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ABBAYE NOTRE-DAME DU TRONCHET

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Abbaye Notre-Dame du Tronchet - Plerguer

Dans la première moitié du XIIème siècle, un saint homme nommé Gaultier se retira dans la solitude, à quelques lieues de Dol, probablement au fond d'un bois, comme semble l'indiquer le nom du Tronchet donné à son lieu de retraite. Il y vécut d'abord en anachorète, mais l'éclat de ses vertus lui attira des disciples avec lesquels il forma une pieuse communauté (D. Germain, Histoire ms. B. M. de Truncheto - Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux). 

Gaultier se plaça, paraît-il, sous la protection du sénéchal de Dol, Alain, fils de Jourdain, et celui-ci voulant assurer l'avenir de la communauté naissante, donna l'église du Tronchet, qu'elle desservait déjà, à l'abbaye de Tyron, située dans le diocèse de Chartres ; il ne fit toutefois ce don qu'avec l'agrément exprès de Gaultier et de ses frères (« Dedit Alanus ecclesiam de Trunchet, cum omnibus appenditiis suis, concedente Gauterio ejusdem loci magistro et omnibus fratribus ejus » - Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I. 665).  

Comme cette donation fut faite par l'entremise d'Hugues, archevêque de Tours de 1133 à 1147, c'est à cette époque qu'il faut la placer. 

Un peu plus tard, vers 1177, le pape Alexandre III confirma l'abbaye de Tyron dans la possession du Tronchet, de son église et de toutes ses dépendances, « loci de Truncheto cum omnibus pertinenciis suis et omnium quœ in ecclesia de Truncheto habebat » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 665).

 Enfin, au mois d'avril 1229, Gilduin de Dol, dans le fief duquel se trouvait vraisemblablement le Tronchet, donna son approbation solennelle à tous les dons faits aux moines du Tronchet soit par le fondateur Alain, soit par ses propres ancêtres (à lui-même Gilduin), soit par d'autres pieux fidèles (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 664). 

A l'origine, le monastère du Tronchet ne fut qu'une sorte de prieuré, une celle, comme on disait au moyen-âge, dépendant complètement de l'abbaye de Tyron. Mais, de bonne heure et avant l'an 1170, les religieux de Tyron consentirent à élever le Tronchet au rang d'abbaye, à condition que la nomination de l'abbé fût réservée à leur propre abbé, les moines du Tronchet devant continuer à obéir à l'abbaye de Tyron, comme des enfants reconnaissants obéissent à la mère qui les a nourris (« Quia decet filiam matrem cognoscere, cujus uberibus se cognoverit enutritam, eapropter ...... notificamus quod nostrum monasterium de Truncheto nuper cella erat monachorum Tyronensium, sed per abbatem Tyron fuit post abbatia creata » - Dom Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, I, 809). 

Nous verrons dans la suite comment les religieux du Tronchet demeurèrent fidèles à cet engagement, dont ils ne furent complètement délivrés qu'à l'introduction des commendes, au XVème siècle. Jusqu'à cette époque, l'abbé du Tronchet dut recevoir de temps à autre la visite de son supérieur, l'abbé de Tyron, et il dut lui-même se rendre régulièrement chaque année au chapitre de l'abbaye de Tyron, où il avait sa stalle au-dessous de celle de l'abbé du lieu. 

La première règle suivie à l'abbaye du Tronchet fut naturellement celle du bienheureux Bernard de Tyron ; c'était la règle de saint Benoît, accompagnée de quelques usages particuliers pratiqués à Tyron. 

Mais à la fin du XVIème siècle, Notre-Dame du Tronchet tomba dans un déplorable état de relâchement sous le gouvernement de ses abbés commendataires. L'un de ces derniers, Jean Le Prévost, eut heureusement l'idée d'appeler dans ce monastère désolé les Bénédictins de la Congrégation de Bretagne pour y rétablir l'esprit religieux. Lorsqu'en 1607 dom Isaac Jaunay, membre de cette congrégation, vint à cet effet visiter le Tronchet, il n'y trouva qu'un seul religieux, dom Gilles Le Bret, qui faisait l'office divin avec quelques prêtres séculiers dans l'église déserte ; deux autres moines étaient dans les prisons de Dol pour cause de malversation ; quant aux lieux réguliers, « le dortoir et le réfectoire étaient ruinés de fond en comble, le cloître était presque dans le même état, et l'église était sans vitres et sans ornements » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 3 H, 34). 

La Congrégation de Bretagne accepta toutefois la rude tâche de réformer l'abbaye du Tronchet, et elle y envoya un saint, le vénérable dom Noël Mars. Celui-ci, accompagné de six autres religieux, prit possession du monastère en faisant une exhortation si pathétique qu'elle tira les larmes des yeux de tous ceux qui assistèrent à cette cérémonie (Dom Lobineau, Vie des Saints de Bretagne). Mais l'oeuvre de la réforme ne se fit que fort difficilement à cause du mauvais vouloir des anciens religieux. Toutefois l'évêque de Dol, Antoine de Révol, prêta volontiers son aide aux Pères réformateurs, et ils allaient enfin réussir lorsque tout à coup la Congrégation de Bretagne fut dissoute. La Congrégation de Saint-Maur se trouva heureusement prête à continuer la réforme du Tronchet : « Bientôt cette abbaye redevint un lieu de bénédiction ; l'office divin s'y fit avec édification, les lieux réguliers furent rétablis et la règle fut observée avec exactitude » (D. Germain, Histoire ms. mon. B. M. de Truncheto). 

C'est aux Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur que l'on doit aussi la translation de l'abbaye du Tronchet là où se trouve aujourd'hui le bourg de ce nom. Primitivement, le monastère avait été construit dans un lieu marécageux et malsain, au fond d'une vallée ; les maladies y étaient fréquentes, ce qui détermina les religieux réformateurs à construire un nouvel établissement sur une colline voisine, dans des conditions plus salubres. La première pierre des bâtiments conventuels fut bénite le 11 juillet 1642 par le prieur claustral dom Navarin. Mais la première pierre de l'église abbatiale ne fut posée qu'en 1659, et tout l'édifice ne fut achevé qu'en 1679 (D. Germain, Histoire ms. mon. B. M. de Truncheto). 

L'abbaye du Tronchet, relevée de ses ruines morales et matérielles, se maintint jusqu'en 1766. A cette époque, pour des raisons que nous ignorons et en vertu d'une décision du chapitre général de l'Ordre, la communauté du Tronchet fut dissoute et le monastère fut abandonné de nouveau ; toutefois, ce triste état de choses ne dura pas longtemps, et l'abbaye de Notre-Dame vit les moines rentrer dans ses murs grâce aux démarches faites par Urbain de Hercé, évêque de Dol, et aux vives instances des habitants du Tronchet. 

Les religieux ne furent jamais nombreux au Tronchet ; lorsque arriva la Révolution, ils s'y trouvaient seulement trois, sous la conduite d'un prieur claustral, dom Gouallic. Celui-ci fut enfermé à Saint-Melaine en 1792, puis déporté à l'étranger. Avec ce courageux Bénédictin finit noblement l'abbaye du Tronchet.

L'abbaye de Notre-Dame du Tronchet était située dans la paroisse de Plerguer, en l'évêché de Dol ; d'après les Déclaralions faites aux XVIIème et XVIIIème siècles, voici en quoi consistait ce monastère : « L'église, dortouer, cloistre, lieux réguliers, cours et autres logements contiennent en fonds environ 2 journaux, avec un jardin au devant dudit dortouer, clos de murailles et contenant un journal. Un grand clos que les religieux ont fait entourer de murailles, contenant 9 journaux de terre, joignant d'un costé les murailles de l'enclos du seigneur abbé et d'autre costé l'estang où est le moulin à eau dépendant de ladite abbaye. La maison abbatiale, avec un autre corps de logis servant d'écurie et autres offices, avec une grande cour au devant, et un jardin au derrière, au coin duquel est un pressouer. Plus, un autre jardin fermé de murailles, au bout duquel est une pièce nommée la Couldraye, le tout clos de murailles, contenant 4 journaux. Un verger derrière les écuries, dans lequel est un colombier, contenant un journal et quart de terre et pareillement clos de murailles. Au devant du logis abbatial une grande place vague appelée le Vieux-Cimetière » (Déclaration de l'abbaye du Tronchet en 1685). 

Toutes ces constructions du monastère étaient alors nouvellement faites ; c'était l'oeuvre des Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, qui avaient commencé à bâtir en 1642 et fini en 1679. 

Voyons maintenant en quoi consistait le domaine proche de l'abbaye : Ce sont d'abord « trois estangs avec leurs chaussées, s'entre joignant », puis « un moulin à eau, lequel les vassaux de ladite abbaye sont tenus de suivre » ; — « un parc autrefois entouré de murailles dont les vestiges paraissent encore aujourd'hui en plusieurs endroits, dans lequel est le bois de haute futaye de l'abbaye, contenant environ 100 journaux de terre » ; — « les bois taillifs de ladite abbaye, contenant 160 journaux, joignant d'un bout le grand bois de fustaye et d'autre bout le ruisseau du Tronchet » ; — « le clos de la Vigne avec la rabine de charmiers au dessous, contenant 6 journaux et joignant le second estang » ; — la métairie des Lauriers, contenant une centaine de journaux de terre ; — la métairie du Petit-Maistre, contenant 130 journaux ; — la métairie de Saint-Yrieuc, contenant 160 journaux ; — les métairies de Coetrehan et de Lessonnière (Déclarations de 1685 et 1790). 

Quant aux dîmes, voici la liste des paroisses où l'abbé et les religieux du Tronchet avaient droit de dîmer : Plerguer, Châteauneuf, Pleudihen, Saint-Suliac, Plesder, Cuguen, Bonnemain, Baguer-Pican, Saint-Hélen, Saint-Pierre-de-Plesguen, Saint-Ydeuc et Miniac-Morvan (Déclaration de 1685 et 1790). 

Les bailliages dépendant de l'abbaye étaient : le Grand bailliage du Tronchet, en Plerguer ; — le Petit bailliage et le bailliage de Rohiart, également en Plerguer ; — le bailliage du Gavre, en Miniac-Morvan ; — le bailliage de la Cocherie, en Saint-Pierre-de-Plesguen ; — le bailliage du Breil, en Pleudihen ; — les bailliages de Dinan, de Saint-Guinoux et des Touches. En outre avaient été précédemment aliénés les bailliages du Vaudoré, en Baguer-Morvan ; de Saint-Judoce ; de la Moinerie, en Plouër ; du Fretay, en Pleurtuit, et de Pleine-Fougères (Déclaration de 1685 et 1790). 

« Pour raison desquelles choses les seigneur abbé et religieux du Tronchet ont droit de haute, moyenne et basse justice, cep et collier (attachés devant la maison de la métairie des Lauriers), et justice patibulaire en ladite paroisse de Plerguer ; droit de mesurage et étalonnage, ordre et police, corvées et aprécis, etc., et pour l'exercice de leur dite juridiction ils ont officiers, scavoir : sénéchal, alloué, procureur fiscal, greffier, notaires, sergents, tous institués par ledit seigneur abbé, avec droit de sceau, confection d'inventaires, création de tutelles, bannies, etc., etc. » (Déclaration de 1685).

Tout ce qui précède relevait directement du roi ; mais outre ces biens formant le fonds principal de l'abbaye, les religieux du Tronchet possédaient encore « des rentes, terres et juridictions » relevant de l'évêque de Dol ; nous n'en connaissons pas le détail, mais nous savons que cette seconde série des biens du Tronchet s'étendait dans les paroisses de Rozlandrieuc (Roz-landrieux), Hirel, La Fresnaye, Montdol, le Vivier, Saint-Broladre et Notre-Dame de Dol (Déclaration de l'évêque de Dol en 1575). 

Signalons ici quelques usages propres au Tronchet. Les religieux avaient droit d'avoir des foires et marchés près de leur abbaye. Un vidimus de l'évêque de Dol Jean Mahé, daté de 1279, nous apprend qu'un siècle auparavant Henri II, roi d'Angleterre et duc de Normandie, qui essayait d'étendre sa domination jusqu'en Bretagne, donna à l'abbé et aux moines du Tronchet le droit de tenir une foire, à la porte de leur monastère, pendant trois jours, à l'Assomption de Notre-Dame (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 1049). En 1685, il n'est plus question de cette foire, mais alors les religieux déclarent « estre en droit de faire tenir un marché au village du Tronchet, franc et libre de tous droits, au jour de vendredy de chaque semaine, et deux foires, aussi franches et exemptes de droits, la première au jour Saint-Blaise, 3e de février, et la seconde au jour Saint-François, 4e d'octobre ; avec droit de jouir auxdits marchés et foires de tous droits, profits et émoluments, et mesme avec droit de faire bastir halle et estaux à ce sujet ». Ces deux dernières foires, ainsi que le marché du vendredi, avaient été concédés à l'abbaye du Tronchet par le roi de France Henri IV, par lettres patentes de mai 1598 (Déclaration de 1685).

A côté de ces revenus de l'abbaye du Tronchet, il faut aussi faire figurer ses charges. Il était dû des rentes : à la fabrique de Plerguer, « paroisse où l'abbé du Tronchet était seigneur, patron, présentateur et seul décimateur » ; — au vicaire perpétuel de cette même paroisse ; — au Chapitre de Dol ; — aux recteurs et vicaires de Saint-Pierre-de-Plesguen, de Pleudihen, de Plesder, de Saint-Hélen et de Baguer-Pican ; — aux pauvres des paroisses de Plerguer, Miniac-Morvan, Saint-Pierre-de-Plesguen, Pleudihen, Cuguen et Tressé. — Il fallait, en outre, payer les décimes, qui montaient, en 1790, à 1.458 livres, faire garder et entretenir les bois, et conserver en bon état les bâtiments claustraux, l'abbatiale, l'église, les métairies, moulins, choeurs et chanceaux, etc. (Déclaration de 1790). Parmi les aumônes faites aux habitants de Plerguer par les religieux du Tronchet notons celles-ci : le Jeudy-Saint, les moines lavaient les pieds à treize pauvres et donnaient ensuite à chacun d'eux un pain de 3 livres, un hareng blanc et 3 sols monnaie ; — à la fête de Noël, ils fournissaient une charretée de paille qu'on étendait dans l'église de Plerguer pour la messe de minuit ; — à Pâques, ils donnaient une « buce de vin breton », que l'on distribuait aux fidèles immédiatement après la communion pascale (nota : Mgr Thoreau, évêque de Dol de 1660 à 1692, supprima la distribution du vin pascal à Plerguer, mais autorisa la continuation de l'usage de la paille de Noël) — à la Trinité, ils faisaient partager soixante boisseaux de seigle entre les pauvres de la paroisse. En un mot, ils étaient vraiment les bienfaiteurs de Plerguer tout en étant les seigneurs du lieu (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 5 ; C, 1293).

Par suite de l'introduction de la commende au Tronchet, il avait fallu diviser les biens de l'abbaye ; quand vint la Révolution, l'abbé commendataire avait environ les deux tiers de tous les revenus, et les moines gardaient le reste. Le 4 janvier 1790, l'abbé du Tronchet déclara jouir de sa maison abbatiale (nota : L'abbatiale ne figurait alors que pour mémoire, étant tombée en ruine depuis quelque temps et ayant été, par suite, supprimée en 1782), — du moulin du Tronchet, — des métairies des Lauriers, du Petit-Maistre et de Saint-Yrieuc, — des dîmes de Plerguer, Pleudihen, Saint-Suliac, Miniac-Morvan, Saint-Pierre-de-Plesguen et Cuguen ; — d'une portion des bois du Tronchet ; le tout montant à 10.210 livres de rente, avec 3.069 livres de charges ; restait net à l'abbé 7.141 livres. 

De son côté, le 24 février 1790, dom Gouallic, prieur du Tronchet, déclara que les religieux avaient la jouissance du monastère et de son enclos, — de la métairie de Lessonnière, — de quelques dîmes et rentes, — d'une partie des bois du Tronchet, etc., le tout montant à 5.900 livres de rente, avec 1.851 livres de charges, plus 882 livres d'intérêts dus pour des sommes empruntées par eux ; restait donc de revenu net à ces religieux 3.167 livres (nota : Déclarations de 1790, communiquées par M. A. Chenil des Masures. — Le dernier abbé du Tronchet jouissait, en outre de cette abbaye, de la chantrerie de Vincennes, estimée 5.667 livres, et d'une pension de 1.680 livres sur l'évêché de Vannes, de sorte qu'il avait en tout un peu plus de 14.000 livres de rente, toutes charges déduites. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 29).

Le plus ancien sceau de l'abbaye du Tronchet venu à notre connaissance est de la fin du XIIème siècle : de forme ovale, il représente la Sainte Vierge debout et couronnée ; un manteau royal, complètement ouvert par devant, recouvre ses épaules et retombe par derrière ; elle est vêtue d'une longue robe ceinte sur les hanches, et elle ouvre les bras ; sa main droite tient un livre et la gauche est simplement étendue en signe de protection. La légende porte : SIGILLUM SANCTE MARIE DE TRUNCHETO (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux, LXXXVI, p. 773). 

Un autre sceau, de 1303, est appendu à l'adhésion du monastère du Tronchet au procès du pape Boniface VIII ; il est ogival et représente la Sainte Vierge assise, tenant l'Enfant Jésus, mais la gravure en est barbare. Légende : t SIGILLUM CAPITULI BEATE MARIE (DE TRUNCHETO) (Voir M. Douët d'Arcq, Inventaire des Sceaux de France). 

Enfin, en 1698, l'abbaye du Tronchet fit enregistrer les armoiries suivantes : de sable à une crosse d'argent accostée de deux fleurs de lys d'or (Armorial général ms.).

Un mot, pour finir, sur l'état actuel du Tronchet. Il ne reste aucun vestige du premier monastère fondé au XIIème siècle ; les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur le démolirent et en employèrent les matériaux quand ils reconstruisirent l'abbaye au XVIIème siècle ; ce qui demeure encore debout est donc de cette dernière époque. Le premier monastère devait être au bord du ruisseau, là où se trouve toujours le village du Tronchet ; la nouvelle abbaye est sur une colline, dans une position plus salubre ; naguère on voyait dans une muraille du couvent l'inscription suivante, gravée sur une pierre ardoisine et rappelant les motifs de la translation de l'abbaye : PROPTER MORBOS INCURABILES, PARALYSIM ...........  TRANSFERTUR MONASTERIUM, ARCHITECTA .....  PRIORE. (Note de M. l'abbé Pâris-Jallobert. — Ce prieur architecte fut probablement dom Constant Navarin, qui bénit la première pierre du monastère le 11 juillet 1642, et qu'on appelle aussi parfois dans les actes Constantin de Navarre ou Navarre).

De nos jours, le Tronchet a été érigé en paroisse distincte de Plerguer ; le recteur habite ce qui reste de l'abbaye, et l'église abbatiale est devenue paroissiale. 

L'ancien manoir abbatial, complètement transformé maintenant, n'a pas d'intérêt, mais les bâtiments claustraux, ruinés par la Révolution, offrent un pittoresque aspect. Le monastère était de forme carrée et entourait un cloître intérieur ; toute la partie orientale du couvent (dont l'entrée principale était de ce côté) est maintenant détruite ; il ne reste debout que le bâtiment méridional, transformé en presbytère à la fin du XIXème siècle, ayant cinq fenêtres de façade. L'entrée occidentale usitée présentement était jadis la porte réservée aux pauvres et où se faisait la distribution des aumônes. Quoique complètement découvert, le cloître est encore presque complet ; ses arcades en plein cintre reposent sur des piliers carrés ; chaque côté, formant huit travées, a 75 mètres de longueur. Sans être monumental, ce cloître ruiné est intéressant à voir et mérite bien d'être conservé. L'église du Tronchet se compose d'une seule nef, terminée par un chevet droit ; la façade présente une porte flanquée de colonnes, de niches et de pilastres dans le style du XVIIème siècle. Ce fut, en effet, le 17 juin 1659 que François Chereau, trésorier et chanoine de Dol, neveu d'Anthyme Cohon, évêque de Nîmes et abbé commendataire du Tronchet, bénit, au nom de ce prélat, la première pierre de cette église. L'édifice ne fut terminé qu'en 1679 (Histoire ms. mon. B. M. de Truncheto - Bibliothèque Nationale). Au-dessus de cette porte principale de l'église est une fenêtre de style rayonnant, à double meneaux, avec quatre-feuilles, dernier vestige de l'église abbatiale précédente, apportée là de l'ancien monastère. La tour, posée au centre, est couronnée par trois petits dômes superposés ; au Sud sont deux portes, l'une ouvrant jadis sur le cloître, l'autre décorée de deux inscriptions, dont la première est ainsi conçue : NOSTRE DAME PATRONNE DU TRONCHET 9 JUIN 1671. Faut-il voir en cette date l'époque de la consécration de l'église avant son complet achèvement? Nous ne voudrions pas l'affirmer. Quant à l'autre inscription, elle n'est certainement pas à sa place primitive ; elle a été transférée du monastère, et elle rappelle la date de la bénédiction de la première pierre des bâtiments claustraux, et non pas, comme on l'a cru à tort, celle de la dédicace de l'église ; elle porte ces mots :  1642, XI JULII, DIVO BENEDICTO SACRA AEDIFICANTUR.  Et au-dessus le mot PAX entouré d'une couronne d'épines. Or, c'est bien le 11 juillet 1642 (dix-sept ans avant la bénédiction de la première pierre de l'église) que dom Constant Navarin, prieur claustral du Tronchet, bénit la pierre fondamentale du monastère, en présence de ses confrères dom Denis Plouvrier et dom Claude Lévesque, Bénédictins du Tronchet (Histoire ms. mon. B. M. de Truncheto - Bibliothèque Nationale). A l'intérieur, l'église de Notre-Dame du Tronchet n'offre rien de remarquable ; l'autel, à colonnes, est de style renaissance, et il reste encore quelques-unes des anciennes stalles, « au nombre de vingt-quatre et d'assez bon goût », dit un Inventaire de 1790. Une seule pierre tombale subsiste, portant deux crosses en sautoir et la date 10 janvier 1703, sans autre inscription. Il est vraisemblable que cette dalle fermait l'ouverture d'un caveau sépulcral creusé à cette époque pour recevoir les corps des abbés défunts. Quelques familles nobles du pays avaient aussi leurs enfeus dans l'église abbatiale du Tronchet, entre autres les seigneurs de la Barre-Guéhenneuc devant l'autel Saint-Eloi, et les Saliou de la Ville-Morin au pied de l'autel Saint-Nicolas ; mais il n'y a plus de traces de leurs tombeaux (abbé Guillotin de Corson).

Abbés du Tronchet :

01 — GAULTIER Ier. Quoiqu'il ne soit pas sûr que Gaultier, fondateur du Tronchet, ait porté le titre d'abbé, nous ne pouvons cependant pas omettre son nom dans la liste des supérieurs de la communauté religieuse qu'il réunit le premier ; il est appelé dans les actes du temps magister fratrum de Truncheto.

02 — RAOUL, est généralement considéré comme le premier abbé du Tronchet ; il vivait vers 1169, contemporain d'Etienne, évêque de Rennes, et de Rolland, doyen d'Avranches.

03 — GUILLAUME dut succéder au précédent en 1170, car, cette année-là, Jean, évêque de Dol, confirma une donation faite à la Vieuville, dont Guillaume était témoin en qualité d'abbé du Tronchet (Teste abbate Willelmo de Truncheto - Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 666). C'est à cet abbé qu'en 1177 le pape Alexandre III confirma la possession des biens et droits du Tronchet, sous la tutelle de l'abbaye de Tyron. Enfin, le Souverain-Pontife adjoignit Guillaume à Pierre, évêque de Saint-Malo, pour juger un différend survenu entre les moines de la Vieuville et quelques particuliers. L'Histoire ms. du Tronchet, par dom Germain, dit que Guillaume mourut très-regretté de ses religieux (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux).

04 — GAULTIER II reconnut solennellement, le 16 août 1207, que la petite communauté de Notre-Dame du Tronchet, « pusillus grex Beatœ Mariœ de Truncheto », était dès son origine une dépendance de Tyron, et que l'abbé de Tyron l'avait érigée en abbaye soumise à sa juridiction (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 809).

05 — JEAN Ier devint abbé vers 1228, dit-on ; il l'était certainement en 1232, suivant une charte de Saint-Florent. Au mois d'août 1234, il fit un accord avec les religieux de Marmoutiers au sujet d'un domaine voisin de Combourg ; en juillet 1244, il céda au Chapitre de Dol les dîmes d'Epiniac, que lui avait données Mathilde, dame de Landal, en échange de celles de Pleudihen ; enfin, en 1246, il abandonna à Thomas de Rochefort la terre du Val-Hervelin pour quelques dîmes en Saint-Suliac (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux).

06 — NICOLAS fit preuve d'une sainte humilité et d'un grand amour de la justice. L'archidiacre de Dol, appelé Nicolas comme lui, avait obtenu de Rome une bulle pontificale en faveur de l'abbaye du Tronchet, et il y avait fait insérer, sans la participation des religieux de ce monastère, le droit pour eux d'élire eux-mêmes leurs abbés. Nicolas — quoique l'occasion fût bien tentante — ne voulut pas se prévaloir de cet acte, et en 1258, le samedi avant le dimanche Laetare, il reconnut que l'élection des abbés du Tronchet appartenait à l'abbé de Tyron (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 970).

07 — MARTIN contracta une société de prières avec les religieux de Saint-Melaine de Rennes, au mois de janvier 1259. On ne sait pas l'année de sa mort, qui arriva le 14 mai, d'après l'Obituaire des Cordeliers d'Angers.

08 — PIERRE MAHE succéda au précédent et fut confirmé abbé par Jean Mahé, évêque de Dol, son parent. Ce prélat fonda en 1273 un anniversaire pour sa famille dans l'église du Tronchet. L'année suivante, Pierre fit une société de prières avec Simon, abbé de Saint-Jacut. On voit par cet acte que ces deux abbés s'engagèrent mutuellement à ce qui suit : l'abbé étranger serait reçu dans le monastère associé avec les mêmes honneurs que dans son propre couvent ; les religieux jouiraient d'un privilège semblable ; si un moine venait même à être en désaccord avec son abbé, il serait reçu dans le couvent étranger et entretenu jusqu'à ce que la paix fût réglée entre lui et son supérieur ; cette association ne serait pas rompue par la mort, et les prières se feraient dans chaque monastère pour les confrères étrangers défunts comme pour les moines du lieu (Anciens évêchés de Bretagne, IV, 287, 288). Cet abbé mourut le 26 août, d'après le Nécrologe de Saint-Florent. La famille Mahé était originaire de l'évêché de Rennes et portait pour armoiries trois chevrons.

09 — THOMAS reçut, le jeudi après la Saint-Martin d'hiver 1282, la visite de Jean, abbé de Tyron, et reconnut le droit qu'avait ce dernier de corriger les abus qui pourraient s'introduire au Tronchet (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 1062). Cette visite se renouvela le 9 juillet 1294, et Thomas y prêta avec ses religieux serment d'obéissance à l'abbé de Tyron. Enfin, il est encore fait mention de cet abbé du Tronchet en 1297.

10 — JOSSE alias JOSSERAND alias JOCET reçut en 1301, le jeudi après la Nativité de Notre-Dame, la visite de Simon, abbé de Tyron, et le traita avec les sentiments d'un respect filial (« Pater noster ad abbatiam nostram de Truncheto, tanquam ad filiam propriam, causa visitationis, accessisset » - Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux). Mais, l'année suivante, il s'excusa de ne pouvoir se rendre au chapitre de Tyron. En 1303, il adhéra, ainsi que son monastère, au procès fait au pape Boniface VIII ; son sceau, appendu à cet acte d'adhésion, est ogival et représente un abbé sur un champ fretté ; légende : S FRIS JOCETI ABB. B. MAR. DE TRUNCHETO. (Sigillum fratris Joceti abbatis Beatœ Mariœ de Truncheto) (Voir Douët-d'Arcq, Inventaire des Sceaux, n° 9145). Il mourut en 1309, et les religieux du Tronchet écrivirent à l'abbé de Tyron, le samedi avant le dimanche Invocabit me, tant pour lui annoncer la mort de leur abbé que pour le prier de leur en donner un autre.

11 — MATHIEU écrivit à l'abbé de Tyron le lundi de la Pentecôte 1334, pour s'excuser de ne pouvoir assister au prochain chapitre général. En 1337, il assigna à ses religieux les dîmes qu'il avait dans la paroisse de Plerguer et le trait du Bourg-Beillac, en celle de Miniac-Morvan, pour subvenir à leurs dépenses d'ornements, vêtements et chaussures. Mathieu vivait encore en 1340.  

12 — GUILLAUME PEPIN s'excusa en 1343 de ne pouvoir, à cause des guerres civiles de Bretagne, se rendre au chapitre général de Tyron, indiqué pour le lundi de la Trinité ; il renouvela les mêmes excuses en 1353 et mourut au mois de décembre de l'année suivante, comme le prouve une lettre des religieux du Tronchet, demandant, le 9 décembre 1354, un nouvel abbé à celui de Tyron.

Nous ne savons si Guillaume Pépin appartenait à la famille Pépin de l'évêché de Rennes, portant : d'azur au chevron componné de sept pièces d'argent et de sable, accompagné de trois pommes de pin versées d'argent, — ou à la famille Pépin de l'évêché de Dol, portant : d'argent au pin de sinople chargé de trois pommes d'or, une bande d'azur brochant.

13 — GUILLAUME HUTIER fut nommé par le pape Innocent VI au mois de décembre 1356 ; il est fait mention de lui à la même époque dans les chartes de Tyron. Il mourut en 1367, comme le prouve la lettre écrite par les religieux du Tronchet à l'abbé de Tyron, le 3 décembre de cette année-là, pour lui demander un abbé en place de Guillaume, décédé.

14 — GUILLAUME GALIOT, élu par l'abbé de Tyron, reçut des lettres confirmant son élection de la part du pape Urbain V, datées de décembre 1369. Il mourut le 3 juin 1374, et les religieux du Tronchet écrivirent le lendemain à Tyron pour demander un nouvel abbé.

15 — JEAN BELIN, religieux du Tronchet, fut sommé le 12 juin 1374 par Jean, abbé de Tyron, d'accepter la charge d'abbé du Tronchet ; on ne sait s'il l'accepta (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux).  

16 — ROBERT PEPIN reconnut le 7 juin 1378 que le monastère du Tronchet était anciennement une celle de l'abbaye de Tyron, qu'il avait été érigé en abbaye par un abbé de Tyron, et que ce dernier abbé avait droit de visite et de correction tant sur l'abbé que sur les religieux du Tronchet. En novembre 1383, Robert Pépin fit un acte de société de prières avec les religieux de Saint-Gildas-des-Bois.

17 — RAOUL TOURNEVACHE fut élu par les religieux du Tronchet eux-mêmes, sans l'assentiment de l'abbé de Tyron, contre lequel il plaidait en 1399 et 1402. Jusqu'alors l'abbaye du Tronchet s'était volontiers soumise à celle de Tyron, mais à partir de cette époque on voit qu'elle cherche à se soustraire à cette juridiction ; il paraît que les évêques de Dol soutinrent les religieux du Tronchet dans ces idées d'indépendance, qui aboutirent, contre leur gré, à la destruction de l'esprit religieux dans l'abbaye.

18 — GUILLAUME LE ROUX, déjà abbé de Saint-Méen, fut choisi par l'abbé de Tyron pour s'opposer aux prétentions de Raoul Tournevache ; mais il mourut dès le mois de mars 1400, suivant le Nécrologe de Saint-Méen.  

19 — JEAN II mourut en 1420, d'après les annales du Tronchet.

20 — THIBAUD DE BAULON obtint des provisions de Rome sur une prétendue démission faite en sa faveur par le précédent ; mais cette démission fut déclarée fausse par Etienne, évêque de Dol, auquel le Pape avait écrit de prendre des informations à ce sujet. La famille de Baulon, originaire du bourg de ce nom, évêché de Saint-Malo, portait : de vair au sautoir de gueules.

21 — ALAIN COSTARD fut élu en 1422 par les religieux du Tronchet, mais l'abbé de Tyron s'opposa à son élection et le cita à comparaître devant lui. Alain appela de cette citation au Pape, qui renvoya l'affaire à l'évêque de Dol ; ce dernier la jugea en sa faveur et déclara qu'il suffisait que l'abbé du Tronchet fût élu par sa communauté et confirmé par l'évêque diocésain. Alain Costard demeura tranquille par suite, et en 1432 il s'intitulait « abbé du Tronchet par la grâce de Dieu ». La famille Costard, sortie de l'évêché de Saint-Malo, porte : d'argent à la fasce vivrée de sable.

22 — GILLES RAGUENEL appartenait, semble-t-il, à l'illustre famille des vicomtes de la Bellière. Il fut élu par les religieux du Tronchet sans la participation de l'abbé de Tyron ; l'évêque de Dol le confirma et le bénit, dans son manoir des Ormes, en 1436. Il soutint un gros procès contre le sire de Coëtquen, souscrivit en 1452 au concordat passé entre l'archevêque de Tours et l'évêque de Dol, et mourut en 1473.

Le sceau de cet abbé, en 1457, est ogival et représente la Sainte Vierge assise dans une chaise à l'antique, sous un dais, et tenant entre ses bras le divin Enfant Jésus ; au-dessous, sous une petite arcade, est agenouillé Gilles Raguenel, revêtu de son froc monacal et accosté de deux écussons timbrés chacun d'une crosse et portant ses armoiries : écartelé d'argent et de sable au lambel de l'un en l'autre (Bibliothèque Nationale - De Courcy, Nobiliaire de Bretagne).

23 — ALAIN fut élu en 1473 et mourut dès 1478.

24 — FRANÇOIS DE BEAUCHESNE obtint ses bulles en 1478 et fut mis en possession de son abbaye par le sire de Coëtquen, commissaire du duc de Bretagne à cet effet. Le 22 juillet de l'année suivante, Jean, cardinal d'Angers et légat du Saint-Siège, accorda à l'abbé du Tronchet le droit de porter l'anneau, la mitre et les autres ornements pontificaux. En 1484, François de Beauchesne obtint encore de Jean, évêque d'Albano, le droit d'avoir un autel portatif. La famille de Beauchesne, originaire de l'évêché de Nantes, porte : de gueules à la croix d'or.

25 — GUILLAUME DU CHASTELLIER, élu par les moines du Tronchet en 1485, fut cité par l'abbé de Tyron à venir justifier son élection ; il est probable qu'il ne répondit point à cette citation. L'année suivante, Guillaume obtint des lettres de sauvegarde pour son monastère. Il mourut le 6 octobre 1496 et fut le dernier abbé régulier du Tronchet. Comme il y a beaucoup de familles du Chastellier en Bretagne, nous ne savons à laquelle appartenait cet abbé. Après la mort de Guillaume du Chastellier, l'abbé de Tyron nomma abbé du Tronchet Hugues de Malezier, moine de Marmoutiers et régent du collège de cette abbaye à Paris ; mais les moines du Tronchet refusèrent de le recevoir. Hugues de Malezier essaya de se faire maintenir par une sentence juridique du 12 avril 1499 ; ce fut en vain, son élection fut définitivement annulée.

26 — RAPHAEL, cardinal-diacre du titre de Saint-Georges ad Velum aureum, fut sur les entrefaites nommé abbé commendataire du Tronchet par le Pape, que fatiguait la dissension survenue entre Tyron et Le Tronchet. Mais, avant d'avoir reçu ses bulles, le cardinal Raphaël céda tous ses droits au suivant.

27 — TRISTAN DE VENDEL, issu des seigneurs de Vendel, évêché de Rennes, docteur en droit, protonotaire apostolique, chanoine de Dol, trésorier de la Magdeleine de Vitré, combattit vigoureusement les prétentions d'Hugues de Malezier, qui continuait de se dire abbé du Tronchet ; grâce à la faveur dont il jouissait à Rome, il fut maintenu en possession de son abbaye le 23 septembre 1508, malgré les efforts de l'abbé de Tyron. Il reçut au Tronchet, l'année suivante, les religieux de Saint-Melaine, que la peste avait forcés d'abandonner Rennes. En témoignage de reconnaissance, le cardinal Robert Guibé, abbé commendataire de Saint-Melaine, accorda à l'abbé et aux moines du Tronchet des lettres de confraternité et d'association de prières fort étendues. Tristan de Vendel ménagea beaucoup sa communauté du Tronchet, il fit en son église abbatiale quelques fondations assises sur ses terres patrimoniales de Lessonnière et de Coëtuhan, et mourut regretté de ses religieux en 1533.

Tristan de Vendel portait : de gueules à trois gantelets d'argent posés en pal. On voit encore les armoiries de cet abbé, timbrées d'une crosse, dans l'église de Montreuil-sur-Pérouse, paroisse où sa famille possédait le manoir du Plessix-Vendel.

28 — FRANÇOIS DE LAVAL, fils bâtard de Guy XVI, comte de Laval, et d'Anne d'Espinay, déjà évêque de Dol, trésorier de la Magdeleine de Vitré et abbé de Paimpont, fut encore nommé abbé commendataire du Tronchet en 1534. Il mourut le 2 juillet 1554 et fut inhumé dans sa cathédrale de Dol.

Armes : écartelé : au 1er d'azur à trois fleurs de lys d'or, qui est France ; aux 2° et 3°, d'or à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'argent et cantonnée de seize alérions d'azur, qui est Montmorency-Laval ; au 4°, d'azur à trois fleurs de lys d'or et au bâton componné d'argent et de gueules, qui est Evreux ; sur le tout, de gueules au lion d'argent, qui est Vitré.

29 — CHARLES DE BOURBON, fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et de Françoise d'Alençon, né en 1523, cardinal, archevêque de Rouen, évêque de Beauvais, légat d'Avignon et abbé de Saint-Denis, de Saint-Germain et de Saint-Ouen, reçut également en commende l'abbaye du Tronchet. Il y fit faire d'importantes ventes de bois, sous prétexte de réparations aux édifices claustraux qui ne furent point exécutées. Il céda toutefois cette abbaye au suivant, et après avoir joué un certain rôle politique comme roi des ligueurs sous le nom de Charles X, il mourut le 9 mai 1590.

La maison de Bourbon-Vendôme portait : d'azur à trois fleurs de lys d'or, au bâton de gueules, péri en bande, brisé de trois lions d'argent.

30 — LOUIS D'ESPINAY, fils de Guy, seigneur d'Espinay, et de Louise de Goulaine, protonotaire apostolique, chantre et chanoine de Rennes, prieur de Notre-Dame de Vitré, obtint l'abbaye du Tronchet par la faveur dont il jouissait près du cardinal de Bourbon, à la maison duquel il était attaché. Il siégea en qualité d'abbé dès 1558 ; mais comme le cardinal fit encore acte d'autorité au Tronchet en 1560, on ne sait pas au juste quand et à quelles conditions se fit la cession de l'abbaye entre ces deux personnages. Toujours est-il que Louis d'Espinay quitta l'état ecclésiastique, rentra dans le monde et s'y maria trois fois (Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne).

Armes : d'argent au lion coupé de gueules et de sinople, armé d'or.

31 — RENE MASSE alias DE LA MASSE, était abbé du Tronchet en 1567 et 1584, d'après les annales de ce monastère. La famille Masse, en Provence, porte : coupé au 1er d'azur au lion passant d'or, au 2° de gueules à trois pals d'or.

32 — CHARLES D'ESPINAY, fils de Guy, seigneur d'Espinay, et de Louise de Goulaine, évêque de Dol, chantre de Rennes, abbé de Saint-Gildas-des-Bois, prieur de Gahart et de Bécherel, obtint l'abbaye du Tronchet en 1586, après la mort du précédent. Il mourut lui-même le 12 septembre 1591 et fut inhumé dans son église cathédrale.

Armes : d'argent au lion coupé de gueules et de sinople, armé d'or.

33 — PIERRE LE BOUTEILLER, fils de Léonard Le Bouteiller et de Mathée Chauvin, chanoine et scholastique de Dol, embrassa le parti de la Ligue et obtint l'abbaye du Tronchet par la faveur du duc de Mercœur ; il reçut ses bulles en novembre 1592. Mais le roi nomma, de son côté, abbé du Tronchet Daniel Plumereau, qui fut maintenu par arrêt du Parlement de Bretagne. Toutefois, Pierre Le Bouteiller prêta serment à la Chambre des Comptes de Bretagne en 1596, puis il disparut, aussi bien que son concurrent.  

Pierre Le Bouteiller portait un lion pour armes.

34 — FRANÇOIS LE PREVOST, trésorier ; chanoine et vicaire général de Rennes, fut nommé abbé du Tronchet, en 1597, par Henri IV ; le pape Clément VIII confirma sa nomination en 1598, et il prêta la même année serment de fidélité au roi. Il est à remarquer que cet abbé reçut ses bulles comme successeur de Charles d'Espinay, sans qu'il fût fait mention de Pierre Le Bouteiller. François Le Prévost assista aux Etats de Bretagne en 1598, 1599, 1600 et 1602. Il mourut au Tronchet en 1603 et fut inhumé dans son église abbatiale.

D'après M. de Courcy, François Le Prévost appartenait à une famille noble de l'évêché de Rennes, portant : de gueules au lion léopardé d'argent, armé, lampassé et couronné d'or (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux - Nobiliaire de Bretagne).

35 — JEAN LE PREVOST, frère du précédent, et comme lui trésorier, chanoine et vicaire général de Rennes, et de plus aumônier du roi, devint abbé du Tronchet en 1603. Il avait vécu longtemps dans le monde, avait été marié, et devenu veuf s'était fait prêtre. Il siégea aux Etats de Bretagne en 1604 et 1605, et ne prêta serment au roi qu'en 1607. Il réforma son monastère en y introduisant, avec l'assentiment de l'évêque de Dol, la Congrégation de Bretagne le 9 octobre 1607. Jean Le Prévost mourut à Rennes, à son hôtel de la Trésorerie, en 1608, et fut inhumé dans la cathé­drale de cette ville (Bibliothèque Nationale - Nobiliaire de Bretagne).

Armes : de gueules au lion léopardé d'argent, armé, lampassé et couronné d'or.

36 — FRANÇOIS DE MONTMORENCY, fils d'Anne de Montmorency, marquis de Thury, et de Marie de Beaune, n'avait que vingt-quatre ans quand le roi le nomma abbé du Tronchet, le 18 mars 1608. Il maintint en son abbaye les Pères de la Société de Bretagne, qui y tinrent leur chapitre général en 1622. Toutefois, en 1640, François de Montmorency renonça à l'état ecclésiastique, résigna l'abbaye du Tronchet et celle de Molesmes, au diocèse de Limoges, dont il était également pourvu, et épousa Catherine Roger (M. Hauréau, Gallia christiana, XIV, 1078).

Armes : d'or à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d'azur.

37 — CHARLES DE ROSMADEC, fils de Mathurin de Rosmadec, seigneur de Saint-Jouan, et de Jeanne de Trogo, pourvu sur la résignation du précédent, prit possession du Tronchet le 26 septembre 1640. Il siégea en qualité d'abbé aux Etats de Bretagne en 1640, 1643 et 1645. Continuant l'oeuvre de la réforme de son monastère, il appela au Tronchet les Pères de la Congrégation de Saint-Maur pour y remplacer ceux de la Société de Bretagne, alors dissoute. Mais ayant été nommé évêque de Vannes en 1647, il résigna son abbaye pour prendre possession de son siège. Devenu plus tard abbé de Paimpont et archevêque de Tours, il mourut aux Eaux-Bonnes en août 1672 (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 G, 48).

Armes : pallé d'argent et d'azur de six pièces.

38 — ANTHYME COHON, prévôt et chanoine de Chartres, prédicateur et conseiller du roi, enfin évêque de Nîmes, puis de Dol, prit possession de l'abbaye du Tronchet le 23 avril 1649. L'année suivante, il devint doyen du Folgoët et finit par remonter sur le siège épiscopal de Nîmes, où il mourut le 7 novembre 1670.

Armes : d'or à deux serpents entrelacés et adossés de sable, au chef de même chargé d'une étoile à six rais d'argent.

39 — LOUIS BERRYER, chanoine et archidiacre de Paris, obtint l'abbaye du Tronchet en 1671, n'étant âgé que de seize ans. Il fit beaucoup de bien à son monastère, dont il acheva l'église abbatiale, commencée par ses prédécesseurs. Mais, le 13 janvier 1679, il permuta avec le suivant l'abbaye du Tronchet contre l'abbaye de Lonlay, au diocèse du Mans.

Armes : d'argent au chevron de gueules, accompagné en chef de deux quintefeuilles d'azur et en pointe d'une aigle de même.

40 — JULES DE GOTH DE ROILLAC D'EPERNON, fils de Louis duc d'Epernon et d'Anne Vialart, conseiller et aumônier du roi, prit possession du Tronchet le lundi après la Pentecôte 1680 (M. Hauréau, Gallia christiana, XIV, 1079).

Armes : d'or à trois fasces de gueules.

41 — CLAUDE DE GOURNAY devint abbé du Tronchet en 1701 et mourut en 1712.

42 — CLAUDE FYOT DE VAUGIMOIS naquit à Dijon, en 1689, d'Anselme Fyot, seigneur de Vaugimois, conseiller au Parlement de Bourgogne, et d'Anne de Valon, et fut nommé abbé du Tronchet le 14 mai 1712 ; il n'était que sous-diacre et étudiant au Séminaire de Saint-Sulpice à Paris lorsqu'il prit possession, par procureur, de son abbaye le 28 septembre de la même année. « Ce fut un modèle de piété, et il remplit avec édification, pendant longtemps, la place de supérieur du Séminaire de Saint-Irénée, à Lyon ; on a de lui plusieurs ouvrages scientifiques ». Il conserva le Tronchet jusqu'en 1753, époque à laquelle il donna sa démission, et mourut peu après.

Armes : d'azur au chevron d'or, accompagné de trois losanges de même.

43 — JEAN-HYACINTHE COLLIN DE LA BIOCHAYE, fils de François Collin, seigneur de la Biochaye, président au Parlement de Bretagne, et de Jeanne-Louise Charpentier, était chanoine et archidiacre de Dol lorsqu'il fut nommé par le roi abbé du Tronchet le 26 août 1753 ; il prit possession le 19 septembre suivant et devint ensuite successivement chantre et vicaire général de Dol, chanoine de Saint-Malo et archidiacre de Portion, etc. ; il résigna le Tron­chet en 1776 pour devenir abbé de Bonrepos (ou Bon-Repos).

Armes : d'azur à trois merlettes d'or.

44 — JEAN-JACQUES PROVOST DE LA BOISSIRRE DE BOISBILY, d'abord chanoine, puis vicaire général de Rennes et de Quimper, obtint l'abbaye du Tronchet, dont il prit possession le 15 juin 1776 ; il mourut à Quimper, âgé de cinquante ans, en 1786.

Armes : d'argent à trois bandes fuselées de gueules.

45 — ALEXANDRE-BERNARDIN JOURDAIN DE SAINT-SAUVEUR, vicaire général du diocèse de Vannes, chantre et chanoine de la Sainte-Chapelle de Vincennes, devint en 1786 abbé du Tronchet et en prit possession le 17 juillet ; il conserva ce bénéfice jusqu'au moment de la Révolution.

La famille Jourdain, originaire des environs de Valognes, porte : d'azur, à la massue posée en bande d'or chargée d'une aigle du champ.

Voir aussi   Abbaye du Tronchet " L'abbaye du Tronchet et ses possessions en Pleudihen

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