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TOMBEAU DU DUC ARTHUR III.

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Arthur III, dit le Justicier. Maison de Montfort. Connétable de Richemont et duc de Bretagne du 22 septembre au 26 décembre 1458. Né le 24 août 1393 à Suscinio. Fils de Jean IV et de Jeanne de Navarre. Marié à Marguerite de Bourgogne, Jeanne II d'Albret et Catherine de Bourgogne. Décédé le 26 décembre 1458 à Nantes. Enterré chez les Chartreux de Nantes.

TOMBEAU DU DUC ARTHUR III.

Le duc Arthur III, le glorieux vainqueur des Anglais, succéda à son neveu Pierre, mais ne régna guère plus d'un an. Il mourut au château de Nantes, sur les six heures du soir, le lendemain de Noël de l'an 1458. Malgré son état de souffrance, il entendit à genoux la sainte messe, le matin même du jour où il mourut. « Le corps du Duc fut ouvert, dit une Chronique du temps, et gardé jusques au jeudi ensuivant (28 décembre), auquel jour fut enterré par Révérend père en Dieu l'évêque de Nantes, nommé Guillaume de Malestroit, èz Chartreux, plusieurs seigneurs présents »

Arthur III, s'il n'est le fondateur des Chartreux de Nantes, eut du moins une très large part à leur établissement. Il dota richement leur monastère, et la Duchesse sa femme, Catherine de Luxembourg, y fit aussi de grandes fondations. « Elle fit achever les cloîtres, nous dit Travers, et embellir l'église des Chartreux ; elle leur donna le précieux reliquaire de son mari et de riches ornements »

En 1750, le chapitre venait le lundi des Rogations chanter le Libera devant le tombeau du Duc. 

Jusqu'à présent, il n'a jamais été publié ni description, ni gravure du monument d'Arthur III. Mais nous avons retrouvé dans la très précieuse collection du chevalier de Gaignières un dessin à la plume, rehaussé de couleurs, qui donne bien l'aspect général du tombeau de notre Duc. A ce dessein est jointe la note suivante : Tombeau de pierre au milieu du choeur de l'église des Chartreux de Nantes, il est d'Arthur III du nom, Duc de Bretagne, et de Catherine de Luxembourg sa 3ème femme

On remarquera avec surprise que le style de ce monument ne concorde guère avec la date de la mort d'Arthur III, 1458. Il appartient pleinement au style italien qui ne pénétra en France que trente ans plus tard. On y voit sur le côté trois pilastres Renaissance, surmontés de chapiteaux et décorés de pinceaux et de médaillons. L'écusson de droite est d'hermine plein avec la couronne ducale ; celui de gauche est à mi-parti : au 1er de Bretagne ; au 2ème d'argent au lion de gueules, la queue passée en sautoir, couronné, armé et lampassé d'or, qui est Luxembourg. Les pièces du blason sont indiquées par des tons différents ; il y a dans les pilastres et les moulures du socle des oppositions de couleurs dans le goût de la Renaissance ; tout cela nous entraîne assez loin de 1458. 

Etonné de cet écart de date, j'ai tenu à m'assurer que le dessin original de Gaignières, maintenant à la Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, est bien tel que nous l'a donné le calque de Frappa. Il n'y a aucune erreur ; notre reproduction est parfaitement exacte. Du reste, il est impossible de douter que ce soit bien le tombeau d'Arthur III, puisque nous y voyons ses armes et celles de sa femme. 

Comment le fils du vainqueur de Charles de Blois vient-il toucher par sa tombe l'époque de la Renaissance ? Pour expliquer cette étrangeté, il faut nous souvenir qu'Arthur III était déjà fort âgé lorsqu'il épousa sa troisième femme, Catherine du Luxembourg. Celle-ci survécut 35 ans à son mari, et en veuve fidèle elle ne cessa de prier au monastère des Chartreux, près duquel elle s'était retirée, pour l'âme de son glorieux époux. A sa mort, on éleva le monument que nous voyons et qui réunit le corps du Duc et de la Duchesse. On était alors à l'aurore de la Renaissance et l'emploi de motifs du style italien s'explique aisément. Déjà cette ornementation avait pénétré en Bretagne, et nous voyons, au château de Goulaine, élevé en 1496 ou 98, des fenêtres cantonnées de pilastres ayant le même décor italien. 

Il n'y a aucun gisant sur la table de marbre blanc qui couvre le dessus du tombeau. Le manuscrit du roi d'armes Berry, reproduit dans Montfaucon, nous représente Arthur III l'épée au poing, la chape de fer sur la tête, ayant près de lui un écu de Bretagne à 4 pendants. L'écusson sculpté sur son tombeau ne porte aucune brisure, parce qu'alors il était chef de la maison ducale. 

Le 13 mars 1514, lorsque l'on rapporta de Blois le coeur d'Anne de Bretagne, il fut déposé d'abord sur la tombe d'Arthur III. Depuis cette date, le monument de notre Duc resta confié aux RR. PP. Chartreux jusqu'à la Révolution. 

Des documents conservés aux archives départementales de Nantes nous apprennent que, le 18 janvier 1792, le sieur Lamarie, statuaire, fut chargé par les administrateurs du district de Nantes d'enlever le tombeau d'Arthur III de l'église des Chartreux, et de le transporter, avec le mausolée de François II, dans la Cathédrale. 

Une lettre de Lamarie, du 12 juin 1792 (Archives départementales de Loire-Inférieure), contient la réclamation aux membres du district d'une somme de 100 livres pour ce travail. Le sieur Lamarie « a suivi et surveillé la démolition et le transport du tombeau de François II qui était dans l'église des Carmes et celle dartur (sic) qui était dans l'église des Chartreux. Ce déplacement hors de ses ateliers lui a employé beaucoup de temps, etc. Signé : Lamarie, statuaire »

Un extrait des registres du Directoire du département en date du 11 août 1792 nous donne un arrêté ordonnant le payement à Lamarie de ladite somme de 100 livres. 

A partir de cette date, il n'est plus fait mention du tombeau de notre Duc. Mais de même que le mausolée de François II, il ne fut pas transporté à la Cathédrale, fort heureusement, du reste, car il n'aurait pas échappé à la rage des Vandales qui dévastèrent l'église l'année suivante. Maintenant encore, malgré le temps écoulé, on peut espérer d'en retrouver au moins quelques fragments. 

« Les restes d'Arthur III, nous dit Mellinet, reposaient dans l'église des Chartreux, lorsque les passions brutales mêlées à l'enthousiasme révolutionnaire portèrent une atteinte sacrilège aux tombeaux qui s'étaient conservés depuis des siècles sous la protection des autels. Une personne pieuse a pu recueillir les ossements d'Arthur III et les confia à M. l'abbé Gély, à son retour d'Espagne. Ils ne pouvaient être remis en de meilleurs mains. M. l'abbé Gély plaça dans une boite scellée les ossements d'Arthur III et les déposa en 1802 dans le caveau du petit cimetière de Saint-Jean, situé entre la Cathédrale et l'Evêché »

Le registre des délibérations capitulaires nous donne, à la date du 17 août 1817, la mention suivante : « Le chapitre délibérant a arrêté que les ossements d'Arthur III, duc de Bretagne, comte de Richemont et connétable de France, sauvés de la destruction de l'église des Chartreux, où ce prince, décédé le 26 décembre 1468, avait été inhumé, se trouvaient déposés provisoirement dans le caveau destiné à la sépulture des entrailles des Evêques de ce Diocèse, seraient transférés du susdit caveau avec toutes les cérémonies religieuses usitées en pareil cas, le jeudi 28 courant, à onze heures précises, inhumés et déposés, d'après le désir de la Municipalité, dans le tombeau de François II, et que le procès-verbal qui en sera fait par la Mairie sera déposé dans nos archives. Fait et arrêté en assemblée capitulaire le 14 août 1817. « DE BRUC. DELAMARE, ch. Secr. » 

Ainsi nous possédons encore les précieux restes de notre vaillant duc Arthur III, et le monument de François II est devenu la tombe de son très illustre devancier. Sur une plaque de bronze placée au haut de l'horrible grille qui emprisonne le chef-d'œuvre de Michel Colombe, on lit l'inscription suivante : 

TOMBEAU DE FRANÇOIS DEUX 

LES RESTES D'ARTHUR III DUC DE BRETAGNE, 

COMTE DE RICHEMONT, CONNETABLE DE FRANCE, 

MORT A NANTES LE 26 DECEMBRE 1458, Y ONT ETE DEPOSES 

LE 28 AOUT 1817 

Cette plaque de quelques centimètres, un nom de rue et une statue sans nez, bonne à mettre dans un jardin pour faire peur aux oiseaux, c'est tout ce que nous avons pour honorer le héros qui délivra la France à Formigny, et l'une des plus pures gloires de la Bretagne (P. de Lisle du Dréneuc).

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