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BRANDIVY ECCLÉSIASTIQUE

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Tous les faits, toutes les légendes qui de près ou de loin se rapportent à cette partie peuvent aisément se grouper sous un des titres qui suivent : patron de Brandivy, trève ou paroisse, chapelles et croix, cierge.

 

I. — PATRON.

BRANDIVY se compose de Bran et du Divy [Note : D'après la légende, il se compose de Ber, deu ui. Un enfant cherchait des nids, arrivé à une brousse, il entend un oiseau qui s'envole et il s’écrie. Berrr, deu ui, c’est-à-dire berrr, deux œufs. D'où l’on a fait Berdevy], ce qui veut dire : colline de Divy.

En fait d'étymologie, rien ne semble plus correct. Bran, Bren, au rapport de tous les auteurs, signifie colline, montagne. Or, non-seulement le bourg de Brandivy s'élève sur une hauteur, mais encore toute la paroisse forme un terrain montagneux.

Pour ce qui est de Divy, l'interprétation n'est pas moins évidente. Un titre de 1634 désigne le patron de la localité sous le nom de saint Davi. Or, Davy et Divy sont un seul et même personnage, évêque de Ménévie, mort vers l'an 544 (589 ?). « Les lieux qu'on appelle Saint-Divy, proche Landerneau, et Pot-Davy auprès de Douarnenez nous rappellent, dit Déric, la mémoire de ce saint prélat. ». Il est permis d'ajouter que la ville épiscopale de Ménévie porte depuis longtemps le nom de Saint-Davy, du nom de son fondateur [Note : Un village de Brandivy s’appelle Méné-Davy qui a exactement le même sens que Bran-Divy. — A signaler Ker-Davy en Pluvigner, sur les limites de Brandivy].

Si l'on objecte que Brandivy s'écrivait en 1447, Brandevi, qu'à cela ne tienne. Devy est une des formes du nom de notre saint. Ce qui le prouve, c'est que l'église, bâtie au lieu où fut célébré un concile qui vit briller sa science et sa sainteté, fut nommée en son honneur Lan-Devy-Brewi, et que saint Lily, son disciple chéri, fut nommé Gwas-Dewy.

Une difficulté sérieuse reste à résoudre, relativement à saint Ivy qui paraît avoir, à une époque que j'ignore, supplanté saint Divy. Le nom de saint Ivy est écrit en gros caractères sur la croix paroissiale ; l'abbé Cillard, de son côté, le reconnaît comme patron de la localité. Mais c'est une erreur, et cette erreur provient d'une confusion qu'il était si facile, à défaut de documents, d'établir entre les deux noms. Si saint Ivy avait été, dès le principe, le vrai patron, pourquoi n'eût-on pas écrit et prononcé Branivy ? Le besoin d'euphonie n'obligeait pas, en la circonstance, à intercaler le d. Alors même que cette raison ne vaudrait rien, nous pouvons invoquer le titre de 1634 qui désigne le patron sous le nom de saint Davi, qui est le même que Devy et Divy, comme nous l'avons ci-dessus prouvé. Ce titre est antérieur d'un siècle à l'affirmation de Cillart ; or, pour connaître la vérité sur ces sortes de questions, ce sont les vieux titres qu'il faut consulter, ce sont aux plus anciennes orthographes qu'il est nécessaire de se rapporter.

Ce qui confirme cette opinion, c'est que l'abbé Cillart lui-même, en parlant de saint Ivy, le qualifie d'évêque inconnu. Ainsi Cillar conserve au patron son titre d'évêqué. Mais évêque de quel siège et de quelle époque ? Il n'en sait rien. Il connait un saint Ivy, moine du septième siècle ; mais il ne rencontre nulle part un saint Ivy, évêque. Voilà l'auteur du Pouillé dans l'embarras ! La difficulté se serait évanouie, s'il avait connu le titre de 1634. Ce titre lui eût fait voir que le vrai patron de Brandivy portait le nom de Davy ou Divy, ou Devy, et que ce saint avait, au sixième siècle, illustré le siège de Ménévie dans la Grande-Bretagne.

D'où il résulte que saint Divy a été le patron primitif de Bran-Divy et qu'il a imposé à la localité son nom [Note : Cela n'est pas toujours vrai, alors même qu’en décomposant le nom d’une localité, on y retrouve celui du patron. Le nom des terres en effet, quand il ne vient pas d'un événement marquant, est ordinairement tiré de la situation des lieux, du voisinage d’une forêt, d’un cours d’eau de quelque accident caractéristique. Or, on est aisément porté à donner pour patron à un lieu le saint dont le nom offre quelque ressemblance avec le nom de ce lieu. C'est pour cette raison que saint Melaine a pu être choisi pour patron de Plouguelen, saint Corneille de Carnac, sainte Agathe de Plumergat, saint Jean d'une chapelle bâtie au village de Lésurgant en Plescop… C'est d'après le même principe qu'on invoque N.-D. de la Vérole à Brech, saint Corneille pour les bestiaux, saint Clair pourt les yeux, saint Abibon (en breton Diboen) pour la délivrance des âmes du Purgatoire et des femmes en travail d'enfant ; sainte Avoie pour les enfants enviés. Les enfants qu'on jalouse sèchent sur pied ; on ne peut les guérir qu'en promettant une poule blanche à santes Avie et envoyant l'enfant iciet « iciet » en pèlerinage à sa chapelle...].

Une question fort intéressante serait de savoir à quelle époque une chapelle sous le vocable de Saint-Divy, serait venue couronner ces hauteurs. En l'absence d'un texte, d'un document, il est impossible de rien préciser. Tout ce qu'il est permis d'avancer, c'est qu'elle doit remonter au-delà du douzième siécle. C'est avant le douzième siècle effectivement qu'il était de mode d'accoler un terme celtique, comme Bran, Ran, Plou, Guic, Landt, Loc ou Lot…. au patron d'une chapelle, d'une localité, d'un canton de terre, d'un monastère.

Non pas que cet oratoire primitif fût en pierres, les constructions lapidaires, au moins dans les campagnes armoricaines, au rapport de la notice de Jublains, datent seulement des dixième et onzième siècles ; ce ne devait être qu'un humble bâtiment fermé par des claies et construit avec de la terre et du chaume, d'après la méthode suivie à la même époque pour les maisons en Armorique, en Bretagne et dans d'autres contrées.

Suivant l'usage presque constant à cette époque, la chapelle s'élevait au bord d'une voie ancienne, le hent Conan, qui traversait tout le Broroérec de la Vitaine au Blavet et dont on retrouve encore par-ci par-là quelques vestiges.

On croirait volontiers qu'elle a été dans le principe, affectée au service d'un hospice. Il existe au bourg de Brandivy, un champ dit « parc en hospital », où les laboureurs prétendent avoir retrouvé des vestiges de maisons, des ardoises. Cette dénomination indique d'ailleurs dans les autres paroisses un établissement hospitalier ; pourquoi n'en serait-it pas de même chez nous ? Que ce fût un hospice, ou un prieuré, ou un poste de moines sur hent Conan [Note : On remarque sur la même voie, le Moustoir en Pluvigner, le Moustoirie en Plumergart, Lomeneo et le Moustoir des Fleurs en Grand-Champ : tous établissements avec « le parc en hospital » échelonnés sur un espace de 20 kilomètres. Lorsque dans une de leurs courses du neuvième siècle, les Normands ravagèrent la Bretagne jusqu'au Blavet, ils durent suivre ce chemin, en ruinant tout sur leur passage. Que le sol de la Bretagne ait été avant le neuvième siècle couvert de moustoirs, d'hospices, on le conçoit facilement d'après ce que Albert le Grand rapporte de saint Tugdual : « le Saint alla faire un tour par la province, prêchant et édifiant les monaetères, lesquels il peuplait de religieux de son monastère de Saint-Pabu qui était comme le chef et le principal de l'ordre, lequel en peu de temps se dilata et amplifia de telle sorte qu'il n'y avait guère de paroisse où il n'y eut quelque monastère ou au moins quelque hospice de son ordre ». C'est le cas de dire : « Ab uno disce omnes »], son existence serait une raison de plus pour croire à la haute antiquité de la chapelle de Brandivy.

Si une chapelle n'a pas cessé, depuis une lointaine époque, de se dresser sur cette colline, saint Divy a cessé malheureusement de la protéger. Troublés par la fâcheuse confusion survenue entre saint Divy et saint Ivy, nos gens ont voulu se donner un patron connu et ils ont pris saint Aubin.

Ce qu'il y a d'étrange, c'est que le changement, ne peut remonter au-delà de cinq quarts de siècle et que les habitants n'en ont conservé aucun souvenir. Tous sont persuadés que saint Aubin, le patron actuel, a été de tout temps le patron de la localité. Est-ce que cette tradition ne porte pas à croire qu'il y a constamment, à un titre quelconque, joui d'un culte spécial et que par suite la substitution s'est d'elle-même operée ? Toujours est-il que le choix du nouveau patron ne s'est pas fait sans motif. Ce motif quel peut-il être ? S'il était permis de se livrer à cet égard à quelques conjectures, voici ce qu'on pourrait hasarder :

Saint Tugdual est de temps immémorial le patron de Grand-Champ. Grand-Champ même s’appelle vulgairement Guergam-Tual [Note : Il est curieux d'observer que deux tumulus de Plumergat s'appellent Scarradur-Botteu Guergam-Tual, que les menhira de Plumergat, Brandivy. Grand-Champ, Plaudren, son dénommés : Men fall Guerguam-Tual c’est à parier, dit Cillard, que Rabelais a emprunté à ce pays le tires de son insipide ramon. — La légende de Gargantua est fort répandue dans nos campagnes], qu'on prononce simplement Grand-Champ, Guergant, par l'habitude qu'ont les Celtes de tout abréger. Tant de villages par ailleurs portent son nom, comme Tol-Goët ou Tual-Goët dans les vieux titres, Ker-Dual, Ca-Dual, Loc-Pabu… que ce canton peut être considéré comme le domaine de saint Tugdual.

Or Tugdual et Aubin étaient contemporains. Une amitié étroite les unissait, depuis que Tugdual, se rendant à Paris, fit à Angers une visite à saint Aubin, évêque de cette ville : saint Aubin l'accompagna le reste de la route, et lui servit d'introducteur auprès de Childebert..... Voilà ce qui explique dans une certaine mesure le choix du nouveau patron de Brandivy. Le souvenir de cette antique liaison s'est offert à la pensée ; en se mettant sous le patronage d'Aubin [Note : La fontaine du bourg n'est pas dédiée au patron, mais à Notre-Dame des Neiges, devenue pour nos gens Notre-Dame de la Force, parce que le mots bretons qui signifient neige et force se prononcent de la même manière. On y lave les pieds des enfants, dans quel but, le vocable le dit assez. La statue de Notre-Dame décore le rétable du sanctuaire], on a eu le dessein de lui ménager une petite place sur le territoire de son ami Tugdual.

L'explication, si elle n'est vraie, est du moins vraisemblable.

 

II. — TRÈVE.

Brandivy n'était pas paroisse avant la Révolution, mais une simple trève taillée dans la paroisse de Grand-Champ.

Les chapelles tréviales ou succursales sont aussi anciennes que l'église elle-même ; et l'on peut affirmer que dans le principe, chaque diocèse n'était ou n'avait qu'une paroisse, la paroisse de l'église mère ou matrice ou cathédrale, dont les autres églises étaient des dépendances, des succursales, des trèves. C'est ainsi que nos peuples de Plumergat et de Baden ont conservé le souvenir des moines ou prêtres Bruno et Talyert détachés de Vannes pour faire le service religieux dans ces localités. Peu à peu des paroisses se formèrent au sein du diocèse et eurent des titulaires fixes, et à mesure que les besoins du culte augmentaient, des trèves s'établirent dans les paroisses trop vastes pour la commodité des habitants. La chapelle tréviale n'est donc pas une paroisse proprement dite : parrochia distincta non est ; mais une chapelle de secours « auxiliatrix tantum ». Les trèves étaient jadis desservies par un vicaire ordinairoment amovible, que le recteur choisissait et faisait agréer à l'évêque qui lui donnait des lettres de vicariat. Telle était la doctrine d'Alexandre III relative à l'érection des trêves : « Mandamus ut ecclesiam ibi œdifices, et in ea sacerdotem, ad prœsentationem rectoris ecclesiae matricis, instituas ».

D'où il résulte que les curés de Brandivy étaient à la nomination du recteur de Grand-Champ.

Si le recteur de Grand-Champ choisissait les curés de Brandivy, il les payait aussi, non plus en sa qualité de recteur, mais à titre de gros décimataur [Note : Le recteur de Grand-Champ dîmait à la 23ème gerbe sur toute l’étendue de sa paroisse L'abbaye de lanvaux percevait aussi un trait de dîme sur quelque terres de Brandivy, comme on le verra ailleurs]. La portion congrue de chaque curé avait été fixée par la déclaration du roi de 1686 à la somme de 150 livres. L'article 3 de l'édit du 13 mai 1768 porta cette somme à 250 livres. Voilà le traitement que recevaient les curés en France et par conséquent les curés de Brandivy, il n'avait rien d'excessif ; l'administration savait pourtant le réduire encore en le frappant d'un impôt de 22 livres [Note : Taine].

Bien que le recteur de Grand-Champ désignât et soldât les curés de Brandivy, il n'a pas erigé la trève même. Il était en son pouvoir de solliciter cette érection ; le droit de l'opérer, suivant le décret précité, appartenait à l'évêque. Or, à quelle époque précise remonte la trève de Brandivy ? M. Luco dans son Pouillé, la signale dès le quinzième siècle. Certains passages des archives portent que l'abbaye de Lanvaux était fondée dans la trève de Brandivy, paroisse de Grand-Champ. A-t-on le droit absolu d'en conclure que la trève était érigée des le douzième siècle qui vit naître l'établissement de Lanvaux ? Non, car en disant que l'abbaye était fondée dans la trève, les auteurs ont peut-être voulu indiquer simplement qu'elle était située dans la trève, au moment où ils traçaient ces lignes : or les manuscrits sont du dix-septième ou du dix-huitième siècle.

Quant aux archives tréviales, elles ne vont pas, du moins à ma connaissance, au-delà de 1618, et elles témoignent qu'à partir de cette époque, la trève était à peu près constamment desservie par un curé et par d'autres prêtres secondaires qui signent indifféremment, prêtre auxiliaire, prêtre de Brandivy, prêtre de l'église ou de la trêve de Brandivy. La présence de plus d'un prêtre, pour le service de la trève, ne saurait étonner ; une note du 1er septembre 1779 mentionne 536 communiables qui représentent bien une population de 800 âmes.

Les baptêmes, les mariages, les inhumations s'y faisaient comme dans une paroisse ordinaire. Il n'existe pas de traces d'une visite épiscopale ou archidiaconale à Brandivy même. L'autorité ecclésiastique trouvait plus simple de donner ordre au curé de se rendre avec ses registres tel jour, soit à Plumergat, soit à Pluneret, soit à Pluvigner, Grand-Champ, Paudren, Plescop, Kerango, lorsque les archidiacres s'y trouvaient en cours de visite ou les évêques en tournée de confirmation. A partir du 30 mai 1691, date de la première approbation [Note : La première visite de paroisse dont on a trouvé la trace est de juillet 1540, à Ménéac par le grand vicaire de Saint-Malo (Archives départementales)], l'examen en était rigoureux et régulier : il le fallait bien, puisque le prêtre était officier de l'état-civil. M. Le Guelnout, on 1701, reçut injonction de se conformer, pour l'enregistrement des déçès, aux modèles contenus dans les ordonnances synodales du diocèse ; Julien Oliviéro, en 1712, de suivre exactement les modèles des statuts synodaux. En 1762, une note ordonne au curé Mathurin Le Corvic d'enregistrer ponctuellement les enfant morts-nés ; et ailleurs : « enjoignons au sieur curé de faire mention des fiançailles, dans les actes des mariages ».

On ne procédait pas à la célébration du mariage, avant d'avoir fait les trois publications, dûment constaté qu'il n'y avait aucun empêchement civil et canonique. Une disposition spéciale concernait les mineurs. Le prêtre ne pouvait les unir que sur le vu d'un décret de mariage rendu par la juridiction compétente. C'était, pour la justice seigneuriale dont le mineur relevait, une petite source de revenus. Un permis de se marier, délivré en 1735 par la seigneurie de Largouët, porte : « vacations à M. le Sénéchal : 3 livres ; vacations à M. le procureur : 3 livres ; au greffe, pareille somme ; le papier outre payé ».

Les visiteurs n'ont jamais hasardé la moindre observation relativement au lieu des inhumations, elles se faisaient ordinairement dans le « cœur » (sic) ou la « nefle » (sic) de la chapelle, et presque jamais dans le « simetière » (sic) jusqu'en 1719. A cette époque la peste s'étant déclaré dans la province, le Parlement défendit la sépulture dans les églises, sauf pour les seigneurs ayant un droit d'enfeu bien établi. L'édit eut à lutter avec l'usage à Brandivy jusqu'en 1733, où il l’emporta d'une manière définitive [Note : L'usage d'enterrer dans églises était général. A Languidic, il cessa dès la fin de fèvrier 1716 — En 1733, plusieurs furent encore inhumés dans l'église de Saint-Nolf, « tous par violence » disent les registres — Même année 1733, maitre Francois le Thieis, sénéchal de la juridiction de la Chesnaye en Grand-Champ est inhumé, selon son désir, dans le cimetière. Les fils y consentent pour le bien de la paix, sans préjudice pour leur droit d'enfeu. — A Plumergat, on inhume dans l’église paroissiale jusqu'en 1740 ; dans la chapelle de la Trinité jusqu'en 1762. — A Pluvigner, inhumations dans l'église de Notre-Dame des Orties et dans celle de Saint-Guigner jusqu'au milieu de 1762. Cet usage, opposé peut-être à une bonne hygiène, n'avait rien de contraire aux principes de la religion chrétienne. C'est le pape Saint-Grégoire qui ouvrit les églises aux corps de tous les fidèles en général. Le pape Saint-Nicolas, au neuvième siècle, rendit une décision semblable. Cet usage cependant ne se généralisa pas en Bretagne avant le onzième siècle. Jusqu’à cette époque, si l'on en croit dom Morice, on enterrait dans les cimetières].

A propos d'inhumations, il convient aussi de mentionner un enterrement solennel de reliques qui eut lieu le 2 août 1761 : « Ont été enterrés les ossements trouvés dans le reliquier de l'église tréviale de Brandivy, au nord de la susdite chapelle, messire François-Georges [Note : Francois-Georges, originaire de Plougoumelen, alors curé de Grand-Champ, plus tard, de 1763 à 1767, recteur de sa paroisse natale. Il y avait des familles de ce nom à Brandivy] célébrant en présence de messire Yves Morgant, recteur de Grand-Champ, prêchant, ». Cette note nous apprend pourquoi les ouvriers ont mis au jour un si grand nombre de reliques, lorsqu'ils ont creusé au nord les fondations de la nouvelle église.

Les registres rapportent le décès des prêtres, comme le décès des simples fidèles, en exceptant toutefois Christophe Le Boulaire qui mourut en décembre 1743 dans la fleur de son âge, à 33 ans. Par son testament olographe, en date du 21 octobre 1743, il nomma Jean Le Turnier, curé de Grand-Champ, son exécuteur testamentaire. Outre de nombreux legs dont l'un de 20 écus à l'élise de Brandivy, et un autre d'un tonneau de seigle aux pauvres de la trève, il fit une fondation de messes, à 12 sols la messe, dont les honoraires devaient être fournis par deux perrées de bled à prélever sur un héritage qu'il avait su Tolgoët. Le nombre des messes, dont les honoraires restaient invariables, devait être déterminé suivant l'appréciation du bled. On serait mal venu à s'exclamer sur la maigreur de cette fondation que je trouve pour ma part relativement généreuse. Car, à en juger par divers exemples, le taux des honoraires à cette époque, ne dépassait pas une moyenne de six à sept sols [Note : A ce sujet on rapport que des gens de ce pays se rendirent en pèlerinage à une chapelle dont ils trouvèrent le prêtre sur une aire à battre, les manches retroussées, en train de gagner sa subsistance. Etant encore à jeun, il consentit volontiers à dire la messe, et lorsque les pèlerins lui présentèrent l'honoraire d'usage ; « Hélas, s’écria-t-il, à la vue des six sols, pour une journée passée à battre ici sous un saleil brûlant, c'est à peine si j'aurais cela »]. Trop heureux les prêtres, lorsque la fortune venait ajouter quelques six sols à la modicité de leurs ressources ; et l'on ne saurait trop louer l'introduction des honoraires, puisque cet usage qui s'est glissé dans les mœurs vers le XIIème siècle, a contribué dans une large mesure, à atténuer la misère du clergé des campagnes [Note : Les recteurs de Grand-Champ passent pour avoir été durs, à une certaine époque, envers leurs prêtres. On raconte dans le peuple que quand la soupe était prête, on déposait leur écuellée sur un billot à la cuisine. A eux de la prendre ou de la laisser. Le recteur mangeait dans la salle avec ses amis de la noblesse].

Une autre fondation qu'il faut signaler encore, c'est la chapellenie que François Lamour, curé de Brandivy (1676-1681), fonda dans l'église de Bihuy. Il la dota des édifices d'une tenue à domaine congéable qu'il possédait au village même de Bihuy sous le monastère de Lanvaux, propriétaire foncier. Les registres n'en disent mot ; et cette omission est assez naturelle, la trêve n'en ayant pas eu le bénéfice.

Les baptêmes se faisaient, comme partout, aussitôt après la naissance ; et on ne voit guère que les seigneurs de la Grandville qui aient eu recours aux ondoiements. Il n'était pas rare, particulièrement au XVIIème siècle, de voir les prêtres servir de parrains aux enfants de leurs paroissiens. C'est un trait de mœurs qui distingue les deux époques. Autant la chose semblait naturelle alors, autant elle paraîtrait extraordinaire aujourd'hui [Note : Louis Lamour a été parrain trois fois en 1665, en tout cinq à six fois. François Lamour, trois fois en 1678, en tout 5 à 6 fois aussi. Jean Guillard. Gilles Ryo, Jean Perrin, Olivier Jeanno…. ont également tenu des enfants sur les fonts baptitmaux].

En 1729, un grand malheur vint frapper la trève. Un incendie qui dévora tout le bourg le quatrième jour de juillet, à l'exception de la résidence vicariale, consuma entièrement l'église elle-même qui ne put être relevée de ses ruines qu'au bout de trois ans. Les baptêmes se faisaient depuis lors dans l'église paroissiale de Grand-Champ « jusqu'au troisième de septembre que la sacristie de Brandivy fut bénie pour y dire la messe et baptiser ». Malgré la violence de l'incendie, il y a lieu d'être surpris que la chapelle, assez éloignée des autres habitations, fût devenue la proie des flammes, alors que suivant la tradition la maison des prêtres était épargnée. Est-ce que par hasard une partie de la chapelle était en bois ? Aussitôt après la reconstruction de l'église, on procéda à la bénédiction d'une première cloche dont le parrain fut Fraucois Le Dréau, recteur de Grand-Champ et la marraine Bonne-Paule d'Espinose, petite fille de Marie Descartes, douairière de la Grandville. Une seconde cloche, bénite deux ans après (1734) eut pour parrain Alexis de la Chapelle, fils d'un conseiller au parlement de Rennes, et pour marraine Mademoiselle Guymart d'Auzon. Parmi les signatures apposées à cette occasion, on remarque celle du P. Descartes jésuite, le même probablement qui dirigea à Rennes dans la voie de la vertu, les premiers pas du B. Grignon de Montfort. Cette cloche, appelée Jeanne-Constantine, pesait 161 livres.

Après le fléau du feu, le fléau de l'orage, à 50 ans il est vrai d'intervalle. « Le 1er septembre 1781, Plaudren, Locmaria, Grand-Champ et autres lieux jusqu'à Brandivy ont éte abymés par une pluie de grêle. La grêle était si forte qu'elle a cassé les vitres des églises de Locmaria et du Burgo et du presbytère. Les blés noirs et mil et chanvre sont tellement hachés qu'ils n'ont été bons à rien ; les pommes et poires ont été trouées et mortifiées ; quantité d'oiseaux ont été trouvés morts ; pies, geais, mauvis, lapins, lièvres et des loups ont été tellement blessés qu'ils sont restés sur le carreau. Le 15 du même mois nous avons eu le même grain, mais il ne nous a pas fait tant de mal » (Arch. par.) [Note : Un orage éclata en 1889 sur des paysans piémontais occupés aux travaux des champs. Plusieurs sont blessés et le sang coule sur leur visage. Une fillette de onze ans et un garcon de quinze ont eu le crâne brisé et sont morts peu d’heures après. Les arbres ont été brisés, les récoltes détruites, les vitres des maisons cassées et les toitures fort endommagées. Certains grêlons pesaient un kilogramme. (Univers)].

En 1789, survint un troisième fléau, pire que les deux premiers, je veux dire la Révolution. Dès 1790, les tréviens de Brandivy, persuadés qu'une ère de liberté s'était levée sur le monde, adressaient au Directoire, en vue de s'affranchir de Grand-Champ, une demande d'érection en commune. La pétition fut repoussée. L'année suivante ils furent plus heureux dans une démarche qu'ils firent pour être autorisés à s'emparer d'une cloche de Lanvaux. Le 21 mars 1791, un arrêté du directoire départemental avait prononcé la clôture de l'abbaye. Les cloches étant devenues sans objet après le départ des religieux, « vu la requête du général de la trève de Brandivy, par laquelle il propose d'échanger une cloche fendue de la dite trève avec une de celles de l'abbaye de Lanvaux, le Directoire est d'avis de consentir à l'échange proposé ». 25 octobre 1791.

Et le ne devait pas servir longtemps. L'exercice public du culte cessa bientôt en Brandivy comme ailleurs. Les inhumations, m'a dit un vieillard [Note : Joseph Bertho dont le grand’père Aubin Bertho était Bertho était trésorier de Brenedan], avaient lieu du nuit dans la chapelle de Brenndan; le cathéchisme se faisait dans la chapelle de Saint-Laurent ou dans une carrière qu'il n'a pu me désigner. Le trésor de l'église était en même temps dispersé. La grande croix en argent de saint Ivy fut ensevelie dans le Loc'h, en face de Kerberhuel ; elle y perdit les glands des bras, brisés non par la force du courant, mais par la rapacité de quelques ignobles individus qui l'avaient découverte. C'est probablement à la suite de ce crime que Josselin [Note : Il se noya plus tard dans le Loc'h, en voulant noyer son poulain. Les poulaine à cette époque, n'avaient pas de valeur], le dévoué sacristain, la retira de la rivière et la dissimula sous un rocher, au-dessus de l'étang du Scouëc. L'ostensoir fut caché dans les flancs de la montagne de la Grandville, du côté tourné vers le bourg. On le vit dans la suite dit la tradition, briller pendant plusieurs jours, comme un beau soleil. Mais on ne sait pas si c'était l'ostensoir lui-même qui brillait de la sorte ou son image, car on croit qu'il avait été volé.

Lors de la réorganisation du culte, Mgr de Pancemont transforma la trêve en paroisse. Content d'avoir un pasteur, Brandivy renonça en l'an XII à la prétention d'y ajouter un maire. La mairie d'ailleurs ne pouvait manquer d'arriver à son tour. Sur les instances de la population, un décret daté du 4 juin 1862 érigeait la paroisse en commune [Note : La trève de Locmaria a passé par les mêmes phases que Brandivy, en 1790, 1802, en l'an XII. Seulement son érection en commune n'a eu lieu qu'en 1889. Locmaria posédait avant 89 une confrérie de saint Isidor]. Le même décret détachait de Grand-Champ pour les annexer à la nouvelle commune, outre le grand village de la Forêt avec ses dépendances [Note : Annexion très utile dont la vente qui a eu lieu peu après a rapporté près de 25000 fr], les villages du Cordier, du Boterf, de Kerbignon de Saint-Laurent.

Avant les annexions de 1862, le territoire de Brandivy, par rapport à l'étendue, n'avait pas dû varier depuis des siècles. La tradition signale cependant quelques modifications du côté de Plumergat. La terre de Coetroz, manoir isolé et formant comme une pointe au cœur de Brandivy, avait jadis appartenu à la trêve. Comment la séparation s'est-elle faite, la légende va nous le dire. Le châtelain tombe un jour malade et réclame naturellement le curé local. Celui-ci refuse d'assister une sorte de pestiféré. Le serviteur court à Plumergat dont le clergé se montre moins récalcitrant. Les sacrements reçus, le châtelain dit au prêtre : « Je ne sais ce qu'il adviendra de moi, mais quoiqu'il arrive, j'entends désormais que mon manoir avec ses dépendances cesse d'appartenir à Brandivy et relève entièrement de Plumergat ». Ainsi fut fait. Le peuple ne se doute nullement que le hent Conan qui passe derrière le Coetroz, formait et forme encore une limite naturelle entre Plumergat et ce coté de la paroisse de Grand'Champ. — Par contre la trêve aurait acquis les villages de Kerhézo et de Kerméliard. Ce qui donne à cette tradition quelque apparence de fondement, c'est que le Goh Ilis qui passe pour avoir été le berceau de Plumergat, est situé sur les terres de Kerhézo et dépend actuellement de Brandivy. Quant l'intérieur même du pays, il a du subir, dans le cours des siècles, une profonde transformation. A en juger par les noms de nos villages, on dirait qu'une vaste forêt l'aurait jadis enveloppé : Tels sont : Coët-uhan, Tual-Coët, Viol-Coët, Coët-queneah, Coët-el-Gon, la Forêt de Lanvaux [Note : Remarquez que la Forêt de Lanvaux (Lanvas saltus au XIIème siècle) joignait celle de Fleuranges et de Camors, que suivant la tradition générale une grande forêt a occupé l'emplacement actuel du bourg de Grand Champ, comme toutes les landes qui l'environnent, que le nom de Plumergat revient à celui de l'Argoët (bois). Il en est de même des landes des autres pays, soit que ces vastes forêts remontent au temps des druides, soit qu’elles datent seulement du onzième siècle où les hauts barons, dit Girault, détruisirent les habitations et les cultures dans les campagnes pour établir des territoires de chasse]. A mesure que les éclaircies se produisaient, on fondait des villages ; ceux-là vraisemblablement peuvent compter parmi les plus anciens [Note : Pour montrer combien l'orthographe des noms change je citerai le village de Kerican qu'on écrivait en 1447 : Keriezcant, c’est-à-dire village de Jescant, nom d’homme dont la forme en vieux breton était Incant. Ainsi on a dû dire d’abord Kerindcant (Chrestomathie bretonne) — Plunian s’écrivait en Pulunyan ; le Scouëc en 1445 : Sclusensouch]. On n'en connait qu'un dont les origines puissent être fixées d'une manière approximative : le village noble des Granges qui doit remonter au douzième siècle. C'est sous ce nom du moins qu'on désignait à cette époque les grandes fermes établies par les moines de Cîteaux pour leurs exploitations agricoles. Le plus ancien village connu est celui de Kerauguen, donné par le B. Ruaud à son abbaye de Lanvaux.

Par contre, quelques-uns ont disparu. On peut citer notamment Brenedan sur lequel l'abbaye de Lanvaux percevait des rentes en 1527 [Note : Il existait encore en 1724] ; Lestrenic dont les ruines se dressent encore près du Feuntenio, aux bords de la voie ancienne de Locminé à Auray ; le Cholec, maisonnette avec quelques pièces de terre, donnée à une fille-mère coupable d'assassinat sur son enfant et qu'un seigneur de Kergal, dit la tradition, réussit a arracher à la mort ; on pout ajouter le moulin de l'abbaye de Lanvaux. Je laissede côté les ruines de quelques manoirs et enclos extraordinaires, par exemple, le Castel-Guen ; il en sera question dans une étude spéciale.

 

III. — CHAPELLES.

L'eglise de Saint-Divy n'était pas isolée. Cà et là s'élevaient au sein de la trêve des chapelles privées ou seigneuriales qui semblaient former à la chapelle patronale comme une couronne d'honneur. C'est à leur étude que nous allons consacrer le premier paragraphe de cet article, le second paragraphe traitera de la chapelle frairiale de Saint-Laurent, annexée à Brandivy en 1862 [Note : Je laisse de côté l'abbaye de Lanvaux, réservée pour un travail spécial].

Chapelle seigneuriales. — Les chapelles seigneuriales remontent aux premiers siècles de l'Eglise. « Si quelqu'un, dit le concile d'Agde, tenu en 506, veut avoir un oratoire particulier dans sa terre, on lui permet de dire la messe pour la commodité de sa famille sauf à Pâques, Noël, Epiphanie, Ascension et Pentecôte et autres jours solennels qu'il faut célébrer dans les villes ou dans les paroisses ». C'est un canon qui a été reproduit par beaucoup d'autres conciles [Note : Par exemple, premier d'Orléans en 511 ; deuxième d'Orléans en 533 ; concile de Clemont en 535 ; dans le réponse du pape aux questions de Pépin le Bref, en 745]. Celui de Clermont tenu en 535 ajoute qu'aux jours solennels, les prêtres et diacres non attachés au service de la ville ou des paroisses et qui demeurent dans des maisons de campagne se rendront auprès de l'évêque pour célébrer avec lui ces solennités. Mais ne sont-ce pas là de vraies chapelles seigneuriales desservies par un chapelain au service du seigneur ? Or lisons-nous dans le concile de Clermont de 1095, Canon XVIII) « un seigneur ne pourra avoir pour chapelain que celui que son évêque ou l'archidiacre lui auront donné pour directeur de son âme ».

Ces oratoires particuliers, si communs autrefois, portaient le nom de saintes chapelles. Cette remarque a été faite par les petits Bollandistes, à l'occasion de la construction de la Sainte-Chapelle de Paris, destinée à recevoir la couronne d’épines. Elle est qualifiée de sainte, disent-ils, non précisément à cause de sa destination particulière, mais parce que dans les siècles de foi les grands seigneurs, à l'exemple des rois de France, avaient toujours dans leurs demeures ou aux environs une chapelle dite sainte, et pour le service de la chapelle, un chapelain. C'est conformément à ces habitudes chrétiennes que nos seigneurs de Brandivy se faisaient construire une sainte chapelle, où de temps en temps un prêtre célébrait le service divin.

La chapelle de Kergal avait un service régulier, assuré pur une fondation seigneuriale. Elle se trouvait à l'angle sud-ouest du jardin, situé lui-même au midi du manoir. Un chemin couvert, dont on voit encore des vestiges à l'ouest du jardin, y conduisait. Comme elle tombait en ruines vers le milieu du dix-huitième siècle, son mobilier avec sa cloche fut transporté au château, et son service, depuis lors, se faisait à l'église paroissiale. Le chapelain était présenté par le seigneur et nommé par l'évêque. Jusqu'à la translation du service au bourg de Grand-Champ, un des prêtres de Brandivy devait en était probablement le titulaire [Note : Jean Le Gal, minoré du diocèse, avait obtenu ce bénéfice en 1778 (Luco). — La cloche de la chapelle dont il est question ci-desus fut cachée, pendant la Revolution dans un pré à l'ouest du manoir ; au retour de l'ordre, elle fut tirée de sa cachette et portée au Bourg ; dans la suite une des chapelles de Pluvigner en fit l'acquisition. (Tradition)].

A un petit kilomètre de Kergal, sur les hauteurs qui dominent le Loc'h, s'élevait jusqu'à ces derniers temps la chapelle de Notre-Dame de Brenedan que des ifs protégeaient contre les vents d'ouest, et dont les matériaux ont été employés à la construction du presbytère.

C'était, paraît-il la chapelle domestique du manoir de Kerdavid qui se dressait en face, sur le territoire de Pluvigner [Note : Dans le courant du dix-septième siècle, les seigneurs de Kerdavid s’appelaient de Lessard (Archives de Brandivy)]. Du moins le terrain sur lequel elle était située relevait de cette seigneurie. Pour s'y rendre, les seigneurs avaient à passer le Loc'h sur un pont dit « Pont er Gal », soit que le pont ait été construit pour le service de la chapelle, soit qu'il remonte à des temps antérieurs. Nos chouans et nos déserteurs connaissaient ce passage et l'ont utilisé en bien des circonstances pour échapper à leurs ennemis. La chapelle était dédiée à la sainte Vierge : on l'y honorait sous le vocable de Notre-Dame de Brenedan et sa protection était invoquée contre le feu. Saint-Gildas y jouissait aussi d'un culte ; il tenait un livre en main et des larmes inondaient son visage. Le livre et les larmes s'expliquent par l'ouvrage en forme de plainte que le saint a écrit sur la désolation de sa patrie.

Au sujet de la Vierge de Brenedan, deux légendes méritent l'attention.

Des soldats républicains, faisant patrouille à l'époque de la grande Révolution, arrivent à la chapelle de Brenedan. Ils y entrent, et, remarquant la statue en bois de la sainte Vierge, décident qu'elle servira de cible. Ils la portent en dehors, l'assujettissent à un arbre, et un soldat tire. Un ne tira pas deux fois. Une apparition effrayante mit en fuite tous ces gredins qui ne se crurent en sûreté que rendus à la vitte d'Auray.

Une autre fois, ce fut un berger de Kerdavid qui s'avisa de prendre la statue et de la poser en long sur le Pont er Gal, pour lui servir de passerelle, une pierre tombée ayant fait le vide en cet endroit. L'enfant rentra au logis, en proie à une fièvre ardente, et cette fièvre ne voulut lâcher prise, que lorsque, sur l'aveu de son crime, les parents de l'enfant se dépêchèrent de remettre la statue en sa place.

Une fontaine qui coule aux flancs de la montagne est ornée d'une multitude de croix. L'eau est bonne contre la fièvre, par l'intercession de Notre-Dame dont la statue est encore là, rongée il est vrai, par le temps.

Cette chapelle, dans le style de la chapelle de Miséricorde, à en croire ceux qui l'ont vue debout, lui est néanmoins de beaucoup antérieure. Miséricorde a été commencée en 1600, tandis que les archives de Lanvaux font mention de Notre-Dame de Brannadan, dès l'an 1447.

Je ne terminerai pas sans rappeler que le 27 avril 1774, eut lieu dans l'église de la Trève, la bénédiction, par le recteur de Grand-Champ, de la cloche de Brenedan nommée Yves et Jacquette. Le parrain était Yves Pouliguen et la marraine Jacquette Le Ray.

Le 2 septembre 1782, une autre cloche fut bénite dans l'église de la Trève pour la memu chapelle, par le curé Claude Plaissix, par permission et commission de l'évêque. Elle fut appelée : Josephe-Marie-Hélène, des noms du parrain Joseph Le Montec, de Plunian, et de la marraine, Marie-Hélène Cheviller, du Troguern. Aubin Bertho, procureur de la chapelle était présent [Note : Le fils d’Aubin s’appelait Ivy : Aubin et Ivy furent patrons, à différentes époques, de la localité : très rares dont les Brandivyens ont porté ces noms].

La troisième chapelle domestique de Brandivy était celle de la Grandville ; elle est encore debout et contiguë au château. Des réparations sérieuses vont bientôt la mettre en état d'abriter les célèbres stalles de Lanvaux. Transférées au bourg après la destruction du monastère, ces stalles sont devenues, depuis une quinzaine d'années, la propriété des châtelains de la Grandville. La sculpture en est fort remarquable et le sujet représenté vraiment original. Dans un premier tableau, un renard en chaire prêche un auditoire de poules qui l’écoutent attentivement ; dans un second tableau, le renard cède à la nature, prend une poule et s'enfuit ; un dernier tableau représente le renard poursuivi par les poules, atteint et mis par elles à la broche. Le feu est allumé, une poule apporte du bois, un coq tient dans ses pattes un soufflet, un autre tourne la broche. Cayot-Delandre voit, dans ces diverses scènes, une réminiscence de la fête des fous, pour ne pas dire une satire contre le clergé qui finit par Luther et la Révolution.

Une quatrième chapelle seigneuriale est celle de Saint-Nerven, démolie en 1783. On en voit encore les ruines.

Avant de clore ce paragraphe, il ne sera pas inutille de rappeler l'attention sur une chapelle dite de Saint-Gildas et Saint-Nicolas, on Pluvigner, vendue le 25 avril 1254 aux religieux de Lanvaux par l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois. L'auteur du Pouillé ne sait où placer cet édifice. Tâchons de venir à son secours. A proximité de l'abbaye de Lanvaux, se trouvait et se trouve encore une belle fontaine en pierres de taille, dite Fontaine de Saint-Nicolas ; au-dessus de la fontaine, deux prés, dont l'un est appelé le Petit-Pré de Saint-Nicolas, et l'autre le Grand-Pré de Saint-Nicolas. N’est-on pas fondé à conclure que la chapelle de Saint-Nicolas s’élevait dans le voisinage ? Ajoutons que le filet d'eau qui forme la limite de Brandivy et de Pluvigner, traverse les deux prés et arrive à la fontaine située dans Pluvigner. Donc la chapelle pouvait également se trouver sur le territoire de cette paroisse. A cela, il n'y a qu'une objection, c'est que les moines avaient établi dans l'église même de l'abbaye, une confrérie de Saint-Nicolas. On peut y répondre : les moines avaient transféré la confrérie dans l'église abbatiale, après la démolition de la chapelle qui lui servait de siège. S'il en est ainsi, la chapelle de Saint-Nicolas ne devait pas être une chapelle seigneuriale, à moins qu'elle ne fût dans le principe la chapelle des barons de Lanvaux.

Ce serait peut-être le lieu de dire un mot du Goh Ilis, que la tradition assure avoir été l'église primitive de Plumergat, bâtie on remplacement d'un temple païen et dédiée à sainte Agathe. Une sorte de terrasse couverte de trois ou quatre tumulus, la présence de deux grosses pierres, celtiques ou non, sur la plus importante de ces buttes, le nom même de Goh Ilis, tout annonce évidemment que quelque chose d'extraordinaire s'est passé en cet endroit. Mais on ne le saura jamais au juste, à moins que des fouilles n'obligent ces monticules à livrer leur secret. En attendant qu'un amateur fournisse les fonds nécessaires, occupons-nous de Saint-Laurent.

Chapelle frairiale de Saint-Laurent. — Ainsi qu'on l'a déjà dit, la chapelle de Saint-Laurent faisait, jusqu'en 1862, partie de la paroisse de Grand-Champ. Son annexion à Brandivy ne laisse pas d'être assez naturelle. La localité a, de temps immémorial, rendu un culte au saint martyr. Nous en avons pour garant d'abord le témoignage de l'abbé Ciliard, qui dit : Brandivy, hameau ; patrons : saint Yvy, saint Laurent ; puis l'étabtissement très ancien au bourg de Brandivy, d'une foire en son honneur. Cette chapelle était et est encore frairiale. « Les frairies forment comme une division territoriale, basée sur un sentiment religieux, des traditions de famille et des usages locaux ; elles ne se retrouvent que dans les pays qui parlent breton ou qui le parlaient avant le neuvième siècte ». Parlant de ce double fait, M. le comte de l'Estourbeillon ne craint pas d'affirmer leur identité avec les anciens clans bretons. Mon dessein n'est pas d'approfondir ce sujet, une autre digression m'attire, elle n'est pas moins propre à piquer la curiosité du lecteur.

C'est en effet le seul village de Grand-Champ qui ait pris le nom du patron de la frairie en le faisant précéder du terme saint : Sant. Les autres villages qui ont pris le nom du patron, l'ont fait avec un qualificatif celtique, par exemple : Bran-Divy, Loc-Berhet, Loc-Pabu, Loc-Miquel, Loc-Maria, Loc-Meren, et pour donner un exemple de plus, bien qu'il soit situé en dehors mais à proximité des limites de l'ancienne paroisse de Grand-Champ, Loc-Gueltas.

Or à quelle époque a-t-on commencé à négliger la terminologie celtique pour adopter le terme sant ? Voici l'explication qu'il est possible de donner à cet égard.

Dans les dix premiers siècles de l'Eglise, les fidèles appelaient les saints par leurs noms, sans qualificatif ; le terme saint, sant, n'était pas à la mode : on disait : Laurent, Julien, Rémi ; et non : saint Julien, saint Laurent, saint Rémi.

A partir du Xème siècle, la mode paraît changer. C'est que sur la fin de la seconde race des rois de France, commence à s'établir la coutume de donner au baptême des noms de saints [Note : Longueval]. C'était sûrement un moyen d'attirer sur les enfants leur protection ; c'était un moyen non moins sûr d'exposer souvent au mépris des noms vénérés : grave inconvénient auquel il importait d'obvier. Le sens chrétien et populaire ne demeura pas à court ; pour distinguer les bienheureux entrés dans la gloire de ceux qui, sur la terre, portaient leurs noms sans toujours imiter leurs vertus, il imagina de leur appliquer, dans le langage ordinaire, le terme révérentiel saint. Telle me paraît être la vraie raison, l'origine réelle de l'usage qui nous occupe.

Deux causes ont contribué au XIIème siecle il le généraliser. D'abord, une certaine douceur de mœurs qui s'est répandue à cette époque de restauration civile et religieuse, dans toutes les classes de la société : on comprend en effet qu'un peuple poli aime à se servir de termes polis pour désigner les personnes qu'il juge dignes de sa vénération.

Ensuite, la défense portée par Alexandre III d'accorder à personne les honneurs d'un culte public, sans l'autorisation du Saint-Siège ; au Pape est réservé le droit exclusif de déclarer bienheureux ou saint un serviteur de Dieu. Ces termes acquièrent de la sorte une signification plus précise : ils deviennent inséparables du nom du chrétien que le Pape a placé sur les autels et propose pour modèle au monde.

Voillà pour la France et pour la chrétienté en général.

Pour ce qui est de l'Armorique, certaines observations sont nécessaires. Comme allieurs, on disait Tual et non saint Tual. Une légère différence concernait les vocables. Tantôt le nom du patron d'une localité s'employait sans qualificatif comme Guénin, Gueltas ... tantôt on l'accompagnait d'un de ces termes celtiques : Plou, Guic, Land, Ran, Bran, Loc ou Lot, Ker, comme Plou-Guigner, Land-Pabu, Mel-Ran.... De plus l'ancien usage s'est prolongé jusqu'au XIIème siècle. Du moins la terminologie celtique paraît s'être maintenue jusqu'alors. Un s'accorde à reconnaître que c'est vers cette époque que le mot Plou a cédé la place au mot paroisse et que la plupart des autres termes tombent en défaveur. La disparition de la terminologie celtique paraît un indice d'un changement parallèle qui s'opère dans le langage. Outre les raisons générales que nous avons signalées tout-à-l'heure, ce changement s’explique en Bretagne par des raisons spéciales.

Avant le XIIème siècle, les saints protecteurs de la Bretagne étaient en général d'origine bretonne ou armoricaine. Tant qu'ils s'en tenaient aux vieux saints du pays, nos pères ne se pressaient pas de leur appliquer le terme sant ; on était de la famille et on ne se gênait pas pour appeler chacun par son nom.

A partir du XIIème siècle. ce sont les saints d'origine étrangère qui l'emportent [Note : Les causes en sont : l'affaiblissement graduel de la natonalité bretonne, l’invasion progressive des mœurs françaises, l’influence des Croisades, la nécessité de remplacer les reliques que les Normands avaient détruites ou dispersées....]. La plupart des chapelles qui s'élèvent depuis lors empruntent leur vocable à l'église grecque ou latine. Ces saints nous arrivent escortés du qualificalif sant. A mesure que des chapelles se fondent en leur honneur, il est tout naturel de conformer le vocable à l'usage régnant. Cet usage aurait donc commencé chez nous par les saints étrangers ; on l'a peu a peu étendu aux saints d'origine bretonne ou honorés d'un vieux culte dans le pays. C'est ainsi que non-seulement l'emploi des termes celtiques a cessé en Bretagne, mais encore qu'ils ont été maintefois transformas en faveur du nouveau qualificatif par exemple Loc-Goual en Pluvigner est devenu Saint-Goual, Ker-Anna, Saintés-Anna, Lot-Yvy, Sainte-Avoie.

Mais le breton a la tête dure, et il ne renonce pas aisément à ses vieilles habitudes. Pendant que de nombreuses chapelles se construisent sous le vocable de Saint-Colomban, Saint-Laurent..... quelques autres conservent certains qualificatifs celtiques. Il suffit de mentionner, outre les nombreuses chapelles de Loc-Maria et de Loc-Miquel répandues un peu partout, Loc-Jean en Kervignac et en Moréac, Loc-Adour ou Amadour en Kervignac, Loc-Perrech en Locmariaquer, Loc-Perhet en Grand-Champ, Ker-Goual en Plœmel. Cela prouve que le terme sant est loin d'avoir remporté une victoire absolue, que le peuple s'obstine dans son antique simplicité. Ce qui le prouve encore mieux, ce sont deux chapelles construites en Pluvigner, au XVIème siècle, sous le vocable de sainte Brigitte et de saint Mériadec le peuple ne laissa pas de les désigner par le nom des titulaires, de dire simplement comme par le passé : Berhet, Mériadec.

Cet usage avait des racines si profondes qu'il s'est conservé jusqu'à nos jours. Est-ce qu'on ne dit pas encore couramment en breton : Damb de Verhel, allons à Brigitte ? Damb de Veriadec, allons à Mériadec ? Damb de Vihuy, de Verthélamy, de Viquel ? Est-ce qu’on a cessé de prononcer ilis Patern, ilis Pierre ha Paul (en Brech) ! On voit qu'à l'égard des saints du pays, l'omission du terme en question se pratique aisément. Pour ce qui est des saints étrangers, il y en a peut-être dont le peuple prononce le nom avec une telle familiarité : Je ne les connais pas. Et à l'exception des saints apôtres Pierre, Paul et Barthélémy qui appartiennent d'ailleurs à l'église universelle plutôt qu'à une église particulière, du glorieux saint Michel qui s'est pour ainsi dire bretonisé par son apparition sur le mont Tumba, de la Vierge Marie qui est notre Mère, de Magdeleine dont le nom est devenu synonyme de certains établissements de salubrité publique, il paraît avoir été de mode depuis longtemps de faire précéder le nom d'un saint étranger du terme exprimant sa sainteté.

D'après ces principes, il est tout naturel que la vieille église érigée à Brandivy en l'honneur de saint Laurent, soit désignée sous le nom de « sant Laurence ». Je ne sais pas la date de sa construction. Peut-être serait-il facile, en se basant sur des renseignements généraux, de la fixer d'une manière approximative. J'y renonce, et je préfère mettre au jour les circonstances qui en ont accompagné la fondation : elles entrent de plain pied dans le domaine de la légende. On rapporte qu'à Kerbignon s'élevait d'abord la chapelle du saint, les habitants résolurent un jour de la démolir pour en bâtir une neuve sur une éminence voisine. Mais ils comptaient sans leurs bœufs devenus indociles aux ordres de leurs maîtres, ces braves animaux prirent d'eux mêmes le chemin qui conduit à la chapelle actuelle et déchargèrent en ce lieu les matériaux. La vérité est que la charrette versa ; et c'eût été un vrai miracle qu'elle ne versât pas dans un casse-cou pareil. Mêmo histoire pour Saint-Servais en Plumergat, bâti dans un bourbier. Comme la charrette s'embourbait toujours, le paysan pensa que le saint voulait y avoir sa chapelle ; et pourtant, peut-on faire autre chose dans un bourbier que de s'y embourber ? Il serait aisé d'ailleurs de produire des exemples sérieux en faveur de l'instinct des animaux qui ont joué un grand rôle, non seulement dans l'érection des chapelles, mais encore dans l'invention des reliques ou des statues des Saints. Pour l'honneur de son nom et la gloire de ses serviteurs, le bon Dieu a bien le droit de se servir de tons les instruments.

 

IV. — CROIX.

Concurremment avec ces nombreuses chapelles, sept croix en pierre et une en bois érigea sur divers points du territoire, attestaient avant 1789 la prise de possession du sol de Brandivy par le christianisme. Quatre autres ont été construites postérieurement à la Révolution.

La plus importante, sans contredit, de ces dernières est la croix de mission érigée au cimetière de Brandivy, le 2 juillet 1837, par les soins de M. Carado.

La croix qui se dresse à la bifurcation du chemin qui mène au moulin de Scoëc, porte la date de 1818. Elle est due à un meunier de la Grandville, désireux de témoigner à Dieu sa reconnaissance d'avoir échappé à un danger qui menaçait sa vie. On prétend qu'à l'endroit où elle s'élève, le meunier qui s'attardait quelquefois dans l'unique auberge du bourg, rencontrait un lutin qui lui faisait régulièrement la conduite. jusqu'au pont dit Pont er Lan où il s'efforcait de le précipiter dans l'eau. Une fois même, le lutin eut la complaisance de le conduire jusqu'au moulin pour y faire un vacarme épouvantable. Dans sa détresse, le malheureux meunier eut recours à M. Chanio qui lui conseilla sans doute la plantation de la croix.

C'est également pour se délivrer de bruits et de tapages nocturnes, qu'il y a une cinquantaine d'années, on a érigé la croix du Tolgoët. Un homme y menait une vie si scandaleuse que le démon se mit de la partie ; et c'est par la croix seule, qui a la vertu de mettre en fuite l'esprit malin, que l'on parvint à débarrasser le village de cet hôte désagréable.

La croix du Cordier, qui s'élève entre trois chênes, m'avait paru dans le principe plantée contre le druidisme et en remplacement de quelque monument celtique : idée suggérée par le souvenir d'un magnifique dolmen que j'ai remarqué sur le chemin de Plaudren à Saint-Jean-Brévelay, entouré de trois chênes. Informations prises, il a fallu en rabattre de ces prétentions et lui attribuer une origine plus modeste. Un paysan du Cordier, vers 1830, trouva une pièce de cinq francs, et s'engagea a ériger avec cette somme une croix. La chose devint aisée, puisqu'il fit lui-même le travail, et comme le champ voisin s'appelait le champ des trois chênes, il planta autour de la croix trois chênes qui lui ont donné son nom.

La croix dite de Landévant se dresse dans la lande de Mouquinio. En ce qui concerne l'emplacement et une partie des matériaux, cette croix est antérieure à la Révolution ; elle lui est postérieure dans sa forme actuelle. C'est qu'elle a été abattue pendant cette période néfaste et reconstruite au retour de l'ordre. La croix proprement dite, fut posée sur une haie, un peu au-delà de l'entrée du bois de châtaigners qui forme l'avenue de Kergal ; elle y est encore [Note : Quelques uns attribuent la croix de Landévant à un jeune homme de la paroisse de Landévant, qui faillit être assassiné en cet endroit. Faut-it les en croire ? On sait que le peuple cherche et trouve à tout une explication].

Sur les sept autres croix antérieures à la Révolution, trois ont réussi à dépasser le centenaire de 1789 : une d'elles s'élève dans les terres de Kerhézo ; une autre, sous le nom de croix de Doulladen à l'est du Foliorch [Note : . Au village du Foliorch est une vaste carrière d'où la tradition assure qu'ont été extrait en partie les matériaux de la tour de Saint-Anne] ; la troisième, sur une haie voisine de la motte féodale de Bihuy. Quatre croix ont disparu dans le courant du siècle. M. Douillard. mort l'an passé, a emporté en 1885 celle du cimetière. Architecte de l'église paroissiale, il l'avait demandée et facilement obtenue pour prix de ses travaux. Elle orne en ce moment l'entrée de l'avenue de son château de Beauregard, en Saint-Avé. Une autre se voyait sur le chemin charretier de Kerican au bourg, elle était en bois ; la troisième, au nord de Kergal sur la butte du Toul-Du ; la quatrième auprès du taillis du Rohu. Il reste encore de cette dernière la pierre de recouvrement dans laquelle était planté l'arbre de la croix ; et cette pierre que les pillards ont épargnée, portée dans la haie voisine, est transformée en passerelle. Je ne sais rien de la date ni des circonstances de leur érection.

De toutes ces croix qui précèdent la Révolution, une seule, la croix de Rohu, se drossait dans le voisinage d'une voie ancienne, la voie de Locminé à Auray.

Faut-il conclure de ce voisinage d'une voie ancienne à la haute antiquité de la croix dont il s'agit ? Le fait est qu'au moyen-âge, l'érection des croix avait lieu généralement sur les grands chemins, et que cette règle, en raison de leur salutaire destination, offrait peu ou point d'exception au douzième siècle : « Si quelqu'un, dit le concile de Clermont en 1095, poursuivi par ses ennemis se réfugie auprès de quelque croix sur les chemins, il doit y trouver un asile assuré comme dans une église [Note : Réminiscence des temps païens de Rome, où l’esclave monacé par son maître trouvait un refuge assuré dès qu’il pouvait se placer derrière la statue de l’empereur]. C'est pour ménager de ces asiles aux voyageurs, observe Longueval, qu'on avait érigé d'espace en espace des croix sur les grands chemins.

Me sera-t-il permis d'ajouter que certaines croix marquaient même des cimetières, comme il resulte d'une ordonnance rendue en 1116 par Jean, évêque de Saint-Brieuc, pour prescrire aux paroisses de faire des cimetières, et pour interdire les inhumations auprès des croix placées sur les grands chemins ?

Toujours est-il que la disposition du concile de Clermont ne contribua pas peu à les multiplier à une époque où les guerres locales, si meurtrières, étaient à l'ordre du jour.

La grande peste qui décima l'Armorique et surtout la Basse-Bretagne en 1598, a poussé également à l'érection de croix nombreuses. Celles-ci furent appelées (Croez er vocen) parce qu'elles firent reculer le fléau. Mais on aurait tort de prétendre, avec un auteur, que toutes les croix qui ornaient jadis les carrefours datent de cette époque. La vérité est qu'on a planté bien des croix avant les ravages causés par cette peste [Note : Saint-Budoc érigeait des croix par les bourgs et chemins. Saint Brieuc, de retour en Grande-Bretagne, en plaça une à l'endroit où saint Judoc rendit la vue à un aveugle…] comme on en a planté depuis. Est-ce que l'érection des croix ne tient pas à la nature même du christianisme, fondé sur la croix du Calvaire ?

Si rien ne prouve que la croix de Rohu est due à cette peste, rien ne s'oppose cependant à ce qu'elle remonte au dix-septième siècle. Elle s'élève en effet au bord d'une bifurcation de la voie ancienne qui passait à l'est de Ménétavid. Or cette voie nouvelle, manifestement creusée pour tourner la côte, des titres nous la montrent pratiquée dès 1673 [Note : Peut-être lors du transport de pierres qui s'est fait, si la tradition est exacte, du Foliorch à Ker-Anna].

Quoiqu'il en soit, il est étrange que sur les trois grandes voies qui traversaient anciennement Brandivy, on ne puisse signaler que la croix de Rohu [Note : Je n'y comprends pas celle du bourg, qui faisait partie du cimetière situé à proximité du hent Conan]. Les autres s'élevaient au bord de sentiers ou de chemins particuliers, à part celle de Kerhézo, dressée en plein champ.

Parmi les vieilles croix qui restent, celle de Kerhézo seule, est à peu près intacte ; celle de Foliorch est passablement mutilée, et celle de Bihuy sans pied. Les restaurations de croix, Dieu merci, sont à l'ordre du jour. Les zélés recteurs s'occupent avec un soin pieux, dans leurs paroisses respectives, non-seulement à ériger des croix nouvelles, mais encore à relever celles que la malice des hommes ou les ravages du temps ont renversées. Cette dernière œuvre n'est pas la moins méritoire. Ces vieilles croix en ruines datent souvent de tant de siècles! Tant de souvenirs intéressants peuvent s'y rattacher !

 

V. — CLERGÉ.

Ce qui précède fait assez voir que rien n'a manqué à Brandivy de ce qui est nécessaire pour donner à une localité une physionomie religieuse. Mais l'âme, le principe inspirateur du culte, le clergé en un mot, nous n'en avons pas encore parlé. Il est temps d'aborder cette étude qui doit terminer la première partie : Brandivy ecclésiastique. Mon dessein est d'accorder à chaque prêtre une petite notice, ou à défaut de notice, une mention particulière [Note : Les détails qui vont suivre sur les curés de Brandivy ont été tirés ou des archives tréviales, ou des archives départementales, ou du Pouillé de M. Luco, ou sont dus à l’extrême obligeance de l’auteur du Pouillé]. Tous ont été à la peine, il convient que tous soient à l'honneur. Comme en outre la Trève est une dépendance de la paroisse et que les curés de Brandivy n'ont exercé le ministère dans la localité que sous la direction des Recteurs de Grand-Champ, ce ne sera pas un hors d'œuvre de citer, au moins dans une note au bas de la page, les noms de ces derniers, ni même d'orner cette sèche nomenclature de quelques faits remarquables qui ont signalé leur administration. Tel est l'objet de cet article. Le lecteur voudra même me pardonner si quelques erreurs inévitables se glissent dans cette énumération.

Martyr anonyme des Sept-Trous.

Un prêtre de Brandivy portait le viatique au village des Granges. Au moment de quitter le Parc-au.Duc pour entrer dans le bois des moines, deux hommes s'élançant d'un coin où ils étaient embusqués, lui barrent le passage et réclament la sainte hostie. Avant de tomber entre leurs mains, le prêtre par bonheur a le temps de la consommer. Furieux de cette action et dans l'espérance impie de commettre encore la profanation, les barbares se hâtent de couper la tête du prêtre, laquelle sautant sept fois fait sept trous oû l'herbe ne poussa jamais. Un bourgeois incrédule de Vannes, pour mettre la légende à l'épreuve, a fait bêcher le sol : le lendemain les sept trous reparurent aux regards étonnés. Comme la surface de la terre présente l'apparence d'une tombe, j'ai dirigé des fouilles en cet endroit dans l'espoir de retrouver quelques restes du martyr. Les fouilles n'ont pas donné de résultat.

Si son corps ne s'y trouve pas, sa bienfaisante influence ne laisse pas de s'y faire sentir. Les malades, les fiévreux en particulier, accourent de toutes parts au lieu de la sanglante immolation. Les nombreuses croix de bois plantées en terre en guise d'ex-votos ainsi que la voix publique, attestent que le saint prêtre, martyr du devoir et de l'Eucharistie, n'est pas invoqué en vain.

La tradition est unanime sur ces divers détails. Où git la difficulté, c'est de préciser l'époque à laquelle remonte le cruel événement. Le peuple assure d'une commune voix que c'est sous la Révolution. Mais laquelle ? Il ne peut être question de celle de 80, puisque le prêtre qui desservait Brandivy à cette époque est mort en 1821. Il s'agirait d'une Révolution antérieure à celle-là, comme me l'ont insinué deux vieillards, dont les parents sont nés et ont vécu dans le voisinage des Sept-Trous. Les circonstances du crime font penser au seizième siècle, fameux par les attentats sacrilèges des huguenots, qu'une haine satanique semblait animer contre la divine Eucharistie. C'est pour cette raison que la série des prêtres de Brandivy s'ouvre par le martyr des Sept-Trous.

1618-1626.– ROLLAND AUBERT, curé, Diacre à Vannes le 20 décembre 1614 Dimissoire du 15 décembre 1615, pour recevoir la prêtrise.

1620-1639. — LOUYS LE CHEVILLER, curé. — Lacune dans les registres de 1639 à 1653.

1653-1662. — JEAN GUILLART. De 1614 à 1618, un Jean Guillart était prêtre à Brech. J'ignore si c'est le même personnage. Il cesse d'être curé en 1662 pour devenir prêtre demeurant à Brandivy. La Trève comptait de son temps deux autres prêtres : Jean Perrin, originaire de la paroisse de Rieux et résidant à Brandivy, et Gilles Ryo, originaire de Grand-Champ et prêtre de la Trêve. Le bon Gilles Ryo ! il enregistre souvent ses baptêmes de la sorte : « fils légitime et naturel ». Il ne se doutait peut-être pas que quand un fils est légitime, il est aussi naturel, mais non vice versa. Il devait être chapelain de Kergal. Louys Lamour qui apparatt en 1660, lorsque disparaît l'abbé Ryo, remplaça Jean Guillart comme curé [Note : Recteur de Grand-Champ : 1589-1622 ; — Bertrand Guymarho : 1622–1624 ; — Bertrand Guymarho neveu du précédent : 1624-1625 ; — Claude de Kerméno : 1624-1625 ; — Julien le Mordant : 1646-1669 ; — Michel de Moissac : « le premier jour de juin 1669, fust posée la première pierre en la tour de l'église paroissiale de Grand-champ, et béniste par Michelle de Moissac, conseiller, aumônier du roy, chanoine d’honneur de l’église cathédrale de Vannes et recteur de Grand-Champ ». (Archives départementales)].

1662-1667. — LOUYS LAMOUR. curé. Originaire de Naizin, chapelain de Kergal. Je crois qu'il passa de Brandivy à Grand-Champ pour devenir, de 1690 à 1695, recteur de Saint-Vincent. Brandivy avait toujours ses trois prêtres, le curé Lamour, Jean Perrin et Jean Guillart, auxquels venait se joindre de temps en temps François Perrel, originaire de Plumergat et « prêtre de la communauté de cette paroisse ». Il y avait des Perrel en Brandivy.

1667. — YVES PAPILLON, curé. De 1663-1674, nouvelle lacune dans les registres.

1674-1675. — C'est Guillaume Audo qui fait tous les baptêmes Il soussigne : prêtre de Brandivy et curé de Grand-Champ.

1675-1676. — JULIEN NICOLAZO. Il signe indifféremment prêtre de Brandivy et curé de Brandivy. — Je ne sais pas trop si c'est à titre de curés ou de simples prêtres délégués que ces deux derniers ont exercé le saint ministère.

1676-1681. — FRANÇOIS LAMOUR, curé. C'est le même qui s'était servi des édifices d'une tenue qu'il possédait à Bihuy en 1680, pour y fonder une chapellenie. — Pendant ce temps, Olivier Le Cam et Nicolas Raguenez se disent prêtres de ladite Trève.

1681-1687. — OLIVIER JÉHANNO, docteur de Sorbonne. Julien Jéhanno, son frère, également docteur de Sorbonne fait de son temps plusieurs baptêmes à Brandivy. Julien devint recteur de Lanvaudan en 1689 et y mourut en mai 1700 [Note : Charles le Bel, recteur de Grand-Champ. 1669-1688. « Le 17 juillet 1683, fut enterré le corps de Julienne Pan, femme de Marc Brien meusnier des moulins de Kerrio, laquelle étant morte subitement ayant cependant fait une confession générale, autant que le temps le peut permetre et receu l'extrême-onction, fut ouverte en notre présence pour lui tirer deux enfants, pas plus longs qu'une paume de main, qui receurent le saint baptême ; les ayant vu remuer et en vie ; lesquels ont été inhumés séparément du corps de leur mère et placés parmi les enfants que nous croions dans la gloire, parce qu'ils sont morts avant l'usage de raison, après la réception du saint baptême ». Signé : Charles le Bel, recteur de Grand-Champ. (Archives départementales)]. Olivier Baniel exerçait aussi le ministère sous Olivier Jéhanno. On retrouve plus tard Olivier Baniel, curé de l’Ille-aux-Moines, puis de 1699 à 1707, recteur de Sulniac. C'était un des missionnaires du diocèse.

1687-1688. — JOSEPH MAILLART, curé. Après la disparition de Joseph Maillart (avril 1688), François Riguidel, Julien Oliviéro et Michel Séveno font successivement le service de la Trève, jusqu'à la fin d'avril ou au commencement du mois de juin où arrive René Fablet comme curé.

1688-1700. — RENÉ FABLET, curé. Il y avait des familles de ce nom en Brandivy. Je nesais pourtant pas s'il y est né. Nous trouvons encore sous ce curé, Olivier Le Cam, puis Vincent Fravalo dont il sera bientôt question.

1700. — Victor Gargasson, curé. — Mort a 37 ans le 27 juillet 1700, et enterré le lendemain près de l’autel.

1700-1701. — VINCENT LE GUELNOUT, curé ; devenu en (1703-1704) curé de Mouterblanc.

1701-1702. — Guillaume Pommeraye, curé.

1702-1710. — Henri Le Coustumer, curé. Dimissoire du 18 septembre 1696 pour recevoir le sous-diaconat à Saint-Malo ; prêtre au Mené le 6 mars 1700 ; chanoine de la collégiale de Guémené, pourvu, par l'ordinaire le 16 mai 1714.

1710-1719. — JULIEN OLIVIÉRO, curé. En 1710, il devint curé de Grand-Champ, où il mourut à 71 ans le 18 septembre 1755 ; il fut enterré le lendemain au cimetière « très digne prêtre et ancien curé ».

1719-1730. — VINCENT FRAVALO, curé. Ordonné prêtre au séminaire le 19 septembre 1693. Il mourut à 71 ans le 3 janvier 1631 et fut enterré le lendemain au cimetière [Note : Recteurs de Grand-Champ : 1688-1696, Charles Geduin de la Doblaye, — 1696-1715 : Hyacinthe Morice Thierry de la Prévalaye. « On ne saurait assez pleurer la perte d’un si grand homme n’étant guère avancé en âge. Dieu, a voulu récompenser ses grandes charités à l’égard des pauvres. Etant allé le voir en 1705, sa gouvernante me dit qu’il y avait quelquefois à sa porte plus de 500 pauvres » (Note du rect. de Saint-Vincent). — 1715-1732 : Francois Le Dréau, originaire de la paroisse].
Sous Vincent Fravalo, Pierre Le Roy signe prêtre de Brandivy ou de l'église de Brandivy.

1731-1733. — PIERRE LE ROY, curé, fils de Louis et de Louise Le Douarin, de Naizin, tonsuré et minoré au Mené le 24 septembre 1718 ; au Mené encore, sous-diacre le 3 juin 1719 ; diacre le 25 mai 1720 ; prêtre le 21 septembre 1720. On le retrouve curé de Moustoir-Remungol en 1744. Prieur commendataire de Saint-Nicolas-du-Blavet, il mourut à Naizin et y fut enterré le 18 août 1756. De son temps, et sous le curé suivant, Jean Brient, prêtre auxiliaire. Il y avait beaucoup de Brient à Brandivy ; j'ignore pourtant si Jean Brient en est originaire.

1733-1740. — FRANCOIS LE DRÉAU, fils d'Yves Le Dréau. notaire des Regaires et de Largouët, et de Françoise Le Thieis, de Grand-Champ, tonsuré et minoré au Séminaire le 23 septembre 1719 ; là, sous-diacre le 7 juin 1720 ; diacre au Vincent le 19 septembre 1722 ; prêtre au séminaire le 13 septembre 1723. Il fut plus tard chapelain des dames de la Retraite à Vannes, recteur de Landévant et de Carnac où il mourut le 7 avril 1756. — Manquent les années 1730 et 1740.

1740-1743. — JACQUES-ALEXIS LE TALLEC, fils de François et de Louise Pichodon, né dans la partie du bourg de Quimperlé qui appartenait au diocèse de Vannes, reçut tous ses ordres au Mené, tonsuré et minoré le 19 septembre 1733, sous-diacre le 18 septembre 1734 ; diacre le 24 septembre 1735 ; victorieux au concours du 28 mars 1743, il devint recteur de Plumelin où il mourut âgé de 37 ans, le 16 août 1750. Il fut inhumé le lendemain au cimetière de sa paroisse. De son temps, Ch. Le Boulaire, prêtre auxiliaire.

1743. — CHRYSTOPHE LE BOULAIRE, fils do Julien et d'Yvonne Ferel, né au Feuntenio (Brandivy), le 9 février 1710 ; tonsuré et minoré et sous-diacre au Mené, le 26 mars 1735 ; au Mené encore, diacre le 17 mars 1736, et prêtre le 21 septembre 1737. Il mourut à Brandivy le 8 septembre 1743 et fut enterré le 10 près de la croix du cimetière (voir par ailleurs). La croix dont il s'agit orne actuellement l'entrée de l'avenue de Beauregard, en Saint-Avé, comme on l'a déjà indiqué.

1744-1749. — FRANCOIS THOMAZIC, fils de Charles et d'Yvonne Conan de Locmaria Grand-Champ ; tonsuré et minoré au Mené le 23 septembre 1730 ; au Mené aussi sous-diacre le 17 mai 1781, diacre le 7 juin 1732, et prêtre le 24 avril 1734. Il fut curé de Locmaria de 1736 à 1744. En octobre 1748, Alain Pouliquen apparaît comme prêtre de la Tréve [Note : « Recteur de Grand-Champ (1749-1782) : Claude Vincent Cillard de Kerampoul, fils de François, sénéchal de Rhuys, né le 10 août 1686 ». « L'an de grâce 1747, le 30 novembre, fut faite par nous messire J. F. Henri de Jumel, abbé de Belle-Perche, grand-chantre de la cathédrale et vicaire général du diocèse, la bénédiction et nomination solennelles, premièrement de la grosse cloche de la paroisse, pesant environ 1442 livres, nommée Angélique de Saint-Tugdual ; secondement de celle de la chapelle de Burgos, pesant environ 340 livres, nommée Rose de Saint-Marie du Burgos ; troisièmement de celle de la chapelle domestique frairienne du château de Kerleguein, presbytère de cette paroisse, nommée Marie de Saint-Gobrien : Toutes trois sans compère ni commères, ayant habilement prétexté qu'on en avait ôté leurs armes, qui n'y avaient point été mises : les dites bénédictions et nominations en présence et aux acclamations de tous les paroissiens et des soussignants. Signé. Joseph Evain, curé ; P. Jocet-Kervilers ; Claude-Vincent Cillard de Kerampoul, recteur de Grand-Champ. Le 29 avril 1749, inhumation dans le cimetière de Grand-Champ, de messire Claude-Vincent Allart, décédé le 27 au presbytère de Locminé, la levée du corps ayant été faite et le renvoi dudit Locminé jusqu’au presbytère Grand-Champ, par le sieur Evain, curé de ladite paroisse, et le sieur du Tay, prêtre de la même paroisse ». (Archives départementales)].

1749-1750. — ALAIN POULIQUEN, curé. Il mourut au manoir de Kergal (Brandivy) où les Pouliguen étaient fermiers, le 21 août 1750, à l’âge de 38 ans. Le lendemain il fut inhumé au cimetière.

1750-1754. — THÉBAUD RENÉ-DUVAU, curé, fils de Jean-Joseph et de Marguerite Charpentier de Saint-Salomon (Vannes) ; minoré au Mené, 30 mars 1748 ; au Mené, sous-diacre le 21 septembre 1748, diacre le 15 avril 1749, prêtre le 20 septembre 1749. Il était simple prêtre à Theix en 1764, lorsque, le 13 août de cette année, l'évêque le pourvut de la chapellenie de Saint-Julien en Berric.

1754-1759. — P. M. PRIGENT, curé.

1759-1761. — AUGUSTIN BARDAY, fils de Marc et de Françoise Le Métayer, de Bubry, et neveu d'Augustin le Métayer, recteur du Plélauff, tonsuré à la retraite des hommes, le 2 février 1755 ; minoré à l’évêché, le 16 mars 1755 ; sous-diacre au Mené, le 20 septembre 1755 ; au Mené diacre, le 3 avril 1756 ; prêtre à la retraite des hommes, le 18 septembre 1756, recteur de Melrand, où il mourut, âgé de 60 ans, en 1790.

1761-1764. — MATHURIN LE CORVIC, curé, fils de Jean et de Jeanne Margarin, de Saint-Jean-Brévelay ; tonsuré à la retraite des hommes, 14 janvier 1753 ; minoré et sous-diacre au Mené, 21 septembre 1754, diacre à l'évêché, le 16 mars 1766 ; prêtre au Mené, le 30 septembre 1755. En 1774, il devint recteur de Merlevenez. Ayant refusé de prêter serment en 1791, un arrêté du directoire départemental lui donna trois jours ainsi qu'à son curé Guillemot pour quitter Merlevenez et se rendre à Lorient où il fut interné. Le district d'Hennebont le qualifie : « fanatique imbécile mais point caché ; il dit à qui veut l'entendre que tout patriote est damné » [Note : François Dréano, recteur de Grand-Champ de 1749 à 1760 ; Yves Morgan, recteur de 1760 à 1763].

1764-1784. — CLAUDE PLAISSIX, curé, fils de Guillaume et de Françoise Le Ray, de Noyal-Muzillac, tonsuré à la retraite des hommes, le 4 septembre 1758 ; prêtre au Mené le 19 septembre 1761. En janvier 1797, il vivait caché en Noyal-Muzillac, se défendant par écrits, affiches, contre les accusations de violences portées contre lui, par exemple d'avoir frappé du bâton ceux qui payaient l'impôt, les prêtres soumis à la loi…. En 1802, il devint recteur d'Houat et prêta serment le 21 octobre de la même année.

Je relève sur le registre cette note du curé Plaissix en présence d'un enfant à baptiser « les uns écrivent Le Ray, les autres Le Roy ; choisissez : le père ne sçait lequel prendre ». Ce père n'avait pas d'idée. L'embarras se pourrait à la rigueur concevoir de nos jours ; mais en ce bon vieux temps, tout autre à sa place eût d'emblée et sans la moindre hésitation choisi d'être : le Roy.

1783-1786. — GUILLAUME BRIENDO, originaire de Grand-Champ, fils de François, laboureur, et de Magdeleine Esnery (alias Mathurine Hémery), ordonné prêtre en septembre 1774. Du temps de Briendo et sous le curé précédent, la Trève comptait un autre prêtre, Michel Pouliquen ; né au manoir de Kergal le 7 mai 1746, il décéda le 15 novembre 1785, chez son père au village de Troguern et fut inhumé le 17 au cimetière [Note : LOUIS-RAOUL, DE PLUMELIAU recteur de Grand-Champ de 1763 à 1794. — 22 avril 1764, Bénédiction par messire Louis Raoul de la cloche de la chapelle de Saint-Michel, nommée Françoise-Yvonne de Saint-Michel ; — 9 mai 1769, bénédiction par le même de la seconde cloche de travail de Locmaria ; — 12 octobre 1777, bénédiction par le même de la seconde cloche paroissiale de Grand-Champ. Sous l'administration de l'abbé Raoul, de nombreux forfaits fureant commis dans la paroisse de Grand-Champ : — 1775, poursuite contre les assassins de Marc Robinot en la paroisse de Grand-Champ ; — 1776, poursuite contre les meurtriers de Jean le Gleuher ; — en 1783, contre Julien Le Turnier du Bourg de Grand-Champ accusé du meurtre de Jacque le Treste, en 1785 ; enquête relative à un commis dans l'église paroissiale. Le recteur Raoul crut devoir lui-même écrire une lettre en faveur d'un prétendu fraudeur. Brandivy n'en fut pas exempt. Une petite fille fut exposée dans la nuit du 19 au 20 juin 1774 et baptisée le 24 juillet sous condition. Jamais on n'a pu découvrir ses coupables parents. — Tugdual Robino fut trouvé mort le 4 octobre 1785. Il fut enterré le lendemain avec la permission des juges de Largouët. On crut a un assassinat].

1786-1802. — FRANÇOIS UDOUX ou UDOU ou TURUDOUX ou UROUDOUX, né à Plumelin le 26 mars 1741. L'enregistrement des décès et des naissances cesse avec 1790.

On sait cependant d'une façon certaine qu'il desservait la Trève l'année suivante. Des ordonnances de paiement délivrées par le directoire en 1791 « au profit du sieur Udoux, vicaire de la Trève de la Brandivy » ne laissent aucun doute à cet égard [Note : A propos des mandats de paiement, il est curieux de signaler les procédés dont usait le directoire à l'égard des chefs de paroisse. Après la spoliation du clergé, il était accordé à chaque recteur un traitement fixe de 1200 livres. Comme l'ancien ayatême des dîmes et impôts continuait en 1790, le directoire dans le courant de l'année suivante, calculait du fond de son cabinet les dépenses et les recettes de chaque titulaire, et d'un trait de plume ramenait le traitement au taux légal. En voici deux exemple. Comptes du sieur Plaissix, curé de Plouharnel. Recettes: 1579 livres, — Dépenses : frais de récoltes .... 120 liv. ; Portion congrue du vicaire .... 350 liv. ; Vingtièmes et fouages.... 72 liv. : Total .... 442 liv.. L'Etat lui reste redevable de 163 livres nécessaires pour compléter le traitement. Comptes du sieur Quéric, recteur de Plumergat. Recettes : 2904 livres. — Dépenses : frais de récoltes.... 200 liv. . Portion congrue de 2 vicaires .... 700 liv. ; Vingtièmes ....... 49 liv.. Total : 949 liv. Le sieur Quéric reste reliquataire à l'Etat de 815 livres, laquelle somme il lui est ordonné de payer de jour à l'autre entre les mains du receveur du district. Les simples auront peut-être envie de s'extasier devant ces beaux scrupules d'égalité. Qu'ils répriment leur envie ! On sait que ces mêmes administrateurs, alors qu'ils reservaient toutes leurs faveurs aux intrus, menaient contre Dieu, ses temples et ses fidèles ministres, une vraie guerre de sauvages]. Il la desservait encore en 1792, comme le prouve un recours en décharge d'impôts non justifiés qu'il adressa le 4 février au directoire du district. Voici la réponse qui lui fut faite : « Vu la lettre du sieur Udoux, curé de la Trève de Brandivy, du 4 février dernier, par laquelle il se plaint d'avoir été imposé à la municipalité de Grand-Champ à la somme de 30 livres pour capitation ; attendu qa'il a été imposé 3 livres au rôle de Brandivy et qu'il a payé suivant la quittance ci-jointe ; vu les observations de la municipalité de Grand-Champ du 13 de ce mois…. le directoire a déchargé Udoux de la somme de trois livres à laquelle il a été imposé au rôle supplétif des fouages de Brandivy, arrête au surplus qu'Udoux paiera les sommes de 10 livres et de 18 livres auxquelles il se trouve imposé au rôle supplétif de la capitation 1 pour les six derniers mois de 1789 et au rôle de la capitation de 1790 » 14 avril 1792.

Il n'en pouvait être autrement. Il s'agissait d'un prêtre dénoncé dès 1791 pour ses sermons contre la constitution civile du clergé, et condamné de ce chef à plusieurs reprises, avant septembre 1792, par le tribunal civil de Vannes. Quelle idée aussi avait l'abbé Udoux, prêtre insermenté et réputé hostile aux institutions républicaines, de se plaindre d'un déni de justice ! A l’époque où nous sommes, ses pareils ne pouvaient plus se considérer comme citoyens français : ils étaient tout simplement matière à déportation ; et parce que le peuple, blessé dans tous ses sentiments religieux et patriotiques prenaît naturellement parti pour les proscrits contre les prescripteurs, voilà que le clergé non assermenté est rendu responsable de tous les troubles qui agitaient le département. Messieurs, dit le 7 février 1792 un administrateur devant le Directoire, il n'est plus temps de se dissimuler que la tranquillité publique est menacée..... Les prêtres seuls sèment la division..... ils trouvent et égarent le peuple. Le procureur syndic s'écrie à son tour dans la séance du 16 mars 1793 : « La journée d'hier nous a prouvé que le fanatisme était le mobile des gens de la campagne, égarés par les prêtres non assermentés et non déportés. Quelles grâces le district de Vannes n'a-t-il pas à rendre aux citoyens qui sont parvenus à arrêter quelqu'un de ces prêtres pernicieux ! de ces êtres, la cause des troubles qui nous agitent ! Cependant ces citoyens demeurent sans récompense, notamment ceux qui ont arrêté, dans Séné et presque au moment de l'insurrection, un prêtre et un sous-diacre. Le décret du 14 février accorde cent livres d'indemnité à ceux qui arrêteront des prêtres qui doivent être déportés ». Conctusion ! Il requiert qu'on accorde 100 livres au détachement qui a opéré ces arrestations.

Les menaces n'avaient pas le don d'émouvoir l'abbé Udoux. Il resta vaillamment à son poste, se bornant pour remplir plus aisément les devoirs de son ministère à user de certaines précautions que nous avons ailleurs indiquées. Sa fière attitude, à moins qu'il ne faille attribuer ce sobriquet à des habitudes de langage que je ne connais pas, lui valut d'être surnommé Er meut. Je ne sais pourquoi, lors de la réouverture des églises, il ne fut pas maintenu en place, ni ce qu'il devint après le Concordat. Il mourut simple prêtre en 1821.

1802-1806. — CLAUDE PLAISSIX, premier recteur de Brandivy. Claude Plaissix, fils de Guillaume, couvreur, et de Jeanne Le Barillec, originaire de Noyat-Muzillac [Note : Différent de Claude Plaissix, fils de Guillaume et de Françoise Le Ray]. Curé de Baud et victorieux au concours, il prit possession, le 20 février 1781, de la cure de Plouharnel qu'il administrait encore au moment de la révolution. Le 13 février 1791, le maire de Plouharnel annonce au procureur syndic d'Auray que ie recteur et Joseph Le Borgne, son curé, ont refusé le serment à eux demandé en ce jour dans la sacristie par la municipalité. La dénonciation n'eut pas de suites graves pour le moment. Le 19 juillet suivant, deux commis des douanes nationales l'accusent « dans une agression par lui faite au sieur Le Fèvre, tambour des grenadiers du neuvième régiment, d'avoir traité de canailles et de scélérats les membres de l'administration départementale.... ». Là-dessus le directoire qui n'aimait pas toute vérité, prend la mouche « arrête qu'il sera intimé à Plaissix de quitter dans les vingt-quatre heures sa paroisse, pour se retirer dans trois jours en la ville de Lorient, faute de quoi il sera conduit hors du département par la force ..... ; arrête que les électeurs du district seront convoqués pour procéder à son remplacement ». L'assemblée électorale fut convoquée en effet, le 20 octobre, dans l'église Saint-Gildas-d'Auray. Son choix se porta sur le même M. Plaissix ; il refusa d'être recteur constitutionnel. Transféré à Brandivy, lors de l'organisation officielle du culte dans le diocèse, il bénit, le 1er avril 1804, sous le nom de Jeanne-Françoise, la grande cloche paroissiale, dont le parrain était François Bodic, du Favision, et la marraine Jeanne Le Ray, du manoir de Kergal. — M. Plaissix ne cessait de tonner en chaire contre le vice capital des bretons, et une force physique peu commune lui fournissait, au dehors, le moyen de mettre ses actes en harmonie avec ses paroles. A la vue des ivrognes, il ne se contenait pas, il tombait sur eux à coups de canne, à coups de fouet, ou à défaut de ces armes, à bras raccourcis, en criant : « Fitre, Fitrela ! C'est ainsi que vous vous ravalez au-dessous des brutes ? » (J'ignore ce que valaient les sermons de Claude Plaissix, quel effet ils produisaient sur les coupables en question. Il m'est avis, du moins, que pour opérer ce genre de conversion, son autre argument n'avait pas une moindre efficacité. Le 2 mars 1806, Jean-Claude Chanio, vicaire à Pluvigner, prend sa place. Il exhibe à son prédécesseur, l'acte de son institution canonique et l'acte de prestation du serment de fidélité, prescrit par la loi du 18 germinal an X, et le requiert, en vertu de la délégation épiscopale de le mettre en possession. Claude Plaissix dresse de la cérémonie un procès-verbal qu'il signe ex-recteur de Plouharnel. Plouharnel lui tenait toujours au cœur.

1806-1828. — JEAN-CLAUDE CHANIO. Originaire de Pluvigner, M. Chanio était allé en Portugal pendant la Révolution. Il est devenu légendaire sous le nom de Dom Yehan [Note : Dans les temps antérieurs à la révolution, le mot dom était accolé au nom de baptême des prêtres sortis du temple tandis que les prêtres issus de la bourgeoisie et de la noblesse recevaient le titre de Monsieur, comme si les deux noms en défintive n'avaient pas le même sens], et sa mémoire est restée parmi nous aussi bien qu'aux alentours en grande vénération. Il ne pouvait pas prêcher ; sitôt qu'il ouvrait la bouche pour instruire son peuple, les sanglots lui coupaient la parole, il se contentait de dire à peu près comme saint Jean sur le déclin de ses jours : « Mes enfants, aimez-vous bien ; ne faites pas le mal, soyez fidèles à vos devoirs..... ». La maison des prêtres de la Trève n'était qu'une pauvre masure, semblable à la plupart des maisons habitées par les curés ou vicaires perpétuels, pendant que les titulaires des paroisses se prélassaient à l'abri de leurs beaux manoirs dans un doux farniente. Le lierre lui servait de toit et la pluie y pénétrait de toutes parts. « Mais, dom Yehan, vous ne pouvez demeurer dans une maison sans toit. Laissez-nous la recouvrir. — Er mod cé (c'était, paraît-il, son propos) un jeune me succédera, et il bâtira un nouveau presbytère ; pour moi, ce lierre me plaît ; le merle y fait son nid et me recrée de son doux chant » — La solitude lui allait bien, et il vivait en véritable ermite. C'est lui qui balayait sa maison, si elle était parfois balayée ; c'est lui qui faisait sa cuisine et se donnait la peine d'aller dans les maisons voisines, un vieux sabot à la main, mendier un peu de feu. Ni cuisinier, ni cuisinière. Pourquoi cet embarras de ménage ? — Ce qu'on raconte de ses austérités paraîtra incroyable. Point d'oreiller sur sa pauvre couchette : une grosse pierre en tenait la place ; sous ses vêtements un cilice, ar rochet ran, disent nos paysans, et quel cilice, grand Dieu ! un objet d'horreur ; à peine l'eût-on osé toucher avec des pinces. M. Chanio avait en effet ce trait de ressemblance avec saint Benoît Labre et d'autres personnages religieux, plus communs qu'on ne croit [Note : Comme ce Cordelier du quatorzième siècle dont la statue se dresse encore dans la cathédrale de Quimper, et plus récemment l’abbé Le Gloahec prêtre à Locmariaquer et, sous la révolution, fameux chef de chouans] : Je veux dire qu'il s'était constitué le pasteur et le berger de sa vermine. Dès qu'une de ces affreuses petites bêtes paraissait au bout de ses manches, il s'empressait de lui faire rebrousser chemin : « er mod-cé, disait-il, rentrez là-dedans, vous êtes bien là ». Non qu'il eût pour cela le culte de la vermine. Ce qui l'eût rendu sectateur du boudhisme qui défend à ses adeptes de mettre à mort les insectes acharnés sur eux. Dom Yehan les soufirait, les cultivait par esprit de pénitence, pour mortifier sa chair : et personne ne niera, je suppose, que ce ne soit là un genre terrible de mortification. Comme si les rigueurs ne lui eussent pas suffi, il s'appliquait à les augmenter encore par le régime alimentaire le plus insipide qui se pusse concevoir. Du moment qu'un prêtre se charge de sa cuisine, c'est une nécessité qu'elle soit médiocre. La cuisine de dom Yehan dépassait les bornes de la simplicité. Un seul trait en donnera l'idée, Le fond du régime consistait en un hideux pain noir, où grouillaient souvent les vers. Pour absorber une aussi répugnante nourriture ce n'était pas trop en vérité de l'estomac d'un dom Yehan. Il a donc bien raison de se passer de domestiques. Où rencontrer un personnel, pour arriéré qu'on le suppose, qui s'accommode d'habitudes si peu humaines ?

Pour y faire diversion, Dom Yehan aimait de temps à autre à s'asseoir à la table de ses paroissiens ; on cite telle et telle maison qui lui fournissait à peu près régulièrement un repas par semaine ; ou encore, il courait la campagne à la recherche des enfants, bergers et bergères, auxquels il apprenait à lire, refusant de les admettre à la première communion, si leurs progrès dans la lecture laissaient à désirer. En ce cas, il ne rentrait pas non plus pour manger ; il se rendait à la ferme voisine pour prendre part au maigre repas de la famille, quel qu'il fût. Il ne songeait pas à se montrer exigeant, encore qu'une bonne bouillie de mil obtint ses préférences. Tout ce qu'on lui servait d'ailleurs, sans être somptueux, constituait manifestement un régal auprès de ce qu'il mangeait à domicile. — De telles excentricités aiguisaient la verve des confrères ; les railleries en toute rencontre pleuvaient drû sur le malheureux : Pourquoi se singulariser de la sorte. Vit-on jamais un si horrible chrétien ?... Notre homme laissait dire et rire, et il ne continuait pas moins, en dépit des moqueries, de servir son Dieu à sa manière. — Dieu avait béni le saint prêtre, en lui accordant, dit la tradition, le pouvoir de chasser les démons.

Dom Yehan était devenu vieux. Quelques individus grincheux ayant porté plainte contre le vénérable pasteur, il dut donner sa démission Au désespoir de ses paroissiens, il se retira dans son pays natal, à Pluvigner, où il mourut le 1er septembre 1829, à l'âge de 68 ans.

1828-1868. — JULIEN CARADO, natif de Guénin, fut élu recteur en sa place. Il a bâti le presbytère de Brandivy avec les matériaux de la chapelle de Brenedan, tombée en ruines. Le 2 juillet 1837, il procédait à l'érection de la croix de mission, et le 17 septembre des stations du Chemin de la Croix. Le 17 septembre encore il exposait à la Vénération des fidèles une parcelle de la Vraie Croix avec un morceau du manteau de saint François d’Assise ; ces précieuses reliques lui avaient été données par M. Deshaies, ancien curé d'Auray, supérieur des Sœurs de la Sagesse. Démissionnaire en 1868, après avoir dignement administré sa paroisse quarante années durant, il est mort à Brandivy le 1er mai 1872, âgé de 84 ans et a été inhumé au cimetière. Le souvenir de M. Carado est demeuré inséparable d'un long bâton, presque aussi long que sa personne, qu'il portait au cours de ses voyages et promenades ; il s'en servait pour mesurer la taille des petits enfants. La plupart de nos gens se souviennent d'avoir été mesurés par lui.

M. le Bouar qui succéda à M. Carado, délaissa bientôt Brandivy pour Landaul. Ce qui équivaut à troquer cinq centimes contre un sou. — M. Ehanno, à qui revient le mérite d'avoir, à travers une hostilité sourde ou déclarée, agrandi le presbytère et construit le jardin, fut nommé recteur en 1869 ; il mourut à Brandivy et fut inhumé à Plaudren, son pays d'origine. — En 1876, M. Le Fischer, mort et inhumé à Brandivy, lui succéda. En 1884, M. Guidou, dont le zèle actif a rebâti l'église paroissiale et approprié la chapelle de Saint-Laurent devint recteur de Brandivy. Une noble châtetaine qui a tant contribué par ses largesses à la reconstruction de l’édifice paroissial, a voulu couronner ses bonnes œuvres en fondant au bourg une communauté religieuse. Des filles de Kermaria viennent de prendre possession, le 11 avril 1890, de la maison qu'elle leur a destinée. Dès que les obstacles seront aplanis, elles ouvriront une école libre.

L'insuffisance d'un seul prêtre pour le service de la paroisse ayant été constatée, on résolut de créer un vicariat. En 1846, est arrivé comme vicaire l'abbé Chapelain, mort recteur de Saint-Géran ; en 1848, l'abbé Paul, aujourd'hui recteur de Theix ; en 1854, l'abbé Hervé, recteur actuel de Noyalo ; en 1871, l'abbé Tanguy, encore vicaire à Moréac ; le 20 septembre 1874, l'auteur du présent travail.

(Abbé Guillou).

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