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LA COUR DUCAL, LES FETES et TOURNOIS au XVème siècle

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La cour ducale.

Nantes fut pendant 30 ans le séjour habituel et la résidence préférée du duc François II.

Le château qu'il habitait, construit par le duc Pierre Mauclerc, avait été terminé par Jean IV à la fin du XIVème siècle. On l'appelait la « Tour Neuve ». C'était une forteresse massive et sombre que la Loire baignait au midi.

François II qui aimait le luxe et le faste s'y trouvait « petitement logé ». « Le chastel est si indigent de réparacion, dit-il, que souventes fois advient, quand aucuns princes et seigneurs viennent devers nous que ne povons, en iceli chastel, les recevoir et loger ainsi honorablement et bien que faire le vouldrions ».

Alors, par mandement du 12 octobre 1466, il ordonna la reconstruction du château, dont l'enceinte fut totalement remaniée et rebâtie comme on la voit aujourd'hui ; il fit commencer également cet admirable « Grand Logis » qui est une des merveilles de l'art de la Renaissance.

Mais il ne l'habita jamais, il dut rester dans le « Vieux Logis » du XIIIème siècle, restauré par Jean IV. C'est dans la grande salle d'honneur bâtie par celui-ci que furent données les fêtes qui marquèrent son avènement.

Elles se succédèrent sans interruption pendant ces premières années que l'on peut appeler les années heureuses. François était brave, spirituel et gai, il aimait le plaisir ; la duchesse était jeune ; autour d'eux gravitait une cour joyeuse et frivole qui animait la ville de Nantes, « l'une des plus principales et magnifiques de nostre païs ».

Véritable cour royale, formée sur le modèle de celles de France et d'Angleterre, elle comprenait une longue série d'officiers.

Selon l'usage d'alors, le duc avait son « fou », il s'appelait Denis d'Espinel ; en 1459, il fut chassé, un jour peut-être qu'il s'avisa de parler raison. La duchesse avait sa « folle » qu'elle avait nommée Mme de Toutes Couleurs.

Les dames portaient dus toilettes luxueuses, elles affectionnaient les couleurs voyantes, les robes de velours écarlate ou de satin cramoisi ; elles avaient au cou des colliers « garnis de moult précieuses pierres », sur la tête des coiffures de fils d'or, dit « or de Chippre » semées de grosses perles et entourées d'un cercle d'or orné de pierreries. Elles aimaient les bagues chargées de diamants, de saphirs et de rubis (A. De la Borderie, Histoire de Bretagne, tome IV, p. 417).

 

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Fêtes nantaises au XVème siècle.

Nos fêtes actuelles ne nous donne aucune idée de l'éclat des têtes brillantes du moyen-âge.

En tête du cortège marchaient les trompettes et les tambours, les uns à pied, les autres à cheval, et tous ensemble bruyaient tant que l'un n'entendait pas l'autre. Puis les hérauts de la ville de Nantes avec leurs casaques de velours blanc, semées d'hermines de velours noir, garnies d'argent, la pertuisane en main, précédaient une école de violons.

Après les musiciens venaient les confréries, tant de métiers que de dévotion, chacune précédée de torches aux armes de Nantes, et chaque confrère tenant un cierge blanc en la main, celle des boulangers marchant la dernière et au rang d'honneur parmi celle des métiers. Le corps des boulangers laissait voir sur son écusson blanc une pelle de four rouge posée en pal. Les barbiers et perruquiers se distinguaient par leur écusson bleu portant une paire de ciseaux d'or fermés, tandis que l'écusson d'argent des tailleurs portait les mêmes ciseaux ouverts. L'écusson vert des charpentiers avait une doloire d'argent. Les cordonniers montraient sur leur blason un couteau à pied d'argent, et les maçons une truelle d'argent sur un écusson couleur de grison. Les maréchaux développaient un étendard de velours bleu, sur lequel était brodé un fer d'argent au milieu d'un soleil d'or. Le corps des sargers se faisait remarquer par sa navette grise sur un fond bleu mélangé. Sur les écussons à fond d'azur des tanneurs et des corroyeurs était un couteau d'or. Les pêcheurs marchaient sous une bannière à l'image de Saint-Jacques. Enfin chaque corps d'état avait ses armes comme les plus illustres chevaliers, et n'y tenait pas moins. A la suite de ces blasons populaires venaient les chefs-d'oeuvre des métiers, qui légiti­maient cette noblesse industrielle.

Les corps d'état portaient leurs immenses torches de métiers, si fort grandes et grosses, que telles avaient plus de 60 pieds de hauteur [Note : Des querelles violentes s'élevaient souvent entre les divers corps de métier à propos de la grosseur des cierges et surtout pour des questions de préséance. Chaque corporation prétendait avoir des titres incontestables à occuper le premier rang. Notre saint, disait celle-ci, n'est-il pas un plus grand saint que celui du corps de métier qui nous dispute le pas. D'autres faisaient valoir l'ancienneté de leur corporation. La justice dut intervenir et régler les rangs (Guépin, Histoire de Nantes, p. 212)]. Après marchaient des compagnies d'enfants « pompeusement vastes », avec un jeu de musette du Poitou. Les magistrats, les prévôts des marchands, les procureurs des bourgeois, les notables de la cité venaient après les corps d'état dans un costume grave et sévère.

Parfois dans le cortège se montraient des personnages travestis. Ainsi furent une fois des géants bien et richement couverts, montés sur des échasses faites en formes de jambes, et peintes chacune de sa couleur, ayant la pique sur l'épaule, hardis et prompts à marcher.

Au mariage de Louis XII et de la duchesse Anne, on voyait aussi les fauconniers de la reine, et il y avait plaisir à regarder les oiseaux à tête ronde, tout prêts à partir du poing pour fendre le ciel et fondre sur le gibier. Les seigneurs, dans ces cortèges, rivalisaient pour la richesse de leurs costumes. Ils portaient des jaquettes de drap d'or ou d'argent, de riches paletots d'orfèvrerie, quelquefois moitié d'une couleur, moitié d'une autre, la plume flottante sur le petit chapeau.

Les chevaux montés étaient parés de très riches houssures d'orfèvrerie et de pierreries. Ils avaient des robes de soie blanche et étaient affublés de petits chaperons.

Les ducs et duchesses marchaient accompagnés de leurs fous et folles qui les suivaient à cheval. Les dames contribuaient à l'ornement du cortège. On en voyait sur des haquenées blanches houssées de drap d'or. Elles étaient accoutrées de velours de diverses couleurs avec robes de satin fourrées de loups-cerviers. ou de martre. D'autres suivaient en litières, en voitures, ou sur leurs palefrois que les valets menaient par les rênes. Les voitures étaient de beaux chariots dorés couverts par dessus de riches broderies de drap d'or ou de cuir à dessins d'or.

Partout où le cortège passait, les rues étaient bien parées par et contre les maisons, les unes de branches d'arbres, les autres de linge fin, les autres de tapisserie, les autres de peintures diverses.

Devant les églises et les chapelles s'élevaient de petits échafauds portant de saints reliquaires.

Aux fenêtres et par les rues se pressaient nombre de gens. Que c'était merveille, tous criaient : Noël !

Dans divers carrefours, le vin coulait abondamment par robinets d'airain et autres conduits ingénieux afin que chacun en prit pleinement à sa volonté.

Le cortège était quelquefois suivi de personnages représentant les sept péchés mortels ou les sept vertus. Sur les places, sur les rivières s'offraient des simulacres de guerre : ailleurs de nefs « moult bien faits », fixées au haut d'un mur, descendaient des angelets ou d'autres personnages gracieux.

Autour de grands mâts étaient des cages remplies d'oiseaux auxquels on donnait parfois la volée.

Des bandes de jeunes filles présentaient des bouquets en chantant et en dansant pendant que des ménestriers jouaient montés sur une estrade.

Des théâtres magnifiquement ornés, souvent très vastes, où l'art du peintre et celui du machiniste s'étaient donnés libre cours, offraient en plein air des représentations fort variées, des farces, des comédies, des mystères surtout.

Pendant toute la fête, le canon tonnait à grand bruit, cassant les verrières des bourgeois ; les manants se grillaient autour des feux de joie en dansant des rondes animées par le biniou.

Quand la cérémonie principale — celle qui avait motivé la fête — était terminée, le cortège allait assister aux joutes et aux tournois (d’après C. Mellinet, La Commune et la Milice de Nantes, tome III, p. 23 à 42).

 

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Le jeu du « Papegault ».

Les dimanches et jours de fête, beaucoup de « bourgeois, manants et habitants de la ville de Nantes », s'exerçaient à tirer de l'arc. Au mois de mai chaque année un concours avait lieu entre les archers. Il s'agissait d'abattre d'un coup de flèche « une enseigne d'oiseau nommé papegault, assis au bout d'une haute perche et sur une haute tour » de la ville de Nantes.

Ce jeu du papegault entraînant des dépenses pour l'achat et l'entretien des arcs, trousses et flèches, le duc François II, par ordonnance du 1er mai 1482, pour donner plus d'attrait aux jeunes gens pour cet exercice, exempta l'archer qui, selon l'art dudit jeu, sera roi, pour l'année de sa royauté seulement, de toutes tailles, aides, emprunts, guet, garde de porte et autres subsides et subventions personnels mis ou à mettre sur les habitants de Nantes. Il lui alloua en outre « l'impôt de 20 pipes de vin du cru de l'évêché de Nantes, dont, pendant l'année de sa royauté, le Roi fera vendre au détail dans la ville la part que bon lui semblera » (Archives de Bretagne, tome I. Privilèges de la ville de Nantes, p. 72).

En 1535, le roi, qui tenait beaucoup à former des arbalétriers, augmenta les droits du roi du Papegault. Il accorda les mêmes privilèges à celui qui aurait abattu le Papegault d'un coup d'arquebuse. Cette arme qui pesait alors plus de 30 livres, était très rare à Nantes. La ville en avait fait fondre douze en 1533, et la milice bourgeoise, qui ne portait que la pique et l'épée, répugnait à s'en servir (Guépin, Histoire de Nantes, p. 218).

 

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Un tournoi à Nantes.

C'était le 5 novembre 1459. Depuis trois jours on ne songeait qu'au fameux tournoi qui allait avoir lieu sur la place du Bouffay. Les seigneurs s'y préparaient au milieu des fêtes ; le peuple ne pariait pas d'autre chose en travaillant.

Enfin, l'heure de la fête approche. La foule encombre les alentours du château, d'où le cortège doit partir. Un grand bruit de trompettes a retenti de la cour ducale, le peuple jette un cri de joie, le pont-levis s'abaisse et on entend le pas des chevaux. Voilà le cortège. Tout au premier rang, s'avancent les archers du duc, en manteaux d'orfèvrerie, chacun tenant son vouge. Viennent ensuite les trompettes, en habits de toile d'or et d'argent. Les cinquante gens d'armes de l'ordonnance du duc suivent, ayant tous cottes aux armes de Bretagne. Après, se présentent en caracolant des coursiers en mains, aux jambes nerveuses, aux sabots dorés et argentés, couverts de riches caparaçons ; « les chevaulcheurs d'escurie » ont peine à les contenir. Alors paraissent les archers de la grande garde du corps, les sergents d'armes avec leurs masses d'argent pour faire la voie, les pages en habits de satin précédant le fou du duc, les fauconniers avec leurs oiseaux au poing, et les astrologiens, tous sur de beaux chevaux. Puis, voilà le duc de Bretagne, sur un magnifique coursier, avec, à ses côtés, son page favori.

François II est armé de toutes pièces. Le cimier de son casque se compose de deux grandes cornes d'argent, avec un lion d'or assis au milieu sur la couronne ducale, le tout appuyé sur un bonnet écarlate couvrant le casque d'or. Son armure est recouverte d'une robe de drap d'argent semée d'hermines. Une épée au fourreau d'or pend à son côté gauche ; à sa droite, est attachée une épée semblable, mais plus courte. Son cheval est entièrement vêtu d'une robe d'argent semée d'hermines ; la tête seule est libre, surmontée de deux cornes d'argent.

Derrière le duc, son trésorier, Pierre Landais ; puis, les seigneurs de la cour du duc ; le chancelier, le prévôt, le grand maître de l'artillerie, l'amiral, les chambellans, le grand maître des monnaies, le grand veneur, le grand fauconnier, le président des comptes, le sénéchal de Nantes...

Enfin, voilà les chevaliers qui doivent combattre en tournoi. Ils se distinguent par leurs couleurs, leurs blasons, et surtout par les cimiers de leurs casques. C'est par le cimier que le peuple désigne chaque concurrent : c'est un aigle éployé d'or ou d'argent, une queue de paon, une hure de sanglier or ou argent, un double éventail d'azur avec un lion ou un loup assis au milieu, un croissant d'or avec une tête de cygne en argent soutenue par deux anges en or, deux sauvages or et argent tenant un joli enfant par les mains, une tête d'ours muselée, un dragon ailé d'or, une gerbe de blé d'or attachée par un lien d'argent, une tête de jeune fille en argent, une tête de femme en or avec un voile d'argent. Tous ces chevaliers sont en l'équipage le plus pompeux qui se puisse imaginer ; les écuyers qui les accompagnent portent leurs bannières. Les harnais et caparaçons de leurs chevaux répondent à cette magnificence.

Pendant cette marche, les dames se placent sur des échafauds, à quatre rangs de sièges, couverts de belles tapisseries, élevés autour de la place. Le peuple qui entoure la lice contemple ces dames si richement parées.

Enfin le duc de Bretagne vient, avec sa cour, se placer au milieu de cette assistance.

Le tournoi commence. Les chevaliers quittent leurs élégants destriers pour monter leurs chevaux de combat. Ceux-ci marchent si rudement le long des lices, avec leurs pesantes armures, que sous leurs pieds semble que terre « doit profonder ». C'est dans cette première course qu'on cherche à distinguer les plus beaux hommes d'armes qui vont se mesurer de coeur et de force. Pourtant, contenus dans leurs armures de fer, ils ne peuvent hausser et tourner la tête, ni remuer l'épaule gauche ; ils n'ont que le mouvement du coude pour arrêter le cheval.

Les voilà qui se mêlent et se frappent furieusement : on n'entend que coups portés sur le harnais l'un de l'autre. La lice retentit du cliquetis des armes, du son des trompettes, du hennissement des chevaux, de la voix des chevaliers qui se menacent, de celle des écuyers qui crient chacun le cri de guerre de leurs seigneurs, des acclamations de la foule qui s'émeut des chances diverses de la lutte. Le tournoiement devient plus bruyant encore, le frêne des lances vole en éclats, chacun s'échauffe en son harnois, on met la main aux épées, on se fatigue à force de coups, on se renverse à terre. Les chevaux échappés, légers de n'avoir plus de pesants maîtres, se sauvent en s'ébattant. Les chevaliers se tiennent corps à corps : ils s'animent d'une vraie colère, et la réalité remplacerait le jeu d'armes, si le duc n'ordonnait à son héraut d'armes de séparer les combattants.

Tout rentre dans l'ordre, la chamaille cesse, et alors ont lieu les combats deux à deux, à la suite desquels de brillants prix sont décernés de la main des dames pendant que les acclamations éclatent avec une nouvelle force.

Après le tournoi deux troupes de pages s'avancent à cheval dans la lice, chacun ayant à la main un panier doré où sont des oeufs pleins d'eau de senteur, dont ils se font des charges. La fête se termine par un ballet de six chevaliers et six écuyers à cheval, à la cadence de la musique.

On ne saurait dire la quantité innombrable de monde qui assiste à ce spectacle et l'ordre excellent qu'on y apporte (d’après C. Mellinet, La Commune et la Milice de Nantes, Tome II, p. 262 à 276).

 

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La table à la Cour ducale.

1° Un festin.

Après les joutes et les tournois, c'était le repas à la Cour.

A ces grands dîners d'apparat, les mets et services se portaient cérémonieusement. Au partir des cuisines de bouche, toutes pleines de broches ardentes, les trompettes allaient tout devant sonnant mélodieusement ; après eux les hérauts d'armes et les maîtres d'hôtel, puis les pages d'écuries qui portaient les viandes, volailles, venaisons, et divers mets avec très bons vins et de toute sorte.

Et ce n'étaient pas de petits compagnons que tous ces officiers de bouches, tous nobles et richement vêtus.

A côté de la table principale était le dressoir, grand, bel et bien paré, couvert et orné de vaisselle d'or et d'argent.

A une extrémité de la table, ménestriers étaient à grande foison qui ouvraient de leurs métiers ce que chacun savait faire. On y voyait toutes sortes d'instruments, lesquels il faisait si bel ouïr, qu'il semblait être en un petit paradis que d'être en ladite salle.

Les confitures et dragées ne manquaient pas. Grande quantité aussi il y avait de fruits nouveaux de moult sortes. Enfin des rochers de pâtes laissaient échapper des sources d'eaux odoriférantes qui parfumaient les convives.

Les dames étaient toutes ensemble à table, si ce n'est que chacune avait son écuyer pour trancher et servir. Il va sans dire qu'il y avait abondance de sucrades, épices, sirops et hypocras.

Au dessert, on apportait divers entremets, comme un phénix, lequel se battait des ailes et allumait le feu pour se briller ; les quatre fils Aymon sur un grand cheval ; un coq et un lièvre en une lice qui joutaient l'un contre l'autre, etc., etc.

Après le repas, on ne manquait pas de faire un cadeau aux ménestriers : habituellement, on leur donnait un pot d'argent,. qu'ils emportaient en faisant plusieurs tours dans la salle et en criant ; Largesse ! largesse !  [Note : Il aurait été intéressant de mettre en regard de ces festins pantagruéliques la description du repas d'un ouvrier et d'un paysan ; mais nos chroniqueurs du XVème siècle croyaient sans doute pareil sujet indigne de leur plume, car ils ne nous en ont, rien dit] (d'après C. Mellinet, La Milice et la Commune de Nantes, Tome III, p. 45, 48).

2° Provisions de bouche.

En 1366, Jean IV, qui était veuf, se remaria avec une princesse anglaise Jeanne Holand. Se préparant à emmener sa femme en Bretagne notre duc crut devoir prendre des mesures spéciales pour la bien nourrir, elle et sa suite, composée de belles mangeuses.

Le 20 mai, par ordre du duc, Thomas Melbourne, trésorier de Bretagne, écrivait aux receveurs des domaines ducaux pour leur prescrire d'envoyer à Nantes des provisions de toute sorte. Il ne nous est resté que la lettre adressée au receveur de Quimper, mais elle peut donner une idée des autres. Melbourne lui ordonne d'expédier à Nantes « dedanz 20 jours prouchains après la Penthecoste, » 500 chapons, 1000 poules, 2000 poussins (poulets), 500 oies, 1000 chevreaux, 100 porcs dont 80 vifs et 20 salés, 200 moutons vivants, 3000 merlus, 1500 congres salés, 1000 juliennes (sorte de poisson), 5000 oeufs, 3000 livres de chandelle de suif, « et hérons et autres oëseux (oiseaux) volatis le plus que vous pourrez trouver ». Et le duc lui-même ajoutait : « Gardez que en ce n'ait faute, sur peine d'acquerre nostre male grace à jamès, et d'estre puni en tel manière que ce soit exemple à touz noz autres officiers de se garder de nous désobéir ! ».

Pour faire passer tout cela, il fallait bien l'arroser un peu ; aussi. Jean Basset, maître d'hôtel du duc, s'occupait-il de faire venir à Nantes, pour la venue de Madame de Bretaigne, 22 tonneaux de vin de Bordeaux, coûtant chacun 30 écus.

3° Les lamproies de Nantes.

Jean IV, en bon Nantais, aimait fort la lamproie et en faisait une grande consommation. Du jour de Noël 1392 au 25 février suivant, 300 lamproies furent livrées à son maître d'hôtel. Ces lamproies de Nantes avaient au moyen-âge une réputation tout-à-fait supérieure. Aussi Jean IV ne se bornait-il pas à en faire paraître fréquemment sur sa table. Il en envoyait au loin à des personnages considérables, à des souverains même, comme présents du jour de l'an.

Le 12 février 1393 (nouveau style), il en paya 28 au prix de 30 sous l'une, et 250 au prix de 7 sous pièce. Cette différence de prix provient de l'époque de la pêche, les lamproies avant Noël étant en Loire de la dernière rareté. Les lamproies à 7 sous elles-mêmes étaient fort chères. C'était encore tout-à-fait une primeur (A. De la Borderie, Histoire de Bretagne, Tome IV, p. 132 à 135).

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