Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

BREST ET LE FINISTÈRE sous LA TERREUR

  Retour page d'accueil        Retour page "Brest et Finistère sous la Terreur"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Les Prêtres insermentés et leurs Receleurs devant le Tribunal révolutionnaire de Brest. — Les Femmes de Morlaix et la jeune Emilie de Forsan.

Nous passons à une autre catégorie de condamnés, à celle des prêtres insermentés, dits réfractaires.

Les prisons en étaient pleines, et quoique l'on eût déjà fait de nombreuses évacuations sur Rochefort et les îles de Ré et d'Oléron, où on les avait entassés sur des pontons en attendant le moment de les exporter, il s'en trouvait encore un très grand nombre dans les prisons du Finistère, et, parmi eux, quelques-uns qui avaient persisté à chercher un asile dans leur famille ou au sein des populations qui leur étaient restées dévouées.

Nous avons sous les yeux un grand nombre de jugements rendus dans ces circonstances par le Tribuual révolutionnaire de Brest ; nous ne saurions les citer tous, mais nous en analyserons quelques-uns pour exposer les doctrines professées par le Parquet et le Tribunal lui-même.

Suivant sa méthode habituelle, l'accusateur public Donzé-Verteuil, pour l'édification des frères, énonce à plusieurs reprises, les principes en vertu desquels il agit :

« Il y a des scélérats armés au dehors contre la République, dit-il dans son acte d'accusation contre Sébastien Rolland, curé de la commune de Trebrivant (district de Rostrenen), qui ne sont ni ses ennemis les plus acharnés, ni les plus difficiles à vaincre. — Ceux-là, grâce au courage des Hommes libres et dignes de l'être, seront bientôt abattus, détruits ».

« Mais il en est d'une autre classe, et ceux-ci font plus de ravages : trop lâches pour attaquer au champ d'honneur les défenseurs de la Révolution, trop lâches encore pour se ranger de leur parti, pour oser combattre l'idole des esclaves, la tyrannie ; des monstres proscrits pour leur désobéissance aux lois ; des monstres à qui la nature cria tant de fois que l'homme était égal à l'homme ; des monstres qui, couverts du manteau de la religion, ne s'en disent les apôtres, ne s'annoncent pour les vrais ministres d'un Dieu de paix qu'outrage leur révolte, que pour s'agiter dans l'ombre, que pour égarer par l'hypocrisie la crédulité, l'ignorance, la bonne foi des habitants des campagnes, malheureusement trop faciles à persuader. — Tels sont les ci-devant prêtres, rebelles à la loi du serment, rebelles à la loi de la déportation. — Voilà les hommes qui, secouant le flambeau du fanatisme jusque dans leurs propres foyers, veulent allumer ou alimenter dans leur patrie le feu de la guerre civile ».

Dans un autre réquisitoire contre un pauvre curé de la paroisse de Poullaouen, qui avait cru pouvoir rester parmi les ouvriers mineurs de cette localité, il disait : « qu'il en était qui, pour troubler les consciences et inspirer aux citoyens faibles le désir de la restauration de l'ancien régime ecclésiastique, se cachaient tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, et faisaient des célébrations dans les maisons particulières, où ils n'avaient pour témoins que les aveugles qu'ils abusaient ;

Que voulant nuire à la chose publique par plus d'un moyen, ils décriaient les assignats ;

Enfin que le refuge que plusieurs d'entre eux cherchaient dans leurs anciennes paroisses, n'avait d'autre but que d'y prêcher, dans le secret, les anciennes erreurs et les principes contre-révolutionnaires qu'ils avaient toujours professés ».

Et faisant parcourir, de jour et de nuit, en vertu de ces principes, par leurs commissaires et la gendarmerie, les communes qui passaient pour les plus fortement attachées à leurs anciens pasteurs, ils faisaient saisir, pour les amener à leur Tribunal, partout où ils les trouvaient, les malheureux prêtres qui n'étaient pas venus, suivant le vœu de la loi, demander eux-mêmes leur propre exportation.

C'est ainsi, pour raconter une seule de ces expéditions combinées à la fois par les représentants, l'accusateur public, les clubs et les comités révolutionnaires, que, s'étant portés le 8 Germinal, à onze heures du soir, dans la commune de Kerlouan, et y ayant visité plusieurs maisons soupçonnées de recéler des prêtres insermentés ; c'est ainsi, dis-je, qu'ils arrivèrent chez le cultivateur François Le Gac, au moment où Jean Habasque, ancien curé de la paroisse, était couché dans un lit clos chez ce cultivateur. Un sac, dans lequel il y avait un calice, des hosties, des huiles saintes et une patène fut trouvé dans une des armoires de Le Gac : il n'en fallut pas plus pour le saisir lui et son hôte. — Guillaume Peton, autre prêtre habitué du district de Lesneven, fut trouvé dans la même nuit chez Guillaume Abautret, cultivateur de la même paroisse. Un calice, sa patène, une pierre sacrée et une soutane noire furent saisis comme pièces de conviction, et Peton ayant confessé qu'il n'avait point fait le serment ni demandé la déportation, fut livré avec son bienfaiteur Abautret à l'accusateur public. — Plus heureux, put-on croire un instant, fut Gabriel Gourhant, qui, ayant été visité la même nuit, avait pu, moyennant quelque retard apporté à ouvrir sa porte, faire évader un prêtre également caché chez lui ; mais le procès-verbal que nous avons sous les yeux établit que le lit où couchait ce prêtre était encore chaud ; qu'un sac renfermant un calice et des objets servant au culte avait été trouvé près de ce lit, et que le doute dès-lors n'était possible sur aucun point.

Aussi voyons-nous les deux prêtres Habasque et Peton et les receleurs Abautret, Gourhant et Le Gac, à la barre de leurs terribles juges, le 24 Germinal an II, c'est-à-dire, moins de quinze jours après leur saisie.

Avec le concours du jury, Guillaume Peton et Jean Habasque furent condamnés à mort. Les cultivateurs, qui leur avaient donné asile, furent condamnés à la déportation et leurs biens à tous acquis à la République.

Mais Donzé-Verteuil avait ajouté dans son réquisitoire que le district de Lesneven paraissait surtout avoir été choisi pour le rendez-vous des prêtres réfractaires et le lieu où se distillait le poison de leurs fausses doctrines. — Et, sur ces conclusions, le tribunal décida que Peton et Habasque seraient exécutés sur la place du marché public à Lesneven, toujours dans les vingt-quatre heures.

Dès le lendemain, en effet, sur les ordre de Palis, l'un des juges du Tribunal, le tombereau habituel du Tribunal révolutionnaire était en station avant le jour à la porte du Château, attendant que les herses se baissassent. Bientôt il reçut les deux pauvres prêtres liés et garottés ; on les jeta sur un peu de paille et la fatale machine se mit aussitôt au trot, accompagnée d'un piquet de gendarmerie que suivaient Ance, l'exécuteur des hautes-œuvres, et son ami Palis. — Vers midi, la petite ville de Lesneven, contenue par le troisième bataillon des volontaires de Paris, qui était, depuis le matin, sous les armes, recevait le fatal cortège, l'instrument de supplice et les bourreaux. En quelques instants, Ance eut tranché la tête des malheureux prêtres qui s'étaient laissé surprendre. Toute la garde nationale de Lesneven y compris les hommes sans armes avait été forcée d'assister à cette cruelle exécution. L'affluence populaire y fut aussi très grande, d'après ce qui nous a été dit ; mais, silencieux à l'aspect de la terrible machine et des soldats qui l'entouraient, le peuple n'en resta pas moins très profondément ému, et nous apprenons par une lettre du comité de surveillance de cette ville, datée du 4 Floréal que, depuis le 25 Germinal, jour de l'exécution, la foule et les femmes surtout ne cessaient de se rendre au cimetière sur la tombe des deux victimes regardées comme des martyrs.

Quant à François Le Coz, ancien recteur de Poullaouen, il fut condamné et exécuté comme les prêtres de Lesneven, et François Nédélec, chez qui on l'avait trouvé, fut aussi condamné à la déportation, en même temps que ses biens furent confisqués. — A ces victimes livrées au bourreau, il faut ajouter : — Jean Drevès, natif de Ploumoguer, prêtre, âgé de 50 ans ; — Jean-Marie Branellec, curé de Minihi de Saint-Pol, né à Guissény, âgé de 37 ans ; — Augustin Clech, curé de Plestin, âgé de 56 ans ; — Yves Mével, ancien capucin, né à Roscoff, âgé de 65 ans ; — Le Grall, curé de Lanhouarneau. — Un procès-verbal nous apprend que quelques-uns d'entr'eux furent saisis dans une grande lande où on les fit traquer à l'aide de chiens qui les éventèrent.

Mais si la déportation fut, dans le commencement, la seule peine requise contre les malheureux chez lesquels on trouva des prêtres réfugiés, il arriva un moment où l'accusateur public, requérant la peine de mort contre le receleur aussi bien que contre le prêtre insermenté, obtint pour les uns et pour les autres la peine capitale à laquelle il concluait.

C'est ainsi qu'une pauvre vieille femme de Morlaix, la veuve Le Blanc, âgée de 80 ans, et sa fille Anastasie Le Blanc, confondues dans un même jugement du 13 Messidor, qui atteignit le curé Clech de Plestin, furent condamnées et mises à mort pour avoir donné asile à ce malheureux pendant deux à trois jours. — Une lettre de l'accusateur public à l'agent national du district de Morlaix, datée de Brest, du 5 Messidor, nous apprend qu'à cette date deux voisins de la veuve Le Blanc qui passent pour avoir vu Clech chez elle et pour savoir depuis quand il y était, étaient demandés à l'agent national comme un moyen de faire condamner la veuve Le Blanc. Une autre lettre de son substitut Grandjean, postérieure à l'exécution, et datée du 1er Thermidor, réclamait une montre du réfractaire Clech que l'autorité locale avait omis de faire parvenir, ainsi que plusieurs autres objets qui paraissaient avoir été soustraits du séquestre par divers individus, disait le substitut de l'accusateur public.

Un autre exemple, encore plus terrible s'il est possible, vint atteindre à quelques jours de là quatre pauvres femmes, également de Morlaix, qu'un même acte d'accusation avait amemées, le 12 Thermidor, à la barre du Tribunal, avec un vieux capucin âgé de 65 ans, Yves Mével, qu'elles étaient accusées d'avoir caché pour le soustraire aux recherches des Comités. L'une d'elle, Barbe Jago, était âgée de 51 ans ; une autre, Julie Démaret, veuve Rovily le Saulx, était âgée de 66 ans et originaire de Saint-Malo ; une troisième, Perrine Eugénie Démaret Le Coant, née à Port-Louis, était âgée de 63 ans, et la quatrième, Modeste-Emilie de Forsan, née à Montauban, était à peine âgée de 27 ans. — Un même réquisitoire et une même condamnation frappèrent ces cinq malheureuses victimes de la peine de mort.

Aucun jugement et aucune condamnation peut-être, si ce n'est celle des vingt-six administrateurs du département, que nous aurons à raconter bientôt, ne causèrent plus d'impression et de sinistre terreur sur la population de Brest ; car ce même jour 12 Thermidor, comme si les bourreaux avaient senti que la chute de Robespierre allait leur enlever le glaive des mains, ils avaiant traîné à leur barre, outre le capucin et les quatre malheureuses femmes qui furent exécutés avec lui, huit autres pauvres femmes toutes de Morlaix et prises dans les diverses classes de la société, les unes lingères, les autres blanchisseuses, ex-nobles ou anciennes religieuses, et toutes simultanément accusées avec les dames Démaret et Émilie de Forsan, d'avoir donné asile au pauvre capucin ou d'avoir tenu des propos tendant à rétablir la tyrannie en France. — Moins sévèrement traitées que les premières, ces huit dernières femmes échappèrent cependant à la peine de mort, et furent seulement condamnées à plusieurs années de réclusion.

Mais ce qui acheva de jeter le voile le plus sinistre sur cette journée, c'est ce qui se passa au sujet de la jeune Emilie de Forsan, que la beauté ravissante de sa personne avait fait remarquer de ses horribles bourreaux. Le bruit circula en effet de très bonne heure qu'un de ses juges, Palis, qui avait été chirurgien, avait osé mettre un prix à son acquittement et le lui proposer …. Les débats s'étaient ouverts et continués sous la pénible impression de ces infamies, et une certaine curiosité inquiète et atroce à la fois s'était attachée au sort de la pieuse victime pour savoir comment elle échapperait à la mort, et si ses juges lui accorderaient au moins la vie. — Mais il n'en fut rien ; restée liée au sort de ses compagnes, elle courut la même fortune qu'elles, et en entendant prononcer son arrêt, elle n'eut d'autre soin que de se tourner vers le respectable religieux qui était à la tête de toutes ces victimes et de lui demander sa bénédiction en se jetant dans ses bras …. Mais les roues du fatal tombereau se faisaient déjà entendre, nous a souvent répété un témoin oculaire de cette triste journée, et quatre femmes et un ecclésiastique furent entraînés sous le sabre des sbires vers la place du Triomphe du Peuple, où Ance les attendait…. Le couteau tomba, se leva et retomba rapidement. — Quatre cadavres sur cinq furent menés au cimetière … Un, celui de la jeune de Forsan, fut porté ……… où ?.......... à la salle de dissection ……… Horreur ! horreur et anathème sur le juge Palis qui s'était entendu avec Ance sur cette affreuse destination. — Horreur sur leur crime à tous, car par les fentes et les anfractures de la porte, de jeunes élèves en chirurgie virent tout ce qui se passa, et c'est de l'un d'eux, homme très grave et très digne, qui a été longtemps à la tête d'une des administrations du Morbihan, que nous tenons les détails très circonstanciés de ces atroces infamies que tout Brest a redites et qu'on croirait empruntées à une horde de cannibales. — La ville de Brest tout entière est restée pendant un demi-siècle sous l'affreuse impression de ces énormités, et bien des années s'écouleront encore avant que le souvenir de ces forfaits et le nom de la jeune de Forsan soient oubliés, non plus que celui du prêtre indigne qui, après s'être parjuré en déchirant ses lettres de prêtrise, se serait fait nommer agent national de la commune de Guerlesquin, d'où il aurait signalé la jeune de Forsan comme une aristocrate invétérée [Note : L'indigne prêtre dont nous parlons, et que la correspondance officielle de l'administration désigna elle-même plus tard comme l'auteur de l'assassinat juridique de la jeune de Forsan (Lettre du 27 Vendémiaire an VII, du Commissaire de l'administration départementale du Finistère), exerça longtemps une terreur si grande dans les cantons dit Ponthou et de Lanmeur, qu'à la seule annonce de son nom, des paysans, qui avaient donné pour un instant asile à des proscrits du 31 Mai, les expulsèrent de chez eux au milieu d'une nuit glaciale, quand la terre était couverte de neige. Redouté et estimé très dangereux jusqu'en l'an VII, il était encore détenu à cette époque, et fut transféré, des prisons du Finistère, dans une des îles de la Manche, sur les ordres du Directoire lui-même. Et, cependant, jugez de la fatale contradiction des événements et des opinions de ces temps : — quand l'administration du Finistère prenait ainsi le soin d'éloigner Budh…. de K…. de son territoire, celle des Côtes-du-Nord, par l'organe de Pohaër son commissaire général, disait que Budh…. lui avait rendu les plus grands services, et que c'était sur ses indications que les chefs de chouans Madiou, Tanguy, Hamon et Lambert avaient été saisis…. ce qui se trouve confirmé par le soin que prirent leurs partisans de mettre sa tête à prix par un ordre du jour signé La Barre.].

Mais passons, car tant de scélératesse, alliée à une si profonde démoralisation, ferait trop mal penser de l'humanité elle-même, si les crimes de quelques-uns pouvaient rien faire conclure contre les autres. — Pour dédommager nos lecteurs de ces sinistres monstruosités, racontons-leur ce qui se passait dans le château où nous écrivons ces lignes, au moment même où le Tribunal de Brest rendait un de ses jugements, alors que le 9 Thermidor s'accomplissait et que les dernières exécutions comme les dernières arrestations avaient lieu.

Éloigné de la ville, écarté des routes publiques, le château de Kernuz, placé sur les confins de la commune de Pont-Labbé, et habité depuis l'émigration par de bons cultivateurs, que personne n'aurait suspectés, avait reçu, dans les combles d'une de ses tourelles, deux prêtres insermentés, dont l'un, nommé Querneau, que tout le canton connaissait pour la mansuétude de ses mœurs et l'étendue de sa charité, avait été vicaire de la petite desserte de Juch, près de Douarnenez. Engagé par des amis à se confier aux habitants de Pont-Labbé, ces prêtres avaient trouvé à se cacher dans une sorte de cage ou de grenier placé au-dessus d'une petite chambre, à laquelle on arrivait de l'escalier du château de Kernuz par huit ou dix degrés ménagés dans l'épaisseur de la tourelle. Ils y vivaient depuis quelque temps, quand des réparations à faire au château amenèrent des ouvriers de Pont-Labbé sur les lieux. Des couvreurs, qui eurent à monter sur les toitures, entendirent du bruit, levèrent quelques ardoises, et virent le curé Querneau et son compagnon…. Le lendemain, les membres du Comité de Pont-Labbé, alors Pont-Libre, arrivèrent et saisirent ces deux pauvres prêtres. Parmi les Montagnards chargés de cette expédition se trouvait un maître charpentier, homme grossier et d'un caractère violent, qui ne ménagea ni les injures ni les mauvais procédés aux deux prêtres arrêtés, et qui alla jusqu'à frapper le curé Querneau et à lui arracher la montre qu'il portait dans son gousset [Note : Cette manière de procéder avait, d'ailleurs, en quelque sorte passé dans les habitudes de certains corps de troupes qui, quand ils étaient en détachement sur des points plus ou moins menacés, se croyaient tout permis. Une pétition des habitants de Bannalec aux administrateurs du Finistère, nous édifie de la manière la plus complète sur ces désordres, en nous apprenant que le lieutenant V…… et ses hommes, en se dirigeant à leur gré d'un point sur l'autre pour y faire des visites domiciliaires, enlevaient aux uns leurs armes, aux autres leurs boissons qu'ils laissaient couler, leurs vivres, leurs meubles, l'argent et la monnaie qu'ils avaient dans leurs armoires et jusques dans leurs poches, ne respectant ni la pudeur des femmes, ni celle des enfants qu'ils attaquaient même dans leurs lits. — « Comme si nous étions des esclaves révoltés, disent les pétitionnaires, et qu'à cause de nos vêtements grossiers et de notre idiome, on nous regardât comme des étrangers »] .... — La détention et l'avis donné aux Représentants de cette heureuse capture allèrent d'eux-mêmes, et le Comité ayant déjà préparé toutes les pièces qui devaient témoigner de son zèle, n'attendait que l'ordre de transmettre encore ces deux victimes au Tribunal de Brest, quand heureusement la nouvelle du 9 Thermidor parvint enfin jusque dans le fond du Finistère, pour arrêter les massacres juridiques qui s'y exerçaient L'abbé…. Querneau et son compagnon échappèrent ainsi à une mort imminente, et le retour de l'ordre l'ayant plus tard appelé à la direction d'une petite paroisse des environs de Pont-Labbé, il arriva un moment où, appelé à la cure de cette petite ville elle-même, il put la consoler de bien des déchirements par la douceur tempérée de son ministère. — Mais une infortune entre plusieurs s'offrit bientôt à l'exercice de sa propre charité ; c'était celle de ce même charpentier, tombé dans la plus profonde misère par suite de ses dérèglements. Le curé Querneau paya de ses deniers l'entrée de ce malheureux à l'hospice Saint-Jean de Pont-Labbé, pourvut à ses besoins et prit le soin de lui faire remettre chaque semaine, jusqu'à sa mort, un pain blanc en sus de l'ordinaire de la maison, voulant, par cet acte exceptionnel, disait-il, avoir l'occasion de remercier Dieu de la rude épreuve qu'il avait eu la bonté de lui envoyer.

(Armand du Chatellier).

 © Copyright - Tous droits réservés.