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LA CORVEE DES GRANDS CHEMINS EN BRETAGNE

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[Note : Il ne faut pas confondre cette corvée avec les corvées seigneuriales qui subsistaient encore en partie au XVIIIème siècle].

La Bretagne a gardé jusqu'à la Révolution l'administration de ses chemins. Ce sont les Etats qui avaient la direction de ce grand service public. Ils votèrent les premiers crédits en 1707. La noblesse avait une tendance à faire exécuter par les paysans les grands travaux d'utilité publique. C'était la « corvée », sur­vivance féodale, qui ne devint une institution normale et réglementée qu'en 1730, sur une simple ordonnance de l'intendant et avec l’assentiment tacite des Etats.

Quand le duc d'Aiguillon arriva en Bretagne, en 1753, les grandes routes étaient dans un état déplorable et la corvée sans organisation. Il essaya de mettre un peu d'ordre dans ce chaos par l'ordonnance du 5 novembre 1754. Il y eut à ce sujet de fréquents conflits entre l'Intendant et les Etats. La longueur des routes ouvertes qui étaient, en 1743, de 80 lieues (pour toute la Bretagne), passa à 400, en 1753, et à 800 lieues 20 ans après.

Les rigueurs et les abus de la corvée provoquèrent les plaintes les plus vives.

Elle était plus pénible sur le sol breton que dans toute autre province. La Bretagne était divisée pour la grande voirie en sept départements à la tête de chacun desquels étaient un ingénieur et trois sous-ingénieurs. Ceux-ci manquaient parfois de capacité et d'honnêteté ; d'ailleurs ils étaient surmenés et débordés. En général, les travaux d'art étaient exécutés à prix d'argent ; mais tous les autres : alignements, terrassements et empierrements étaient faits gratuitement par les paysans réquisitionnés pour la corvée [Note : L’expropriation pour les besoins de l'alignement n'entraînait le plus souvent aucune indemnité].

Chaque paroisse doit fournir un certain nombre de corvoyeurs. En principe, sont astreints à la corvée tous ceux qui sont soumis au casernement [Note : De 18 à 50 ans ; même les femmes et les mineurs taxés à 20 sols de capitation]. On évalue leur nombre à 225.000.

Ils sont conduits par un député qui les convoque d'après le rôle dressé par le « syndic » et le « général » de la paroisse. L'atelier de travail ne doit pas être éloigné de plus de deux lieues du clocher. Le maximum de la durée de la tâche est de vingt jours par an pour un homme ; il est presque toujours moindre.

Les paysans voient cette obligation d'un très mauvais oeil ; ils cherchent à l'éluder par tous les moyens. Ils opposent la mauvaise volonté, la force d'inertie, la ruse, et même le refus formel d'obéir [Note : Dans le Comté nantais, au dire des ingénieurs, la majorité des corvoyeurs est « mutine et paresseuse »]. Résistances parfois justifiées par l'arbitraire et les rigueurs des ingénieurs et des députés. Aussi les amendes et les doublements de tâche sont fréquents. Mais trop souvent les cavaliers de la maréchaussée perdent leur temps et leur peine à poursuivre des malheureux dénués de tout [Note : « Des milliers de cultivateurs sont impitoyablement condamnés à ferrer un chemin sur lequel ils ne marchent que pieds nus » a dit le procureur du syndic de Rennes].

De trop nombreuses exceptions faisaient peser plus lourdement la charge générale sur les assujettis. Non seulement les nobles et le clergé étaient exempts de la corvée, mais quantité de professions plus ou moins officielles en dispensaient également. Ce sont ces inégalités et ces injustices qui ont rendu odieuse et intolérable cette charge de la corvée qui était basée sur un principe juste, et qui du reste a survécu par la suite sous le nom de « prestations » (B. Pocquet, Histoire de Bretagne, Tome VI, p. 288-289).

La persistance de la corvée en Bretagne jusqu'en 1789 est un fait remarquable. Alors qu'à la fin du XVIIIème siècle dans la plupart des provinces, on s'efforce de modifier ou de supprimer la corvée, en Bretagne on s'obstine à la maintenir. Quand la misère est trop grande dans les campagnes, on se borne à voter quelques fonds pour « soulager les corvoyeurs », à faire achever leur tâche par des adjudicataires aux frais de la province, à établir des ateliers de charité où les mendiants, à côté des corvoyeurs gagnent le morceau de pain dont ils ont besoin. Mais on se garde de toucher au régime de la corvée, de la transformer. Le Parlement de Rennes n'enregistre pas les édits qui la suppriment (1776) et les Etats de Bretagne continuent de l'exiger. Elle a été pour eux un moyen économique de construire et d'entretenir les routes, ils s'opposent à son abandon. Si la corvée n'a pas été abolie, si elle n'a pas même été améliorée à la fin du siècle, c'est que les Etats ont été plus préoccupés de leurs intérêts et de leurs privilèges que des souffrances du peuple et de l'intérêt public (Létaconnoux, Le régime de la corvée en Bretagne au XVIIIème siècle).

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