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LA CHEVALERIE DU DUCHÉ DE BRETAGNE |
ORIGINE DE LA CHEVALERIE.
Un jour viendra peut-être, dit Virgile, où le laboureur, en creusant la terre avec le soc de sa charrue, en fera sortir des javelots et des casques rongés par une rouille épaisse, mêlés à des ossements gigantesques, qui le rempliront d'étonnement. Telle est l'impression que nous ressentons à la vue des armures des anciens chevaliers, et nous nous demandons si la génération actuelle serait capable de manier leurs armes et leurs grands destriers. Les exploits merveilleux qui leur ont été attribués, et le temps, qui poétise toute chose, nous les font considérer comme des hommes à part, supérieurs à tous les autres, des héros, comme les appellent nos anciens romanciers.
L'époque de la chevalerie est pour nous ce que furent pour les Grecs les temps héroïques et la guerre de Troie, une magnifique épopée remplie d'actions guerrières surprenantes, et d'étonnantes aventures que l'Arioste a si bien décrites dans ces vers :
Le donne, i cavalieri, l'armi, gli amori
Le cortesie, l'audaci imprese io canto.
La chevalerie ne fut pas seulement une institution indiquant la supériorité du courage dans un temps où il fallait le prouver, en combattant corps à corps avec l'ennemi, mais elle fut le type le plus élevé de la bravoure unie à la générosité, à la loyauté et à toutes les vertus chrétiennes. Ce type a traversé les âges, et aujourd'hui encore, le plus bel éloge qu'on puisse faire d'un homme de guerre est de dire qu'il est doué de toutes les vertus chevaleresques.
Les rois ambitionnaient le titre de chevalier et croyaient, s'ils n'en étaient pas revêtus, qu'il manquait quelque chose à la dignité suprême. Dans la conclusion d'un traité, ils engageaient leur foi de chevalier, et non celle d'empereur, de roi ou de prince.
La chevalerie française est la plus illustre de l'univers ; il n'est pas un coin de terre qui n'ait vu flotter ses bannières et ses pennons. Dès le XIème siècle, nous la voyons conquérir l'Angleterre, la Pouille, la Calabre, la Sicile, chasser les Maures du Portugal et y implanter une dynastie française. Mais c'est surtout à l'époque des croisades qu'elle brille du plus vif éclat. C'est le temps des établissements des principautés françaises en Orient. Des princes et des seigneurs français deviennent empereurs de Constantinople, rois d'Arménie, de Chypre, de Jérusalem, princes d'Achaïe, ducs d'Athènes, despotes de Morée, barons de Corinthe, de Thèbes et d'Argos, comtes d'Edesse, de Jaffa, d'Ascalon, de Sidon, de Tripoli et de Berythe, et impriment sur ces contrées illustres une telle empreinte que le nom de Francs est le seul dont les populations asiatiques se soient souvenues [Note : Le Tasse désigne toujours les croisés par les noms de Franchi ou de il popol Franco. Dans le Levant, la langue franque, mélange de français et d'italien, est le dialecte qu'emploient, pour se comprendre, les populations de ce pays]. C'est aussi l'époque de l'institution des ordres militaires français du Temple et de l'Hôpital, valeureuses milices, dont les exploits n'ont jamais été surpassés.
Dans les plaines brûlantes de la Syrie et de l'Égypte, à Bouvines, à Nicopolis, à Poitiers, à Crécy, à Azincourt, à Formigny, à Marignan, à Fornoue, partout on verra la noblesse française déployer le même courage, mais avec des chances diverses. Si à Bouvines, les aigles impériales doivent fuir devant les fleurs de lys de France, Azincourt verra périr les comtes d'Alençon, de Brabant et de Bar, le connétable et l'amiral de France, sept comtes, plus de cent seigneurs portant bannière, et huit mille chevaliers et écuyers. Dans leur défaite, leur bravoure et leur dévouement à la patrie ne failliront pas, et, ne pouvant vaincre, ils mourront.
Dans toutes ces guerres, la noblesse bretonne a recueilli une ample moisson d'honneur et de gloire. On la trouve partout, à la conquête de l'Angleterre, à la prise de Jérusalem, à Mansourath, à Bouvines, glorieuse journée qui vit flotter les bannières de trente-huit bannerets bretons ; à Navarette, à Tolède, à Montiel en Espagne ; en Italie avec Jean de Malestroit et Silvestre Budes, et dans les guerres que Charles VIII et ses successeurs firent dans ce pays. Mais ce fut surtout sous les ordres des connétables Bertrand du Guesclin, Olivier de Clisson, Arthur de Richemont, des maréchaux de Rieux, de Raiz, de Lohéac et de Rohan, tous enfants de la Bretagne, que les Bretons rendirent à la France les plus grands services, en contribuant puissamment à chasser les Anglais du royaume.
La renommée de la bravoure bretonne était telle, que tous les princes voulaient avoir des Bretons à leur solde.
« Car, à la vérité, en ce temps, cette nation, dit d'Argentré en parlant de l'expédition en Italie de Silvestre Budes, eut telle réputation en la guerre entre les princes étrangers que, ayant affaire les uns aux autres, ils envoyaient ordinairement faire des levées d'hommes de guerre, ainsi que nous voyons aujourd'hui faire en Allemagne et en Suisse, et de vray, dit Buoncompagni, en ces mots exprès que la confiance de l'entreprise du Pape était fondée pour avoir à sa solde deux des plus guerrières nations qui fussent au monde, qui était de Bretons et d'Anglais. Et dès lors qu'ils fussent entrés à Florence, comme on leur demandait s'ils s'assuraient bien d'avoir affaire à une si puissante seigneurie que Florence, s'ils entreprenaient d'entrer dans la place, ils répondirent que si le soleil y entrait, ils y entreraient ».
La France fut le berceau de la chevalerie, qui y prit naissance vers le commencement du XIIème siècle. Les plus anciens romans de chevalerie, composés pour l'amusement des rois de France et d'Angleterre, à la cour desquels on ne parlait que le français, romans qui ne mettent en scène que des personnages français du temps de Charlemagne, ou ceux qu'avaient chantés les bardes dans les poésies gaéliques d'Angleterre, font présumer que la chevalerie est d'origine française et qu'elle se répandit ensuite en Europe, beaucoup moins avancée qu'elle, dans la voie de la civilisation. Ces romanciers recouvrant ces légendes françaises et celtiques de la couleur de leur époque, transformèrent les paladins d'Arthur et de Charlemagne en chevaliers, quoique au temps où vivaient ces princes il n'existât aucune trace de chevalerie.
Ce fut Chrétien de Troyes qui traduisit en français, en 1154, les romans de la Table-Ronde, qui sont les premiers romans de chevalerie et aussi les plus beaux. Les auteurs d'après lesquels Chrétien de Troyes a travaillé, disent que leurs traductions proviennent de textes bas-bretons ou latins. Quelques auteurs prétendent qu'une partie de ces inventions chevaleresques appartiennent à l'Angleterre ; mais quelques autres pensent que la Bretagne peut réclamer les romans de Lancelot, de Méliadus et surtout celui de Tristan le Léonais, non parce que ces héros sont Bretons, mais parce qu'on leur donne un avantage trop marqué sur les Anglais, parce que le roi Artus, si vanté dans les autres romans, est dans celui-ci humilié outre mesure, et que les Anglais, qui ont toujours eu le bonheur d'avoir de l'esprit national, n'ont jamais pu inventer de tels ouvrages. C'est aussi dans le pays de Léon que l'on voit encore la dernière porte du château de Joyeuse-Garde, restée debout parmi quelques pans de mur, et qui rappelle la blonde Iseult et son ami Lancelot du Lac. Ces savants conviennent que ces romans ont été apportés d'Angleterre, mais ils croient qu'ils y étaient venus antérieurement de Bretagne, pays qui, dans ces siècles barbares, avait plus de rapports avec l'Angleterre qu'avec le reste de la France. Ils disent que le roman du Brut, qui est le père de tous les romans de la Table-Ronde, est donné par Geoffroi de Monmouth comme traduit du bas-breton. Ils remarquent que c'est en Bretagne, dans la forêt de Brocéliande près de Quintin, que Merlin était censé enseveli, et ajoutent que le roman de Tristan, de ce chevalier né, marié et mort en Bretagne, a tous les caractères d'un roman breton, et qu'on y trouve jusqu'au combat du bâton encore en usage dans ce pays.
Les chevaliers bretons étaient renommés par leur vaillance, et quelquefois des écrivains étrangers les ont choisis pour les héros de leurs livres. L'auteur espagnol du roman de Tyran le Blanc, qui vivait dans le XVème siècle, nous montre ce paladin, fils d'une fille du duc de Bretagne et d'un seigneur de ce pays, accomplissant d'incroyables exploits, devenant empereur de Constantinople, et ordonnant, au moment de mourir, que son corps fût conduit en Bretagne, pour être enseveli dans le tombeau de ses pères.
Nous avons dit que la chevalerie n'existait pas du temps de Charlemagne, car il ne faut pas confondre avec elle l'usage établi chez les Francs, de donner aux jeunes gens l'épée et le baudrier militaire. Sous ce grand empereur, une organisation régulière régnait dans tout l'empire. Des envoyés impériaux, missi dominici, en parcouraient toutes les parties, pour s'assurer de la manière dont elles étaient administrées. Les seigneurs et les possesseurs de fiefs n'exerçaient qu'une autorité limitée sous le commandement des ducs et des comtes, dont les dignités étaient des offices auxquels certaines terres, comme solde, étaient attribuées. Plus tard, l'office étant devenu héréditaire, la terre le devint en même temps.
Le vaste empire de Charlemagne ne dura pas. C'était un colosse aux pieds d'argile. A la mort de ce prince, chaque peuple qui en faisait partie essaya de ressaisir sa nationalité. L'hérédité monarchique n'existait point encore. Les souverains avaient l'habitude de partager leurs États entre leurs enfants ; de là des guerres et des usurpations continuelles, qui rendent l'histoire de ces temps si difficile à suivre.
L'autorité impériale s'annihila sous les successeurs de Charlemagne, pour passer dans les mains de la noblesse, seule capable de défendre l'empire. L'édit de Kiersy-sur-Oise, rendu par Charles le Chauve, reconnut en droit l'hérédité des fiefs et des offices, consacrant ainsi un ordre de choses qui existait déjà sans doute auparavant. Sous le roi breton Nominoë, les mêmes faits se produisirent. Il n'est donc pas exact de dire que la noblesse profita de la faiblesse des empereurs pour s'emparer du pouvoir ; elle ne fit que prendre, avec leur assentiment, la puissance que leur main ne pouvait plus retenir.
Cette époque est celle de l'établissement des grands fiefs. Charles le Chauve réunit une partie des pays situés entre la Saône et la Loire, sous le commandement de Robert le Fort, ancêtre des Capétiens, afin d'opposer une plus grande résistance aux Normands et aux Bretons. Il constitua pour lui le duché de France ; Raymond devint comte de Toulouse ; Walgrin, comte d'Angoulême ; Sanche Mitara, duc de Gascogne, avec Bordeaux pour capitale ; Bernard eut la Septimanie, Rainulfe l'Aquitaine et le comté de Poitiers ; Bernard Plantevelue, le comté d'Auvergne ; Baudouin Bras de fer, gendre de Charles le Chauve, la Flandre, et Richard le Justicier, la Bourgogne. Quant à la Bretagne, qui depuis le quatrième siècle était gouvernée par des princes de son sang, et sur laquelle les successeurs de Charles le Chauve ne conservèrent qu'un simple hommage, elle éprouva les mêmes fractionnements de territoire. Les comtés de Nantes, de Rennes et de Vannes se formèrent, et donnèrent naissance eux-mêmes à des vicomtés et à des baronnies. Ainsi tous les nobles de France possédaient leurs terres, grandes ou petites, au même titre que Robert le Fort, et lorsque Hugues Capet, un de ses descendants, parvint par suite du choix des seigneurs à la couronne, chacun d'eux eut le droit de le regarder comme primus inter pares, c'est-à-dire comme le premier gentilhomme du royaume. Ceci explique la fierté des races chevaleresques, dont la noblesse n'a pas une origine distincte de celle du souverain, tandis que les familles anoblies n'ont obtenu cette faveur que par concession et par grâce.
A l'époque dont nous parlons, les Sarrasins et les Normands désolaient la France, et les ducs et les comtes étaient aussi impuissants que le roi à défendre les populations contre les barbares. Elles eurent donc recours aux nobles, qui, pour opposer une digue à l'invasion, avaient couvert le sol de forteresses. Alors le faible, le petit possesseur de franc-aleu, c'est-à-dire de terre libre, allèrent trouver le seigneur puissant, pour le prier de les défendre. Les seigneurs, ayant besoin de soldats et d'auxiliaires, exigèrent pour prix de leur protection, le service militaire de tous ceux dont les terres étaient assez considérables pour qu'ils pussent servir à leurs frais. Ils voulurent encore qu'ils reconnussent tenir leurs terres d'eux et qu'ils leur en fissent hommage. Ces aleux, ainsi convertis en fiefs, devinrent des terres nobles, et leurs possesseurs héréditaires chargés de défendre le sol prirent rang parmi ceux qui composaient la classe privilégiée ou classe noble. Les terres des petits propriétaires, qui ne purent offrir au seigneur qu'une rente annuelle ou un service autre que celui des armes, furent considérées comme roturières ou censives, et leurs possesseurs comme roturiers, gens de poeste ou vilains. Il n'y eut plus dès lors de terre sans seigneur, et c'est ainsi que se constitua définitivement la féodalité, dont l'hommage et le service militaire furent la base.
Les nobles délivrèrent la France des barbares, mais à leur tour ils devinrent la terreur des peuples. Cantonnés dans leurs châteaux, accoutumés à ne rendre compte de leurs actions à personne, ils rançonnèrent les voyageurs et se livrèrent à mille violences. L'histoire nous montre les successeurs de Hugues Capet continuellement occupés à réduire à l'obéissance les nobles qui leur faisaient la guerre et molestaient leurs sujets et les moines, qui n'étaient plus en sûreté derrière les murs de leurs abbayes. Il y eut donc un temps de véritable anarchie, qui précéda l'établissement régulier de la féodalité.
Ce fut alors que surgirent des hommes généreux qui, voulant suppléer à l'insuffisance des lois, prirent en main la défense de tous les opprimés, de la veuve et de l'orphelin. Montés sur leurs chevaux de bataille et armés de toutes pièces, ils allaient par monts et par vaux, redressant les torts et les travers. Puissants et valeureux, ils réussirent, trouvèrent des imitateurs, et formèrent bientôt une association à laquelle nul ne put être agrégé sans remplir des conditions déterminées. C'est ainsi que s'établit la chevalerie, d'abord errante, et dont les coutumes ne paraissent pas avoir été régularisées avant le douzième siècle (A. de Couffon de Kerdellech).
Voir
le
titre de MILES ou de
CHEVALIER
Voir
le
titre d'ECUYER
Voir
Armures,
costume et prérogatives des chevaliers
Voir
Chevaliers
bannerets et chevaliers bacheliers
Voir
Les
Tournois, Joutes et Voeu du paon
Voir
Combats
singuliers auxquels ont pris part des chevaliers et écuyers bretons
Voir
Le
régime féodal et la noblesse de Bretagne
Voir
Etude
historique sur les neuf barons de Bretagne
Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit précédemment sur l'origine de la noblesse française, qui date du règne de Charles le Chauve. Ce fut sous son règne que la noblesse franque se transforma en noblesse féodale par suite de l'hérédité des fiefs, qui fut sanctionnée par une ordonnance de ce prince. Dès lors, toutes les terres de France se trouvèrent partagées en deux catégories : les terres nobles dont les possesseurs étaient astreints à un service militaire déterminé et à l'hommage envers leur seigneur supérieur, et les terres roturières possédées par des serfs ou par des gens inhabiles au métier des armes, terres qui furent seulement grevées de certaines servitudes et de redevances. Les possesseurs héréditaires des terres nobles firent partie de la noblesse et les autres du peuple.
« La France, dit Châteaubriand (Voir Analyse raisonnée de l'Histoire de France, par Châteaubriand), était alors une république aristocratique fédérative reconnaissant le roi pour chef. Cette aristocratie était sans peuple : tout était esclave ou serf. Le servage n'avait point encore englouti la servitude : le bourgeois n'était pas encore né ; l'ouvrier et le marchand appartenaient encore à des maîtres dans les ateliers des abbayes et des seigneuries ; la moyenne propriété n'avait point encore reparu ; de sorte que cette monarchie (aristocratie de droit et de nom) était de fait une véritable démocratie, car tous les membres de cette société étaient égaux ou le croyaient être. On ne rencontrait point au-dessous de l'aristocratie cette classe distincte et plébéienne qui, par l'infériorité relative du sang, fixe la nature du pouvoir qui la domine. Voilà pourquoi les chroniques de ce temps ne parlent jamais du peuple ou s'enquiert de ce peuple ; on est tenté de croire que les historiens l'ont caché, qu'en fouillant des chartes on le déterrera, qu'on découvrira une nation française inconnue, laquelle agissait, administrait, gagnait les batailles, et dont on a enseveli la mémoire. Après bien des recherches, on ne trouve rien, parce qu'il n'y a rien, et que cette aristocratie sans peuple est à cette époque la véritable nation française ».
Il ne faudrait pas inférer de ces réflexions de Châteaubriand que, du temps des rois Francs, aucun homme du peuple ne fût parvenu à la noblesse et même à la souveraineté. L'histoire en cite plusieurs, entre autres Tertullus, auquel Charles le Chauve inféoda le comté d'Anjou. Mais à partir du règne de ce prince, lorsque le système féodal eut reçu tout son développement et que la noblesse devenue indépendante eut formé une classe complètement distincte du peuple, des faits semblables durent rarement se produire, et il est présumable que les terres inféodées se perpétuèrent dans les mêmes familles, ou ne passèrent que dans d'autres familles faisant également partie de la noblesse.
Mais cet état de choses subit à l'époque des croisades de grandes modifications. Entraînées par le désir de délivrer la terre sainte et le tombeau du Christ du joug des infidèles, des populations entières prirent part aux expéditions d'outre-mer. Or, si le voyage était peu coûteux pour l'homme du peuple presque sans armes et emportant tout son avoir avec lui, il n'en était pas de même pour les seigneurs dont l'équipement et celui de leurs hommes d'armes étaient très-dispendieux ; de plus, chacun faisait consister son honneur à paraître à la croisade avec la plus grande magnificence. Il fallait donc trouver de l'argent, et pour se le procurer, les nobles commencèrent à engager leurs terres, et ensuite par les vendre. Mais comme il s'en trouvait peu parmi eux pour les acheter, parce que la plupart avaient pris part à la croisade, il fallut avoir recours à ceux qui détenaient l'argent, c'est-à-dire aux hommes de négoce. Ceux-ci achetèrent les terres des seigneurs, mais il ne faudrait pas croire, qu'en vertu de ces achats, ils devinrent de suite les égaux de ceux dont ils étaient naguère les humbles vassaux. Comment en effet supposer que des chevaliers fiers de leurs exploits et de leur naissance pussent consentir à fléchir le genou devant un parvenu inhabile au métier des armes ? Le livre des Olim de M. le comte Beugnot nous apprend que plusieurs seigneurs refusèrent de rendre hommage à ces enrichis par la finance. Ces acquéreurs durent donc se contenter des revenus et des redevances, de ce qu'on appelait les droits utiles, et c'était déjà beaucoup. D'un autre côté, les possesseurs de fiefs nobles étaient astreints au service militaire, et comme ces nouveaux acquéreurs ne pouvaient pas se faire remplacer par des gentilshommes, parce que ces derniers étaient tous à la guerre [Note : Les montres féodales bretonnes du XVème siècle nous apprennent que le possesseur non noble d'un fief noble devait se faire remplacer par un gentilhomme, s'il ne servait pas lui-même], le non-noble fut obligé de servir lui-même dans l'appareil voulu par l'importance de son fief. Or, le droit de porter les armes a toujours été l'apanage des hommes libres, et de ce droit à la noblesse, dans ce temps-là, il n'y avait qu'un pas. Il arriva donc, qu'après quelques générations, les descendants de ces acquéreurs de fiefs, s'étant trouvés dans les guerres de leur temps continuellement mêlés avec les nobles, finirent par être confondus avec eux.
C'est ce que nous apprennent les Établissements de saint Louis, recueil des anciennes coutumes du royaume. On y voit que la noblesse s'acquiert par la tierce-foi, c'est-à-dire qu'un roturier acquérant un fief noble, ses descendants deviennent nobles au troisième hommage du même fief. Cette sorte d'anoblissement rentrait dans la catégorie des anciennes inféodations. Mais quand l'ardeur des croisades se fut calmée, les seigneurs vendirent leurs terres le moins qu'ils purent, de sorte que les acquisitions de fiefs nobles par les roturiers devinrent assez rares, et cela d'autant plus que les rois de France, qui à la fin du XIIIème siècle avaient imaginé d'anoblir par lettres patentes leurs sujets, ne pouvaient pas leur laisser, sans leur imposer aucune condition le droit de s'anoblir eux-mêmes [Note : Les anoblissements par lettres ne paraissent pas avoir été en usage en Bretagne avant le XVème siècle ; mais dans le courant de ce siècle, nos ducs en accordèrent beaucoup]. Ils frappèrent donc l'acquisition des fiefs nobles par les non-nobles d'un droit de finance appelé droit de franc fief, et même confisquèrent quelquefois ces fiefs, quand ils avaient été achetés sans leur permission. Nous voyons dans une ordonnance du roi Charles VI, du 11 février 1385, la mention suivante : Les non-nobles qui sans le consentement de nous ou de nos prédécesseurs auront acquis depuis le temps de quarante ans ança, des fiefs, arrière-fiefs, etc., dans notre censive, seront contraints de les mettre hors de leurs mains, sans fraude, dedans un an, pendant lequel ils en jouiront sans préjudice de nous ; et celui an passé, s'ils ne les ont mises hors, les choses demorront et demeurent dès maintenant pour lors en notre dite main, sans ce que lesdites gens non nobles en puissent rien prendre ; mais en seront tous les fruits, profits, revenus et émoluments levés et appliqués à nous et à notre profit sans déport, tant qu'il apert icelles choses être en vérité mises hors des mains desdits non nobles.
Pendant que les rois de France étaient si rigoureux à l'égard des non-nobles acquéreurs de fiefs nobles, ils accordaient aux bourgeois de certaines villes, entre autres à ceux de Paris, des privilèges équivalents à ceux dont jouissait la noblesse. Ainsi, par ordonnance du 9 avril 1371, le roi Charles V maintenait les bourgeois de Paris dans l'exemption des droits de francs-fiefs, et dans le droit de faire porter à leurs chevaux des freins dorés et autres ornements appartenant à l'ordre de chevalerie, et avec ce, de prendre chevalerie armée, comme nobles de lignée et de lignage du royaume. On voit par cet aperçu le chemin qu'avait parcouru la bourgeoisie depuis le règne de saint Louis, pendant lequel, d'après une ordonnance de l'an 1270, nul ne pouvait être chevalier s'il n'était gentilhomme de parage (du côté paternel), autrement le roi ou le baron avait droit de lui couper les éperons sur un fumier. Louis XI augmenta les privilèges des bourgeois de Paris, en les dispensant par son ordonnance du 14 novembre 1465, du service du ban et arrière-ban. Ces privilèges étaient plus considérables que ceux dont jouissaient les nobles du royaume dont les fiefs étaient confisqués, s'ils manquaient au service militaire auquel ils étaient obligés.
On pourrait conclure de l'ordonnance du roi Henri III, du mois de mai 1579, qu'antérieurement les fiefs nobles anoblissaient leurs possesseurs. On y voit, en effet, que les roturiers ou non nobles achetant fiefs nobles ne seront pour ce anoblis, ni mis au rang des nobles, de quelque revenu que soient les fiefs par eux acquis [Note : Les non-nobles possédant des fiefs nobles érigés en dignités ne pouvaient en prendre le titre, sans l'autorisation du roi. Autrefois on ne prenait le titre d'une terre, seigneurie, comté, ou baronnie, que lorsqu'on en était le possesseur, et par la vente de cette terre, le titre en passait à l'acquéreur, pourvu qu'il fût gentilhomme. Quand les rois de France eurent commencé à faire des érections de terres en marquisats, comtés ou baronnies, ils changèrent cette législation et voulurent que tout acquéreur d'une terre érigée en dignité ne pût en prendre le titre, sans de nouvelles lettres patentes. Mais cette ordonnance ne fut pas observée, et l'on vit se produire ce fait bizarre de la vente successive d'une terre en procurer le titre à ses possesseurs différents, qui tous ne manquaient pas de le conserver. A cet abus il s'en joignit bien d'autres ; aussi un généalogiste du XVIIIème siècle disait-il qu'il y avait en France huit mille marquis, comtes on barons, dont deux mille au plus l'étaient d'une manière légitime ; que dirait-il aujourd'hui s'il revenait au monde ?]. Mais il serait possible que cette ordonnance ne fût que le renouvellement d'anciennes ordonnances, et qu'elle eût plutôt pour but d'arrêter un nouveau genre d'usurpation, que d'abolir un usage auparavant existant. Beaucoup de gens, en effet, à l'occasion des guerres de religion, avaient porté les armes, et cherchaient, sous ce prétexte, et aussi parce qu'ils possédaient des fiefs nobles, à s'incorporer à la noblesse.
A cette ordonnance de Henri III, on pourrait opposer celle de Louis XI, de l'an 1463, dite des francs-fiefs, par laquelle il anoblit tous les non-nobles de Normandie, possédant fiefs nobles, ne trouvant pas convenable que des terres de cette nature fussent possédées par des gens qui ne fussent pas nobles. Nous voyons aussi que les commissaires de la réformation de la noblesse de Bretagne, en 1668, refusèrent d'admettre comme preuves de noblesse les comparutions aux montres féodales, parce que, disaient-ils, les roturiers possédant fiefs nobles y étaient convoqués comme les gentilshommes.
Le fait était vrai, mais le nombre de ces non-nobles était bien moins considérable que le supposaient ces commissaires. L'acquisition des fiefs nobles par les roturiers a toujours été, en effet, en Bretagne, de la part de nos ducs, l'objet de mesures restrictives. Dans une ordonnance du duc Jean II, de l'an 1294, il est spécifié : Quod nullus burgensis non gentilis, seu homo roturarius, non possit emere feodos gentiles, nec se crescere in eisdem. L'expression burgensis non gentilis désigne le bourgeois qui ne serait pas gentilhomme, car il y avait des nobles qui habitaient des villes où ils avaient acquis le droit de bourgeoisie.
La Roque dit que les Bretons prétendent que le mot de franc-fief était inconnu chez eux, du moins au temps des ducs de Bretagne, et que les roturiers n'y pouvaient acquérir des fiefs, autrement le prix en était acquis au duc. Il cite à ce sujet une ordonnance de l'an 1421, du duc Jean V, qui défend aux non-nobles d'acquérir des fiefs nobles, sous peine d'être privés desdits fiefs, dont le prix appartiendra au duc. On voit aussi, dans les Preuves de l'histoire de Bretagne de Dom Morice, qu'en 1450, le duc Pierre II défendit aux non-nobles d'acheter des fiefs nobles, à peine de proscription et de bannissement. Louis XII abrogea cette loi, en 1503, et François la rétablit, en 1535 ; mais, pressé par le besoin d'argent, il reçut ensuite une infinité de roturiers à composition. Malgré d'autres ordonnances restrictives que nous pourrions citer, il est certain que la possession d'un fief par un non-noble, jointe à un service militaire permanent, a introduit la noblesse dans plusieurs familles, et nous trouvons que ce mode d'anoblissement, renouvelé des anciennes inféodations, est un des plus honorables entre tous.
Pour récompenser les services de leurs sujets, et aussi pour rendre ceux qui étaient revêtus d'offices royaux plus respectables aux yeux des peuples, les rois de France ne se bornèrent pas à accorder des anoblissements au moyen de lettres patentes, mais de plus, ils créèrent une infinité de charges vénales qui conféraient la noblesse, de sorte qu'on peut dire qu'elle était à la portée de tout le monde. De cette manière les rois de France eurent une noblesse à eux, et portèrent un rude coup au système de la féodalité, auquel mit fin l'établissement des armées permanentes.
A partir de cette époque, la déchéance de l'ancienne noblesse fut rapide, surtout en Bretagne. Outrés de ce que, malgré le pacte d'union consenti avec la France, la plupart des charges du duché avaient été données à des Français, beaucoup de gentilshommes bretons, surtout parmi ceux qui n'appartenaient pas aux plus puissantes familles, qui depuis longtemps étaient devenues françaises, ne voulurent pas servir la France, et vécurent obscurément dans leurs terres, se contentant de comparaître aux montres de leur province, quand ils y étaient convoqués, et encore souvent y faisaient-ils défaut ; de là le grand nombre de défaillants que l'on remarque dans les procès-verbaux de ces montres. D'un autre côté, ne voulant pas se mésallier, ni faire dormir leur noblesse [Note : En Bretagne, la noblesse de race ne pouvait pas se perdre, même par désistement ; quand un gentilhomme, par suite de l'exercice d'un métier mercantile, dérogeait à sa noblesse, on disait que pendant ce temps-là elle dormait. Ceux qui voulaient faire les choses en conscience, déposaient leur épée au Parlement quand ils voulaient faire le commerce, et venaient ensuite la reprendre] en embrassant une profession incompatible avec elle, ils finissaient par être réduits à cultiver eux-mêmes ce qui leur restait des champs paternels. Plantant leur épée à l'extrémité d'un sillon, ils indiquaient par là qu'ils conservaient intactes les prérogatives de leur race. Plusieurs même se rendaient aux États en habit rustique, et prenaient par, comme les autres gentilshommes, aux repas donnés à la noblesse par le président des États. Peu de temps avant la révolution, à l'un de ces banquets, un seigneur français de haut parage se permit des moqueries inconvenantes au sujet de ces déshérités de la fortune, mais non de l'honneur, qu'il appelait des fouetteurs de lièvres. L'un d'eux se fâcha et provoqua l'insulteur. On descendit dans la cour de l'hôtel, où le duel eut lieu aux flambeaux. Au grand plaisir des Bretons, la victoire se déclara pour le vengeur des fouetteurs de lièvres.
Revenons aux charges anoblissantes. Il ne faudrait pas croire que leurs acquéreurs devinssent, ipso facto, les égaux des gentilshommes, car la plupart de ces offices ne conféraient la noblesse qu'au premier degré, et encore fallait-il que leurs possesseurs les eussent exercés pendant vingt ans, ou fussent morts en charge. Ce n'était, au reste, qu'après trois générations, temps regardé en général comme nécessaire pour établir une noblesse de race, que les descendants de ces anoblis étaient admis à partager noblement. Quand les acquéreurs d'offices vénaux les avaient exercés pendant vingt années, ils se faisaient délivrer des lettres d'honneur ou de vétérance, qui indiquaient qu'ils avaient rempli les conditions exigées. Cela ne les empêchait pas, même auparavant, de prendre au XVIIIème siècle, dans tous les contrats qu'ils passaient, la qualité de chevalier, tandis que les représentants des plus nobles maisons de Bretagne se contentaient du titre d'écuyer qu'avaient porté leurs pères.
Il faut bien remarquer qu'un titre nobiliaire quelconque pris dans divers actes, même pendant quelques générations, est insuffisant pour prouver la noblesse, à moins que ce titre n'ait été pris, sans exception aucune, dans tous les contrats où ceux qui y figuraient auraient eu le droit de le contester. Un seul acte où les qualités nobiliaires eussent été omises, suffisait pour infirmer la noblesse. Chaque degré devait être en outre appuyé d'un partage noble, pierre de touche de la noblesse. Le jurisconsulte Hévin cite dans un de ses ouvrages un arrêt du Parlement de Bretagne, relatif à des contestations qui s'étaient élevées entre les membres d'une famille nantaise, dont les uns voulaient partager noblement, comme nobles, et les autres roturièrement, comme roturiers. L'arrêt précité mit fin à cette contestation, en déclarant que cette famille avait acquis la noblesse par les charges de la mairie et de l'échevinage de Nantes. Par suite de ces conditions, quelquefois difficiles à remplir, on conçoit qu'il existe une multitude de familles qui ont des prétentions à la noblesse, sans pouvoir les justifier suffisamment, et sur la position nobiliaire desquelles existe la plus grande incertitude [Note : Parmi les charges anoblissantes, nous citerons les suivantes : Secrétaires du roi ; — Trésoriers et payeurs des gages des officiers de la chancellerie de Bretagne ; — Auditeurs, contrôleurs et autres officiers servant dans la chancellerie près du Parlement de Bretagne ; — Parlement de Bretagne : présidents, conseillers, etc., (un grand nombre d'officiers de ce Parlement appartenaient aux plus anciennes familles de Bretagne) ; — Cour des Comptes : présidents, maîtres, correcteurs et auditeurs ; — Grand conseil ; — Bureau des Finances ; — Mairie et échevinage de Nantes. — Louis XV établit une noblesse militaire. D'après son édit de 1750, tous officiers généraux non nobles seront anoblis ; tout officier ayant vingt ans de services non interrompus, dont vingt ans dans la commission de capitaine, et qui aura été décoré de l'ordre militaire de Saint-Louis, acquerra la noblesse, si son père et son aïeul ont été aussi capitaines dans les armées de Sa Majesté, et chevaliers de Saint-Louis]. On peut donc en conclure que l'on ne peut véritablement considérer légalement comme nobles, que les familles qui ont obtenu des arrêts de maintenue de noblesse à la réformation générale de la noblesse, en 1668, ou postérieurement, ou qui ont reçu des lettres d'anoblissement.
Les origines de la noblesse sont, comme on le voit, fort diverses ; aussi a-t-il toujours existé parmi elle des catégories. La première de toutes ces noblesses est celle d'ancienne chevalerie, dont le principe est inconnu et remonte aux premiers temps de la féodalité. Pour être admis aux honneurs de la cour, il fallait faire preuve de noblesse d'ancienne chevalerie. Le roi exemptait néanmoins des preuves de cour les descendants des maréchaux de France, des chevaliers des ordres du roi, les ministres et les personnes qu'il jugeait à propos d'admettre, en les dispensant de faire leurs preuves, ce qui se voyait très-rarement. Mais comme les filiations régulières par titres étaient fort difficiles à établir au delà de l'an 1400, les preuves furent arrêtées à cette époque, toutefois sans anoblissement connu. Mais la plupart des familles qui ont fait leurs preuves les ont remontées au delà. En proscrivant des honneurs de la cour, sauf les exceptions que nous avons indiquées, les familles anoblies, les rois de France reconnaissaient implicitement que leur origine n'était pas distincte de celle de leur noblesse, et qu'ils n'étaient que primi inter pares. C'est pour ce motif que François Ier jurait par sa foi de gentilhomme, et qu'Henri IV, en faisant l'ouverture des États de Rouen, disait : Si je faisais gloire de passer pour un excellent orateur, j'aurais apporté ici de plus belles paroles que de bonnes volontés ; mais mon ambition tend à quelque chose de plus relevé que de bien parler. J'aspire au glorieux titre de libérateur et de restaurateur de la France : déjà par la faveur du ciel, et par le conseil de mes fidèles serviteurs, et par l'épée de ma brave et généreuse noblesse, dont je ne distingue point mes princes, la qualité de gentilhomme étant le plus beau titre que nous possédions, etc.
Les preuves requises pour l'admission parmi les pages du roi devaient remonter à l'an 1550, sans anoblissement connu ; mais cette clause n'était pas rigoureusement exigée. Quatre degrés de noblesse étaient considérés comme nécessaires pour faire un véritable gentilhomme. Les preuves de noblesse variaient au reste beaucoup pour l'admission dans les ordres de chevalerie et dans les chapitres nobles [Note : M. Briant de Laubriére, dans l'avant-propos de son Armorial de Bretagne, a donné un tableau des principales preuves de noblesse qui se faisaient en France. Il est regrettable que cet Armorial soit si incomplet, et qu'il ne contienne pas les noms d'un grand nombre de familles anciennes et illustres de Bretagne, éteintes avant la réformation de 1668]. Dans les uns les preuves se faisaient par degrés, et dans les autres par quartiers. Ces dernières, quoique n'exigeant pas souvent une noblesse ancienne, étaient les plus difficiles à faire, par l'obligation de ne présenter, en remontant les générations, que des alliances nobles. Dans cette preuve, chaque degré produit deux quartiers, deux degrés quatre quartiers, etc. ; en effet, le présenté produit son père et sa mère, puis le père et la mère de son père, et le père et la mère de sa mère ; il passe ensuite à ses bisaïeux paternels et maternels pour lesquels il procède de même. De cette façon, deux degrés produisent quatre quartiers, trois degrés huit quartiers, quatre degrés seize quartiers, cinq degrés trente-deux quartiers. Il était rare qu'on exigeât des preuves plus considérables que celles de trente-deux quartiers. La progression qui se fait dans la production des quartiers, par rapport aux degrés, est celle que l'on nomme géométrique. Par cette progression on arrive à des calculs vraiment incroyables au premier abord. Ainsi, par exemple, le roi Louis XVIII, étant au vingt-neuvième degré de Robert le Fort, son vingt-sixième aïeul, produit 268.435.436 quartiers. Quelques-unes de ces preuves de noblesse étaient difficiles à faire ; pour le chapitre de Saint-Pierre et de Saint-Chef de Vienne (Dauphiné), il fallait produire neuf degrés du côté paternel, et autant du côté maternel ; pour Neuville, neuf degrés paternels ; pour Alix (chapitre noble de femmes), huit degrés paternels, sans anoblissement, et trois degrés maternels ; pour Bouxières-aux-Dames (chapitre noble de femmes), preuve de noblesse d'ancienne chevalerie.
On voit que, dans ces preuves de noblesse, l'ancienneté de la race était tout et le titre rien. Les privilèges de la noblesse augmentaient en raison de son antiquité. Ainsi, un anobli, eût-il été duc, aurait été exclu de tous les ordres de chevalerie et des chapitres nobles ; l'entrée aux États de sa province lui eût été interdite ; en un mot, il n'eût guère été plus qu'un simple bourgeois.
Nous terminerons nos Recherches sur la chevalerie du duché de Bretagne en rappelant ces paroles de Charles-Quint, qui font bien connaître l'estime dans laquelle il tenait la noblesse de sang ou de race : Je puis faire de qui il me plaît un duc ou un comte, mais le sang seul peut faire un gentilhomme.
Les grands officiers de la Couronne de France produits par la Bretagne.
Voir Les maréchaux de France, d'origine bretonne (Rieux, Laval, Montfort, Rohan, Goyon, Beaumanoir, Budes, Rouxel, Coetlogon
Les maréchaux de France appartenant à des familles étrangères à la Bretagne, mais qui y ont possédé des seigneuries, et terres érigées en dignité : Voir Les maréchaux Anneband, Montejean, Scépeaux, Gondy, Porte, Gassion, Rousselet, Fouquet, Andrault, Durfort-Duras, Durfort, Law, Ghaisne
Voir
Les
amiraux de France : amiral de Montfort, de Coetivy, de Montauban
Voir
Les
Grands Maîtres de France : chevalier du Chastel, comte de Montfort
Voir
Les
Grands Ecuyers de France : écuyers Tanneguy du Chastel et Alain Goyon
Voir
Les
Grands Bouteillers et Echansons de France : familles de Dinan, Rosnyvinen, Fou,
Rohan, Perrien, Beaupoil
Voir
Les
Grands Veneurs de France
Voir
Les
Grands Fauconniers de France
Voir
Les
Grands Maîtres des Eaux et Forêts de France
Voir
Les
Grands Maîtres de l'artillerie de France (Péan ou Payen Gaudin)
Voir
Les
Grands Aumôniers de France
(Cambout de Coislin, Rohan Soubise et Guémené, ..)
En 1775, le prince de ROHAN-GUÉMENÉ était grand chambellan de France (Almanach, 1775).
Les grands officiers du duché de Bretagne.
Voir Les maréchaux du duché de Bretagne
Voir Les amiraux du duché de Bretagne
Voir Les vice-amiraux du duché de Bretagne
Voir Les chanceliers du duché de Bretagne
Voir Les vice-chanceliers du duché de Bretagne
Voir Les sénéchaux du duché de Bretagne
Voir Les Grands Maîtres d'Hôtel du duché de Bretagne
Voir Les Maîtres d'Hôtel des ducs et duchesses de Bretagne
Voir Les Grands Chambellans de Bretagne
Voir Les Chambellans des ducs et duchesses de Bretagne
Voir Les Grands Maîtres de l'Artillerie de Bretagne
Voir Les Grands Ecuyers, les Ecuyers d'écurie, les Ecuyers tranchants de Bretagne
Voir Les écuyers des ducs et duchesses de Bretagne
Voir Les Grands Veneurs de Bretagne
Voir Les Grands Fauconniers de Bretagne
Voir Les Bouteillers et Echansons de Bretagne
Voir Les Panetiers des ducs et duchesses de Bretagne
Voir Les Grands Maîtres des Eaux et Forêts de Bretagne
Quelques observations relatives aux baronnies d'Etats.
Nous avons dit que, depuis l'an 1400, on n'en reconnaissait que neuf, qui étaient Avaugour, Léon, Fougères, Vitré, Châteaubriant, Rais, Pont-Château, la Roche-Bernard et Ancenis. Toutefois, il parait certain que la baronnie de Lanvaux et la vicomté de Rohan étaient primitivement considérées comme étant des baronnies d'Etats. La baronnie de Lanvaux fut confisquée en 1272, pour cause de rébellion, par le duc Jean le Roux, sur Geoffroi de Lanvaux. L'existence de la terre de Lanvaux, comme baronnie d'Etats, est prouvée par un extrait du Parlement général tenu à Vannes en 1462, dans lequel les baronnies d'Avaugour, de Fougères et de Lanvaux, qui étaient alors entre les mains du duc, sont rappelées seulement pour mémoire. La seigneurie de Lanvaux fut de nouveau érigée en baronnie d'Etats en 1486, pour Louis de Rohan, seigneur de Guémené. Quant au vicomte de Rohan, le duc Jean V, en lui accordant en 1422, le droit de juridiction sur l'abbaye de Bonrepos (Bon-Repos), lui concéda cette faveur en considération de ce qu'il était compris au nombre des neuf barons des Etats. Néanmoins, ce ne fut qu'en qualité de vicomte de Léon, que le vicomte de Rohan assista aux tenues d'Etats postérieures.
L'auteur de la chronique de Saint-Brieuc, qui écrivait au commencement du XVème siècle, rapporte que les seigneurs qui siégeaient comme barons aux Etats, étaient les suivants, dont le rang avait été fixé par le duc Alain Fergent :
1° Le seigneur d'Avaugour et de Goëllo, comme descendant d'Audren, roi de Bretagne.
2° Le vicomte de Léon, qui avait alors des droits très-étendus sur les navires qui fréquentaient les côtes de ce pays.
3° Le seigneur de Fougères.
4° Le seigneur de Vitré.
5° Le vicomte de Rohan, descendant de Conan, roi de Bretagne.
6° Le seigneur de Châteaubriant.
7° Le seigneur de Rais.
8° Le
seigneur de Pont-Château.
9° Le seigneur de la Roche-Bernard, quoique plusieurs affirmassent que ce n'était pas le seigneur de Pont-Château, mais celui d'Ancenis, qui était considéré comme le neuvième baron. Mais cela ne fut pas admis, et, pour éviter toute difficulté, le duc décida que les seigneurs de Pont-Château et d'Ancenis siégeraient alternativement. Ainsi, d'après l'auteur de la chronique de Saint-Brieuc, il aurait existé autrefois en Bretagne dix baronnies d'Etats, sans compter celle de Lanvaux. Les vicomtes de Rohan étant devenus, en 1363, vicomtes de Léon, ne siégèrent plus qu'en cette qualité, au siècle suivant, aux Etats, de sorte que le nombre des baronnies d'Etats fut réduit à neuf.
Les officiers de la maison des Princes et des Princesses du duché de Bretagne.
Voir Les Ecuyers, Gens, Secrétaires et Officiers de l'Hôtel de Monseigneur le comte de Richemont
Voir Les Gens et Officiers de l'hôtel de Monseigneur Richard de Bretagne
Voir Les Gens et Officiers du comte et de la comtesse de Montfort
Voir Les Gens et Officiers de Pierre de Bretagne, Isabelle de Bretagne et Marguerite de Bretagne
Voir Dames et Demoiselles d'honneur des duchesses et princesses de Bretagne
Voir Dames et Demoiselles d'honneur de la duchesse Anne, reine de France
Voir Les Chevaliers bannerets du duché de Bretagne
Voir Les seigneurs qualifiés Milites aux Xème et XIème siècles
Voir Les seigneurs qualifiés Milites au XIIème siècle
Voir Les chevaliers bretons (miles ou dominus) du début du XIIIème siècle
Voir Les chevaliers bretons (miles ou dominus) de la fin du XIIIème siècle
Voir Les chevaliers bretons (miles ou dominus) du début du XIVème siècle
Voir Les chevaliers bretons (miles ou dominus) de la fin du XIVème siècle
Voir Les chevaliers bretons du début du XVème siècle
Voir Les chevaliers bretons de la fin du XVème siècle
Voir Les chevaliers bretons au XVIème siècle
Gentilshommes bretons
qui ont appartenu à divers ordres de chevalerie, avant l'an 1532, époque de la réunion de la Bretagne à la France.
Voir Les Chevaliers de l'Ordre de l'Hermine
Voir Les Chevaliers de l'Ordre du Camail ou de l'Ordre du Porc-Epic
Voir Les Chevaliers de l'Ordre de Saint-Michel ou de l'Ordre du Roi
Voir Les Chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Voir Les Gardes des Sceaux de Bretagne
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