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Pierre-Julien ORESVE, prêtre guillotiné à Rennes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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62. — Pierre-Julien ORESVE vit le jour à Bédée, dans l’ancien diocèse de Saint-Malo le 1er janvier 1765, du mariage de Julien et d’Olive Le Brumant. Ses parents, lui voyant des inclinations pour l’état ecclésiastique, l’envoyèrent étudier à Dinan, au collège des Laurents. Ses supérieurs le notèrent comme de bonnes mœurs et doué d’un bon caractère. Quant à ses examens, sans être brillants, ils lui méritèrent toujours cependant la cote au moins « passable », et même parfois « assez bien ».

Le jeune Oresve reçut un dimissoire pour recevoir, à Rennes, la tonsure et les mineurs, le 17 septembre 1785. Il fut ordonné sous-diacre, puis diacre à Saint-Méen, les 2 juin 1787 et 21 septembre 1788. Enfin, Mgr de Pressigny lui conféra la prêtrise, dans cette même localité, le 6 juin 1789.

Après le sacerdoce, l’abbé Oresve demeura dans sa paroisse natale, où son recteur demanda pour lui des lettres de vicaire, à la fin de l’année 1790. Au reste, au cours de cette année, si on en juge par les registres de catholicité, cet ecclésiastique se mettait dès auparavant à la disposition du clergé de sa paroisse pour tous les services en son pouvoir.

63. — Pas plus que le recteur et l’autre vicaire de Bédée, l'abbé Oresve ne prêta serment. Le 6 avril 1791, la municipalité de cette localité faisait savoir aux administrateurs du district de Montfort « que MM. Jolives, curé, Chênard, vicaire, et Oresve, faisant fonctions de second vicaire, ont formellement refusé le serment prescrit par la Loi et que leurs dispositions actuelles ne semblent pas annoncer qu’ils s’y soumettront ».

La signature de M. Oresve apparaît pour la dernière fois sur les registres de Bédée le 30 septembre 1791. D’après ses propres dires, ce prêtre dut abandonner sa paroisse le 3 février de l’année suivante, chassé vraisemblablement par la présence d’un curé intrus, lequel détermina le procureur-syndic de sa commune à lui intimer l’ordre de se retirer à trois lieues de son pays natal.

64. — Depuis lors, cet ecclésiastique fut sans domicile fixe, se retirant soit chez ses frères, soit chez une parente dans la paroisse de Cintré, parfois même revenant se reposer chez sa mère, « mais, le plus souvent (suivant ses paroles), passant son temps à vicarier dans les granges, greniers à foin et autres lieux, se cachant et couchant dans les fossés et les barges de paille ».

L’abbé Oresve n’obéit pas plus en effet à l’arrêté du 14 avril 1792 du Directoire d’Ille-et-Vilaine qu’à la loi du 26 août suivant qui le jetait sur les routes de l’exil. Demeuré en France, malgré les périls considérables auxquels il s’exposait, il rendait à Bédée et dans les paroisses voisines tous les services possibles aux populations, alors privées du culte catholique romain. Son dévouement devait lui coûter la vie.

65. — Suivant le procès-verbal de l’arrestation de M. Oresve, daté du 13 juin 1794, lequel on a reproduit ailleurs, ce prêtre se reposait sur un banc, à l’extérieur de la ferme des Couettes en Cintré, exploitée par une de ses parentes, s’y croyant en sécurité, quand un détachement des chasseurs d’Evreux survint. Le prêtre proscrit étant rentré précipitamment, à leur vue, c’en fut assez pour occasionner une visite domiciliaire, au cours de laquelle on le découvrit caché sous un lit. Aussitôt arrêté, on le conduisit à Montfort, où il subit un premier interrogatoire. Avec lui furent emmenées prisonnières des religieuses qui s’étaient trouvées bien malencontreusement arriver en ce moment chez M. Oresve pour se confesser.

Le lendemain de son incarcération à Montfort, l’abbé Oresve fut conduit à Rennes avec le prêtre Pairier, arrêté depuis le 10 juin précédent. On les remit entre les mains du Comité révolutionnaire de Rennes. L’interrogatoire que dut subir l’ex-vicaire de Bédée a été conservé et il a été reproduit ailleurs. Il abonde en détails intéressants qui éclairent sur la mentalité de ce confesseur de la Foi. On voit vraiment que ce n’étaient nullement les sentiments royalistes qui animaient la conduite de ce bon prêtre, mais seulement son attachement à la religion romaine.

Il n’hésite pas à répondre « qu’il aime les lois républicaines dans la mesure où elles n'attaquent pas la liberté de sa conscience, et qu’il lui est, en soi, égal de vivre sous les lois républicaines ou sous celles de la monarchie ». Quant au serment constitutionnel, il ne l’a pas prêté, dit-il, parce qu'il répugnait à sa conscience. Toutes ses autres paroles témoignent, par ailleurs, tant du désir de ne pas blesser la vérité que de sa volonté de ne compromettre personne pour lui avoir donné asile. S’il cite ses deux frères et sa mère comme l’ayant caché de temps à autre, c’est qu’il supposait que cette action, si naturelle de la part de ses proches, ne pouvait leur être imputée à crime. Les personnes qu’il avoue avoir confessées sont mortes, et le prêtre Eveillard, qu’il a fréquenté, est lui aussi trépassé en prison.

66. — Son interrogatoire achevé, l’abbé Oresve fut conduit à la Tour Saint-Michel ; c’était alors l’antichambre du Tribunal criminel, infatigable pourvoyeur de la guillotine. On l’y laissa deux jours seulement. Le 18 juin 1794, le courageux prêtre comparaissait devant Demeaux, l’un des juges du Tribunal criminel, afin d’y subir l’interrogatoire d’identité prescrit par la loi. Il y renouvela ses déclarations déjà faites au Comité révolutionnaire rennais. Il ajouta même qu’étant en 1790 aumônier de la garde nationale de Bédée, il avait à cette époque prêté comme citoyen serment à la nouvelle Constitution que s’étaient donnée les Français [Note : A cette époque, la construction civille n’était pas encore décrêtée] ; qu’il était, au début, partisan des réformes que la Révolution avait apportées au pays, qu’il avait même fait de la propagande autrefois en faveur du nouveau régime, mais, distinguant bien nettement ce qui relevait du temporel de ce qui dépendait du spirituel, il prit bien soin d’ajouter « qu'il n'avait pas cru pouvoir prêter le serment comme vicaire ».

De telles preuves de « fanatisme » ne pouvaient manquer d’attirer sur sa tête les foudres de la loi. Du reste, les termes de celle-ci ne laissaient aux insermentés aucun échappatoire. Dix-huit mois durant, Oresve avait mené une existence digne des confesseurs de la Foi de la primitive Eglise. Il méritait la même récompense ; elle lui fut accordée. Le 17 juin, ce digne ecclésiastique s’entendit condamner à la peine capitale comme « convaincu d’avoir été sujet à la déportation [comme insermenté] et d’être demeuré caché en France au mépris de la Loi ».

Julien-Pierre Oresve marcha au supplice le lendemain du jour où il avait été condamné et rendit à Dieu sa belle âme, comme saint Etienne, dans la première fleur de sa jeunesse sacerdotale.

L’enregistrement de son décès fut fait à l’Hôtel de Ville de Rennes dans les termes suivants, qui n’indiquent pas le lieu où il fut exécuté :

« Jullien Oresve, ex-prêtre habitué de Bécherel [lire Bédée], sans qu’il y ait de plus amples instructions, est décédé le 1er messidor an II (19 juin 1794) ».

67.« Le souvenir de ce prêtre est demeuré vivant dans les paroisses de Bédée et de Cintré, qu’il édifia par ses vertus et qu’il maintint dans la Foi catholique grâce à son zèle infatigable ». Une petite-nièce portant son nom vit encore aujourd’hui à Bédée. Elle aime à s’entretenir de son oncle martyr et conserve pieusement divers objets lui ayant appartenu.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, op. cit., t. III, p. 172. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit., t. II, p. 22. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit., p. 30-32. — Abbé Lemasson, Les actes des prêtres insermentés de l'archidiocèse de Rennes, etc., op. cit., p. 70-81 ; on trouvera dans cette publication tous les documents officiels concernant M. Oresve.

(Dossier n° 225 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux archives d’Ille-et-Vilaine).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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