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LA CHEVALERIE DU DUCHÉ DE BRETAGNE

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RANG DES BANNERETS ET DES BACHELIERS EN BRETAGNE. - CHEVALIERS BANNERETS ET CHEVALIERS BACHELIERS OU SIMPLES CHEVALIERS. - MANIÈRE DONT ON CRÉAIT LES BANNERETS.

Les bannerets étaient des seigneurs puissants, possesseurs de terres auxquelles était attaché le droit de lever bannière. Ils devaient entretenir à leurs frais au moins vingt-cinq hommes d'armes avec leurs archers pour garder leur bannière qui était carrée, tandis que les simples chevaliers ne pouvaient porter à l'extrémité de leur lance qu'une flamme ou un drapeau triangulaire. Cette flamme ou drapeau s'appelait pennon ou pannon, du mot latin pannus, qui signifie étoffe. Au XIVème siècle, chaque homme d'armes possédait pour son service deux chevaux, et avait à sa suite deux archers à cheval et un coustiller, dont les fonctions étaient d'achever avec son coutelas les ennemis que l'homme d'armes avait jetés par terre. Ainsi, une compagnie de vingt-cinq hommes d'armes représentait un effectif de cent hommes et de cent chevaux. L'homme d'armes, avec ceux qui l'accompagnaient, formait ce que l'on appelait une lance fournie. Dans les compagnies d'ordonnance sous Charles VII, la lance fournie était composée de six hommes. On comprend qu'un pareil service nécessitait des dépenses considérables, et que celui qui y était astreint payait largement l'exemption d'impôts des terres nobles qu'il possédait, car les terres roturières appartenant aux nobles étaient imposées. L'exemption d'impôts pour les terres nobles était compensée par l'obligation du service militaire ; un manquement à ce service entraînait la confiscation du fief. Nous lisons dans la montre de l'évêché de Tréguier pour l'armée 1483 : « Jacques de Kerimel, sr de Goudelin, à cause de sa femme se soulait monstrer lui, deux archers ; injonction se monstrer homme d'armes, page, lance, coustilleur, et a promis de le faire. Raoul Pinart, sr du Val, représenté par Rolland, son frère, deux archers en brigandine et page, enjoinct faire homme d'armes. Jean le Gendre, par Yvon le Boume, enjoinct mettre noble ».

On lit dans la montre de l'évêché de Saint-Brieuc pour l'année 1469 :

« Jean Gouéon (Gouyon) s'est comparu et a promis servir le duc quand mestier sera, d'homme d'armes à 6 chevaux, bien en poinct.

Le sire d'Uzel, homme d'armes à 6 chevaux.

Hervé de Quélen, par Tristan de Quélen et M. Jean Collet, en brigandine, archer, jusarmier, page et 3 chevaux.

Jean de Brefeillac, homme d'armes de l'ordonnance.

Pierre Perrin, ennobli.

Alain de Quelenneuc (de Quelennec), homme d'armes à 5 chevaux.

Mre Bertrand de Boisriou, de Saint-Malo (400 livres de rente), homme d'armes.

Mre Robert Ferrière (350 l.), homme d'armes à 5 chevaux, bien en poinct ».

Ces montres étaient tenues chaque année par des commissaires du duc, qui confisquaient les terres des défaillants, et obligeaient chacun des appelés à la montre à se présenter dans l'appareil voulu par le rendement de son fief. Ceux qui se faisaient remplacer, étaient obligés de mettre à leur place un gentilhomme.

Les bannerets ne prenaient la qualité de chevalier, que lorsqu'elle leur avait été conférée. Quand ils n'étaient pas chevaliers, ils étaient désignés dans les montres d'hommes d'armes sous le nom d'écuyers bannerets.

Outre le privilège de porter bannière, les bannerets jouissaient avec les bacheliers du droit de siéger après les barons aux parlements généraux du pays. Les parlements généraux, ou tenues d'États, étaient des assemblées dans lesquelles se décidaient les affaires les plus importantes du duché, et où étaient jugés aussi en dernier ressort les procès pendants entre les particuliers. Le duc, en habit royal, y assistait, entouré des grands officiers de la couronne. Après lui siégeaient les évêques, les barons, les abbés possesseurs d'abbayes, les bannerets et les bacheliers, les chevaliers et les écuyers, et les procureurs des bourgeois des bonnes villes.

Il y avait en Bretagne un certain nombre de barons, mais les premiers et véritables barons étaient les grands vassaux de la couronne, dont l'avis et le consentement étaient nécessaires pour décider des affaires les plus importantes de l'État, telles que les traités, les déclarations de guerre, l'imposition des taxes, la réformation des abus. Avant le XVème siècle, aucun document certain ne nous fait connaître quels étaient ces barons ; mais les procès-verbaux des tenues d'États de cette époque nous apprennent que les neuf baronnies d'États, et il est présumable qu'il en fut ainsi de toute ancienneté, étaient :

1° Avaugour,

2° Léon,

3° Fougères,

4° Vitré,

5° Châteaubriant,

6° Raiz,

7° Pontchâteau,

8° La Roche-Bernard,

9° Ancenis.

Dans le courant du XVème siècle, plusieurs de ces baronnies étant tombées, par confiscation ou autrement, dans les mains des ducs. Ces princes créèrent, pour les remplacer, d'autres baronnies, telles que celles de Lanvaux, de Derval, de Malestroit et de Quintin. Au parlement général tenu à Vannes en 1462, on ne voit plus figurer que pour mémoire les baronnies de Fougères, d'Avaugour et de Lanvaux, qui alors appartenaient au duc. Les neuf barons appelés à siéger furent :

1° Le vicomte de Rohan, comme baron de Léon ;

2° Le sire de Rieux, comme baron d'Ancenis ;

3° Le comte de Laval, pour sa mère, comme baron de Vitré ;

4° Le comte de Laval, pour sa femme, comme baron de Châteaubriant ;

5° Jean de Laval, comme baron de La Roche-Bernard ;

6° Le sire de Raiz, comme baron de Raiz ;

7° Le baron de Derval ;

8° Le baron de Malestroit ;

9° Le baron de Quintin.

Ces trois dernières baronnies, créées en 1451, remplaçaient celles d'Avaugour, de Fougères et de Lanvaux. Cette dernière fut de nouveau érigée en baronnie en 1486, en faveur de Louis de Rohan, sire de Guémené. Le duc François II, voulant pourvoir au remplacement de diverses baronnies d'État qui étaient déjà entre ses mains ou prêtes à y tomber et échoir, érigea en baronnie, sous le nom de Coëtmen, en faveur de Jean de Coëtmen, les terres de Coëtmen et de Tonquédec. En conséquence, le seigneur de Coëtmen fut reconnu en qualité de baron aux États tenus au château de Nantes, le 17 novembre 1487. Le duc érigea aussi en baronnie par le même motif, en 1487, l'ancienne bannière de la Hunaudaye, en faveur de Jean Tournemine. Dans les lettres d'érection, le duc spécifie que le père du seigneur de la Hunaudaye avait fait opposition, pour la préséance aux États, aux seigneurs de Malestroit, de Derval et de Quintin, qui avaient été créés barons, et qu'il n'entend point s'opposer aux prétentions que le sire de la Hunaudaye pourrait avoir à ce sujet.

Il est difficile de connaître le nombre des bannerets de Bretagne, parce que dans les procès-verbaux des parlements généraux leurs noms sont confondus avec ceux des bacheliers, sans qu'il soit possible de les reconnaître.

Le plus ancien document sur ces bannerets bretons nous est fourni par La Roque [Voir Traité du ban et arrière-ban]. Voici, d'après lui, quels furent les chevaliers bannerets bretons qui se rendirent, en 1214, au mandement de Philippe-Auguste, et qui assistèrent à la bataille de Bouvines :

Milites Britanniœ ferentes bannerias.

1.    Comes Guido de Toarceio (de Thouars), comte de Bretagne.

2.    Alanus, filius comitis (de Bretagne).

3.    Guihomar de Leonibus (de Léon).

4.    Herveus de Leonibus.

5.    Paganus de Malostricto (de Malétroit ou Malestroit).

6.    Eudo, filius comitis (de Bretagne).

7.    Josselinus de Rohan.

8.     Radulphus de Monteforti (de Montfort).

9.     Guillelmus de Monteforti.

10.    Petrus de Lohéac.

11.     Roaldus vicecomes (le vicomte).

12.    Guillelmus de Guirchia (de La Guerche).

13.    Bernardus de Bain.

14.    Andreas de Vitriaco (de Vitré).

15.    Gaufridus de Filgeriis (de Fougères).

16.    Guillelmus de Filgeriis.

17.    Gaufridus Giron.

18.    Manus de Castrogirondi (de Châteaugiron).

19.    Guillelmus de Albigneio (d'Aubigné).

20.   Juhellus de Meduana (de Mayenne).

21.    Oliverius de Dinano (de Dinan).

22.    Johannes de Dole (de Dol).

23.    Gaufridus Spina (de l'Espine, et non d'Espinay, ainsi que l'a traduit La Roque, le nom latin d'Espinay étant de Spineto) [Note : Geoffroi de l'Epine est cité par D. Morice, avec la plupart des bannerets précités, au nombre des chevaliers bretons convoqués en 1205 à l'ost de Philippe-Auguste].

24.    Oliverius de Tintiniaco (de Tinténiac).

25.    Herveus de Bellomortario (de Beaumanoir).

26.    Gaufridus de Castro-Brienconio (de Châteaubriant).

27.    Gaufridus de Ancenis.

28.    Guillelmus de Cliçon (Clisson), senex.

29.    Guillelmus de Cliçon, junior.

30.    Willelmus de Roca de Vens (de la Roche de Vens).

31.     Guillelmus de Plessiaco (du Plessis-Balisson) [Note : Le sire de Plessis-Balisson est mentionné parmi les bannerets aux États de 1462].

32.     Bernardus de Machequol (de Machecoul).

33.     Jauelfus de Radiis (de Raiz).

34.     Oliverius de Roca (de La Roche-Bernard).

35.     Eudo de Ponte (de Pontchâteau).

Geoffroi de l'Epitre est cité par D. Morice, avec la plupart des bannerets précités, au nombre des chevaliers bretons convoqués en 1205 à l'ost de Philippe-Auguste.

36.     Rollandus de Reux (Rieux).

37.     Gaufridus de Hiheric.

38.     Alemanus de Albigneio (d'Aubigné).

On remarque parmi ces seigneurs portant bannières plusieurs barons de Bretagne, tels que les seigneurs de Léon, de Fougères, de Vitré, de Châteaubriant, d'Ancenis, de Raiz, de Pontchâteau. Ce document, quelque incomplet qu'il soit, est fort curieux et nous fait connaître quels étaient au commencement du XIIIème siècle les grands seigneurs de Bretagne. Néanmoins, on pourrait ajouter à cette liste plusieurs noms qui ne le cèdent en rien à ceux qui y sont mentionnés.

En 1462 fut tenu à Vannes un parlement général. Les bannerets et les bacheliers qui y furent appelés sont, d'après le procès-verbal de ce parlement général :

1.       Le sire de Clisson. (Le duc le tient, c'est-à-dire possède sa seigneurie).

2.      Le sire de Rochefort.

3.      Le sire de Montauban, excusé.

4.      Le sire de Guéméné Guingamp.

5.      Le sire du Pont-l'Abbé, présent [Note : Le sire du Pont-l'Abbé et de Rostrenen, suivant le procès-verbal du parlement général tenu en 1455].

6.    Le sire de la Hunandaye comparut et s'opposa aux rangs et appeaux devant dits.

7.    Le sire de Rougé. (Derval le tient).

8.    Le sire de Combourg, excusé pour maladie.

9.    Le sire de Matignon, excusé.

10.   Le vicomte de Coëtmen, excusé par son fils, et s'opposa son fils aux rangs de Pont-l'Abbé et de la Hunaudaye, et y en eut expédition.

11.    Le sire de la Guerche.

12.    Le sire de Chastillon. (Laval le tient).

13.    Le sire de Beaumanoir. (Châteaubriant le tient).

14.    Le sire de Beaufort, excusé pour maladie.

15.    Le sire de Châteauneuf, excusé pour maladie.

16.    Le sire de Coesquen (Coëtquen).

17.    Le sire de Pluscallec.

18.    Le sire du Bois de la Motte.

19.    Le sire de Ker.

20.    Le sire de Kergorlay.

21.    Le sire de Keranrais. (Montauban le tient).

22.    Le vicomte du Fou, présent.

23.    Le sire de Maure.

24.    Le sire de Molac.

25.    Le sire d'Acigné.

26.    Le sire de Saint-Brice.

27.    Le sire de la Muce.

28.    Le sire de Campsillon.

29.    Le sire de Martigné.

30.    Le sire du Chastel.

31.    Le sire de Keimerch.

32.    Le sire de Kermavan.

33.    Le sire de la Feillée.

34.    Le sire de Penhoët.

35.    Le sire de Montrelais.

36.    Le sire de Coëtivy.

37.    Le sire d'Oudon.

38.    Le sire du Loroux-Bottereau. (Le sire de Raiz le tient).

39.    Le sire de Saffré. (La Hunaudaye le tient).

40.    Le sire de l'Espine-Gaudin. (Le duc le tient).

41.    Le sire de Trémedern.

42.    Le sire de la Roche-Rousse. (Keimerch le tient).

43.    Le sire de Tivarlen.

44.    Le sire du Chastellier.

45.    Le sire de Poulmic.

46.    Le vicomte de Pommerit.

47.    Le sieur de la Motte de Saint-Gilles, excusé pour ce qu'il est à Saint-Jacques.

48.    Le sire de Broon, excusé pour jeune âge.

49.    Le sieur de Beton.

50.    Le sieur de la Roche de Montbourcher.

51.    Le sieur du Plessis-Baliczon.

52.    Le sieur de Coësmes.

53.    Le sieur de Vauclerc.

54.    M. Le sieur de Guémadeuc.

55.    Le sieur de Beuves.

56.    Le sieur de la Rubaudière.

57.    Le sieur de Lesnen.

58.    Le sieur du Juch.

59.    Le sieur de Coëffret.

60.    Le sieur de Pestivien. (Molac le tient).

61.    Le sieur de Ploeuc.

62.    Le sieur de la Rochejagu.

63.    Le sire de Fresnay et de Roche-Servière.

64.    Le sieur de Beloczac.

65.    Le sieur de Blebehan.

66.    Le sieur de Tréal.

67.    Le sieur du Pallets.

68.    Le sieur de la Houssaye.

69.    Le sieur du Bois de la Roche et du Biniou.

70.    Le sieur de Vieille-Vigne.

71.     Le sieur d'Uzel.

72.     Le sieur du Gué.

73.     Le sieur de Tizé.

74.     Le sieur du Faouët.

75.     Le sieur de Kerouséré.

76.     Le sieur de Nevet.

77.     Le sieur de Lescoulouarn.

78.     Le sieur de Beauvoir.

79.     Le sieur de Rosmadec.

80.     Le sieur de la Marzelière.

81.     Le sieur de Guignen.

82.     Le sieur de Vieuxchastel.

83.     Le sieur de Trévégat (Trévécar).

En considérant cette liste de seigneurs, où les uns sont qualifiés sires, et les autres seulement sieurs, on pourrait croire que les premiers sont les bannerets, et les autres les bacheliers. Mais il n'en est rien, car les seigneurs de Coëtfret, de Guémadeuc et de la Rochejagu, créés bannerets en 1451, sont qualifiés sieurs, tandis que les seigneurs de Kermavan et du Chastel, créés bannerets postérieurement, c'est-à-dire en 1454 et en 1455, sont qualifiés sires. Du reste, dans les relations des tenues d'Etats des années 1451 et 1455, tous ces bannerets et bacheliers sont qualifiés sires ; il n'est donc pas possible de les distinguer les uns des autres.

Il est à remarquer que le procès-verbal des États-Généraux de 1455 ne mentionne que soixante-quinze noms de bannerets et de bacheliers, dont six ne figurent pas aux États de 1462 [Note : M. de Fréminville a publié, dans ses Antiquités du Finistère, une liste des bannerets qui assistèrent aux États-Généraux en 1455, parmi lesquels il a fait figurer le sire de Saint-Pern, au lieu du sire de Saint-Père en Pelet, mentionné dans le procès-verbal de ces États, inséré en entier dans les Preuves de Dom Morice. L'analogie des noms l'aura trompé sans doute. Par un semblable motif, il a fait subir la même transformation au nom de Saint-Père, dans les montres qu'il a publiées dans son Histoire de Bertrand du Guesclin. (Voir tome II de cet ouvrage, art. Bertrand de Saint-Père, année 1351). La terre de Saint-Père, p. de Saint-Père Marc-en-Poulet, évêché de Saint-Malo, était d'après le Nobiliaire de M. de Courcy, une châtellenie d'ancienneté aux Saint-Père]. Ce sont :

1.    Le sire de Lohéac.

2.    Le sire de Rieux.

3.    Le sire de Beaumont.

4.    Le sire de la Clarté.

5.    Le sire de Loyaux.

6.    Le sire de Saint-Père en Pelet.

Par contre, aux États de 1462 où siégèrent quatre-vingt-trois bannerets et bacheliers, quatorze, dont voici les noms, ne sont pas compris dans le procès-verbal des États de 1455.

1.    Le sire de Guéméné-Guingamp.

2.    Le sire de Rougé.

3.    Le sire de Combourg.

4.    Le sire de la Guerche.

5.    Le sire de Chastillon.

6.    Le sire de Beaumanoir.

7.    Le sire de Fresnay et de la Roche-Servière.

8.    Le sire de Blebehan.

9.    Le sire de Tréal.

10.   Le sire de Beauvoir.

11.   Le sire de Rosmadec.

12.   Le sire de Vieux-Chastel.

13.   Le sire de la Marzelière.

14.   Le sire de Trévecar.

Au parlement général tenu à Vannes en 1451, et dont on trouve quelques fragments dans les Preuves de Dom Morice, le sire de Bazoges, le sire du Ponthou, le sire du Perrier, et la dame de la Bénaste, furent appelés à prendre rang parmi les bannerets et les bacheliers. Ces seigneurs ne sont pas mentionnés dans les appeaux des bannerets, aux États de 1455 et de 1462.

Pour expliquer les différences qui existent dans les procès-verbaux dont nous venons de parler, il faut supposer qu'ils ne sont pas complets, ou que le nombre des bannerets et des bacheliers n'était pas bien déterminé, plusieurs de ces seigneurs ayant, pour être admis aux États-Généraux, des prétentions égales ; de sorte que pour éviter des contestations au sujet de la préséance, le duc les faisait siéger tour à tour, ou remplaçait ceux qui ne se présentaient pas, par ceux dont les droits lui paraissaient les mieux fondés.

Il est difficile d'expliquer pourquoi le sire de Beaumanoir ne fut pas appelé aux États de 1455, car la terre de Beaumanoir était une des plus anciennes bannières de Bretagne. Nous voyons, en effet, le sire de Beaumanoir mentionné parmi les 38 chevaliers bannerets bretons qui furent convoqués à l'ost de Philippe-Auguste, et qui prirent part en 1214 à la bataille de Bouvines. Un de ses descendants, Jean, sire de Beaumanoir, était en 1379 chevalier banneret, chambellan du roi et capitaine de cent lances. Le sire de Bazoges figure aussi en qualité de chevalier banneret, dans une montre de 1422 ; ce qui indique que la terre de Bazoges était une ancienne bannière, quoiqu'il ne soit pas fait mention aux États de 1455 et de 1462, du sire de Bazoges, qui siégea rependant aux Etats de 1451, parmi les bannerets.

On voit donc que ces listes de bannerets et de bacheliers ne sont pas complètes et qu'il y aurait lieu d'ajouter à celle de 1462, qui est la plus considérable, les noms des dix bannerets et bacheliers qui n'y sont pas compris, et qui sont néanmoins mentionnés dans les relations des tenues d'Etats précédentes. En y ajoutant le nom du sire de Sévigné, créé banneret en 1440, et dont il n'est fait aucune mention aux Etats de 1451, 1455 et 1462, on obtiendrait ainsi pour la période de 1440 à 1462, quatre-vingt-quatorze noms de bannerets et de bacheliers, et même quatre-vingt-dix-sept, en tenant compte des sires de Malestroit, de Derval et de Quintin, bannerets, créés barons en 1451.

Mais aux 97 bannières et bacheleries que nous venons de citer il faut ajouter la bannière de Rostrenen qui, en 1451, appartenait au sire du Pont-l'Abbé, lequel figura aux États tenus à Vannes la même année, en qualité de sire du Pont (Pont-l'Abbé) et de Rostrenen. C'est donc à 98 qu'il faut porter le nombre des bannières et des bacheleries de Bretagne, au XVème siècle.

Le terme de banneret vient du mot bannière, mais l'étymologie de celui de bachelier, est moins facile à trouver. Dans l'ancien langage, bachelier signifie un jeune homme, et bachelette une jeune fille. Dans les vieux fabliaux, nous voyons souvent figurer le bachelier d'armes et le bachelier d'amour. Bachelier ès-lettres, bachelier ès-sciences, sont encore des termes usités de nos jours. Dans les actes du commencement du XIVème, siècle, celui de bachelier est quelquefois employé pour indiquer un chevalier. Gui de Bretagne, dans des lettres de l'an 1319, relatives à une assiette de 200 livres de rente faite à Simon de Montbourcher, l'appelle son amé bacheler, imonsieur Simon de Montbourcher. Dans des lettres de l'an 1338, Jean, duc de Bretagne, reconnaît qu'il a fait autrefois des promesses à son féal bacheler, monsour Geoffroi le Voyer, en sa nouvelle chevalerie. Le terme de bachelier n'est guère en usage en Bretagne que depuis le XIVème siècle.

Dom Morice dit que beaucoup de jeunes gentilshommes prenaient le titre de bacheliers et que, lorsqu'ils étaient devenus chevaliers, ils s'intitulaient chevaliers bacheliers. Le conseiller Hévin prétend que ce fut dans le XIVème siècle que les chevaliers bretons commencèrent curieusement à s'appeler chevaliers-bacheliers. En effet ce terme n'est guère en usage auparavant, mais il faut remarquer que dans aucun titre les gentilshommes ne prenaient la qualité de banneret, ou celle de bachelier. Le terme de chevalier-bachelier fut uniquement employé dans les montres des XIVème et XVème, siècles, pour distinguer le simple chevalier des chevaliers bannerets, qui, dans ces montres, sont toujours nommés les premiers. Mais dans un grand nombre de ces montres, le terme de chevalier-bachelier n'est point employé. En voici des exemples :

« Sachent tuis, que nous Yvon Charruel, chevalier, avons reçu de Jehan Chauvel, trésorier des guerres du roi, nostre sire, en prest sur les gages de nous, 3 autres chevaliers, 21 écuyers, et 58 archers armés à cheval, de nostre compagnie, lesquels nous devons amener en ces présentes guerres au service dudit seigneur, mille cent LXXXV L. tourn. A Paris, sous nostre signet le XII oct. MCCCLVI » (Dom Morice, Preuves, T. I). La montre monsieur Olivier de Montauban, chevalier banneret, un chevalier bachelier, et dix-huit écuiers de sa compagnie, reçeue à Pontorson le 1 jour de may 1371. Ledit monsieur de Montauban, banneret, monsieur Jehan de la Taillaie, etc. ».

Suivant M. de Boulainvilliers, le terme de bachelier vient du mot bacelle ou bachelle, qui était une mesure de deux mas ou meix, nom provenant de mansus ou mansum, par lequel on désignait un bien du labour de deux charrues à deux breufs. Un ancien cérémonial dit : « Quand un chevalier ou écuyer a terre de quatre bacelles, le Roy peut lui donner bannière à la première bataille où il se trouvera ; à la deuxième, il est banneret, à la troisième il est baron ». D'où il résulte, selon M. de Boulainvilliers, que bachelier était proprement un écuyer, et le chevalier-bachelier un chevalier, et n'ayant ni l'un ni l'autre assez de bachelles pour parvenir à bannière ni à baronnage qui était le haut rang de la noblesse. Tout bachelier n'était mic riche, dit une chronique. De plus, il fallait encore avoir servi quelque temps à la guerre en qualité d'ecuyer, sous un chevalier banneret pour devenir banneret ou baron. C'est ce qui a fondé les conjectures de bas-chevaliers, baséchelon, baccalauri, petites barques ou fruits de lauriers, pour racines du mot bachelier [Voir Essai sur la noblesse, par le comte de Boulainvilliers].

Voici comment du temps de Philippe le Bel on créait un banneret :

« Quand un chevalier ou écuyer a la terre de six bacheleries, c'est-à-savoir, qui ne sont pas barons ni bannerets, et ont assez de quoi maintenir l'état de chevalerie, lequel est au moins de pouvoir vivre, et de maintenir quatre chevaux pour le service de la guerre, le roi ou son prince peut lui donner la bannière à la première bataille où il se trouvera. Avant la bataille, il doit venir à son prince, ou à son lieutenant, et lui requérir la bannière en l'ordre de chevalerie, s'il ne l'a ; lequel seigneur, si le requérant en est digne, fait baisser la lance de son pannon, et lui en coupe la queue, si en fait la bannière, laquelle sera au-dessous des autres pour cette fois, comme la dernière de toutes » [Ordonnances de Philippe le Bel].

Voici comment Froissart rapporte dans ses Chroniques que le fameux Jean Chandos, connétable d'Aquitaine, fut créé chevalier banneret par le prince de Galles, au moment où il allait livrer bataille an roi D. Henri Transtamare, près de Navarette, en 1366.

« Si restraindit chacun ses armures et mit à point, ainsi que pour tantôt combattre. Là apporta messire Jean Chandos sa bannière entre ses mains, que encore n'avait nulle part boutée hors, au prince, et lui dit : « Monseigneur, vecy ma bannière, je vous la baille, par telle manière qu'il vous plaise, à développer, et que aujourd'hui je la puisse lever ; car Dieu merci, j'ai bien de quoi, terre et héritage pour tenir état, ainsi qu'il appartient à ce ». A donc prit le prince, et le roi Dam Piètre qui était là, la bannière entre leurs mains, et la développèrent, qui était d'argent à un pal aiguisé de gueules, et lui rendirent par la haste en disant ainsi : « Tenez, messire Jean, vecy votre bannière, Dieu vous en laisse votre preu faire ». Lors se partit ledit messire Jehan Chandos et rapporta sa bannière entre ses gens, et la mit au milieu d'eux et dit : « Seigneurs, vecy ma bannière et la vôtre, or la gardez ainsi que la vôtre ». Adonc la prinrent les compagnons qui en furent tous réjouis, et disant que si il plaisait à Dieu, et à monseigneur St-Georges, ils la garderaient bien et s'en acquitteraient à leur pouvoir. Si demeura la bannière aux mains d'un bon écuyer anglais que on appelait Guillaume Alery, qui la porta ce jour, et qui bien et loyaument s'en acquitta en tous états ».

Froissart nous apprend aussi qu'à cette époque, Chandos était déjà chevalier, et qu'il avait sous ses ordres douze cents pennons, tous parés de ses armes.

Le chevalier banneret, outre le droit de porter la bannière carrée, avait encore celui du cri de guerre,  que ne pouvait s'attribuer le simple chevalier.

Les Ordonnances de Philippe le Bel portent que le baron banneret doit mener sous sa bannière cent lances et cent hommes de trait, le simple baron cinquante lances et cinquante hommes de trait, et qui peut mieux le faire, de tous est mieux à priser.

Sous le règne de Philippe le Bel, un duc se créait ainsi : Le prince, marquis, ou comte, qui veut être fait duc, se présentera à cheval armé et couvert, accompagné de ses barons, chevaliers, écuyers et gens de trait sous sa bannière et son panon, le plus à son honneur qu'il se pourra. En l'état doit venir vers le Roi, présents tous ceux de sa bataille, et lui requérir le nom et dignité de duc. Le Roi qui ja en son conseil le lui a consenti, et présents tous, le lui accorde de bon coeur, et lors lui est apporté le chapel d'or très-enrichi de pierres précieuses que le Roi lui met sur son bonnet ; et puis le baise. Et puis la bataille faite, ou quand il a loisir, le reprend le serment de toutes ses seigneuries, qui réduites sont, ou doivent l'être à un seul nom, et doit avoir sa bannière on son panon, à cheval ou à pied quel qu'il soit.

Les bannerets bretons étaient de puissants seigneurs. Ils instituaient leurs officiers par lettres patentes dont la teneur était la même que celle usitée par les souverains. En voici un exemple :

Institution de capitaine de Derval, pour Roland de Lescouet.

« Nous Geoffroi de Malestroit, chevalier, seigneur de Combourg et de Derval, confiant à plein du sens, loyauté et bonne prudence, et pour les bons et agréables services que nous a faits lui et les siens, notre très cher et très aimé cousin Roland de Lescouet, et que espérons qu'il nous fasse de mieux en mieux, avons donné et par ces présentes donnons à notre dit cousin Roland de Lescouet, la capitainie et garde de notre châtel et forteresse de Derval, avec les appartenances aux gages, guez, profits et émoluments à ce pertinens et accoutumés, en lui donnant, et par ces présentes donnons plein pouvoir et, commandement spécial de y faire et exercer par lui, ses députés et commis, tontes les choses et chacune y pertinentes et nécessaires, en mandant et commandant à tous et chacun nos féaux sujets en ce faisant duement lui obéir et diligeamont entendre. Donné à ce, témoin, notre signe manuel, avec notre propre sceau. Ce fut le XIème jour du mois de juin l'an 1424 » (Dom Morice, Preuves).

Dans la seconde moitié du XVème siècle le titre de chevalier banneret disparut. La féodalité touchait à son déclin, et les compagnies d'ordonnance commandées par des capitaines nommés par les souverains, avaient remplacé ces troupes nombreuses de chevaliers et d'écuyers qui servaient sous les ordres des bannerets. Dans le courant du XIVème siècle, on voit même des chevaliers servir dans les compagnies de riches écuyers qui les avaient à leur solde. Ainsi le mouvement de décadence de la chevalerie, qui avait commencé dans la seconde partie du XIVème siècle, se termina avec le siècle suivant. On peut donc dire qu'avec le XVème siècle finit la chevalerie, qui fut remplacée par la chevalerie officielle instituée par les rois, et où mil ne put être admis sans leur grâce spéciale.

Les compagnies d'hommes d'armes, aux XIVème et XVème siècles, étaient composées de chevaliers, d'écuyers et d'archers à cheval. Les écuyers portaient les mêmes armes que les chevaliers, sauf les insignes chevaleresques. Les archers moins pesamment armés, représentaient la cavalerie légère. Presque tous étaient gentilshommes et servaient comme archers, jusqu'à ce que leur fortune leur eut permis d'acheter une armure complète, dont le prix était très-élevé. C'était en équipage d'archers à cheval que les nobles, dont les terres ne comportaient pas le service d'hommes d'armes, se présentaient aux montres féodales.

Les aspirants à la chevalerie débutaient souvent dans le service des armes en qualité d'archers. Eustache Deschamps, poète du XIVème siècle, nous apprend que :

Les jeunes gens poursuivaient

Lances, bacinetz portaient

Des anciens chevaliers

Et la coutume apprenaient

De chevaucher, et véaient

Des armes les trois mestiers,

Puis devenaient archiers.

A table, partout servaient

Et les malectes troussaient

Derrière eux moult volontiers.

Puis gens d'armes devenaient

Et leurs vertus éprouvaient

Huit ou dix ans entiers,

Es grant voyages alaient,

Puis chevaliers devenaient

Humbles, forts, apperts, légiers.

 

Note : Nous croyons aussi devoir entrer dans quelques détails sur des erreurs commises par le président Hévin, et d'après lui, par Dom Morice, au sujet des termes de bachelier et de chevalier bachelier. Ils disent que, dans le XIVème siècle, beaucoup de gentilshommes bretons prenaient la qualité de bachelier, et que lorsqu'ils devenaient chevaliers, ils s'intitulaient chevaliers bacheliers. Quelques auteurs ont cru aussi que chevalier bachelier indiquait un chevalier, possesseur d'une bachelerie. Nous ferons observer que dans les actes si nombreux insérés dans les Preuves de l'histoire de Bretagne de Dom Morice, on n'en trouve aucun dans lequel des gentilshommes aient pris la qualité de bachelier. D'ailleurs, comme en Bretagne les bacheliers, c'est-à-dire les possesseurs de bacheleries, avaient le droit de siéger avec les bannerets aux États-généraux, il est évident que le titre de bachelier ne pouvait être pris d'une manière arbitraire.

Le terme de chevalier bachelier fut seulement employé dans les montres françaises des XIVème et XVème siècles, et ce n'est que dans ces montres, que l'on trouve des chevaliers bretons ainsi dénommés. Comme dans les actes publics, les chevaliers, qu'ils fussent bannerets ou simples chevaliers, ne prenaient d'autre titre que celui de chevalier, l'usage s'établit, pour éviter toute erreur, de les désigner dans les montres d'une manière particulière, parce que la paye du chevalier banneret était plus élevée que celle du simple chevalier ; mais néanmoins, dans un grand nombre de montres, le terme de chevalier bachelier n'est point employé. Les exemples suivants prouveront ce que nous venons d'avancer.

QUITTANCE D'ALAIN DE ROHAN. Sçachent tous, que nous Alain de Rohan, sire de Léon, chevalier, confessons avoir eu et reçu de sire Jacques Renard, thrésorier des guerres du Roy nostre Sire, la somme de quatre cent vingt-cinq livres tournois, francs d'or, pour vingt-cinq sols tournois pièce, en prest sur les gages de nous banneret, de deux chevaliers bacheliers et de vingt-deux écuyers de nostre compagnie deservis en ces présentes guerres au païs de Bretagne, et sous le gouvernement de Monsieur Olivier de Clisson, de laquelle somme nous nous tenons pour bien content et payez. Donné sous nostre scel le 4 jour de may MCCC LXX VIII.

QUITTANCE DE HENRI DE PLÉDRAN. Sçachent tous, que nous Henri de Plédran chevalier, confessons avoir receu d'Estienne Braque, thrésorier des guerres du Roy nostre sire, la somme de cent cinquante francs d'or, en prest sur les gages de nous, un autre chevalier bachelier et dix écuiers de nostre compagnie deservis et à deservir ès présentes guerres du Roy nostre sire, sous le gouvernement de monsieur le connétable de France au pays de Bretagne ; de laquelle somme nous nous tenons pour contens et bien payez. Donné au siége de Brest, sous nostre scel le 28ème jour de juin MCCC LXX III.

Ainsi, dans ces quittances, Alain de Rohan et Henri de Plédran prennent également la qualité de chevalier, en indiquant qu'ils servent, l'un comme banneret, et l'autre comme chevalier bachelier ou simple chevalier.

Quand les bannerets n'étaient pas chevaliers, ils ne prenaient dans les montres que la qualité d'écuyer ; ainsi le même Alain de Rohan, sire de Léon, s'intitule simplement écuyer dans une autre quittance, qui indique que sa compagnie était composée de deux chevaliers bacheliers et de douze écuyers. Au XVème siècle, le banneret qui n'était pas chevalier, prenait dans les montres d'hommes d'armes le titre d'écuyer banneret (A. de Couffon de Kerdellech).

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