbaux communiqués à la Commission constatent qu’on en a retire précédemment quelques reliques. Immédiatement, MM Lahaye et Le Méme ont procédé à la reconstitution du squelette, en disposant les os sur deux tables couvertes d’une nappe blanche. Leur procès-verbal indique minutieusement tous les débris retrouvés, et prouve que le corps était presque complet. En faisant l’examen des os du pied droit, ils ont remarqué les traces d’une ankylose, rappelant une lésion que le saint avait eue dans sa jeunesse ; ce qui prouve qu’il s’agit bien de saint Goustan. (La tête avait été brisée accidentellement, peut-être par la rupture du couvercle, à une époque inconnue, mais les fragments du crâne furent retrouvés presque tous). Après avoir éliminé quelques débris étrangers, la Commission a renfermé les reliques dans une châsse provisoire, dûment scellée, en attendant l’acquisition de deux reliquaires destinés, l’un à être porté en procession, et l’autre à être déposé dans le cercueil du saint. Fait à Saint-Gildas de Rhuys, le 26 août 1896. Signé : Jean-Marie, évêque de Vannes. — L. Jégouzo, vicaire général. — Jh.-M. Le Mené, doyen du chapitre. — Max. Nicol, chanoine honoraire. — F. Le Mitouard, recteur de Saint-Gildas de Rhuys ».
Second procès-verbal :
« Le lundi 14 septembre 1896, la Commission ecclésiastique désignée ci-dessus s’est réunie de nouveau à Saint-Gildas de Rhuys, où elle a été rejointe par M. le docteur Lahaye. A la sacristie, on lui a présenté un reliquaire en cuivre doré, en forme de chapelle romane, garni de verres sur ses quatre côtés, mesurant 0m. 36 de longueur, sur 0m. 16 de largeur. — Dans l’impossibilité d’y faire entrer les os longs de saint Goustan, on y a déposé et assujetti sur un coussin de velours rouge : un os du crâne, une vertèbre cervicale, une vertèbre lombaire, une première côte, une grande côte, et un os du pied ankylosé. Le reliquaire a été ensuite fermé et muni du sceau épiscopal. Dans le second reliquaire, en bois peint, garni pareillement de verres sur ses quatre côtés, et mesurant 1m. 10 de longueur sur 0m. 50 de largeur, ladite Commission a déposé et fait assujettir sur un coussin de velours rouge les reliques suivantes de saint Goustan, qui lui ont été déterminées par M. Lahaye : une portion du crâne, deux côtes, deux fémurs, deux tibias, une rotule, une clavicule, une vertèbre dorsale, une dent avec sa portion osseuse, deux extrémités inférieures du cubitus, une extrémité inférieure du radius, un humérus en deux portions, sept os du pied ou de la main, une notable portion du bassin et deux têtes de fémurs. Ce reliquaire a été pareillement fermé et muni du sceau épiscopal. Enfin, dans une longue châsse en bois, garnie de zinc à l’intérieur, la Commission a déposé tout le reste des ossements de saint Goustan, c’est-à-dire environ la moitié du corps. Cette châsse ayant été fermée et munie du sceau épiscopal, a été déposée dans l’ancien cercueil en pierre de saint Goustan. La terre et les débris osseux recueillis dans le même tombeau, lors de l’ouverture, y ont été remis et déposés dans un petit compartiment ménagé vers les pieds du saint. Pour remplacer le couvercle brisé, on a utilisé un couvercle en pierre, resté sans emploi dans l’église, ressemblant à celui de saint Félix, et appartenant aussi au XIème siècle : le tout a été solidement fixé par du ciment. Fait à Saint-Gildas de Rhuys, le 14 septembre 1896. Signé : L. Jégouzo, vicaire général. Jh.-Marie Le Mené, doyen du chapitre. Max. Nicol. chanoine honoraire. F. Le Mitouard, recteur de Saint-Gildas de Rhuys. (Presb.) ».
Il serait peut-être intéressant aussi d'ouvrir le tombeau de saint Félix, et de voir dans quel état sont aujourd’hui ses ossements. Mais pour exposer ses reliques à la vénération des fidèles, il faudrait auparavant faire reconnaître par le Saint-Siège le titre de Saint, qui lui était donné dans son monastère et dans son ordre, et l’étendre au diocèse de Vannes. Saint Goustan était le titulaire de l’ancienne église paroissiale bâtie près du couvent. Il est encore le patron, de la seconde paroisse d'Auray, comme saint Gildas est le patron de la première (extrait des notes de J.-M. Le Mené).
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