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CHATEAUX D'AURAY. |
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Le château d'Auray était situé sur les bords escarpés du Loc, non loin du pont de Saint-Goustan.
Il est mentionné pour la première fois en 1082, â propos de la fondation du prieuré de Locmariaker, dont l'acte fut confirmé au château d'Auray, apud castrum Alrae, par Hoel, comte de Bretagne, qui y tenait sa cour avec de nombreux barons. Le même prince se trouvait encore au dit château, quand il donna l'église de Landugen, et d'autres biens à l'abbaye de Quimperlé. (D. Morice. Pr. I. 456, 431).
Ce château primitif devait se composer, comme ceux du même temps, d'une motte féodale, surmontée d'une grosse tour carrée, et entourée d'une vaste cour, avec talus, palissades et douves profondes. La motte féodale existe encore, en partie au point marqué A dans le plan cadastral ci-joint ; les douves bordaient la rue actuelle du Château d'un côté, et la promenade du Loc de l'autre ; la rivière pouvait pénétrer dans les parties basses des douves.
A quelques pas du château, le duc de Bretagne fonda le prieuré de Saint-Gildas d'Auray, en faveur des moines de Rhuys, et le dota généreusement. L'église paroissiale de Brech étant très éloignée, les moines se chargèrent du service religieux du château et de la population qui commençait à se grouper en ce lieu : ils donnèrent ainsi naissance à une nouvelle paroisse.
En 1168, Henri II, roi d'Angleterre, s'empara d'Auray sur le comte Eudon de Porhoët, et fit fortifier le château. Il perdit cette place en 1173, mais il la recouvra peu après, et la transmit ensuite à son fils Geoffroi II, époux de la duchesse Constance. Cette princesse, en 1189, donna au prieuré d'Auray une partie d'un pré qui lui appartenait, et que touchait aux douves du château du côté nord.
Ogée prétend que le duc Arthur Ier fit construire et fortifier le château d'Auray en 1201 : c'est une assertion erronée.
Il ne le fit pas construire, puisqu'il existait longtemps avant lui ; il ne le fit pas non plus probablement fortifier, son règne éphémère ne lui en ayant pas laissé le temps.
Toutefois le château ne tarda pas à se modifier graduellement sous l'influence de l'architecture militaire du XIIIème siècle. La motte féodale fut conservée, mais l'enceinte fut garnie de tours rondes en pierre, reliées par des courtines. On voit encore aujourd'hui, du côté de l'est, aù point marqué B sur le plan cadastral, les restes de larges contreforts, soutenant des arcades ogivales, qui datent, sinon du XIIIème, au moins du XIVème siècle ; avant la construction du chemin de halage, leurs fondations s'avançaient jusque dans la rivière du Loc.
A. l'ouverture de la guerre de succession, en 1341, le château d'Auray était commandé par Geoffroi de Malestroit et Yves de Trésiguidy, qui se laissèrent gagner au parti de Jean de Montfort. Repris l'année suivante par Charles de Blois, malgré la vigoureuse résistance d'Henri et d'Olivier de Spinefort, il resta en son pouvoir jusqu'à la fin de la guerre, et reçut d'importante réparations.
Assiégé de nouveau en 1364 par Jean IV de Montfort, et réduit à l'extrémité, il se rendit après la bataille décisive du 29 septembre, et resta fidèle au vainqueur. C'est là que le duc laissa sa femme Jeanne Holland, en 1373, pendant son voyage à Bordeaux, et c'est là qu'il revint la chercher, l'année suivante, pour l'emmener dans son comté de Richemont. En 1378 le château lui fut enlevé par Olivier de Clisson, mais il lui fut rendu en 1381, lors de la pacification générale.
En 1399, après la mort de Jean IV, on fit un inventaire sommaire des armes de ce château. On y voit figurer des arbalètes, des traits ou viretons en quantité, un grand canon de fer sur le portail et un autre canon sur la grande tour. On y mentionne également la chambre de Monseigneur le duc, la salle des parements, la salle à manger, la chapelle et une petite chambre voisine ; il faut y ajouter des logements nombreux, des écuries et autres édifices accessoires.
C'est dans le château d'Auray que le duc François Ier épousa, le 30 octobre 1442, la princesse Isabeau, fille de Jacques, roi d'Ecosse. La bénédiction nuptiale fut donnée par Jean Validire ou de Saint-Léon, évêque de Vannes.
C'est dans le même lieu que se trouvait détenu en 1448 Guillaume de Blois ou de Bretagne, comme otage de la soumission des comtes de Penthièvre. Le traité de réconciliation entre le duc et ses adversaires lui rendit alors une liberté qu'il attendait, depuis 28 ans, dans des prisons successives.
En 1477, la correspondance secrète entre le duc François II et le roi d'Angleterre ayant été livrée au roi de France Louis XI, le duc fit arrêter le traître, qui avoua son crime ; il fut jugé à Nantes, puis enfermé au château d'Auray, cousu dans un sac et noyé la nuit dans les douves. (Borderie. IV. 492).
Peu après, le chancelier Guillaume Chauvin, poursuivi par la haine acharnée du trésorier Landais, fut dépouillé de ses biens et enfermé au château d'Auray. Le commandant de la place le traitant avec trop de ménagements, Landais le fit enlever secrètemept et transférer au château de l'Hermine à Vannes, où il mourut trois ans après, le 5 avril 1483 (N. S. 1484). (Ibid. p. 501).
En 1487 commença l'atonie de la Bretagne par le siège de Nantes. Un corps de troupes, composé de Français et de Bretons, assiégea Auray, et réduisit la garnison à capituler (Pr. III. 556). Avec les ducs de Bretagne finit le rôle du château. Les rois de France, héritiers des ducs, n'ayant aucun besoin de cette forteresse, la laissèrent tomber en ruines.
Une ordonnance du roi Henri II, du 16 mars 1558 (N. S. 1559), renouvelée par François II, le 13 mars de l'année suivante, permit au sieur Sourdeval de démolir le château et l'enceinte, et d'employer les matériaux aux fortifications Belle-Ile. En la même année 1560 un commissaire de la Chambre des Comptes vendit son emplacement au plus offrant et dernier enchérissseur. Le château d'Auray n'existait plus.
C'est depuis 1560 que divers particuliers ont pu acquérir des lopins de terre, combler les douves, et bâtir des maisons le long de la rue du Château.
Tout le terrain situé au midi de l'ancienne motte féodale était encore disponible en 1632, quand les religieuses Cordelières demandèrent à la commnauté de ville l'autorisation de s'y établir, pour y tenir une école de filles. Elles l'obtinrent, bâtirent une maison et une chapelle sur la partie occidentale du terrain, et convertirent le reste en jardin et en verger jusque vers le Loc.
Cet établissement, confisqué et vendu pendant la Révolution, a été racheté en 1807 par les religieuses du Père-Éternel de Vannes, pour y tenir des écoles et des retraites.
Voici le texte de l’inventaire fait au château d'Auray, en 1399 :
Sachent touz qui ces lettres verront ou orront que je Jéhan de Malestroit, seigneur de Kaer, cognoys avoir eu et receu à ma main de Madame la duchesse comme aiant la garde et gouvernement de Mgr le duc son filz, de Perronnelle Aldremche, femme de Antoine Riec, naguères garde et capitaine d'Auray, et ce Henri Le Parisi, lieutenant du d. Antoyne, les artilleries et choses qui ensuyvent, en la présence de Mgr de Malestroit, mon père, et de Henri Le Grant, secrétaire de ma d. dame, assavoir est :
1 canon de fer, assis en son siège, garni de ses apparailz sur la grande tour ; — item environ VIII cenz viretons ferrez et defferrez, qui ne sont pas empannez, — item en la chamber Mgr, que Dieu pardoint, en une casse de boais IIII cenz IIII vingt XII viretons ferrez ; — item en celle chambre une table, II petites formes, II brichez et un dresouer ; — item en la chambre de parement, VII brichez, II dressouers et une forme ; — item en la salle, VIII belles tables, I grant dais et VIII formes ; — item II braz d'un engin, I moulin entier à braz pour moudre blé, II meules à braz ; — item en une petite chambre léz la chapelle, une forme, IIII brichez, une petite table ; — une bouète de léton pour un grant canon ; — item VII fers pour prisonniers ; — une arbalaistre rompue ; — item sur le portal I grant canon de fer ; — item une pochée de poudre de canon ; — item II cassettes de boais ; environ III mille VIII cenz XL pilez def fer ; — un grand pot de couévre, et une pièce d'un autre pot de couévre ; — item au susain estage du portal, une table, VI bridiez et IIII bancs ; — item dedans un tonnel, environ VII quartes d'uille.
Des quelles choses et artillerie desurdites je doy respondre à ma dite damme ou d. nom et a mond. seigneur le duc.
Donné à Nantes, soubz mon signet, le XVIème jour de décembre, l'an mil IIIc IIIIxx dix et neuf. (Nantes, Arch. dép. Orig. parch.).
Jh-Mie LE MENÉ.
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