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LA FAMILLE GESLIN DE TREMARGAT |
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FAMILLE GESLIN de TREMARGAT
Dans sa bio-bibliographie, René Kerviler nous communique des renseignements intéressants sur cette noble famille bretonne.
« Geslin est un nom d'homme, puis de famille qu'on rencontre au moins depuis le XIème siècle, en la personne de l'un des nobles de Bretagne, convoqués en 1067 par le comte Endon à Nantes... ».
Ce nom est ensuite porté en prénom par un des combattants des Trente : Geslin de Trézéguidy.
A la grande réformation de la noblesse de 1668, le nom de Geslin de Trémargat figure parmi les principaux rameaux de cette souche seigneuriale.
Les armoiries de cette famille portaient : « D'or à six merlettes de sable, 3, 2, 1 ».
Un des ancêtres de cette famille, Guillaume Geslin de Trémargat, comparut au ban et arrière-ban de Saint-Brieuc en 1479.
Voici la liste des propriétaires de la Praye jusqu'à la Révolution, d'après le chanoine Guillotin de Corson : Gervais-Geslin, seigneur de Trémargat en Plélo, de la Praye et Beaumont en Bain, épousa le 19 mai 1678, Anne Neveu, née à Saint-Malo, de Jacques Neveu, sieur de la Ville-ès-Ducs et de Jeanne de la Haye. L'année suivante, il fut reçu Conseiller au Parlement de Bretagne.
Leur fils aîné, Gervais-Geslin, Président des Requêtes au Parlement de Bretagne et seigneur de Trémargat, épousa le 13 novembre 1708, Marie-Anne de Varennes de Condats.
Gervais-Philippe Geslin, seigneur de Trémargat, la Praye et Beaumont, fils des précédents, naquit à Rennes en 1715 et devint à son tour en 1737, Président des Requêtes au Parlement. Il épousa Marie-Anne Radegonde Le Mintier des Granges. Cette dame mourut à Rennes à l'hôtel de Trémargat, rue des Francs-Bourgeois à 47 ans le 23 avril 1762. Son mari ne lui survécut que deux ans et décéda également à Rennes le 3 novembre 1764.
L'un et l'autre furent apportés à l'église de Bain et inhumés dans leur enfeu de la chapelle Saint-Jean.
De leur union naquit le dernier seigneur de la Praye, qui joua un certain rôle au moment de la Révolution.
Louis-Anne GESLIN de TREMARGAT, marquis de la PRAYE.
Ce seigneur fut baptisé à Bain le 24 décembre 1742 ; il se destina à la marine et devint lieutenant de vaisseau. Il épousa en 1776, Anne-Françoise de Caradeuc de Launay, veuve du seigneur de Quénétain, et en eut trois filles : Céleste et Agathe naquirent à la Praye en décembre 1777 et en mai 1779 — Marie-Anne à Rennes, en 1782.
Prit-il part à la guerre de l'Indépendance américaine ?. Y fut-il glorieusement blessé dans un combat, au point d'y perdre une jambe ?... Nous ne pouvons l'affirmer. Mais Châteaubriand, dans ses « Mémoires » l'appelait le « Marquis à la jambe de bois ».
Ardent, éloquent, véritable entraîneur d'hommes, doué « d'une voix de Stentor », ce chevalier de Saint-Louis fut élu Président de la Noblesse de Bretagne aux Etats de 1784-1785.
Dans la délibération du 10 décembre 1784, il signa avec l'évêque de Dol et le sénéchal de Rennes, l'adresse suivante au roi Louis XVI :
« Sire,
Les Etats de votre Province de Bretagne, persuadés que
l'image d'un roi juste et bienfaisant est le spectacle le plus consolant que
l'on puisse offrir à ses peuples, ont délibéré unanimement d'ériger une
statue à la gloire de votre Majesté pour transmettre à la postérité un
monument de leur amour pour votre personne sacrée.
Si cette circonstance, sire, leur laisse quelque chose à regretter, c'est que votre Majesté elle-même n'ait pu être témoin des acclamations et des transports de joie qui ont accompagné cette délibération.
Les Etats osent se flatter que votre Majesté y reconnaîtra les traits qui ont caractérisé dans tous les temps la fidélité des Bretons et qu'elle daignera donner son agrément à l'exécution d'un projet que l'amour seul a dicté.
Nous sommes, avec le plus profond respect, de votre Majesté, Sire, les très humbles, très fidèles, et très soumis sujets.
Les gens des trois Etats de votre pays du Duché de Bretagne ».
Après sa Présidence, le marquis de Trémargat eut le grand honneur de voir les Etats de Bretagne accepter de devenir parrain de son premier fils, le 21 janvier 1785.
La marraine fut la comtesse de Montmorin, femme du commandant de la Province, à qui les trois ordres décidèrent d'offrir un diamant de 30 000 livres, et qui sagement demanda de consacrer une somme aussi importante à des Bourses d'Etudes dans des Collèges, pour trois jeunes Bretons : l'un de la noblesse, le second du clergé et le troisième du Tiers-Etat.
Ce fils du marquis de Trémargat fut le dernier filleul des Etats de Bretagne. Le baptême fut donné dans l'église Saint-Germain de Rennes.
Un auteur, Ch. Robert, nous a rapporté tout le procès-verbal de la cérémonie, d'après les Registres des Etats :
« Cet enfant fut nommé :
François., Bretagne, Urbain, Marie, Nicolas, Maurice,
d'après les prénoms successifs de :
François de Trans, comtesse de Montmorin,
marraine,
Etats de Bretagne, parrain,
l'évêque de Dol, Urbain de Hercé,
président de l'ordre du clergé,
Marie-Joseph G. de Champsavoy, président
de la noblesse,
Nicolas Borie, président du Tiers,
Maurice Geslin de
Trémargat, son oncle paternel.
Outre les 10 000 écus de la comtesse de
Montmorin, les
Etats allouèrent une gratification de 11 000 livres
à leur filleul et 15 000 livres à sa mère
».
L'enfant mourut peu après, à la grande désolation de ses parents, mais Trémargat hérita tout naturellement des 11 000 livres de son fils. Aussi, pendant les troubles de 1788, le journaliste Volney lui reprocha-t-il dans la « Sentinelle du Peuple » d'avoir empoché 40 000 écus d'or pour « dragées de baptême ».
« Quarante mille écus, mes amis... Si les Etats de Bretagne nous payaient ainsi nos enfants, nous serions tous millionnaires .... ».
Vers 1786, le seigneur de la Praye eut une heureuse initiative qui, réalisée plus tôt, eût facilité les recherches généalogiques dans les Registres de paroisses :
« MM. de Trémargat et du Plessis-Botherel proposent de faire ajouter par les recteurs des paroisses, dans les actes de Baptême, la date et le lieu de naissance du père et de la mère de l'enfant ».
Cette initiative n'eut pas de suite, mais fut reprise par la Révolution, qui l'imposa dans la rédaction des actes de l'Etât-Civil.
ACTIVITÉS DU MARQUIS GESLIN de TREMARGAT en 1788 et 1789.
L'annonce prochaine d'élection aux Etats Généraux et la préparation de cahiers de doléances par paroisses et sénéchaussées éveillèrent à Bain comme partout les plus grands espoirs. On souhaitait enfin la réalisation de réformes profondes dans le pays.
La noblesse bretonne, redoutant la perte de ses privilèges s'assembla à Rennes en 1788, sans autorisation royale, pour délibérer sur certaines atteintes aux coutumes provinciales. Deux seigneurs de Bain y jouèrent un rôle important, le marquis Montluc de la Bourdonnaye et le marquis de Trémargat.
Ce dernier, d'après A. Cochin, était « un fin matois », un peu intéressé, le politicien d'un véritable club de résistance des nobles appelé le « Bastion » ou la « Chambre ardente ».
Un témoin oculaire, digne de crédit, René de Chateaubriand, nous a donné sur ces réunions de la noblesse des détails savoureux :
« Je me rendis à cette diète : c'est la première réunion politique où je me suis trouvé de ma vie. J'étais étourdi et amusé des cris que j'entendais. On montait sur les tables et sur les fauteuils, on gesticulait, on parlait tous à la fois. Le Marquis de Trémargat, jambe de bois, disait d'une voix de stentor :
« Allons tous chez le commandant, M. de Thiard... Nous lui dirons : La noblesse bretonne est à votre porte, elle demande à vous parler ; le Roi même ne la refuserait... ».
Ce M. de Thiard était gouverneur de la Bretagne au nom du roi Louis XVI, et résidait à Rennes.
« A ce trait d'éloquence, les bravos ébranlaient les voûtes de la salle. Il recommençait : Le Roi même ne la refuserait pas ». Les huchées et les trépignements redoublaient.
« Nous allâmes chez M. le comte de Thiard, homme de cour, poète érotique, esprit doux et frivole, mortellement ennuyé de notre vacarme ; il nous regardait comme des houhous, des sangliers, des bêtes fauves. Il brûlait d'être hors de notre Armorique et n'avait nulle envie de nous refuser l'entrée de son Hôtel.
Notre orateur lui dit ce qu'il voulut, après quoi, nous vînmes rédiger cette déclaration :
Déclarons infâmes, ceux qui pourraient accepter quelques places, soit dans l'administration nouvelle de la justice, soit dans l'administration des Etats, qui ne seraient pas avoués par les lois constitutives de la Bretagne ».
Cette assemblée décida d'envoyer à Versailles et à Paris une délégation de 12 gentishoinmes, chargée de présenter au Roi et à son gouvernement un mémoire contenant les protestations des plus beaux noms de la noblesse bretonne, avec 1 410 signatures.
Louis-Anne de Trémargat jugea prudent de ne pas s'engager dans cette délégation, dont faisait partie le marquis de la Bourdonnaye de Montluc, seigneur de Bain. Il pria son frère Maurice de le remplacer.
On sait que cette délégation, jugée illégale, fut « embastillée » dans la nuit du 14 juillet ; ce qui souleva une grosse émotion dans toute la Province... Dès le 12 septembre, 1788, les captifs étaient libérés et rentrèrent en Bretagne dans l'allégresse générale.
Les deux frères figurent dans l'un des couplets d'une chanson en l'honneur des députés « embastillés » lors de leur retour triomphal : Chantons tous le beau marquis - Vraiment ma commère, oui,- il est digne de son frère - Vraiment ma commère, vère, - Vraiment ma commère, oui.
Mais cette idylle de joie et de concorde, fut de courte durée. La vie quotidienne avec ses préoccupations, ses incompréhensions, ses injustices, réveilla très vite les aspirations sociales de liberté et d'égalité, qui agitaient le Tiers.
A la fin de l'année 1788, les Etats de Bretagne s'assemblèrent à Rennes et groupèrent les délégués des trois ordres, selon la Coutume. La séance plénière s'ouvrit le 29 décembre 1788. Un désaccord profond divisa aussitôt l'assemblée.
Le Tiers voulait le doublement de sa députation et le vote par tête, tandis que la noblesse et le haut clergé s'y opposaient avec intransigeance, donnant comme prétexte que c'était déroger à la Coutume de Bretagne.
Le marquis de Trémargat, seigneur de la Praye en Bain, se fit tellement remarquer par sa truculence et ses violences de langage que René de Châteaubriand le mentionne encore dans les séances tumultueuses des Etats :
« Toutes les scènes de confusion auxquelles j'avais assisté se renouvelèrent. Le chevalier de Guer, le marquis de Trémargat, mon oncle, le comte de Bédée, qu'on appelait « Bédée l'artichaut », à cause de sa grosseur, par opposition à un autre Bédée, long et effilé, qu'on nommait, « Bédée l'asperge », cassèrent plusieurs chaises en grimpant dessus pour pérorer.
Le marquis de Trémargat, officier de marine à jambe de bois, faisait beaucoup d'ennemis à son ordre. On parlait un jour d'établir une école militaire, où seraient élevés les fils de la noblesse pauvre. Un membre du Tiers s'écria : « Et nos fils, qu'auront-ils ? — L'Hôpital ! » répartit Trémargat, mot qui tombé dans la foule germa promptement. (Mémoires d'Outre-Tombe).
Ce mot malheureux, parmi beaucoup d'autres, engendra de profondes inimitiés, qui furent fatales ».
Mais le marquis « à la jambe de bois » n'exerçait pas seulement sa bouillante ardeur en paroles, il agissait dans les échauffourées qui opposèrent les étudiants de Rennes aux gentilshommes et à leurs laquais.
B. Pocquet Haut-Jussé raconte dans l' « Histoire de Bretagne » que de Trémargat fut aperçu dans les groupes, où il poussait lui-même ses gens, et les excitait impérieusement. Un jour qu'un valet s'était saisi d'un étudiant, le marquis bondit sur le jeune homme, lui posa un pistolet à l'oreille,et lui aurait fait un mauvais coup, si une main amie n'était venue détourner l'arme à temps.
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A Rennes, la situation était très tendue entre étudiants et gentilshommes... En dépit des ordres royaux qui avaient suspendu l'Assemblée des Etats de Bretagne, la noblesse s'obstina à siéger et délégua même six de ses membres, dont La Bourdonnaye et de Trémargat, pour porter un message au Roi et lui exposer la situation de la Province.
Peut-être n'étaient-ils pas fâchés de quitter la ville de Rennes qui les haïssait, a-t-on dït ?... Six jeunes gens se mirent à leur poursuite. jusqu'aux premières postes, sur la route de Paris, le 27 janvier 1789, mais ne purent. les rattraper.
Que devint par la suite Anne-Louis Geslin de Trémargat ?... On sait que les étudiants le recherchèrent et qu'il fut arrêté par les Nantais au mois d'août 1789. Conduit à Nantes, il fut incarcéré au château de la duchesse Anne.
Une tradition locale fait mention d'une provocation en duel à laquelle il jugea prudent de répondre par la fuite, caché dans une malle.
C'est peut-être grâce à ce subterfuge que le marquis de Trémargat réussit à émigrer, il put faire voile vers l'île de Jersey, où sa femme vint lui tenir compagnie. Elle devait y mourir en 1790.
Son acte de décès figure sur les régistres de la paroisse Saint-Sauveur. Les obsèques eurent lieu en présence de François Le Breton, doyen de l'île de Jersey et recteur de Saint-Sauveur, de J. Dumaresq, connestahle de ladite paroisse, de Louis de la Bourdonnaye de Montluc, seigneur de Bain, etc....
La pierre tombale de la défunte est toujours au cimetière de Saint-Sauveur et porte l'épitaphe suivante
Ici
Repose le corps de A.M.F. de Caradeuc
Epouse en 2e noces de L.A. P. Geslin,
Cte de Trémargat
Gentilhomme breton, Chevalier de Saint-Louis
Ancien Président de
l'ordre de la noblesse de Bretagne
Morte en la 49e année de son âge, le 25
novembre 1790,
Elle suivit son 2e époux à Jersey,
Où elle trouva l'accueil
hospitalier
D'une nation généreuse.
Cette pierre est un monument
imparfait
De la douleur d'un époux et de celle des enfants
Dès deux
mariages.
(Cimetière de Saint-Sauveur à Jersey - Inscription tumulaire).
Le marquis émigra ensuite en Angleterre avec ses enfants et devait y mourir avant 1795.
L'aînée des trois filles, Céleste, devint par la suite Mme Le Veneur de la Ville-Chapron ; elle eut trois enfants et habita la commune de Hénon dans le diocèse de Saint-Brieuc. Maurice de Trémargat devint maréchal de camp en 1790 ; par un étrange revirement du destin, il devint général de brigade des armées de la République, et mourut après 1800, sans laisser de postérité de ses épouses, Céleste Angier de Lohéac et Angélique Le Dissez de Pénanrun.
La loi contre les Emigrés frappa de confiscation tous les biens du marquis de la Praye. Par adjudication, ils furent vendus au profit de la Nation, en 11 lots, le 14 avril 1794 :
1. La métairie de la Porte pour 4 550
livres.
2. La métairie de Ecuries pour 6 425 livres.
3. La métairie de la Retenue
pour 6 600 livres.
4. La métairie de la
Villeville pour 6 400 livres.
Cette dernière métairie fut rachetée par la famille dépossédée, pour 800 francs, en 1802.
5. La métairie du Menant pour 2
450 livres.
6. La métairie de la Cardichais pour 870 livres.
7. La
métairie de la Lande pour 4 050 livres.
8. La métairie de la Cariais pour 3
300 livres.
9. Le Bois du Véréal (1er lot) pour 1 000 livres.
10. Le Bois
du Véréal (2ème lot) pour 1.700 livres.
11. Le Moulin à vent de la Bodais
avec patis pour 1 500 livres.
Ces chiffres nous ont été fournis par Rébillon, dans son ouvrage « Vente des Biens Nationaux des Districts de Rennes et de Bain », mais nous avons scrupule de faire connaître les acquéreurs de ces biens spoliés.
Les biens mobiliers du manoir de la Praye furent inventoriés par le citoyen Feildel, originaire du Fougeray et administrateur du District de Bain, en août 1792, et vendus par la suite. L'hôtel particulier du marquis, rue Royale à Rennes, subit le même sort.
Quant au manoir de la Praye lui-même, on ignore quelle fut sa destinée. Sans doute, fut-il rattaché à l'une ou l'autre des métairies ci-dessus mentionnées.
En 1825, la loi sur le « Milliard des Emigrés » permit très justement aux trois filles du marquis de Trémargat de recevoir une indemnité globale de 23 000 frs environ. Mais les héritières jugeant que les biens de leur père avaient été sous-estimés produisirent en 1826 un état des revenus réels de ces biens en 1790, à l'appui d'une réclamation sur le fonds commun.
Nous ignorons si elles obtinrent gain de cause. Mais une grande partie de cet argent fut employée en bonnes oeuvres.
La perte des biens de famille à Bain-de-Bretagne obligea les Dlles de Trémargat à retourner au pays de Saint-Brieuc, où elles possédaient encore un certain patrimoine.
Marie-Anne était propriétaire d'une maison à Saint-Brieuc ; elle l'habitait et en avait loué plusieurs chambres à M. l'abbé Vielle, directeur de conscience et ami de l'abbé Jean-Marie de la Mennais. Ce dernier, qui y venait régulièrement en visite, intéressa Mlle de Trémargat aux besoins de ses oeuvres. Elle fut en particulier une des grandes bienfaitrices des Soeurs de la Providence, congrégation fondée par M. de la Mennais, et contribua généreusement par ses dons, à une restauration difficile.
Laveille, biographe de l'abbé Jean de la Mennais, mentionne Mlle de Trémargat comme une des collaboratrices fidèles de l'ancien Grand-Vicaire de Saint-Brieuc.
Une des nièces de Mlle de Trémargat, Mlle Le Veneur de la Ville-Chapron fonda elle aussi, en 1842, la maison de Nazareth des « Filles de Marie », à Saint-Brieuc, pour y élever des orphelines.
Toutes ces générosités de la famille de Trémargat sont à sa gloire et méritaient d'être signalées.
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Pour compléter cette étude historique, il nous faut rap peler que ce marquis Geslin de Trémargat était seigneur de Praye et de Beaumont en Bain. Mais il ne reste aucune trace du manoir de Beaumont, qui appartint, au XVème siècle, au seigneur de Beaumont, et au XVIème siècle à Christophe de Neuville. On le situe généralement à proximité du bois du Verréal, qui contient une motte féodale importante, appelée par les paysans, « la butte aux blaireaux ».
Au XIXème siècle, le manoir de la Praye devint la propriété des familles Crespel de la Touche et Germain. Il appartient vers 1960 à la famille Jouin, dont deux membres furent maires de Bain-de-Bretagne.
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En achevant ces lignes, regrettons de ne pas en savoir davantage sur le passé de la Praye, sur les figures qui lui ont été familières, sur les charités de Mme de Neuville tout spécialement..... Que de pages intéressantes, édifiantes ou tragiques, pourraient sans doute révéler les secrets du passé ?
Retenons toutefois un enseignement précieux qui est à la gloire de la famille Geslin de Trémargat. La devise « Noblesse oblige » ne resta pas un vain mot pour les derniers seigneurs de la Praye. Leur fidélité aux vieilles traditions et à la Coutume de Bretagne leur a coûté fort cher, car ils ont accepté l'exil, l'abandon de tous leurs biens, et enfin la mort sur la terre étrangère pour cet idéal.
Inclinons-nous devant ce sacrifice héroïque qui méritait d'être rappelé et qui est un modèle d'attachement à une noble cause.
(F. Charles Rulon, 1959).
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