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LE MONASTERE DES CHARTREUX D'AURAY

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En arrivant à Saint-Michel-du-Champ en 1482, les Chartreux utilisèrent l'église collégiale pour leurs offices, et les bâtiments des chanoines pour leur logement. 

Bientôt, pour se conformer à leur règle et à l'usage suivi dans toutes leurs maisons, ils commencèrent, vers le levant, la construction d'un grand cloître rectangulaire, entouré de maisonnettes et de jardinets, pour l'habitation des religieux.

Ville de Brec'h (Bretagne).

Ces travaux furent faits à la hâte, et par conséquent sans solidité. Les piliers du cloître, au lieu d'être en pierre, furent faits en bois, et leurs bases pourrirent bientôt dans la terre. Aussi, 55 ans plus tard, fallut-il les renouveler en modifiant les assises, comme l'indique le procès-verbal suivant :

« L'an de grâçe 1537, le vendredy, 11ème jour de janvier, à la requeste de Fr. Guillaume de Rupe, prieur, noble homme maistre Yves Péro, séneschal d'Auray et autres... se sont transportez au cloistre du monastère de Saint-Michel-du-Champ et tout autour d'iceluy, lequel appiert à veue d'œil entre fort caducque, apparoissant ruyné ; et pour iceluy refaire il faut six-vingts porte-pilliers en maçonnerye de pierre de taille, et pour iceulx pilliers garnis de boys, il convient à chacun pillier une charrettée de boys préparé à sept et huit piedz, et y sont comprins les poinczons, traverses et basses sablières ; et pour les cheffvrons sur le d. cloistre, convient avoir 24 douzaines, qui font douze charrettées ; et pour les haultes sablières ouyct charrettées… ».

L'établissement d'une base en Pierre pour les nouveaux piliers de bois était une amélioration ; ce n'était pas un remède radical : il fallait des piliers de pierre ; on y reviendra plus tard. Le procès verbal ne dit rien des maisonnettes des religieux, ce qui suppose qu'elles n'avaient pas encore besoin de réparations. Mais l'église, déjà ancienne, laissait à désirer : « En laquelle, dit le même procès verbal, a esté trouvé y avoir deffault de cinq tirans, contenans 32 piedz de longueur chacun (ce qui donne la largeur de l'édifice), combien que les d. tirans pourroient encore servir de cinq à six ans environ. Item au d. lieu y a deffault de quatre sablières. Item au dessus de la d. église y a deffault de six couples de boys garnies. Item reste avoir au d. lieu, de jour en aultre six dozaines de lymantaiges, chacune lymante contenant 30 pieds de long. ».

Rien d'étonnant si l'ancienne maison des chanoines, où demeurait le procureur, avait aussi besoin de réparations.

« Après se sont transportez en la chambre haulte du procureur de la d. maison, où il convient avoir de jour en aultre une poultre, quelle est sur le réfectouer et soubz les greniers. Item au dessus du cellier, convient de jour en aultre trouver quatre poultres, et fault une charrettée pour chacune. En la boullangerye y a besoign de deux soliveaulx, et pour ce deux charretées de boys » (Orig. papier).

A la suite de cette constatation, trente arbres de la forêt de Lanvaux furent concédés par arrêt du parlement, le 22 septembre 1537, ce qui fut enfin confirmé par lettres patentes du 27 octobre 1546.

Les réparations indiquées ci-dessus ayant été faites, on songea bientôt à rebâtir solidement l'ensemble des édifices sur un plan convenu. En 1567 il était déjà question de réunir les matériaux nécessaires à ce grand travail. Les novices de la maison, avant de faire leurs vœux, s'avisèrent parfois de faire des libéralités en vue des constructions. Ainsi, en 1579, Olivier Roussel de la Bagotaie, novice, donna 1500 livres, pour fonder trois anniversaires seulement. En 1580, Jehan Louvel, novice, donna une métairie pour des services religieux et pour les travaux de la maison. En 1584, Valère Ruth, novice, donna 1000 livres pour un vitrail peint. En 1587, Martin Boullay, novice, offrit 200 écus d'or pour les travaux du monastère, « qui n'était qu'à moitié bâti ». La même année, Nicolas du Rouvre, novice, donna 500 écus pour deux anniversaires et la construction de sa cellule. En 1596, Christophe Stanegier, novice, offrit 300 écus pour la construction de sa cellule et sa participation aux prières. En 1615, Toussaint Bourgonière, novice, donna 1.000 livres pour le grand autel de l'église.

On voit, par toutes ces mentions, que le grand cloître a été construit, au moins en majeure partie, à la fin du XVIème siècle. De forme rectangulaire, il avait 1.104 pieds de tour, c'est-à- dire environ 105 mètres sur le plus long côté, et 79 sur le petit.

Il était, entouré d'une vingtaine de cellules et d'autant de jardinets, placés perpendiculairement au couloir. Chaque cellule ou maison contenait une chambre libre, une chambre à coucher, avec table et chaises, un cabinet avec un bureau, et une galerie avec un tour ou d'autres outils. A côté de la porte de chaque cellule, il y avait un guichet pour passer la nourriture de chaque religieux, car ils mangeaient seuls ; ils n'allaient au réfectoire commun que les dimanches et jours de fête. (Voir le plan).

Plan du monastère des Chartreux d'Auray (Bretagne).

Le couloir qui desservait les cellules n'était plus soutenu par des poteaux de bois, mais par des colonnettes de pierre, séparées par des fenêtres cintrées. On en voit encore quelques restes à l'angle du sud-ouest du cloître. La largeur de ce couloir était de trois mètres. Au milieu du préau intérieur, il y avait un grand puits qui existe encore aujourd'hui. Suivant l'usage, c'est dans ce terrain qu'on enterrait les morts.

Après le grand cloître vint le tour du petit. Les édifices qui l'entourent datent du règne de Louis XIII (1630). Le corps de logis du sud renferme la cuisine, la dépense et le réfectoire. Cette dernière pièce, mesurée en 1636, avait alors, comme aujourd'hui, 88 pieds de long et 26 de large. On y voit toujours cinq grandes tables, rangées le long des murs ; le lambris en plein cintre a été peint et décoré de fleurs en 1250.

Le corps de logis du côté de l'ouest contenait, en allant du midi au nord, une procure, une grande salle avec tables, fauteuils et chaises, et prés de l'église un salon pour les étrangers. Au premier étage, il y avait cinq chambres d'hôtes, avec lits, tables et chaises.

Le corps de logis du côté de l'est était un peu plus étroit ; il était partagé en plusieurs pièces, dont les deux plus rapprochées de l'église étaient occupées par le sacristain : ells constituaient sa cellule. Ce bâtiment, prolongé vers le sud et légèrement élargi, servit à recevoir au premier étage la bibliothèque de la maison.

Quant à l'église, située au nord du petit cloître et régulièrement orientée de l'ouest à l'est, et rebouchée en 1621, elle a été reconstruite, telle qu'elle se voit aujourd'hui, vers 1720. La façade, très imposante, est décorée de piliers. La nef rectangulaire est partagée en deux parties à peu près égales : la première, réservée aux frères de la Chartreuse, et actuellement aux soeurs converses de la Sagesse, possède deux autels ; la seconde, formant le chœur des Pères, contenait 58 stalles sculptées : c'est là qu'ils chantaient l'office diurne et nocturne ; c'est là que se placent aujourd'hui les dames de la Sagesse avec leurs enfants. Il y avait la huit petits autels, que ont disparu depuis. Le sanctuaire, terminé en hémicycle, est décoré d'un autel en marbre surmonté d'un magnifique baldaquin. La sacristie, placée du côté de l'évangile, communiquait par un couloir avec le bas de l’église.

Le cloître, réparé après la construction de l'église, a été décoré en 1724 de peintures représentant la vie de saint Bruno, d'après le fameux peintre Le Sueur. C'est probablement alors que les arcades furent garnies de vitres, pour protéger les tableaux.

Les autres édifices de l'établissement étaient rangés autour de différentes cours. Le prieur Dom Quilgars les énumère comme il suit en 1700. (Suivre sur le plan).

« 1ère Cour. A l'entrée de la maison, à gauche, il y a une chapelle pour les femmes, avec autel et cinq ornements complets ; sur la même ligne, une chambre pour un frère. A droite de l'entrée, il y a un appartement pour le frère portier, et à côté un laboratoire de chirurgie ; au premier étage est la pharmacie.

2ème Cour. Elle est à la suite de la 1ère jusqu'à l'église ; à gauche, il y a deux chambres, puis une menuiserie, une forge et une charronnerie ; en arrière, une écurie pour les vaches, un hangar pour le bois, et des greniers pour le grain, la paille et le loin.

3ème Cour. Elle est derrière la porterie ; il y a trois appartements où mangent et couchent des domestiques ; plus une écurie à trois chevaux et un grenier à foin.

4ème Cour. Elle est au sud de la précédente ; on y trouve une buanderie, une écurie à trois chevaux, deux remises, un pressoir, et un appartement pour des domestiques.

5ème Cour [à l'est de la précédente] ; il y a un appartement qui servoit autrefois de boulangerie, et au-dessus une pièce pour passer la farine.

6ème Cour. C'est celle de la cuisine et de la poissonnerie.

7ème Cour. Elle est au nord de l'église ; on y trouve, à droite, trois appartements pour les officiers, c'est-à-dire le procureur, le coadjuteur et le courrier ; chacun de ces appartements contient un lit, avec quelques tables et chaises, et un grenier au-dessus. En face, à gauche, sont deux chambres pour les frères, semblables à celles des officiers ».

Ces édifices ont été démolis vers 1823, pour faire place à la chapelle funéraire destinée à recevoir un mausolé en marbre blanc et les ossements des émigrés fusillés au Champ-des- Martyrs en juillet et août 1795.

Quant au mobilier, le P. prieur mentionne à la sacristie, en 1790 :

« Quatorze calices, un soleil, un ciboire, une custode, une ampoule pour l'huile, deux croix d'autel, une grande croix de procession, deux chandeliers d'acolytes, deux patènes pour la communion, trois bassins avec leurs burettes, une clochette, un bénitier et un goupillon, deux encensoirs et leurs navettes, deux instruments de paix et deux reliquaires, le tout en argent.

De plus, un reliquaire de cuivre argenté, un autre en bois doré, huit chandeliers en cuivre argenté, 18 chasubles avec leurs accessoires, 85 aubes et amicts, 98 nappes, 2 tapis, etc.

Dans la dépense se trouvent deux tables, quatre armoires, 20 nappes, 222 serviettes, 18 draps, 33 couvertures d'oreillers, douze couverts d'argent, seize grandes cuillères, douze cuillères à café et deux girandoles avec mouchettes.

La bibliothèque contient 905 volumes in-folio, 600 volumes in-quarto, 800 volumes in-octavo et un grand nombre de petits livres. A gauche de la bibliothèque, il y a un cabinet, qui contient beaucoup de vieux livres. (Ils sont aujourd'hui à Auray, à la mairie).

A droite, un autre cabinet renferme les archives ; il n'y manque aucun titre ni papier concernant nos revenus.

Des 21 cellules du grand cloître, onze sont habitées, cinq habitables et quatre exigent des réparations considérables pour être habitées.

Le jardin contient presque six arpents : on y trouve un logement pour le jardinier, un cabinet pour les religieux, et une serre pour les orangers. (Archives L. 784).

Jh.-M. Le Mené.

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