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Mathurin LÉON, chartreux, guillotiné à Lorient
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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251. — Ainsi qu’il l’apprend dans son interrogatoire, Mathurin Léon naquit à Bazouge-lès-Château-Gontier, dans l’évêché d’Angers, le 26 août 1746, du mariage de Mathurin et de Michelle Sureau. A 32 ans, le 20 ou 23 avril 1778, il faisait profession dans l'ordre de Saint-Bruno, à la Chartreuse de Nantes. De là, on le transféra à la maison d’Orléans en 1782. Trois ans plus tard, ses supérieurs le rappelèrent à Nantes pour fort peu de temps. Enfin, le 29 octobre 1785, on le trouve religieux à l’abbaye du Champ-Saint-Michel, à Auray. Il vécut dans cette maison jusqu'aux jours néfastes de la Révolution.

252. — Dans cet établissement, animé en général du meilleur esprit, les religieux semblent avoir manifesté en grand leur intention de continuer la vie commune. C’est ainsi que, le 19 janvier 1791, s’y trouvaient encore dix religieux et parmi ceux-ci Dom Léon. Pour mettre leur patience à l’épreuve et surtout avec le secret espoir de les forcer ainsi à déguerpir plus tôt, on apporta la plus mauvaise volonté à ordonnancer leurs traitements. Puis, comme ce moyen n’aboutissait pas à les faire s’en aller, et qu’au contraire, conformément à la loi, ces bons moines, afin de montrer leur bonne volonté, avaient procédé, le 6 août 1791, à des élections à la suite desquelles Dom Léon avait été désigné sacristain, les révolutionnaires, afin d’expulser plus sûrement leurs victimes, décidèrent de vendre leur abbaye. Celle-ci trouva acquéreur.

Par suite, la vie commune cessa de devenir possible et chacun des religieux dut s’en aller quérir asile ailleurs. C’est pourquoi le 4 octobre 1791, Mathurin Léon, âgé de 45 ans, cy-devant Chartreux de la maison du Champ-Saint-Michel, près Auray, déclarait-il vouloir se fixer au village de Saint-Quirin, en la paroisse de Brec’h. Il avait loué là une petite maison, où il vécut non sans peine, l’espace d’une année entière, le plus souvent de charités, car les plus futiles raisons étaient un prétexte au directoire du Morbihan pour le priver lui et ses collègues de la pension que leur garantissait la loi.

La persécution sous toutes ses formes n était-elle pas à l'ordre du jour contre ses pareils ? Dès le 14 août 1792, un arrêté rendu par le directoire du Morbihan autorisait tous les administrateurs de district à arrêter et à faire conduire directement à la citadelle de Port-Louis tous les prêtres insermentés (Arch. Morbihan, L 260).

Aussi, dès que parut la loi du 26 août 1792, quoique ses termes ne le visassent pas directement, Dom Léon en fut-il bientôt réduit à disparaître et à se cacher. Il ne semble pas cependant avoir quitté la région d’Auray et, jusqu’au 11 novembre 1792, on connaît celui qui lui fournissait du pain à crédit, car il présenta après son trépas la note à payer aux caisses révolutionnaires.

253. — Un jour du mois de juin 1794, c’était le 5 ou 6 [Note ; Dom Léon dit le 5, l'agent national qui l'arrêta dit le 6], il traversait un landier de Brech, tout voisin de la route et à quelques kilomètres d’Auray, quand un détachement de cavalerie passant l’aperçut et le héla. Tout de suite Dom Léon comprit qu’il était perdu et, fuyant devant les soldats, essaya de se cacher dans un champ de blé du voisinage. Mais les cavaliers mettent pied à terre, découvrent le pauvre Chartreux, trouvent sur lui des hosties, vraisemblablement consacrées, constatent ainsi qu'il est prêtre et l’emmènent à Auray où ils le jettent en prison. Il y demeura plusieurs jours, car ce n’est que le 26 juin, à 9 heures du soir, qu’il arriva à Lorient.

Les juges de cette ville tinrent à regagner le temps perdu : dès le lendemain, Brullé, l’accusateur public, le fit interroger. Le procès-verbal qui nous a conservé ses réponses, prouve que sa franchise en la circonstance égala sa prudence. S’il ne nia rien de ce qui pouvait le perdre, il évita soigneusement de dire quelque chose capable d’entraîner des difficultés pour des tiers. La sentence suivit immédiatement l’interrogatoire de Dom Léon. Elle ne le surprit pas. Il savait à l’avance le sort qu’on lui préparait, c’était la mort, en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II, par laquelle on prétendait exterminer tout le clergé catholique romain demeuré en France pour y faire du ministère.

Dom Léon périt sur l’échafaud, le jour même de sa condamnation, le 27 juin 1794, à 6 heures du soir. Son acte de décès fut enregistré le lendemain. On a toujours dans l’ordre de Saint-Bruno considéré le serviteur de Dieu comme un martyr de la Foi, et toutes les fois que les Chartreux citent son nom, ils ne manquent pas de le faire précéder de cette glorieuse épithète. C’est bien en effet la haine des Révolutionnaires pour les prêtres catholiques romains qui lui coûta la vie.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit. (1821), III, p. 355. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne (1845), op. cit., II, p. 31. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution (1921), op. cit., p. 85-90. — Bliard, Prieur de la Marne, etc., p. 198.

(Archives départementales du Morbihan, L 875, 912, 1148, Q 497. A 23, anciennement L 501-53).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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