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CATALOGUE DES EVEQUES D'ALETH et SAINT-MALO

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évêché de Dol

Informations non exhaustives sur les évêques du diocèse d'Aleth et de Saint-Malo (de 480 à 1790).

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évêché de Bretagne : évêché de Dol

 

Evêques D'ALETH et de SAINT-MALO

I. — SAINT MALO naquit en Grande-Bretagne, vraisemblablement de Gwent, comte de Castel-Gwent, et de Derwele. On a dit qu'il se trouvait cousin germain de saint Samson et de saint Magloire, qu'il était né à Raux, en Armorique, et qu'il avait profité dans l'île de Césambre des instructions d'un saint prêtre nommé Festivus ; mais rien ne prouve ces assertions. Il paraît, au contraire, certain qu'il naquit le jour de Pâques, et qu'il fut élevé dans le monastère de Lancarvan, en Cambrie, par saint Brandan, qui l'avait baptisé. Honoré du caractère épiscopal, Malo exerça d'abord ses fonctions d'évêque à Castel-Gwent, aujourd'hui Chepstow, dans le Monmouthshire ; il passa ensuite en Armorique, sur un avertissement du ciel, et débarqua vers 575-580 sur un rocher situé en face d'Aleth et habité par saint Aaron, qui s'y trouvait à la tête d'un monastère. Après quelques années passées dans cette pieuse solitude, Malo entreprit et accomplit la conversion des habitants de la ville d'Aleth et du pays d'alentour, de 580 à 585 environ. Il y établit le monastère de Lan-Aleth, entretint celui du rocher d'Aaron lorsque le saint de ce nom fut mort, et fut nommé évêque d'Aleth par Judaël, roi de Domnonée. Nous ne pouvons songer à raconter le glorieux épiscopat de saint Malo, qu'on trouve retracé dans toutes nos Vies des Saints de Bretagne ; disons seulement qu'il eut à souffrir de l'ingratitude de son peuple : les Aléthiens le persécutèrent au point de l'obliger à quitter l'Armorique ; il se réfugia en Saintonge, où saint Léonce, évêque de Saintes, l'accueillit avec empressement. Après avoir pardonné à ses enfants rebelles, saint Malo mourut en cet exil, au bourg d'Archingeay (canton de Saint-Savinien, département de Charente-Inférieure), le 16 novembre 627. Il fut solennellement enterré à Saintes par saint Léonce, qui, témoin des miracles accomplis par son intercession, éleva sur son tombeau une belle église à sa mémoire. Les reliques de saint Malo ne furent apportées en Bretagne que du temps de Bili, évêque d'Aleth ; celui-ci les déposa partie dans sa cathédrale Saint-Pierre, partie dans l'église de l'île d'Aaron. Le diocèse de Saint-Malo faisait encore au XVIIIème siècle la solennité de cette translation, le deuxième dimanche de juillet. Salvator, évêque d'Aleth, emporta à Paris les restes de son saint prédécesseur, au commencement du Xème siècle, pour les préserver des invasions sacrilèges des Normands. Une notable portion du saint corps resta dans la capitale jusqu'à la Révolution, le reste fut rapporté à Saint-Malo, et l'on avait coutume au moyen-âge de le porter en procession dans cette ville pour obtenir de Dieu un temps favorable. 

II. — SAINT GURVAL. Le successeur de saint Malo sur le siège épiscopal d'Aleth fut Gurval, qui semble être le même que saint Gudwal ou Goual : il naquit en Grande-Bretagne, fut élevé par saint Brandan, et devint d'abord abbé du monastère fondé par ce dernier. A la mort de saint Malo, saint Gurval passa en Armorique et fut sacré évêque d'Aleth. Mais il se démit au bout de seize mois, dit-on, pour aller vivre solitaire dans les bois du Poutrecoêt, au lieu où s'éleva depuis le bourg de Guer, qu'il quitta ensuite pour se retirer beaucoup plus au Sud, sur la côte du Browerech, dans une île de la lagune d'Etel qui prit de lui le nom de Loc-Goual (ermitage de Goual), aujourd'hui Locoal (canton de Belz, département du Morbihan – M. de la Borderie, Annuaire de Bretagne, 1862). Après avoir créé en ce lieu un monastère qui ne renferma pas moins de cent quatre-vingt-huit religieux placés sous sa direction, saint Gurval, soupirant toujours après une vie cachée, s'enfonça dans le continent et s'établit dans la forêt de Camors, où il fonda un nouveau couvent appelé Locoal-des-Bois ; c'est dans cette dernière retraite qu'il mourut vers le milieu du VIIème siècle, encore peu avancé en âge, mais plein de mérites devant le Seigneur. Son corps, transféré et inhumé dans l'île de Locoal, fut porté en Belgique, à la fin du IXème siècle, par les moines bretons que chassèrent les Normands ; il fut déposé honorablement dans l'église de l'abbaye de Blandin, près de Gand ; c'est de là qu'une partie de ces précieux ossements fut plus tard rapportée en Bretagne. 

On montre encore dans la ferme de la Grande-Abbaye, à peu de distance de Guer, une construction romane très-antique, appelée la Chambre de saint Gurval, et qui semble avoir été l'ermitage du bienheureux évêque, car, de l'avis d'archéologues distingués, elle peut fort bien remonter au VIIème siècle (V. M. Rosenzweig, Bulletin de la Société polymatique du Morbihan). 

Une découverte plus intéressante encore vient d'être faite : en 1878, M. le recteur de Locoal a retrouvé le tombeau de notre saint évêque au milieu de son église paroissiale ; c'est une construction rectangulaire enfouie sous le choeur et restée vide depuis la fuite des moines du IXème siècle ; en 1666, on avait élevé au-dessus un petit monument qui n'existe plus (Bulletin de la Société polymatique du Morbihan, 1879, P. 249). 

III. — SAINT COALFINIT vel COLAFIN ne nous est connu que par la légende de saint Gurval. Le P. Le Large prétend qu'il était venu de Grande-Bretagne avec ce saint évêque ; la légende ajoute que ce dernier l'avait fait son archidiacre et qu'il le désigna pour le remplacer sur le siège épiscopal d'Aleth lorsqu'il se retira lui-même dans sa solitude de Guer . 

IV. — SAINT ARMEL. Ce bienheureux, — qu'il ne faut pas confondre avec le saint abbé de même nom honoré à Ploërmel et à Saint-Armel-des-Boschaux, — figure dans tous les catalogues d'évêques d'Aleth ; mais on ne connaît rien de sa vie, et il ne paraît pas avoir été plus honoré en Bretagne que son prédécesseur, dont le culte est demeuré également inconnu parmi nous. 

V. — SAINT ENOGAT. On a cru, mais sans preuves, paraît-il, que ce saint naquit à Winchester, en Grande-Bretagne, et qu'il vécut d'abord dans le monastère de l'île d'Aaron. Nommé évêque d'Aleth, il mourut dans cette ville le 13 janvier, d'autres disent le 13 février, mais nous ne savons pas en quelle année. Il est honoré dans le diocèse, et particulièrement dans la paroisse voisine de Saint-Malo qui porte son nom (L'abbé Manet, Catalogue des Evêques de St Malo). 

VI. — SAINT MAELMON. La Vie ancienne de saint Judicaël, roi de Domnonée, nous fait connaître cet évêque d'Aleth, qui semble avoir eu de fréquents rapports avec ce prince depuis sa retraite au monastère de Saint-Méen de Gaël. Maëlmon fonda un hospice appelé de son nom, Xenodochium Maelmonis, dans un lieu dit Talrédau, qui devait être voisin de l'abbaye de Saint-Méen. D'après le temps où vivait Judicaël, on doit placer l'épiscopat de Maëlmon vers 650. 

« Depuis lors jusqu'au IXème siècle, dit M. de la Borderie (Annuaire de Bretagne, 1862, p. 166), nous ne trouvons plus un seul nom d'évêque d'Aleth digne d'être pris au sérieux. Car ceux qu'on lit dans Albert Le Grand ou dans quelques catalogues plus anciens n'offrent aucun caractère d'authenticité ». Nous allons cependant faire connaître brièvement, à titre tout au moins de curiosité, cette liste d'évêques d'Aleth composée par le P. Albert et adoptée en partie par le P. Le Large et D. Morice : SAINT GODEFROI, qu'on prétend être le même que saint Ciférien, dont le corps fut porté à Paris par Salvator, évêque d'Aletb, en 965 ; il mourut en 656, d'après le Père Le Large. — OEDMAL, — HAMON Ier, qui pourrait bien être le même que Maëlmon ; —  NOEDI, — RITWAL, — TUTAMEN, sur la pierre tombale duquel furent gravées, assure l'abbé Manet, ces paroles d'un grand sens : EXEMPLO TIBI FIT, SI SAPIS ; ET PRESENTIBUS NECTE FUTURA, UT PLUS MELIUSQUE VIVAS. RAVILI, — BILI reçut à Aleth le corps de saint Malo, apporté de Saintes, et composa, dit-on, la Vie de ce pontife, éditée par D. Morice dans ses Preuves de l'Histoire de Bretagne. — MÉEN, - ÉBON, - GUIBON vel GUIBERT, sur la tombe duquel on grava, d'après l'abbé Manet, ces deux vers : QUID GENERIS, QUID OPUM, QUID MUNDI GLORIA VANA ? DAT PIA VOTA FIDES ! FACTO DE PULVERE PULVIS. HAMON II, — GAULTIER, qu'on dit avoir été chancelier de Bretagne, et dont l'abbé Manet prétend encore avoir retrouvé cette épitaphe de style tout moderne : - MEMORIÆ ÆTERNÆ - REV. IN Xto PATRIS D. D. GUALTERII ALETH. EPI. - QUI, DUM VIXIT, NEGOTIIS PLANE ARDUIS PUBLICISQUE - NAVATUS OPERAM - DIEM EXTREMUM CLAUSIT SUMMIS ET IMIS - PERINDE GRATUS. - CUJUS ANIMA REQUIESCAT IN PACE. AMEN. CADOCANAN, - RIVALLON, - JUDICAEL, - REGINALD, - MENFENIC, - BUDIC vel BENOIT, — DOCMAEL. On ne sait rien de certain sur tous ces pontifes, dont l'existence semble très-problématique.

VII. — HÉLOCAR était évêque d'Aleth et abbé de Saint-Méen en 799, époque à laquelle il obtint de Charlemagne, devenu maître de la Bretagne, un diplôme pour le rétablissement des églises de Saint-Méen de Gaël et de Saint-Malo-de-l'lle, qui avaient été pillées et brûlées par les soldats de cet empereur. Cette charte, accordant aussi le droit d'immunité aux possessions des évêques d'Aleth, fut confirmée en faveur du même Hélocar, en 816, par Louis-le-Débonnaire (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 3 et 225).   

VIII. ERMOR. Il est fait mention dans le Cartulaire de Redon de cet évêque, en 833 et 834. La qualité de mactiern (chef de paroisse bretonne), qui lui est donnée dans une de ces chartes, prouve qu'il appartenait à une famille noble de la contrée. 

IX. — JARNWALT était évêque d'Aleth en 835, 836 et 837. 

X. — MAHEN vel MAIN, successeur du précédent, vivait de 840 à 846. 

XI. RETHWALART prend le titre d'évêque du Poutrecoët, comme avaient fait ses prédécesseurs, et figure dans plusieurs chartes du Cartulaire de Redon de 857 à 867. 

XII. — RATUILI remplaça Rethwalart vers 867 ; il était, dit-on, archidiacre d'Aleth avant cette époque ; sacré pontife, il fut le premier à prendre le titre d'évêque de Saint-Malo, « episcopus super episcopatum Sancti Machuti », mais il n'en continua pas moins d'être appelé souvent évêque d'Aleth, « episcopus Alethensis, — episcopus in Aletha civitate ». Ratuili semble avoir joui de la confiance du roi Salomon, et il souscrivit à la fondation du monastère de Maxent faite par ce prince en faveur de saint Convoyon ; son nom apparaît plusieurs fois dans les chartes de Redon de 867 à 872 (Cartulaire de Redon, p. 6, 89, 94, 139 ; - 256 et 272 ; - 21, 30, 41, 134, 150, 159 ; - 39, 83, 172, 192, 199, 207). Nous ne savons point quel fut le successeur de Ratuili. 

XIII. — SALVATOR, évêque d'Aleth, se présente seulement au milieu du Xème siècle. A cette époque, la Bretagne était en proie aux invasions sauvages des Normands, qui détruisaient tout sur leur passage. Voulant éviter la fureur de ces barbares, Salvator transporta les saintes reliques de son église, notamment le corps de saint Malo, au monastère de Léhon, près de Dinan ; mais bientôt, ne les y croyant plus en sûreté, il résolut de porter à Paris ses trésors sacrés, et il s'y rendit vers 965. Après les avoir déposés dans l'église de Saint-Barthélemy, Salvator ne voulut plus revenir à Aleth ; il mourut à Paris vers l'an 990, et y fut inhumé dans l'église du monastère de Saint-Magloire hors les murs. 

XIV. — ROUAUD vel RAOUL Ier, souscrivit en 990 à une donation faite au Mont Saint-Michel, en 1008 au rétablissement de l'abbaye de Saint-Méen par la duchesse Havoise, et, vers 1020, à une charte en faveur du prieuré de Livré (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 351, 359, 382). 

XV. HAMON fut témoin dans l'acte de fondation de l'abbaye de Saint-Georges de Rennes, vers 1028. M. Hauréau dit que le pape Léon IX déposa en 1049 ce prélat pour cause de simonie, et qu'Hamon mourut en 1058 (Gallia Christiana, 998).

XVI. — MARTIN assista à la dédicace de l'église de Cormeri faite par l'archevêque de Tours en 1054, et au Concile tenu à Châlons en 1056. 

XVII. — RENAUD vel REGNAUD est ce prélat qui prit une fois le titre d'évêque de Saint-Malo-de-Beignon, tout en se qualifiant ailleurs évêque d'Aleth ou évêque de Saint-Malo. Nous avons dit précédemment ce que nous pensions de l'évêché de Beignon et du prétendu schisme de l'Eglise de Saint-Malo, nous n'y reviendrons pas. Le nom de Renaud figure dans les actes du procès entre Redon et Marmoutiers au sujet du prieuré de Béré, vers 1062, et dans l'acte de donation du territoire de Goven à Redon faite dans le même temps par le seigneur de Lohéac. Il mourut en 1081 d'après les Chroniques de Nantes et de Rhuis, et le 17 novembre suivant l'Obituaire du Mont Saint-Michel (Cartulaire de Redon, 383, 234 – Gallia Christiana, XIV, 999). 

XVIII. — DANIEL Ier souscrivit à la fondation du prieuré de Combourg à une époque qui n'est pas très  précise ; la Chronique de Rhuis mentionne sa mort en 1085 dans les mêmes termes qu'elle avait marqué celle de son prédécesseur, ce qui prouve encore que ces deux évêques avaient occupé le même siège d'Aleth (« MLXXXI. Moritur Rainaldus Sancti Machuti – MLXXXV. Daniel episcopus S. Machuti moritur ». D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 151). 

XIX. — JUDICAEL, surnommé BENOIT, était frère de Geffroy, archevêque de Rouen, et de Guyomar, chevalier, et appartenait à une famille illustre ; il souscrivit à une donation du duc Alain au prieuré de Livré en 1089, et à divers dons faits à l'abbaye de Redon en 1092 et 1101. Il pardonna en 1098 à Guégon le vicaire s'excusant des torts qu'il avait eus envers l'Eglise d'Aleth. Il donna aussi à Marmoutiers les églises de Saint-Malo-de-l'Ile et de Saint-Malo de Dinan, souscrivit à la confirmation faite par Marbode des biens de l'abbaye de Saint-Serge au diocèse de Rennes (1108), s'occupa du procès de Béré en 1109, confirma l'abbaye de Marmoutiers dans la possession d'une partie de l'église de Josselin en 1110, et se retira l'année suivante dans l'abbaye de Saint-Nicolas d'Angers, aux moines de laquelle il donna, dit M. Hauréau, l'église Saint-Pierre de Dinan (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 5, 516, etc.). 

La mort de cet évêque est relatée dans les Chroniques de Bretagne et de Rhuis en ces termes : « MCXI. Obiit Benedictus Alethensis episcopus. — MCXII. Alethensium episcopus Judicael moritur » (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 5, 151). La date semble indiquer deux personnages différents, quoiqu'il soit facile de comprendre que le prélat a pu mourir à une époque assez voisine de la transition de l'an 1111 à l'an 1112, pour que les deux chroniqueurs aient varié dans leurs relations. Mais le même titre d'évêque d'Aleth qu'ils portent l'un et l'autre prouve bien qu'il n'y a là qu'un seul et même prélat, tenant de sa famille un nom breton, Judicaël, et ayant adopté en outre un nom latin, Benedictus, que nous traduisons par Benoît. Impossible de comprendre autrement l'histoire du diocèse de Saint-Malo à cette époque. Le prétendu schisme, que nous avons déjà réfuté, n'expliquerait rien, puisque pendant plus de vingt ans nous trouvons ces deux noms, Judicaël et Benoît, accompagnés indifféremment l'un et l'autre, tantôt de la qualification d'évêque d'Aleth, tantôt de celle d'évêque de Saint-Malo (Note : En 1101 : « Cum episcopo S. Maclovii Judichael, — Judichaele episcopatum S. Maclovii obtinente ». — En 1105 : « Signum Judicaelis Aletensis episcopi ». — En 1108 : « Ep. Judicalis Aletensis ». — En 1109 : « Judicalis Aletensis ep. » — (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 422, 505, 507, 509, 516) — En 1090 : « Benedictus Aletensis ecclesiœ pontif ». — En 1092 : « Benedicto Sancti Maclovii episcopo ». — En 1110 : « Benedicto Aletensium pontifice » (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 480, 492, 512, 521). Si le diocèse eût été divisé, chaque prélat se présenterait toujours avec son titre particulier. 

Gaignières nous a conservé le sceau de cet évêque en 1110 ; il est de forme ogivale et représente le pontife assis, la tête nue, tenant d'une main la crosse tournée en dedans et bénissant de l'autre ; la légende porte : + BENEDICTUS ALETENSIS EPISCOPUS (Bibliothèque Nationale ms. lat. n° 17027). 

XX. — RIVALLON, archidiacre de Lohéac ou de Porhoët [Note : Judicaël et Benoît sont tellement bien les noms d'un seul et même évêque, que nous trouvons ce Rivallon appelé en 1101 archidiacre de Judicaël, et en 1108 archidiacre de Benoît (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 505 et 514)], devint évêque d'Aleth et fut sacré en 1112 par l'archevêque de Tours ; il fut l'ami de Marbode, évêque de Rennes, qui fait de lui le plus grand éloge et prétend même que le nouveau pontife avait été élevé dans une Cour royale, probablement en celle d'Angleterre. Rivallon prit part à un accord entre l'abbaye de Marmoutiers et les vicomtes de Porhoët, en 1116 ; plus tard, il administra les derniers sacrements à Geffroy, vicomte de Porhoët, en 1118. La Chronique bretonne met sa mort en 1116 ; mais c'est une erreur, comme l'on voit (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 531, 534, 539, 233). 

XXI. — DANIEL II, d'abord Bénédictin à l'abbaye de Redon, ne nous est connu comme évêque que par une information faite par l'archevêque de Tours des prétentions de l'Eglise de Dol. Deux témoins affirmèrent dans cette circonstance qu'ils avaient vu Daniel, évêque de Saint-Malo, reconnaître la suprématie de Baldric se disant archevêque de Dol. La mort de Daniel arriva, selon D. Martène, le 23 juin 1120 (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, 740, 743. – D. Morice dit que Daniel était évêque de Saint-Malo pendant que Rivallon l'était d'Aleth, et il en donne pour seule preuve le nom de Daniel figurant dans une charte de l'abbaye de Paimpont en 1114. Mais l'abbaye de Paimpont ne fut fonde qu'en 1211 ; il y a donc erreur dans cette assertion. Heureusement pour nous que le schisme prétendu par le P. Le Large finit, de son propre aveu, avec Daniel). 

XXII. — DONOALD, Breton d'origine et d'une famille distinguée, dit l'abbé Manet, puisque Jean de Dol était son neveu, fut d'abord Bénédictin au Mont Saint-Michel, d'où il fut tiré en 1116 pour être mis à la tête de l'abbaye de Saint-Melaine. Nommé évêque d'Aleth, il alla se faire sacrer à Tours par l'archevêque de cette ville en 1120. Cette même donna l'église de Notre-Dame de Combourg aux moines de Marmoutiers, qu'il affectionna beaucoup durant toute sa vie, et chez lesquels il aimait à se retirer parfois ; il leur donna aussi en 1122 l'église d'Iffendic, et en 1123 la moitié de celle de Corseul. Il n'oublia pas non plus son ancienne abbaye de Saint-Melaine : il lui rendit l'église de Plélan en 1123 et confirma toutes ses possessions dans le diocèse d'Aleth. Enfin, il assista à la réconciliation de l'église de Redon en 1127, au Concile de Rheims (Reims) en 1132, et à la translation des reliques de saint Julien du Mans en 1137. Donoald mourut en 1143 d'après la Chronique de Bretagne, le 19 août suivant l'Obituaire du Mont Saint-Michel. Le sceau de cet évêque, en 1123, est ogival et le représente debout, la tête nue, tenant d'une main sa crosse tournée en dedans et bénissant de l'autre ; la légende porte : + SIGILLU. DONOALDI ALETENSIS EPISCOPI (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 103, 542, 545, 551, 552, 557, 561, 562, 564, 566, 567, 740 – Bibliothèque Nationale, ms. lat. n° 17027). 

XXIII. — SAINT JEAN–DE–LA–GRILLE (nota : on croit qu'il s'appelait Jean de Châtillon, du nom de la localité qui l'avait vu naître, mais après sa mort on le nomma Jean-de-la-Grille, à cause des grilles de fer qui entouraient son tombeau) était chanoine régulier de l'abbaye de Bourgmoyen dans la ville de Blois lorsqu'il fut fait premier abbé de Sainte-Croix de Guingamp, vers 1130. Nommé évêque d'Aleth en 1144, Jean se rendit à Rome pour y recevoir la consécration. A son retour en Bretagne, il transféra son siège épiscopal dans l'île de Saint-Malo, où les habitants d'Aleth commençaient à s'établir. Il lui fallut pour cela surmonter de grandes difficultés, comme nous l'avons précédemment raconté. Après avoir terminé cette affaire, en 1152, le saint évêque s'appliqua à la réformation de son diocèse et mit des chanoines réguliers dans son Chapitre, ce qu'approuva le pape Adrien IV en 1157. Jean avait consacré l'année précédente l'église abbatiale de Saint-Jacques de Montfort ; l'année suivante année (1158) il assista à la consécration de Saint-Julien du Mans, et il souscrivit en 1162 au Concile de Montpellier. Il mourut en 1163 suivant la Chronique bretonne, qui parle de lui en ces termes élogieux : « MLXIII Obiit Joannes Aletensis episcopus, vir mirœ scientiœ et rigidœ justitiœ, qui Alethensem cathedram in Macloviensem transtulit, seque Macloviensem denuo vocari prœcepit » (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 6).  « On l'inhuma, dit l'abbé Manet, avec tous les insignes de sa dignité, dans un cercueil de pierre à un seul corps, recouvert d'une autre pierre creuse, placé au-dedans du sanctuaire (dans la cathédrale de Saint-Malo, qu'il avait, dit-on, en partie reconstruite), sous l'arcade la plus voisine du maître-autel, du côté de l'évangile, et l'on environna sa tombe d'un grillage en fer » (Note : L'abbé Manet, Vie de saint Jean-de-la-Grille, 70. — Le 15 octobre 1784, Mgr des Laurents, évêque de Saint-Malo, fit ouvrir le tombeau de ce bienheureux : « On leva la grille et la pierre qui couvrait le cercueil ; ce cercueil était d'une seule pierre de grain …., on y trouva les saints ossements enveloppés en entier des vêtements épiscopaux.., le squelette, dont la tête était couverte d'une étoffe dorée, avait encore ses pantoufles aux pieds, son anneau au doigt, et auprès de lui des morceaux de bois façonnés au tour en forme de bâton pastoral » (Registre paroissial de Saint-Malo). Ce monument n'existe plus, mais les reliques qu'il renfermait ont été placées en 1839 sous l'autel principal de l'église de Saint-Malo. Ce fut en 1517 que le pape Léon X autorisa le diocèse de Saint-Malo à célébrer le 1er février la fête de saint Jean-de-la-Grille, dont le tombeau était depuis plusieurs siècles un objet de vénération. 

XXIV. — ALBERT, prieur ou doyen du Chapitre de Saint-Malo, fut élu évêque et alla se faire sacrer par Josse, archevêque de Tours, en 1163. Il donna à Marmoutiers l'église Notre-Dame de Bécherel en 1164, et mit d'accord les moines du Mont Saint-Michel et le recteur de Saint-Méloir en 1166. Il fut également arbitre en 1178 entre les abbés du Mont Saint-Michel et de la Luzerne en Normandie, et, deux ans plus tard, réconcilia l'abbé de Montfort et les religieuses de Thélouet. Son nom paraît encore dans plusieurs autres chartes de l'époque, qu'il serait trop long de mentionner ici. Les Chroniques varient sur l'époque de sa mort, qui arriva probablement le 3 ou le 5 juillet 1184, mais toutes font l'éloge de ce prélat. « Obiit Albertus Macloviensis episcopus, vir moribus et honestate prœclarus », dit la Chronique de Paimpont. — « Obiit venerabilis vir Albertus Aletensis episcopus », dit celle du Mont Saint-Michel. — Enfin, Sigebert ne parle pas autrement : « Obiit, dit-il, venerabilis vir Albertus episcopus Aletensis quem moderni de Sancto Maclovio vocant »

Le sceau d'Albert, en 1163, est ogival et le représente assis, mitre en tête, tenant sa crosse tournée en dehors et bénissant ; la légende porte ces mots : + SIGILLUM ALBERTI MACLOVIEN. EPISCOPI. — Un autre sceau le représente de même assis et bénissant, mitré, mais ayant la crosse tournée en dedans, avec cette légende : + SIGILLUM ALBERTI DEI GRA. EPISCOPI MACLOVIEN (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 136, 153, 663, 667, 882 – Bibliothèque Nationale ms. lat. 17027). 

XXV. — PIERRE GIRAUD, chanoine de Rennes, fut élu évêque de Saint-Malo en 1184 et sacré l'année suivante. Cet évêque s'occupa avec zèle des intérêts de son diocèse, dans lequel il favorisa les religieux de Saint-Melaine et de Marmoutiers ; il ne négligea point aussi les intérêts temporels de Saint-Malo et obtint, en 1197 de la duchesse Constance la permission d'y établir un marché le vendredi de chaque semaine. Plein de ferveur apostolique, et prenant lui-même le titre de serviteur de la croix du Christ, « servus crucis Christi », il se rendit en Languedoc en 1216, dit Du Paz, pour travailler à la conversion des Albigeois, dont l'hérésie faisait alors grand bruit. On ne sait pas au juste s'il en revint, mais il mourut le 11 septembre 1218, d'après le Nécrologe de Saint-Pierre de Rennes (« SEPTEMBER, III Id. Obiit Petrus Giraudi canonicus in primo, postea fuit Macloviensis episcopus, anno gracie M° CC° XVIII°. Ad cujus anniversarium faciendum natemus XX s. super cameram lapideam thesaurarii cujus solum magister Adam archidiaconus emit et edificium construxit dum erat thesaurarius, qui ibidem predictos XX s. assignavit distribuendos sic : canonici XV s., et clerici et capellani et tintinab. et luminaria alt. V s. »). 

Le sceau de Pierre Giraud, en 1187, est ogival et le représente assis, ayant en tête la mitre avec ses fanons flottants, tenant d'une main sa crosse en dedans et bénissant de l'autre ; la légende est : + SIGILLUM PETRI MACLOVIENSIS EPISCOPI (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 709, etc. – Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17027). 

XXVI. — RAOUL, archidiacre de Porhoët, fut élu évêque de Saint-Malo en 1218. Il régla avec son Chapitre diverses questions litigieuses en 1219, et assista en 1225 à la dédicace de l'église abbatiale de Villeneuve. Un acte de l'abbaye de la Vieuville, daté de 1226, nous apprend que ce prélat prit la croix contre les Albigeois, à l'exemple de son prédécesseur, et qu'il confirma avant son départ tous les biens de ce monastère. Il mourut le 8 octobre 1230, suivant la Chronique bretonne et l'Obituaire de Montfort. 

Le sceau de Raoul, en 1222, est ogival et représente cet évêque assis, mitré, tenant sa crosse tournée en dedans et bénissant ; la légende porte : + SIGILLUM RADULFI MACLOVIEN EPISCOPI. Le contre-sceau, de forme ronde, offre un buste d'évêque, la mitre en tête, ayant sa crosse tournée en dedans et bénissant, avec ces mots : + GRA. DEI SUM QUOD SUM. (Hauréau, Gallia Christiana, XIV, 1004 – Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17027). 

XXVII. — GEOFFROY succéda immédiatement, semble-t-il, à l'évêque précédent, car il n'existe aucun acte du pontificat d'un certain Pierre qu'Ogée place pendant un an sur le siège de Saint-Malo. Geoffroy, dès 1231, transigea en qualité d'évêque de Saint-Malo pour les dîmes de la paroisse de Broons. Ce prélat eut beaucoup à souffrir de la part du duc Pierre Mauclerc, qui occupa militairement la ville de Saint-Malo, en pilla les églises et força Geoffroy à s'exiler. Il se réfugia en Normandie, et une lettre du pape Grégoire IX, le recommandant à l'évêque d'Orléans, nous fait connaître la pénurie où il se trouvait en 1234. Les Annales du Mont Saint-Michel nous apprennent que Geoffroy avait pu rentrer en Bretagne deux ans plus tard ; nous l'y voyons, en effet, confirmer en 1236 les donations faites à l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois et paraître dans plusieurs autres occasions. En 1152, il fonda l'hôpital de Saint-Malo. Ses vertus et ses bienfaits n'empêchèrent pas le duc Jean Ier, successeur de Pierre Mauclerc, de le poursuivre, à l'exemple de son père. Geoffroy quitta de nouveau Saint-Malo et se dirigea cette fois, en 1254, vers Rome, où, lassé de tant de persécutions, il offrit au Pape sa démission, qui fut acceptée ; toutefois, le Souverain-Pontife voulut le faire abbé de Marmoutiers pour lui témoigner son estime, et nomma à sa place évêque de Saint-Malo Geffroy, abbé de Marmoutiers ; mais ce projet de permutation n'eut pas de suite ; l'abbé de Marmoutiers resta dans son monastère, et Geoffroy mourut sans siège en 1259, le 17 septembre, d'après l'Obituaire de Paimpont. Olivier de Pontual, dit D. Morice, fonde un anniversaire pour ce prélat et donna pour cela au Chapitre les dîmes de Saint-Briac ; ce qui semble indiquer que Geoffroy appartenait à la famille des seigneurs de Pontual, portant pour armes : de sinople au pont de trois arches d'argent, trois canes de même, membrées et becquées de sable, passant sur le pont

Le sceau de Geoffroy, en 1251, de forme ogivale, représente cet évêque assis, la mitre en tête, tenant d'une main sa crosse tournée en dedans et bénissant de l'autre ; la légende porte : S. GAUFRIDI. DEI. GRA. MACLOVIENSIS. EPISCOPI. Le contre-sceau est rond et offre un évêque, vu à mi-corps et de face, mitré, ayant sa crosse tournée en dedans et bénissant, avec ces mots : + GRA. DEI SUM ID QUOD SUM (Hauréau, Gallia Christiana, XIV, 1004 – Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17027). 

XXVIII. — NICOLAS DE FLAC, chanoine du Mans et archidiacre de l'Eglise de Rouen, suivant D. Morice, devint évêque de Saint-Malo après la résignation du précédent. Nous le voyons, en 1259, visiter le prieuré de Saint-Méloir-des-Ondes, et, l'année suivante, écrire une, lettre-circulaire à tous les évêques de Bretagne pour les engager à former une ligue contre les empiètements impies du duc de Bretagne. Ce prélat mourut le 11 octobre 1262 d'après l'Obituaire de Paimpont et le Martyrologe de l'Eglise du Mans, dans laquelle il avait fondé un anniversaire signalé en ces termes : « V Id. Octobris obiit mag. Nicolaus de Flac, episcopus S. Maclovii de lnsula, qui, primo hujus ecclesiœ canonicus, dedit quadraginta libras turonenses, ut de illis emerentur reditus ad suum anniversarium in ista ecclesia annis singulis celebrandum » (Hauréau, Gallia christiana, XIV, 1005). 

XXIX — SIMON DE CLICON. Après la mort de Nicolas de Flac, le Chapitre de Saint-Malo se divisa et nomma en même temps pour le remplacer Philippe de Bouchalampe, abbé de Clairvaux, et Simon de Cliçon, prieur des Dominicains de Paris. L'amour de la paix engagea les deux élus à se démettre de leurs droits entre les mains du pape Urbain IV, et ce dernier nomma Philippe de Bouchalampe évêque de Saint-Malo, le 18 octobre 1263. Mais ce pieux abbé n'accepta point l'épiscopat et alla s'excuser à Rome près du Souverain-Pontife, qui lui permit de retourner dans sa solitude de Clairvaux. Après son départ, Urbain IV nomma évêque de Saint-Malo Simon de Cliçon, qui accepta et fut sacré par l'archevêque de Tours à la fin de juin 1264. Il mit d'accord en 1267 l'abbé de Paimpont et Eudon de Montfort, et l'année suivante l'abbé du Mont Saint-Michel et le Chapitre de Dol. Ce prélat mourut le 3 février 1285 et fut inhumé dans le choeur de l'église des Dominicains de Dinan, où l'on voyait encore « son image gravée sur une tombe de pierre » du temps du P. Le Large (Histoire ms. des Evêques de Saint-Malo – Bibliothèque de Sainte-Geneviève, à Paris). 

XXX. ROBERT DU PONT nous apparaît pour la première fois en 1287 comme évêque de Saint-Malo. En 1290, il approuva une fondation faite à Paimpont, et l'année suivante il assista à l'élection de Regnaud, archevêque de Tours. En 1302 il prit part à l'assemblée des évêques que le roi de France avait réunis au sujet de ses démêlés avec Boniface VIII, et il adhéra à la sentence portée contre ce Souverain-Pontife ; pour l'en récompenser, le roi lui accorda quelques immunités cléricales en 1304. Cependant, dit l'abbé Manet, le pape Clément V chargea l'évêque de Saint-Malo, en 1308, d'informer juridiquement dans toute l'étendue de son diocèse des erreurs et des crimes qu'on attribuait aux Templiers. Robert du Pont vivait encore en 1309 d'après le chartrier des sires de Montfort ; mais le P. Le Large croit qu'il mourut cette année-là même. Albert Le Grand donne à ce pontife les armoiries suivantes : d'or au lion de gueules armé et lampassé d'azur (Callia Christiana, XIV, 1105 – Catalogue des Evêques). 

XXXI. — RAOUL ROUSSELET vel ROUSSELOT appartenait à la famille des seigneurs de Limoëlan, paroisse de Sévignac, qui portaient : d'argent à trois haches de sable posées en pal, 2 et 1. Il était conseiller du roi Philippe-le-Bel, auquel il s'était attaché comme son prédécesseur; on croit qu'il succéda immédiatement à Robert du Pont, en 1310, quoique le P. Le Large nomme à cette époque un évêque de Saint-Malo appelé Pierre, dont aucun acte ne prouve l'existence. Il est du moins certain que Raoul Rousselet était évêque de Saint-Malo en 1312, car à cette date il transigea pour les dîmes de Montauban avec le seigneur du lieu. En 1314, il mit d'accord le Chapitre de Rennes et l'abbaye de Paimpont. Transféré en 1317 à l'évêché de Laon, il devint ainsi pair de France et fut choisi par Philippe V pour l'un de ses exécuteurs testamentaires. Il mourut le 16 octobre 1323. 

Le sceau de Raoul Rousselet est ogival ; on y voit un évêque debout, vu de face, la tête surbaissée de trois quarts à gauche, mitré, crossé, bénissant et accosté de deux croix recroisetées au pied fiché ; de la légende il ne reste que ce fragment : ...CLOVIENSI........... Le contre-sceau, mieux conservé, représente un buste d'évêque, vu de face, accosté de deux croix recroisetées au pied fiché, avec ces mots : + CONTRA SIGILLUM R. EPI. MACLOVIENSIS (D. Morice, Catalogue des Evêques – M. Douët d'Arcq, Collection des Sceaux). 

XXXII. — ALAIN GONTHIER, docteur en théologie et professeur à l'Université de Paris, chanoine de Saint-Quentin et grand-maître du collège de Navarre, fit sa soumission à la Chambre apostolique le 13 juin 1317, en qualité d'évêque élu de Saint-Malo. Il sécularisa son Chapitre en 1319, et fut transféré en 1333 à l'évêché de Cornouailles, dont il était natif, selon D. Morice ; il y mourut en 1335. M. de Courcy nous fait connaître les pièces de son blason sans les émaux : écartelé au 1er et 4ème : une fasce ; au 2ème et 3ème : un sautoir. Le sceau d'Alain Gonthier, en 1322, était ogival et le représentait revêtu de ses ornements pontificaux et agenouillé, les mains jointes aux-pieds de saint Malo placé sous un dais, la mitre en tête, tenant d'une main une crosse tournée en dehors et bénissant de l'autre ; la légende porte : S. ALANI DEI GRA. EPISCOPI MACLOVIENSIS. Le contre-sceau est rond ; l'évêque, toujours avec sa mitre et sa crosse, est agenouillé devant la Sainte Vierge tenant entre ses bras l'Enfant Jésus qui le bénit ; dans le champ on lit ces mots : AVE GRACIA. Autour est la légende : + CONTRA . S. .A. EPI. MACLOVIEN (M. de Courcy, Nobiliaire de Bretagne – Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17027). 

XXXIII. — YVES LE PRÉVOST DU BOIS-BOISSEL appartenait à la famille des seigneurs du Bois-Boissel, prévôts féodés héréditaires de l'évêché de Saint-Brieuc. Il fut d'abord chantre et chanoine de la cathédrale de cette ville ; conseiller du duc Jean III, il accompagna Guy de Bretagne dans son ambassade à Rome, puis fut évêque de Tréguier en 1327, et transféré à l'évêché de Cornouailles en 1330. Il changea une troisième fois de siège et vint à Saint-Malo en 1333, permutant avec Alain Gonthier. Cet évêque fut président aux enquêtes dans la tenue du Parlement de Paris en 1336 ; il transigea avec son Chapitre en 1347, pour deux chapellenies qu'avaient fondées ses prédécesseurs Raoul Rousselet et Alain Gonthier. Il mourut lui-même en 1348, dans les derniers jours d'août. 

Le sceau d'Yves Le Prévost, en 1334, est ogival et le représente mitré, ayant sa crosse tournée en dehors et bénissant. Le contre-sceau est rond et montre un buste d'évêque coiffé de la mitre dont les fanons flottent de chaque côté, tenant d'une main sa crosse et bénissant de l'autre ; au-dessous est un écu portant : une fasce accompagnée de trois molettes, deux en chef, une en pointe, une crosse posée en pal brochant sur le tout (De Courcy, Nobiliaire de Bretagne, Bibliothèque Nationale, ms. lat., n° 17027. — Les légendes de ce sceau n'ont pas été conservées ; l'écusson d'un sceau semblable ne porte pas de fasce dans un autre ms. lat. de la Bibliothèque Nationale, n° 22357). 

XXXIV.GUILLAUME MAHÉ vel MATHIEU appartenait à une famille noble de l'évêché de Rennes, portant pour armoiries trois chevrons. D'abord chanoine de Rennes, il fit sa soumission à la Chambre apostolique en qualité d'évêque de Saint-Malo le 19 novembre 1348, et présida la même année la Chambre des enquêtes de Paris. Guillaume Mahé mourut dès le 20 mars 1349, d'après le Nécrologe de Saint-Pierre de Rennes (« MARTIUS, XIII Kal. Obiit bone memorie dominus Guillelmus Machi episcopus Macloviensis, ad cujus anniversarium habemus quinquaginta solidos super herbregamentum, quod emit de Rochebran in via Sancti Dionysii Redon, de quibus habent clerici tres solidos, et residuum inter canonicos et capellanos qui dicta die pro ipso celebrarent medietatim dividetur »

XXXV. PIERRE BENOIT vel DE GUÉMENÉ. Il est très certain, dit M. Hauréau, que Pierre Benoît, évêque de Saint-Malo, permuta en février 1359 avec Guillaume Poulart, évêque de Rennes, et fut le même personnage que Pierre de Guémené dont parlent les historiens rennais ; d'après cela, conclut-il, le nom de famille de ce prélat semble avoir été Benoît et son lieu d'extraction Guémené. Cet évêque fit sa soumission à la Chambre apostolique le 14 juillet 1349 ; il avait un mérite peu commun, dit l'abbé Manet, car on le préféra à Philippe de Lohéac et à Olivier des Chastelets, qui le surpassaient en noblesse. L'année suivante il tint son synode, dans lequel il publia plusieurs Statuts dont on fait justement l'éloge. Après cette assemblée il se rendit à Paris, où il présida la Chambre des enquêtes, comme avaient fait ses deux prédécesseurs. Pierre Benoît fut transféré à l'évêché de Rennes en 1359 et il y mourut vers la fin de l'année 1363. On lui donne à Rennes pour armoiries : d'argent semé de merlettes d'azur, à un croissant d'or en abîme, et au franc quartier de sable (Gallia christiana, XIV, 1007 – Grandes recherches ms. sur Saint-Malo). 

XXXVI. GUILLAUME POULART, fils de Pierre Poulart, seigneur de Kergoalen, trésorier de la duchesse Jeanne de Penthièvre, et de Constance de Kerraoul, appartenait à une famille bretonne portant : de gueules à une rose d'argent, écartelé de sinople plein (sceau de 1365). D'abord chanoine de Saint-Brieuc, puis évêque de Rennes en 1357, il fut transféré à Saint-Malo et paya ses droits à la Chambre apostolique pour ce dernier évêché le 1er février 1360. Guillaume Poulart eut à souffrir peu après des Malouins, et il lança un interdit sur sa ville épiscopale ; mais pendant une absence qu'il fit en 1362, le Chapitre de Saint-Malo leva cet interdit. Trois ans plus tard, l'évêque, de concert cette fois avec son Chapitre, fit un traité avec le duc de Bretagne pour la levée des droits sur les marchandises dans le port de Saint-Malo. La même année 1365, il assista au Concile provincial d'Angers. Il résigna son évêché en 1374, dit l'abbé Manet, et mourut le 17 septembre 1384, d'après le Nécrologe de Montfort (Note : Hauréau, Gallia christiana, XIV, 1008 et 242. — Ogée place ensuite parmi les évêques de Saint-Malo un Geffroy de Pargaz, qu'il dit avoir fait serment au duc le 4 février 1371 ; or, dit avec raison l'abbé Manet, il nous donne pour évêque un simple laïque de l'évêché de Saint-Malo qui fit, en effet, ce serment, mais en qualité de capitaine de Jugon). 

XXXVII. JOSSELIN DE ROHAN, fils d'Olivier, vicomte de Rohan, et d'Aliette de Rochefort, sa première femme, ou de Jeanne de Léon, sa seconde, d'abord prieur de Saint-Lazare de Montfort et chanoine de Saint-Malo, fut reconnu évêque de cette ville le 7 juillet 1375. Imbu des maximes de quelques-uns de ses prédécesseurs qui, pour le temporel, prétendaient dépendre immédiatement du Saint-Siège, il ne voulut jamais prêter le serment de fidélité au duc de Bretagne. Le roi de France prit alors Josselin de Rohan sous sa protection, mais il ne put empêcher les officiers du duc de saisir le temporel de l'évêché de Saint-Malo, dont le prélat ne recueillit aucun fruit pendant les dernières années de sa vie. Après avoir menacé le duc d'excommunication, Josselin de Rohan finit cependant par conclure un traité de paix avec ce prince, en 1384, à la demande du Pape, qui intervint dans le démêlé. Cet évêque mourut le 21 mars 1388 d'après le Nécrologe de Montfort, et fut enterré dans le choeur de la cathédrale de Saint-Malo, du côté de l'épître. Son tombeau, placé en regard de celui de saint Jean-de-la-Grille, portait cette inscription latine : - QUI FUERAM QUONDAM TITULIS ET NOMINÉ CLARUS - PULVERE NUNC PULVIS HIC PREMOR EXIGUO - LONGO QUISQUIS AMAS CENSERI SANGUINE, LECTOR, - ASPICE QUAM SUBITO DEFLUAT ORBIS HONOS ! - NON NOSTROS OBITUS DOLEAS : SED, CARNE SOLUTI, - CHRISTE, SACERDOTIS DIC MISERERE TUI ! 

Nous n'avons point retrouvé le sceau de Josselin de Rohan, mais il devait porter les armes de son illustre famille : de gueules à neuf macles d'or, 3, 3, 3. [Note : D. Morice, Catalogue des Evêques. — « Le magnifique mausolée de Josselin de Rohan, ajoute l'abbé Manet, fut rasé en 1677 pour mettre le pavé des recherches du choeur de niveau avec celui de l'église ; on y trouva plusieurs grandes lames de cuivre, quelques lampes de verre et quelques urnes lacrymales qu'on y replaça » (Grandes recherches ms.)].

XXXVIII. — ROBERT DE LA MOTTE appartenait à la famille des seigneurs de Bossac et de la Thébaudaye, paroisse de Pipriac ; il devait être fils ou frère d'un autre Robert de la Motte qui jura l'Association bretonne pour empêcher l'invasion étrangère en 1379 et qui portait : de vair au lambel de gueules. Cet évêque fut sacré en 1389 et fit sa soumission à la Chambre apostolique le 8 janvier 1390. S'appuyant sur les mêmes principes que son prédécesseur, Robert de la Motte refusa pendant quelques années de reconnaître le duc de Bretagne pour son souverain, ce qui lui attira la saisie de son temporel. Il finit cependant par se soumettre à ce prince et lui rendit aveu. Il tint plusieurs synodes, dont les principaux furent ceux de 1402 et 1406, et termina un différend élevé entre lui et le seigneur de Montfort au sujet des droits d'usage dans la forêt de Brécilien, en 1416. Il mourut le 5 août 1423 suivant le Nécrologe de Paimpont, où l'on faisait un anniversaire pour lui et pour Amaury de la Motte, son frère, mais il fut inhumé dans la cathédrale de Saint-Malo. 

Le sceau de Robert de la Motte, de forme ogivale, est assez compliqué : sous un double dais gothique se tiennent debout, à côté l'un de l'autre, un évêque revêtu de ses ornements pontificaux et bénissant (saint Malo ?), et un moine tenant un livre à la main (saint Robert ?). Au-dessous d'eux est agenouillé, dans l'attitude de la prière, un évêque, mitre en tête, tenant sa crosse tournée en dehors ; à ses côtés sont deux écussons semblables, portant : de vair au lambel à trois pendants, et accompagnés d'une crosse posée en pal derrière l'écu ; la légende porte : + SIGILLUM ROBERTI DEI GRACIA EPISCOPI MACLOVIENSIS (De Courcy, Nobiliaire de Bretagne – Bibliothèque Nationale, ms., lat., 17027). 

XXXIX. — GUILLAUME DE MONTFORT, fils de Raoul, sire de Montfort et de Gaël, et d'Isabeau de la Roche-Bernard, dame de Lohéac, naquit à Dinan, selon l'abbé Manet, et embrassa de bonne heure l'état ecclésiastique. Devenu protonotaire apostolique et archidiacre de Dinan, il fut élu évêque de Saint-Malo et pourvu par le Pape le 13 octobre 1423. Plus tard, Martin V lui proposa successivement les évêchés de Saint-Brieuc en 1424, et de Dol en 1430 ; mais Guillaume de Montfort préféra rester à Saint-Malo. En 1432 ce prélat prit la route de Rome, et arrivé à Angers reçut, le 11 mars, du pape Eugène IV sa nomination au cardinalat. Il adopta le titre de Sainte-Anastasie et continua son voyage ; mais, arrivé en Italie, il mourut à Sienne, le 27 septembre 1432. Il fut enterré dans l'église des Cordeliers de cette ville avec tous les honneurs dus à sa naissance et à son rang. 

Ce cardinal portait les armoiries de la maison de Montfort : d'argent à la croix de gueules gringolée d'or ; elles se retrouvent sur son sceau en 1427 ; ce sceau est rond et représente un buste d'évêque apparaissant à une fenêtre gothique au-dessus d'un écusson ; la légende n'existe plus (D. Morice, Cartulaire des Evêques – Douët d'Arcq, Collection des Sceaux). 

Ayant appris cette mort, le Chapitre de Saint-Malo élut évêque Guillaume Boutier, abbé de Beaulieu, mais le Pape n'approuva pas cette élection et nomma le suivant. 

XL. — AMAURY DE LA MOTTE, frère du précédent évêque Robert de la Motte, fut d'abord doyen du Chapitre de Saint-Malo, puis évêque de Vannes en 1409. Le pape Eugène IV le recommanda vivement au duc de Bretagne, le 1er novembre 1432, et le transféra en même temps sur le siège de Saint-Malo. Le nouvel évêque malouin tint son synode le 3 juillet 1433, fit son testament le 5 octobre suivant et mourut dès le 6 août 1434. Il avait ordonné qu'on inhumât son corps le plus près possible de son frère ; ses volontés furent exécutées, car il fut déposé dans le même tombeau que Robert de la Motte, dans le choeur de la cathédrale, du côté de l'épître, sous le siège des officiants (Le Large, Histoire ms. des Evêques de Saint-Malo). 

Amaury de la Motte devait porter les armoiries des seigneurs de la Thébaudaye, ses ancêtres : de vair au lambel de gueules. Après sa mort, le Chapitre élut de nouveau Guillaume Boutier évêque de Saint-Malo ; le Pape refusa encore de sanctionner ce choix et nomma le prélat qui suit. 

XLI. — PIERRE PIÉDRU était fils de Guillaume Piédru, bourgeois de Nantes, et de Jeanne Mauléon ; d'abord chanoine de Saint-Malo, de Dol et de Notre-Dame de Nantes, puis chantre de la cathédrale de cette dernière ville et conseiller du duc, il fut nommé à l'évêché de Tréguier en 1430 et député au Concile de Bâle en 1434. A son retour il fut transféré à Saint-Malo, par bulles du 27 août 1435. Pierre Piédru eut quelques différends avec son Chapitre pour la juridiction temporelle dans la ville de Saint-Malo, mais l'abbé de Saint-Jacut les mit d'accord en 1439. Cet évêque souscrivit au Concile d'Angers en 1448, et publia la même année d'excellents Statuts diocésains. Il mourut le 24 novembre 1449. Il portait, selon le P. Le Large, pour armoiries : parti d'or et de sable, au lion passant, coupé de l'un en l'autre (D. Morice, Catalogue des Evêques – L'abbé Manet, Grandes recherches ms.). 

XLII. — JACQUES D'ESPINAY, fils de Robert, seigneur d'Espinay, grand-maître de Bretagne, et de Marguerite de la Courbe, fut d'abord protonotaire apostolique. Nommé le 7 janvier 1450 évêque de Saint-Malo, il ne put prendre possession de ce siège dont il avait reçu les bulles, à cause du mauvais vouloir du duc de Bretagne à son égard ; il se fit toutefois sacrer à Tours et fut transféré par le Pape, le 4 mars de la même année, sur le siège de Rennes. Abreuvé de chagrins, il mourut en prison au mois de janvier 1482 et fut inhumé dans l'église collégiale de Champeaux, d'où son tombeau a disparu. Le sceau de Jacques d'Espinay se composait de l'écusson de sa famille : d'argent au lion coupé de gueules et de sinople, lampassé et couronné d'or, timbré d'une crosse et d'une mitre. 

XLIII. — JEAN L'ESPERVIER était issu d'une famille noble qui possédait Launay, en Chantenay, et le Plessix-Raffray, en Domagné, et qui s'allia avec le célèbre trésorier Landais. Il fit ses études à Nantes et devint d'abord chanoine, puis chefcier de la collégiale de Notre-Dame en cette ville, protonotaire apostolique, conseiller et aumônier du duc ; il fut enfin nommé évêque de Saint-Brieuc en 1439. Transféré à Saint-Malo le 15 juillet 1450, il rendit aveu au duc de Bretagne le 21 septembre 1451. Deux ans après il fut commis par le pape Nicolas V pour faire les informations préliminaires de la canonisation de saint Vincent Ferrier, et, en 1456, il assista à la reconnaissance du corps de ce bienheureux. Le diocèse de Saint-Malo doit à Jean de L'Espervier des Règlements synodaux appréciés à juste titre. Nommé ambassadeur du duc près du Pape en 1459, il reçut de Pie II les titres de référendaire et d'assistant au trône pontifical ; à son retour, il devint premier président de la Chambre des Comptes de Bretagne. Ces grandes dignités et ces nombreux emplois obligèrent l'évêque de Saint-Malo à avoir un coadjuteur en la personne d'Yves Glen, ou Le Blanc, originaire de Malestroit, dit l'abbé Manet, chanoine de Saint-Malo et de Dol, et évêque de Dromore, en Irlande. Jean L'Espervier mourut en 1486. Le P. Le Large dit qu'il portait : d'azur au sautoir engreslé d'or, chargé d'un écusson d'argent au croissant montant de gueules ; cependant Albert Le Grand et M. de Courcy lui donnent, d'après un sceau du temps, un blason un peu différent : d'azur au sautoir engreslé d'or, accompagné de quatre besans de même. Mais on retrouve dans les verrières de l'église Notre-Dame-du-Roncier, à Josselin, l'écusson de cet évêque de Saint-Malo : d'azur au sautoir engreslé d'or, cantonné de quatre besans de même, un écu en abîme, surmonté d'une crosse et d'une mitre (M. André, De la Verrerie et des vitraux peints en Bretagne). 

XLIV. — PIERRE DE LAVAL, fils de Guy XIV, comte de Laval, et d'Isabeau de Bretagne, fut d'abord doyen de l'Eglise d'Angers, puis abbé commendataire des abbayes de Saint-Aubin et de Saint-Nicolas de cette ville. Nommé en 1472 évêque de Saint-Brieuc, il devint, l'année suivante, archevêque de Rheims (Reims), tout en conservant le siège de Saint-Brieuc. Enfin le pape Innocent VIII lui donna également en commende l'évêché de Saint-Malo, pour lequel il rendit aveu au duc le 14 novembre 1486. Comme ce prélat résidait ordinairement à Angers, l'évêque de Dromore continua d'administrer en son nom le diocèse de Saint-Malo. Pierre de Laval possédait aussi les abbayes de Saint-Méen et de Saint-Michel en l'Herm ; il portait, dit M. Geslin de Bourgogne, les armes anciennes de Laval, de gueules au léopard d'or, et non pas les nouvelles de Montmorency-Laval, comme l'a supposé Albert Le Grand. Il mourut à Angers chez sa soeur Jeanne de Laval, reine de Jérusalem, le 14 août 1493. Son corps fut inhumé avec magnificence devant le maître-autel de l'église abbatiale de Saint-Aubin d'Angers, et son coeur fut porté à l'abbaye de Saint-Nicolas de la même ville. Sur son tombeau fut gravée l'épitaphe suivante : HIC JACET R. IN CHRISTO PATER ET DOMINUS D. PETRUS, FILIUS D. GUIDONIS LAVALLENSIS, DEI GRATIA ARCHIEPISCOPUS — DUX REMENSIS PRIMUS PAR FRANCIÆ SEDIS APOSTOLICÆ LEGATUS NATUS, EPISCOPATUSQUE MACLOVIENSIS ET PRÆSENTIS MONASTERII, NEC NON MONASTERIORUM B. NICOLAI PROPE MUROS HUJUS CIVITATIS AC SANCTI MEVENNI DE GADELO, MACLOVIENSIS DICTÆ DIOECESIS, COMMENDATARIUS PERPETUUS, QUI OBIIT 14 MENSIS AUGUSTI, ANNO DOMINI 1493, CUJUS ANIMA IN PACE REQUIESCAT. - Aspice, mortalis gressus qui dirigis istuc, - Proh ! speculum mortis cernis me verminibus escam, - Regia cum fuerim prole, dux, prœsul et abbas, - Octavi Caroli unctor, deque Laval decus omne. - Arrisit ludens mihi sors mea, fragile donum - Quod dedit, hoc rapuit Clotho : nunc pro œdibus urna est. - Lustra decem mensesque duos mea vidit et œtas - Disce mori qui regna petis : mors omnia sternit (D. Morice et Albert Le Grand, Catalogue des Evêques). 

XLV. — GUILLAUME BRIÇONNET, fils de Jean Briçonnet, seigneur de Varennes, trésorier de l'Epargne, et de Jeanne Berthelot, vécut d'abord dans le monde, fut seigneur du Plessix-Rideau, en Touraine, et épousa Raoulette de Beaune, dont il eut plusieurs enfants. Etant devenu veuf, il se fit prêtre, devint chanoine de Saint-Martin de Tours, puis évêque de Nîmes et de Toulon. Le roi l'admit dans ses conseils, le fit surintendant de ses finances et garde des sceaux, et lui donna les abbayes de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Nicolas d'Angers et de Grandmont. Guillaume fut nommé évêque de Saint-Malo le 10 octobre 1493 ; deux ans plus tard, le pape Alexandre VI le fit cardinal du titre de Sainte-Potentienne, le 16 janvier 1495. Robert Briçonnet, son frère, archevêque de Reims, étant venu à mourir sur ces entrefaites, en 1497, Guillaume le remplaça sur ce siège important, tout en conservant celui de Saint-Malo ; mais il quitta Reims en 1507 pour prendre l'archevêché de Narbonne ; il était en même temps évêque en Italie, d'abord d'Albe, puis de Tusculum, et enfin de Préneste. Le cardinal de Saint-Malo (c'est le nom qu'il portait) ayant encouru la disgrâce de Jules II, fut dégradé de la pourpre par ce Pape en 1511, mais Léon X s'empressa de le rétablir dans sa dignité cardinalice en 1513. Le 18 avril de cette même année, il céda l'évêché de Saint-Malo à Denis Briçonnet, son fils ; il avait, en effet, deux enfants évêques, et l'on dit qu'il officiait pontificalement, les ayant pour assistants. Le cardinal Briçonnet mourut le 14 décembre 1514, et ses obsèques se firent avec magnificence dans son église métropolitaine de Narbonne, où l'on voit encore, dans le pourtour du choeur, le superbe tombeau de marbre blanc et noir qu'il s'était fait dresser lui-même peu de temps avant sa mort. 

Le sceau de Guillaume Briçonnet, en 1494, est rond ; il présente un écu placé dans une sorte de trécheur ou quatre-feuilles ornementé et portant ses armoiries : d'azur à la bande componée d'or et de gueules, le premier compon de gueules chargé d'une étoile d'or, une autre étoile d'or occupant le canton senestre ; une crosse est placée en pal derrière l'écu et la légende porte ces mots : + SIGILL. GUILLEMI BRICONNETI EPI. MACLOVIENSIS (D. Morice, Catalogue des Evêques – L'abbé Manet, Grandes recherches ms. - Gaignières, Collection ms., Bibliothèque Nationale). 

XLVI. — DENIS BRIÇONNET, fils de Guillaume Briçonnet, seigneur du Plessix-Rideau, et de Raoulette de Beaune, fut, comme son père, chargé de nombreuses dignités ecclésiastiques. Abbé de Saint-Paul de Cormery, en Touraine, et de Saint-Martin de Rheims (Reims), doyen de Tarascon, grand-archidiacre de Rheims (Reims) et d'Avignon, chanoine de Saint-Malo et prieur de Coussay, en Poitou, il fut nommé évêque de Toulon sur la résignation de son père, en 1512 ; le cardinal lui céda également son évêché de Saint-Malo le 18 août 1513, et Denis fut encore pourvu en 1516 d'une troisième Eglise épiscopale, celle de Lodève. Nommé ambassadeur de France à Rome, il séjourna trois ans dans cette ville ; mais à son retour il se donna tout entier au gouvernement de ses diocèses. Il réunit plusieurs fois le synode de Saint-Malo et fit imprimer en 1518 un rituel très estimé. Ayant obtenu François Bohier, son neveu, pour coadjuteur, en 1534, il se retira dans son abbaye de Cormery, en Touraine, où il passa le reste de ses jours dans toutes les pratiques de la plus austère pénitence. Il y mourut en odeur de sainteté le 15 décembre 1555. Nous n'avons pas le sceau de cet évêque, mais il devait porter les mêmes armoiries que son père (Hauréau, Gallia Christiana – S. Morice, Catalogue des Evêques). 

XLVII. — FRANÇOIS BOHIER, fils de Thomas Bohier, baron de Saint-Cirques, en Auvergne, et seigneur de Chenonceaux, en Touraine, et de Catherine Briçonnet, soeur du précédent évêque, fut d'abord doyen de l'Eglise de Tours, prévôt de Normandie dans l'Eglise de Chartres, abbé de Bernay, conseiller et aumônier ordinaire du roi François Ier. Nommé coadjuteur de Saint-Malo, il succéda à son oncle en  1535, et fut envoyé en Allemagne par le roi en qualité d'ambassadeur. Enfin il assista au colloque de Poissy en 1561, et mourut, dit D. Morice, à Paris au mois de septembre 1569 (note : l'abbé Manet, croit, au contraire, que ce prélat mourut le 29 août 1569 au château de Nazelles, près d'Amboise). Les armoiries de François Bohier, d'or au lion rampant d'azur, au chef de gueules, se retrouvent encore dans les belles verrières de l'église de Beignon, contemporaines de son épiscopat. Le sceau de cet évêque est rond et renferme dans un trécheur un écu portant les mêmes armes et posé devant une crosse placée en pal ; la légende est : SIGILLUM R. D. FRANCISCI BOHIER EPI. MACLOVIESIS. 

XLVIII. — GUILLAUME RUZÉ, fils de Guillaume Ruzé, seigneur de Beaulieu, receveur général des finances en Touraine, et de Marie Testu, appartenait à la même famille que les trois évêques précédents, car il était petit-fils d'autre Guillaume Ruzé, conseiller au Parlement, et de Catherine Briçonnet. Il enseigna d'abord au collège de Navarre, devint conseiller et confesseur des rois Henri II, Charles IX et Henri III, et composa plusieurs ouvrages. Nommé en 1570 évêque de Saint-Malo, il accompagna dans cette ville le roi Charles IX au mois de mai de la même année ; ce fut le seul séjour qu'il fit parmi nous ; il ne se fit point sacrer et se démit deux ans plus tard de son évêché en faveur du suivant, se réservant une pension de 5,000 livres sur les revenus de Saint-Malo. Le roi le nomma ensuite évêque d'Angers, et il mourut le 28 septembre 1587 à Paris, où il fut inhumé en l'église Saint-Paul, dans l'enfeu de sa famille ; son coeur fut apporté à Angers et déposé à la cathédrale de cette ville. 

Guillaume Ruzé portait : de gueules au chevron fascé, ondé d'or (alias d'argent) et d'azur, accompagné de trois lionceaux d'or, deux affrontés en chef et un en pointe (Moreri, Dictionnaire historique – Nobiliaire de Bretagne). 

XLIX. — François THOMÉ, chanoine et trésorier de Rennes, abbé de la Vieuville et prieur de Noyal-sur-Vilaine, appartenait à une famille de l'évêché de Vannes. Il reçut ses bulles d'évêque de Saint-Malo le 16 novembre 1573, prêta serment de fidélité au roi le 3 février 1574, fut sacré à Paris le 28 du même mois, et prit possession de son siège le 15 mars suivant. Aimant la solitude, il habita souvent, au commencement de son épiscopat, son prieuré de Noyal, près de Rennes ; plus tard, il affectionna comme résidence le manoir épiscopal de Saint-Malo-de-Beignon. Assidu aux Etats de Bretagne, il y présida plusieurs fois l'ordre du clergé et il assista également aux Etats Généraux de Blois en 1577. François Thomé crut devoir résigner son évêché en 1586, mais il continua d'administrer le diocèse en qualité de vicaire général de Mgr de Bourgneuf. Il mourut à Saint-Malo-de-Beignon le 17 février 1591 et fut inhumé dans le sanctuaire de l'église de ce nom. On y voit encore son tombeau, dû aux soins d'un de ses successeurs, Mgr du Bec ;  c'est une dalle de pierre sans inscription, mais portant cinq écussons ; au centre sont les armoiries de Mgr Thomé : d'argent au chevron de gueules, abaissé sous un chef d'azur chargé de deux étoiles d'or, accompagné en pointe d'un coeur de gueules surmonté d'une croix de même ; une crosse et une mitre surmontent cet écu. Aux quatre coins de la tombe se trouvent répétées les armes de Mgr du Bec : fuselé d'argent et de gueules. Le P. Le Large dit qu'à côté de cette pierre était un tableau de cuivre représentant le prélat défunt dans l'attitude de la prière, mais cette effigie de Mgr Thomé a malheureusement disparu. 

L. — CHARLES DE BOURGNEUF, fils de René de Bourgneuf, baron d'Orgères et seigneur de Cucé, près Rennes, premier président au Parlement de Bretagne, et de Louise Marquier, fille du seigneur de la Gailleule, fut tonsuré à Rennes le 28 mai 1575. Nommé évêque de Saint-Malo le 6 décembre 1586, il se rendit d'abord à Paris, — où Mgr de Gondy le fit sous-diacre le 28 mars, diacre le 23 mai et prêtre le 17 septembre 1587, — puis à Rome, où il reçut la consécration épiscopale. Lorsqu'il arriva à Saint-Malo, Charles de Bourgneuf fut très-mal reçu par son Chapitre et par les habitants, tous ardents ligueurs et le soupçonnant de favoriser Henri IV encore hérétique. Dégoûté de son siège par les amertumes qu'il y éprouvait, ce prélat permuta volontiers avec Jean du Bec, appelé à l'évêché de Nantes (30 octobre 1596). Charles de Bourgneuf avait été pourvu, l'année précédente, de l'abbaye de Saint-Jean-des-Prés, et il le fut encore de celle de Notre-Dame de Beaulieu (1608). Il ne reçut ses bulles pour Nantes que le 31 août 1598, et mourut évêque de cette ville, le 17 juillet 1617, à Chartres, en revenant de Paris. Il fut enterré dans le choeur de l'église abbatiale de Saint-Pierre-en-Vallée, proche le tombeau de saint Fulbert. 

Charles de Bourgneuf portait : d'argent au sautoir de sable, au franc canton de gueules chargé de deux poissons d'argent posés en fasce (De la Nicollière, Armorial des Evêques de Nantes – Archives départementales). 

LI. — JEAN DU BEC, fils de Charles du Bec, baron de Bourris, et de Marie de Cléry de Gousserville, embrassa dans sa jeunesse les erreurs du protestantisme, comme le prouvent les lettres d'absolution que lui donna, le 1er novembre 1577, son oncle Philippe du Bec, évêque de Nantes. Il suivit d'abord la carrière militaire, puis entra dans l'Eglise et devint abbé de Mortemer en Normandie et doyen de Nantes. Nommé en 1596 évêque de cette ville à la place de son oncle, transféré à Reims, Jean du Bec permuta l'évêché de Nantes avec Charles de Bourgneuf, mais il ne reçut ses bulles pour Saint-Malo que le 18 septembre 1598. Il fut sacré à Paris, dans la chapelle de la reine, le 14 mars 1599, par le cardinal Pierre de Gondy, assisté des évêques de Paris et de Maillezais. Son entrée solennelle à Saint-Malo eut lieu le 4 avril suivant. « Ce prélat se conduisit, dit M. Tresvaux, avec toute la prudence d'un sage pilote » dans les dernières agitations de la Ligue. Il mourut le 20 janvier 1610, à son manoir de Saint-Malo-de-Beignon. D'après ses dernières volontés, son corps fut solennellement transporté à l'abbaye de Mortemer pour y être inhumé, mais son coeur et ses entrailles furent déposés dans le sanctuaire de l'église de Saint-Malo-de-Beignon. Maintenant encore l'on voit, à demi-cachée sous le marchepied du maître-autel de cette église, une pierre tombale portant l'écusson de la maison du Bec : fuselé d'argent et de gueules, timbré d'une crosse et d'une mitre. Le marchepied couvre en grande partie deux inscriptions latines gravées sur cette dalle, mais on distingue ces mots de l'une d'elles : SAXUM PRÆCORDIA. R.P. JOANNIS. C'est tout ce qui apparaît du monument funéraire de Jean du Bec, évêque de Saint-Malo (Archives départementales, 4 G, 57). 

LII. — GUILLAUME LE GOUVERNEUR naquit à Saint-Malo, en 1545, de Jean Le Gouverneur, sieur de Saint-Etienne, bourgeois de cette ville, et de Françoise de Sérizay. Il fut d'abord doyen du Chapitre de Saint-Malo et recteur de Paramé, mais Henri IV le nomma évêque le 29 janvier 1610. Il reçut ses bulles le 30 août suivant, et fut sacré le 20 février 1611 dans l'église de l'Assomption de Paris par le cardinal de Joyeuse, archevêque de Rouen, assisté de Charles Miron, évêque d'Angers, et Charles de Bourgneuf, évêque de Nantes. Son entrée solennelle à Saint-Malo eut lieu le 20 mars de la même année. Il fit travailler aussitôt à une collection des anciens Statuts synodaux du diocèse, qu'il publia l'année suivante. En 1620 il donna, en outre, de nouveaux Statuts, qui sont très estimés. On doit à ce prélat, dont Henri IV avait fait son conseiller, l'établissement des Ursulines, des Bénédictins anglais et des Dominicaines dans son diocèse. Guillaume Le Gouverneur mourut après une longue maladie, le 25 juin 1630, et son corps fut inhumé le 30 dans le choeur de la cathédrale de Saint-Malo. Cet évêque avait pour armoiries : d'azur à la croix d'argent, cantonnée aux 1er et 4ème cantons d'une étoile, et aux 2ème et 3ème d'un croissant, le tout de même. Ce blason se retrouve sur son sceau, de forme ovale, représentant un écu timbré d'une mitre et d'une crosse tournée en dedans, et soutenu de deux palmes ; il n'y a pas de légende (Levot, Biographie bretonne – Archives départementales). 

Après la mort de Guillaume Le Gouverneur, le roi nomma à l'évêché de Saint-Malo le P. Michel de Paris, capucin, gardien du couvent de Pontoise ; il se nommait dans le monde Octavien de Marillac et était fils du célèbre garde des sceaux Michel de Marillac et de Nicolle-Barbe de la Forterie ; mais cet humble religieux refusa constamment le siège épiscopal qu'on lui offrait ; on ne nomma toutefois personne à sa place, et Saint-Malo resta vacant jusqu'à sa mort, qui arriva peu après, le 31 juillet 1631. 

LIII. — ACHILLE DE HARLAY, fils de Nicolas de Harlay, seigneur de Sancy, surintendant des finances, et de Marie Moreau, fille du seigneur de Grosbois, fut d'abord abbé de Villeloin, en Touraine, de Saint-Benoît-sur-Loire et des Chastelliers, puis nommé évêque de Lavaur. Mais il quitta alors l'état ecclésiastique, en refusant ce siège, rentra dans le monde, prit le titre de marquis de Morainvilliers, et fut envoyé comme ambassadeur à Constantinople. De retour à Paris, il entra dans l'Oratoire et devint supérieur de cette congrégation, puis confesseur de la reine d'Angleterre. Enfin le roi le nomma en 1631 à l'évêché de Saint-Malo, dont il prit possession par procureur le 27 février 1632. Il fit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale le 29 mai suivant. Nommé en 1639 abbé de Saint-Méen, il fit de ce monastère un séminaire qu'il donna aux Lazaristes, malgré l'opposition des Bénédictins. Achille de Harlay obtint en 1644 pour coadjuteur avec succession son neveu Ferdinand de Neufville, évêque d'Auguste, et mourut deux ans plus tard, dans son palais épiscopal, le 20 novembre 1646, âgé de soixante-cinq ans. Le corps de ce prélat fut embaumé et inhumé seulement le 12 décembre suivant, dans les nefs de la cathédrale de Saint-Malo, « proche les fonts baptismaux, sous une grande tombe de marbre bordée de tuffeau blanc ». Achille de Harlay portait : d'argent à deux pals de sable. Son sceau, en 1632, est ovale et renferme un écu portant ces armoiries, timbré d'une crosse et d'une mitre, et surmonté d'un chapeau à six houppes ; il n'y a pas de légende (Tresvaux, Eglise de Bretagne – Archives municipales de Saint-Malo – Archives départementales).

LIV. — FERDINAND DE NEUFVILLE, fils de Charles de Neufville, marquis de Villeroy, et de Jacqueline de Harlay, naquit à Rome en 1608, pendant l'ambassade de son père, et eut pour parrain Ferdinand de Médicis, grand-duc de Toscane, qui lui donna son nom. D'abord chevalier de Malte, il embrassa ensuite l'état ecclésiastique, devint abbé de Saint-Wandrille, puis coadjuteur de Saint-Malo avec le titre d'évêque d'Auguste. Son oncle le sacra lui-même en 1644, le 28 août, assisté des évêques de Quimper et de Saint-Brieuc. Après la mort d'Achille de Harlay, Ferdinand de Neufville devint évêque de Saint-Malo et abbé de Saint-Méen. Il travailla avec zèle, dit M. Tresvaux, au salut du peuple qui lui était confié, mais il fut transféré à Chartres en 1657. Il mourut à Paris, le 8 janvier 1690 ; son corps fut rapporté à Chartres et inhumé dans la chapelle du Séminaire qu'il avait fondé. Le sceau de Mgr de Neufville est ovale et présente un écu écartelé : au 1er et 4ème d'azur au chevron d'or accompagné de trois croisettes ancrées de même, qui est de Neufville ; au 2ème et 3ème d'argent à deux pals de sable, qui est de Harlay ; l'écusson est timbré d'une couronne de comte, d'une crosse et d'une mitre, le tout surmonté d'un chapeau épiscopal à six glands (Bibliothèque Nationale, ms., lat., 17027). 

LV. — FRANÇOIS DE VILLEMONTÉE, fils de François, seigneur de Villemontée, en Poitou, et de N... de Maupéou, fut d'abord conseiller au Parlement de Paris en 1620, puis maître des requêtes et conseiller d'Etat. Il épousa Philippine de la Barre, dont il eut plusieurs enfants. Plus tard il se sépara de sa femme, entra dans l'état ecclésiastique et fut ordonné prêtre (Note : Mme de Villemontée ne se fit point religieuse, comme l'a cru D. Morice ; ce fut une de ses filles, Anne-Françoise de Villemontée, qui entra dans la congrégation de Saint-Augustin ; mais elle vécut elle-même pensionnaire dans des couvents, tantôt à Paris, tantôt à Saint-Malo ; en 1670, Mgr de Villemontée lui payait encore une pension annuelle de 3,000 livres) ; Louis XIV le nomma évêque de Saint-Malo en 1658. Mgr de Villemontée prit possession de cet évêché, par procureur, le 19 janvier 1660, puis fut sacré dans l'église des Jésuites de Paris, le 29 juin suivant, par Mgr de Bouthillier, archevêque de Tours, assisté des évêques de Saint-Brieuc et de Léon. Nommé par le pape commissaire pour les affaires du jansénisme en France, ce prélat s'acquitta de cette commission avec autant de lumière que de sagesse. Il reçut aussi des lettres de conseiller honoraire des Parlements de Paris et de Reims, en 1660. Appelé à la capitale pour les affaires de son évêché, il y mourut le 16 ou le 18 octobre 1670. François de Villemontée portait : d'azur au chef d'or chargé d'un lion léopardé de sable

LVI. — SÉBASTIEN DU GUÉMADEUC, fils de Thomas du Guémadeuc et de Gillette de la Fresnaye, fut successivement archidiacre du Désert à Rennes, aumônier de la reine Anne d'Autriche, abbé de Saint-Jean-des-Prés, docteur de la Maison de Navarre, agent général du clergé de France, et évêque de Lavaur en 1670. Le roi le nomma, dès l'année suivante, à l'évêché de Saint-Malo, et il fut sacré le 5 juillet 1671, dans la chapelle du château de Vincennes, par Mgr de Harlay, archevêque de Paris, assisté des évêques de Nantes et de Dol. Sébastien du Guémadeuc fonda l'abbaye du Montcassin, près de Josselin, dont sa soeur fut la première abbesse ; il assista aux assemblées du clergé tenues en 1680 et 1682, et l'on trouve son nom parmi les signataires des quatre articles adoptés par cette dernière. Après trente ans d'épiscopat, Mgr du Guémadeuc, devenu abbé de Notre-Dame de la Noë, au diocèse d'Evreux, prieur d'Iffendic, de Saint-Martin de Sigy, de Saint-Aubin de Guérande, etc., mourut dans son manoir de Saint-Malo-de-Beignon, qu'il avait fait reconstruire ; c'était le 2 mars 1702, et il était âgé de soixante-quinze ans. Ce prélat fut inhumé dans le choeur de l'église de Saint-Malo-de-Beignon, devant le maître-autel, où l'on voit encore son tombeau avec son écusson : de sable au léopard d'argent accompagné de six coquilles de même, 3 en chef et 3 en pointe, et cette épitaphe : - CY GIST ILLUSTRISSIME ET RÉVÉRENDISSIME PÈRE EN DIEU - MESSIRE SÉBASTIEN DU GUÉMADEUC - EN SON VIVANT ÉVÉQUE DE SAINT-MALO, - LEQUEL EST DÉCÉDÉ LE 2 MARS 1702. - PRIEZ DIEU POUR LUI. 

Le sceau de Mgr du Guémadeuc se compose d'un écu portant ses armoiries, surmonté d'une mitre et d'une crosse tournée en dehors et timbré d'un chapeau épiscopal à six glands (Hauréau, Gallia Christiana – Archives départementales). 

LVII. — VINCENT-FRANÇOIS DES MARETZ, fils de Jean des Maretz, intendant de Soissons, et de Marie Colbert, soeur du grand ministre de ce nom, suivit d'abord la carrière des armes et devint capitaine dans les gardes françaises ; il embrassa ensuite l'état ecclésiastique, devint chanoine de Rouen, vicaire général de Pontoise et agent général du clergé. Nommé le 15 avril 1702 évêque de Saint-Malo, Vincent des Maretz fut sacré à Paris, le 17 septembre de la même année, dans l'église de Saint-Magloire, par le cardinal de Noailles, assisté des évêques de Riez et de Blois ; le 23 octobre suivant, il prit possession, par procureur, de son évêché. Le nouvel évêque eut un épiscopat très agité par suite de ses rapports trop amicaux avec les jansénistes et des longs procès qu'il eut à soutenir contre son Chapitre à cause de la seigneurie de Saint-Malo. Il s'aperçut heureusement à temps de l'abîme où le précipitaient d'imprudents novateurs, et « son retour à l'unité catholique fut aussi vrai que sa lettre au Souverain-Pontife, en date du 21 décembre 1727, est touchante. Son premier soin fut de ramener au giron de l'Eglise ceux qui s'étaient égarés sur ses pas, et jusqu'à la fin de ses jours il ne s'occupa plus qu'à faire divers règlements salutaires pour la réformation des moeurs et de la discipline ecclésiastique ». Agé de quatre-vingt-deux ans, Mgr des Maretz mourut le 25 septembre 1739, et fut inhumé le 3 octobre dans le tombeau ordinaire des évêques placé dans le choeur de la cathédrale, derrière le siège des officiants. 

Un sceau de cet évêque présente un écu portant ses armoiries : d'azur au dextrochère armé d'argent, sortant d'un nuage de même à senestre, et tenant trois lys au naturel ; au-dessus sont une couronne de comte et un chapeau épiscopal à six glands. Un autre sceau, de 1710, également ovale et armorial, porte un écu écartelé au 1er et 4ème des Maretz, aux 2ème et 3ème d'or à la couleuvre ondoyante d'azur posée en pal, qui est Colbert ; timbré d'une crosse, d'une mitre et d'une couronne de comte, et surmonté d'un chapeau à dix houppes, avec cette légende : VINCENTIUS-FRANCISCUS EPISCOPUS MACLOVIENSIS (Manet, Grandes recherches ms. – Archives départementales). 

LVIII. — JEAN-JOSEPH DE FOGASSES D'ENTRECHAUX DE LA BASTIE, fils de Pierre de Fogasses, marquis de la Bastie, et d'Anne-Thérèse de Brancas, naquit à Avignon le 23 janvier 1704 ; il était docteur en théologie, chanoine, archidiacre et vicaire général de Chartres lorsque le roi le nomma, le 14 novembre 1739, évêque de Saint-Malo. Il ne fut sacré à Paris qu'un an plus tard, le 27 novembre 1740, et n'entra solennellement à Saint-Malo que le 18 février 1741. Ce prélat, aussi zélé qu'instruit, acheva de réparer tous les maux que le schisme janséniste avait faits dans son diocèse. Il fut aussi abbé de Notre-Dame de Josaphat, au diocèse de Chartres, et donna durant toute sa vie l'exemple des plus belles vertus chrétiennes, « distribuant en aumônes les deux tiers de ses revenus, se livrant avec ardeur à l'étude, et méritant d'être considéré comme l'une des lumières de l'Eglise de France ». Il mourut le 29 janvier 1767 et fut inhumé en sa cathédrale, dans le caveau épiscopal de ses prédécesseurs. 

On retrouve dans l'église de Saint-Malo-de-Beignon l'écusson de Mgr de la Bastie : de gueules au chef d'argent chargé de trois roses du champ. Son sceau est ovale et porte les mêmes armes, l'écu surmonté d'une couronne de marquis, d'une crosse et d'une mitre, un chapeau à dix houppes recouvrant le tout ; il n'y a pas de légende  (Tresvaux, Eglise de Bretagne – Archives départementales). 

LIX. — ANTOINE-JOSEPH DES LAURENTS, fils d'Antoine des Laurents, seigneur de Champfort, et de Marie Poule, naquit à Avignon le 24 février 1713 ; il devint en 1748 vicaire général de Saint-Malo, puis abbé commendataire de Coatmaloen et de Saint-Jacut. Nommé évêque de Saint-Malo le 18 avril 1767, il fut sacré à Compiègne le 2 août de la même année, et il fit son entrée solennelle à Saint-Malo le 17 octobre suivant. « Jamais pasteur ne fut plus cordialement attaché à ses ouailles, plus empressé de connaître leurs besoins et de les soulager. De moeurs sans reproche, d'une foi intègre, il annonçait les vérités évangéliques avec le plus grand zèle ». Ce digne prélat mourut subitement, le 15 octobre 1785, à son retour de Paris, où il avait pris part à l'assemblée du clergé. Il fut inhumé dans sa cathédrale, le 22 du même mois, par Mgr de Hercé, évêque de Dol ; on ne put déposer son corps dans le caveau des évêques, et on le plaça à côté, mais en dehors du choeur, sous une dalle de marbre blanc que l'on voit encore. A l'intérieur du tombeau fut posée une plaque de cuivre portant cette épitaphe ILLUSTRISSIMUS AC REVERENDISSIMUS IN CHRISTO PATER D. D. ANTONIUS JOSEPHUS DES LAURENTS, EPISCOPUS ET DOMINUS MACLOVIENSIS, ABBAS COMMENDATARIUS ABBATIARUM REGIARUM DE COETMALOEN ET DE ST-JACUT, REGIS A SANCTIORIBUS CONCILIIS, etc., NATUS AVENIONE DIE 24 FEBRUARII 1713 ET CONSECRATUS EPISCOPUS MACLOVIENSIS DIE 2 AUGUSTI, 1767 ; GENERE NOBILISSIMUS, PIETATE ET DOCTRINA CLARISSIMUS, DECORATUS DOMUS DEI STUDIOSISSIMUS, PAUPERUM PATER, VIRTUTIBUS AC MERITIS CUMULATISSIMUS OBIIT, OMNIBUS DESIDERATISSIMUS , DIE 15 ET HIC REVERENTER SEPULTUS EST DIE 22 OCTOBRIS, 1785. 

Le sceau de Mgr des Laurents, de forme ovale, présente un écu portant ses armes : d'or à deux branches de palme adossées de sinople, timbré d'une couronne de marquis placée entre une mitre et une crosse tournée en dehors, surmonté d'un chapeau épiscopal à dix glands ; la légende porte : + ANTON. JOS. DES LAURENTS EPISC. ET COMES MACLOVIENSIS (Manet, Grandes recherches ms. – Archives départementales). 

LX. — GABRIEL CORTOIS DE PRESSIGNY, fils d'Antoine Cortois, seigneur de Quincey, conseiller au Parlement de Bourgogne, et d'Anne de Mussy, né à Dijon, le 11 décembre 1745, fut d'abord vicaire général de Langres, abbé commendataire de Saint-Jacques au diocèse de Béziers et prieur de Commagny, près de Moulins. Nommé évêque de Saint-Malo le 6 novembre 1785, il fut sacré le 15 janvier 1786, et prit possession, par procureur, le 13 février suivant. Ce prélat, par sa bonne administration et ses charités, mérita l'affection de ses diocésains, mais la Révolution vint sur ces entrefaites, et la Constitution civile du clergé français fut signifiée à l'évêque de Saint-Malo le 14 octobre 1790 ; le même jour on lui fit connaître la suppression de son évêché, décrétée par l'Assemblée Nationale. Mgr de Pressigny, voulant éviter toute espèce de trouble, ne fit aucune résistance, après avoir protesté contre l'acte inique qui le dépossédait de son siège. Il quitta le lendemain même Saint-Malo, et alla coucher au séminaire de Saint-Servan, d'où il partit le 16 octobre pour Paris. Obligé bientôt de quitter la France, il se retira d'abord à Chambéry, puis en Suisse, et enfin en Bavière. En 1801, de retour à Paris, il donna sa démission d'évêque de Saint-Malo ; mais le Souverain-Pontife, en l'acceptant, le nomma administrateur de son ancien diocèse jusqu'au moment de la publication du Concordat qui supprimait l'évêché de Saint-Malo. Sous la Restauration, Mgr de Pressigny fut nommé ambassadeur de France à Rome, et en 1816 pair et archevêque de Besançon. Il mourut à Paris le 2 mai 1823. 

Le dernier évêque de Saint-Malo portait pour armoiries : d'or à l'aigle éployée de sable ; coupé d'argent à la traînée de lierre de sinople posée en fasce, les feuilles en bas ; l'écu, timbré d'une couronne ducale, d'une mitre et d'une crosse, surmonté d'un chapeau épiscopal à dix houppes (Tresvaux, Eglise de Bretagne – Archives départementales). 

Le Concordat de 1801 supprima l'évêché de Saint-Malo et partagea son territoire entre les diocèses de Rennes, Vannes et Saint-Brieuc. Mais après seize ans de suppression cet antique siège parut devoir renaître ; il fut formellement rétabli à l'époque du Concordat de 1817 par la bulle de Pie VII, du 27 juillet de cette année, et le Pape lui assigna pour territoire l'arrondissement de Saint-Malo et celui de Fougères. En même temps, le roi nomma évêque de Saint-Malo Charles-Siméon L'Archant de Grimouville, ancien chanoine de Lisieux, retiré à Jersey depuis la tourmente révolutionnaire. Ce dernier, toutefois, ne put prendre possession de son évêché et mourut, sans avoir été sacré, le 20 septembre 1821, dans l'île où il s'était exilé. Le Concordat de 1817 ne fut point mis à exécution, et Pie VII n'ayant pas, en 1822, fait mention de l'évêché de Saint-Malo parmi ceux qu'il érigeait de nouveau, ce siège resta supprimé, malgré l'importance de l'ancienne ville épiscopale, qui sollicita son rétablissement pendant toute la Restauration, notamment en 1824 et 1827 (Abbé Manet, Grandes recherches ms.).

(abbé Guillotin de Corson - Pouillé de Rennes).

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