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LA CHAPELLE DE L'HÔPITAL DU BON-SAUVEUR

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On l'aperçoit de tous les points de l'horizon.

Chapelle de l'hôpital du Bon-Sauveur (Bretagne).

L'architecte a été M. Lageat, frère du premier chapelain de la Communauté. Fils d'un père qui n'entendait pas plaisanterie sur les ambitions du jour, il dut dans sa première jeunesse travailler la pierre comme un simple ouvrier. Et c'est en travaillant ainsi que lui vint l'idée d'aller plus loin et de devenir un jour architecte. Reçu à l'Ecole centrale d'architecture, il put dès lors donner libre cours à ses goûts artistiques.

Son talent était d'être avant tout personnel. Il puisait ses inspirations dans l'idée qu'il se faisait du bel art de construire et d'édifier des monuments destinés à glorifier la religion.

L'église du Bon-Sauveur de Bégard est tout bonnement un pur chef-d'œuvre d'architecture religieuse et bretonne, avec des matériaux de granit et de chêne.

C'est en 1880 que fut posée la première pierre. Une inscription consacre ce souvenir. Les travaux ont duré huit ans, interrompus par la nécessité de se procurer les fonds nécessaires.

L'église conventuelle de Bégard se compose d'une nef servant de chœur à la communauté, d'une rotonde surélevée de quelques pieds, au centre de laquelle a été bâti le maître-autel.

Autour rayonnent trois chapelles : deux servant de transept, la troisième formant abside.

Cette rotonde est surmontée d'une coupole dont l'élévation mesure 120 pieds. Elle repose sur huit colonnes de granit, de 10 mètres d'élévation sur 0 m. 90 de diamètre, composées d'un triforium, d'une deuxième arcature destinée à soutenir les souches de la voûte. Le tout est en pierre de granit, d'un grain excessivement fin.

A chacune des colonnes soutenant cette coupole dont on admire l'audace architecturale est accolée une colonnette servant de socle à un saint : saint François de Sales — saint Brieuc — sainte Anne — sainte Jeanne de Chantal — saint Bernard (le cistercien) — sainte Thérèse — sainte Marie-Madeleine — saint Yves.

Il est regrettable que l'on ne se soit pas inspiré pour ces statues de l'idée première de l'architecte et de M. l'abbé Lageat qui, dans ce monument conçu et entrepris par eux, désiraient avant tout que le granit fût seul employé. On a imaginé des statues en un ciment quelconque. L'effet est désastreux.

Que diraient MM. Lageat du maître-autel, dont le soubassement est en une sorte de pierre blanche des environs d'Angers et dont le tabernacle est en bois recouvert d'une dorure éclatante ? Que diraient-ils surtout des deux anges en plâtre ?

Enfin quel serait leur désespoir s'ils apercevaient les vitraux qui éclairent la voûte de leur belle coupole et qu'une bande ressemblant à une étiquette commerciale traverse de part en part ?

Le chœur a quatre travées, chacune de 5 m. 50. On y a construit des stalles en châtaignier dans le style de l'église, mais d'une ornementation peut-être un peu recherchée pour des stalles de religieuses. Cependant nous devons reconnaître que c'est là un beau travail qui s'harmonise avec le reste.

L'artiste qui les a exécutées est M. Merer, sculpteur à Lannion.

L'avant-chœur, qui sert de vestibule, sollicite l'attention par ses proportions, par le détail de son architecture, par l'harmonie qui règne dans ses arcades en pierre de granit.

Les clefs de voûte du chœur des religieuses sont ornées des armoiries des évêques de Saint-Brieuc dont le souvenir reste cher à la communauté, de Mgrs Le Mée, Martial, David et Boucher.

La clef de voûte terminant la coupole porte les armes de Sa Sainteté Léon XIII.

La chapelle servant de transept de gauche porte les armoiries de l'abbaye de Bégard.

La chapelle en face porte celles de Mgr Hugonin, évêque de Bayeux.

Au chevet, la voûte rassemble ses nervures au-dessus des armes parlantes du Bon-Sauveur : « d'azur, au Bon-Sauveur d'argent, portant dans la main droite une croix d'or et dans la main gauche le globe du monde de même métal ».

L'architecte ou plutôt les architectes, car les deux frères s'inspiraient mutuellement et n'entreprenaient rien sans se consulter, ont eu l'heureuse et artistique idée d'accoler à l'avant-chœur un beau cloître du même style que l'église.

Des fenêtres à meneaux gothiques éclairent de longs corridors sur lesquels s'ouvrent les cellules des saintes filles de Mère Leroy.

Ces cloîtres ont 45 mètres de longueur chacun. Ils ont de belles allures qui rappellent celles du moyen âge.

Les clochetons de l'église et sa tour centrale encore inachevée produisent un grand, un merveilleux effet et dominent le pays à quinze lieues à la ronde. Le voyageur qui vient dans ces parages se demande quelle peut être cette basilique qui découpe à l'horizon sa légère architecture.

Un simple prêtre a conçu les plans de ce monument. Son frère s'en est inspiré et l'a élevé. Le fils de cet architecte continue les traditions de son père, en poursuivant dans ses détails cette belle œuvre destinée à glorifier Dieu.

M. Pierre Mez a été l'entrepreneur de ce beau travail.

M. Le Goff, ancien curé de Guingamp et chanoine honoraire du diocèse de Saint-Brieuc, encouragea les idées et les projets de ceux qui conçurent le plan de cette église, qui fait honneur à la Bretagne (Comte de Puiseux, 1904).

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