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BOISHARDY

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Le Boishardy est un ancien manoir restauré vers la fin du XIXème siècle par M. Hémery de Goascaradec ; il est situé sur le territoire de Bréhand, à une lieue de Moncontour.

On ne sait depuis quand les seigneurs du Boishardy habitaient ce manoir ; mais, en 1744, Jérôme-Sylvestre Bras de Forges du Boishardy épousa Sylvie-Louise-Françoise Couppé. Cette dame Couppé était soeur de Jean-Baptiste Couppé, chevalier-seigneur des Essarts, chevalier de l'ordre militaire royal de Saint-Louis, gouverneur pour le roi du château et de la ville de Moncontour, capitaine de dragons au régiment de la Reine.

C'est de ce mariage et dans ce château que naquit le général Bras de Forges du Boishardy, dont le nom est devenu si célèbre dans les guerres de la Révolution de 1793, et c'est de lui que nous allons parler.

Bras de Forges du Boishardy était au service de Louis XVI avant la Révolution de 1793, il était lieutenant sur le navire Royal-Louis. La tourmente révolutionnaire l'atteignit à son bord, et le rendit à ses foyers, à sa terre du Boishardy. Il ne tarda pas à former le noyau d'une armée qui devint bientôt l'armée royale de Bretagne et dont il fut nommé général. Son but était de s'opposer aux spoliations qu'exerçaient partout les hordes de la République et de concourir avec les autres provinces qui étaient aussi insurgées, à défendre la tête du malheureux Louis XVI qui devait bientôt monter à l'échafaud. Boishardy n'eut pas de peine à rassembler autour de lui un certain nombre de dévoués ; ses premiers compagnons d'armes furent Charles Jaunet, encore plein de vie, et de qui je tiens en partie les détails que je donne ici ; François Richard et Jacques Le Borgne, son domestique. Ils ne furent pas longtemps seuls, bientôt leurs rangs se grossirent des jeunes gens de la paroisse et des paroisses voisines qui se refusaient au tirage ; survint une occasion qui augmenta considérablement leurs recrues. Une coalition s'était formée entre plusieurs paroisses, entre autres : Quessoy, Hénon, Plaintel, Andel, Saint-Aaron, Coëtmieux, Meslin, Maroué. Les coalisés se réunirent à un jour fixé aux landes du Gras, en Meslin, où Boishardy lui-même s'était rendu avec quelques centaines d'hommes qu'il commandait. Pommeret venait de se révolter à l'occasion du tirage au sort ; les gardes nationales de Hillion et de Lamballe furent commandées de marcher sur Pommeret, avec ordre d'incarcérer les pères et mères des réfractaires. Boishardy, à la tête d'environ 6.000 hommes qu'il avait en grande partie recrutés aux landes du Gras, se rend à Pommeret dans le but de les protéger, mais les républicains avaient fui au bruit de leur approche, emmenant avec eux les officiers municipaux de Pommeret, soupçonnés d'avoir fomenté sous main la résistance des jeunes gens. Les royalistes marchent à leur poursuite et les atteignirent entre Saint-René et Sainte-Anne-des-Ponts-Garnier, une affaire s'engagea et les nationaux furent forcés de battre en retraite.

Ce premier coup de main rendit Boishardy redoutable, et son nom fit plus d'une fois trembler les sénateurs briochins sur leurs chaises curules. Cependant la tête de Boishardy était mise à prix, et son expédition de Pommeret donna lieu à des recherches sévères contre lui. Dans le but de s'en emparer, un camp de plus de 2.000 hommes, commandé par le général Morin, fut formé dans les landes de Meslin ; de son côté, le comité de surveillance de Saint-Brieuc avait chargé un nommé Hello de se rendre à Moncontour avec de l'artillerie, une compagnie de canonniers et des volontaires de Quintin, Lamballe et d'ailleurs, dans le même dessein. Malgré toutes ces précautions pour s'emparer d'un homme, Boishardy ne tomba pas entre leurs mains.

La sentence qui condamnait Boishardy à la peine capitale, enveloppait aussi dix-huit de ses compagnons d'armes ; neuf, du nombre desquels était Boishardy, purent se soustraire à cet arrêt ; Charles Jaumet, François Richard, Pierre Morin, Jean Chaplain, Jean Renault, les deux frères Dolédec, Jacques Le Borgne, domestique du général, et Louis Cornillet, officier municipal de Saint-Aaron, étaient aussi de ce nombre ; mais les neuf autres moins heureux furent pris et subirent leur sentence ; de ce nombre étaient François Pincemin, maire de Meslin, un appelé Guyot, un domestique de la Ville-Chaperon et six autres ; ils furent exécutés à Lamballe, dans le champ de foire, sous des ormes, auprès d'une maison dite le Pavillon. Ils marchèrent à la mort avec courage et en héros chrétiens, en chantant tous d'une voix ce bel hymne en l'honneur de la Sainte Vierge : Ave maris Stella, et le cantique : Je mets ma confiance, sans que la vue de l'instrument de leur supplice altérât leur voix et fit chanceler leurs pas ; ils montèrent à l'échafaud, et donnèrent leurs têtes à leurs bourreaux.

Peu de temps après cet événement, arriva la grande réquisition ; elle profita plus à Boishardy qu'au parti qu'il combattait, presque tout le monde se rangeait sous sa bannière, et bientôt il compta sous ses ordres plus de 50.000 hommes qu'il divisa sur différents points et qu'il réunissait selon les besoins. Chaque localité avait son chef. René Duros commandait à Hénon, Michel Morin à Quessoy, Dutertre à Plaintel, etc.

Le quartier général était ordinairement à Bréhand, mais le général Boishardy ne se retirait jamais chez lui depuis qu'il était condamné à mort. Il couchait rarement deux nuits de suite dans le même endroit. Tantôt il se retirait pour prendre quelques heures de sommeil dans des creux qu'il avait fait pratiquer et dont l'entrée était refermée, avec des fagots, tantôt dans des rochers, le plus ordinairement dans un hamac qu'il suspendait aux branches d'un pommier, tandis que sa troupe bivouaquait aux environs. L'auteur des Notions historiques place faussement le camp de Boishardy dans un champ qu'il appelle les Cacheriaux, au lieu de Cahariaux, ce lieu ne fut pour lui qu'une retraite pour la nuit, et encore assez rarement ; il est encore aussi mal informé quand il fait un observatoire du pavillon de la Motte-Chagnon, et non pas la Motte-Chagron, où il place des sentinelles comme dans un lieu élevé d'où l'on voyait de fort loin ; la Motte-Chagnon est placée dans un lieu fort bas, environnée d'arbres qui l'enveloppent comme au milieu d'un bois, et qui ne laissent apercevoir même du pavillon que le chemin qui passe au pignon de cette maison. On est d'autant plus surpris des erreurs, assez fréquentes du reste, de l'auteur des Notions, qu'il daigne faire connaître lui-même la source où il a puisé ses renseignements.

Il avait toujours avec lui un bon nombre de soldats, et comme il n'y avait pas d'armes pour tous, ceux qui n'en avaient pas se retiraient chez eux ou se cachaient jusqu'à ce qu'on eût effectué quelque nouveau débarquement ou qu'on en eût pris sur l'ennemi. Dans un cas d'attaque, les couteaux de pressoir, les faulx emmanchées dans de longs pieds, les fourches de fer, etc., suppléaient aux baïonnettes.

Vers la fin de 1794 vint une amnistie proclamée par le général Boursault, on suspendit de pari et d'autre les hostilités. Ce fut alors que le général Humbert (d'autres prétendent que c'était le général Hoche) et Boishardy concertèrent une entrevue à la Prévalais, à quelque distance de Rennes. Pendant que les généraux étaient en pourparler, chacun séparé de sa troupe, un appelé Cormantin se rend à Rennes sous prétexte d'ouvrir un emprunt pour les armées royales. Cette nouvelle donna l'éveil aux républicains de Rennes qui, aussitôt, se mettent en marche pour la Prévalais. Boishardy, averti à temps, s'enfuit (on dit même qu'il fut sauvé par le général républicain avec qui il avait eu entrevue) et se dirigea vers la Loire, après avoir ordonné à ses troupes de retourner à Bréhand et d'y attendre son retour. Boishardy passe la Loire et va trouver le général qui commandait les armées royales en Vendée. (Ce devait être le fameux la Rochejaquelin). Le résultat de cette entrevue fut que les deux armées, celle de la Vendée et celle de la Bretagne devaient se réunir, car l'indiscrétion de Cormantin avait fait reprendre les armes, et les hostilités recommencèrent avec un nouvel acharnement.

Ce fut pendant le colloque de Boishardy avec le général républicain, qu'eut lieu l'affaire de la Ville-Mario en Saint-Quay. Les royalistes s'y étaient rendus au nombre d'environ quatorze ou quinze cents, pour favoriser un débarquement qui devait se faire sur la côte. (Les royalistes étaient commandés par Marc-Antoine, normand d'origine ; il fut tué à la Ville-Mario). Les troupes républicaines, averties dut coup de main qui devait se passer, se rendirent vers le lieu où devait s'effectuer le débarquement ; à une heure du matin, les deux armées se trouvent en présence, un combat s'engage, il fut long et terrible. Les royalistes se voyant sur le point de manquer de munitions, envoyèrent un garçon meunier chercher, en poste de cheval, une charge de cartouches qu'ils avaient laissée dans un endroit qu'ils lui indiquèrent ; le commissionnaire fut de prompte expédition, mais en arrivant, au lieu de conduire son cheval au camp des royalistes, il l'attache à une racine de chêne et monte dans un arbre pour examiner le combat ; arrivent à l'instant trois soldats de la République qui prennent le cheval et le conduisent avec sa charge à leurs troupes. Les royalistes, inférieurs en nombre, et accablés par la longueur d'une bataille qui durait depuis plus de dix heures, frustrés de leurs cartouches que les républicains leur avaient enlevées, furent contraints de se replier, laissant plus de 150 morts sur le champ de bataille.

Mais revenons à Boishardy que nous avons laissé de l'autre côté de la Loire. La difficulté de repasser le fleuve était grande ; les troupes républicaines, échelonnées le long du rivage, rendaient la Loire inabordable ; la connaissance qu'on avait du passage du général breton dans la Vendée, avait fait prescrire de grandes précautions pour s'opposer à son retour ; il fut assez heureux pour tromper leur vigilance et éviter leur rencontre. On lui indiqua un passage et on lui désigna les maisons où il pouvait s'adresser avec confiance ; il se dirigea donc vers la Bretagne, impatient de rejoindre ses compagnons d'armes. Chemin faisant, il entre dans une ferme, où il fait rencontre d'un jeune homme de 17 ans, se disant royaliste, parisien d'origine, qui s'affligeait et pleurait beaucoup. Quelle est la cause de la douleur ? lui demande Boishardy. — Hélas, dit-il, je ne puis rejoindre mes camarades qui sont dans la Vendée, la Loire est gardée et il impossible de repasser sans être pris et fait mourir. — Eh bien ! reprit le général, si tu veux me suivre, tu serviras la même cause en Bretagne. Boishardy emmena pour son malheur, le jeune parisien avec lui.

A son arrivée à Bréhand, Boishardy ne trouva qu'un petit nombre de ses gens ; ils s'étaient dispersés sur différents points, sous la conduite de quelques gentilshommes qui avaient échappé au malheur de Quiberon : Antonio Ville-Blanche, Charles de la Crochais, Thomas (parisien), Philippe (égyptien). Il fut blessé à l'affaire de la Ville-Mario. Le Veneur, dit de la Roche, et plusieurs autres commandaient l'armée royaliste que Boishardy se proposait de réunir pour la joindre à celle de la Vendée.

Le jeune parisien que Boishardy avait amené se retirait au Vaud-Gourio, chez Mathurine Cosson (elle est morte en 1852) femme Carlo, tandis que son chef bivouaquait dans les champs des environs, et couchait la nuit dans son hamac, avec quelques fidèles qui veillaient et montaient la garde autour du champ où il était. Il n'y avait encore que trois jours qu'il était arrivé avec le parisien, que celui-ci disparut sans qu'on sût ce qu'il était devenu et sans qu'on soupçonnât le plan qu'il méditait. Le malheureux était à Lamballe, à vendre la tête de son maître et de son bienfaiteur.

Boishardy était naturellement bon et humain, il avait l'âme grande et généreuse ; ennemi du vol et du pillage, il punissait sévèrement ceux qui s'en rendaient coupables. Nous nous bornerons à en citer un trait sur bien d'autres, qui nous a été raconté par un témoin du fait. Revenant de son expédition de Jugon, il remarque à quelque distance derrière lui un de ses soldats qui marchait à peine sous le poids d'un énorme sac qu'on lui voyait par dessus la tête. Boishardy fait faire halte à sa troupe et attend l'arrivée du coupable. — Que portes-tu là ? lui dit le général, voyons, dépose ton sac. Et, en présence de tout son monde, il fait l'inventaire du mobilier du voleur ; il y trouve cinq couvertures de laine, une épée à garde d'or, une canne garnie aussi en or ; il le fouille et lui trouve une belle montre en or. Boishardy entre en colère, fait ranger sa troupe sur deux lignes, et allait faire fusiller le voleur à la tête de son armée, si un jeune officier de haute qualité, mais dont on n'a pas retenu le nom, n'eût intercédé pour le coupable et obtenu sa grâce. Boishardy aperçoit à l'instant un jeune homme travaillant dans son champ, le fait venir, lui demande son nom, le lieu de sa demeure, lui confie les objets volés, lui enjoint de les reporter à Jugon et de les remettre à celui qui les a perdus, et que dans 48 heures il saurait s'il a exactement exécuté ses ordres. Tu diras, ajouta-t-il, que c'est le général Boishardy qui t'a chargé de cette commission, afin qu'on sache qu'il ne veut pas commander à des brigands.

Le lendemain de son départ, vers deux heures du matin, le traître arrive au Vaud-Gourio à la tête d'une colonne de grenadiers, commandés par un appelé Audillas, pour livrer Boishardy. Il frappe à la porte de Mathurine Cosson, demande où est le général : « J'ai, dit-il, des choses importantes à lui communiquer ». Cette brave femme le reconnaît à la voix et lui dit, sans qu'elle se défiait d'une trahison : il est couché dans son hamac, dans les Bas Champs. Les Bas Champs sont tout près de l'étang du moulin de Rhénon. La colonne se divisa en deux détachements, l'un suit la grande route vers Moncontour, et l'autre, conduit par le traître, se met à la recherche de Boishardy. Jacques Le Borgne, son domestique, se trouvait cette nuit de sentinelle sur la chaussée du moulin de Rhénon, à quelques pas du champ où était son maître ; il entend un bruit qui lui donne quelque inquiétude, il veut s'assurer ; il aperçoit le détachement du grand chemin, il vole avertir le général, qui aussitôt sort de sa couche et s'enfuit ; il n'avait pas remarqué l'autre détachement qui le suivait, venant du Vaud-Gourio et qui se trouvait à peu de distance ; il se sauve avec le petit nombre qui était avec lui, les bleus les suivent et font sur eux une décharge à l'aventure. Boishardy est atteint d'un coup de feu dans les reins, cependant il ne tombe pas et continue de fuir, mais il perdait beaucoup de sang ; pour comprimer la plaie, il défait sa cravate et s'en fait une ligature. Il gagne du terrain et parvient, non sans peine, jusqu'à la Croix-Fourchon, sur la rive droite de la route de Lamballe à Moncontour, à une très petite distance du moulin à vent de Saint-Malo ; il arrive précisément à la rencontre de l'autre détachement qui avait ralenti le pas au bruit des coups de fusil. Boishardy veut faire un mouvement rétrogade en sautant d'un champ dans un autre, mais il reçoit une décharge qui le fait tomber dans un petit chemin qui conduit de la grande route au village de la Ville-Grasland. « Grâce, s'écrie Boishardy, je suis votre prisonnier, traduisez-moi devant les tribunaux » ; aussitôt arrive le barbare Audillas qui était du nombre de ceux qui le poursuivaient, et sans égard à la demande d'un homme presque expirant, il lui passe son épée au travers du corps. On le laisse pour mort, et ces bourreaux, fumants du sang de leur victime, reprennent la route de Moncontour ; arrivés à la hauteur du moulin à vent de Saint-Malo, Audillas s'arrête et dit aux siens : « Nous sommes des lâches, retournons et lui coupons la tête ». Ils retournent sur leurs pas et le monstre Audillas (c'est encore par erreur qu'on fait dire à l'auteur des Notions que le perfide qui l'a trahi lui trancha la tête, la consommation de son crime était réservée au chef Audillas, homme sanguinaire et d'une épouvantable férocité, toute sa conduite dans cette horrible affaire en est une preuve évidente) lui tranche la tête. Ce fut dans le mois de juin 1795 que Boishardy fut tué et dans les premiers jours de juin suivant, ce fut le tour de Jean Darcel.

Note de Jeanne Darcel.

Boishardy fut tué dans le chemin des champs Piroués, vis-à-vis de la brèche du champ de François Verdes, au commencement du mois de juin 1795. On lui coupa la tête et on ne lui laissa que sa chemise relevée autour du cou. Magdeleine Caro la lui rabattit, en passa une autre et l'enveloppa dans un linceul donné par Jean Hervé des Landelles. Jean Gallais, de la Saignerie, et Mathurin Fourchon, domestique chez Barthélemy Verdes, à la Ville-Grasland, lui creusèrent une fosse dans l'orée du clos de la Noë, où il ne demeura qu'une seule nuit.

La nuit suivante, François Darcel, de la Bouéderie, le déterra et le porta devant lui à cheval ; arrivé dans le cimetière de Bréhand, on le mit dans une châsse et il fut inhumé en face du portail de la vieille église, à peu près à l'endroit où est la tour actuelle.

François Darcel était accompagné de quelques amis, dont quelques-uns allaient devant et les autres derrière, pour prévenir en cas d'actualité. Ainsi raconté par Françoise Darcel, de la Bouéderie, alors âgée de 11 ans, laquelle alla avec son petit frère sur les lieux mêmes et vit Boishardy dans ce triste état.

Le corps de Boishardy fut apporté au cimetière, sa tombe est recouverte d'une pierre tombale, à l'encoignure de l'église, du côté midi. En 1849, on creusa à cet endroit, et on n'a retrouvé aucune trace d'ossements. A la place ici indiquée est le tombeau de Mme Penquis de Quemby.

Bras des Forges de Boishardy était estimé dans le pays. Si M. H. lui reproche une faiblesse, inexcusable toutefois, surtout dans un homme destiné à donner le bon exemple, un sentiment de pudeur, sinon de religion, aurait dû lui faire supprimer une certaine anecdote que ne justifie pas même la délicatesse d'une honnête galanterie. Du reste, on ne peut sans injustice et sans contredire le témoignage de ceux qui l'ont connu, comme de ceux qui l'ont servi, lui refuser la qualité de héros, et d'un homme qui obéissait loyalement à sa conviction. C'est à tort qu'on lui attribue certains faits qui souvent n'appartenaient à aucun parti politique, ou plutôt à ses plus ardents ennemis.

Je n'ai pas parlé des batailles de Boishardy, mon dessein n'était pas d'en faire l'histoire, mais de rapporter sommairement certains faits qui sont relatifs à ces temps d'horrible mémoire et auxquels prit part un homme qui dut sa naissance au pays.

Le féroce Audillas, après avoir tranché la tête du général Boishardy, la fixa au bout d'une pique ou d'une baïonnette, et la fit porter à Moncontour. De là, ces monstres à figure humaine la portent à Lamballe, la promènent dans les rues, sous les fenêtres du château, et, après avoir assouvi leur rage par leur horrible triomphe, ils la portent jusqu'à l'étang de Launay, en Maroué, où ils la jettent.

On raconta au général Vattaut, à Saint-Brieuc, la fin tragique de Boishardy ; il en fut sensiblement affligé et répondit : « Vous croyez avoir fini la guerre en coupant cette tête, mais sachez que cette tête a des racines que vous n'avez pas coupées... la guerre va être plus forte que jamais ».

Cette tête, retirée de l'étang, a été longtemps dans la chapelle de Launay-le-Corne, en Maroué. Depuis on la porta dans le cimetière de cette paroisse, où elle se trouvait encore en 1865.

Le traître qui avait livré Boishardy ne tarda pas à recevoir la récompense de sa perfidie. Un si noir attentat glaça tous les coeurs, même ceux du parti républicain. On le traduisit devant le tribunal de Saint-Brieuc et il fut condamné aux galères ; cette condamnation n'était au fond que pour la forme. On voulut se défaire d'un homme qui pouvait trahir tous les partis ; aussi on donna ordre aux soldats chargés de le conduire à Guingamp de le fusiller à quelque distance de Saint-Brieuc, ce qui fut exécuté aux environs de Saint-Barthélemy.

Boishardy fut remplacé dans le commandement des troupes royales, par Charles de la Crochais, Le Veneur, Carfort, Le Gris de Bosni.

(le diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire).

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