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NOTICE SUR LES COSTUMES BRETONS.

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Lois de la mode. — Coup d'oeil général sur les costumes Bretons. — Leur origine. — Sa grande variété. — Sa simplicité comparée aux autres costumes anciens, — Causes de sa longue conservation. — Sa disparition.

Si l'on étudie d'une manière générale, la variation du costume, on verra qu'elle est soumise à deux lois :

1° La transformation du costume d'un peuple n'a jamais été l'effet d'un caprice ou d'une fantaisie ;

2° Une façon de costume n'a jamais changé brusquement. Toutes, viennent d'une forme primitive, adoptée par un motif d'utilité ou de commodité ; elles n'arrivent à se transformer, que par une succession de nuances légères. Ces changements continuels, souvent bizarres et excentriques, qu'on appelle aujourd'hui la mode, était inconnue des anciens.

Costumes bretons (Bretagne).

La rareté des documents rend assez difficile l'histoire du costume et principalement du costume populaire. Les anciens auteurs se sont, en général, assez peu occupés de la civilisation bretonne. Quant aux statuaires et aux imagiers du moyen-âge, peu soucieux de l'exactitude, ils revêtaient des costumes de leur temps les personnages qu'ils avaient à rendre, quelle que fût la date de leur origine ou de leur existence.

Il ne faut pas chercher plus de renseignements dans la peinture. Cette forme des arts ne fut jamais en grand honneur chez les Bas-Bretons, et, s'ils aimaient à prendre un morceau de bois pour le façonner, le pinceau, par contre, n'avait pour eux aucun attrait. Aussi, ne rencontre-t-on que peu, pour ne pas dire point, de tableaux dans les églises, à moins qu'ils n'appartiennent aux temps modernes.

Un usage assez curieux, dont une tradition très digne de foi a conservé le souvenir, montre à quel point la peinture occupait peu de place dans le goût des Bas-Bretons. Au XVIIème siècle et XVIIIème siècles, un certain nombre de portraitistes avaient imaginé d'occuper leurs loisirs, en préparant des toiles ou étaient représentés, soit un châtelain, soit un enfant, un personnage quelconque, dans des attitudes diverses, sous un vêtement uniforme ou conventionnel et, le plus grand nombre, d'après un type commun. Seule la tête restait en blanc. Plus tard, l'artiste adaptait la figure sur la toile préférée. Les anciens portraits offrent donc peu de ressources pour l'étude du costume, et c'est aux Contes et Fabliaux du XIIIème siècle qu'il faut en demander une description à peu près fidèle.

Là, on retrouvre, comme type du costume général porté au moyen-âge, les souliers de cuir, les longues guêtres en cuir ou en toile, la chausse de bure, uue cotte serrée à la taille, une surcotte couvrant le corps et les épaules, une ceinture de cuir, d'où pendaient la bourse et le couteau, et enfin le bonnet ou le chapeau à larges bords.

Les femmes portaient une jupe, un corselet, une coiffe et un capulet pour se préserver des intempéries des saisons.

Si, sans tenir compte de la couleur et des broderies diverses, nous prenons spécialement le costume breton, nous y trouvons une grande analogie avec celui que nous venons de décrire.

En effet, l'habillement du breton se composait d'une culotte et de guêtres, d'une veste de dessus, très courte, laissant voir trois ou quatre autres vestes descendant par étage ; la dernière, entièrement fermée, descend souvent presqu’au genoux ; une large ceinture en cuir avec une boucle en cuivre, un chapeau à cuve ronde avec des bords de largeur variable. Comme chaussure, des souliers, mais plus communément des sabots.

Costumes bretons (Bretagne).

Pour les femmes : une jupe, une soubreveste, un gilet sans manches avec des entournures échancrées et s'attachant sur le devant avec des épingles. Rarement elles portent des fichus ; elles le remplacent par une guimpe ou un col faisant corps avec la chemise. Quant à la coiffe, c'est surtout à la forme si variée de cette partie du vêtement que s'est exercé le génie de la femme bretonne.

C'est ici le lieu de faire remarquer qu'aucune province en France n'offre une aussi grande variété de costumes ; non pas qu'il n'existât un type commun faisant le fond de l'habillement, mais dans la catégorie même de ceux qui semblent absolument identiques, règnent, ou plutôt régnaient des différences plus ou moins sensibles, en sorte qu'on serait tenté de croire qu'il apparaissait en Basse-Bretagne, autant de variétés dans le costume qu'il existe de paroisses.

Si nous ne craignions d'avancer une opinion qui nous paraît vraisemblable, mais dont il nous serait difficile de trouver la preuve dans le témoignage de l'histoire, nous ferions remonter la cause de ce phénomène, à peu près unique dans la monographie d'une province, aux émigrations qui eurent successivement lieu au Vème siècle et VIème siècles et dont la trace se serait conservée dans certaines parties du costume, grâce à la persistance dans ses habitudes, que le Breton doit autant à son isolement qu'à la tenacité de son caractère.

Dès le milieu du Vème siècle et surtout en 508, après la bataille de Crayfort, qui couronna l'envahissement de la Grande-Bretagne par les Saxons, commence une émigration considérable des peuplades vaincues vers le continent.

L'historien Procope, nous dit qu'au VIème siècle, de nombreuses bandes d'hommes, de femmes, et d'enfants quittaient l'Ile de Bretagne, pour venir s'installer en Armorique, la contrée la plus déserte du pays des Francs, complètement minée par l'occupation romaine, et qui bientôt changea son nom d'Armorique en celui de Petite-Bretagne.

Ces émigrants n'arrivaient pas tumultueusement et par masses profondes ; chaque tribu ou clan, au contraire, débarquait successivement, à son heure, avec son chef, un seigneur, un moine ou un évêque. L'installation de cette population nouvelle dura près d'un siècle et demi.

En s'établissant, ils apportèrent leurs mœurs, leur langage et aussi leur costume spécial.

Ces bandes, par leur nombre et la supériorité de leur civilisation, firent respecter leur indépendance et constituèrent autant d'individualités bien distinctes, dont la marque extérieure consistait dans le maintien, sans altération, de leur costume.

Il est à remarquer, en effet, que là où l'émigration fut multipliée, le costume brille par sa multiple originalité, et qu'il perd ses qualités en se rapprochant des limites de la Bretagne. L'emplacement des lieux d'émigration reste d'ailleurs très caractérisé, encore aujourd'hui, par la désignation des paroisses, dont les noms commencent par Ple, Ploë, Plou, Plo et qui indiquent l'existence d'une agglomération spéciale installée par voie d'émigration sous l'autorité d'un chef et formant des clans, des peuplades, Plebs ou Plou. Or cette dénomination de Plou, très multipliée en Cornouaille et dans le Léon, va en diminuant pour disparaître vers Saint-Malo, Rennes et Nantes.

Indépendamment de ces indications empruntées à la philologie, nous trouverions encore une preuve de cette vie propre et indépendante de la Paroisse dans la rivalité séculaire, qui règne encore, non entre communes [Note : Le mot de commune n’est inscrit dans aucune charre de Bretagne, le régime municipal n’y a été fondé qu’au commencement du XVème siècle], mais entre paroisses et fiefs d'autrefois, et qui, aux pardons, dégénère souvent en rixes sanglantes.

Bien que cette question ait été très contreversée, nous penchons néanmoins, à voir dans les mœurs et les usages des Bretons insulaires devenus prépondérants en Armorique, l'origine des variétés du costume bas-breton.

Les Saxons eux-mêmes n'y restèrent pas étrangers, car nous voyons, dans les enluminures des vieux chroniqueurs, et dans quelques descriptions qu'ils ont faites, que les Saxons garnissaient le bord de leurs vêtements d'une large broderie d'or, d'argent et de diverses couleurs, qui rappellent ces ornements que le bas-breton porte encore aujourd'hui sur ses vêtements de fête.

Costumes bretons (Bretagne).

La constitution de l'autorité, qui tenait plus de la forme aristocratique que de la monarchie, contribua à maintenir l'intégralité des vieux usages, en liant leur existence pour ainsi dire à celle des seigneurs, qui succédèrent aux chefs des Plou. Au sommet de l'échelle sociale, étaient les rois, souvent peu obéis de la contrée, puis les comtes de Vannes, de Cornouaille, de Léon, de Poher, de Goêlo ; au troisième rang, les Mactyerns, princes héréditaires des paroisses ; enfin, sous eux, un grand nombre de servi, villains, colons, plus ou moins engagés dans la servitude. Il était d'un usage général que ces derniers assortissent la couleur de leur surcot à celles des armes du maître, et ils portaient sa livrée en disant « qu'ils étaient aux robes de tels ou tels seigneurs ».

Les Croisades, qui eurent une si grande influence sur la transformation du costume en général, et dont le luxe inouï provoqua, sous Philippe-le-Bel, la loi somptuaire de 1294, paraissent ne pas avoir exercé une grande influence sur la toilette du bas-breton, car en 1371, un seigneur Angevin, Geoffroy de la Tour-Landry, compose un recueil d'enseignement pour servir de guide à ses filles et les prémunir contre les périls auxquels peut les exposer leur inexpérience et leur beauté.

Il leur conseille d'éviter les modes étrangères et les accoutrements singuliers ; il leur raconte à ce sujet l’histoire d'une bourgeoise de Guyenne et du sire de Beaumanoir. La dame lui disait :

« Beau cousin, je viens de Bretagne, où j'ai vu belle cousine ; votre femme, qui n'est pas si bien atournée, comme les dames de Guyenne, ni de plusieurs autres lieux. Les bordures de sa robe et de son chaperon ne sont pas a la mode qui court ».

Le sire de Beaumanoir lui répondit : « Puisque vous blamez la robe et le chaperon de ma femme, je les changerai, mais me gardant de les choisir pareilles aux vôtres. Sachez le bien, madame, je veux qu'elle soit habillée suivant la mode des bonnes dames d'honneur de la France et du pays de Bretagne, et non suivant celle des dames d'Angleterre » [Note : La Guyenne, jusqu’en 1370, appartenait au roi d’Angleterre]. Ce furent elles qui les premières introduisirent en Bretagne les grandes bordures, les corsets fendus sur les hanches et les manches pendantes... Un autre historien, qui écrivit en vers l'histoire de Jean IV, duc de Bretagne, dit le Conquérant, peint le luxe des Français venus en 1373 pour s'emparer de cette province et semble s'étonner de leurs superfluités inconnues chez les Bretons : Les Français étaient bien peignés..... Beaucoup avaient de perleries et de nouvelles broderies.....

Le vêtement de travail à la campagne était en toile ; celui du dimanche était en étoffe de laine. Il ne variait pas, attendu que les procédés de fabrication restaient les mêmes, et il durait indéfiniment. On en prenait grand soin, attendu que le prix du drap était relativement cher.

Dans la vie ordinaire, le costume des différentes classes, en Basse-Bretagne, était donc d'une grande simplicité ; mais, aux jours de fête, elles déployaient un véritable luxe. Les familles se transmettaient les costumes par héritage. Le costume des femmes de Quimper et de Morlaix était renommé par sa richesse et son élégance ; on l'exhibait, dans les Pardons et les Pèlerinages, et d'autres fois, comme une marque d'honneur pour celui qu'on voulait fêter.

Les usages les plus enracinés ont un jour leur fin, sous l'empire de faits qui s'imposent par leur universalité et par leur influence, sur les nécessités de la vie : c'est la loi que, depuis 50 ans, tend à subir le costume breton. Entre les diverses contrées de la Bretagne, la Cornouaille, représentée par une grande partie du département du Finistère, résiste avec le plus d'énergie contre l'envahissement de la mode française ; néanmoins, l'amateur de couleur locale doit se hâter, s'il veut jouir encore de la vue du costume d'autrefois.

L'auteur des Lettres Morbihannaises (Lycée Armoricain. T. X.) nous dit : «… En 1827, le costume breton commence déjà à subir, depuis 30 ans de nombreuses modifications, qui finiront par le faire disparaître tout-à-fait ».

En 1876, dans la tournée de révision du département du Finistère, dix-huit maires s'étaient présentés avec le costume national complet ; en 1878, il n'y en avait plus que six.

Bien des causes ont concouru à ce résultat : La conscription, à partir du commencement du siècle, mais surtout la création et l'amélioration des routes, ont mis les populations jusque là confinées chez elles, en contact avec des civilisations différentes de la sienne. Plus tard, l'établissement des chemins de fer et le développement du libre échange en créant, tant en Angleterre qu'en France, des débouchés immenses pour les produits de la Bretagne, a provoqué un courant de relations et par suite un mouvement considérable entre elle et ses nombreux correspondants. Mais, si la production du sol, la vente de son bétail, le placement de ses pêches ont amené la richesse dans le pays, elles y ont en même temps déterminé un renchérissement de toutes choses, et les conditions de la vie devenue beaucoup plus onéreuses, ont provoqué un grand déplacement de la population ouvrière vers Paris et les centres industriels. C'est là que l'attendait la confection, cet auxiliaire tout puissant de l'uniformité, et contre lequel l'originalité d'aucun costume ne saurait résister.

Le jeune paysan qui arrive en ville, use sa garde robe campagnarde ; et, quand il s'agit de la renouveler, la confection lui donne, au plus juste prix, l'habit de tout le monde, sous lequel, hors du village, il aime à cacher son individualité.

A la campagne, c'est le laisser aller du paysan qui le gagne. La blouse bleue commence à se substituer au chupen [Note : Chupen : nom breton de la veste sans manche qui se met sur le gilet] ; elle est bleue, on voit encore le gilet et les broderies. Mais la blouse tend encore à s'allonger, et quand on ne pourra plus montrer son gilet, adieu broderies, adieu costume.

Les mêmes tendances existent pour les femmes. Après avoir passé quelque temps à la ville, si la jeune fille perd tout espoir de retour vers son village, elle change son costume, petit à petit, et finit par le mettre, comme elles disent, à la mode de la ville. Seul, le bonnet résiste, c'est encore la coiffe traditionnelle, mais dépourvue de toute correction et considérablement augmentée de broderies et de dentelles, laissant apparaître la chevelure, ce qui autrefois eut été considéré comme une infraction aux lois de la modestie (Traité contre le LUXE DES COIFFURES, par l'abbé Vassetz. Paris, 1694).

Nous aurons fini d'indiquer les causes de la disparition du vêtement national breton, en parlant de ce vent égalitaire qui souffle sur toutes les classes et qui tend à les confondre dans l'uniformité plus ou moins réelle du même costume et des mêmes usages.

Costumes bretons (Bretagne).

Répartition des différents costumes dans la partie de la Bretagne correspondant au département du Finistère. — Essai d'une classification. — Description sommaire des principaux costumes du Finistère.

Des neuf Evêchés dont se composait autrefois l'ancienne Bretagne, quatre ont particulièrement été occupés par l'émigration des Vème siècle et VIème siècles, qui, comme nous l'avons fait remarquer, y ont probablement apporté l'originalité et la variété de leurs costumes. Ce sont les Evêchés de Léon, Cornouailles, Vannes et Tréguier.

Mais, entre ces quatre évêchés éminemment bretons par les usages, la topographie et la climatologie ont créé à la longue des différences très sensibles, au point de vue que nous étudions [Note : Au point de vue ethnographique, le Finistère offre l'exemple d'une race ancienne ayant plus ou moins échappé à l'influence d'une race conquérante. MM. Broca et Guibert trouvent deux races : 1° RACE CONQUÉRANTE. — Blonde, dolycocephale, yeux clairs, visage allongé, taille élevée, occupant généralement la côte. 2° RACE CELTIQUE ou de l'époque des dolmens: — Brune, sous-brachycephale, cheveux châtains, visage court, yeux gris ou neutres, occupe la région montagneuse du bassin de l'Aulne. (Revue d'anthropologie, année 1881, p. 439)].

Le Léon, autrement dit la partie nord du département du Finistère, dont Brest, le grand port militaire de la France, est la capitale, subit de bonne heure l'influence décisive de ses rapports multipliés avec le centre de la France et de ses communications avec l'Angleterre et les Flandres.

Dès le XVIIème siècle, sauf quelques paroisses absolument déshéritées et restées en dehors de toute voie fréquentée, le Léon abandonne l'antique costume de ses aïeux pour en revêtir un autre, qui n'est pas sans analogie avec celui que la petite bourgeoisie portait en France, sous Louis XIII. Pour la Cornouaille, qui comprend les arrondissements de Quimper, de Quimperlé et de Châteaulin, confinée au bout du monde, sans industrie, sans commerce, dépourvue de routes, ensevelie, sans avoir la pensée d'en sortir, dans ses habitudes traditionnelles et dans son isolement, elle conserve fidèlement, au contraire, jusqu'au commencement du XIXème siècle, le dépôt du costume et des usages que lui ont légué ses ancêtres.

Indépendamment de ces deux groupes, figure un troisième, que l'on trouve loin des côtes de la mer, dans la vallée de l'Aulne, entre les Montagnes Noires et les Montagnes d'Arrhée, qu'on suppose avoir servi de refuge aux débris des premiers occupants, et conserver encore un reste de l'antique race celtique.

Nos costumes, dans leur diversité, peuvent donc se diviser en trois groupes bien distincts :

1° Le costume de l'Evêché de Léon ;
2° Le costume de la Cornouaille ;
3° Le costume du Kernevote, dans la vallée de l'Aulne.

Si nous avions à étendre nos recherches sur toute la province de Bretagne, nous ajouterions, pour compléter cette nomenclature :

4° Le costume des Trégorrois, dans l'ancien Evêché de Tréguier, aujourd'hui dans le département des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) ;
5° Le costume Vannetais, dans l'ancien évêché de Vannes, aujourd'hui dans le département du Morbihan ;
6° Les costumes disséminés sur l'ensemble de la Bretagne et qui ne se rapprochent d'aucun type national.

1° COSTUME DU LÉON.

Nous avons peu de chose à dire du costume du Léon, dont l'aspect sévère s'allie bien avec le calme et la gravité qui sont le caractère de ses habitants. Le vêtement est généralement en drap noir [Note : Le mot drap que nous employons ici est employé comme synonyme d'étoffe de laine. Dans différents documents du XVIème siècle, nous trouvons les noms des diverses étoffes employées dans l'habillement. Serge d'Ascot, pour faire un manteau. Bougaran noir, employé pour faire des doublures. Drap de demy Londres rouge. Serge de Beauvais, qui servait à faire des robes. Estamet ; cette étoffe est une serge drapée. On en faisait des bas de chausse, ce qui correspond à nos bas, et des jupons. Drap cramoisi brun, dit couleur sang de bœuf. Serge de Florence]. L'habit, à collet droit, est terminé par de larges basques, munies de poches extérieures. Le gilet, à un rang de boutons, est à moitié entr'ouvert, afin de laisser voir la chemise blanche que surmonte un col haut et droit. Pas de cravate.

Le gilet descend assez bas ; il est garni sur le devant de deux poches. La grande culotte bouffante s'attachait sur le genou avec un cordon terminé par un gros gland de laine. Les bas sont noirs et les souliers à boucles d'argent ou de cuivre argenté. Le chapeau du léonard a une cuve ronde et ses larges bords abritent sa longue chevelure.

Dans le Bas-Léon, l'habit perd ses basques ; on les réduit à presque rien ; à Saint-Thégonnec, le gilet était complètement fermé, avec deux rangées de boutons réunis par des brandebourgs de couleur.

Au lieu de la ceinture de cuir, le Léonard ceint ses reins d'une bande de coton à carreaux de couleur faisant plusieurs fois le tour de son corps. En tenue de deuil, la ceinture est toujours bleue sur bleu.

Les femmes avaient adopté un costume également noir avec des parements bleus et rouges sur les épaules et les revers du corsage. Leurs coiffes se rapprochent de celles de la Cornouaille, autant par leur forme que par leur diversité. Elles subissent aujourd'hui, plus que partout ailleurs, l'influence de l'uniformité française.

 

2° COSTUMES DE LA CORNOUAILLE.

Le costume du Cornouaillais a été souvent appelé kis glazik (kis, mode, glazik, bleu), bien que le bleu ne soit porté que par un nombre assez restreint de paroisses, groupées autour de Quimper et de Douarnenez. Les femmes, sauf de rares exceptions, adoptaient généralement les mêmes couleurs que leurs maris [Note : Nous avons besoin de nous expliquer sur la variété des temps dont nous faisons usage et qui sont tantôt au passé, tantôt au présent. Ces différences résultent forcément de notre sujet, qui réveille à tout instant, à côté de faits existants, des usages disparus dont cet avant-propos a pour but de conserver la trace].

La culotte du Cornouaillais (en breton bragou) partait de la ceinture au genou. L'étoffe, selon la localité ou la position de fortune, était en ratine, molleton, toile ou bertinge [Note : Berlinge, étoffe faite avec un mélange de toile et de laine]. Tantôt large et flottante, tantôt collante, elle changeait de nom, suivant qu'elle était à plis ou sans plis. Dans le premier cas c'était un bragou-braz, dans le second un bragou-ridet.

A une époque où le fer à repasser était presque inconnu, le tailleur du pays avait trouvé moyen de s'en passer, en plaçant le bragou tout plissé dans un four encore chaud et ensuite en le pressant fortement à la main. Mais ce n'était pas dans sa forme que consistait l'originalité de ce vêtement, c'est surtout dans la manière de le porter et de le faire tenir. Son seul soutien est une tige avec deux boutons aux extrémités, qui se plaçait dans les deux boutonnières de la ceinture du bragou et dans une boutonnière pratiquée à la partie correspondante de la chemise. Trop court pour se serrer au-dessus des hanches, et avec la constitution apyge spéciale au Breton, elle menace sans cesse de tomber ; aussi, la posture et le mouvement de marche particuliers au Bas-Breton ne sont pas étrangers au port de ce vêtement, reste de l'antique costume national.

Nous venons de parler de ces deux boutons. Ils étaient en bois, en os ou en métal, et quelques-uns sont remarquables par leur forme et la gravure qui les décore. Le Breton portait, en effet, son goût d'ornementation sur tous les objets à son usage personnel, quelle qu'en fût la vulgarité ou la simplicité.

A partir du mollet jusqu'à la cheville, les jambes étaient protégées par des guêtres boutonnées, soit en cuir, soit en drap. Les guêtres en drap étaient galonnées ou brodées et quelquefois ornées de boutons. Le port des bas était rare. Citons les membres de la corporation des bouchers de Quimper, qui, avec leurs vêtements de couleur sombre, portaient des bas rouges.

Le reste du costume se compose d'une veste et d'un gilet.

Le gilet reste croisé ; il est plus ou moins long, et la partie qui règne autour du cou reçoit une broderie d'un dessin et de couleurs très variés.

En ce qui concerne la veste, l'une est sans manches, l'autre avec manches.

La première espèce, qui se porte surtout aux environs de Quimper, s'appelle en breton Chupen ou jupen ; elle est courte, ne se boutonne pas et laisse apercevoir le gilet. Le chupen est toujours en drap bleu, sa doublure en toile est cousue au drap par une série de piqûres faites par lignes verticales, très-rapprochées les unes des autres ; il en résulte un tissu absolument imperméable et presque aussi raide qu'une cuirasse ; les côtés du devant sont garnis d'une broderie en soie jaune, mélangée de fils rouges.

La seconde espèce de veste, qui est pourvue de manches, est plus large et plus longue. Elle est en molleton ou en drap, soit bleu foncé, soit noir. Sa forme varie beaucoup ; à Fouesnant et ses environs, elle tombe droite et une bande de velours y dissimule la couture du dos.

A Quimperlé et ses environs, l'influence du costume vannetais se fait un peu sentir ; une bande de drap blanc, cousue au bas de la veste, simule une espèce de second gilet, et dans certaines paroisses, ils portent au milieu du dos une broderie représentant une croix ou un ostensoir. De chaque côté, sont des poches garnies d'une broderie. Quelquefois cette veste, a, au milieu du dos et sur les côtés, ce que l'on appelle, en terme de tailleur, une pince ; alors le vêtement acquiert plus d'ampleur. Les broderies placées sur le bord de la veste sont très variées, et une ou deux rangées de boutons, plus ou moins espacés, contribuent encore à l'orner.

Ces boutons, comme ceux dont nous avons précédemment parlé, offrent une grande diversité de formes et de dessins. Ils sont en cuivre, en étain, quelquefois en verre, mais dans ce cas, le fabricant les a sertis dans une garniture en cuivre. Sur les boutons de cuivre et d'étain, figurent des dessins gravés : une étoile, une fleur, une arabesque guillochée.

La ceinture est formée d'un cuir blanc épais large, avec une boucle en cuivre, découpée à jour et sous laquelle on passe un morceau d'étoffe rouge, destiné à faire ressortir le dessin.

Le chapeau, comme dans le reste de la Bretagne, est à cuve ronde ; les bord en sont plus ou moins larges, selon la localité. Il est ornementé de un, deux ou trois galons de velours, attachés avec une boucle en étain. Le jour de noce, il signale la présence du marié par une chenille, un ruban de couleur ou une frange d'or et d'argent ; au bout des rubans de velours.

Le breton quitte rarement son chapeau. Il salue par une inclinaison de tête ; si l'on n'expliquait pas cette mode de politesse, un peu sommaire par une certaine rudesse de mœurs, on en trouverait le motif dans l'habitude que la longueur des cheveux avait fait prendre au breton, lorsqu'il travaillait, de les rouler au sommet de la tête et de les comprimer avec la cuve de son chapeau.

Au Huelgoat, ils portaient un bonnet en toile, qui retenait leurs cheveux, et ils mettaient leur chapeau par dessus.

En temps ordinaire, le paysan se rendait à son travail, comme aujourd'hui, les pieds dans des sabots en bois de hêtre (botez coat). Les jours de fête seulement apparaissent les petits souliers (botez ler) découverts, en cuir, ornés d'une boucle d'étain ou d'argent.

Enfin, pour compléter l'inventaire du vestiaire d'un Cornouaillais, nous ferons remarquer que la partie supérieure de sa chemise en toile porte un col très haut, dont on obtenait la rigidité au moyen de piqûres symétriques, où se jouait quelquefois la fantaisie de l'artiste qui les avait confectionnées.

Cette chemise n'a ni boutons ni boutonnières, elle se ferme avec une épingle en cuivre d'une forme spéciale, qui rappelle la fibule gallo-romaine. Il existe de ces épingles dont la tête est ornée avec des perles de différentes couleurs. Quelquefois, mais par une innovation du commencement de ce siècle, le col porte des boutonnières, où l'on passe un cordonnet pour les rapprocher.

Le costume féminin de la Cornouaille, mérite d'être particulièrement étudié. En remontant aux origines, nous ne pouvons guère nous former une idée du vêtement de la Cornouaille que par une miniature puisée dans un très-ancien manuscrit anglo-saxon, publié par Schaw, représentant un laboureur dirigeant sa charrue, avec l'aide de sa femme. Le costume de cette dernière est simple. C'est une robe courte avec manches collantes, serrée à la taille par une ceinture. Le bas de la jupe est orné d'une broderie. Pour coiffure, un capuchon, d'où pend un bavolet dont les extrémités sont assez longues pour faire le tour du cou et se nouer sur le côté. On retrouve là facilement un point de départ pour arriver au costume moderne.

Toutefois, la simplicité des mœurs du pays, ainsi que l'extrême sentiment de pudeur que puisaient les femmes dans leurs croyances religieuses, a dû longtemps maintenir l'usage des robes montantes et peu ouvragées. La division de la robe en corsage et en jupe n'en remonte pas moins à à une époque éloignée, car le sire de Joinville parle du surcot porté, dès son temps, par les femmes, et qui fut adopté à cette époque par les hommes. Nous sommes fondés à croire que le costume actuel des femmes de la Cornouaille s'est transformé, pour les parties essentielles, dans la période comprise entre le XIIIème siècle et l'annexion du duché de Bretagne. Car les portraits de la reine Anne que nous trouvons dans d'anciens manuscrits ne s'écartent pas beaucoup du type actuel. Quant à la coiffe et à la collerette, leur usage n'est pas très ancien.

Le costume se compose d'une jupe, un corsage, un gilet très échancré aux entournures et sur le devant ouvert en carré, un tablier, une collerette ou une guimpe, faisant corps avec la chemise, et une coiffe.

La jupe était de couleur foncée, bleue ou noire, assez généralement conforme à la nuance du vêtement du mari. Elle était en drap et avec de petits plis à la ceinture. Ces derniers s'obtenaient comme ceux du bragou ridet. Dans le bas, on y cousait et on y coud encore des galons d'or, d'argent ou de velours, en quantité plus ou moins grande, suivant le rang de celle qui la porte. A Pont-Aven, on porte des broderies de perles, mais c'est tout moderne. Mentionnons le beau costume rouge de Ploaré et de Plougastel-Daoulas.

Le corsage, par sa forme, se rapproche du gilet des hommes ; il est serré à la taille et moule le corps, les manches sont collantes, avec une broderie ou un galon au poignet, et, selon la localité, il est brodé autour du col.

Le corselet se porte sur le gilet ; il est très échancré aux entournures, et reçoit les broderies des scapulaires. Il est toujours attaché au moyen d'épingles.

La Cornouaillaise porte un tablier de soie ou de moire, de couleurs diverses, soit uni, soit brodé. Le bas du tablier est quelquefois orné de galons ou de franges d'or ou d'argent et les rubans qui l'attachent à la ceinture admettent toute espèce de couleurs, mais le dessin est toujours une guirlande de fleurs avec de grands feuillages verts.

Ces rubans sont l'objet d'une fabrication spéciale pour l'usage des bretons. Il en est de même pour certains galons en laine mélangés de soie, que l'on coud sur les costumes et qui simulent les broderies, généralement assez longues à exécuter.

On rencontre quelquefois le tablier à bavette ; il est, dans sa partie supérieure, l'objet de tous les ornements : galons, broderies, perles, fleurs artificielles, mais cette bavette et son ornementation ont une origine tout à fait de fantaisie moderne.

Les épingles servant à la toilette sont les mêmes que celles des hommes, et elles sont souvent ornées de verroterie [Note : L'épingle était connue de toute antiquité. Les Romains l'appelaient fibule, et en faisaient un objet de parure. Au XIIIème siècle, elle portait le nom d'afiche. Un trouvère de cette époque, Robert DE BLOIS, dans son Châtiment des Dames, a une idée trés originale pour expliquer l'origine des épingles, qu'il représente comme inventées pour empêcher certaines privautés. Les épingles étaient un objet de grande consommation. Dans le compte de tutelle des trois filles puînées de Lanuzouarn, nous lisons : « Le 21 septembre 1571, on achète troys milliers d'espingles, 15 s. ; le mardi 6 octobre 1573, on rachète quatre milliers et demy d'espingles, 32 s. » Bull. Soc. arch. Finistère, T. V, p. 72]. On en fait maintenant avec des tiges droites, qui se vendent surtout dans les Pardons. Ce sont des boules en verres de couleurs variées, garnies de pendeloques en métal blanc ou doré.

Nous venons de décrire le costume des jours de fête. Pour les travaux habituels, la bretonne portait une jupe de berlinge et un tablier d'une étoffe mêlée de fil et de laine de couleur, d'une apparence mouchetée ou rayée, fabriquée par les tisserands [Note : Les métiers à la main pour tisser le drap et la toile étaient jadis très nombreux ; presque tous ont disparu devant le tissage mécanique c'est à peine si on en rencontre encore quelques-uns, dans les campagnes] du pays. Son corsage était en drap noir ou bleu.

La coiffe et la collerette, par les changements qu'elles ont subis et les différences sensibles qu'elles tracent entre les différentes parties de la population féminine, paraissent avoir été un objet préféré des recherches de la mode.

« La coiffure des bretonnes, en général, est, dans sa variété, une imitation de celles des dames de la cour, à diverses époques, ainsi qu'on peut le reconnaître dans les galeries de tableaux » [Note : La coiffure plate, qui devint celle des femmes de Quimper, ne serait-elle pas un Hennin tronqué, pour le rendre apte aux usages journaliers ? Il existe un usage, aussi bien pour les femmes de Quimper que pour celles du Pont-l'Abbé de marquer leur deuil en portant des coiffes jaunes. Dans les enterrements, les plus proches parentes du défunt suivent le convoi avec une longue pelisse noire, le capuchon relevé sur la tête ; aux environs de Quimper, où l'on porte la coiffe plate, les personnes qui accompagnent le défunt cachent leurs coiffes sous un capulet].

L'origine des coiffes et des collerettes remonte aux modes importées d'Italie par les Médicis. Dans l'origine, la coiffure populaire consistait en un capulet. Plus tard, au XIVème siècle, vint le Hennin, mis en honneur par Isabeau de Bavière. Son règne ne dura qu'un demi-siècle, car à la fin du XVème siècle, à l'occasion du mariage de la duchesse Anne de Bretagne avec Louis XII, on inventa pour elle une coiffure plate (P. LACROIX. — Mœurs, usages et costumes au Moyen-Age et la Renaissance). Puis, au temps de la Renaissance, les Italiens, à la suite de Catherine et de Marie de Médicis, qui donnaient le ton de la Mode, introduisirent cette variété de collerettes et de fraises, que nous retrouvons encore aujourd'hui. Par exemple la collerette large et plissée de Fouesnant ; la fraise à gros tuyottage de Quimper et Quimperlé, et sans plis, mais très évasée, comme à Pleyben.

Ces modes arrivèrent lentement, en se répandant de la noblesse dans la bourgeoisie et de cette dernière dans toutes les classes de la société (E GOESBRIAND. — Costumes bretons. Bull. arch. T. I. p. 208).

L'introduction de ces coiffes et de ces collerettes si différentes entre elles et se produisant dans chaque région avec un ensemble qui ne comporte pas de dissidence, prouve que le phénomène s'est accompli par l'exemple des maîtres du pays et suivant le mode de toilette qu'ils avaient adopté.

D'ailleurs, l'esprit exclusif et particulariste qui régnait dans chaque paroisse n'aurait pas permis à une femme de Fouesnant de se revêtir du vêtement de la femme de Quimper.

La confection et surtout le repassage de ces coiffes et collerettes, principalement celles de Fouesnant, exigeaient autant d'habileté que de patience, car on a souvent vu une femme d'une paroisse allant habiter au loin, obligée de se mettre à la mode du pays où elle résidait, faute de trouver une personne capable de repasser sa coiffe ou sa collerette.

Deux mots sur la manière ingénieuse que les Fouesnantaises emploient pour tracer et maintenir les innombrables plis minuscules de leurs collerettes. On place la pièce à repasser sur une couverture de laine, puis l'on pose un jonc sous la pièce, dans le sens du pli à tracer ; rapprochant le pouce et l'index, on force l'étoffe à envelopper le jonc, on forme ainsi une certaine quantité de plis, on passe un fer chaud sur la collerette et, les joncs retirés, on obtient un plissé qu'aucun fer à tuyauter ne serait capable de produire.

 

3° COSTUME D'U KERNEVOTE.

Après le Léonard et le Cornouaillais, vient le groupe souvent désigné sous le nom de Kis-Kerné (kis, mode, kerné, Cornouaille) et plus ordinairement Kernévote. Confinée entre les Montagnes-Noires et d'Arrhée, cette population formait une race spéciale. Elle différait des autres Bretons, ses voisins, non seulement par ses mœurs et ses usages, mais aussi par son caractère. Elle est vive, ardente au plaisir, et, comme tous les montagnards, elle cherche au dehors, en exerçant généralement le métier de colporteur, les ressources que lui refuse le sol ingrat qu'elle habite.

Que son vêtement de dessus soit court ou long, il est toujours pourvu de basques et de poches, sur le côté. Le gilet est croisé. Le Kernevote porte une ceinture de cuir avec boucle en cuivre. Son chapeau est en feutre ou en paille, avec des bords plus larges que celui du Cornouaillais. Sa culotte est demi large, serrée au-dessus du genou, sans plis, et le plus souvent collante. Les guêtres, boutonnées en bas, ne descendent pas plus loin que la cheville.

Avant de décrire le costume des femmes, il n'est pas sans intérêt de signaler les différentes variétés de celui des hommes.

A Carhaix, le grand centre des communications gallo-romaines, on rencontrait souvent, non pas la culotte traditionnelle, mais des pantalons collants, boutonnés sur le côté, depuis le genou jusqu'à la cheville. La veste était garnie d'un liséré vert, et des boutons rouges ornaient les parements des poches. A la Feuillée, un galon vert ou rouge s'étendait sur le gilet ; les boutons étaient en étoffe et les boutonnières, de couleur verte ou rouge. A Châteauneuf-du-Faou, le costume, par sa forme, tend à se confondre avec celui de la Cornouaille.

L'étoffe généralement employée est le berlinge ou la toile. Les moins déshérités portaient, les jours de fête, un vêtement en drap grossier.

Le costume des femmes se rapproche de celui de la Cornouaille : une jupe, avec quelques galons, un corsage brodé avec une échancrure laissant voir une guimpe, terminée par un collet montant ou rabattu. Les coiffes sont assez variées de forme. Des barbes longues, étroites et relevées sur la tête. Barbes et collerettes ont subi l'influence du gracieux type de Pleyben, qu'on reconnaît, malgré les modifications et même les changements qu'y ont apportés, la fantaisie et le goût local.

 

COSTUMES DIVERS.

Dans les communes de Tréflez, Goulven, Plounéour-Trez, Kerlouan, Guissény, les hommes ont un costume tout particulier. Ils ne portent jamais de chapeau ; ils se coiffent avec un petit bonnet de laine bleue, terminé par un gland rouge. Quand il fait mauvais temps, ils mettent par dessus leur bonnet un capuchon de drap bleu, avec des galons verts ou jaunes. Cette coiffure, avec le couvre-nuque et le gorgerin, se nomme Casketen ou Caleboussen. Ils portent une tunique en bure, d'un blanc terne, munie sur le devant d'une poche-manchon, et qui souvent a capuchon d'attache. Ce dernier est le costume de grève.

Leur pantalon se termine aux genoux ; une ceinture d'étoffe leur ceint les reins ; jambes et pieds toujours nus, ils ne mettent des bas que pour aller à l'église. A Carantec et Locquenolé, ils ont la veste, le pantalon jusqu'aux genoux, mais plus large qu'à Kerlouan, et ils portent aussi des guêtres.

A Plougastel-Daoulas, près Brest, et à Loperhet, ils portent, comme coiffure, le bonnet phrygien retombant, violet ou rouge. L'habit est une veste en bure gris-blanc. Le gilet est bleu, avec des boutonnières rouges ou vertes, une ceinture d'étoffe et un pantalon descendant jusqu'au cou-de-pied, complétent le costume. Pour se marier, ils portent, ainsi que leurs femmes, un bel habillement tout entier rouge.

Le plus curieux de ces costumes locaux est celui des habitants de Penmarc'h, Pont-l'Abbé et les environs.

On remarque souvent, en Bretagne, des groupes comprenant plusieurs bourgs, qui présentent la même homogénité, au point de vue des caractères anthropologiques. Parmi ces groupes, celui qui frappe le plus l'étranger est celui des habitants de Pont-l'Abbé [Note : Ces renseignements sont pris dans un article de M. FISCHER : Recherches sur l'origine de caractères laissés par une influence étrangère dans la région du Cap-Caval (Penmarc'h). Bull. Soc. arch. du Finistère, T. X, p. 44] et de ses environs. C'est à tel point, que l'on se demande si l'on n'est pas en face d'un fragment de race étrangère à l'Europe, venue, non par voie de terre, mais par celle de la mer.

D'ailleurs, dans les statuettes trouvées à Tronoën, le caractère spécial de leurs broderies semble bien indiquer une origine asiatique.

Le costume de Pont-l'Abbé, pour les hommes, est noir ; il a abandonné le bragou et les guêtres pour le large pantalon, dit à la matelotte. Le gilet, assez long, porte en bas des lettres brodées. La broderie qui orne ce gilet a une couleur et un dessin partibuliers. La veste de dessus est plus courte que celle du glazick.

La femme porte moins de broderies d'or ou d'argent ; chez elle, les galons rouges et jaunes dominent ; son corsage à manches collantes a, au col, une broderie pareille à celles des hommes. La veste qu'elle porte par dessus est collante, mais elle à des manches courtes, larges, avec un liséré, une broderie et un revers en velours.

Mais l'originalité de son costume consiste principalement dans sa coiffure, que l'on appelle bigouden, et qui souvent sert à désigner les habitants eux-mêmes qui portent le costume de Pont-l'Abbé et ses environs. Cette coiffure se compose d'un béguin en étoffe de couleur, et souvent en galon de clinquant, laissant passer les cheveux, qui sont ramenés sur le sommet de la tête et placés sous une coiffe de forme spéciale, présentant sur le devant un triangle avec une broderie de fil. Cette broderie, suivant une opinion qui, malgré sa hardiesse, paraîtrait justifiée, serait inspirée par le dessin symbolique du culte de la lune, Astarté [Note : M. Elie Reclus, dans la Revue internationale des sciences, année 1879, p. 211, a publié un article très intéressant sur les broderies et les tatouages avec des signes symboliques se rapportant à certains cultes].

(A. Serret).

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