Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue ! 

ABBAYE DE SAINT-MEEN

  Retour page d'accueil       Retour page Monastères   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Abbaye de Saint-Méen - Méen

Le monastère de Saint-Jean de Gaël, devenu plus tard l'Abbaye de Saint-Méen (abbatia Sancti Mevenni), est fondé au milieu du VIème siècle par saint Méen, moine de Grande-Bretagne (venu dans l'Armorique vers l'an 557 avec saint Samson) et neveu de Samson (évêque de Dol), né dans la province de Gwent (Cambrie méridionale). C'est un breton nommé Caduon qui lui fait don, en forêt de Brocéliande, d'une villa située près de Gaël pour y fonder une abbaye (l'abbaye Saint-Jean-de-Gaël, dédiée à Saint-Jean-Baptiste). C'est dans cette abbaye que meurt saint Méen en 617 ; c'est là aussi que le roi Judicaël se retire et finit ses jours à la fin du VIIème siècle. Cette abbaye est ruinée vers 799 par les troupes de Charlemagne. Elle est reconstruite vers 818 par l'ancien abbé de Saint-Méen, Hélocar, évêque d'Aleth (Saint-Malo) qui obtient de l'empereur Charlemagne la permission de rétablir le monastère de Saint-Méen. Charlemagne lui donne des lettres pour assurer les biens qui en dépendaient et ces lettres sont confirmées par Louis le Débonnaire en 816. Elle est à nouveau détruite par les Normands en 919 et réédifiée au X-XIème siècle. Cette abbaye donnait à son abbé un revenu annuel de 7 000 francs. L'abbé Cornulier entreprend la réforme de l'abbaye au début du XVIIème siècle et il y appelle en 1638 la Congrégation de Saint-Maur. Son successeur, Achille du Hallay, évêque de Saint-Malo, la transforme en séminaire de son diocèse, et y installe en 1643 les Prêtres de l'Oratoire, puis en 1645, les Lazaristes de Saint-Vincent de Paul. Il s'agit du premier Séminaire créé en Bretagne. Le Petit Séminaire du diocèse de Rennes y est installé en 1831 et y reste jusqu'en 1906. L'ancienne abbaye est très remaniée au XVIIIème siècle. La nef est détruite en 1771. Le clocher date du XIIIème siècle et le bulbe qui le surmonte date de 1658. L'église est réaménagée en 1850. L'abbaye de Saint-Méen conserve quelques éléments romans, ainsi que des éléments du XIIIème et XIVème siècles. On y trouve le tombeau de saint Méen (XIIIème siècle). L'abbaye de Saint-Méen est église paroissiale depuis 1803. La chapelle sud, dédiée à Saint Vincent, est élevée au XIIIème siècle. A noter que Hingueten, abbé de Saint-Jacut, est chargé en 1008 par la duchesse Havoise et par les princes Alain et Eudon, ses enfants, de rétablir le monastère de Saint-Méen et de Saint-Judicaël. Il ne néglige rien pour seconder les pieuses intentions des deux princes, et il fait un saint usage des présents que ces derniers offrent au nouveau monastère. Ce comportement lui vaut le titre de restaurateur de Saint-Méen qu'il va gouverner jusqu'à sa mort. Le prêtre Ingomar lui dédie la Vie de saint Judicaël. Robert, deuxième abbé de Saint-Méen, meurt au mois de janvier, selon l'obituaire de cette maison. Eudon meurt au mois de septembre, suivant le même obituaire. Judicaël est contemporain d'Airard, évêque de Nantes et de Perennès, abbé de Redon. Belbaud meurt au mois de décembre, selon l'obituaire de son abbaye. Brient assiste aux obsèques d'Emme, vicomtesse de Porhoët, faites dans l'église de Sainte-Croix de Josselin, par Morvan, évêque de Vannes en 1092. Sa mort est marquée au 9 décembre dans le nécrologe de son abbaye. Guillaume souscrit à la fondation du prieuré de Lohéac en 1101, et contribue à la réconciliation des vicomtes de Porhoët avec les religieux de Marmoutier en 1116. Joston est témoin de la donation des dîmes de Guer, faite par Donoald, évêque d'Aleth, à Garnier, abbé de Marmoutier. Le P. Le Large croit que ce Joston est le même que Judicaël de Trémorel, dont il est parlé dans l'obituaire, et qui meurt le 3 septembre. Henry (Petrus Cellensis, lib. 1, epist. 6) est déposé par ses religieux, soutenus de l'autorité de saint Jean de La Grille, leur évêque. Ils lui donnent pour successeur Robert, dont nous parlerons par la suite. L'archevêque de Tours approuve d'abord ce changement, mais il le blâme dans la suite, et n'ayant pu engager Robert à se démettre, il se déclare contre lui. L'affaire est portée à Rome, comme on l'apprend d'une lettre de Pierre de Celles au Pape Eugène III, mais on ne connaît pas le jugement que prononce le Pape sur ce sujet. Ce qui nous paraît certain, c'est que Robert continue ses fonctions d'abbé, et qu'on donne à Henry la qualité d'abbé de Saint-Judicaël. Une charte de l'abbaye de Saint-Melaine, datée de 1163, prouve ces deux titres. Robert II souscrit en 1163 l'accord fait par Josse, archevêque de Tours, entre les religieux de Saint-Melaine et les chevaliers du Temple pour le four de Montfort. Il fait confirmer, en 1184, les privilèges de son monastère par le Pape Luce III. Pierre Le Baud le met au nombre des commissaires établis par le Pape Clément III pour juger de la validité du mariage d'André de Vitré avec Mathilde de Mayenne. Rolland obtient en 1192 une bulle du Pape Célestin III qui confirme tous les privilèges et biens de son abbaye. Le même Pape ratifie la sentence rendue par Raoul, évêque d'Angers, Simon, abbé de Savigny (ou Savigni), et Herbert, archidiacre, qui déclarent le prieur de Paimpont, soumis à l'abbé de Saint-Méen. Pierre souscrit l'acte de fondation de la Collégiale de La Guerche faite en 1206 par Guillaume, seigneur de La Guerche, fils de Geoffroy de Pouencé. Robert contribue, en 1220, à un accommodement entre Payen de Malestroit et les religieux de Marmoutier. Barthélemy, abbé de Saint-Méen, meurt le 27 juillet, selon le nécrologe de Landévennec. Raoul Laese meurt au mois de décembre, selon l'obituaire de sa maison. Judicaël, natif de Trémorel, près Saint-Méen, fait une association avec les religieux du Mont-Saint-Michel en 1296, et meurt le 16 août 1297, selon le nécrologe de Landévennec. Olivier de Saint-Malon traite, en 1312, avec Olivier, seigneur de Montauban. Il est un des exécuteurs testamentaires de Raoul, sire de Montfort, en 1314. Il transige en 1319 avec Geoffroy, seigneur de Montfort, pour quelques fiefs situés dans la paroisse de Saint-Lirg, et meurt le 10 juin 1380. Jacques Payen succède à l'abbé de Saint-Malon, et meurt au mois de décembre 1343. Guillaume, prieur de Vitré, est recommandé à l'évêque de Saint-Malo par le pape Clément VI, le 29 janvier 1344. On ne voit pas la raison de cette nomination du pape à l'abbaye de Saint-Méen. Alain Le Roux accepte en 1369 une fondation faite dans son église par Guillaume Lévêque, seigneur de Molant, et Jeanne de Montfort, sa femme. Il meurt le 29 août 1374, selon le nécrologe de Montfort. Guillaume Le Roux, abbé de Saint-Méen, et du Tronchet, traite en 1385 avec le sire de Montfort pour les dégâts que ce seigneur avait faits sur un moulin de son abbaye. Il meurt le 7 mars 1400, selon le nécrologe de la maison. Guillaume Servot meurt le 18 mars 1431, selon le nécrologe de son abbaye. Olivier Servot, neveu ou parent de Guillaume, meurt le 7 mars 1441, selon le même nécrologe. Robert de Coëtlogon, fils d'Olivier, seigneur de La Gaudinaie (ou Gaudinaye), est élu en 1443 et gouverne l'abbaye pendant cinquante ans. Jean l'Espervier, évêque de Saint-Malo, l'accuse en 1485 auprès du duc de plusieurs crimes dignes de punition.  Le duc donne commission à Guillaume Loaisel, seigneur de Brie, d'arrêter frère Robert de Coëtlogon. Il n'est point fait mention dans cette commission des crimes de l'accusé, mais il semble que son plus grand crime est d'avoir amassé vingt mille écus, dont le trésorier Landais voulait s'emparer, et dont il s'empara réellement. Ce dernier avoue le vol devant ses juges, et déclare qu'il ne l'a fait que pour empêcher Robert de Coëtlogon de sortir de Bretagne, et pour conserver une somme considérable à la province. A la mort du trésorier, l'abbé continue à gouverner sa maison comme il l'a fait avant l'accusation intentée contre lui. Il meurt le 30 avril 1492, après avoir enrichi d'ornements son église. Pierre de Laval, archevêque de Reims, évêque de Saint-Malo, abbé de Saint-Aubin et de Saint-Nicolas d'Angers, obtient encore l'abbaye de Saint-Méen en 1492, mais il la possède peu de mois, étant mort le 14 août 1493. Robert Guibé, évêque de Nantes et cardinal du titre de Saint-Anastase, obtient l'abbaye en 1493, et la possède jusqu'à sa mort arrivée en 1513 à Rome, où il est inhumé dans l'église de Saint-Yves des Bretons. François Hamon, neveu du cardinal Guibé, lui succède dans l'évêché de Nantes et dans l'abbaye de Saint-Méen. Il nomme pour vicaire général André Hamon, son frère, et meurt le 7 janvier 1532. René du Bellay est nommé à l'abbaye de Saint-Méen en 1532, et à l'évêché du Mans en 1536. Il meurt à Paris en 1546, et il est inhumé dans l'église cathédrale de Notre-Dame, dont le cardinal Du Bellay, son frère, était évêque. Jean Juvénal des Ursins est, en 1539, pourvu de cette abbaye sur la démission de l'évêque du Mans, et obtient mainlevée du temporel le 6 novembre 1540. Ponthus de Brie obtient l'abbaye en 1543 sur la démission du précédent, et la possède jusqu'en 1557. Jacques Heluis, dit de La Roche-sur-Yon, est le fils d'un laboureur du diocèse de Beauvais. Le cardinal de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon, le prend en affection, et l'élève aux premières dignités de l'Eglise en le faisant, non seulement abbé de Saint-Méen, mais encore évêque de Langres, duc et pair de France. Il meurt le 26 mars 1565. Charles de Bourbon, archevêque de Rouen et cardinal de la sainte Eglise romaine, fait serment de fidélité au roi en 1574 pour l'abbaye de Saint-Méen, dont il est pourvu après la mort de son élève. Pierre de Ragan ou Ragean rend foi et hommage au roi en 1579 pour l'abbaye de Saint-Méen. Il est indiqué dans cet acte comme évêque de Rouanne. Jean Heluis, neveu ou parent de Jacques dont on vient de parler, succède à l'évêque de Rouanne en 1585 et il semble que les princes de La Roche-sur-Yon lui procurent cette dignité. Jean Picaut soutient les droits utiles et honorifiques de son abbaye avec beaucoup de fermeté, et meurt en 1592 selon les Mémoires du P. Le Large, qui nous fournit ces trois abbés. Jean d'Espinay (ou Espinai), frère de Charles, évêque de Dol, succède au précédent, et meurt vers l'an 1604. Pierre Cornulier assiste aux Etats tenus à Rennes en 1604 en qualité d'abbé de Saint-Méen. Il y assiste par la suite comme évêque de Tréguier et de Rennes. C'est à ce prélat qu'on est redevable du bel hôpital qui sert à loger à cette époque les pauvres et les pèlerins qui ont recours à l'intercession de Saint-Méen dans plusieurs maladies. Il meurt le 22 juillet 1639 et il est inhumé dans son église de Saint-Pierre de Rennes. Achille de Harlay-Sanci (ou Hallay-Sancy ou Harlay-Sancy ), évêque de Saint-Malo, est nommé au mois d'août 1639, et obtient, le 20 octobre 1643, la permission d'ériger un séminaire ecclésiastique dans son abbaye. Cette permission est confirmée par lettres patentes du mois de mars 1646, portant union de la mense conventuelle, des offices claustraux et des bâtiments de l'abbaye au séminaire qui avait été donné à la congrégation de la mission dite de Saint-Lazare. M. de Harlay meurt le 20 novembre 1646. Ferdinand de Neufville succède à son oncle dans l'évêché de Saint-Malo et dans l'abbaye de Saint-Méen. Il meurt évêque de Chartres le 2 janvier 1690, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Charles-Ferdinand de Champlais de Courcelles, neveu de M. de Villeroi (ou Villeroy), est, en 1675, pourvu de l'abbaye vacante par la démission de son oncle, et meurt à Paris le 8 juillet 1698. Antoine Fagon, fils du fameux Fagon, premier médecin de Louis XIV, obtient l'abbaye au mois d'août 1698. Il devient successivement évêque de Lombez et de Vannes, et termine sa carrière à l'âge de soixante-dix-sept ans, le 16 février 1744. Gilbert-Blaise de Chabannes, vicaire général de Nevers et de Langres, député à l'assemblée du clergé de 1745, est nommé à Saint-Méen en 1743, et se démet en 1745 pour obtenir l'abbaye de Bon-Port au diocèse d'Evreux, dont il jouit jusqu'en 1779. N. de Guersans, vicaire général de Rennes, remplace le précédent en qualité d'abbé commendataire de Saint-Méen, au mois de juin 1745, et possède cette abbaye jusqu'en 1764. Il est en même temps premier archidiacre et chanoine de Rennes. N. de Mostuéjouls, sous-précepteur des enfants de France, succède dans l'abbaye à M. de Guersans en 1764, mais il s'en démet l'année suivante, et il est nommé à celle de Saint-Vincent de Senlis qu'il possède encore en 1790. Il est, à cette dernière époque, premier aumônier de la comtesse de Provence, épouse de Louis XVIII. N. Vendomois de Saint-Aubin, chanoine scolastique de Rennes, est abbé de Saint-Méen de 1765 jusqu'en 1771. N. Des Cognets (ou Descognets), grand archidiacre, chanoine et vicaire général de Quimper, nommé en 1771, est le dernier abbé de Saint-Méen, et en 1790 la Révolution le dépouille de ce bénéfice.

Voici ce que dit le Pouillé de Rennes :

Né dans la Grande-Bretagne et parent des bienheureux évêques Samson et Magloire, saint Méen suivit le premier d'entre eux lorsqu'il vint en Armorique fonder le monastère de Dol, vers le milieu du VIème siècle. Envoyé par saint Samson vers Guérech, comte de Vannes, pour implorer sa charité en faveur de Dol, Méen fit la rencontre, sur la lisière de la forêt de Brocéliande, et non loin des rives du Meu, d'un homme riche et pieux, nommé Caduon, qui essaya de le garder près de lui et offrit de lui construire un monastère. Saint Méen voulut d'abord accomplir sa mission près de Guérech ; mais, à son retour du Browerech, voyant que Caduon persévérait dans ses bonnes intentions, et ayant reçu le consentement de son maître saint Samson, il accepta l'offre généreuse qu'on lui faisait. Caduon lui « fit donation de tous les meilleurs fonds qu'il possédait des deux côtés de la rivière de Meu, qui tous ensemble formaient une seigneurie qu'on nommait Tréfoss, Transfossam » (D. Lobineau, Vie des Saints de Bretagne, 139). Saint Samson ayant donné quelques moines de Dol pour compagnons à saint Méen, celui-ci, dit D. Lobineau, « mit aussitôt la main à l'oeuvre et commença par deffricher et applanir le lieu qu'il avait choisi à Tréfoss pour y bâtir l'église et le monastère, dans une situation commode si l'eau vive, bonne à boire, n'y eût point manqué. Ce défaut ne l'empêcha pas cependant de prendre ses alignements ; et plein de confiance en Dieu, après s'être adressé à lui, il enfonça son bâton en terre dans le lieu où l'on eût le plus souhaité qu'il y eût une source, et à peine l'eut-il retiré que l'eau vive sortit à gros bouillons du trou qu'il venait de faire. Elle y a eu depuis un cours continuel, utile à la santé d'une infinité de malades, qui ont trouvé là leur guérison. Ce miracle rendit Méen encore plus cher à Caduon, et celui-ci n'épargna rien pour le bâtiment de l'église et du monastère, où la réputation de la sainteté de Méen et ses fréquents miracles attirèrent bientôt assez de personnes pour former une nombreuse et florissante communauté. Ce furent les commencements de l'abbaye de Saint-Jean de Gaël, car ce fut à saint Jean-Baptiste que l'église du monastère fut premièrement dédiée. On la nomme aujourd'hui Saint-Méen, du nom de son premier abbé. Sa fondation est de l'an 550 ou environ » (Vie des Saints de Bretagne, 140). L'on voit par ce récit que le monastère de Saint-Jean de Gaël ne fut pas construit là même où se trouve aujourd'hui la ville de Saint-Méen, mais un peu plus à l'Est, à une demi-lieue de la ville, sur la route du Crouais. Là se trouve, en effet, maintenant encore, la fontaine miraculeuse où des milliers de pèlerins venaient au moyen-âge chercher la guérison de leurs maux. Dès son origine, l'abbaye de Saint-Méen se distingua par l'exercice de toutes les vertus : « Il fallait bien, dit encore D. Lobineau, que les religieux de cette sainte maison, sous la conduite de leur abbé, vécussent dans une grande observance, puisque dans un temps où toute la province de Bretagne était peuplée d'une infinité de saintes communautés de moines, celle de Saint-Méen était une de celles qui avaient le plus de réputation ; de sorte que quand saint Judicaël, roi de Domnonée, voulut quitter la pourpre pour prendre l'habit religieux, ce fut cette abbaye qu'il choisit pour s'y retirer » (Vies des Saints de Bretagne, 140). Aussi saint Judicaël, reçu au monastère par saint Méen lui-même, a-t-il été de tout temps considéré comme un des fondateurs, et plus tard comme un des patrons de l'abbaye. Un titre très-ancien nous apprend, en effet, que ce pieux monarque exempta le nouveau monastère de toute juridiction séculière, et, dès 814, l'abbaye portait le nom de Saint-Méen et Saint-Judicaël ; en 1008 et 1135, on la nommait Notre-Dame, Saint-Méen et Saint-Judicaël, « cœnobium Beatœ Mariœ sanctorumque confessorum Mevenni et Judicaelis » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 225 et 570). Vers 799, les Bretons ayant pris les armes contre les Français qui occupaient Vannes, Charlemagne envoya une armée pour les châtier ; ces soldats entrèrent en Domnonée, traversèrent la forêt de Brocéliande et mirent tout ce pays à feu et à sang, n'épargnant ni les lieux saints ni les personnes consacrées à Dieu. L'abbaye de Saint-Jean de Gaël fut en cette occasion détruite de fond en comble, l'église ne présenta plus qu'un monceau de cendres, à peine quelques moines échappèrent-ils à la mort. Toutefois, le monastère se releva promptement de ses ruines. Hélocar, évêque d'Aleth et abbé de Saint-Méen, alla trouver Charlemagne et lui fit connaître ce qui s'était passé. L'empereur accueillit favorablement l'évêque breton, lui donna tout pouvoir pour reconstruire son monastère, et lui assura, par lettres patentes, la possession des biens qui en dépendaient, et en particulier le don de la paroisse de Gaël. Plus tard, vers 816, son successeur, Louis-le-Débonnaire, confirma solennellement, en faveur du même Hélocar, les lettres de Charlemagne (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 225). Lorsque la Bretagne reconquit son indépendance sous le gouvernement de Nominoë et de ses successeurs, les rois bretons favorisèrent naturellement l'abbaye de Saint-Méen et de Saint-Judicaël, et, en 853, ce fut au monastère de Gaël que saint Convoyon vint trouver le roi Erispoë, qui y tenait sa cour (« Conwoion adiit ad principem Britaniœ Erispoium consistentem in Wadel monasterio » - D. Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne., I, 3). Mais les mauvais jours n'étaient pas finis pour Saint-Méen. Ce vénérable monastère n'échappa point, au Xème siècle, aux fureurs impies des Normands  il fut détruit complètement par eux, et les moines s'enfuirent, en 919, emportant avec eux les corps de leurs fondateurs, saint Méen et saint Judicaël : ils déposèrent les reliques du premier à Saint-Florent et celles du second à Saint-Jouin-de-Marne (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 4). Pendant près d'un siècle les ruines de l'abbaye de Gaël demeurèrent désertes ; mais Dieu lui suscita enfin un restaurateur dans la personne d'Hinguéten, abbé de Saint-Jacut. Voici à quelle occasion. Après la mort du duc de Bretagne Geoffroy Ier, arrivée en 1008, sa veuve, la duchesse Havoise, demeura chargée du gouvernement au nom de son fils encore jeune, nommé Alain. Un oncle de ce dernier, Judicaël, profita de ces circonstances pour lever l'étendard de la révolte et disputer le trône à son neveu ; Alain alla assiéger le rebelle, renfermé dans le château de Malestroit. Ce fut devant cette forteresse que, pour se rendre le ciel favorable, et à l'instigation de sa pieuse mère, Alain, de concert avec son frère Eudon, résolut le rétablissement de l'abbaye de Saint-Méen. Les deux jeunes princes firent venir à cet effet Hinguéten, qui, comme nous venons de le dire, était abbé de Saint-Jacut ; ils lui donnèrent l'église de Notre-Dame, Saint-Méen et Saint-Judicaël, avec tout le territoire et la forêt qui environnaient ce sanctuaire, « ecclesiam Sanctœ Mariœ et SS. Mevenni et Judicaelis de Guadel cum tota terra et foresta quœ in circuitu ipsius ecclesiœ erat » (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 358), et ils le prièrent d'y réunir quelques moines et de les gouverner lui-même jusqu'à ce qu'il pût leur procurer un autre supérieur. De plus, Alain et Eudon autorisèrent les moines à fonder un bourg autour de leur nouveau monastère ; ils leur donnèrent les droits d'y tenir des foires et des marchés, d'y établir un change de monnaies d'or et d'argent, et d'y lever des taxes de tonlieu et de trépas (« Concesserunt in villa monasterii fieri quoddam burgum, forum, mercatum, commutacionem auri et argenti et denariorum... teloneum et passagium » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 73). La pieuse charité d'Alain reçut sa récompense ; Malestroit fut pris et Judicaël vaincu. Le comte, accompagné d'Havoise sa mère et d'Eudon son frère, alla en rendre grâces à Dieu dans l'abbaye de Saint-Méen. Grand nombre de seigneurs, tant ecclésiastiques que laïques, suivirent la cour à Gaël. On y distinguait Ginguené, archevêque de Dol ; Gaultier, évêque de Nantes ; Guérin, évêque de Rennes, et Raoul, évêque d'Aleth. Tous approuvèrent la restauration de l'abbaye, transférée dans un nouvel emplacement peu éloigné du monastère primitif ruiné par les Normands, « cum ordinatio tunc novi loci placeret », et pour témoigner leur satisfaction, les princes augmentèrent encore la dot des moines de Saint-Méen ; ils ajoutèrent à leur donation première celle de la Chapelle, — la terre de Trémorel, — tout le minihi de Quédillac, — toute la terre du Loscouët et celle du Crouais ; ce fut un don complet, tel que les habitants de ces localités ne relevèrent plus dès lors que de l'abbé et de ses moines. Ils donnèrent encore l'église de Gaël, son cimetière et le cens de cette paroisse, — des forêts et des terres en Gaël, nommées les forêts de Chernueth, de Récaut, de Hate, et celle de Trenencorath, voisine du cimetière ; et, enfin, cinq sols de rente sur la terre de Rouauld-le-Vicaire (« Totam Capellam cum tota Tremoray et totum minihi de Kidillac, cum tota terra quoe Lisou vocatur et terram quoe Croes nominatur... totam ecclesiam de Guadel cum toto cimeterio censumque ipsius Guadel... forestas terras in plebe Guadel, Chernueth forestam, Recaut forestam, Hate forestam, quamdam cimeterio proximam forestam de Trenencorath, et quinque solidos census  de terra Rodaldi Vicarii » - Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 73 — Cf. D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 358). Ainsi furent fondés le nouveau monastère et la ville de Saint-Méen. Cette translation de l'abbaye eut lieu vers l'an 1024, d'après les Chroniques bretonnes (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 4, 358). Un peu plus tard, les reliques des Bienheureux premiers fondateurs furent rendues à l'abbaye : le corps de saint Méen revint de Saint-Florent en 1074, et celui de saint Judicaël fut rapporté, en partie du moins, de Saint-Jouin-de-Marne en 1130 [nota : En 1646, on vénérait dans l'église abbatiale de Saint-Méen le chef, le bras et le calice de saint Méen, — le chef et le bras de saint Judicaël, — le chef de saint Pétreuc, — le menton de saint Salomon, — des reliques de saint Uniac et de saint Austole. (Bibliothèque Nationale., Blancs-Manteaux, 12685). En 1791, ces précieuses reliques étaient déposées comme il suit : les chefs de saint Méen, saint Judicaël et saint Austole, et une portion du crâne de saint Pétreuc, dans quatre bustes d'argent ; — les bras de saint Méen et saint Judicaël dans deux bras d'argent ; — il y avait, en outre, deux autres reliquaires, dont l'un en forme de châsse, contenant l'un et l'autre de nombreux ossements]. Il paraît que vers l'an 818, à l'époque de la première restauration de Saint-Méen, la règle de saint Benoît fut introduite par Hélocar, sur l'ordre de l'empereur Louis-le-Débonnaire, dans l'abbaye de Saint-Méen (M. l'abbé Brune, Archéologie religieuse, p. 290). On sait, en effet, que les premiers moines bretons, venus en Armorique aux Vème et VIème siècles, suivaient pour la plupart la règle de saint Columban. Lorsque le fléau de la commende atteignit Saint-Méen, l'antique monastère ne tarda pas, sous le gouvernement d'abbés prélats étrangers et résidant au loin, à tomber dans la décadence. Quand Pierre Cornulier prit possession de l'abbaye, en 1601, « il trouva l'église, les cloîtres et le dortoir proches d'une ruine irréparable, et les murailles de clôture renversées, à quoi il remédia au mieux et au plus tôt qu'il lui fut possible » (D. Morel, Histoire de la sécularisation de l'abbaye de Saint-Méen, ms., publié par M. Ropartz, p. 9). Mais les ruines matérielles étaient peu en comparaison des ruines morales que la décadence universelle des institutions monastiques avait entassées à Saint-Méen. Pierre Cornulier entreprit la réforme du monastère et voulut tout d'abord l'essayer avec les religieux qui s'y trouvaient ; il s'enferma avec eux, les exhorta ensemble et séparément, mais tout fut inutile. Alors attaquant le mal en sa racine, le pieux abbé leur défendit de se recruter et de recevoir des novices, afin de les renouveler par extinction. Ce fut une clameur universelle ; mais le réformateur tint bon, et quand il ne resta plus qu'un petit nombre de vieux moines, il appela à Saint-Méen les Bénédictins de la Société de Bretagne et passa un concordat avec eux en 1626. Malheureusement cette congrégation fut forcée, par le mauvais vouloir du cardinal de Richelieu, de se fondre dans celle de Saint-Maur dès l'an 1628. Cette dernière, trop peu nombreuse pour satisfaire à ses propres engagements, ne put endosser ceux de la Société de Bretagne et fournir immédiatement des sujets à l'abbé de Saint-Méen, qui se vit réduit à attendre. Enfin, au bout de douze ans, la congrégation de Saint-Maur se crut assez forte pour satisfaire le prélat, et le 18 août 1638 elle traita avec Pierre Cornulier. Tout semblait terminé pour la réforme, quand l'abbé de Saint-Méen mourut inopinément le 2 juillet 1639. Son successeur fut Achille de Harlay. Ce dernier connaissait bien les besoins de sa nouvelle abbaye, mais évêque de Saint-Malo en même temps qu'abbé de Saint-Méen, et peu soucieux des traditions bénédictines du pays de Gaël, il se proposa d'utiliser la ruine morale de son monastère en le transformant en Séminaire diocésain. Pour se débarrasser des réformateurs, Achille de Harlay exigea des Bénédictins de Saint-Maur des choses impossibles (nota : Mgr Cornulier avait promis aux Bénédictins de Saint-Maur la jouissance de la mense conventuelle, estimée 4 320 livres, plus les quatre offices claustraux, qui valaient bien autant. Mgr de Harlay leur offrit une pension dérisoire de 800 livres - V. D. Morel) ; ceux-ci se retirèrent, et l'abbé, ne voyant plus à Saint-Méen que deux vieux moines, Pierre Bouessel, tout à la fois prieur, ouvrier et sacriste, et Pierre Robinault, aumônier, obtint d'eux, le 13 novembre 1643, un consentement facile à l'extinction de l'abbaye et installa dans le monastère les prêtres de l'Oratoire. Ces derniers religieux n'y demeurèrent qu'un an et quittèrent Saint-Méen au grand désappointement de Mgr de Harlay, qui parvint toutefois à les remplacer par les prêtres de la Mission, fondés par Vincent-de-Paul. Ce grand saint traita lui-même avec l'évêque de Saint-Malo, le 15 juillet 1645, et ses prêtres prirent possession de Saint-Méen au mois d'août suivant. Alors commença un triste mais curieux conflit entre les Bénédictins de Saint-Maur, installés à Saint-Melaine de Rennes depuis leur départ de Saint-Méen, et Mgr Achille de Harlay. Celui-ci avait obtenu, le 20 octobre 1643, une permission du roi d'établir un Séminaire à Saint-Méen et d'y affecter la mense conventuelle ; cette permission lui fut confirmée par lettres patentes du mois de mars 1646, portant union de la mense conventuelle, des offices claustraux et des bâtiments de l'abbaye au Séminaire confié aux soins des Lazaristes. Mais le Parlement de Bretagne refusa d'enregistrer ces lettres. A la suite de ces décisions contradictoires, on vit les Bénédictins vouloir reprendre forcément possession de Saint-Méen, et les Lazaristes se barricader dans ce monastère. L'abbaye subit une sorte de siège, les Bénédictins y rentrèrent victorieux, mais la force armée y réintégra immédiatement les Lazaristes. Détournons nos yeux de ces scènes lamentables et disons qu'après la mort d'Achille de Harlay, son successeur, Ferdinand de Neufville, termina cette longue affaire par où l'on eût dû la commencer. Il demanda en cour de Rome la sécularisation de l'abbaye de Saint-Méen, et obtint d'Alexandre VII une bulle favorable à ses desseins. Le Saint-Siège décréta en 1658 la suppression et extinction de la mense conventuelles de Saint-Méen, et l'établissement dans l'abbaye des prêtres de la congrégation de la Mission. De nouvelles lettres de Louis XIV vinrent confirmer cette décision en 1668. Mais comme l'on avait conservé la mense abbatiale, le roi continua de nommer un titulaire jouissant en commende du bénéfice et du titre d'abbé de Saint-Méen ; toutefois, tout souvenir bénédictin disparut de Saint-Méen lui-même avec le nouveau Séminaire lazariste. Cet état de chose dura jusqu'à la Révolution. 

L'abbé de Saint-Méen était seigneur de la ville de ce nom. Son abbaye se composait : de l'église abbatiale et du monastère, c'est-à-dire des cloîtres, dortoirs, réfectoires, cour, colombier, etc., le tout dans un tenant entouré de murailles et situé dans la petite ville de Saint-Méen, au diocèse de Saint-Malo ; — d'une vingtaine de journaux de terre en jardins et prés touchant le monastère ; — du manoir abbatial, réservé aux abbés commendataires ; — de l'église paroissiale de Saint-Jean ; — de l'hôpital de Saint-Méen, « dont l'abbé est le maître absolu, y commettant chapelain, prévôt, gardien et administrateur, qui lui rendent compte de leur gestion » ; d'un four à ban, etc. (Déclaration de l'abbaye faite au roi en 1685 – Archives départementales de la Loire-Inférieure). L'abbé de Saint-Méen possédait, en outre, dans la paroisse de Saint-Jean de Saint-Méen : la métairie du Pont-Esnault, contenant 30 journaux de terre, trois étangs, et les prés de Querquienne et des Fieux ; — en la paroisse de Saint-Onen, le moulin de Paluel et les terres en dépendant ; — en celle du Crouais, la terre du Lizon ; — des terres et seigneuries en les paroisses de Saint-Léry et de Concoret, avec « un droit de foire en la ville de Saint-Léry » ; — la mouvance du village de Grétay, en Mauron ; — les droits de passage sur la Loire appelés les deniers de Saint-Méen (nota : ces droits avaient été donnés à l'abbé de Saint-Méen en 1259 par le duc Jean Ier, pour reconnaître la cession que l'abbé avait faite à ce prince du prieuré de Sarzeau. voir Blancs-Manteaux) ; — en la paroisse du Loscouët, quatre moulins, dont un à fouler draps, et plusieurs pièces de terre ; — enfin trois bois de haute futaie, contenant ensemble 160 journaux (nota : en 1685, la plupart de ces biens étaient aliénés, sauf la métairie du Pont-Esnault, trois moulins au Loscouët, les bois de haute futaie et les étangs). L'abbé avait encore « la mouvance et seigneurie de toutes les choses que possèdent ses vassaux nobles et roturiers dans les paroisses de Saint-Jean de Saint-Méen, Saint-Onen, Trémorel et Le Loscouët ; de la terre de la Régneraye, au Crouais ; de quelques villages et hameaux sis en Gaël, appelés les Fiefs. Enclavés, et aussi du fief de Trabeneucq, qui s'étend en Plouasne » (Déclaration de l'abbé de Saint-Méen en 1685 – Archives départementales de la Loire-Inférieure). De l'abbé relevaient encore le prieur du Crouais, l'ouvrier et l'aumônier de l'abbaye. Les bailliages dépendant du monastère étaient au nombre de six, s'étendant en Saint-Jean de Saint-Méen, Trémorel, Le Loscouët, Saint-Onen et Gaël ; plus deux autres bailliages, appelés Saint-Just et la Rose, s'étendant en la paroisse de Médréac (Déclaration de 1685). L'abbé de Saint-Méen avait « droit de juridiction haute, moyenne et basse, avec tout ferme droit sur tous les hommes vassaux des paroisses de Saint-Jean de Saint-Méen, Saint-Onen, Trémorel, Le Loscouët, et les fiefs enclavés en les paroisses de Gaël et de Plouasne ; droit d'épaves, successions de bastards, déshérences, corvées, lods et ventes ». Il avait également la jouissance « du total des dîmes en tous blés qui se lèvent dans les paroisses de Saint-Jean de Saint-Méen Saint-Onen, Trémorel et Le Loscouët », et de plus : en Gaël, d'un tiers des dîmes de plusieurs villages ; — en Concoret, de la moitié des dîmes de tous blés ; — en Illifaut, des deux tiers des dîmes de toutes espèces de blé ; — en Plumaugat, d'un dîmereau appelé le Quart-aux-Moines ; — en Lanrelas, d'un dîmereau, — et enfin en Médréac d'un autre dîmereau (Déclaration de 1685). Plusieurs rentes étaient dues à l'abbé ; c'étaient des rentes proprement dites, des tailles et des deniers de cens. Ainsi, il prélevait 18 livres sur les paroissiens de Saint-Jean de Saint-Méen, Le Crouais, Trémorel et Le Loscouët ; les possesseurs du Fau, en Gaël, lui devaient 18 boisseaux de seigle ; Alain de la Bouëxière, 25 livres ; le seigneur de la Hardouinaye, 120 livres ; quelques hommes de la ville de Dinan, 7 boisseaux de froment. Quant aux rentes appelées tailles, l'abbé avait droit de les lever sur tous les habitants de la ville de Saint-Méen ; mais, en 1685, les titres de ces rentes se trouvaient perdus. Il levait aussi sur les mêmes « un denier, la veille de Saint-Judicaël ; ce qui se fait dans l'auditoire, à la chandelle, après le son de la grosse cloche, à l'issue des vespres ; bannies auparavant faites aux deux bouts de la halle par un des sergents de la juridiction, selon la manière qui se pratique de temps immémorial. Comme aussi il luy est deu des deniers de cens qui se paient en la paroisse Saint-Jean de Saint-Méen, le premier jour de l'an, en l'abbaye, à l'issue de la messe de Nostre-Dame, sous la voûte de la tour de l'église ; et, aux paroisses de Trémorel et du Loscouët, le premier dimanche de janvier, et même au village de Bourgneuf, en Gaël. Plus encore un denier parisis la veille de Noël, sous la corde des cloches de l'abbaye, à l'issue des messes de minuit » (Déclaration de 1685). Enfin, l'abbé de Saint-Méen avait quelques autres beaux droits par lesquels nous terminerons cet extrait de sa déclaration ; les voici : « Le droit de porter la crosse et la mitre dans son abbaye et dans les prieurés en dépendant ». 2° Le droit de tenir « dans la ville et les halles de Saint-Méen un marché le samedi de chaque semaine, et deux foires par an, l'une le mardi avant la Saint-Jean et l'autre le samedi avant l'Assomption, avec droit de lever les devoirs de coutumes et autres droits seigneuriaux attachés aux droits de foires et marchés, aussi bien que le droit de faire doubler toutes les coutumes aux quatre marchés et samedis des Quatre-Temps ; plus le devoir de trépas sur les passants et repassants avec marchandises ; plus le droit de bouteillage sur les débitants vins et cidres dans le ressort de la juridiction de Saint-Méen, lequel droit est de deux pots par pipe ». 3° « Oultre, le droit de tenir deux autres foires, l'une qui se tient dans l'étendue dudit ressort, appelée la foire de Saint-Denis ; et l'autre établie à Trémorel, le lundi d'après la Pentecoste ; la moitié des devoirs de la foire de Saint-Denis appartient au recteur de Saint-Jean de Saint-Méen ». 4° Le droit de quintaine « sur les nouveaux mariés, lesquels doivent courir la quintaine le mardi de Pasques, et rompre trois demi-pieds d'une gaule en bois d'aulne contre le pilier ». 5° Un droit sur les poissonniers, qui consiste en ce que « ceux qui ont vendu du poisson en détail, pendant l'année, sous le ressort de la juridiction abbatiale, doivent sauter, le lundi de Pasques, dans un lac qui est vis-à-vis de la porte de l'église abbatiale, sous peine d'un écu ». 6° « Le droit de pourvoir aux offices claustraux. A noter qu'il y avait quatre offices claustraux à Saint-Méen : l'ouvrerie, — l'aumônerie, — la sacristie — et l'infirmerie. Nous parlerons ailleurs de l'aumônier, chargé de l'hôpital de Saint-Méen, et nous ne pouvons dire ici que deux mots des autres officiers. On a retrouvé un sceau du XIVème siècle de dom J. du Ros, ouvrier de Saint-Méen ; il est rond et porte un écusson chargé d'une croix engreslée, avec cette légende : S. F. J. DU ROS OVRIER ECTE DE S. MEEN. Doms Jehan Sauvaige et Mathurin Le Marquis étaient aussi ouvriers au XVIème siècle. Enfin, on trouve encore à la fin du XIXème siècle, dans l'ancienne église abbatiale de Saint-Méen, une pierre tombale portant cette inscription : ICY GIST LE CORPS DE F. GILLES LE BON PRIEUR ET OUVRIER DE S. M. QUI FONDA. 2 OBITS A LA MAISON L'UN AU JOUR S. GI. ET L'AUTRE LE JOUR SUIVANT. 1633. L'ouvrier de Saint-Méen était chargé de l'administration des biens de la fabrique et des intérêts temporels de l'église abbatiale. — Quant à la sacristie (dont étaient pourvus au XVIème siècle doms Gilles de Quélen, Raoul de la Haye et André Picaud) et à l'infirmerie (dont était chargé à la même époque dom Jean Salmon), il est inutile d'expliquer leur destination. (Insinuations ecclésiastiques de Saint-Malo. — Bulletins Archives d'Ille-et-Vilaine, II, 8)  ; —  aux prieurés de Gaël, Montreuil, Le Crouais, Saint-Onen, Saint-Jean de Montfort, Saint-Uniac, Illifaut, Saint-Méen-sur-Loire, Saint-Ganton et Busal ; — de présenter aux cures des paroisses de Gaël, Saint-Jean de Saint-Méen, Saint-Onen, Le Crouais, Montauban, Quédillac, Saint-Jean de Montfort, Saint-Uniac, Saint-Léry, Concoret et Trémorel ; — de pourvoir aux chapellenies du château de Montfort et de Saint-Symphorien de Gaël ; — enfin, de présenter aux chapelles du Parçon et de Sainte-Croix, cette dernière unie à l'hôpital de Saint-Méen ». L'abbé de Saint-Méen termine sa déclaration en disant qu'il reconnaît tenir du roi son abbaye et « toutes les terres, juridictions, devoirs et autres choses qui s'étendent dans les paroisses de Saint-Jean de Saint-Méen, Saint-Onen, Trémorel, Le Loscouët, Saint-Léry, Concoret, Illifaut, Merdrignac, Médréac, Plumaugat, Le Crouais et Lanrelas » (Déclaration de 1685). Le total des revenus de l'abbaye de Saint-Méen montait, en 1730, à la somme de 12 836 livres 11 sols 6 deniers ; mais l'abbé avait d'énormes charges, estimées 8 360 livres 13 sols 8 deniers ; partant, il ne lui restait de revenu net que la somme de 4 475 livres 17 sols 10 deniers (Etat et enrollement des bénéfices de Saint-Malo – Archives département d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 55). Il est intéressant de connaître ces charges aux siècles derniers. Par suite de l'établissement d'un Séminaire diocésain à Saint-Méen, l'abbé payait à la congrégation de la Mission, dirigeant ce Séminaire : 477 boisseaux de froment, — 272 boisseaux de seigle, — 6 pipes de vin blanc, — 18 pipes de cidre, — 601 livres en argent. Il lui abandonnait, en plus, la jouissance des bâtiments claustraux, de la métairie du Pont-Esnault et des étangs de Saint-Méen ; enfin, il lui laissait les revenus des offices claustraux. De la sorte, les Pères de la Mission, en 1730, avaient 4 753 livres de rente, sur lesquelles il y avait 1 665 livres de charges, ce qui leur laissait net 3 088 livres pour tenir leur maison (Etat et enrollement des bénéfices de Saint-Malo – Archives département d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 55). Mais l'abbé de Saint-Méen devait, en outre, à l'hôpital de sa ville : 418 boisseaux de seigle, — 35 boisseaux d'avoine « pour faire le potage des pauvres », — 16 boisseaux de seigle pour la nourriture du chapelain, — et 92 livres « pour l'achat du pain blanc des malades ». Les décimes ordinaires montaient à 910 livres, sans parler des décimes extraordinaires ; — il était dû à l'évêque de Saint-Malo 12 livres ; au prédicateur du carême à Saint-Méen, 6 boisseaux de seigle ; au prieur de Saint-Onen, 64 boisseaux de seigle, et la même quantité de grain au recteur de Saint-Onen et à celui de Trémorel ; au recteur de Saint-Léry, le quart de la ferme des dîmes ; à la fabrique d'Illifaut, 24 livres d'aumône et 30 livres au recteur de la même paroisse ; — enfin, il fallait payer les gages des officiers de la juridiction, des forestier, geollier, etc., et acquitter envers le baron de Gaël une rente de 60 livres due le 22 août chaque année (Déclaration de 1685). L'abbé de Saint-Méen déclare dans son aveu qu'il ne sait « pour quelle cause » son abbaye doit cette rente de 60 livres au baron de Gaël ; mais ce dernier seigneur, dans sa propre déclaration de 1679, nous en explique la raison d'être ; quoiqu'il eût été débouté de ses prétentions au droit de fondateur de Saint-Méen, il était assez curieux de l'entendre réclamer une rente qui, après tout, lui était, semble-t-il, régulièrement payée. « Ledit seigneur de Gaël, à cause de sa baronnie, — est-il dit, — est seigneur supérieur ès paroisses de Trémorel, Loscouët et Saint-Jean de Saint-Méen, et, en reconnaissance de ce, luy est deub la somme de 60 livres, dont l'usement est tel que l'abbé, prieur et couvent de l'abbaye dudit Saint-Méen, ou leur procureur, doivent comparoir en la ville de Gaël, au jour et feste de Saint-Symphorien, qui est le 22ème d'aoust, à l'auditoire dudit lieu, et là reconnaître ledit baron de Gaël seigneur supérieur èsdites paroisses et fondateur de ladite abbaye, et ce à peine d'amende et de saisie du temporel de ladite abbaye » (Déclaration de la baronnie de Gaël – Archives départementales de la Loire-Inférieure). Nous n'avons point retrouvé d'anciens sceaux de l'abbaye de Saint-Méen ; l'Armorial général de 1698 nous apprend seulement qu'à cette époque les armoiries de cette abbaye étaient : d'azur à une Nostre-Dame d'or. En 1790, le dernier abbé de Saint-Méen, M des Cognets, déclara que le total de ses revenus était de 38 074 livres 11 sols 5 deniers, que ses charges montaient à 23 499 livres 1 sol 8 deniers, et que par suite il ne lui restait de revenu net que 14 575 livres 9 sols 9 deniers (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 29). 

Un mot, en finissant, sur l'état de l'ancienne abbaye de Saint-Méen à la fin du XIXème siècle. En 1712, les bâtiments claustraux tombaient en ruine, ainsi qu'une partie de l'église abbatiale ; les Lazaristes y firent alors divers changements et reconstructions ; c'est de cette époque que date la maison qui servit jusqu'à la Révolution de Grand-Séminaire au diocèse de Saint-Malo, et qui sert encore à la fin du XIXème siècle de Petit-Séminaire à l'archidiocèse de Rennes. L'ancienne église paroissiale de Saint-Jean ayant été rasée, l'église abbatiale est devenue de nos jours l'église paroissiale de Saint-Méen, mais elle est réduite à l'ancien choeur avec ses deux transepts, car la nef, menaçant ruine, a été démolie en 1771. Telle qu'elle est, cette église est « très-intéressante à visiter et à étudier, — dit M. de la Bigne Villeneuve, — malgré les modifications maladroites dont elle a été récemment victime. On a eu la malheureuse inspiration, tristement exécutée, de transférer le maître-autel de l'Est à l'Ouest, au mépris des traditions liturgiques et de la disposition primitive du monument, en même temps qu'on transformait en nef le choeur et son collatéral, en perçant le chevet pour y ouvrir la principale entrée du choeur mutilé. Le choeur, avec ses élégants faisceaux de colonnes aux gracieux chapiteaux, les légères nervures de ses arcades, la forme et les détails de ses fenêtres, est un pur et délicieux spécimen du XIVème siècle. La sacristie, qui paraît être l'ancienne salle capitulaire, ou une chapelle accollée au choeur, fait le pendant du collatéral opposé ; elle est voûtée en pierre, et les nervures qui se croisent à la voûte en la soutenant, retombent sur de charmantes colonnettes qui se détachent dans les angles et le long des murs de cette salle. Les transepts offrent dans leurs arcades, leurs crédences et toute leur ornementation, les caractères du XIIIème siècle ; le carré central a quelque chose de plus sévère et de plus archaïque, surtout dans la forme de ses piliers carrés, cantonnés de colonnes presque romanes. Le transept Sud est éclairé d'une large fenêtre ogivale très-curieuse par l'agencement de ses meneaux et les riches débris d'une verrière du XIIIème siècle où, parmi des sujets empruntés à la légende de saint Méen et à la grande scène du jugement dernier, on reconnaît l'écusson de Dreux avec le canton d'hermines, armes des ducs bretons depuis Pierre Mauclerc jusqu'à Jean III ». Enfin, « la tour placée, avant la destruction de la nef, au centre de l'église, entre la nef et le choeur, est la partie la plus ancienne de l'édifice. Sa forme carrée, ses trois étages séparés par des cordons, ses fenêtres à baies géminées où alternent l'ogive et le plein cintre, ses contreforts peu saillants, la tourelle carrée aussi qui contient l'escalier, les colonnes à chapiteaux romans que renferme la voûte intérieure, sa corniche appuyée sur des modillons et composée d'une série d'arcs cintrés subdivisés par des ogivettes, tout cet ensemble d'architecture de transition assigne à cette tour, pour date de construction, la fin du XIIème siècle » (Bretagne contemporaine, Ille-et-Vilaine, p. 72). L'église abbatiale de Saint-Méen renfermait jadis de nombreux monuments funéraires ; outre le sépulcre de saint Judicaël et les tombeaux des abbés, on y voyait ceux des comtes de Montfort (entre autres celui de Raoul VII, sire de Montfort, décédé en 1314), des barons de Gaël et des seigneurs de la Rubaudière, en Montauban, tous bienfaiteurs du monastère. Aujourd'hui, sauf quelques tombes d'abbés oubliées dans le choeur, toutes ces pierres sépulcrales, décorées de figures et d'armoiries, gisent à la porte de l'église, jetées pêle-mêle dans un état de mutilation déplorable. Nous ne parlons pas des prétendus tombeaux de Saint-Méen : l'un est un cercueil de granit qu'on respecte si peu qu'il sert de réservoir aux eaux pluviales ; l'autre est une tombe-arcade du XIIIème ou XIVème siècle, ornée de jolies arcatures et d'élégantes colonnettes, mais ne présentant qu'une crosse sans aucune inscription. Quant au sépulcre de saint Judicaël, il existait encore en 1640 : c'était « un tombeau élevé en pierre et soutenu de deux piliers, placé au bas de l'église, du côté de l'évangile, un peu au-dessus de la porte qui donne entrée dans les cloîtres ». Mgr de Harlay le fit ouvrir à cette époque et y trouva un coffre renfermant de nombreux ossements. (Voir Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Saint-Malo). L'abbaye de Saint-Méen possédait aussi un grand nombre de reliques, comme nous avons déjà eu occasion de le dire ; en 1640, Mgr de Harlay fit déposer celles de saint Méen et de saint Judicaël dans de riches châsses d'argent qui n'existent plus : mais l'on conserve encore, à la fin du XIXème siècle, des fragments considérables du corps de saint Méen, bien malencontreusement renfermés dans une figure de cire. Ce qui vaut mieux, c'est d'anciens reliquaires, dont deux surtout, en cuivre doré et d'assez grande dimension, annoncent par leur forme, leur décoration et les caractères gothiques des inscriptions, la fin du XVème siècle. Signalons enfin un mur d'appareil gallo-romain qui, selon M. l'abbé Brune, a dû faire partie de l'ancienne nef de l'église, et qui sert à la fin du XIXème siècle de clôture à la cour intérieure du Séminaire ; et une croix de pierre, de forme très-gracieuse, connue sous le nom de croix de l'Abbaye, qui semble désigner l'entrée de l'ancien monastère. Cette croix est ornée de quatre figurines où l'on croit reconnaître saint Méen, saint Judicaël, sainte Onène, sa soeur, et saint Josse, son frère. Voilà tout ce qui reste de l'antique abbaye de Saint-Méen. Les bâtiments claustraux en sont occupés, à la fin du XIXème siècle, par les PP. Missionnaires de l'Immaculée-Conception, qui y dirigent le Petit-Séminaire diocésain de Rennes, et le clergé séculier de la paroisse jouit de l'église jadis abbatiale. Comme on l'a dit avec raison, si le temps et les révolutions n'ont pas épargné ce monastère, « ses bâtiments conservent au moins une destination sainte, et les murs de la vieille église sont encore témoins des solennités chrétiennes et tressaillent aux accents de la prière catholique » (M. l'abbé Brune, Archéologie religieuse, P. 307).  

Un mot maintenant de l'état à la fin du XIXème siècle de l'ancienne abbaye de Redon, et tout d'abord de la basilique de Saint-Sauveur, jadis église abbatiale, aujourd'hui paroissiale. Le plan de cette église est celui des anciennes cathédrales du moyen-âge : « Une croix latine composée d'une nef avec collatéraux, de deux transepts et d'un choeur, avec déambulatoire et chapelles rayonnantes, dont l'ensemble forme une abside à pans coupés. La nef, reconstruite à la fin du XVIIIème siècle, a un aspect mesquin ; après l'incendie dont elle subit les ravages, les réparations faites à l'antique vaisseau le raccourcirent de plusieurs mètres, en isolant la tour du clocher, reliée auparavant à la façade occidentale. Cette tour, avec sa flèche en pierre, est un curieux échantillon de l'architecture rayonnante du XIVème siècle (nota : cet élégant clocher a environ 57 mètres d'élévation). Les anciens supports romans de la nef, recevant les arceaux de la même époque, ont été remaniés, empâtés, badigeonnés et replâtrés suivant le style néo-grec du XVIIIème siècle. Mais, à l'intertransept, on retrouve tous les caractères non altérés du style roman du XIIème siècle. Les arcades en plein cintre, à double archivolte, retombent sur des colonnes engagées à chapiteaux d'une ornementation simple, mais parfaitement caractérisée ; ce sont des filets, des têtes humaines, des imitations de volutes antiques. Les massifs prismatiques, auxquels s'adossent ces colonnes, portent la voûte hémisphérique sur pendentifs qui soutient la tour centrale ; celle-ci est carrée et à trois étages, sa hauteur totale est de 28 mètres. Le premier étage est orné d'arcades pleines et cintrées, et les deux autres de plus petites arcatures à doubles et triples archivoltes soutenues par des colonnettes courtes, trapues, dont les chapiteaux sont couverts d'assez riches dessins figurant des dents de scie, des losanges, des billettes. Les angles du second étage, en retraite sur le premier, sont arrondis en forme de tourelles. Le troisième étage, qui se rétrécit encore, est à pans coupés et ouverts, comme les côtés, par une arcade à jour. Le toit affecte la forme pyramidale surbaissée. Tout cet ensemble est grave, sévère, harmonieux. C'est la partie la plus ancienne de l'édifice et tout ce qui reste de la construction du XIIème siècle, due aux largesses du duc Alain Fergent » (M. Paul de la Bigne Villeneuve, Bretagne contemporaine, Ille-et-Vilaine, p. 78. - M. l'abbé Brune, Archéologie religieuse, 310). « Le choeur, entouré de ses chapelles rayonnantes, est de la fin du XIIIème siècle (nota : Le pape Innocent IV envoya eu 1243 une lettre à plusieurs abbés de France, les exhortant à contribuer à la réédification du monastère de Redon, et en 1248 il accorda des indulgences à ceux qui viendraient honorer les reliques déposées en l'église de cette abbaye). Ses voûtes aériennes, ses arcades lancéolées, les galeries du triforium avec ses ouvertures trilobées, les larges baies ogivales du clérestory, les sveltes colonnettes qui séparent chaque travée, dans leur simplicité élégante, en portent le cachet irrécusable et produisent un effet imposant. Il n'y manque qu'une chose : ce sont les précieuses verrières des fenêtres, pages d'histoire perdues à jamais ! [nota : « Sur les anciennes vitres de l'église de Redon, on remarque les portraits de plusieurs ducs et duchesses de Bretagne, et de quelques seigneurs des maisons de Rohan, de Rieux, de Rochefort, de Châteaubriant et de Malestroit » (Ogée, Dictionnaire de Bretagne, voir Redon.) — « Dans les deux principales vitres du choeur sont du costé de l'évangile les armes de France, et du costé de l'épistre les armes de Bretagne, aux lieux les plus éminents » (Bulletin de l'Association Bretonne, V, 108)]. Les onze travées composant l'abside diminuent de largeur dans la courbure du fond ; un déambulatoire règne tout autour et donne accès aux chapelles correspondant aux travées. Les fenêtres de ces chapelles, plus étroites que celles du clérestory, sont généralement plus ornées. Cependant, plusieurs ne présentent qu'une lancette géminée. Toutes les voûtes sont d'une admirable légèreté ; partagées en sections carrées que des nervures rondes et saillantes subdivisent en triangles, elles sont agencées avec beaucoup d'art dans les chapelles et l'hémicycle du pourtour » (Bretagne contemporaine, 78). Dans la chapelle absidale, appelée jadis Notre-Dame-de-Pitié ou Notre-Dame-de-la-Cerche, se trouve le riche tombeau de l'abbé Raoul de Pontbriand. — Un autre tombeau-arcade de même style apparaît dans une chapelle au Sud : là fut inhumé, en 1450, François Ier, duc de Bretagne ; ce monument, fort mutilé, a malheureusement perdu la statue du prince, en marbre blanc, qui l'ornait autrefois ; on n'y retrouve plus aucune inscription. — Dans une autre chapelle, à droite de la chapelle absidale, sont deux pierres tombales : l'une est la dalle funéraire de l'abbé Jean de Guipry, mort en 1307, dont nous avons relaté l'épitaphe ; l'autre est celle de Guillaume de Tréal, « chevalier bon, prouz et léal », mort en 1341, frère de Jean de Tréal, abbé de Redon. — Alain Fergent, duc de Bretagne, avait été inhumé dans le sanctuaire, ainsi que la duchesse Ermengarde, sa veuve. Leur tombe se trouvait au milieu du choeur, devant le maître-autel. Lorsqu'en 1793 on profana cette sépulture, on y trouva « un cercueil de forme antique contenant quelques cendres, une paire de sandales et un fragment de manteau de pourpre » (Bulletin de l'Association Bretonne, v, 170). Jadis on voyait des deux côtés du maître-autel « deux grands et anciens tableaux » représentant l'un le duc Alain Fergent et l'autre la duchesse Ermengarde (nota : D. Lobineau a heureusement fait graver pour son Histoire de Bretagne ces tableaux, qui n'existent plus). Enfin « devant le maître-autel, du costé de l'évangile », il y avait, « en lieu éminent, deux figures de bosse à genoux et priant », que la tradition prétendait être celles du roi de France Louis XI et du duc de Bretagne François II (Bulletin de l'Association Bretonne, V, 108). Il ne reste plus de traces de ces monuments, non plus que des tombeaux des abbés Yves Le Sénéchal, inhumé dans la chapelle de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle (1467), — Odet de la Rivière, dans celle de Notre-Dame-du-Puits (1492), — et Hector Scotti, dans celle de Saint-Roch (1596). Cette chapelle de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, appelée aussi chapelle des Ducs, sert à la fin du XIXème siècle de sacristie ; elle fut construite vers 1440 par l'abbé Le Sénéchal. « Accolée au transept Nord, elle est voûtée en pierres à nervures saillantes ; trois fenêtres à meneaux flamboyants l'éclairent, et l'archivolte d'une de ces fenêtres offre un détail remarquable : c'est un pampre de vigne délicieusement ciselé qui tapisse la moulure creuse, à l'intrados du formeret. A l'extérieur, la crête du mur est garnie de machicoulis, et les ogives des fenêtres sont elles-mêmes encadrées dans une arcature de même forme, destinée également à servir de défense contre les assaillants ». On voyait jadis dans cette chapelle l'écusson plusieurs fois répété de la famille Le Sénéchal : d'azur à neuf (alias à sept) macles d'or. Sur la vitre principale était représenté le fondateur, agenouillé aux pieds du Pape et portant une chappe armoriée. Dom Germain nous a conservé dans le Monasticon Gallicanum le plan topographique de l'abbaye de Redon (M. de Courson a reproduit ce plan dans sa publication du Cartulaire de Redon). On y voit que la tour du clocher était alors accolée au Nord de la façade de l'église ; de l'autre côté de cette façade se trouvait l'entrée du monastère, conduisant à une première cour qui n'existe plus et qu'occupe aujourd'hui la rue du Collège ; c'est dans cette cour que se trouvaient l'hôtellerie et les cellules du portier, du cellérier et du dépositaire. Le cloître était tel qu'il est encore à la fin du XIXème siècle ; au-delà s'étendait, vers le Midi, une longue suite de bâtiments renfermant la cuisine, le réfectoire, et au-dessus la bibliothèque, puis l'infirmerie d'un côté, et de l'autre les dortoirs et la salle du Chapitre. Au Midi et à l'Est étaient les jardins, la basse-cour et les étables, auprès desquelles se trouvait, sur le port, l'ancienne entrée du monastère, antiqua porta monasterii. Le tout était clos de murailles, et partie de celles-ci formait l'enceinte fortifiée de la ville. L'abbaye de Redon est occupée à la fin du XIXème siècle par la congrégation des PP. Eudistes, qui y dirige un beau et florissant collège. C'est au cardinal de Richelieu ; abbé commendataire de Redon (1622-1642), qu'est due la reconstruction des cloîtres et d'une grande partie des lieux réguliers restés encore debout. Il y introduisit, avons-nous dit, les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur ; aussi les armoiries adoptées par cette illustre société sont-elles souvent reproduites sur les clefs de voûte et au tympan des portes : c'est le mot PAX, accompagné en chef d'une fleur de lys et en pointe des trois clous de la Passion ; et quelquefois le même mot PAX placé au centre d'une couronne d'épines. Après l'église et les cloîtres, la partie la plus intéressante du vieux monastère est une ancienne salle servant aujourd'hui de chapelle : la voûte repose tout entière sur une colonne centrale monocylindrique en marbre, et elle est divisée en quatre caissons avec autant de clefs sculptées : la première clef est décorée des armes de France : d'azur à trois fleurs de lys d'or ; la seconde de l'écusson de Bretagne : d'hermines plein ; la troisième des armoiries de la Congrégation de Saint-Maur ; et sur la quatrième on lit la vieille devise bretonne : Potius mori quam fœdari.

Abbés de Saint-Méen :  

01 — SAINT MEEN naquit dans la province de Gwent, en Grande-Bretagne, d'un homme riche et pieux nommé Gérascend par les uns, et Orchée par les autres. Il fonda, vers 550, l'abbaye de Saint-Jean de Gaël dans les circonstances que nous avons décrites, construisit un autre couvent sur les bords de la Loire, reçut à Gaël, en qualité de religieux, le roi saint Judicaël, et y mourut peu de temps après, le 21 juin 617, suivant D. Lobineau. Son corps, transféré à Saint-Florent pendant l'invasion normande, fut rapporté à Saint-Méen vers l'an 1074 ; il y reçoit depuis lors, dans l'église abbatiale (aujourd'hui paroissiale), le culte que lui ont mérité les vertus et les miracles du saint abbé. On ignore complètement quels furent les successeurs immédiats de saint Méen sur le siège abbatial de Gaël. 

02 — HELOCAR était évêque d'Aleth et abbé de Saint-Méen en 799, époque vers laquelle il obtint de Charlemagne, devenu maître de la Bretagne, un diplôme pour le rétablissement de l'église abbatiale de Gaël qu'avaient pillée et brûlée les soldats de cet empereur. Cette charte fut confirmée en faveur du même Hélocar, en 816, par Louis-le-Débonnaire (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 225). Les ténèbres de l'histoire se répandent de nouveau sur l'abbaye de Saint-Jean de Gaël, et l'on ne connaît point le nom des abbés de ce monastère jusqu'à sa destruction complète, vers 919. 

03 — HINGUETEN, abbé de Saint-Jacut, eut la gloire de relever de ses ruines l'abbaye de Gaël, qu'il transféra à Saint-Méen vers l'an 1024. Il gouverna ce nouveau monastère jusqu'à sa mort, arrivée au mois d'avril, selon le Nécrologe de Saint-Méen (Nécrologe Sancti Mavenni – Bibliothèque nationale), mais nous ne savons en quelle année. Le prêtre Ingomar lui a dédié la Vie de saint Judicaël. 

04 — ROBERT Ier, deuxième abbé de Saint-Méen (depuis la restauration de ce monastère), mourut au mois de janvier, d'après le Nécrologe de cette maison. 

05 — EUDON mourut au mois de Septembre, suivant le même Nécrologe

06 — JUDICAEL vivait vers 1050, contemporain d'Airard, évêque de Nantes, et de Pérennès, abbé de Redon. Le Baud mentionne cet abbé de Saint-Méen en 1065. Le Nécrologe dit qu'il mourut au mois de septembre.

07 — GELBAUD vel BELBAUD mourut au mois de décembre, mais il n'est pas certain qu'il ait succédé immédiatement à Judicaël. 

08 — HERVE doit peut-être occuper cette place, selon M. Hauréau ; le Nécrologe dit qu'il mourut au mois de janvier. 

09 — BRIENT assista en 1092 aux obsèques d'Emme, vicomtesse de Porhoët, faites en l'église Sainte-Croix de Josselin. Sa mort est marquée au 9 décembre dans le Nécrologe de Saint-Méen. 

10 — GUILLAUME Ier souscrivit à la fondation du prieuré de Lohéac en 1101, et à la donation de Saint-Pierre de Dinan à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers en 1111 ; enfin il contribua à la réconciliation des vicomtes de Porhoët avec les moines de Marmoutiers en 1116. 

11 — JOSTON fut témoin de la donation des dîmes de Guer faites par Donoald, évêque d'Aleth, à Garnier, abbé de Marmoutiers, vers 1140. Sous le gouvernement de cet abbé ou dans les dernières années de son prédécesseur, Raoul, seigneur de Monfort, ravagea les dépendances de l'abbaye de Saint-Méen, usurpa les droits féodaux de l'abbé et réduisit en quelque sorte les moines en servitude. L'abbé de Saint-Méen porta plainte au Concile provincial, tenu à Redon sous la présidence de l'archevêque de Tours ; il produisit devant cette assemblée les titres de son monastère, l'archevêque y mit son sceau, les fit signer par les autres évêques présents et excommunia solennellement Raoul de Montfort et les autres usurpateurs des biens de l'abbaye de Saint-Méen. Ceci se passait en 1133. Raoul de Montfort mourut en 1142 (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne).

12 — HENRI, élu abbé, fut ensuite déposé par ses religieux, soutenus par leur évêque saint Jean-de-la-Grille ; nous ignorons pourquoi. Ils lui donnèrent pour successeur Robert qui suit. L'archevêque de Tours approuva d'abord ce changement, puis le blâma dans la suite, et n'ayant pu obtenir de Robert qu'il se démît, il se déclara contre lui. L'affaire fut portée à Rome devant le pape Eugène III, mais on ne sait pas quel fut le jugement du Souverain-Pontife. L'on voit toutefois que Robert continua ses fonctions abbatiales, prenant le titre d'abbé de Saint-Méen, et qu'Henri se fit lui-même appeler abbé de Saint-Judicaël. Ils figurent du moins avec ces dénominations dans une charte de l'abbaye de Saint-Melaine en 1163. Il est probable qu'Henri conserva ce titre d'abbé jusqu'à sa mort. 

13 — ROBERT II, déjà abbé en 1163, comme nous venons de le dire, fut avec Etienne, évêque de Rennes, témoin d'un accord entre les moines du Mont Saint-Michel et un prêtre nommé Bernard, vers 1169. De son temps, un chanoine régulier du monastère de Bomines, en Angleterre, apporta furtivement à Saint-Méen le corps de saint Pétreuc, ancien religieux de ce monastère. Henri, roi d'Angleterre, à qui on en fit des plaintes, en demanda la restitution au couvent de Bomines, ce qu'accorda l'abbé Robert en 1177 (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux, 22358). Le pape Luce III, à la prière du même abbé Robert, confirma en 1184 tous les privilèges du monastère de Saint-Méen. Enfin, Pierre Le Baud met Robert au nombre des commissaires établis par le pape Clément III (1187-1191) pour juger de la validité du mariage d'André de Vitré avec Mathilde de Mayenne.

14 — ROLLAND obtint en 1192 du pape Célestin III une bulle par laquelle, à l'exemple de Luce et Clément, ses prédécesseurs, il confirmait à l'abbaye de Saint-Méen ses privilèges et biens, savoir, entre autres choses, les églises de Gaël, Trémorel, Saint-Jean, La Chapelle, Le Crouais, Quédillac, Saint-Eloi de Montauban et Paimpont. Le même pape confirma aussi la sentence des commissaires apostoliques déclarant le prieur de Paimpont soumis à l'abbé de Saint-Men (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 723). Rolland mourut au mois de janvier, d'après le Nécrologe de son abbaye. 

15 — PIERRE Ier souscrivit en 1206 à l'acte de fondation de la collégiale de la Guerche. 

16 — ROBERT III contribua en 1220 à un accommodement entre Payen de Malestroit et les moines de Marmoutiers. 

17 — BARTHELEMY mourut abbé de Saint-Méen le 27 juillet, suivant le Nécrologe de Landévénec. 

18 — RAOUL LAESE mourut au mois de décembre, d'après le Nécrologe de Saint-Méen. 

19 — JUDICAEL DE TREMOREL, né à Trémorel, près Saint-Méen, fit une association avec les religieux du Mont Saint-Michel, en 1296, et mourut le 16 août 1297, selon le Nécrologe de Landévénec. 

20 — OLIVIER DE SAINT-MALON passa en 1312 une transaction avec le seigneur de Montauban au sujet des dîmes de Saint-Eloi de Montauban ; il fut, en 1314, un des exécuteurs testamentaires de Raoul, seigneur de Montfort, et transigea en 1319 avec Geffroy, également sire de Montfort, pour quelques fiefs situés en la paroisse de Saint-Léry. Cet abbé mourut le 10 juin 1330 ; on croit qu'il appartenait à la noble famille de Saint-Malon, qui portait : d'argent à trois écureuils rampants de gueules

21 — JACQUES PAYEN succéda au précédent et mourut au mois de décembre 1343. 

22 — GUILLAUME II, prieur de Notre-Dame de Vitré, fut recommandé à l'évêque de Saint-Malo par le pape Clément VI, le 29 janvier 1344. On ne sait pourquoi le Souverain-Pontife s'était réservé la nomination de cet abbé. 

23 — RAOUL est placé là par M. Hauréau (Gallia christiana, XIV, p. 1022) ; le Nécrologe de Montfort dit qu'il mourut le 27 octobre. 

24 — ALAIN LE ROUX accepta, en 1369, une fondation faite dans son église par Guillaume Levesque, seigneur du Molant, et Jeanne de Montfort, sa femme. Il mourut le 29 août 1374, selon le Nécrologe de Montfort.

25 — PIERRE, confesseur du pape Urbain VI et évêque de Sinigaglia, dans les Etats-Romains, succéda au précédent en qualité d'abbé de Saint-Méen. Nommé évêque de Dol en 1382, il mourut le jour de Noël de la même année (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 420). Le Nécrologe de Saint-Méen semble dire qu'il avait abdiqué sa dignité abbatiale lorsqu'il fut appelé à l'évêché de Dol ("Petrus abbas hujus loci et post episcopus Dolensis"). 

26 — GUILLAUME GLE ratifia le traité de Guérande le 24 avril 1381. Il traita avec le seigneur de Montfort, en 1385, pour les dégâts que ce seigneur avait faits sur un moulin de son abbaye. En 1391, il fut transféré sur le siège abbatial de Saint-Melaine, où il mourut le 13 mai 1398 (M. Hauréau, Gallia christiana, XIV, 1022). La famille Glé, originaire du manoir de la Besneraye, en Pleumeleuc, portait : d'or à trois glés ou souris de gueules, 2, 1. Le sceau de Guillaume, appendu à la ratification de 1381, est ogival et représente un abbé dans une niche gothique ; au-dessous est l'écusson de la famille Glé : d'or à trois glés de gueules posées 2, 1. Légende : + S. FRIS .. ABBATIS SANCTI….. (Sigillum fratris Guillermi abbatis Sancti Mevenni – M. Douët d'Arcq, Inventaire des Sceaux, n° 9060).

27 — GUILLAUME LE ROUX fut en même temps abbé de Saint-Méen et du Tronchet ; il parait que les moines de Tyron l'imposèrent à ceux du Tronchet, qui avaient, malgré eux, élu Raoul Tournevache. Guillaume Le Roux mourut le 7 mars 1400, selon le Nécrologe de Saint-Méen. 

28 — GUILLAUME SERVOT mourut le 18 mars 1431, d'après le même Nécrologe

29 — OLIVIER SERVOT succéda au précédent et mourut le 7 mars 1441, suivant le même Nécrologe.

30 — ROBERT DE COETLOGON, fils d'Olivier de Coëtlogon, seigneur de la Gaudinaye, fut élu en 1443 et gouverna l'abbaye pendant cinquante ans. D. Morel prétend qu'il ne fut d'abord qu'abbé commendataire, mais que sa piété le porta « à réduire sa commende à la régularité, en se réduisant soi-même à l'habit régulier, qu'il porta avec tant de zèle et d'attache à l'observance de sa règle, qu'il mérita la qualité de bon abbé par excellence » (Histoire de la sécularisation de l'abbaye de Saint-Méen, 8). En 1451, Robert de Coëtlogon fit le voyage de Rome, chargé d'affaires par le duc de Bretagne (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 1568). Le trésorier Landais fit plus tard poursuivre ce pieux abbé, dont le seul crime était, semble-t-il, d'avoir amassé une assez forte somme pour la restauration de son monastère, somme dont Landais voulait s'emparer et dont il s'empara réellement, après avoir obtenu du duc un mandat d'arrestation contre sa victime. La mort du trésorier justifia l'abbé de Saint-Méen, qui continua à gouverner sagement sa maison. Il enrichit cette abbaye de reliquaires précieux, fit reconstruire la sacristie et bâtit à neuf un grand corps de logis. Il laissa une telle réputation de sainteté que l'usage s'établit de saluer ses successeurs en leur disant : « Puissiez-vous imiter le bon abbé Robert ». Robert de Coëtlogon mourut le 30 avril 1492 et fut inhumé dans la chapelle Saint-Michel de son église abbatiale, « sous un tombeau élevé environ d'un pied hors de terre, sur lequel il est représenté avec la mitre et la crosse, et à l'entour ces mots sont gravés : CY GIST ROBERT DE COETLOGON, ABBE DE CEANS, QUI DECEDA L'AN 1492 » (D. Morel, Histoire de la sécularisation). Ce tombeau existe encore. C'est une arcade en granit, sculptée, ornée au fond des armoiries de Robert de Coëtlogon : de gueules à trois écussons d'hermines, 2, 1, et renfermant sa statue couchée. 

31 — PIERRE DE LAVAL, fils le Guy XIV, comte de Laval, et d'Isabeau de Bretagne, d'abord doyen de l'église d'Angers, puis évêque de Saint-Brieuc et de Saint-Malo, archevêque de Reims, abbé commendataire de Saint-Aubin et de Saint-Nicolas d'Angers, obtint encore l'abbaye de Saint-Méen en 1492 ; mais il ne la conserva que peu de temps, étant mort le 14 août 1493. Son corps fut inhumé dans l'église abbatiale de Saint-Aubin d'Angers. Il portait les armes anciennes de Laval : de gueules au léopard d'or

32 — ROBERT GUIBE, né à Vitré, fils d'Adenet Guibé et d'Olive Landais, évêque de Tréguier, obtint en commende l'abbaye de Saint-Méen en 1493 et la conserva jusqu'à sa mort. Il devint successivement évêque de Rennes et de Nantes et cardinal du titre de Sainte-Anastasie. Il mourut à Rome le 9 septembre 1513 et fut inhumé dans l'église nationale de Saint-Yves-des-Bretons. Ses armes étaient : d'argent à trois jumelles de gueules accompagnées de six coquilles d'azur, 3, 2, 1, au chef d'or

33 — FRANÇOIS HAMON, fils de Guillaume Hamon et de Guillemette Guibé, soeur du cardinal Guibé, succéda à son oncle dans l'évêché de Nantes et dans l'abbaye de Saint-Méen. Il jouissait également de l'abbaye de la Grénetière, de la prévôté de Vertou, du prieuré de Léhon, etc. Ce riche commendataire assista au Concile de Latran, mourut le 7 janvier 1532, et fut inhumé dans sa cathédrale de Nantes, en la chapelle Saint-Clair. Ses armoiries, dont les émaux sont inconnus, portent : écartelé, aux 1er et 4ème trois haches d'armes, aux 2ème et 3ème trois huchets (M. de la Nicollière, Armorial des évêques de Nantes, p. 79). 

34 — RENE DU BELLAY, fils de Louis du Bellay, seigneur de Langey, et de Marguerite de la Tour-Landry, fut nominé abbé commendataire de Saint-Méen en 1532 et évêque du Mans en 1535. Il résigna son abbaye en 1539, mourut à Paris en 1546, et fut inhumé dans l'église cathédrale de cette ville, dont le cardinal du Bellay, son frère, était évêque. La famille du Bellay, originaire d'Anjou, porte : d'argent à la bande fuselée de gueules accompagnée de six fleurs de lys d'azur posées en orle

35 — JEAN JOUVENEL DES URSINS, fils de Jean Jouvenel des Ursins, seigneur de la Chapelle-Gaultier, et de Louise de Varie, fut pourvu de l'abbaye de Saint-Méen en 1539 et obtint main-levée du temporel de ce bénéfice le 6 novembre 1540. Il était, en outre, doyen de l'église de Paris et abbé du Val-Richer ; en 1543 il résigna Saint-Méen, et devint en 1548 évêque de Tréguier. Il mourut le 28 octobre 1566 (Moreri, Grand Dictionnaire historique). La famille Jouvenel des Ursins, originaire de Champagne, portait : bandé d'argent et de gueules de six pièces, au chef d'argent soutenu d'or chargé d'une rose de gueules

36 — PONTHUS DE BRIE obtint l'abbaye de Saint-Méen en 1543 et la conserva jusqu'en 1557 ; il était en même temps prieur commendataire de Luché et de Saint-Pierre-de-Mées, en Anjou. Cet abbé appartenait vraisemblablement à la maison de Brie-Serrant, qui portait : d'argent à trois fasces crénelées de sable, chargées d'un lion de gueules

37 — CHARLES DE BOURBON, fils naturel de François de Bourbon, prince de Conti, fut archevêque de Rouen et cardinal. Pourvu de l'abbaye de Saint-Méen, il résigna ce bénéfice en faveur du suivant (Gallia christiana, XIV). 

38 — JACQUES HELUYS, dit DE LA ROCHE-Sur-YON, fils d'un laboureur du diocèse de Beauvais, fut élevé par le cardinal de Bourbon aux premières dignités de l'Eglise ; il devint abbé de Saint-Méen, dont il prit possession le 18 juillet 1561, évêque de Langres, duc et pair de France, et mourut le 26 mars 1565. Après sa mort, le cardinal de Bourbon reprit l'abbaye de Saint-Méen et la conserva jusqu'en 1574. Il mourut lui-même le 30 juillet 1594. La maison de Bourbon-Conti portait : d'azur à trois fleurs de lys d'or, au bâton péri en bande de gueules, et à la bordure de gueules

39 — PIERRE DE RAGANNE, évêque de Roanne, fut pourvu par le Pape de l'abbaye de Saint-Méen et prit possession de ce bénéfice le 17 octobre 1574. Il rendit hommage au roi en 1579, et résigna son abbaye en faveur du suivant en 1582. 

40 — JEAN HELUIS, abbé de Saint-Pierre-de-la-Vallée, à Chartres, pourvu en outre de l'abbaye de Saint-Méen par la résignation de Pierre de Raganne, trouva un compétiteur dans Jean Fouille, nommé par le roi ; mais le Pape intervint en faveur de Jean Héluis, qui prit possession de Saint-Méen le 15 juillet 1582 (Registre des insinuations ecclésiastiques de l'évêché de Saint-Malo). 

41 — JEAN PICAULT, abbé de Saint-Aubin-des-Bois, fut reçu abbé de Saint-Méen le 24 août 1587 ; il résigna cette dernière abbaye, le 4 juillet 1594, en faveur du suivant (Registre des insinuations ecclésiastiques de l'évêché de Saint-Malo). La famille Picault, du pays de Ploërmel, porte : d'argent fretté de gueules, au chef de même chargé de trois trèfles d'or

42 — JEAN D'ESPINAY, fils de Louis d'Espinay, seigneur de la Marche, et d'Anne de Guitté, né en 1579, fut nommé abbé par le roi le 5 janvier 1595 (Registre des insinuations ecclésiastiques de l'évêché de Saint-Malo). Il résigna en faveur du suivant en 1601, rentra dans le monde et s'y maria. Cet abbé portait : d'argent au lion coupé de gueules et de sinople, armé d'or. L'on voit encore, à la fin du XIXème siècle, ces armoiries sculptées sur les tirants du transept méridional de l'église abbatiale de Saint-Méen. 

43 — PIERRE CORNULIER, fils de Pierre Cornulier, seigneur de la Touche, en Nozay, et de Claude de Comaille, prit possession de Saint-Méen le 8 mai 1602. Il jouit aussi des abbayes de Sainte-Croix de Guingamp et de Blanche-Couronne, du prieuré de Pirmil, etc., et devint en 1617 évêque de Tréguier, et en 1619 évêque de Rennes. C'était un saint prélat, et nous avons signalé ses tentatives de réforme à Saint-Méen. Il restaura, près de cette abbaye, un hôpital qui existait encore à la fin du XIXème siècle, et mourut à Rennes le 22 juillet 1639. Son corps fut inhumé dans sa cathédrale. Mgr Cornulier portait : d'azur à la rencontre de cerf d'or surmontée d'une hermine d'argent

44 — ACHILLE DE HARLAY, fils de Nicolas de Harlay, seigneur de Sancy, et de Marie Moreau, fut abbé de Villeloin, de Saint-Benoît-sur-Loire et des Chastelliers, évêque élu de Lavaur, supérieur de l'Oratoire et enfin évêque de Saint-Malo. Nommé abbé de Saint-Méen en 1639, il érigea dans ce monastère un séminaire diocésain qu'il confia d'abord aux Oratoriens, puis aux Lazaristes. Il mourut à Saint-Malo, le 20 novembre 1646, et fut inhumé dans sa cathédrale. Mgr de Harlay portait : d'argent à deux pals de sable

45 — FERDINAND DE NEUFVILLE, fils de Charles de Neufville, marquis de Villeroy, et de Jacqueline de Harlay, neveu du précédent abbé, lui succéda à Saint-Malo comme à Saint-Méen. Transféré en 1657 sur le siège épiscopal de Chartres, il résigna l'abbaye en faveur du suivant en 1675, et mourut à Paris le 8 janvier 1690. Son corps fut inhumé à Chartres. Mgr de Neufville portait : écartelé, au 1er et 4ème d'azur au chevron d'or accompagné de trois croisettes ancrées de même, qui est de Neufville ; aux 2ème et 3ème d'argent à deux pals de sable, qui est de Harlay. 

46 — CHARLES-FERDINAND DE CHAMPLAIS DE COURCELLES, fils de Louis de Champlais, marquis de Courcelles, et de Marie de Neufville, neveu du précédent, le remplaça en qualité d'abbé de Saint-Méen en 1675 ; il était en même temps prieur de Ticheville et de Saint-Clémentin. Il rendit aveu au roi en 1685, et mourut à Paris lé 8 juillet 1698. La famille de Champlais porte : d'argent à trois fasces de gueules surmontées de trois aigles de sable

47 — ANTOINE FAGON, fils de Guy Fagon, premier médecin de Louis XIV, fut pourvu des abbayes de Bohéries, de Châtries et de Saint-Méen ; il eut cette dernière en 1698, devint évêque de Lombez en 1711 et fut transféré à Vannes en 1719. Il conserva l'abbaye de Saint-Méen jusqu'à sa mort, arrivée au manoir de Kango, près de Vannes, le 16 février 1742. Mgr Fagon portait : d'azur au lion rampant et contourné d'Or, regardant un mouton passant d'argent, accompagné en chef d'un soleil d'or

48 — GILBERT-GASPARD-BLAISE DE CHABANNES, issu des comtes de Chabannes, vicaire général de Nevers et de Langres, fut nommé abbé de Saint-Méen et prit possession, le 10 novembre 1742, de l'église abbatiale, de l'église paroissiale de Saint-Jean et du manoir abbatial. Il résigna Saint-Méen, vers 1745, pour obtenir l'abbaye de Bon-Port, au diocèse d'Evreux, dont il jouit jusqu'en 1779. La famille de Chabannes, originaire de Guyenne, portait : de gueules au lion d'hermine, couronné, armé et lampassé d'or

49 — JEAN-FRANÇOIS DE GUERSANS, prêtre du diocèse de Saint-Brieuc, chanoine, grand-archidiacre, vicaire général et official de Rennes, fut nommé abbé de Saint-Méen le 26 mai 1747. Il mourut le 13 juin 1764 et fut inhumé dans la cathédrale de Rennes. La famille de Guersans, originaire de Normandie, portait : d'argent à trois fusées de gueules en bande

50 — CLAUDE-CHARLES DE MOSTUEJOULS, sous-précepteur des enfants de France, chanoine-comte de Lyon, succéda dans l'abbaye à M. de Guersans en 1764 ; mais il s'en démit l'année suivante et devint abbé de Saint-Vincent de Senlis, et plus tard aumônier de la comtesse de Provence, femme de Louis XVIII. La famille de Mostuéjouls, originaire du Rouergue, portait : de gueules à la croix fleurdelysée d'or, cantonnée de quatre billettes de même

51 — CHARLES-FRANÇOIS DE VENDOMOIS DE SAINT-AUBIN, prêtre de Paris, chanoine, scholastique et vicaire général de Rennes, abbé de Saint-Aubin-des-Bois, prit possession de l'abbaye de Saint-Méen le 24 avril 1765, après avoir résigné celle de Saint-Aubin. Il se démit également de Saint-Méen en 1771, alla habiter Paris et devint abbé de Fémy. La famille de Vendomois, originaire de Guyenne, portait : coupé au 1er d'or à trois fasces de gueules ; au 2ème d'hermines plein

52 — RENE-SEBASTIEN DES COGNETS DE CORREC, docteur en théologie, chanoine, grand-archidiacre et vicaire général de Quimper, prit possession de l'abbaye de Saint-Méen le 27 juillet 1771. Il fut le dernier abbé de cet antique monastère, dont la Révolution le dépouilla en 1790. La famille des Cognets, originaire de Basse-Bretagne, porte : de sable à la croix potencée et contre-potencée d'argent, cantonnée de quatre merlettes de même.  

Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier

 © Copyright - Tous droits réservés.