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LES ABBÉS DE L'ABBAYE DE SAINT-JACUT-DE-LA-MER 

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Des Abbés qui ont gouverné le monastère de Saint Jagu.

 

 

SUBSECTION I - DES ABBÉS RÉGULIERS

 

Saint Jagu ou Saint Jacut, en latin Jacutus, a été le premier qui ait gouverné ce Monastère, lequel estant mort environ 440, l'on ne trouve point qui lui succéda, ny les abbez suivans, jusqu'en 1079 ou environ que je trouve [Note : Noël Mars omet ici de mentionner Hinguethen. Voici une courte notice sur cet abbé à qui l'on donne parfois le titre de saint Hinguethenus ou Hinguethen est le premier successeur de saint Jacut que nous font connaître les anciennes chartes. Il était l'an 1008 abbé de Saint-Jacut, lorsque le duc Alain III le chargea de rétablir le monastère de Saint-Meen alors dévasté par les Normands. Il eut la gloire de réussir dans cette tâche et transféra cette abbaye de Gaël à Saint-Meen vers 1024. Le nécrologe de Saint-Meen nous apprend qu'il gouverna cette maison jusqu'à sa mort arrivée au mois d'avril, on ne sait quelle année. Dom Mabillon mentionne Hinguethenus deux fois comme témoin dans une donation faite à Marmoutiers, en 1020, et dans le testament du duc Alain. Le prêtre Ingomar lui a dédié la vie de Saint Judicael. Dom Morice, dans le tome 1er de son Histoire de Bretagne, lui donne le titre de Saint. Voir Mabillon, Ann. Bénédict. IV, p. 269. — Morice, Preuves, tome 1, col. 35 et 258. — Guillotin de Corson, Pouillé, II, p. 128 et 398. — Anciens Evêchés, tome IV, p. 267 — La Borderie, Histoire de Bretagne, III, p. 157], Wihomart ou Guihomart, en latin Wihomarus, Guihomarus ou Guihomardus, et ce en raison d'une charte [Note : Cette charte est reproduite au tome IV des Anciens Evêchés, page 277] que m'a communiquée le Révérend Père, prieur de Saint Aubin des Bois, par laquelle il est dict qu'un certain Hermelin vint demander l'habit au monastère de Saint Jacques, qui est St Jagu, car selon quelques-uns «Jacut » en breton signifie « Jacques » en François. En effet, les manuscrits de Landévennec appellent Saint Jagu « Jacob ». Deuxièmement à cause d'un acte fait l'an 1092, que rapporte le P. Albert dans ses Vies des Saints de Bretagne, « de episcop. Verset. » fol. 613, dans lequel il est nommé « Guihomardus, Abbas S. Jacobi ». Cet abbé assista aux funérailles d'Eudon, qui fut enterré en l'église cathédrale de Saint Brieuc, où assistèrent l'archevesque de Dol, l'évêque d'Aleth et plusieurs autres, comme l'on peut voir dans le Père du Paz [Note : Wihomarus, Guihomarus ou Guihormadus, car on trouve ces trois formes dans les chartes, apparaît près de l'évêque de Saint-Brieuc AEMUS, dont le pontificat doit être placé entre 1075 et 1090. Il assista aussi aux funérailles d'Anne, ou d'Emme, vicomtesse de Porhoet, morte en 1092, et, la même année, à la donation faite par le vicomte de Porhoet au prieuré de Sainte Croix de Josselin. Voir Anciens Evêchés, tome IV, p. 267 et tome I, p. 6. — Histoire Généalogique de Bretagne, de du Paz, p. 5. Dom Morice, Preuve, I, col. 480. — Morice, Histoire de Bretagne, II, p. LXXXIj], et ce l'an 1079, et est appellé Guyomar [Note : Noël Mars omet ici trois abbés qui furent : Marcherius, qui vivait en 1118, Guillaume, et enfin Mainon, qui assista au Concile de Reims, tenu en 1131, par le pape Innocent II et fit régler par ce concile le différend qui existait entre les moines de Marmoutiers et ceux de Saint Jacut pour les droits de coutume sur le poisson qui se vend à Dinan (Voir sur ce conflit, Anciens Evêchés, tome IV, pages 396 et 401, et sur Marcherius, Morice, Preuves, I, 530]. Son successeur fut Henry, cet abbé a gouverné longtemps ce monastère. Ce fut luy qui obtint la bulle du Pape Alexandre III en 1163, comme j'ay dict ou environ [Note : Noël Mars ne donne que peu de renseignements sur l'abbé Henry, qui paraît avoir joui de son temps d'une grande considération. Henri fui béni par Hugues, archevêque de Dol, en 1159. Six ans plus tard, il passait, avec le fermier de la Trinité-Porhoët, un acte rapporté par Dom Morice, tome Ier, col. 656. Moyse, abbé de la Vieuville. vers 1180, ayant eu des différents avec Geoffroy du Guesclin, au sujet d'une terre sise en la Fresnaie, le pape nomma l'abbé de Saint-Jacut pour examiner cette affaire. Après quelques arrangements qui ne furent pas exécutés, l'abbé fut forcé d'excommunier tous ensemble Geoffroy du Guesclin, sa femme, ses enfants et Geoffroy Le Bouteiller. L'abbé Henry parut aussi dans deux enquêtes en faveur de Dol : la première fui ordonnée par Henri III, roi d'Angleterre, en 1181, pour recouvrer les biens perdus de cette église. Dans la seconde, Henry parut comme témoin dans l'interminable débat, entre les archevêques de Dol et de Tours. Il attesta qu'à sa connaissance, Hugon, archevêque de Dol, avait usé du Pallium, lorsqu'il l'avait béni comme abbé de Saint Jacut, ainsi que dans la consécration d'un autel dans l'église de ce monastère (Voir Morice, Preuves, tome I, col. 679, 680, 686, 740 et 773, — Guillotin de Corson, tome II, p. 762)]. Celuy qui lui succéda fut Nicolas, lequel je trouve dès 1201 et 1210 ; Ma croyance est que ce fut du temps, de cet abbé, que Rolland IVème du nom, fils de Rolland, sieur de Montafilant usurpa les terres et possessions des religieux de Saint Jagu, qu'il avoit en son fief et lesquelles il rendit et plusieurs autres seigneurs à son exemple. Voyez le Père du Paz, en ses Généalogies de Bretagne. Après Nicolas (Note : Avant Nicolas prend place D..., abbé de Saint-Jacut, qui accorda en 1201, à Hervé, abbé de Redon, l'usage, pendant sa vie, de la maison de la Trinité-en-Porhoët à la recommandation du comte Eudon III. En retour de quoi, ce seigneur promit sa protection aux moines de Saint Jacut (Morice, Preuves, I, 793)], je trouve Frère Symon ou Simeon. Cet abbé expédia les lettres de fraternité avec les religieux de l'abbaye du Tronchet, en 1274, comme j'ay dict. Celui que je trouve après luy [Note : Dom Noël Mars n'a pas connu Alain, qui sortait de l'abbaye de Saint Meen et signait une charte de Saint Aubin en 1233, ainsi que Mathias, qui figure dans un arbitrage avec Guillaume de Kiliori, cellerier Boquen, au sujet d'une propriété en Saint-Suliac (Anciens Evêchés, tome III, pages 80 et 119). Noël Mars ne parle pas que l'abbé Simon fut arbitre entre l'évêque de Dol et son chapitre en 1266, et qu'en 1274, il ratifia un accord entre l'abbé de Saint Melaine et Guillaume Le Noir, chevalier (D. Morice, Histoire de Bretagne, II, IXXXIj et Anciens Evêchés, I, 377)] est : Godefroy ou Gaufridus et ce dès l'an 1303. J'ay trouvé un acte par lequel cet abbé unissoit le cloistre Quemper et le cloistre Briac à ce monastère, à cause que c'estoit peu de chose et qu'il étoit nécessaire d'entretenir un grand nombre de religieux en cette abbaye pour y bien faire office divin [Note : Voir cette charte, Anciens Evêchés, IV, p. 289 et Bibliothèque Nationale, Mss L., 17092]. Son successeur fut : Guillaume [Note : Ce fut sous cet abbé que l'on trouve mention du plus ancien recteur de Créhen, dont l'histoire a conservé le nom. On lit, en effet au tome XLI des Blancs Manteaux la note suivante :  « Controversia inter Johannem Eveillart, Priorem S. Salvatoris de Dinanno, commonachum et procuratorem Abb. et relig. St Jacuti et Magistrum Gaufridum de Bosco Bili, Rectorem de Parrochia de Querhen, anno 1309 »] en 1309 et 1329. Après lequel fut frère Eon, en latin Eudo et ce dès l'an 1336 et 1349 [Note : Noël Mars cite plus loin l'abbé Eudon à propos du prieuré anglais de Linthon. Voir aussi Gaignières, Bibliothèque Nationale, Mss L., 17092]. Après luy fut : Frère Guillaume de Rays en 1352. Cet abbé gouverna longuement ce monastère, car je l'ay trouvé encore en 1386 [Note : Guillaume de Rays appartenait à la famille de Rays, en Ploubalay, dont certains membres nous sont connus par leurs différends avec l'abbaye de Saint-Jacut. Leur château dont il ne subsiste plus que la trace des fossés était situé non loin de la ferme actuelle du Bois-Joly. D'après Lobineau, le sceau de Guillaume de Rays représentait deux poissons et des hermines semée entre les deux (Grande Vie des Saints de Bretagne, p. 12). Selon les indications du tome XLI des Blancs Manteaux, on trouve Guillaume, humble abbé de Saint-Jacut, le samedi après la fête de tous les Saints, l'an 1342. Le même recueil, folio 644, nous apprend qu'il était encore abbé le 23 juin 1390. Voici d'autres notes des Blancs Manteaux ajoutant quelques renseignements à ce que Noël Mars dit, de cet abbé : 1° « Guillelmus, abbas S. Jaguti de Insula, in collations parrochiae de Tregon, dioc. Macloviensis, anno 1358 » ; 2° « Pierre du Probu, abbé de Saint Aubin des Bois, l'an 1379, transige avec Fr. Guillaume de Rays, abbé de Saint Jagu, septembre 1379 » ; 3° N. B., Monsour, N. Goion, Chevalier, Seigneur de Launay acquit « la Roulette » en Saint Caz, de Guillaume Moisan ; présent Fr. Pean, procureur de M. de Saint Jagu (qui fut ensuite abbé) le vendredi ap. la Saint Marc, 1382 (Mss Lat., 22325). Nous savons aussi qu'en 1352, Guillaume de Rays assista à Dinan, aux Etats de Bretagne convoqués par Jeanne de Penthièvre, et qu'il scella de son sceau les lettres des ambassadeurs envoyés traiter de la délivrance de Charles de Blois, prisonnier en Angleterre (Lobineau, Histoire de Bretagne, I, p. 346). Il fut aussi présent aux Etats de Rennes où furent votés des subsides pour la guerre contre les Anglais (Morice, Preuves, II, col. 513)]. Son successeur fut : Frère Olivier Pean ou Paian. Cet abbé fut premièrement procureur de ce monastère et ce, dès l'an 1384 ; l'an 1378, il estoit prieur du prieuré de Saint Cadreux et abbé en 1390. Il a faict faire beaucoup de choses en ce monastère : 1° les pescheries de pierres, lesquelles on appelle encore aujourd'hui piates comme si l'on vouloit dire pescheries, faites par Pian ou Paian. Ses armes sont « de gueules à 3 testes de maure » ; 2 il fit faire la grosse cloche [Note : Voici quelques autres renseignements sur Olivier Pean que nous puisons au tome 41 des Blancs Manteaux, et qui viennent confirmer ou compléter ceux de D. Noël Mars : 1° « Sur le bâton de la crosse, on lit deux fois » « Fr. Olivier Paien fit faire cette crosse ». Ses armes étaient « d'azur à trois têtes bandées d'argent ». 2° « Sur la plus grosse cloche de l'abbaye sont ces paroles » « Frater Oliverius, abbas, fecit facere istam campaniam quam potuit, anno 1402, et sur la moienne cloche est escrit : F., E... Abbas, fecit facere istud signum, arma 1442 ». 3° En 1391, l'abbé Olivier fait association de prières avec Marmoutiers. L'abbé Pean assista en 1395 aux Etats de Rennes auxquels il fut décidé que l'abbé Saint-Jacut occuperait désormais le quatrième rang aux Etats de Bretagne après les abbés de Redon, Saint-Melaine et Saint-Meen (Morice, II, Preuves, col, 689)] de ce monastère, comme il paroit par cette inscription « Frater Oliverius, Abbas, fecit facere istam campanam, melius quam potuit, mill° CCC° II ». En plusieurs endroits, de notre église sont ses armes avec semblables dictons ; 3° il fit faire la crosse abbatiale avec son baston, laquelle est fort belle. Il fit mettre dessus « fr. Olivier Pean, abbé de St Jagu, fist faire cette crosse ». Il mourut sur la fin de décembre 1404 et fut enterré devant l'autel de Notre Dame, hors la chapelle au costé de l'Evangile, comme l'on voit sa représentation, et ce sans mitre, à raison que les abbez de ce monastère n'avoient pas encore le droit de la porter. Cet abbé étoit de la maison de Pontfili, en Pontual, proche Dinart. La mesme année qu'il mourut, fut esleu : Frère Jean, [Note : Noël Mars dans la subsection X de son histoire, a rapporté plusieurs actes de cet abbé qui témoignent de son énergie et de son zèle. Jean Mensiau, dit D. Taillandier, mourut en 1417] ; le duc Jean, Vème du nom, dit le Sage, appelle cet abbé son conseiller dans une charte qu'il expédia en faveur de monastère. Je l'ai encore trouvé en 1409, son successeur fut : Guillaume [Note : D'après les armoiries de cet abbé, telles que nous les donne la collection des Blancs Manteaux « d'argent au cerf passant », Guillaume Le Veneur appartenait à la famille Le Veneur qui, selon Courcy, habitait Plessala et Pordic et s'armait « d'argent au cerf passant de gueules, ramé et onglé d'or ». Une note du tome 41 des Blancs Manteaux nous le montre abbé de Saint-Jacut, le mardi après la Toussaint 1417. En 1423, il signe le traité conclu entre les Etats de Bretagne et le duc de Bourgogne (Morice, Preuves, II, col 1127). Il dut être dans les meilleurs termes avec le duc de Bretagne, car il parvint à régler plusieurs difficultés pendantes avec le receveur de Jugon, au mieux des intérêts de l'Abbaye. Il existe en effet aux Archives de la Loire-Inférieure, E 83 une charte de Guillaume abbé, datée du 6 février 1425 et notifiant un accord conclu entre l'abbaye de Saint-Jacut et le duc de Bretagne. En vertu de cet arrangement, les sujets des religieux sont dispensés du guet au château de Jugon, ainsi que d'une redevance de 33 boisseaux de froment établie d'abord comme rachat du dit guet, puis maintenue à titre perpétuel, à condition que les moines célébreront pour le duc, le jour de la Saint-Yves, une messe à notes. En conséquence de cet arrangement, le duc Jean V envoya fin février 1425, un mandement à son receveur de Jugon (Voir Lettres et Mandements du duc Jean V, tome VI, p. 139). La même année, l'abbé Guillaume obtint également du même duc, une lettre ordonnant aux officiers ducaux d'obliger les vassaux de l'abbaye de Saint-Jacut à payer les amendes auxquelles, le cas échéant, la cour de l'abbaye pourrait les condamner. Guillaume Le Veneur fit aveu au duc en 1429. Nous reproduisons aux Pièces justificatives cet aveu, le plus ancien qui nous soit parvenu. Plusieurs notes extraites du tome 41 des Blancs Manteaux nous montrent que Guillaume n'oublia point de travailler à l'accroissement du domaine de son abbaye. Voici ces notes fort succinctes : - 1° Acte passé entre honneste frère Guillaume, Abbé de Saint Jagu et Mre. Geoffroy de la Villermaie, 10 juin 1430. - 2° Noble Ecuyer Jean de la Goublaye, seigneur du dit lieu, vend à Saint Jagu tout ce qu'il avoit dans la grande dîme de Saint Postan, sous son seing et celui des Duval, le 11 septembre 1430. - 3° Guillaume le Vannour, héritier principal de feu Talhot Gourion, fait accord sur 10 livres de rente, qu'il devoit à Saint Jagu, dans la ville de la Trinité en Porhoet, 2 juin 1434 (Blancs Manteaux, XLI). Nous ignorons la date de la mort de Guillaume Le Veneur. Nous ne savons par conséquent si c'est à lui que fut faite, le 20 août 1438 la donation de cent écus d'or, par Alain IX, vicomte de Rohan, aux fins de fonder à perpétuité un anniversaire dans l'église abbatiale de Saint-Jacut (Dom Morice, II, col. 1319). Nous ne savons aussi quel est l'abbé de Saint Jacut signalé par Guillotin de Corson, dans. son Pouillé de l'Archevêché de Rennes, tome 1er, p. 593, comme ayant mis d'accord en 1439 l'évêque de Dol, Pierre Piédru et son chapitre] et ce, dès l'an 1417 , au mois de janvier et en 1431. Celuy qui suit après est : E... mais le n'ai trouvé son nom autre part que sur la moyenne cloche en ceste façon « E. Abbas, fecit fieri istud signum, anno M° CCCC° XLII° » Après lui fut Guillaume Milon [Note : La famille Milon était, originaire de Broons, où elle possédait Launay-Milon, ainsi que la Garenne, en Yvignac. Les armoiries, des Milon surmontées d'une crosse abbatiale, se voient encore à Nazareth de Plancoët, sur une pierre qui se trouvait naguère dans le pignon est de l'église, et qui est maintenant encastrée dans le mur qui entoure le jardin, dit de la Sainte Vierge. Du temps de G. Milon, Mathurin Le Lionnais, religieux de Saint Jacut devint abbé de Saint Melaine de Rennes, l'an 1446. En 1471, le pape le nomma évêque titulaire de Chiho. Il mourut le 5 mai 1488. Ses armoiries étaient « d'argent à trois lions de sable » (Pouillé du diocèse de Rennes, tome II, page 12)] dès 1443. Il a esté longtemps abbé de cette abbaye et a faict faire beaucoup de choses. De son temps furent faicts les beaux ornemens [Note : Voici une note complémentaire sur ces ornements qui ont disparu à la Révolution : « Dans les beaux ornements, on voit, sur la croix du chasuble, un my-parti de Dinan et de Chateaubriand d'un côté et de Rohan de l'autre, et, au bas, un écu de l'abbé Milon " d'azur à 3 têtes de chien d'argent ". Sur les deux bras de la croix sont deux pannetières de pèlerin chargées chacune d'une coquille d'argent et attachées à un bourdon » (Blancs Manteaux, XLI, p. 660)] de drap d'or qui sont en ce monastère, comme il paroist par ses armes qui sont « d'azur à 3 testes de chien courants d'argent, couppez deux et une ». Ma croyance est que Jacques de Dinan, cinquième fils de Charles de Dinan, baron de Chasteaubriant, et, Catherine de Rohan, sa femme, contribuèrent à ces ornements, comme il paroit par les armes de ce Jacques qui sont de Dinan et de Chasteaubriant et de Catherine, qui sont de Rohan. Cet abbé fit faire encore les cloistres d'à présent, qui sont passables, fit voûter la nef [Note : Nous ne pouvons conclure, vu l'époque, que la voûte de l'abbatiale de Saint-Jacut était en style ogival, ainsi que cette croisée. Quant, au portail, ce n'est sans doute pas celui-là qui se trouve maintenant à l'église de Nazareth] de l'Eglise et la croisée, fit faire le portail, par lequel on entre à présent dans l'église, fit faire encore le logis abbatial et le grand colombier. Il [Note : En 1452, Guillaume Milon signa un accord conclu entre l'archevêque de Tours et l'évêque de Dol, au sujet d'un droit de visite. Il fut réglé que l'abbé et les religieux de Saint Jacut, paieraient à l'archevêque de Tours 10 livres pour droit de procuration, lors de sa première visite (Voir Dom Morice, Preuves, II, col. 1612, et même auteur, Histoire de Bretagne, II, p. LXIII). Guillaume Milon siégea au cinquième rang parmi les abbés bretons aux Etats de Vannes, tenus en 1455, (Morice, Preuves, II, 167, 671), mais il n'avait pu assister aux Etats de 1451 et 1452 car il était alors malade (Morice, II, 1568 et III, col, 6)] obtint de Nicolas V permission de porter crosse et mitre et de faire les bénédictions solennelles, tant dans l'abbaye que dans ses dépendances. Cet abbé étoit de la famille de Villemorel, proche Jugon. Il fut un des députés de sa Sainteté pour faire les informations et miracles de la vie de Saint Vincent Ferrier, en la duché de Bretaigne, avec les évêques de Dol et de Saint Malo ; aussi avoit-il une dévotion particulière à ce saint et pour cet effet, il fit faire une petite chapelle au bas de nostre église en son honneur, où il voulut estre enterré. Comme il paroit par ses armes qui sont dans la mesme chapelle sur une grande pierre tombale, il estoit encore abbé en 1460. Son successeur fut : Bertran de Breont [Note : Il faut lire Bertrand de Broons. Il fut abbé de 1461 à 1471. Il rendit aveu au duc en 1465. Après sa mort, dit D. Taillandier, le duc fit défense aux moines de recevoir aucun abbé sans son agréement (Histoire de Bretagne, II, IXXXIJ)] ou Breant, dès l'an 1465. En janvier, il l'étoit encore, ainsi qu'en novembre 1470 ; après luy fut : Etienne Milon dès l'an 1475. C'est, le 1er que je trouve se qualifier du nom d'abbé commendataire. Il se qualifioit aussi du titre de protonotaire apostolique ; il mourut en 1498, au mois d'août [Note : Noël Mars ne mentionne pas qu'Etienne Milon, alors abbé de Saint-Jacut, prit la parole aux Etats de Redon, en 1476, pour obtenir la ratification du traité de Senlis (Dom Morice, III, col. 301). Le même Etienne fut aussi envoyé en ambassadeur auprès de Maximilien, roi des Romains, par le duc François II, l'an 1486. Il fit aveu le 8 novembre 1475 (Bibliothèque Nationale, Mss L. 17092)]. Après la mort duquel l'Abbaye fut quelque temps vacante, car le 18 septembre, j'ai vu qu'il n'y avoit point encore d'abbé. Celuy [Note : Après sa mort, l'abbaye de Saint-Jacut essaya de se ressaisir et d'élire un abbé de son choix, ainsi qu'en témoigne l'acte suivant extrait du tome 41 des Blancs Manteaux : « Capitulum et conventus monasterii St Jagu, etc. Quoniam ad nostram noticiam devenit bonae memoriae Stephanum Milon, quondam ejusdem monasterii perpetuum commendatorem, supremum diem obiisse, convocant omnes monachos ad futuram electionem. Datum subsigillo conventus, die 25 Augusti 1498 ». Nous ignorons quelles influences empêchèrent l'élection canonique d'avoir lieu. Toujours est-il que le 18 septembre de cette même année, le siège abbatial était encore vacant. Ce fut Jean, archevêque de Tarse qui l'obtint eu commende. Il rendit en 1499, l'aveu suivant que nous trouvons au tome 41. des Blancs Manteaux : « Jean, archevêque de Tarse, Abbé Commandataire de St Jagu de l'Isle, donne aveu au roy, l'an 1499, où il est dit " nous appartient tout et chacune les rentes, saisines, possessions, obéissances, juridictions, droits debris aux endroits de ses fiefs, poissons royaux, etc., avec pouvoir de se livrer le lundy de chacun an, aux plaids généraux de Rennes, etc.." » (Voir Morice, Preuves, III, 836)] qui suit après Etienne Milon est Antoine Cardinal [Note : Nous venons de voir que Antoine ne succéda pas à Etienne Milon, mais à l'archevêque de Tarse. Voici une courte notice sur cet abbé cardinal et son successeur, extraite d'un travail de M. Paris-Jallobert sur les Cardinaux de Bretagne : Antoine Pallavicini, neveu du pape Alexandre VI, né en 1441, décédé en 1507. Déjà titulaire de plusieurs évêchés, essaya mais en vain d'obtenir la commende de l'abbaye de Saint Melaine, devint commandataire et administrateur perpétuel de Saint Jacut, de 1504 à 1507. Bernard de Tarlat, appelé aussi Bernard de Bibienne, était évêque de Coutances.. Il fut créé cardinal-diacre en 1513 par le pape Léon X et obtint la commende de Saint-Jacut, de 1511 à 1516. Il mourut à Rome en 1520] de Sainte Praxède et ce l'an 1507 ; le quel comme je croy résigna à Bernard, Cardinal de Sainte Marie in Porticu, lequel n'en fut paisible possesseur, car fr. Jean des Coignets [Note : Voici ce que D. Lobineau, dans son Histoire de Bretagne, tome 1er, p. 840, écrit au sujet de Jean des Cognets : « La Reine, comme duchesse de Bretagne, s'étoit plainte au pape de ce qu'il avait nommé à l'abbaye de Jagu le cardinal de Ste-Marie-en-Porticu, contre les droits de la province et ceux de l'abbaye en particulier, qui avait élu frère Jean des Cognets, lequel avait plaidé à Rome contre son compétiteur et perdu sa cause. Le pape, à la considération de la Reine, obligea le cardinal à se démettre de l'abbaye et la conféra à frère Jean des Cognets, le cinquième de décembre l'an 1516 » . (Extraits des titres de Saint-Jagu)], religieux de Saint Jagu fut esleu le 12 mars 1511, lequel eut plusieurs procez en Cour de Rome contre ce Bernard, cardinal ; lesquels terminez, le Pape Léon X expédia les bulles de cet abbé l'an 1516. Ayant pourtant esté toujours abbé depuis 1511, il mourut l'an 1520, le 24 juin et fut enterré dans la chapelle Notre Dame de cette église, du costé de l'Evangile, comme l'on voit par ses armes, qui sont de « sable à la croix d'argent cantonnée d'estoiles de même ». Il estoit de la maison de Galinès, maison très ancienne et très noble, comme il paroit de cette escriture que j'ai tirée de la maison de Galinès, qui est à une lieue de ce monastère et de laquelle M. de Brehant, Conseiller au Parlement de Rennes est possesseur. Ceste escriture qui est en lettre gothique est telle : « Deo optimo, maximo favente Nobilis, vir.. des Coingnets, scutifer dicti loci de Galinea, has domos erexit, Alano secundo Britonum regnante, anno Domino LV, mense Augusto », par laquelle escriture l'on voit l'antiquité de cette famille puisqu'elle est de l'an 555. Je croy pourtant qu'il y a de l'erreur en cette escriture. Car Alain II, Roy de Bretagne n'étoit de ce temps, mais bien en 660 [Note : Cette inscription est absolument fantaisiste]. Après la mort de cet abbé, les religieux firent leur possible d'en avoir un autre de leur monastère, mais comme le concordat de François Ier avec Léon X était encore récent, cela fut cause que le Pape confia l'Abbaye à un certain Jean ; de quoy la Royne de France, duchesse de Bretagne n'en fut contente, à cause qu'elle avoit demandé un nommé Jean Dollo, mais elle se rétracta et écrivit pour Georges Guémadeuc [Note : Les auteurs des Anciens Evêchés écrivent que Guémadeuc était encore enfant quand il fut pourvu de l'abbaye. Cependant, dans sa lettre au saint Père, la reine Claude lui assure que « frère Georges est très honnête religieux en qui elle a sûreté et fiance ». D. Taillandier, au tome II de son Histoire de Bretagne, nous apprend que Georges du Guémadeuc était prieur d'Hénansal, lorsqu'il fut nommé abbé. Il parait bien qu'il n'avait pas encore atteint sa dix-huitième année et qu'il n'était même pas minoré. Ce fut sa famille qui sous son nom administra l'abbaye, ainsi qu'en témoignent deux notes du tome XLI des Blancs Manteaux, que nous publions aux Pièces justificatives et qui marquent qu'en 1522, Jacques Madeuc succéda à Jean de Saint Méloir comme receveur de l'abbaye] à ce qu'il fut abbé « à cause que ladite abbaye estant finitive et frontière de Bretagne, il estoit besoin d'une personne fidelle ». Les religieux de Saint Jagu esleurent ce Georges de Guémadeuc dès le 20 août 1520. Il n'eut ses lettres de Rome que l'an 1522. Il n'avoit que les mineurs, quand il fut élu abbé ; il reçut les ordres « extra tempora » et fust bénist Abbé par l'évêque de Saint Brieuc, l'an 1546, conformément à la permission qu'il avait eue du pape Paul III, l'an 1540. Cet abbé estoit de la maison de Guémadeuc, en Saint Brieuc, en Pléveneuf (Pléneuf). Ceux de cette maison ont faict leur possible pour garder l'abbaye dans leur famille et firent pour cette raison résigner l'abbaye à l'abbé suivant. Cet abbé eust de grands procès avec les parens du Cardinal Bibiana et ce, à cause que s'estant démis de son droict qu'il avoit sur l'abbaye de Saint Jagu, fr. Jean des Coignets luy faisoit certaine pension, laquelle ce cardinal donna à ses parens qui voulurent que Georges de Guémadeuc continua, mais ilz furent déboutez de leur demande. Cet abbé « portoit d'azur au léopard d'argent et 5 coquilles de même en or ». Il mourut l'an 1568, son successeur fut : Fr. Louis de Sainct Méloir, de la maison de la Ville Loualan. Cet abbé fut receu dans ce monastère à profession dès 1540. Il estoit prieur claustral pitancier et aussi prieur de Kermaria-an-Dro et enfin abbé. Il eut ses bulles de Rome en 1559 [Note : D'après cette date, il est facile de conclure que G. du Guémadeuc s'était démis en faveur de Louis de Saint Méloir] et ne prit possession de l'abbaye que le 7 août 1561. En 1569, il fut bénist abbé. J'ai veu plusieurs actes par lesquelz il a donné tonsure à ses religieux. Il fut très longtemps abbé, vendit et aliéna beaucoup de biens à l'Abbaye et entreprint beaucoup de procès pour le revenu d'icelle. Outre ce que j'ay dict de l'aliénation du temporel, il fut encore aliéné de son temps 6 livres, 10 sous, 10 deniers deus à l'abbaye par le Sieur et Dame du Guildo sur le pré du Pontarlier ou Pontavet, que les abbez avoient donnez dez longtemps audit sieur, pour estre prises sur la sergentise du Guildo, en la paroisse de Plouballay, le 1er Septembre. De son temps, ceux de Guémadeuc firent recevoir un certain Robert Harens (qui avoit esté leur chapellain) à l'habit de cette abbaye, afin que Louis de Saint Méloir luy eut résigné l'abbaye, comme il fist dès l'an 1584. De Saint-Méloir vescut encore jusqu'en 1592, le 9 novembre, auquel jour, il mourut. Il fut enterré devant Notre Dame, sans pierre tomballe. Il portoit de « gueule à 10 moulettes d'éperon d'or, 4, 3, 2 et une », comme l'on voit de plusieurs petites choses qu'il a fait faire en ce monastère. Durant sa vie, Fr. Robert Harens, abbé, administroit ce monastère par son conseil : il ne fut pas abbé plus de 8 ans après la mort de Saint Méloir. Etant tombé malade, ceux du Guémadeux le firent enlever et conduire à Québriac et emportèrent avec luy la pluspart des chartes de ce monastère, lesquelles on ne scait ce qu'elles sont devenues. Il mourut à Québriac sans résigner l'Abbaye, ce qui fut cause qu'elle commença d'entrer en commande comme vous allez voir en la subsection suivante.

 

SUBSECTION II - DES ABBÉS COMMENDATAIRES DE CETTE ABBAYE

 

L'abbé fr. Robert Harens estant mort l'an 1600, en juillet, sans résigner, escuier Anthoine de Brehant, Sr. de la Roche, obtint, de sa Majesté, au nom de son fils Louis de Brehant, la nomination de l'abbaye ; mais pour la difficulté de changer l'abbaye en commende, il fit économe d'icelle Jacques de Brehant, Sr. de la Bretesche, frère du Sr. de la Roche, lequel entra en économat le 4 Août 1600. Auquel temps il fist un inventaire des meubles de l'abbaye, desquels il se saisit comme aussy de tous les papiers. Pendant le temps de quatre ans, ledict Sr. de Laroche fit expédier l'abbaye au nom de son fils. Loys de Brehant [Note : L'auteur de la Généalogie des Bréhand donne à la page 60 de cet ouvrage les renseignements ci-dessous sur ce semblant d'abbé : « Louis de Bréhand, fils d'Antoine, fut, à l'âge de 15 ans, l'an 1600, nommé abbé de Saint-Jacut par Henri IV. Le pape Clément lui accorda les bulles le 1er mars 1603, à condition que le tiers des revenus fut consacré aux réparations de l'abbaye, que l'abbé prendrait les ordres sacrés aussitôt qu'il serait en âge et que l'abbaye ne serait dorénavant donnée qu'à des religieux. Malgré cela, Louis de Bréhand resta abbé sans avoir pris les ordres. Lorsqu'il eut résigné son bénéfice, il devint écuyer ordinaire de la petite écurie du Roi et se maria en 1625 avec Marie Hurault de Boistaillé »] n'estant pour lors âgé de 15 ans seulement, ses bulles luy vinrent de Rome que l'an 1603, et en 1604, le 1er de novembre, il prit possession, puis il résigna vers 1614 à Rd. P. en Dieu, Messire Pierre de Francheville [Note : Guillotin de Corson, au tome IV, page 322 de son Pouillé de l'Archidiocèse de Rennes, donne ces détails complémentaires sur l'abbé de Francheville que nous savons avoir obtenu la commende de l'abbaye de Saint-Jacut, grâce au crédit de son neveu, aumônier de la Reine (Blancs Manteaux, tome XLI, folio 658) : « Pierre de Francheville se fit pourvoir à une époque inconnue de la cure de la Chapelle-aux-Filtz-Meens, dont ses parents étaient les seigneurs fondateurs de l'église. Il résigna cette charge en 1640 et mourut en 1669 au château de la Chapelle-aux-Filtz-Meens, propriété de sa famille. Il fut enterré Rennes, au Couvent des Minimes »], estant pour lors recteur des saints Cyriaque et Julitte de Combourt, et depuis chanoine et chantre de Saint Brieux. L'an 1614, il eut ses bulles de Rome, et en 1615, le 29 septembre, il prit possession de cette abbaye. Cet abbé a appelé la Congrégation de Saint Maur pour réformer son monastère, comme j'ay dit dans la section deuxième de cette histoire (M. Lemasson).

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